15e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 16/07/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

« Les ronces ont poussé et ont étouffé les bonnes graines » : les ronces ne sont pas toujours si effrayantes que cela. La preuve, c’est parfois on se laisse envelopper et étouffer par elles. Cela peut être le travail et la vie professionnelle, mais aussi les amis et les distractions. Quand on a fini de travailler, on va vite au club de pétanque ou à la société des guides de la collégiale. On est toujours occupé. On voit tout le temps beaucoup de monde. On n’a plus le temps de rester avec son conjoint ou même ses enfants. Parfois, c’est l’inverse : certaines mères de famille se consacrent tout entières à l’éducation de leurs enfants, car elles ont été déçues par leur mari : il n’a pas besoin d’elles, il fait sa vie de son côté avec son commerce, ses heures de bureau de plus en plus longues. Il va même travailler le samedi matin. Cela ne l’intéresse pas de rester à la maison. Comment voulez-vous que sa femme ne cherche pas ailleurs, dans l’éducation des enfants ou bien chez des amies, un peu d’amour et de tendresse ?

On ne s’en rend pas compte, mais nous avons tous eu, ou nous avons encore maintenant, des ronces qui poussent dans notre cœur. Tout cela parce que c’est parfois si difficile d’être heureux avec quelqu’un, de construire avec lui, ou avec elle, une relation d’amour et de respect. A ce propos, on pourrait comparer cette parabole du semeur à une relation amoureuse entre un jeune homme et une jeune fille. Au début, cela peut être tout feu et tout flammes. Elle est belle et intelligente. Elle a tout pour plaire et elle est sérieuse. Mais, voilà !, au bout de quelques semaines ou de quelques mois, tout cet amour fou s’éteint, et tant mieux ! C’était bien la preuve que ce n’était pas profond, ni sérieux.
 

Mais le plus triste et le plus dangereux, c’est quand il y avait de l’amour, du vrai amour, mais que tout cela s’est éteint, petit à petit, dans l’ennui et surtout dans la poussière de la monotonie de la vie de tous les jours. Le couple n’a plus aucun plaisir à vivre ensemble, il n’a plus rien à partager, chacun s’est développé de son côté, en ayant perdu les racines de leur amour. Alors chacun vit dans son monde.

Et c’est contre cela que nous luttons tous les dimanches en venant ici dans cette église : c’est pour écarter les ronces de la monotonie et des fausses joies. Comme on s’ennuie à la maison, on va picorer ailleurs quelques petites miettes d’amour et de tendresse. Il en va de même pour la vie de la foi. Parce qu’on s’ennuie à l’église, on va ailleurs, alors qu’ici, avec Jésus, on a l’occasion de retrouver l’essentiel, son amour pour nous. Et pour retrouver les plus belles choses dans notre vie, il faut un peu de silence et surtout un peu de patience. Il faut laisser son âme se reposer, et ne plus courir après les autres ou les activités. Il faut laisser germer cette petite graine d’amour qui est dans notre cœur. Cela prend du temps. Pour cela, il faut biner autour de la petite plante, enlever les mauvaises herbes, c’est-à-dire mettre de côté tous nos soucis pour laisser de la place à Dieu. Il faut retourner la terre pour qu’elle soit plus souple et qu’elle laisse passer l’eau de la pluie qui est la grâce de Dieu.

Et pour cela, il faut de nouveau redécouvrir toutes les merveilles que Dieu a faites pour nous tout au long de notre vie et tout au long de l’histoire de l’humanité. Alors on peut partager un vrai repas, pas seulement un repas entre amis, mais surtout un repas débordant d’amour, non seulement dans la préparation des aliments, mais surtout dans la générosité avec laquelle Dieu nous l’offre. Regardez-le : il se donne tout entier à chacun d’entre nous. En lui disant merci, nous écartons les ronces de nos ennuis pour recevoir le soleil de la vie, de la vraie vie, celle de son amour infini.