17e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 30/07/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Salomon est un grand homme. Il ne demande pas le pouvoir, ni l’argent.  Il demande le discernement. Mais le discernement pourquoi faire ? Quand on regarde l’histoire des grands dictateurs, on remarque aussitôt l’habileté avec laquelle ils ont pu profiter des événements pour imposer leur volonté. Ils ont entendu la plainte du peuple, et ils s’en sont servi pour arriver au pouvoir. Ils ont fait preuve de discernement. Mais ce n’est pas ce discernement-là que Salomon souhaitait recevoir de la part de Dieu. Les hommes politiques, comme Salomon, ont eux aussi besoin de discernement. Que faire quand la guerre fait rage en Ukraine, quand de plus d’hommes et de femmes quittent leur pays pour pouvoir vivre en paix ? Que faire quand de plus en plus d’hommes et de femmes se droguent dans la rue et que tant de jeunes (et de moins jeunes) cherchent un sens à leur vie ?

Le discernement que Salomon demande, ce n’est pas la capacité de trouver une solution économique ou politique aux problèmes d’aujourd’hui. Le discernement, cela consiste à savoir ce que Dieu attend de moi ici aujourd’hui. Cela consiste tout d’abord à quitter son petit point de vue personnel pour voir ce qui est bon pour tout le monde. C’est ce que les parents font quand ils choisissent leurs vacances. Ce n’est pas seulement parce qu’il y club de pétanque et que papa adore jouer aux boules que tout le monde est obligé d’aller à tel endroit. Non ! Les parents cherchent un endroit où tout le monde pourra trouver quelque chose d’intéressant. Le discernement, c’est tout d’abord quitter son petit intérêt personnel pour arriver à une solution épanouissante pour chacun.

Mais le discernement de Salomon, c’est bien plus que cela : c’est de voir et de percevoir les germes de vie autour de nous, comme le bijoutier de l’évangile qui trouve la perle rare. Nous devrions être comme lui et comme la Vierge Marie. C’était une jeune fille, vivant dans un petit village perdu dans les collines de la Galilée. On pourrait dire qu’elle était condamnée à mener une petite vie triste, morne et obscure. Mais elle a été capable d’entendre l’appel de Dieu. Et il y a ici autour de nous beaucoup de gens qui nous appellent et c’est peut-être à nous d’essayer de répondre à ces appels. Non pas à tous les appels, mais à discerner celui qui nous convient comme le joaillier qui discerne au milieu des dizaines et de centaines de petits cailloux la pierre précieuse qui lui convient.

Il en est de même pour chacun d’entre nous quand nous sommes en face d’une décision importante. La question que l’on pourrait se poser pourrait être : qu’est-ce que Jésus, ou Marie, ou Joseph aurait fait à ma place. C’est tellement beau et intéressant de voir le monde, sa famille et sa propre vie à travers les yeux de quelqu’un d’autre, à travers les yeux de Dieu. Cela change toutes les perspectives et cela permet à chacun d’avoir sa place.

C’est comme l’eucharistie aujourd’hui dans cette église. Nous sommes tous sortis de notre maison ou de notre appartement pour partager cette petite heure ensemble. On rencontre des gens qu’on ne voit jamais, ni dans sa propre famille, dans son propre milieu de travail, ni dans nos réseaux habituels d’amitié. Mais tous, nous sommes comme réunis par un même élan, un même idéal et, disons-le, un même amour, celui que Dieu nous donne et que nous portons vers Dieu et vers les autres.

C’est cela aussi le discernement de Salomon, découvrir en tout être humain autour de soi un frère, une sœur, quelqu’un que Dieu aime autant que nous, que chacun d’entre nous. Alors redécouvrons avec surprise cette étonnante communauté humaine, réunie autour de la même table, celle de l’eucharistie. Cela vaut bien mieux que la soif de pouvoir et d’argent. C’est cela le vrai discernement, celui de Salomon.