16e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 23/07/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

« Veux-tu que nous allions enlever l’ivraie ? » Il n’y a rien de plus dangereux que les gens pleins de zèle et bien intentionnés. Ils sont là autour de vous. Ils s’agitent et font tout pour que vous soyez heureux, ou, plus exactement, ils ont leur idée sur la façon d’être heureux. Ils organisent tout pour les choses se passent comme ils le veulent. Vous pouvez leur expliquer que cela ne vous intéresse pas, ces personnes continuent obstinément dans le même sens. Ils ont décidé que leur façon de voir était la seule bonne. 

Cela peut se passer partout, à la maison, dans un couple et même au travail. Le monde serait tellement plus simple si tout se passait comme on l’avait prévu. Je préfère le beurre salé, ça a plus de goût, mais mon conjoint préfère le beurre sans sel. C’est toujours compliqué le matin, et parfois on s’énerve tellement de ces petites différences que l’on finit par perdre patience. C’est vraiment difficile de vivre ensemble. On est tous si différents.

C’est pour cela que c’est tellement admirable de voir Jésus qui se met au même niveau que tous ceux et toutes celles qu’il rencontre. Marie-Madeleine, par exemple. Jésus ne l’a pas condamnée ; il lui a simplement dit : « va et ne pèche plus. » Il ne lui a pas dit ce qu’elle devait faire. Elle était assez grande pour le savoir. Zachée aussi n’avait pas reçu d’instructions pour savoir ce qu’il fallait faire. C’est de lui-même qu’il décida de rendre tout l’argent qu’il avait volé. Il n’y a pas deux saints qui se ressemblent et pourtant tous, eux comme nous, nous sommes appelés à laisser s’épanouir en nous les graines de bon grain que Dieu a déposées dans notre cœur.

 Pour cela, nous avons vraiment besoin de la prière de nos frères et de nos sœurs. Et c’est la raison pour laquelle nous sommes ici dans cette église : pour être portés et soutenus par la prière de la communauté. Nous écoutons aussi la Parole de Dieu et l’enseignement offert par le prêtre pour nous éclairer sur ce qui serait bon de faire. Mais c’est nous qui en définitive décidons de ce que nous ferons. Et nous savons bien que ce n’est pas toujours la meilleure décision, mais que c’est souvent la moins mauvaise ou une solution provisoire que l’on va essayer pendant un certain temps. Ce n’est pas facile de distinguer le bon grain de l’ivraie. Et même parfois on pensait bien faire et on a fait pire que bien, non pas par méchanceté, mais parce que les choses sont souvent compliquées.

Et c’est cela qui est rassurant avec Jésus : il nous laisse le temps d’apprendre, de nous améliorer, d’essayer et même de se tromper. C’est comme avec Pierre. Jésus sait bien qu’il est bon et généreux, mais parfois un peu impulsif. C’est pour cela que le Christ lui a pardonné sa triple trahison et qu’il lui a, malgré tout, confié la garde de son Église. Le Christ a fait de même avec Thomas qui refusait de croire en sa résurrection. Tous, nous avons notre propre cheminement, lent, maladroit, mais tous, nous essayons de progresser vers l’amour de Dieu. Alors, en recevant aujourd’hui la sainte eucharistie, reconnaissons que nous avons tous un peu d’ivraie dans notre cœur et demandons à Dieu de nous donner la grâce de voir le bon grain dans le cœur de notre voisin ou de notre conjoint.