De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace : tel était le slogan lancé par Danton pendant la Révolution française. Il voulait balayer tout l’ordre ancien, il conduit des centaines et des milliers d’hommes et de femmes à l’échafaud et lui-même est mort décapité. Alors, oui, il faut de l’audace pour se lancer sur les eaux comme saint Pierre, mais toute cette audace, à quoi sert-elle et à qui sert-elle ?
Et pourtant, tous, nous avons fait preuve d’audace au cours de notre vie, non seulement pour nous lancer dans le monde du travail, mais aussi dans notre vie affective. Un jour, nous nous sommes engagés vis-à-vis de notre conjoint ou vis-à-vis de Dieu, pour la vie. Parfois, ça a marché. Parfois, ça n’a pas marché. Et pourtant la vie nous a lancés sur de grandes entreprises, pleines d’inconnues. Certes, nous avons parfois longuement réfléchi avant de prendre cette décision, mais il y avait toujours une grande part d’inconnues et de risques plus ou moins calculés.
Alors la question qui se pose est de savoir ce qui fait la qualité d’une bonne entreprise audacieuse. Parce qu’il y a des entreprises folles, vouées à l’échec dès le début. On le sait en général après, quand il est trop tard. Nous voyons dans l’évangile un élément qui détruit l’engagement pris : c’est la trop grande réflexion. Pierre a eu peur parce qu’il a vu la force du vent. C’est comme nous : parfois nous sommes effrayés ou submergés par la violence des difficultés de la vie, alors on prend peur. On n’a plus confiance en soi et ni dans l’autre, le conjoint ou Jésus-Christ. C’est pour cela que Pierre crie au secours. C’est pour cela que Jésus lui tend la main.
C’est la chose la plus triste qui existe au monde : c’est quand un homme n’a plus confiance dans son conjoint, quand un chrétien n’a plus confiance en son Dieu. Quand on perd confiance en l’autre, on perd confiance en soi et on sombre dans la tempête. Et c’est cela qui est tellement beau dans l’éducation des adolescents révoltés ou dans les adultes découragés : c’est leur rendre confiance en eux-mêmes, et surtout leur apprendre à faire confiance à quelqu’un d’autre.
Car ce n’est pas normal de faire confiance en quelqu’un : c’est se mettre entièrement entre ses mains et risquer d’être déçu. C’est comme lancer un crochet vers la montagne et espérer qu’il tiendra, car, si jamais la corde lâche, on tombe sans fin. Et c’est ce qui arrive à des hommes ou des femmes, quand ils sont déçus dans leur confiance, ils tombent de haut, de très haut.
Et c’est pour cela que le Fils de Dieu est venu sur terre et qu’il est mort sur la croix, c’est pour nous montrer que Lui Il va jusqu’au bout dans son amour. Il ne nous abandonne pas. Il va même jusqu’à la croix pour nous récupérer. En Lui nous pouvons avoir confiance.
Et c’est ce que nous célébrons chaque dimanche quand nous sommes ici rassemblés : nous célébrons le miracle d’un homme qui se révèle être un Dieu non seulement parce qu’il est mort par amour pour chacun d’entre nous, mais aussi et surtout parce qu’il est ressuscité et qu’il nous entraîne tous dans sa vie, dans sa nouvelle vie, celle de l’éternité.
Alors en recevant aujourd’hui la sainte Eucharistie, goûtons à nouveau la force de l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous alors, sûrs de son amour et forts de notre foi, nous pourrons affronter toutes les difficultés de la vie.