21e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 27/08/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Voici l’une des plus belles pages de la Bible : saint Pierre, plein d’amour et d’enthousiasme, s’exclame : « tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » On dirait un gamin qui vient de découvrir quelque chose de fantastique chez son copain. C’est les yeux brillants d’admiration et le visage éclairé d’un large sourire qu’il se met à crier ce qu’il vient de découvrir : Jésus, c’est vraiment Dieu sur terre. Pour les autres apôtres, il faudra attendre la résurrection pour qu’ils puissent faire cette même découverte. En voyant le Christ ressuscité, ils percevront toute la puissance divine présente dans Jésus. Ici, dans cet évangile, c’est Dieu le Père qui a révélé tout cela à l’avance à saint Pierre.

Si Pierre a pu recevoir cette grâce, c’était parce qu’il était entièrement tourné vers Jésus et attentif à tout ce qu’il pouvait dire et faire. C’est pour cela qu’un jour il a dit, un peu penaud : « Seigneur, où irions-nous ? » C’était après la multiplication des pains. Jésus avait dit qu’il fallait manger son corps et boire son sang pour pouvoir être sauvés. Les disciples avaient été tellement choqués par cette exhortation qu’ils étaient partis, abandonnant Jésus. Et celui-ci, un peu découragé, s’était tourné vers les apôtres et leur avait demandé si eux aussi ils allaient l’abandonner. C’est alors que Pierre lui répondit, tout désemparé : « à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »

Bienheureux Pierre qui, emporté dans les tourbillons de la vie, n’avait pas oublié où se trouvait la source du vrai bonheur, un bonheur basé sur la certitude d’avoir toujours auprès de soi quelqu’un sur qui il pouvait compter, non pas parce que Jésus allait faire les choses à sa place, mais parce que le Christ, par sa présence même silencieuse, apporterait au plus profond de lui-même la certitude d’être aimé, et donc d’être sauvé. C’est cette présence qui nous donne la force de nous relever et d’avancer, même si parfois nous sommes dans le brouillard ou dans un sombre tunnel. Grâce à cette présence, nous ne sommes pas écrasés par les difficultés ou par la méchanceté de certains. Nous sommes bien au contraire animés par une force intérieure qui nous transforme et nous redresse.

C’est cette source de vie qui a permis à saint Pierre et aux autres apôtres de tout quitter pour annoncer partout dans le monde que Dieu nous aimait à en mourir. Ils ont affronté la solitude et les oppositions, l’incompréhension et la brutalité des ennemis de la foi, mais ils ont tenu bon. Non seulement ils ont tenu bon, mais ils ont transformé toutes ces épreuves en un leçon d’amour et de fidélité. Et Pierre, en particulier, est devenu le chef des apôtres parce que, éclairé par Dieu le Père, il pouvait toujours garder à l’esprit l’essentiel de sa vie, être aimé par le Fils de Dieu. C’est pour cela que Jésus affirme qu’il sera désormais le roc sur lequel il bâtira son Église, parce que Pierre et ses successeurs, les papes, cherchent en Jésus seulement le sens, le vrai sens de leur vie et parce qu’ils se fient à la présence, même silencieuse, de Dieu dans l’Église.

Cette présence silencieuse de Dieu dans notre vie, nous allons la recevoir dans quelques instants. C’est le corps du Christ qui sera offert dans la sainte eucharistie. Nous pourrons alors dire avec Pierre : « tu es le Christ, le Fils vivant. » C’est cette vie que nous laisserons éclater dans notre cœur pour la porter à tous ceux que nous rencontrerons aujourd’hui, comme Pierre et les apôtres l’ont apportée à tous les peuples de la terre.