21ème dimanche du temps ordinaire

Auteur: Jean-Bertrand Madragule
Date de rédaction: 27/08/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Vous avez peut-être regardé dimanche dernier la finale de la Coupe du Monde Féminine de la Fifa entre l’Espagne et l’Angleterre. Comme vous le savez, en général, un match de football dure 90 minutes et est divisé en deux mi-temps de 45 minutes chacune et une pause de 15 minutes entre les deux.

À la fin de la première mi-temps, les joueurs rentrent dans les vestiaires pour se rafraîchir. L’entraîneur profite de la pause pour leur donner de nouvelles instructions pour la seconde mi-temps.

La vie publique de Jésus a également connu une telle pause à la mi-temps. Si nous prenons l’Évangile de Matthieu dans son ensemble, la confession de foi de Pierre sur le Messie se situe exactement au milieu de l’activité publique de Jésus et la divise en une première mi-temps et une deuxième mi-temps.

C’est à la fin de cette première mi-temps que Jésus se rend avec ses disciples dans la région de Césarée-de-Philippe, territoire païen au nord d’Israël. Dans ce territoire isolé, Jésus veut être seul avec ses disciples pour les préparer à la seconde mi-temps.

Remarquons que la première moitié de la vie publique de Jésus avait été une mi-temps brillante. Les gens sont accourus de partout pour l’écouter, d’autres sont restés perplexes en disant : « Personne n'a jamais parlé comme lui » (Cf. Jn 7, 46). Ils ont vu comment Jésus a guéri des malades, comment il a nourri cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons. On a voulu le faire Roi (Jn 6, 15), après la multiplication des pains, et il s’est enfui, seul, dans la montagne.

Lorsque Jésus et ses Apôtres se trouvent à la mi-temps, c’est alors qu’il leur demande pour qui les gens le prennent. Il s’agissait en quelque sorte d’un sondage d’opinion : les uns le considéraient comme Jean-Baptiste, les autres comme Élie ou Jérémie ou un autre prophète. En gros : on ne savait pas exactement qui il était. Dans l’esprit des gens, Jésus devait être classé parmi les très grandes personnalités de la Bible.

Oui, la première mi-temps avait été brillante. Et Jésus savait que la deuxième mi-temps serait très différente. Rappelons aussi que Jésus avait été condamné pour blasphème. Il était accusé de blasphémer contre le Temple et s’était présenté lors du procès devant le Sanhédrin, le tribunal juif, comme « le Fils de Dieu ». Jésus sait également qu’au cours de la seconde mi-temps, les gens ne l’acclameront pas ; au contraire, ils demanderont à la fin à Pilate qu’il soit crucifié (Cf. Mt 26, 22). Dimanche prochain, nous entendrons dans l’Évangile de Matthieu que Jésus annonce qu’il sera bientôt livré aux Romains par son propre peuple, pour être tué. Et que le troisième jour après sa mort, il ressuscitera !

Arrivé à Césarée-de-Philippe, Jésus doit préparer ses disciples à cette deuxième mi-temps, afin qu’ils ne se découragent pas. Et là, il s’adresse personnellement à ses disciples : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16, 15). En d’autres termes : On ne peut pas continuer à se cacher derrière l’opinion des gens. Il arrive un moment où Jésus te demande : Pascal, Carine, qui suis-je pour toi ? Que répondrais-tu à Jésus ?

Simon Pierre, quant à lui, répond au nom des Douze, en disant : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16, 16). À cette réponse, la réaction de Jésus ne se fait pas attendre : « Heureux es-tu, Simon Fils de Jonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux » (Mt 16, 17). Autrement dit : Pierre n’a pas appris cette confession de foi dans un livre, il ne l’a pas lue dans un journal, mais c’est Dieu qui l’a inscrite dans son cœur, par le Saint-Esprit. C’est ainsi que Simon Pierre peut confesser que Jésus est le Messie, le Fils du Dieu vivant.

Nous vivons aujourd’hui dans l’Église et dans notre vie personnelle, familiale et communautaire une deuxième mi-temps. Celle-ci peut être vécue comme un moment de lumière où nous pouvons exprimer notre foi ou bien elle peut être vécue comme un moment sombre où nous avons du mal à croire – peut-être à cause de nos propres expériences de vie qui remettent en question ou même ébranlent les fondements de notre foi.

Cette deuxième mi-temps me fait penser à ce que j’ai vécu il y a dix jours. Chaque jour, j’ai l’habitude de faire de la marche. Il est 15h30. Alors que je m’apprêtais pour sortir, mon téléphone sonne. « Ici, c’est l’aumônerie de la Citadelle de Liège. Nous avons besoin d’un prêtre pour donner le sacrement des malades. » Je vous fais grâce des détails ! Sans hésiter, je m’y suis rendu. Nous avons prié et j’ai donné le sacrement.

Alors que je voulais rentrer, l’Aumonière me dit : « Père Jean-Bertrand, il y a d’autres malades qui voudraient bien s’entretenir avec un prêtre ». Et elle ajoute : « Il y a un malade qui comprend tout ce qu’on lui dit, mais il a perdu l’usage de la parole. Quand sa fille lui rend visite, elle ne lui parle qu’en français. Il est peut-être d’origine congolaise. Si vous lui parliez dans sa langue maternelle, il pourrait peut-être s’exprimer. » L’inattendu est effectivement arrivé ! Je lui ai posé la question en Lingala, « Sango nini ? », « comment vas-tu ? » Je vous assure, il m’a répondu en Lingala : « Malamu moke ! » « Ça va petitement ! » Quelle joie nous a tous envahis ! En partant, il m’a fortement serré la main et son visage était tout éblouissant ! Parti à 15h30, je suis rentré à 19h30 !

Pour terminer, que pouvons-nous retenir de l’Évangile aujourd’hui ? Deux choses :

Premièrement : Apprendre à écouter les autres. En effet, pour répondre à la question de Jésus, « au dire des gens, qui est le Fils de l’Homme ? », les disciples sont invités à se mettre à l’écoute de ce que disent « les gens », à les fréquenter, parler avec eux, entendre aussi leurs cris, leurs questions, connaître leurs joies et leurs espérances. Aller à la périphérie, comme dirait le Pape François !

Deuxièmement : Simon Pierre nous montre que la foi est avant tout le fruit d’une rencontre personnelle avec Jésus. Aujourd’hui, ici et maintenant Jésus te pose la question : Pour toi, qui suis-je ? Ne cherche donc pas la réponse dans un livre. Croire, c’est un cœur à cœur, une amitié. Donne une réponse personnelle à Jésus. Tu deviendras alors la pierre, le roc sur lequel Jésus peut bâtir son Église. Amen.