23e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 10/09/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Bagarres, disputes, conflits, il y a toujours eu et il y aura toujours des disputes dans l’Église. Il y en avait déjà du temps des apôtres. Jacques et Jean voulaient avoir les premières places dans le nouveau royaume que Jésus allait inaugurer, et les autres apôtres étaient furieux de cette soudaine ambition. Judas tenait la caisse des apôtres et il y puisait de temps en temps dans son propre intérêt. L’ambition et le goût de l’argent poussent parfois certains chrétiens à commettre des petits vols ou à provoquer des grandes disputes. C’est leur intérêt personnel qu’ils recherchent et ils se servent des institutions de l’Église pour satisfaire leurs appétits égoïstes.

Cela peut prendre des formes plus subtiles. On se souvient que saint Paul avait dû intervenir pour ramener la paix et la concorde dans l’Église de Corinthe. Certains de ces fidèles étaient doués de dons particuliers, les uns pour la prédication, les autres pour la catéchèse, d’autres encore pour l’organisation de fêtes et de repas communautaires. Et ils le faisaient bien, et même très bien. Mais cela leur montait à la tête et ils pensaient être les meilleurs. Donc, ils avaient un avis sur tout et ils voulaient imposer leurs idées (ou leurs caprices) à toute la communauté. Voilà qu’on passait du service à la dictature, tout cela en croyant bien faire et au nom des meilleures intentions.

Et cela, Jésus l’avait prévu déjà de son vivant. C’est pour cela qu’il avait prévu une procédure démocratique, bien en avance sur son temps. Mais il avait mis en garde contre ceux qui croyaient pouvoir jouer tout seuls le rôle de justiciers ou de redresseurs de tort dans la communauté. Car la question qui se pose n’est pas de savoir ce que les autres devraient faire, mais ce que moi, je peux faire pour améliorer la situation.

C’est ce que Dieu s’est dit en voyant les hommes errer dans un monde de guerres et de divisions. Il n’a pas attendu que les hommes changent. Il est venu parmi nous pour nous montrer ce que cela voulait dire pardonner et aimer. Pardonner, c’est donner un chance à celui qui a péché de changer de vie. C’est qu’il a fait avec la femme adultère, en lui disant de ne plus pécher. C’est qu’il a fait avec Pierre après la résurrection. Il ne lui a pas fait de violents reproches. Il lui a simplement posé la question : « Pierre, m’aimes-tu ? » Cette question posée trois fois permettait, obligeait Pierre à se rappeler ce qui était essentiel et vrai dans sa vie. Et c’est ce que nous faisons chaque dimanche : nous tourner vers la source de notre vie, l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous.

Nous arrivons parfois dans l’église, en étant furieux parce que celui-ci veut toujours être le chef ou parce que celle-là ne veut jamais faire comme les autres. En venant à l’église, nous sommes invités à changer notre regard, à passer des vagues agitées de la mer aux courants profonds qui traversent notre vie, ces grands courants d’amour et de dévouement qui construisent le couple, la famille, la paroisse. C’est ce que saint Paul a lui-même découvert sur la route de Damas. Il croyait sauver Dieu en persécutant les chrétiens et il a découvert que c’était Jésus, le Fils de Dieu, qu’il persécutait. C’est ce que le Christ nous a montré en venant sur terre : ce n’est pas en écrasant les autres qu’on aime Dieu. C’est en les regardant comme enfants de Dieu, créés par amour et sauvés par Jésus-Christ.

Alors, en célébrant la sainte eucharistie, nous demanderons à Dieu la grâce de dépasser nos colères et nos rancunes habituelles pour pouvoir laisser Jésus nous parler à travers nos frères et sœurs qui ont tous leurs qualités et leurs défauts, mais que Dieu aime tellement qu’il leur a donné sa vie.