24e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 17/09/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Jésus devient de plus en plus exigeant. La semaine dernière, il avait expliqué ce qu’il fallait faire quand quelqu’un commettait une faute. Jésus ne parlait évidemment pas de petites fautes, comme manger deux morceaux de chocolat, plutôt qu’un, ni de regarder par la fenêtre pour voir qui vient dire bonjour à son voisin ou sa voisine. Non ! Jésus parlait de fautes graves, comme le vol, l’adultère ou la trahison. Et il a dit qu’il fallait régler cela en communauté avec parfois une sanction si le fautif s’entêtait.

Aujourd’hui c’est Pierre qui demande s’il faut pardonner, vraiment pardonner celui qui nous a menti, trahis, blessés. Jésus répond qu’il faut pardonner 70 fois 7 fois, c’est-à-dire sans cesse. Cela paraît non seulement injuste, mais aussi inhumain. Injuste, parce que, quand quelqu’un commet une faute, il faut qu’il paie. C’est la loi. C’est pour cela qu’il y a des tribunaux. Mais c’est aussi inhumain parce que le fautif nous a fait tellement mal qu’on n’a presque plus envie de vivre, ni de recommencer à aimer.

On est presque comme cet homme qui a vu son fils faire les pires bêtises. Depuis des mois, des années, il n’a plus de nouvelles de lui. Et voilà qu’un beau jour, sans rien dire, sans prévenir, ce vaurien revient à la maison. Alors ce père de famille a le choix : ou bien il lui fait la leçon, et tout est détruit ; ou bien il l’accueille, et tous deux recommencent à vivre. Oui, on en a connu des parents qui se sont consumés de chagrin parce que l’un de leurs enfants s’était enfoncé dans l’alcool, la drogue ou la vie facile. Alors, pour survivre, pour ne pas pleurer tout le temps, ni être rongés par la colère ou l’inquiétude, ils ont voulu rejeter cet enfant de leur vie, ne plus rien avoir à faire avec lui.

Mais un membre amputé fait toujours mal. Il reste la blessure de la cicatrice. Il reste le vide dans le cœur. C’est pour cela que le père du fils prodigue est un symbole de vie. Il a accueilli son fils qui revenait vers lui. Il n’a pas attendu qu’il dise des choses belles et touchantes. On ne dit jamais de belles choses touchantes quand on essaie de se réconcilier. On dit plutôt des choses maladroites qui peuvent blesser, faire plus du mal que du bien.

Jésus n’attend pas de nous de grandes paroles bouleversantes, ni édifiantes. Car, oui !, nous avons non pas nécessairement de nous faire pardonner de grands péchés, mais nous avons besoin de nous retrouver près de Dieu, plus près de lui et de sa chaleureuse présence. Et lui, Dieu, n’attend qu’un petit mot de notre part, quelque chose comme : « on recommence ? », ou « on continue tous les deux ? » Car, au fond de notre cœur, tout au fond de nous-mêmes, on ne voudrait dire qu’une seule chose : « j’ai tant besoin de toi. Ma vie n’a pas de sens sans toi. » Mais Jésus n’attend pas tout cela. Il est déjà là, présent. Il nous apporte dans sa sainte Eucharistie tout son amour et toute son affection.

C’est pour cela qu’il est toujours vivant : parce qu’il n’est pas brisé par la méchanceté humaine. C’est pour cela qu’il est la source de la vie : parce qu’il nous permet de toujours recommencer. A nous de faire la même chose que lui avec tous ceux qui nous ont blessés, trahis et menti. Faisons-le grâce à la sainte Eucharistie, preuve d’un amour immense et sans cesse renouvelé.