26ème dimanche du temps ordinaire

Auteur: Jean-Bertrand Madragule
Date de rédaction: 1/10/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Vous connaissez certainement le panneau de signalisation routière qui ressemble à ceci : il est rectangulaire, bleu, et au milieu du rectangle bleu est dessiné un signe qui ressemble à un grand « T » ! Vous pouvez le vérifier sur le Boulevard de la Sauvenière à Liège où les travaux du Tram se voient partout. Le trait longitudinal au milieu est blanc, et en haut le petit trait transversal est rouge. Ce panneau routier indique « une voie sans issue ». Il attire l’attention des automobilistes : si tu t’engages sur cette route, tu n’iras pas plus loin. Une telle route est comme un sac : ouvert d’un côté et fermé de l’autre. Pour sortir d’une telle voie sans issue, il n’y a qu’une seule solution : faire demi-tour et revenir en arrière.

Ce n’est pas seulement dans la circulation routière, mais aussi dans la vie que les gens peuvent se trouver dans des impasses. Jésus aussi racontait souvent des paraboles aux gens. Avec ses paraboles, il voulait tendre un miroir à ses contemporains pour qu’ils puissent s’y découvrir eux-mêmes. L’Évangile d’aujourd’hui relate l’une de ces paraboles.

« Un homme avait deux fils » (Mt 21, 28). C’est le début de la parabole de l’Évangile selon saint Matthieu de ce 26e dimanche du temps ordinaire. C’est aussi le début de la parabole dite du « Fils prodigue » dans l’Évangile de Luc (Lc 15, 11). Dans cette dernière, le fils cadet est parti avec son héritage et l’a dilapidé. Tandis que le fils aîné est resté par devoir, pour travailler aux champs. Au retour de son jeune frère à la maison, il se met en colère et refuse de célébrer les retrouvailles.

La parabole d’aujourd’hui se situe à la suite de l’incident des vendeurs chassés du Temple de Jérusalem, lequel a donné lieu à une controverse entre Jésus et les grands prêtres ainsi qu’avec les anciens du peuple. Ceux-ci, en leur qualité de responsables de la religion juive, se considèrent comme les meilleurs et les plus respectueux de la loi.

Ce n’est pas le respect de la loi que Jésus leur reproche ! Jésus dénonce plutôt leur orgueil et leur mépris des autres personnes. Il dénonce aussi l’hypocrisie de ceux et celles qui disent « Oui » mais refusent de poser des actes concrets. Ils prétendent être parfaits mais ils n’ont pas obtempéré à l’invitation de Jean le Baptiste à se convertir. Certes, ils ont constamment le mot Amour à la bouche, mais ils n’agissent pas en conséquence. Et Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu » (Mt 21, 31).

Les publicains et les prostituées dont parle Jésus sont considérés comme des transgresseurs de la loi et comme des pécheurs publics. Pour ainsi dire, ils sont éloignés de Dieu et de son message de salut. Cependant, ils ont cru à la parole de Jean le Baptiste qui les a appelés à se repentir ; ils sont également ouverts à la Bonne nouvelle de Jésus et sont prêts à changer de vie.

Comme dans la parabole du premier fils, les publicains et les prostituées ont d’abord dit non pour accomplir la volonté de Dieu, mais ils se sont ensuite ravisés et se sont convertis à Dieu. Les grands prêtres et les anciens du peuple, quant à eux, ont d’abord dit oui à la volonté de Dieu, comme le deuxième fils, mais ne l’ont pas accomplie. Extérieurement, ils disent oui à la volonté de Dieu, mais leur cœur est éloigné de Dieu et ils poursuivent leur propre projet.

Chers frères sœurs, ne vous laissez pas déconcerter ! Tout au long de notre vie, il y a des panneaux de signalisation qui nous indiquent parfois que la voie que nous empruntons est une voie sans issue. Nous sommes alors invités à nous arrêter un moment et à faire demi-tour. Ils sont nombreux ceux et celles qui ont d’abord dit non à l’appel de Dieu, mais un jour ils se sont laissés saisir par l’amour miséricordieux de Dieu. Ils se sont convertis !

Pour toi ici présent et qui m’écoutes, Jésus sait qui tu es. Il apprécie également tes efforts de manière positive, et il récompensera tes efforts un jour. L’Évangile d’aujourd’hui me fait penser à une expérience qui m’a marqué et que j’ai vécue il y a de cela quelques années. Lors de la préparation d’un baptême, j’apprends que le père de l’enfant s’est éloigné de l’Eglise. Et il me dit : « Père Jean-Bertrand, je ne serai pas présent au baptême de mon fils ». Son épouse, qui était assise là à côté de lui, avait vraiment des larmes aux yeux. Une telle déclaration avait fait mal à la jeune mère et à moi aussi.

Le Jour-J arrive ! Alors que je voulais commencer la célébration du baptême, un jeune homme ouvre la porte de l’église et se dirige droit vers nous. À ma grande surprise, c’était le père du futur baptisé et il s’assoit à côté de son épouse. Quand je lui demande : « Êtes-vous prêt à éduquer votre enfant dans la foi chrétienne… ? », il dit un oui très décidé et conscient ! Et alors sa femme se met à pleurer encore une fois, mais cette fois-ci elle pleurait de joie. Lorsque la célébration du baptême s’est terminée, tous les membres de la famille se sont pris dans les bras. C’était une joie immense pour toute l’assemblée ! J’ai ressenti un peu ce que Jésus disait dans une de ses paraboles : « Je vous le dis. C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion » (Lc 15, 7).

Chers frères et sœurs, que pouvons-nous retenir de l’Évangile d’aujourd’hui ?

Trois enseignements :

Premièrement : Jésus t’invite personnellement à la conversion du cœur, c’est-à-dire à quitter le chemin sans issue dans lequel tu te trouves. Dans la première lecture, le prophète Ezéchiel te dit que la conversion est toujours possible (cf. Ez 18, 25-28). Il n’est jamais trop tard pour Dieu et pour revenir à Dieu. La conversion du cœur et un nouveau départ avec Dieu sont toujours possibles.

Deuxièmement : Il ne te suffit pas seulement de répondre « Oui » à l’appel de Dieu en théorie ou de prononcer le mot « Amour », mais de confirmer ce « Oui » et cet « Amour » par tes actes réels d’Amour. « L’Amour n’est pas qu’un mot, l’Amour ce sont des mots et des actes. »

De cette manière, tu montres aussi le chemin du salut à beaucoup d’autres personnes. Un bon exemple impressionne et il est contagieux.

Troisièmement : L’Évangile t’invite ici et maintenant à avoir foi et confiance en Dieu. Car dans cette parabole, les deux fils sont traités de la même manière, et tous deux, le père les appelle « mon enfant » (Mt 21, 28). Dieu ne veut pas te juger ni te condamner, mais il attend de toi ton amitié et ta confiance. Mais cela n’est possible que si tu ouvres ton cœur à la présence de Jésus, l’ami fidèle.

Qui pourrait mieux te faire découvrir ce chemin d’amitié avec Jésus, si ce n’est sa Mère ? En ce début du mois d’octobre, mois du Rosaire, prends donc ce chemin d’amitié et de confiance en te confiant à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie.