C’est la logique du mal. Un homme commet un adultère et finit par tuer le mari trompé. C’est l’histoire du roi David avec la belle Bethsabée, épouse du fidèle Uri. C’est la même chose avec la drogue : on commence par essayer, puis on ne peut plus s’en passer. Mais ça coûte cher. Alors on se met à voler. C’est la logique du mal. Mais est-ce qu’il y a une logique du bien ? Est-ce que nous, nous pouvons nous lancer dans une logique positive du bien ? Il y a des enfants (et des adultes) qui inventent toujours de nouvelles manières d’embêter leurs voisins, ou de nouvelles manières d’humilier leurs proches. Est-ce que nous, nous ne pourrions pas inventer de nouvelles façons de créer de l’amour et de l’amitié autour de nous ?
Pour cela, il faut tout d’abord avoir une image positive des autres. C’est ce que le Christ avait pour chacune des personnes qu’il rencontrait. Il ne s’arrêtait pas à la mauvaise réputation de Matthieu le publicain ou de Marie-Madeleine la pécheresse publique. Il était capable de voir plus loin, de voir le fond des cœurs. C’est que les infirmières font quand elles rentrent dans une chambre d’hôpital. Elles ne voient pas seulement un corps humain relié à des tuyaux et des perfusions. Elles rencontrent une personne qui avait des rêves et des projets, quelqu’un qui a une famille et des amis. Pour elles, ce malade qui est là devant elles, ce n’est pas seulement quelqu’un qui souffre, c’est aussi et surtout quelqu’un qui vit. C’est la raison pour laquelle les infirmières expérimentées trouvent le mot juste et le geste approprié pour chacune des personnes qu’elles rencontrent. Elles ont acquis une habileté et une créativité, non pas à faire le mal, mais à produire du bien.
Comment pourrait-on acquérir une semblable habileté ? Tout d’abord, en reconnaissant notre erreur et notre maladresse. Il n’est pas toujours nécessaire de demander pardon. Mais il est toujours possible de manifester son amour, soit en apportant des fleurs, soit en faisant comme saint Pierre, en disant son amour. C’est toujours un peu bête et un peu maladroit, mais cela vaut toujours mieux que de laisser pourrir une mauvaise situation. C’est pour cela que nous échangeons un baiser de paix avant la communion. C’est une façon d’enterrer la hache de guerre, mais c’est aussi une façon de souhaiter à l’autre que l’on a blessé, tout le bien que lui-même espère.
Oui, ce n’est pas facile de reconnaître sa faute. On a toujours tendance à faire des reproches aux autres, et cela peut aller jusqu’à la mauvaise foi. Personne n’aime reconnaître ses erreurs parce que cela nous met en situation d’infériorité. L’autre pourrait en profiter pour nous humilier ou se moquer de nous. C’est ce que les pharisiens ont fait quand ils ont jeté la femme adultère devant Jésus pour lui demander s’il fallait la lapider. Mais le Christ a simplement dit : « va et ne pèche plus. » Il a ainsi cassé la logique du mal qui écrasait et broyait la fautive.
C’est peut-être là aussi pour chacun d’entre nous le moyen de briser la logique du mal, en refusant d’enfermer le fautif dans sa faute et en lui laissant la possibilité de vivre à nouveau. C’est peut-être cela ce que le prêtre veut dire à la fin de la messe avec cette dernière salutation : « allez dans la paix du Christ ! » Cela pourrait vouloir dire : « allez effacer toutes les dettes du passé et recommencez à vivre comme le Christ ressuscité. »