28e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 15/10/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

« Excusez-moi, mais je n’ai pas le temps » : voilà en gros ce que répondent les invités au repas de noces. Combien de fois est-ce que nous n’avons pas reçu la même réponse quand nous avons voulu demander un renseignement ou un peu d’aide ? Et c’est vrai que nous n’avons pas le temps. Tout le monde est fort occupé, même les pensionnés. Et c’est vrai que, si nous n’avons rien à faire, nous nous sentons inutiles. Et pourtant Jésus a pris le temps d’écouter les gens. Regardez ! Jaïre avait appelé Jésus parce que sa fille était gravement malade. Jésus l’avait suivi. Il était bousculé par la foule, mais il avait senti que quelqu’un l’avait touché. C’était une femme. Elle était malade depuis longtemps, très longtemps. Elle avait perdu beaucoup de sang. Elle avait tout essayé et rien n’avait marché. Elle voulait essayer encore une fois, cette fois-ci avec Jésus. Et Jésus s’est arrêté. Il l’a écoutée. Ça l’a sauvée. Et pourtant Jésus était fort occupé.

Il faut reconnaître qu’on aime bien dire qu’on est fort occupé parce que cela nous donne l’impression d’être très important et aussi parce que cela nous permet d’éviter certaines corvées ou de devoir répondre à une demande ou à quelqu’un qui nous dérange. Et pourtant c’est parfois Jésus qui nous appelle. Vous vous souvenez du petit Samuel. Il vivait dans le Temple de Jérusalem et Dieu l’a appelé trois fois pendant la nuit. Et chaque fois le petit Samuel s’est levé. Et c’est ainsi qu’il a pu recevoir la mission que Dieu voulait lui confier : sauver le peuple d’Israël. Marie a fait de même. Elle était occupée à faire le ménage, mais elle a pris le temps d’écouter l’ange Gabriel, et elle est devenue la mère de Jésus-Christ.

Cela a été le destin de tous le grands personnages dans la Bible : être surpris, dérangé par Dieu pour apporter le salut aux autres hommes. Cela n’arrive pas que dans la Bible. Cela peut aussi nous arriver, mais nous sommes parfois tellement pris par nos petites occupations que nous n’entendons pas l’appel au secours lancé par un enfant ou même par notre conjoint. Et cela, nous pouvons bien le comprendre. Combien de fois n’avons-nous pas nous-mêmes essayé de dire le malaise qui était dans notre cœur ? Et, comme il n’y avait personne pour nous écouter, nous sommes restés comme enfermés dans notre détresse.

Cela veut-il dire que nous devons rester assis toute la journée à attendre que Dieu se manifeste ? Bien sûr que non. Même les moines et les moniales ne restent pas à ne rien faire. Ils prient ou ils travaillent. Non ! Il y a un moyen bien simple pour rester disponibles : c’est être attentifs. C’est ce que nous demandons, ce que nous exigeons de la part de Jésus. Nous lui demandons d’être toujours disponibles et prêts à nous entendre et à nous écouter. Il faudrait qu’il soit là tout le temps à notre disposition, pour nous sauver, pour nous guérir, pour nous consoler. Et c’est vrai qu’il est là tout le temps, bien présent comme le soleil d’une belle journée d’été, avec sa lumière et sa chaleur. Mais nous avons bien souvent les yeux rivés sur notre portable, et nous envoyons un message à quelqu’un qui est bien loin alors que nous ne voyons pas les autres piétons sur le trottoir et que nous les heurtons. Nous sommes trop occupés par notre petit message pour voir et pour respecter notre voisin.

Alors il faudrait pouvoir être comme Jésus avec cette femme qui perdait beaucoup de sang. Jésus devait ailler chez Jaïre, mais il s’est arrêté, il a écouté, la femme a été guérie. Ou bien il faudrait pouvoir dire comme ce collègue qui était mon ami : « je travaille tout le temps, mais on ne me dérange jamais. »