31e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 5/11/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Voilà un évangile bien virulent ! Jésus se déchaîne. Il dénonce l’hypocrisie des pharisiens, leur goût pour l’ostentation et pour les belles places. Cela s’oppose à la Bonne Nouvelle qu’il est venu apporter : nous sommes tous frères et soeurs, fils et filles d’un même Père.

Cela n’est pas évident pour tout le monde. Si la guerre déchire l’Ukraine et la Palestine, c’est, entre autres, parce que certains se croient supérieurs aux autres et veulent imposer leur volonté à leurs voisins.

Saint Martin nous montre une autre façon de vivre ensemble. C’était un homme originaire de la Hongrie actuelle. Il était soldat dans l’armée romaine et donc, pendant des semaines, pendant des mois, on lui avait appris à tuer les ennemis de l’Empire, tous ses sales étrangers. Et le voilà, en Picardie, seul de son pays, avec une épée, prêt à tuer tous ceux qui voudraient l’attaquer. Un jour, aux portes d’Amiens, il croise un homme frigorifié. Il sort son épée, non pas pour le tuer, mais pour couper son manteau en deux. Il a fait d’une arme de destruction, un outil de partage et de générosité. Il l’a fait pourquoi ? Parce qu’il avait vu dans les yeux découragés de ce mendiant le visage de Jésus sur la croix. Tant de larmes, tant de souffrances ne pouvaient pas le laisser indifférent. Il l’a fait surtout et avant tout parce qu’il savait que même s’il perdait une partie de son manteau il allait gagner quelque chose de plus grand et de plus beau : la dignité d’être enfant de Dieu et de se comporter comme un frère avec tous ses proches, connus ou inconnus.

C’est cet amour de Dieu qui nous permet d’avoir toutes les audaces : d’aller servir dans l’église pour son entretien et sa décoration florale, d’aller dans les hôpitaux pour saluer les malades, d’aller dans les centres d’accueil pour apporter aux plus démunis non seulement du pain et de la nourriture, mais surtout une nouvelle dignité, celle d’un enfant de Dieu.

Il ne faut pas grand-chose pour faire cela. Jésus a pris juste un petit morceau de pain et il en a fait son Corps. Joseph a simplement accueilli sa fiancée et l’enfant qu’elle portait en elle. Il les a nourris. Il les a aimés, alors qu’il ne savait pas encore que ce petit garçon était le Fils de Dieu. Il a pris le risque d’aimer et il a ainsi contribué à notre salut.

Il faut peu de choses pour rendre les gens heureux, mais cela change tout parce que, grâce à cela, eux et nous, nous devenons vraiment fils de Dieu.