Les jeunes filles attendaient le jeune marié, mais elles se sont endormies. Il est si facile de s’endormir et de rater sa vie. On se laisse prendre par la routine de la vie et on se réveille trop tard, en se disant qu’on a laissé passer de belles occasions. Il n’y a rien de pire que la routine et pourtant les habitudes, ça rassure. C’est tellement réconfortant de savoir ce qu’on va faire aujourd’hui, demain, toute la semaine. C’est beaucoup plus rassurant quand tout est déjà bien prévu et bien organisé.
Mais qu’y a-t-il de pire que de manger tous les jours la même chose ? Rien de tel pour perdre l’appétit et pour sombrer dans la neurasthénie ! C’est pour cela qu’une ménagère fait toujours preuve d’inventivité et de créativité. Il en est de même pour les recettes de cuisine. La mère de famille improvisera à partir d’une recette déjà bien connue. Et ce qui est valable pour les femmes est valable pour les hommes. Un homme trouvera toujours quelque chose de nouveau à faire dans la maison, non pas pour le plaisir du changement, mais pour la nécessité d’être vivant.
C’est tous les jours qu’il faut inventer une nouvelle façon d’aimer et de se parler. C’est comme dans la liturgie. Le chantre renouvelle les chants. Le prêtre renouvelle ses homélies. Et, quand les prières sont toujours les mêmes, il y a une façon de les relire en se disant qu’il faut trouver quelque chose de nouveau, quelque chose d’étonnant qu’on n’avait pas encore remarqué: un mot, une expression. Il est à ce propos instructif de lire à l’avance les prières du dimanche, de voir comment elles sont construites et de se laisser toucher par un mot ou par une expression.
C’est ce que font les moines enfermés dans leur abbaye: ils redécouvrent à l’intérieur de leur routine la présence de Dieu. Comment ? Tout simplement en se demandant pourquoi ils se lèvent la nuit pour prier, pourquoi ils doivent attendre dans le cloître avant de pouvoir rentrer en procession dans l’église, et ainsi de suite pour toutes les actions de leur vie. Les moines contemplatifs sont obligés de trouver un sens à tout ce qu’ils font, même si cela peut paraître routinier et ennuyeux. Et quel est ce sens ? C’est de faire tout cela pour mieux aimer Dieu, pour mieux le rencontrer, pour mieux le recevoir.
C’est la même chose pour nous pendant cette eucharistie. Cela peut être pour nous l’occasion de rencontrer Dieu et les autres autrement. Le tout est de le faire comme Jésus ou comme Marie. Jésus partait du principe que tous les hommes qu’il rencontrait étaient intéressants. Il le savait parce que c’était lui qui les avait créés. Marie méditait tout cela dans son coeur. Elle se laissait surprendre par son fils, non pour le punir parce qu’il la dérangeait, mais pour laisser la vie et l’amour de Dieu la secouer.
Ne soyons pas comme ces vierges qui s’endorment. Soyons comme des veilleurs et guettons le lever du soleil, la venue de Dieu dans notre vie.