33e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 19/11/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Pauvre garçon! On l’imagine ce serviteur qui n’a reçu qu’un talent. Il s’avance, comme un petit garçon, la tête baissée, prêt à recevoir un coup. Il dit, en tremblant: « j’ai eu peur. » Puis il redresse la tête et il lance à son père, comme en défi: « tiens, le voilà, ton talent! Je te le rends. On est quitte. » Qui oserait parler ainsi à son père, à son conjoint? On n’est jamais quitte avec personne, ni avec ses parents, parce qu’ils nous ont donné la vie, ni avec Dieu, parce qu’il nous aimés.

C’était ça le drame de Caïn: il était jaloux. Il voyait que son frère était bien vu du Seigneur. Tout ce qu’Abel faisait, c’était bien. Tous ses sacrifices, le Seigneur les acceptait, tandis que lui, Caïn, tout ce qu’il faisait était mal accueilli. Alors il a tué son frère.

On a toujours de bonnes raisons pour être jaloux. Mon voisin est plus riche que moi. C’est normal! Ses parents avaient déjà beaucoup d’argent. Toutes les jeunes filles pourraient être jalouses de leurs voisines parce qu’elles ont de belles robes, un beau mari, de beaux enfants.

Et pourtant il y avit une jeune fille, dans un petit village montagneux, qui a été toute surprise parce que le Seigneur « s’était penché sur son humble servante. » C’était Marie qui se voyait condamnée à une petite vie bien triste avec un petit mari ennuyeux. Et voilà que le Seigneur lui donna une nouvelle mission: celle d’être mère. Car c’est cela, recevoir un talent, c’est recevoir une mission. Recevoir un talent, ce n’est pas recevoir un gros chèque pour le déposer à la banque. C’est le faire fructifier en le donnant aux autres. Ou mieux, c’est se demander: qu’est-ce que le Seigneur attend de moi, avec tout ce que j’ai, avec tout ce qu’il m’a donné?

Il y a des gens qui ne sont jamais contents: quand il y a du soleil, ils se plaignent parce que ça éblouit les yeux. Quand il se met à pleuvoir, ils ronchonnent parce que ça salit les chaussures. Ils sont comme le schtroumpf grincheux. Ils se plaignent tout le temps. Il serait bien sûr ridicule de dire que tout est toujours beau et parfait. Mais c’est beaucoup plus chrétien de pouvoir dire merci à Dieu pour toutes les belles choses qu’on a reçues: la vie, la santé, l’amour, et d’accepter comme un défi toutes les situations dans lesquelles nous vivons. La question n’est plus de savoir comment on pourra s’en sortir, mais comment réussir à en faire quelque chose de beau pour moi et pour les autres. C’est ce qu’a fait saint Joseph. Il ne s’est pas débarrassé de sa fiancée. Il l’a prise chez lui et ils ont traversé ensemble tous les dangers.

Et nous avons aujourd’hui une nouvelle preuve de l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous. Le Christ nous donne son Corps et son Sang. Il nous donne sa vie. À nous d’en faire quelque chose de beau, une source de vie et de joie pour tous les autres.