Quelle drôle d’idée ! Envoyer quelqu’un crier dans le désert ! Ne vaudrait-il pas mieux l’envoyer dans les grandes villes ou les gros bourgs? Là il pourra crier au milieu de la place du marché. Là il pourra être entendu par beaucoup de monde et peut-être certains l’entendront-ils et le suivront dans son aventure. C’est ce que Jésus a fait avec ses disciples. Il les a envoyés dans toutes les villes et bourgades de Judée et de Galilée. Et ils sont partis à Alexandrie et à Alexandrie, à Rome et à Corinthe, dans des grandes villes portuaires où des hommes du monde entier se croisaient et se côtoyaient, et c’est ainsi que l’Église a commencé, dans les grandes villes, pas au milieu d’un désert caillouteux et inhabité.
C’est alors à nous de transformer nos communautés paroissiales en messagères de la Bonne Nouvelle, de transformer nos églises en haut-parleurs de l’amour de Dieu. Comment? En cultivant l’art de l’accueil et de la fraternité. Pour beaucoup, la messe du dimanche est le seul endroit où ils peuvent rencontrer des gens sans devoir payer comme aux magasins, ou sans devoir travailler comme à l’atelier ou au bureau. La communauté paroissiale est un endroit unique au monde. Il n’y a pas de sélection nationale ou sociale. Il y a tout simplement des personnes qui sont heureuses de pouvoir se réunir pour prier et pour accueillir le Fils de Dieu.
Mais ce Dieu hospitalier et bienveillant, où peut-on le rencontrer? Dans sa Parole, avec les lectures du jour et les homélies. Dans la communion, avec son Corps et son Sang. Dans le rejeté, celui à qui personne ne parle et qui rentre seul dans sa maison sans avoir pu rencontrer quelqu’un, comme ces enfants pauvres de Turin que don Bosco a accueillis et tirés de la délinquance, comme ces agonisants que Mère Teresa a soignés ou comme ces lépreux avec lesquels le Père Damien a voulu vivre et mourir.
Il ne faut pas aller si loin. Marie est tout simplement allée chez sa cousine Élisabeth pour l’aider pendant sa grossesse. Il y a tant de gens autour de nous qui vivent dans le désert, parfois un petit, parfois un grand. Mais, eux comme nous, ont besoin de rencontrer quelqu’un qui les accueille comme ils sont, tout simplement. C’est ce que Joseph et Marie ont fait quand ils ont vu les bergers venir saluer le petit Jésus.
C’est cela la beauté de Noël: la lumière d’un sourire de bienvenue.