3e Dimanche de l’Avent

Auteur: Jean-Bertrand Madragule
Date de rédaction: 17/12/23
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 2023-2024

Vous avez certainement remarqué que les rues du Centre-Ville de Liège sont habillées de leur belle robe de fête et qu’elles sont illuminées. Pour le marché de Noël, la Place Saint-Lambert est aussi parée de mille décorations de l’Avent. Peut-être aussi dans vos maisons, vous avez installé des petits sapins illuminés ! Tout cela symbolise la « JOIE ».

Le mot-clé « joie » traverse la liturgie d’aujourd’hui comme un fil rouge. C’est ainsi que le troisième Dimanche de l’Avent porte le nom de « Gaudete », « Réjouissez-vous », « Dimanche de la joie ». La couleur liturgique rose et les trois bougies allumées expriment la joie et montrent clairement que la période de la préparation à la grande fête de la Nativité du Seigneur est bien avancée.

Les temps sont durs sur notre terre. Comment se réjouir quand l’être cher nous est arraché ? Comment être dans la joie quand la maladie nous terrasse ? Comment vivre dans la joie quand la solitude nous envahit ? Comment se réjouir quand on subit l’injustice ? C’est dans un tel contexte que le prophète Isaïe, dans la première lecture, s’adresse au peuple d’Israël qui a été déporté et qui vit en exil en terre étrangère : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé » (Is 61, 1). Voilà un message de joie que le prophète Isaïe annonce aux exilés : le Seigneur vient les guérir et les libérer de l’oppression des puissances étrangères.

C’est dans cette même perspective de la joie qu’on retrouve ce dimanche, une fois encore, la figure de Jean le Baptiste, non pas chez l’Evangéliste Marc, mais chez Jean. Jean le Baptiste fut le dernier et le plus grand des prophètes à annoncer la venue du Messie. L’Évangile nous le présente comme « Témoin de la Lumière ». Sa mission consiste à rendre témoignage à la Lumière. En Israël, à l’époque de Jean le Baptiste, le peuple croyait que Dieu enverrait le Messie, un Sauveur qui le libérerait et le conduirait des ténèbres à la Lumière. Israël n’était pas libre, mais il croupissait sous l’occupation romaine.

Certains croyaient que Jean le Baptiste était ce Messie, cette « Lumière ». C’est dans ce contexte que les Pharisiens envoyèrent des Prêtres et des Lévites – qui travaillent dans le Temple de Jérusalem – pour lui poser la question concernant son identité. « Qui es-tu ? » (Jn 1, 19). Il répond qu’il n’est ni le Christ, ni le prophète Élie, ni non plus le Prophète annoncé.

Jean le Baptiste n’a pas voulu décliner son identité, mais il a plutôt parlé de sa mission en se référant au Prophète Isaïe : « Je suis la voix de Celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur » (Jn 1, 23). Jean le Baptiste n’est que la voix qui annonce le Messie. Il n’a pas voulu attirer l’attention sur sa propre personne. Au contraire, il s’efface avec beaucoup d’humilité et oriente ses interlocuteurs vers le Messie : « Au milieu de vous se tient Celui que vous ne connaissez pas » (Jn 1, 26). Est-ce que les Pharisiens ont vraiment compris qu’il s’agissait du Messie ?

Je ne le pense pas ! On ne s’attendait pas que le Messie puisse se mêler aux foules qui venaient se faire baptiser dans l’eau du Jourdain en signe de conversion. Toute la vie de Jésus va ressembler à cet épisode au bord du Jourdain. On le trouvera chez les rejetés de la société, chez les malades, les pauvres. Il n’est pas souvent chez les puissants ! Jésus est souvent là où on ne l’attend pas. Il est l’Inattendu, le Surprenant ! C’est ça le propre de l’Amour ! Dieu est Amour. L’Amour ne fait jamais deux fois la même chose mais crée sans cesse du nouveau.

Le chemin pour rencontrer Jésus, c’est d’aller vers les autres, ceux que nous avons classés dans une catégorie et dont nous n’attendons presque plus rien. Jean le Baptiste a orienté toutes les personnes qu’il rencontrait vers Jésus, le Messie : « Au milieu de vous se tient Celui que vous ne connaissez pas. » Cette bonne nouvelle que Jean le Baptiste adressait aux foules de son temps ne s’applique-t-elle pas à nous aujourd’hui, ici et maintenant ? Bien sûr ! Elle est toujours d’actualité dans notre monde tourmenté.

Jean le Baptiste est venu annoncer la Parole de Dieu dans un monde de ténèbres, dans un monde de silence. Cette Parole de Dieu, c’est Jésus, c’est Dieu qui vient à nous.

Jésus est là, au cœur de ta vie, au cœur de ta fragilité. Lorsque tu ne trouves aucun sens à ta vie, lorsque la vie en communauté ou en famille ou encore au travail devient une croix pour toi, sache que Dieu est toujours là. Son nom est Emmanuel : Dieu avec nous !

Lorsqu’un mariage échoue, lorsqu’une maladie t’écrase, lorsque les enfants ou les petits-enfants s’éloignent de l’Église, même lorsque la mort t’enlève un être cher, Jésus te regarde avec amour et te tend une main secourable. Il est là, il vient vers toi ! Voilà un message de joie qui te rejoint dans ta situation particulière que tu es en train de vivre actuellement.

Chers frères et sœurs, que pouvons-nous retenir de l’Évangile d’aujourd’hui ?

Trois enseignements :

Premièrement : « Au milieu de nous se tient Celui que vous ne connaissez pas ». Le troisième Dimanche de l’Avent – Gaudete – t’invite à reconnaître Jésus au cœur de ta vie. Il est le Sauveur de toutes les personnes dont le cœur est brisé. Tu as accordé toute ta confiance à une autre personne et elle a abusé de ta confiance. Tu as donné ton amour à une autre personne et elle t’a tout simplement utilisé comme un objet. Pour la guérison de tes blessures et ton cœur qui est brisé, Jésus t’invite à le reconnaître, à croire en lui et à l’accueillir dans ta vie.

Deuxièmement : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert ». Jean le Baptiste se présente comme le Précurseur du Messie à la lumière des paroles du Prophète Isaïe, qu’il reprend à son propre compte. Jean le Baptiste n’était pas le Christ, mais un simple témoin dont la mission est de lui préparer le chemin. Tu es invité, ici et maintenant, à témoigner,non pas de toi-même mais de Jésus, en lui préparant le chemin afin qu’il soit accueilli, et aussi reconnu comme Sauveur du monde.

Troisièmement : Dans une semaine, si Dieu le veut – c’est toujours une condition préalable – nous fêterons Noël. Cela sera pour toi une belle occasion de donner de la joie à ceux et celles que tu aimes vraiment. Sois porteur de joie pour toutes les personnes qui sont en situation de précarité ou en détresse, par des petits gestes, par des visites ou simplement par un simple sourire. En effet, la sagesse dit : « La joie que nous donnons aux autres revient tôt ou tard dans notre propre cœur ».