Noel

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 25/12/23
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : B
Année: 2023-2024

C’est encore une fois la fête de Noël. Certains d’entre nous sont heureux et impatients de pouvoir célébrer cette fête de lumière. D’autres sont déjà dégoûtés par les décorations et l’excitation toute commerciale et superficielle. D’autres enfin attendent que tout cela soit passé parce qu’ils sentent encore un peu (ou beaucoup) plus le poids de la solitude.

Il y a peut-être une nouvelle manière de méditer cette fête : c’est à travers Joseph. Oui, on pense toujours à Marie, et c’est très bien. Elle a dit : « oui », elle a même dit que « tout cela se passe pour moi selon ta parole. » Elle a fait confiance à l’ange et elle est allée aider et soutenir sa cousine Élisabeth. Nous retrouvons les deux mêmes dimensions dans la vie de Joseph : la confiance et l’action.

Mais Joseph ne dit rien, il souffre en silence. Oui, il a découvert que Marie était enceinte. Il s’est couché, il a peut-être pleuré, il s’est senti trahi, mais il ne voulait pas faire de scandale, il était prêt à laisser Marie partir sans faire de grandes scènes, ni lui faire de violents reproches. C’était la meilleure solution, la plus simple, la plus normale. Mais voilà que l’ange lui propose une autre voie : celle de faire sa vie avec cette jeune fille qui, semble-t-il, l’avait trahi. La vie nous impose parfois des choix difficiles. À cause de la vie professionnelle ou pour des raisons de santé, on doit changer de lieu, d’habitation ou d’orientation. Il faut quitter ses habitudes, ses amis, ses relations, et tout recommencer ailleurs avec des étrangers, des gens qu’on ne connaît pas.

Et parfois cela ne marche pas comme on le voudrait, ou comme on l’avait espéré. Joseph traîne dans les rues de Bethléem pour mettre sa femme à l’abri et il n’y a pas de place dans les auberges de la ville. Joseph a honte, il n’est pas un homme, un vrai, quelqu’un qui peut assurer à sa femme un minimum de confort. C’est la honte. Rien ne se passe comme prévu.

Au début, quand on change de vie, quand on change de métier ou de domicile, c’est parfois la galère. On ne connaît personne, tout est tout seul, tout est différent. Et pourtant il y a un espoir, un tout petit espoir que tout s’améliorera ou que tout deviendra meilleur. Il faut faire un effort surhumain pour y croire, pour se lever le matin, et pour recommencer à être poli et courageux, aimant et entreprenant. Si je reste dans mon coin comme un malheureux, je serai et je resterai malheureux. Mais voilà que le miracle se produit : alors que Joseph était là en route vers l’Égypte à ses côtés, il a soudain entendu le petit qui se réveillait et qui gazouillait. C’était la nuit. Il faisait froid. Ils étaient seuls, mais l’enfant était là vivant. C’était lui le signe que la vie était plus forte que les difficultés et le découragement. Alors Joseph s’est retourné et a regardé l’enfant et puis Marie, et il est reparti avec plein de courage et de fierté dans son coeur. C’était grâce à lui si l’enfant était vivant, ce serait grâce à lui si l’enfant pourrait grandir et Marie veiller sur lui. Il avait trouvé sa voie : protéger et soutenir cette nouvelle petite vie. Il avait trouvé sa force : regarder et écouter cet enfant, et se mettre à côté de Marie pour l’aider à grandir et devenir ce qu’il était déjà, le Fils de Dieu, le Sauveur du monde.

C’est à nous en cette nuit de Noël de retrouver cette même audace et cette même confiance dans les changements de notre vie, en écoutant le petit gazouillis de Dieu dans la vie de tous les jours. Dieu n’est pas resté dans un grand palais. Il est descendu parmi nous pour nous dire de petits mots d’amour.