Epiphanie

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 7/01/24
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : B
Année: 2023-2024

« Où est-elle passée ? Je ne la vois plus. » Les mages sont étonnés, désorientés. Ils ne voient plus l’étoile. Il y a quelques jours, quelques semaines, ils étaient partis comme sur un coup de tête. Ils avaient vu une étoile, une toute nouvelle étoile, plus grosse, plus brillante que toutes les autres. Alors ,sans trop réfléchir, ils étaient partis pour la suivre. C’est ce que nous avons fait. Un jour on a rencontré quelqu’un, on s’est levé et on la suivit : c’était une femme ou un homme, ou bien Dieu. Quand on part comme ça, on réfléchit un peu, mais pas trop, parce qu’il y a quelque chose de beaucoup plus fort que la raison qui nous pousse et qui nous attire, c’est l’amour.

Mais la route est longue. IL faut traverser le désert. Et parfois on est comme les Hébreux. On s’arrête, on rouspète, on récrimine. On regrette le petit confort d’autrefois : maman qui fait la cuisine et la lessive, mais bien vite on se rend compte que ce n’est pas vrai : on est devenus des adultes, on veut construire sa vie et aller de l’avant. Heureusement, il y a quelques oasis sur notre route. Ce sont des moments de belles rencontres et de grandes intimités. Mais voilà qu’au bout de cette longue route, on ne voit plus d’étoile. Le ciel est vide et on a froid. On ne sait même plus où aller. Alors on cherche à droite et à gauche. On est comme les mages qui sont perdus. Ils interrogent les gens autour d’eux, mais ils ne reçoivent pas de bonnes réponses, en tout cas, pas de réponses utiles.

Nous sommes parfois comme eux, des étrangers, des étrangers dans notre propre famille, dans notre propre couple. Rien ne marche comme on voudrait. Il faut tous les jours recommencer, comme les mages, qui chaque matin rassemblent leurs affaires, démontent la tente et se remettent en route pour une nouvelle étape. Le danger, c’est de se croire abandonnés, comme les mages à Jérusalem dans une ville inconnue. C’est comme les apôtres après la mort de Jésus. Ils se sentaient seuls, abandonnés, perdus. Heureusement ils sont restés ensemble et ils ont prié avec Marie. C’est ce que nous faisons aujourd’hui. Il y a parmi nous des gens qui ne voient plus l’étoile de Noël. Ils sont perdus. Ils de disent rien, mais ils ont froid. C’est par notre prière que nous pouvons les aider à se sentir moins seuls, moins étrangers.

La plus belle chose que nous puissions souhaiter pour eux et pour nous, c’est de pouvoir retrouver cette étoile qui nous a bousculés un jour de notre vie. C’est vrai que nous sommes parfois un peu maladroits. On arrive avec de l’or, de la myrrhe et de l’encens alors que Marie et Jésus ont besoin de langes et de couvertures. Les mages pensaient trouver un roi assis sur son trône. Ils ont trouvé un bébé couché sur de la paille. Nous aussi, on voudrait trouver un Dieu puissant qui résoudrait tous nos problèmes. Et nous recevons une petite hostie toute blanche. C’est Dieu qui nous donne sa nourriture pour la route, pour que chaque matin nous puissions nous lever, plier notre tente et aller de l’avant. Alors nous pourrons partir d’ici, quitter cette église, le coeur tout joyeux d’avoir pu rencontrer Jésus. Et nous pourrons partir par une autre route parce que la vie, ça recommence tous les jours.