3e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 21/01/24
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2023-2024

Cette année, c’est l’année saint Marc. Chaque année, nous lisons chaque dimanche un passage du même Évangile. L’année dernière, c’était saint Matthieu. L’année prochaine, ce sera saint Luc. Cette année c’est saint Marc.

 

C’est l’Évangile le plus court et le plus ancien. Il est tellement court que la semaine dernière nous avons lu un passage de l’Évangile selon saint Jean. C’était la scène au cours de laquelle Jean-Baptiste présentait Jésus comme l’Agneau de Dieu. C’est en entendant cela que Pierre et André se sont levés et ont suivi Jésus. Ici, c’est tout différent. C’est Jésus qui appelle. Il leur dit : « Venez à ma suite. » et aussitôt Simon et André se lèvent et suivent Jésus. Mais l’atmosphère est tout différente. L’Évangile insiste sur le fait que les apôtres laissent tout, non seulement leurs filets, mais aussi leur vieux père : Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, partent si vite qu’ils laissent leur père dans la barque avec les ouvriers. C’est un peu violent !

C’est vrai qu’il y a dans la vie des départs qui sont des déchirements. Quand un homme quitte ses parents pour se marier, cela ne va pas toujours sans difficultés. C’est sans doute pour cela qu’on parle souvent des belles-mères qui veillent toujours sur leur pauvre petit qui ne peut rien faire sans sa maman. On a connu dans certaines familles des filles qui sont restés à la maison pour s’occuper de leurs vieux parents. Quand un homme part pour rentrer au couvent, cela ne va pas toujours sans problèmes. C’est parfois le fils aîné ou le seul garçon de la famille sur lequel les parents avaient fondé beaucoup d’espoir.

La vie de couple est aussi faite de cruels départs et de déchirantes séparations. Les nouveaux mariés doivent parfois partir pour la grande ville à cause du travail ou l’un des deux doit quitter sa région natale et tous ses amis et amies parce que le conjoint vient d’une tout autre région et ne veut pas partir.

Tout est déchirement et séparation, non seulement au niveau géographique, mais aussi au niveau affectif. L’un avait l’habitude de faire du sport ou faisait partie d’un club de joueurs d’échec, et voilà qu’il faut rester à la maison pour s’occuper des enfants ou entretenir le bâtiment. Il faut pouvoir faire des choix.

C’est comme Marie qui est partie de Galilée pour accoucher à Bethléem et pour ensuite s’enfuir en Égypte et repartir pour Nazareth. Il a fallu chaque fois changer de maison, de cultures et d’habitudes. Mais elle l’a fait pour sauver son enfant et elle était soutenue par la présence discrète de son mari. C’est ce que les missionnaires ont fait. Ils sont venus chez nous il y a bien longtemps pour nous apporter la Bonne Nouvelle que Dieu nous aime à en mourir. C’est ce que Jésus a fait. Il a quitté le confort du ciel pour venir sur terre. C’est ce que nous sommes toujours appelés dans la vie de tous les jours dans notre couple, dans notre paroisse, dans notre famille. Accepter le changement non pas par fatalisme, mais par fidélité à l’amour que nous avons donné à notre conjoint, à notre frère, à notre soeur, à Dieu.

C’est peut-être comme cela que nous pouvons recevoir aujourd’hui la sainte eucharistie, en nous disant : si Dieu a pu faire tout cela par amour, est-ce que moi je ne pourrais pas faire un petit effort pour mieux construire ma vie de couple, de famille, de chrétien dans la paroisse et dans la communauté ?

C’est le premier pas qui coûte le plus. Le reste vient grâce à la nouvelle vie que l’on découvre chaque jour.