L’autorité, voilà bien un mot qu’il est difficile d’entendre et d’utiliser. Certains partis politiques parlent de rétablir l’ordre et l’autorité, mais ils parlent bien entendu de leur autorité, pas d’une autorité à laquelle ils devraient se soumettre. Tout le monde veut être le chef, mais personne n’aime être le subalterne. Et pourtant nous sommes prêts à obéir, mais pas n’importe comment, ni à n’importe qui. On regrette d’ailleurs parfois que certains responsables ne soient pas plus directifs. Cela laisse à beaucoup trop personnes la possibilité d’essayer d’imposer leurs idées.
Il faut des chefs, pas n’importe lesquels. Et c’est ce qu’ont ressenti les juifs à l’époque de Jésus : « Il parle avec autorité », mais il n’était pas autoritaire, sauf avec les esprits impurs. Dans l’Évangile d’aujourd’hui il crie à l’un d’eux : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » Mais aux hommes il se contente de les inviter : « Suis-moi ! » Certains le font. D’autres, comme le jeune homme riche, ne le font pas. Son autorité ne vient pas de son sale caractère, mais de la richesse de son coeur.
Il n’était pas comme les scribes, qui parlaient à partir de leur cerveau. Ils disaient des choses intelligentes, mais pas vraiment nourrissantes. Ils ne parlaient pas à partir de leur expérience humaine, mais à partir de belles idées abstraites et intellectuelles. C’était vide. C’était creux, tandis que Jésus parlait à partir de son coeur, et ce qu’il disait remplissait d’amour les belles paroles qu’il pouvait dire. Les scribes parlaient comme les éoliennes qui font du bruit : ça ne sert à rien. Jésus parlait comme un arbre qui donne du fruit. L’arbre puise dans le sol sa nourriture, comme Jésus puisait ce qu’il disait dans son amour avec Dieu. L’arbre transforme la nourriture puisée dans le sol en sève qui donne du fruit. De la même façon Jésus transformait l’amour de Dieu en amour pour les hommes, et cela donne les belles paroles qu’il nous donne aujourd’hui.
Et c’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui pour puiser notre nourriture dans la parole de Dieu et dans la prière de l’Église, et ensuite pour repartir chez nous prêts à donner du fruit, un nouveau fruit d’amour. Alors nous pourrons nous aussi parler avec autorité, non pas pour imposer notre volonté propre, mais pour permettre aux autres de devenir ce que nous sommes, des enfants de Dieu.
Cela, nous le connaissons bien. Il y a des personnes qu’on a aimé écouter parce que ce qu’ils disaient, c’étaient des choses vraies, profondément humaines, et pas simplement intellectuelles ou sentimentales. C’est comme quand Jésus nous dit : « Ceci est mon corps. Ceci est mon sang », on ne comprend très bien ce que cela veut dire, mais on sait, on sent que c’est vrai, que c’est profond.
Alors goûtons encore une fois aujourd’hui le plaisir d’entendre quelqu’un parler avec autorité, non pas une autorité qui écrase, mais une autorité qui relève et qui fait vivre.