5e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 4/02/24
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2023-2024

« Belle-mère, je vous aime », tel pourrait être le cri d’amour lancé par Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui. Cette guérison est un fait historique. Tous les évangiles synoptiques en parlent, mais à des moments différents. Ici, dans l’Évangile de Marc, c’est la toute première guérison particulière, c’est-à-dire d’une personne bine précise et bien identifiée. C’est un épisode important et significatif dans la mission de Jésus. Il faut découvrir ce que cela veut dire pour nous aujourd’hui.

Il faut tout d’abord reconnaitre que les belles-mères n’ont pas toujours bonne réputation. Elles sont connues pour être possessives. Elles critiquent toujours le voyou qui a osé prendre leur fille. Alors tout le monde les évite ou les supporte avec plus ou moins de patience. Nous sommes tous la belle-mère de quelqu’un. Il y a toujours dans notre famille out dans nos relations quelqu’un qui ne peut pas nous supporter. On ne sait pas pourquoi, mais c’est comme l’eau et l’électricité. Dès qu’on est en contact, ça explose.

Ce n’est pas comme dimanche dernier. L’Évangile de dimanche dernier parlait d’un homme possédé par un esprit mauvais. Le mal était en lui. Il fallait l’expulser. Ici, avec la belle-mère, c’est la toute la société qui la montre du doigt. Il y a, dans nos villes et dans nos villages, il y a dans notre société, des gens que l’on montre du doigt, qu’on évite, qu’on ne veut pas fréquenter parce qu’ils ne sont pas comme nous ou parce qu’ils ont fait de grosses bêtises.

Et pourtant quelqu’un a signalé à Jésus qu’il y avait une malade dans la maison. Peut-être même était-ce Pierre qui a parlé de sa belle-mère à Jésus. C’était déjà là le premier pas vers la guérison de la belle-mère et de sa relation avec Pierre. Après cela, Pierre pouvait partir le coeur léger vers d’autres horizons. Il avait réglé son passé. Il pouvait marcher vers son avenir. Il était libéré.

Et la femme de Pierre, me direz-vous? Qu’est-elle devenue? L’Évangile ne dit rien à son sujet, pas plus qu’à propos de possibles enfants de Pierre. Peut-être Pierre était-il un jeune marié et sa femme serait peut-être morte sans avoir donné d’enfants. Nous n’en savons rien, mais ce qu’on sait, c’est que sa belle-mère, une fois guérie, s’est aussitôt levée et qu’elle a servi tous ceux qui étaient à la maison.

Et c’est une réaction toute naturelle. Quand on a vécu dans la solitude et dans l’incompréhension, qu’on a eu l’impression que personne ne voulait nous parler, ou nous parlait avec méchanceté, alors quand soudain quelqu’un nous parle et nous écoute avec gentillesse et intérêt, alors on est guéri. On est soulagé d’un grand poids, celui de la solitude et de l’incompréhension. Alors on ne souhaite plus qu’une seule chose, c’est de pouvoir rester auprès de cette personne pour pouvoir profiter de sa gentillesse. Et quelle est la meilleure façon de rester près de quelqu’un sinon en lui faisant plaisir, en lui rendant service? On veut qu’il soit heureux parce que cela nous rend heureux.

Et c’est cela que le Christ nous apporte : il nous tend la main et il nous arrache à notre lit de solitude et d’incompréhension. Il nous permet de transformer nos rencontres de destruction en moments de résurrection, tout simplement parce qu’il nous écoute et accueille tous, chacun sans exception, même si on est une méchante belle-mère.