Pentecôte

Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique: C
Date : 5 juin 2022
Auteur: André Wénin

 

« Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
Tu as tout fait avec sagesse et la terre s’emplit de tes biens 
(Psaume 104,24)

Pour la fête de la Pentecôte, la liturgie distingue la célébration du samedi soir de celle du dimanche matin, et propose une kyrielle de lectures possibles : tirées de l’Ancien Testament, les lectures de la messe du samedi soir sont les plus originales et les plus intéressantes. Je regroupe ici tous les commentaires antérieurs en ajoutant celui du texte de Joël 3,1-5a, de la lettre aux Romains 8,8-17.

Avant tout, voici un bref texte qui cherche à dire ce qu’est l’Esprit. Il est adapté d’un texte de Thierry Snoy, théologien et psychanalyste décédé en 2018. Je n’y ajouterai que ceci pour éclairer autrement ce qu’il dit : en hébreu, le terme pour dire « esprit », rouakh, est un mot féminin. L’Esprit, féminin de Dieu ?

« L’esprit, dans toute la Bible, ne s’oppose ni au corps ni à la matière, mais à la chair, c’est-à-dire à la condition de la créature dans sa faiblesse et sa caducité. L’esprit, c’est le divin lui-même dans sa transcendance et sa force surnaturelle. Dieu est esprit. Et l’esprit, c’est Dieu dans sa puissance d’animation souveraine. Sans lui rien ne vit, rien ne subsiste, rien n’est valable. Avec lui tout s’anime ; l’homme est régénéré pour le royaume ».

MESSE DU SAMEDI SOIR

La ville et la tour de Babel (Genèse 11,1-9)

Toute la terre était une même langue et des mêmes mots. Au cours de leurs déplacements vers l’orient, ils découvrirent une plaine en Mésopotamie et s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! briquetons des briques et cuisons des cuissons ! » Les briques leur servaient de pierres, et le bitume, de mortier. Ils dirent : « Allons ! bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet soit dans les cieux. Faisons-nous un nom, de peur que nous soyons disséminés sur toute la surface de la terre. »

Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les hommes bâtissaient. Et le Seigneur dit : « Ils sont un même peuple et une même langue : s’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera désormais de faire tout ce qu’ils décideront. Allons ! descendons et brouillons là leur langue, qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres. » De là, le Seigneur les dissémina sur toute la surface de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela Babel, car là le Seigneur brouilla la langue des habitants de toute la terre ; et de là il les dissémina sur toute la surface de la terre.

Pour faire bref, quel est le sens de ce que font les hommes de Babel ? Ils se proposent de construire une ville fortifiée où une citadelle élevée servira de point de ralliement. Pourquoi cela ? Parce qu’ils ont peur que la dispersion les rende étrangers les uns aux autres et les fragilise. Or, l’union fait la force. Aussi, ils se disent prêts à sacrifier leur liberté et leur singularité pour faire bloc autour d’un seul chef. Le projet de Babel, c’est le totalitarisme qui rabote les différences, à l’image des briques qui sont toutes pareilles, et qui soude la société en un bloc compact, à l’image de l’amas de briques collées par le bitume. Par peur de l’altérité, par peur de la vulnérabilité.

Un tel projet va à rebours de celui de Dieu. Rappelez-vous : il crée le monde en diversifiant, en distinguant de sorte qu’une chose, qu’un être ne soit pas l’autre. Aussi, en voyant ce que font ces gens, il décide d’intervenir. À ses yeux, l’unité, ce n’est pas l’uniformité. Et on aurait tort de croire que l’on comprend l’autre parce que l’on parle la même langue que lui. Pour le connaître, il faut apprendre sa langue – sortir de soi-même, de son monde familier, et aller à la rencontre de l’autre pour découvrir ce qui le rend singulier, différent. Voilà le sens du « brouillage » des langues. La véritable unité ne peut se faire en sacrifiant les différences sur l’autel de la peur de l’altérité et de la fragilité.

C’est ici que l’on peut saisir ce que raconte le récit de la Pentecôte. À bien le lire, on voit que le miracle des langues joue en deux sens : d’une part, les disciples « se mettent à parler en d’autres langues, selon le don de l’Esprit », d’autre part, chacun des étrangers qui sont présents « entend dans son propre dialecte » tous ces Galiléens. Les uns parlent, les autres entendent, chacun en se décentrant vers l’autre. La distinction des langues ne fait plus obstacle à la communication, à la communion de ceux qui chantent les louanges de Dieu. Telle est l’œuvre de l’Esprit de Dieu : une unité riche des différences de chacun.

Parlant de la communauté chrétienne, l’apôtre Paul le dira en recourant à une autre comparaison : celle du corps qui fait l’unité de ses différentes parties. Ainsi la communauté où les différents dons de Dieu trouvent à s’exprimer. 

L’alliance entre Dieu et Israël au Sinaï (Exode 19,3-8.16-20b)

Moïse monta vers Dieu. Le Seigneur l’appela de la montagne : « Tu diras à la maison de Jacob, et tu annonceras aux fils d’Israël : “Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, que je vous ai portés sur des ailes aigle et vous ai amenés jusqu’à moi. Maintenant, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, vous serez mon domaine particulier parmi tous les peuples ; en effet, toute la terre est à moi, mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte.” Voilà les paroles que tu adresseras aux fils d’Israël. » Moïse arriva et convoqua les anciens du peuple, il leur exposa toutes ces paroles que le Seigneur avait ordonnées. Le peuple tout entier répondit, unanime : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le ferons. » Et Moïse rapporta les paroles du peuple au Seigneur. […]

Le troisième jour, dès le matin, il y eut des voix (= le tonnerre), des éclairs, une lourde nuée sur la montagne, et une puissante sonnerie de cor, et tout le peuple qui était dans le camp trembla. Moïse fit sortir le peuple hors du camp, à la rencontre de Dieu, et ils se tinrent debout au pied de la montagne. La montagne du Sinaï était toute fumante, car le Seigneur y était descendu dans le feu ; la fumée monta, comme la fumée de la fournaise, et toute la montagne trembla violemment. La sonnerie du cor était de plus en plus puissante. Moïse parlait et Dieu lui répondait par une voix. Le Seigneur descendit sur la montagne du Sinaï, il appela Moïse sur le sommet de la montagne et Moïse monta.

Dès le judaïsme du 1er siècle de notre ère, le 50e jour après la Pâque (en grec Pentecostè) est devenu le jour de la commémoration de l’alliance au Sinaï, dont le récit se lit aux chapitres 19 à 24 du livre de l’Exode. L’extrait proposé (que j’ai un peu complété à la fin de chacun des 2 paragraphes) reprend la proposition d’alliance et la description de la théophanie par laquelle Dieu manifeste sa présence au peuple. Inutile d’épiloguer sur l’absurdité d’un tel découpage…

Les deux versets qui précèdent l’extrait ci-dessus précisent : « Au 3e mois de la sortie des fils d’Israël du pays d’Égypte, en ce jour-ci [1], ils arrivèrent au désert du Sinaï. Étant partis de Rephidîm, ils arrivèrent au désert du Sinaï et ils établirent le camp dans le désert : Israël campa là, face à la montagne » (Exode 19,1-2). Ces phrases situent l’arrivée au Sinaï dans le temps et l’espace, non sans répétitions d’ailleurs : deux fois, on évoque la sortie d’Égypte, deux fois aussi, l’arrivée au Sinaï et l’installation du camp d’Israël. Le tout relève de la description de faits « constatables ». Ce sont ces faits que Dieu interprète au début de ses paroles à Moïse : en présentant la sortie d’Égypte comme son œuvre (« ce que j’ai fait à l’Égypte), il rappelle l’ensemble du processus de libération dont il est l’artisan principal ; la traversée du désert jusqu’au Sinaï devient également son œuvre qu’il évoque de façon imagée (l’aigle qui porte ses petits sur son dos pour les familiariser avec le vol) ; l’installa­tion du camp est relue comme le terme de ce mouvement, mais « dans le désert, face à la montagne » devient « jusqu’à moi ». Si Israël est, là, c’est parce que son libérateur désire le rencontrer. Dans quel but ?

Le Seigneur affirme que toute la terre et toutes les nations sont à lui et qu’il souhaite faire d’Israël une nation particulière et donc mise à part des autres, ce que signifie « nation sainte ». S’il est ainsi mis à part, c’est pour être pour son Dieu un « royaume de prêtres ». Or qui dit royaume dit nation souveraine ; et qui dit prêtre dit médiateur entre la divinité et les autres. Israël est donc mis à part non par favoritisme, mais pour assumer la responsabilité de faire le lien entre le Seigneur de toute la terre et les autres nations. Tel est le sens fondamental de l’alliance, ce lien singulier que Dieu propose à Israël, mais dont l’horizon est universel. Or Israël est un peuple libre. En disant « Si vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance … », le Seigneur sollicite d’Israël un accord libre. C’est bien ce que font les fils d’Israël quand ils marquent leur accord de façon unanime.

En vue de conclure cette alliance, le Seigneur va se manifester et il l’annonce à Moïse en précisant qu’il veut « que le peuple entende quand je parlerai avec toi et qu’en toi aussi ils aient confiance pour toujours » (v. 9). Il est important en effet que le médiateur entre le Seigneur et le peuple soit accrédité des deux côtés ! Moïse prépare ensuite la rencontre que Dieu a annoncée. D’une part, Israël se prépare en opérant des ruptures par rapport à son quotidien ; d’autre part, l’espace est aménagé par la fixation d’une limite qui sépare clairement les deux partenaires de l’alliance (qui suppose qu’il n’y ait pas confusion). La rencontre peut alors avoir lieu : Dieu manifeste sa présence à travers des signes : l’orage et l’éruption volcanique. Ces deux phénomènes ont en commun la présence de feu et d’une nuée. Ils disent quelque chose de la présence paradoxale du Seigneur. Elle est comme le feu qui éclaire et réchauffe, mais qui suppose que l’on trouve une juste distance ; elle est comme la nuée qui cache ce qui la provoque… Quant à la rencontre, elle provoque le tremblement du peuple et de la montagne, un phénomène qui figure comment un tel événement déstabilise les partenaires qui vont devoir apprendre à s’ajuster l’un à l’autre. Le don de la Loi (Exode 20,1-17) indiquera à Israël comment il s’ajustera au Dieu saint en vue du service « sacerdotal » parmi les nations. 

Les ossements recréés (Ézéchiel 37,1-14)

En ces jours-là, la main du Seigneur fut sur moi. Par son souffle il m’emporta et me déposa au milieu d’une vallée ; elle était pleine d’ossements. Il me fit circuler parmi eux ; le sol de la vallée en était couvert, et ils étaient tout à fait desséchés. Alors le Seigneur me dit : « Fils d’homme, ces ossements peuvent-ils vivre ? » Je lui répondis: « Seigneur Dieu, c’est toi qui le sais ! »

Il me dit alors : « Prophétise sur ces ossements. Tu leur diras : Ossements desséchés, écoutez la parole du Seigneur : Ainsi parle le Seigneur Dieu à ces ossements : Je vais faire entrer en vous le souffle et vous vivrez. Je vais mettre sur vous des nerfs, vous couvrir de chair, et vous revêtir de peau ; je vous donnerai le souffle et vous vivrez. Alors vous saurez que Je suis le Seigneur. »

Je prophétisai comme j’en avais reçu l’ordre. Pendant que je prophétisais, il y eut un bruit, puis une violente secousse, et les ossements se rapprochèrent les uns des autres. Je vis qu’ils se couvraient de nerfs, la chair repoussait, la peau les recouvrait, mais il n’y avait pas de souffle en eux. Le Seigneur me dit alors : « Prophétise au souffle, prophétise, fils d’homme. Dis ausouffle : Ainsi parle le Seigneur Dieu, Viens des quatre vents, souffle ! Vente sur ces morts, qu’ils vivent ! » Je prophétisai, comme il m’en avait donné l’ordre, et le souffle entra en eux ; ils vécurent, et ils se dressèrent sur leurs pieds : c’était une armée immense !

Puis le Seigneur me dit : « Fils d’homme, ces ossements, c’est toute la maison d’Israël. Car ils disent : ‘Nos ossements sont desséchés, notre espérance est détruite, nous sommes perdus !’ C’est pourquoi, prophétise. Tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai monter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Vous saurez que Je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai monter, ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon souffle, et vous vivrez ; je vous donnerai le repos sur votre terre. Alors vous saurez que Je suis le Seigneur : j’ai parlé et je le ferai – oracle du Seigneur.

Ce que le prophète raconte dans ce texte, c’est la re-création d’Israël. Ce peuple exilé loin de sa terre a perdu tout espoir. Et le prophète les entend dire : « Nos ossements sont secs », une image qui traduit leur sentiment d’être des morts vivants, perdus à tout jamais. Alors, Ézéchiel – une sorte de « Dali biblique » – leur raconte une vision qui met en scène ce qu’ils viennent de dire. Dans la vallée du fleuve où ils résident, Dieu lui fait voir les exilés comme ils se décrivent eux-mêmes : un tas d’ossements jonchant le sol. Est-il possible qu’ils vivent ?

Quand le prophète exprime sa confiance en Dieu qui seul peut faire vivre, celui-ci l’invite à mettre sa foi en acte. Il le met au défi de parler en prophète pour annoncer l’inouï, l’impossible : que ces os forment à nouveau des corps que le souffle divin animera. Chaque fois que ce texte mentionne le souffle – l’esprit –, il l’associe étroitement à la vie. Sans souffle, pas de vie. D’ailleurs, la première parole du prophète reconstitue les corps – comme le dieu de la Genèse avait façonné l’être humain à l’aube du monde. Mais sans souffle, ils restent inertes, comme l’être humain de l’Éden qui devient vivant seulement après que Dieu lui a insufflé l’haleine de vie (Genèse 2,7). D’où le second ordre de Dieu pour que le prophète impose sa loi au souffle, coopère avec son Seigneur à l’émergence de la vie.

Dans la dernière partie du texte, le prophète revient sur terre, pour ainsi dire. Et il annonce « en clair » ce que la vision évoquait comme en parabole. Et c’est bien de résurrection qu’il parle : sortir des tombeaux, recevoir le souffle de vie, rentrer dans son vrai chez soi après une errance mortelle. Par deux fois, une dans la vision, une autre dans son explication, Dieu dit : « Alors, vous saurez que je suis le Seigneur ». La trace de Dieu se voit là où la mort est défaite, là où elle n’a pas pu faire obstacle à la vie. C’est cela aussi, la Pentecôte.

Un souffle de vie (Joël 3,1-5a)

[Ainsi parle le Seigneur :] « Je répandrai mon esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront des songes, et vos jeunes gens des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon esprit en ces jours-là. Je ferai des prodiges au ciel et sur la terre : du sang, du feu, des colonnes de fumée. Le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. Alors, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé… ».

Ce bref oracle du prophète Joël est associé à la Pentecôte dans le récit des Actes des Apôtres. En effet, au début du discours que Pierre adresse à la foule après la venue de l’Esprit, il cite ce passage (avec de petites modifications pour le faire « coller » davantage à son récit). Il l’introduit comme ceci : ce dont la foule est témoin en voyant les apôtres parler en langues « est ce qui a été dit par le prophète Joël… » (Actes 2,16-21). L’événement de la Pentecôte est donc présenté comme l’accomplissement des mots de Joël. Ici, l’Esprit de Dieu est évoqué par la métaphore d’un liquide « répandu » d’en haut, peut-être de l’huile qui sert à consacrer les rois et les prêtres. Cette consécration permettra à celles et ceux qui en sont l’objet de faire une expérience de Dieu semblable à celle des prophètes. Comme le dit Moïse, « Écoutez bien mes paroles ! Lorsqu'il y aura parmi vous un prophète, c'est dans une vision que moi, le Seigneur, je me révélerai à lui, c’est dans un rêve que je lui parlerai » (Nombres 12,6). Cette expérience, précise le prophète, sera ouverte à toutes et tous : hommes et femmes (« vos fils et vos filles ») de tous âges (« vos anciens…, vos jeunes gens »). C’était là, déjà, un souhait de Moïse : « Ah ! Si seulement tout le peuple du Seigneur était composé de prophètes ! Si seulement le Seigneur mettait son Esprit sur eux ! » (Nombres 11,29).

La suite est davantage étonnante. Car cette « démocratisation » de la prophétie précède d’au­tres événements. Des bouleversements cosmiques sont annoncés : signes de ce que l’ancien monde est ébranlé, la création est totalement déréglée : sang, feu, fumée, obscurités, astres devenus fous… Tout cela précède le « Jour du Seigneur » qui est un jour de jugement. Et vu la violence de l’histoire, seuls ceux qui se tourneront vers le Seigneur échapperont aux cataclysmes et trouveront le salut, quelques rescapés survivants, précise la fin du verset 5. Cela nous ramène à ce qui était peut-être la croyance de la première génération chrétienne (on en trouve des signes dans les lettres de Paul, comme dans la 1re aux Corinthiens 7,29-31) : avec la résurrection du Christ, c’est la fin de l’histoire qui s’annonce – car « elle passe, la figure de ce monde ». L’accomplissement de l’oracle de Joël lors de la Pentecôte en est un autre signe de cette entrée dans « les derniers temps ».

L’annonce du don de l’Esprit (Jean 7,37-39)

Au jour solennel où se terminait la fête des Tentes, Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l'Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. » En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. En effet, il ne pouvait y avoir l’Esprit, puisque Jésus n’avait pas encore été glorifié. 

Le 4e évangile évoque à sa façon le don de l’Esprit que Luc raconte dans le récit de la Pentecôte. Il le fait en plusieurs passages. Après que Jésus a dit « C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair ne sert à rien », ajoutant que ses paroles sont Esprit et vie (Jean 6,63), il annonce le don de cet Esprit aux croyants. C’est le passage proposé comme texte d’évangile de la messe du samedi soir. Ce don ne peut se faire, dit Jean, qu’après la glorification de Jésus, la révélation de son être profond. Celle-ci a lieu dans l’événement de la mort-résurrection. En mourant (19,30), Jésus « inclinant la tête, transmet l’Esprit » (le verbe inclut l’idée de « donner ») ; et le soir de Pâques (20,22), il souffle sur les disciples rassemblés en leur disant : « Recevez l’Esprit saint » (« recevoir » répond à « donner »).

Quant à la déclaration solennelle de Jésus, elle anticipe ce qui est raconté après la mort du crucifié, quand le coup de lance du soldat fait jaillir de son côté du sang et de l’eau (19,34). Ces deux images visent peut-être le don de l’Esprit à travers ce que nous appelons les « sacrements » : le « boire » viserait l’eucharistie (en Jean 6, il s’agit de boire le sang) et « l’eau vive » qui coule de son cœur, le baptême (en Jean 3,5, Jésus parle de « naître d’eau et d’Esprit »).

MESSE DU JOUR

Le récit des Actes des apôtres (2,1-11)

Quand arriva le jour de la Pentecôte [le 50e jour après Pâques], ils étaient réunis tous ensemble au même endroit. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent et remplit toute la maison où ils étaient assis. Et leur apparurent des langues comme de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres langues, chacun s’exprimant selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs religieux venant de toutes les nations sous le ciel. Quand ils entendirent cette voix, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Stupéfaits et émerveillés, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens ? Comment se fait-il que nous les entendions chacun dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

Ce récit bien connu raconte comment s’accomplit ce que Jésus a annoncé par deux fois aux Onze (Luc 24,49 et Actes 1,5) : par le don de l’Esprit, Dieu inaugure une nouvelle alliance avec son peuple. Les signes que Luc décrit – le grand bruit, le vent, le feu – rappellent, en effet, ceux de la venue de Dieu à la montagne du Sinaï. Ici, l’Esprit est donné au groupe des disciples rassemblés dans un même lieu – probablement les 120 hommes et le groupe des Douze qui vient d’être reconstitué avec l’élection de Matthias. C’est donc symboliquement le peuple né de l’annonce de la résurrection de Jésus qui reçoit le signe de cette alliance nouvelle. Premier effet chez ceux qui reçoivent ce feu divisé en langues : ils se mettent à parler en d’autres langues. C’est le signe que cette alliance ne consiste plus à mettre un peuple à part en vue d’amener tous les autres à Dieu : elle a en vue d’emblée toutes les nations.

Pourtant, les premiers témoins de l’événement sont juifs – on a vu avec l’histoire de Cornelius comment, dans un second temps, l’Esprit sera donné aux non-juifs (Actes 10 – 6e dim. de Pâques B). Ils sont venus à Jérusalem en pèlerinage au moment des fêtes (Pâque et Shavouôt). « Cette énumération des peuples […] reflète la diaspora juive vue depuis Jérusalem ; elle s’achève par deux paires synthétiques : Juifs et prosélytes (païens convertis au judaïsme) ; Crétois (gens des îles) et Arabes (gens du désert). Cette foule représente le judaïsme venu du monde entier assistant à ce prodige : Dieu fait entendre l’Évangile dans la langue de chacun. Dans le livre des Actes, la Pentecôte préfigure la mondialisation de l’Évangile. » (D. Marguerat, dans Le Nouveau Testament commenté, p. 520.)

Tous ces gens sont ameutés par le bruit inopiné, et le spectacle auquel ils assistent les stupéfie. Ici, le « miracle des langues » se renverse : ce ne sont plus les chrétiens qui parlent dans diverses langues, ce sont les juifs de diverses nations qui les entendent dans leur propre langue. Il s’agit de l’inversion de ce qui a eu lieu à Babel (Genèse 11,1-9) : là, pour garantir la diversité contre la tentation de l’uniformité mortifère, Dieu différenciait les langues. Ici, cette diversité n’est pas abolie, mais elle ne fait plus obstacle à la communication, à la communion qu’engendre la proclamation des merveilles de Dieu. Cela dit, les découpeurs nous privent de la finale : « Ils étaient tous déconcertés, et dans leur perplexité ils se disaient les uns aux autres : “Qu’est-ce que cela veut dire ?” D’autres s’esclaffaient : “Ils sont pleins de vin doux”. » (v. 12-13). La foule des assistants est donc mitigée : certains ne comprennent pas, d’autres pensent que les disciples ont exagéré sur la boisson. Pierre devra tenir un long discours pour leur expliquer le sens de ce à quoi, ils ont assisté, à la suite de quoi, un bon nom­bre adhéreront à l’Évangile (versets 14-41).

Les fruits de l’Esprit (Lettre aux Galates 5,16-25)

Frères, je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. On sait bien à quelles actions mène la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. En ces domaines, la Loi n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit.

Paul construit sa réflexion sur l’opposition entre l’Esprit et deux réalités : la chair et la Loi. Ce qu’il appelle la chair, c’est la faiblesse qui pousse les êtres humains à adopter des comportements à base de convoitise et qui conduisent au malheur. Ils font l’objet d’une liste non exhaustive. À ces actions et sentiments, à ces passions et autres convoitises qui excluent la personne du monde de Dieu et donc de la vie, la Loi de l’Ancien Testament cherche à s’opposer, mais au risque de soumettre les personnes et d’en faire des esclaves. L’Esprit, au contraire, conduit à des comportements tout différents : ils sont de l’ordre de l’amour. La Loi ne peut les imposer, mais l’Esprit les inspire. D’où l’invitation de l’apôtre : laissez-vous conduire par l’Esprit et méfiez-vous de la chair qui vous pousse à faire tout ce que vous voudriez. En cela, la Loi peut être utile, mais elle ne remplacera pas l’Esprit qui est à la source de la liberté du croyant.

Un souffle qui fait vivre (Lettre aux Romains 8,8-17)

[Frères et sœurs,] ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit de Christ ne lui appartient pas. Mais si Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a réveillé Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a réveillé Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères et sœurs, nous avons une dette, mais elle n’est pas envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez. En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! Père ! » C’est donc l’Esprit lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.

Le premier passage biblique où il est question de l’esprit de Dieu, c’est le tout début de la Genèse : là, le Créateur maîtrise son souffle pour en faire une parole qui fait exister de l’autre. Le vouloir de Dieu, c’est qu’il y ait de l’autre, du différent, car c’est la condition de possibilité d’alliances vitales. C’est là un des nombreux aspects de l’Esprit de Dieu. Vivre en respectant la différence, en se réjouissant quand l’altérité est ouverture à l’alliance, voilà ce qui permet la communion avec Dieu. C’est sur cet arrière-plan que je tente de comprendre quelque chose de ce que dit Paul…

Au début de ce passage, l’apôtre oppose chair et esprit. La chair, c’est l’être humain dans sa fragilité, dans ce qui fait qu’il peut être atteint par le désordre intérieur, par le péché. Qui éprouve ses limites et la fragilité qui en découle cherche spontanément à se protéger, mais il y a une façon de le faire qui ne va pas dans le sens de la vie. Ainsi par exemple, quelqu’un peut tenter de se protéger d’un autre perçu comme menaçant en s’imposant à lui par la force, la ruse, la séduction. Une tentative de ce genre est rarement tout à fait consciente et peut même apparaître comme positive pour l’autre : on la voit comme de la sollicitude pour lui, de l’amour. Mais en réalité, elle consiste à se faire le centre et à utiliser autrui à son propre avantage. C’est ainsi que je comprends l’expression de Paul « vivre selon la chair ». Ce comportement conduit à la mort, au sens où il barre le chemin de l’épanouissement vraiment humain. En tout cas, ce n’est pas la voie de Jésus qui a assumé la faiblesse et les limites comme une situation propice pour aimer les autres.

À l’opposé de cette manière de vivre sa fragilité, il y a le vivre selon l’Esprit qui conduit à la justice – c’est-à-dire la justesse dans les relations – et à la vie. Cela consiste à assumer la faiblesse humaine dans une relation vivante avec Dieu, et c’est là un don de son Esprit, celui qui fait vivre puis­qu’il a relevé Jésus de la mort. Se laisser ainsi habiter par Dieu conduit à se comporter autrement que comme un esclave, c’est-à-dire comme quelqu’un qui veut soumettre les autres à son pouvoir parce qu’il est esclave de lui-même, de son désir de sécurité ; c’est ne pas vivre comme quelqu’un qui a peur de sa propre fragilité et cherche à y échapper à tout prix. C’est au contraire apprendre à reconnaître Dieu comme un père qui donne la vie et veut son épanouissement ; c’est entrer avec lui dans une relation de filiation à l’image de Jésus. Cela implique de s’accepter tel que l’on est, mais c’est aussi source de confiance et d’audace. Cela permet d’entrer peu à peu dans une certaine justesse parce que cela conduit à reconnaître à la fois son propre désir et celui de l’autre, sans prétendre s’imposer, sans se soumettre non plus. Un équilibre difficile à trouver, dans lequel Paul reconnaît un don de l’Esprit.

La communauté chrétienne (1re lettre aux Corinthiens 12,12-13)

Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien (commun). Prenons une comparaison : le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit.

Parlant de la communauté chrétienne, l’apôtre Paul recourt à une comparaison : celle du corps qui fait l’unité de ses différentes parties. Ainsi la communauté où les différents dons de Dieu trouvent à s’exprimer. Paul poursuit la comparaison en insistant sur les différences nécessaires au bon fonctionnement du corps. Cela vaut la peine de continuer à lire ce texte qui n’a guère besoin de commentaire : « Si le pied disait : “Je ne suis pas une main, je n’appartiens donc pas au corps”, ne ferait-il pas partie du corps pour autant ? Et si l’oreille disait : “Je ne suis pas un œil, je n’appartiens donc pas au corps”, ne ferait-elle pas partie du corps pour autant ? Si tout le corps était un œil, où serait l’ouïe ? S’il était tout entier l’ouïe, où serait l’odorat ? (…) Si tous les organes étaient les mêmes, où serait le corps ? L’œil ne peut pas dire à la main : “Je n’ai pas besoin de toi”, ni la tête dire aux pieds : “Je n’ai pas besoin de vous”. Bien plus, les parties du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires, et celles que nous estimons être les moins honorables du corps, nous les entourons d’un plus grand honneur. (…) Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d’honneur à ce qui en manquait, afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps mais que tous les membres prennent également soin les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. Oui : vous êtes le corps de Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. »

Évangiles

Année A— Jésus, les Douze et Thomas (Évangile selon Jean 20,19-31)

Ce passage du 4e évangile est commenté au 2e dim. de Pâques C.

Année B— L’Esprit et la Parole (Jean 15,26-27; 16,12-15)

[Jésus disait à ses disciples :] « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de la vérité qui vient du Père, il rendra témoignage à mon sujet. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement.

J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de la vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, il ne dira pas ce qui vient de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous l’annoncera. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous l’annoncer. Tout ce qu’a le Père est à moi ; voilà pourquoi j’ai dit qu’il [l’Esprit] reçoit ce qui vient de moi et vous l’annoncera. »

Le texte d’évangile prévu pour le dimanche de Pentecôte réunit deux passages extraits du grand discours de Jésus, où il est question de l’Esprit. Selon l’auteur, l’Esprit fait connaître Dieu. Comment est-ce possible, si c’est Jésus qui révèle le Père ? Les disciples, comme les communautés chrétiennes, ont fait l’expérience que l’enseignement reçu de Jésus était aussi riche que dense, et donc d’une profondeur inépuisable. De plus, la parole de Jésus était liée aux circonstances concrètes de son enseignement. Puisque les temps et les situations changent, rester fidèle à cette parole suppose que les disciples la reprennent et l’expliquent, mais aussi qu’ils la déploient, l’amplifient, l’actualisent dans les situations nouvelles. Bref, la fidélité à l’enseignement de Jésus ne peut être que créatrice, de sorte que sa parole puisse être accueillie par d’autres et manifester sa fécondité.

C’est ici qu’intervient l’Esprit que Jésus transmet aux disciples, selon le passage retenu : il garantit la fidélité des disciples à la parole de Dieu transmise par Jésus (la vérité). Car il lui rend témoignage en attestant la vérité de son message ; il fait ainsi des disciples des témoins authentiques de ce qu’ils ont vécu avec Jésus. De plus, l’Esprit annonce ce qu’il entend (de Jésus et du Père), transmettant aux disciples ce qu’il reçoit. De la sorte, le témoignage des disciples n’invente rien par rapport à la vérité proclamée Jésus. Grâce à l’Esprit, il le déploie et en explore toute la profondeur.

Dans ce texte, l’Esprit est appelé « défenseur » (paraklètos), un titre propre aux écrits de Jean. « Emprunté au langage juridique, le mot Paraclet désigne celui qui est appelé auprès d’un accusé pour l’aider à se défendre : le sens premier est donc avocat, auxiliaire, défenseur. À partir de là, on voit apparaître soit le sens de consolateur, soit celui d’intercesseur » (Note de la TOB à Jean 14,16). Le choix du terme est lié à la conception de l’auteur, selon qui le « monde » opposé à Dieu fait un procès aux croyants pour les combattre. Ceux-ci doivent dès lors témoigner de ce qu’ils ont vu et expérimenté pour justifier leur adhésion à la vérité (le procès de Jésus est exemplaire à ce sujet) et défendre celle-ci. C’est dans ce contexte que Dieu leur donne l’Esprit, l’avocat qui les aidera dans cette tâche. 

Année C— Un souffle de vie (Jean 14,15-16.23b-26)

Ce passage du 4e évangile est commenté en 2 parties, aux 6e dim. de Pâques A (v. 15-21) et C (v. 23-29).


[1] Pour la petite histoire, c’est sur cette date de l’arrivée au Sinaï que se base le calcul du 50e jour après la sortie d’Égypte. Celle-ci a eu lieu au 15e jour du 1er mois (= 1er des 16 derniers jours), et on est arrivé au 3e mois (sont donc passés 31 jours en plus), la venue de Dieu sur la montagne intervenant au 3e jour ® 16 + 31 +3 = 50.

Bible et liturgie

Commentaires des lectures du dimanche par André Wénin

L’Église ne sait pas ce qu’elle perd à négliger le Testament de la première Alliance…

Les textes qu’on lira sous cette rubrique ne sont pas des homélies. J’y propose plutôt un commentaire, à mi-chemin entre une analyse exégétique et une lecture attentive à la fois au texte biblique et à la réalité humaine qui est la nôtre.
La traduction des textes commentés (le plus souvent les passages de l’Ancien Testament et de l’évangile) est très souvent corrigée. La version liturgique est globalement insatisfaisante, en effet. Elle lisse le texte au point d’en gommer les difficultés, c’est-à-dire précisément les points où peut venir "s’accrocher" le commentaire parce qu’ils posent question. Quant au texte de l’Ancien Testament, il est fréquemment amplifié de manière à restaurer le passage dans son intégralité en vue du commentaire. 

André Wénin