Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique: A
Date : 2 avril 2023
Auteur: André Wénin

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur A – 2 avril 2023

« Toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
… Tu m’as répondu ! »
(Psaume 22,20.22b)

La mort de Jésus en croix a causé une profonde incompréhension chez ses disciples. (Dans la 1re lettre aux Corinthiens, écrite dans les années 50, l’apôtre Paul évoquera cette mort comme une  insanité, un scandale.) Ce Jésus, en qui ils avaient reconnu un authentique serviteur de Dieu et qu’ils avaient suivi, a été condamné par les plus hautes instances religieuses de leur peuple. Pire : la mort qui lui a été infligée le désigne comme un maudit puisqu’il est écrit au livre du Deutéronome : « Malédiction de Dieu, celui qui est pendu au bois » (21,23). La foi en la résurrection a changé leur regard. Elle leur a fait comprendre qu’en relevant Jésus de la mort, Dieu avait cassé le jugement des hommes et réhabilité son serviteur. Mais cela n’ôtait rien à cette difficulté : pourquoi Jésus était-il passé par cette mort infamante ? Dans les évangiles, cette question trouve un écho dans la vive réaction de Pierre à l’annonce par Jésus de sa passion prochaine : il le réprimande en disant que cela ne peut pas arriver : il est inconcevable à ses yeux que celui en qui il a reconnu le messie connaisse la souffrance et la mort (Matthieu 16,21-23).

Les disciples ont affronté cette difficulté en se tournant vers les Écritures, à savoir l’Ancien Testament. C’est là, en effet, qu’ils lisaient ce que Dieu disait de lui-même et de son projet pour Israël et l’humanité. Certains textes en particulier leur ont permis de comprendre pourquoi « le Christ devait souffrir cela pour entrer dans sa gloire » (Luc 24,26) – « devait », parce que tel était le bon vouloir de Dieu. Ces textes, ce sont les psaumes où celui qui prie parle de lui-même comme d’un innocent persécuté sans raison, qui place sa confiance en Dieu parce qu’il croit en sa force de salut. Ce sont certains passages de la deuxième partie du livre d’Isaïe où il est question d’un Serviteur à travers lequel Dieu veut réaliser son projet de vie, mais qui est livré à la souffrance et à la mort. C’est la figure du prophète Jérémie persécuté par ses contemporains parce qu’il proclame une parole qui dénonce leur perversité et les appelle à se convertir. C’est Joseph qui, éliminé par ses frères jaloux de lui au point de le haïr, les sauvera de la famine et leur fera découvrir le sens de la fraternité. Dans ces justes, ce serviteur, ce prophète, ce frère, les disciples ont vu une anticipation de la personne de Jésus, de sa persécution jusqu’à la mort, mais aussi de sa résurrection. 

Jésus entre à Jérusalem (Matthieu 21,1-11)

Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem et arrivèrent en vue de Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples en leur disant : « Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez et amenez-les moi. Et si quelqu’un vous dit quelque chose, vous direz : ‘Le seigneur en a besoin’. Et aussitôt il les enverra. » (Cela est arrivé pour que soit accomplie la parole dite par le prophète : « Dites à la fille de Sion : Voici, ton roi vient vers toi, plein de douceur, monté sur un âne et sur un ânon, le petit d’une ânesse ».) Les disciples allèrent et firent comme Jésus leur avait ordonné, ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, disposèrent sur eux les manteaux et il s’assit sur eux. La foule très nombreuse étendit ses manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et les étendaient sur le chemin. Les foules qui marchaient devant lui et celles qui accompagnaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni est celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut dans l’agitation, et disait : « Qui est cet homme ? » Et les foules répondaient : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »

La mise en scène par Jésus de son entrée à Jérusalem est commune aux trois évangiles synoptiques. Elle est directement inspirée de la citation d’un texte prophétique, de Zacharie en l’occurren­ce, dont le verset 9,9 est introduit avec les mots d’Isaïe 62,11. Matthieu est le seul à citer explicitement cette parole du prophétique en déclarant qu’elle s’accomplit. Et puisque Zacharie cite deux bêtes de somme, Matthieu le suit les yeux fermés, apparemment sans voir que ce doit être assez désagréable pour Jésus d’être assis sur deux bêtes à la fois ! (Soucieux du confort du Seigneur, Marc et Luc ne mentionnent qu’un ânon.) De cette façon probablement consciente et donc volontairement étrange, Matthieu souligne que Jésus tient à se présenter à la ville de David en roi pacifique qui n’entend pas s’imposer par la force, mais désire conquérir le cœur du peuple par sa douceur. La question est alors de savoir quelle réaction il va susciter. L’accueil de la foule est triomphal : tant dans ses gestes (voir l’accueil du nouveau roi Jéhu en 2 Rois 9,13) que dans ses paroles, elle l’accla­me Jésus comme roi. Son acclamation reprise au Psaume 118,26 est introduite et conclue par un mot hébreu tiré du verset 25, Hosanna (Hôshî‘ah-nna’, « donne le salut/la victoire »). La reprise de ce psaume messianique par excellence est ponctuée par le titre lui aussi messianique : fils de David[1].

Les choses changent lorsque le cortège pénètre dans Jérusalem. La réaction de « toute la ville », en effet, n’est pas aussi enthousiaste que celle de la foule qui accompagne Jésus depuis Bethphagé. La ville est « secouée ». Et manifestement, elle ne connaît pas cet homme à qui est réservé un tel triomphe… D’où sa question étonnée à laquelle la même foule réagit en présentant ce Galiléen de Nazareth comme « le prophète », probablement le nouveau Moïse (voir Deutéronome 18,15). Mais l’écart entre l’enthousiasme de la foule et le trouble profond de toute la ville laisse présager que, pour Jésus, le vent pourrait bien tourner… 

Paroles d’un serviteur (Isaïe 50,4-7)

Le Seigneur Dieu m’a donné un langage de disciples, pour que je puisse, par une parole, soutenir celui qui est épuisé. Il éveille, matin après matin, il éveille pour moi une oreille pour j’écoute comme (le font) des disciples. Le Seigneur Dieu a ouvert pour moi une oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je n’ai pas reculé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché mon visage devant les outrages et les crachats. Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme la pierre : je sais que je ne serai pas couvert de honte. 

Celui qui prononce ces mots est un anonyme dont la voix résonne à plusieurs reprises dans la deuxième partie du livre d’Isaïe, où est aussi évoquée sa destinée tragique, dans le fameux poème « du Serviteur souffrant » lu au cours de la liturgie du Vendredi-saint. Cet anonyme parfois appelé « serviteur du Seigneur » est l’une des figures de l’Ancien Testament sur lesquelles les disciples de Jésus se sont appuyés quand ils cherchaient à comprendre le destin paradoxal de leur maître, messie humilié et mis à mort. Dans sa façon de parler de ce qu’il est, c’est surtout l’action du Seigneur que le serviteur met en avant : il éveille son oreille et la lui ouvre pour qu’il puisse écouter, il lui confie des paroles à transmettre, il lui porte son secours dans l’adversité. Quant à la part du serviteur, elle consiste à correspondre au mieux à ces dons : écouter en disciple, parler pour soutenir ceux qui n’en peuvent plus, ne pas se dérober quand on le persécute. C’est là un comportement peu ordinaire : face à la violence qu’on lui impose, le serviteur endure, il la prend sur lui, l’arrête à lui pour éviter de la relancer, de l’amplifier et de lui permettre ainsi de poursuivre ses ravages. Outragé, cet homme devient comme une pierre : insensible, mais aussi incapable de violence. Et le texte de mettre en lumière le secret de cette non-violence : la conviction que le Seigneur de la vie est à, son côté, ce dieu qui désire que l’amour triomphe de la haine. S’il tient bon jusqu’au bout dans son refus du mal, il pourra garder la tête haute, sans honte et sans reproche.

Prière du serviteur (Psaume 22, extraits)

Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ; je peux compter tous mes os.
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. […]
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, vite ! à mon aide !
Tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée :
vous qui le craignez, louez le Seigneur.  

En réponse à la lecture d’Isaïe, sont proposés quelques extraits du Psaume 22. Ce psaume com­mence par les mots que les évangélistes Matthieu et Marc mettent sur les lèvres de Jésus mourant (en araméen) : Éli, Éli, lama sabachtani. Les versets retenus par le censeur sont ceux qui « collent » le mieux aux récits évangéliques de la Passion, qui les citent textuellement ou y font allusion. Ces mots du psalmiste font sentir de l’intérieur, pour ainsi dire, la violence déshumanisante à laquelle Jésus est confronté pendant sa passion, souffrance non seulement physique mais aussi morale qui lui a été infligée ; ils font aussi percevoir la confiance que Jésus a gardée envers et contre tout en un dieu capable de répondre à son cri. En citant abondamment ce psaume, les évangélistes s’inscrivent dans une ligne ouverte selon toute vraisemblance par les apôtres eux-mêmes, qui y ont trouvé une clé pour comprendre la passion de Jésus. À leurs yeux, en effet, Jésus est le juste par excellence, l’innocent mis à mort, au cri duquel Dieu « a répondu » en le relevant d’entre les morts.

Méditation sur le Christ Jésus (Lettre aux Philippiens 2,6-11)

Le Christ Jésus, étant de condition divine, n’a pas considéré comme une proie à saisir l’égalité avec Dieu, mais il s’est vidé de lui-même, prenant la condition de serviteur. Devenant semblable aux humains et par son aspect reconnu comme un humain, il s’est abaissé lui-même, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.

C’est pourquoi Dieu l’a sur-exalté et il l’a gratifié du nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame que « le Seigneur, c’est Jésus Christ » pour la gloire d’un dieu père. 

Cette méditation évoque le cœur de la trajectoire de Jésus qu’il l’envisage de deux points de vue. (1) Ayant partie liée avec Dieu, Jésus ne se comporte pas comme Adam et Ève qui, à l’instigation du serpent, veulent être « comme des dieux » en s’emparant du fruit du seul l’arbre qui ne leur était pas donné. Plutôt que de chercher à saisir le don, Jésus se vide de lui-même en se donnant, comme un serviteur fidèle. (2) Se liant avec les humains au point de devenir l’un d’eux, il vit son humanité dans l’humilité : à l’image du « serviteur » d’Isaïe, il « se dépouille de sa vie pour la mort » (Isaïe 52,13) jusqu’à la croix, obéissant comme le Serviteur qui se met à l’écoute, en véritable disciple. En cela aussi, il se détourne du choix des humains du jardin d’Éden qui n’ont écouté que leur convoitise.

Un tel comportement est approuvé par Dieu, la seconde partie du poème le souligne. Celui qui s’est vidé, abaissé, Dieu l’élève par-dessus tout. Ainsi, celui qui n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être à égalité avec Dieu, mais s’est vidé lui-même dans le don et l’humble service, reçoit de Dieu gratuitement ce qu’il n’a pas cherché à prendre. Ce qu’Adam a voulu arracher dans un geste guidé par l’envie, Jésus le reçoit gracieusement pour s’être conduit selon Dieu : la vie lui est donnée par-delà la mort, alors qu’Adam avait perdu l’arbre de la vie (voir Genèse 3,23-24). Le nom qu’il reçoit proclame qu’il est désormais à égalité avec Dieu, alors même qu’il n’a pas prétendu le devenir. Ainsi, Jésus montre comment devenir semblable à Dieu, comment s’accomplir à l’image de Dieu, ce qui est la vocation de tout humain depuis la création (voir Genèse 1,26-30).

Mais pourquoi les derniers mots sont-ils « la gloire d’un dieu père » (littéralement) ? Ce que le poème me semble indiquer, c’est que Dieu a pu se reconnaître en Jésus au point de lui donner son propre nom, « Seigneur ». Or, donner son nom, c’est précisément ce que fait un père quand il reconnaît son enfant. C’est en cela que Jésus est la gloire de Dieu, en ce qu’il lui permet de manifester qui il est vraiment : un père animé par l’espoir de pouvoir donner son nom.

Passion (Matthieu 26,14–27,66)[2]

Voici l’un ou l’autre point de repère pour lire la Passion de Jésus selon Matthieu avec attention. Un bref commentaire suit le texte.

À 5 reprises, Matthieu insiste sur l’accomplissement des Écritures. Il souligne de la sorte que les événements qu’il relate sont conformes au dessein de Dieu dont témoignent les Écritures. Dès lors, ce qui peut sembler scandaleux est paradoxalement le moyen par lequel Dieu, avec l’adhésion diffi­cile mais libre de Jésus (voir la double scène à Gethsémani, l’« agonie » et l’arrestation), entend mener à bien son projet de vie pour les humains. (Dans ce texte, ces passages sont en gras.)

En plus de ces mentions directes des Écritures, Matthieu multiplie les citations de textes de l’Ancien Testament ou des allusions à ceux-ci. Dans leur grande majorité, ces passages concernent l’alliance entre Dieu et son peuple, ainsi que la souffrance injuste des innocents. Ces citations et allusions sont empruntées surtout aux prophètes (Zacharie et Jérémie) et, dans la 2e partie du récit, aux Psaumes, en particulier le psaume 22. Leur visée est de montrer comment, concrètement, la parole de Dieu trouve sa réalisation dans la passion de Jésus. Ce moment capital de son existence devient dès lors le lieu privilégié de l’accomplissement du projet de Dieu pour l’humanité. (Passages pas en italique, avec référence en note.)

L’évangéliste multiplie enfin les « titres » pour désigner Jésus. Eux aussi viennent de l’Ancien Testament qui leur donne leur sens. Dans la 1re partie, le titre privilégié est Fils de l’homme (souligné). Il désigne Jésus de 3 façons complémentaires : (1) l’être humain par excellence, l’humain accompli tel que Dieu le désire ; (2) le prophète chargé, comme Ézéchiel, d’annoncer la parole de vie dans un peuple qui a choisi le mal plutôt que de se maintenir dans l’alliance avec Dieu ; (3) le juge désigné par Dieu pour procéder au jugement des humains à la fin des temps (voir la citation de Daniel 7). Dans la 2e partie, c’est-à-dire à partir du moment où Jésus est condamné à mort par les autorités du peuple, on trouve 3 titres presque synonymes, le Christ, le fils de Dieu, le roi des Judéens ou d’Israël(petites capitales). Ils soulignent que Jésus est bien le Messie, alors même que toutes les apparences indiquent le contraire. Au moment où les adversaires de Jésus se moquent de lui parce que tout dément sa qualité de messie de Dieu, l’évangéliste rappelle à son lecteur que les événements auxquels il assiste par le truchement du récit sont précisément le moment où, en affrontant la mort, Jésus est en train de vaincre le mal et de faire triompher l’amour.

En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent 30 pièces d’argent[3]. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.

Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui : ‘Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.’ » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.

Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer[4]. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! ».

Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit et, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez : ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés[5]. Je vous le dis : désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Alors Jésus leur dit : « Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées[6]. Mais, après que j’aurai été réveillé, je vous précéderai en Galilée. » Prenant la parole, Pierre lui dit : « Si tous tombent à cause de toi, moi, je ne tomberai jamais. » Jésus lui répondit : « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Pierre lui dit : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous les disciples dirent de même.

Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais là-bas pour prier. » Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi. » Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » De nouveau, il s’éloigna et pria, pour la deuxième fois ; il disait : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » Revenu près des disciples, de nouveau il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil. Les laissant, de nouveau il s’éloigna et pria pour la troisième fois, en répétant les mêmes paroles. Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »

Jésus parlait encore, lorsque Judas, l’un des Douze, arriva, et avec lui une grande foule armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres et les anciens du peuple. Celui qui le livrait leur avait donné un signe : « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le. » Aussitôt, s’approchant de Jésus, il lui dit : « Salut, Rabbi ! » Et il l’embrassa. Jésus lui dit : « Mon ami, c’est pour cela que tu es là ! » Alors ils s’approchèrent, mirent la main sur Jésus et l’arrêtèrent. L’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille. Alors Jésus lui dit : « Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges. Mais alors, comment s’accompliraient les Écritures selon lesquelles il faut qu’il en soit ainsi ? » À ce moment-là, Jésus dit aux foules : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus vous saisir de moi, avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, dans le Temple, j’étais assis en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. » Mais tout cela est arrivé pour que s’accomplissent les écrits des prophètes. Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent.

Ceux qui avaient arrêté Jésus l’amenèrent devant Caïphe, le grand prêtre, chez qui s’étaient réunis les scribes et les anciens. Quant à Pierre, il le suivait à distance, jusqu’au palais du grand prêtre ; il entra dans la cour et s’assit avec les serviteurs pour voir comment cela finirait. Les grands prêtres et tout le Conseil suprême cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour le faire mettre à mort. Ils n’en trouvèrent pas. Pourtant beaucoup de faux témoins s’étaient présentés. Finalement il s’en présenta deux, qui déclarèrent : « Celui-là a dit : ‘Je peux détruire le Sanctuaire de Dieu et, en trois jours, le rebâtir.’ » Alors le grand prêtre se leva et lui dit : « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ? » Mais Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit : « Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu. » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! En tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel[7]. » Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant : « Il a blasphémé ! Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous venez d’entendre le blasphème ! Quel est votre avis ? » Ils répondirent : « Il mérite la mort. » Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent ; d’autres le rouèrent de coups en disant : « Fais-nous le prophète, Christ ! Qui est celui qui t’a frappé ? »

Cependant Pierre était assis dehors dans la cour. Une jeune servante s’approcha de lui et lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus, le Galiléen ! » Mais il le nia devant tout le monde et dit : « Je ne sais pas de quoi tu parles. » Une autre servante le vit sortir en direction du portail et elle dit à ceux qui étaient là : « Celui-ci était avec Jésus, le Nazaréen. » De nouveau, Pierre le nia en faisant ce serment : « Je ne connais pas cet homme. » Peu après, ceux qui se tenaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : « Sûrement, toi aussi, tu es l’un d’entre eux ! D’ailleurs, ta façon de parler te trahit. » Alors, il se mit à protester violemment et à jurer : « Je ne connais pas cet homme. » Et aussitôt un coq chanta. Alors Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement.

Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le mettre à mort. Après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur. Alors, en voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait livré, fut pris de remords ; il rendit les 30 pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens. Il leur dit : « J’ai péché en livrant à la mort un innocent. » Ils répliquèrent : « Que nous importe ? Cela te regarde ! » Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre. Les grands prêtres ramassèrent l’argent et dirent : « Il n’est pas permis de le verser dans le trésor, puisque c’est le prix du sang. » Après avoir tenu conseil, ils achetèrent avec cette somme le champ du potier pour y enterrer les étrangers. Voilà pourquoi ce champ est appelé jusqu’à ce jour le Champ-du-Sang. Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : Ils ramassèrent les 30 pièces d’argent, le prix de celui qui fut mis à prix, le prix fixé par les fils d’Israël, et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné[8].

On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l’interrogea : « Es-tu le roi des Judéens ? » Jésus déclara : « C’est toi-même qui le dis. » Mais, tandis que les grands prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit : « Tu n’entends pas tous les témoignages portés contre toi ? » Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur fut très étonné. Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. Les foules s’étant donc rassemblées, Pilate leur dit : « Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus, celui qu’on appelle Christ ? » Il savait en effet que c’était par jalousie qu’on avait livré Jésus. Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. » Les grands prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus. Le gouverneur reprit : « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? » Ils répondirent : « Barabbas ! » Pilate leur dit : « Que ferai-je donc de Jésus celui qu’on appelle Christ ? » Ils répondirent tous : « Qu’il soit crucifié ! » Pilate demanda : « Quel mal a-t-il donc fait ? » Ils criaient encore plus fort : « Qu’il soit crucifié ! » Pilate, voyant que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : « Je suis innocent du sang de cet homme : cela vous regarde ! » Tout le peuple répondit : « Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants ! » Alors, il leur relâcha Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et il le livra pour qu’il soit crucifié.

Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans la salle du Prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d’un manteau rouge. Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui[9], ils s’agenouillaient devant lui en disant : « Salut, roi des Judéens ! » Et, après avoir craché sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient à la tête. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier. En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus. Arrivés en un lieu dit Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire), ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel[10] ; il en goûta, mais ne voulut pas boire. Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort[11] ; et ils restaient là, assis, à le garder. Au-dessus de sa tête ils placèrent une inscription indiquant le motif de sa condamnation : « Celui-ci est Jésus, le roi des Judéens. »

Alors on crucifia avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête[12] ; ils disaient : « Toi qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! » De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! Il a mis sa confiance en Dieu. Que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime ![13] Car il a dit : ‘Je suis Fils de Dieu.’ » Les bandits crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière.

À partir de la 6e heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la 9e heure. Vers la 9e heure, Jésus cria d’une voix forte : Éli, Éli, lema sabachthani, ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?[14] » L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient : « Le voilà qui appelle le prophète Élie ! » Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire[15]. Les autres disaient : « Attends ! Nous verrons bien si Élie vient le sauver. » Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit. Et voici que le rideau du sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts furent réveillés, et, sortant des tombeaux après le réveil de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. À la vue du tremblement de terre et de ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »

Il y avait là de nombreuses femmes qui observaient de loin. Elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir. Parmi elles se trouvaient Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. Comme il se faisait tard, arriva un homme riche, originaire d’Arimathie, qui s’appelait Joseph, et qui était devenu, lui aussi, disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu’on le lui remette. Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul immaculé, et le déposa dans le tombeau[16] neuf qu’il s’était fait creuser dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla. Or Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre. Le lendemain, après le jour de la Préparation, les grands prêtres et les pharisiens s’assemblèrent chez Pilate, en disant : « Seigneur, nous nous sommes souvenu que cet imposteur a dit de son vivant : ‘Trois jours après, je réveillerai.’ Alors, donne l’ordre que le sépulcre soit surveillé jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps et ne disent au peuple : ‘Il a été réveillé d’entre les morts.’ Cette dernière imposture serait pire que la première. » Pilate leur déclara : « Vous avez une garde. Allez, organisez la surveillance comme vous l’entendez ! » Ils partirent donc et assurèrent la surveillance du sépulcre en mettant les scellés sur la pierre et en y plaçant la garde.

Après cette lecture, un bref commentaire ne sera pas inutile. Ce récit construit un contraste entre les personnages humains et Jésus. Les premiers traitent le second avec haine : la foule armée vient l’arrêter, les disciples s’enfuient, l’ami Pierre nie le connaître, les chefs des Judéens et le tribunal suprême cherchent des faux témoins, le grand prêtre le condamne pour blasphème, les soldats le torturent en se moquant, la foule réclame la libération de Barabbas et la mise en croix de Jésus, les passants l’injurient, les bandits crucifiés avec lui l’insultent… Quant à Jésus, il garde son calme et reste digne. Il n’agresse personne alors même qu’on le condamne bien qu’il soit innocent, il reste confiant en Dieu jusque dans son abandon. Cette manière d’affronter la souffrance et la mort est signe qu’il les vit comme un don pour le salut de tous – ce qu’il annonce à ses amis au cours de la Cène. Sa façon de résister à la violence et à la méchanceté qui l’écrasent développe en effet une force de salut. Non seulement, Jésus montre qu’il est possible de ne pas répondre à la violence par la violence, mais il agit de telle sorte que les violents puissent ouvrir les yeux sur la méchanceté qui les habite et, s'ils le veulent, s’en détourner.

En finale, Matthieu met en lumière la fécondité de la mort de Jésus. Le rideau du Temple se déchire, car Jésus dévoile en mourant ce que ce voile cachait : que Dieu est amour et désire que le pécheur se détourne de son chemin de mort. Les tombeaux s’ouvrent, des saints se relèvent, signe que la mort est désormais vaincue. Le centurion et les gardes proclament Jésus fils de Dieu : après avoir fait violence, ils reconnaissent dans le supplicié celui par qui Dieu donne la vie. De celui à qui ils ont donné la mort, c’est la vie qu’ils reçoivent…


[1] La formule finale, « au plus haut des cieux », désigne la demeure de Dieu dans la louange adressée à ce dernier au Psaume 148,1 (et dans les Odes de Salomon 14,1).

[2] C. Focant a publié un livre intéressant sur les récits de la Passion dans les évangiles synoptiques. Il est intitulé Une passion, trois récits, et est paru en mars 2022 aux éditions du Cerf dans la collection Lire la Bible.

[3] Citation d’Exode 21,32 : c’est le prix d’achat d’un esclave. On trouve cette somme mentionnée en Zacharie 11,12-13 comme prix auquel l’Israël infidèle a estimé son Dieu qui, en retour, décide de rompre son alliance avec ce peuple. Voir plus bas, note 8.

[4] Ces mots évoquent le Psaume 41,10 où il est question de la trahison d’un fidèle par un ami.

[5] Combinaison des paroles de conclusion de l’alliance entre le Seigneur et Israël au Sinaï, en Exode 24,8, et d’une phrase de Jérémie sur la nouvelle alliance fondée sur le pardon des péchés (Jérémie 31,34).

[6] Citation d’une phrase de Zacharie 13,7.

[7] Citation de Daniel 7,13, une vision où est évoqué le jugement de l’humanité par le Fils de l’homme, juge eschatologique accrédité par Dieu.

[8] Cette phrase est un « pot-pourri » de textes prophétiques de l’Ancien Testament : dans un texte de Zacharie 11,12-13, elle insère à la manière juive des éléments venant du livre de Jérémie (18,2-3 ; 19,1-2 ; 32,6-15).

[9] Voir Psaume 22,8 (et 44,14 ; 52,8).

[10] Voir Psaume 69,22. Le fiel rend la boisson imbuvable.

[11] Citation de Psaume 22,19

[12] Voir Psaume 22,8.

[13] Citation de Psaume 22,9.

[14] Citation de Psaume 22,2.

[15] Nouvelle allusion au Ps 69,22.

[16] Voir Deutéronome 21,22-23, l’enterrement d’un condamné à la pendaison, « une malédiction de Dieu ».

Bible et liturgie

Commentaires des lectures du dimanche par André Wénin

L’Église ne sait pas ce qu’elle perd à négliger le Testament de la première Alliance…

Les textes qu’on lira sous cette rubrique ne sont pas des homélies. J’y propose plutôt un commentaire, à mi-chemin entre une analyse exégétique et une lecture attentive à la fois au texte biblique et à la réalité humaine qui est la nôtre.
La traduction des textes commentés (le plus souvent les passages de l’Ancien Testament et de l’évangile) est très souvent corrigée. La version liturgique est globalement insatisfaisante, en effet. Elle lisse le texte au point d’en gommer les difficultés, c’est-à-dire précisément les points où peut venir "s’accrocher" le commentaire parce qu’ils posent question. Quant au texte de l’Ancien Testament, il est fréquemment amplifié de manière à restaurer le passage dans son intégralité en vue du commentaire. 

André Wénin