Toussaint

Auteur: Dominique Collin
Date de rédaction: 1/11/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016


Toussaint

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 1/11/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

Voilà une fête bien catholique.  Ce n’est pas tut le monde qui croit en la communauté des saints.  Il faut tout d’abord croire en une vie après la mort.  Et ça, ce n’est pas évident.  Les Grecs comme les Romains n’y croyaient pas.  Ils croyaient qu’après la mort, nous serions réduits à l’état de vapeur d’eau inconsistante.  Vous vous souvenez quand Enée a voulu saluer son père, le roi Priam, mort à Troie.  Enée descend aux enfers.  Il croise l’âme de plusieurs morts.  Il reconnaît soudain son père.  Il se précipite vers lui pour l’embrasser, mais il passe à travers lui.  Priam, le roi Priam, n’était plus qu’une vapeur d’eau inconsistante qui traînait de misère et d’ennui dans le monde lugubre des ténèbres.  Nous, non, nous croyons en l’Eglise glorieuse du ciel. 

            Mais pas dans une Eglise glorieuse où tout serait fondu et il ne resterait plus rien de personnel, comme l’enseignent certaines religions orientales.  Pour ces religions, après des dizaines et des dizaines de réincarnations, l’âme serait enfin purifiée et elle pourrait rejoindre le nirvana où elle disparaîtrait.   L’âme disparaîtrait comme une goutte d’eau dans le magma informe et indéfini.  Or s’il y a bien une chose que nous avons apprise grâce à Jésus-Christ, c’est que chacun d’entre nous, nous sommes uniques.  Il y a à l’intérieur de notre cœur, de notre esprit, un noyau dur que rien ne peut détruire, ni même adoucir.  Si Roméo et Juliette avaient vécu quelques années ensemble, ils se seraient bien vite rendus compte qu’ils sont tous les deux fort différents, et que Roméo restera toujours Roméo avec ses chaussettes qui traînent dans la chambre à coucher.

            Nous croyons donc que nous sommes uniques et que nous le resterons après la mort.  Nous croyons aussi que nous ne sommes pas seuls et que nous sommes unis les uns aux autres par un profond sentiment de solidarité.  Nous prions les uns pour les autres.  Mêmes les damnés prient pour nous.  Vous vous souvenez de l’histoire de Lazare et de l’homme riche. Que fait l’homme riche quand il brûle en enfer ? Il prie Abraham de le délivrer de cette géhenne.  Comme ça ne marche pas, il prie Abraham d’envoyer Lazare chez ses frères pour les mettre en garde.  Oui, mêmes les damnés prient pour nous.

            Et c’est là sans doute l’une des plus belles leçons que nous puissions retenir de cette fête de la Toussaint.  Nous ne sommes pas seuls.  Des chrétiens prient pour nous, des chrétiens vivants maintenant, mais aussi des chrétiens morts et qui sont auprès de Dieu.  Et ces chrétiens sont vivants non pas parce que nous pensons à eux, mais parce qu’ils prient pour nous.  Alors nous aussi, brisons les murailles de notre isolement et ouvrons nos oreilles à la mélodie d’amour et de tendresse que la création tout entière murmure chez les vivants comme chez les morts.  Offrons-nous les uns les autres ce que nous recevons déjà, la prière que les vivants comme les morts offrent à chacun d’entre nous.

31ème dimanche ordinaire

Auteur: Laurent Mathelot
Date de rédaction: 30/10/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

31ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 30/10/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

Mon Dieu ! Qu’il est ridicule, là, tout seul, sur son arbre, ce Zachée, le percepteur d’impôts.  Vous imaginez ça ? Un homme de cinquante ans, et lus, dans ses beaux habits (parce que c’est un homme riche), lui, là-haut, avec son gros ventre, assis de traverse sur une grosse branche.  C’est ridicule à son âge de faire des choses comme ça.  Mais ça ne m’étonne pas de lui.  Il a toujours été un peu bizarre.

            Tout d’abord, il n’a jamais été bien grand.  Il a même toujours été petit et tout le monde s’est toujours moqué de lui.  Quand il était enfant, les autres le bousculaient dans la rue, ils le faisaient tomber et même il le roulaient par terre.  Il avait beau se fâcher, cirer, hurler, cela ne servait à rien.  Il y avait toujours un grand pour le calmer.

            Alors Zachée avait décidé de ne pas se laisser faire et de faire sa route tout seul.  Puisqu’il n’arrivait pas à être aimé, il a décidé d’être craint et respecté.  C’est plus facile d’être craint et redouté que d’être aimé.  C’est ainsi qu’il s’est arrangé pour devenir collecteur d’impôts.  Oh ! Il ne triche pas beaucoup.  Ce n’est pas ça qui l’intéresse.  Pour lui, ce n’est pas l’argent le plus important.  Le plus important, c’est le pouvoir.  Il peut fouiller dans la vie des autres pour trouver où se cache l’argent qu’il faut payer comme impôts.  Et les autres ne peuvent rien lui dire.  Il est assis sur son arbre.  Il domine la situation.  Il sait très bien que, s’il descend, il y aura toujours quelqu’un qui par hasard lui marchera sur les pieds, ou un autre qui par hasard va lui donner un bon coup de coude.  Mais il est tout seul là-haut.  Il aimerait bien avoir un ami.  C’est pour cela qu’il est venu voir ce Jésus.  Et c’est Jésus qui lui dit de descendre.

            Nous sommes un peu comme Zachée.  Oh ! Nous ne sommes pas tous complexés au point de monter sur un arbre pour échapper aux autres.  Mais nous aimons bien parfois être seuls, loin des autres, à l’abri des autres.  Et parfois nous sommes fiers de pouvoir nous dire qu’on est arrivé à une certaine hauteur et que nous pouvons regarder les autres de haut.  Evidemment, il y a des gens qui sont encore bien plus haut que nous, mais nous aimons parfois bien faire sentir aux autres que nous avons un certain pouvoir, une certaine autorité.  Et pourtant, c’est Jésus, lui qui trône au plus haut des cieux, qui nous dit de descendre.  Lui qui connaît la gloire du ciel, lui qui est entouré par l’maour de son Père et de l’Esprit, il est descendu parmi nous pour nous dire comme nous sommes importants pour lui.  Il n’a pas eu peur de souffrir pour nous dire ou pour nous montrer de quel amour il est pris pour chacun d’entre nous.

            Alors, oui ! , profitons de cette Eucharistie pour descendre de notre arbre de réussites et de solitude pour prendre le risque de recevoir un coup de coude, mais surtout pour partager avec les autres l’immense bonheur de se savoir aimé par Dieu. 

30ème dimanche ordinaire

Auteur: Dominique Collin
Date de rédaction: 23/10/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

30ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 23/10/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

L’évangile d’aujourd’hui nous place devant une alternative désagréable : nous sommes ou bien comme le pharisien imbu de lui-même ou bien comme le publicain pécheur. Voilà qui paraît un peu caricatural. Nous ne sommes pas tous tout le temps des gens bouffis d’orgueil, fiers de nous-mêmes au point de considérer les autres avec condescendance et paternalisme. Nous ne sommes pas non plus comme ce publicain qui profite de sa situation pour détourner de l’argent à son profit. Cela paraît presque malhonnête de réduire ainsi toute l’humanité, ou tous les croyants, en deux catégories : les orgueilleux ou les pécheurs. Et d’ailleurs, à ce propos, on peut faire remarquer que la liturgie aime bien culpabiliser tous les fidèles. On commence la messe par cette invitation : « reconnaissons que nous sommes pécheurs ». Pourquoi pécheurs ? Je n’ai pas commis chaque semaine un adultère, un meurtre et un vol. Et à le fin de la messe on remet ça : on demande à l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde d’avoir pitié de nous. Qu’est-ce que j’ai bien pu faire de mal pendant la messe ? Peut-être un manière d’approcher ce mystère serait de se rappeler que nous, els moines et les religieux, nous commençons toujours notre prière par cette invocation : « Dieu, viens à mon aide. Seigneur, à notre secours ». Sommes-nous donc menacés par la guerre ou par une persécution, ou bien par la cruauté d’un mortel ennemi qui chercherait à nous détruire ? Oui, c’est certain, ils sont nombreux les chrétiens qui, dans certaines régions du monde, sont directement menacés par la guerre et par les persécutions. Oui, nous pouvons nous sentir menacés par des groupes extrémistes qui peuvent provoquer un attentat, mais je ne crois pas que la liturgie pense d’abord à tout cela. Si depuis toujours et partout les moines et les religieux ont commencé leur prière de façon-là, c’est pour une raison bien plus profonde. C’est la peur d’être abandonnés qui pousse les moines et les religieux à parler de la sorte à Dieu. Cela me fait penser au désespoir d’un petit garçon qui joue dans un parc public. Il est là avec son ballon, il court, il joue, il va à gauche, il va à droite, et soudain c’est comme s’il se réveillait. Il ne voit plus sa maman. Il est perdu. Il était tellement absorbé par son jeu qu’il en a oublié l’essentiel : être auprès de sa maman. Et c’est bien là le danger de toute notre vie active, le danger aussi des années qui passent. A force de vivre et de travailler et de réussir, on finit par être tout entier absorbé par ces activités. Ça marche et c’est épanouissant. On en oublie son conjoint, ses enfants, ses parents. Ou bien ils apparaissent parfois comme des entraves à notre épanouissement professionnel et personnel. Oh ! Au début, on ne pouvait pas se passer l’un de l’autre. Mais les années ont passé : Roméo a perdu ses cheveux et Juliette a gagné quelques kilos. Le conjoint, Dieu n’est plus le centre de notre vie. Pire : nous ne sommes plus capables de lui dire merci parce que c’est lui qui donne un sens à notre vie. C’est là un grand acte d’humilité, mais aussi et surtout d’honnêteté intellectuelle de pouvoir dire merci à Dieu. Car c’est lui qui nous donne la vie, c’est lui aussi qui nous apporte à chacun instant de notre vie cette dose d’amour dont nous avons tellement besoin. C’est lui aussi qui nous donne nos frères et nos sœurs. Même si parfois ils nous énervent, ce sont tous des dons de Dieu. Et c’est bien ce que dit le texte latin du Notre Père : « remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs ». Nous sommes débiteurs devant Dieu, infiniment débiteurs parce qu’il nous donne la vie, parce qu’il nous donne l’amour. Oui, que notre vie ne soit qu’un cri de louange et de remerciement pour tout ce que Dieu fait pour nous. 

29ème dimanche ordinaire

Auteur: Didier Croonenberghs
Date de rédaction: 16/10/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

29ème dimanche ordinaire   Il est bien des endroits dans l’Évangile où nous sommes invités au lâcher prise, à nous en remettre à un autre, dans la confiance. Et il est vrai que ce thème est à la mode de nos jours, à l’« époque du contrôle », selon l’expression d’un grand sociologue canadien. Aujourd’hui, cette petite parabole nous enjoint à première vue à faire tout le contraire. Elle nous convie avant tout à la persévérance, à ne rien lâcher ! Nous l’avons entendu : la veuve est tenace, et elle fait vraiment ch… anger d’avis le juge.  Mais alors, cette ténacité de la prière serait-elle au détriment d’une forme de lâcher prise ? N’y a-t-il pas une contradiction dans le fait de persévérer, envers et contre tout et, d’un autre côté, de faire confiance malgré tout ?   En réalité, il y a deux lectures possibles de ce cette parabole, selon que —dans notre manière de nous adresser à Dieu—nos appels sont adressés à un Dieu juge, ou que plus subtilement, ils sont adressés, à un Dieu fragile et dépendant, mais fidèle, à l’image de cette veuve …  Une première grille de lecture serait donc de nous considérer comme cette veuve, face à un Dieu juge, qui semblerait sourd à nos demandes. L’argument de l’Evangile est simple. Si, vaincu par sa ténacité, un tel homme fléchit, combien plus Dieu est-il attentif à nos prières… En ce sens, persévérer n’a rien de diabolique et cet évangile nous enjoint à ne rien lâcher, tant que justice ne sera pas faite ! La persévérance est alors cette sagesse du cœur qui apprivoise le temps. Elle nous dit simplement : « Lorsque dans ta vie rien ne va plus, que les problèmes tourmentent ton esprit et que tes relations te causent tant de soucis... n'abandonne surtout pas. » Et la ténacité, qui est loin d’être un entêtement, nous susurre : « Lorsque trop d'erreurs ont été commises, que tout ton univers menace de s'écrouler et que, fatigué, tu sens la confiance t'abandonner... Repose-toi s'il le faut, mais n'abandonne surtout pas ! » Car il faut peut-être un pas de plus dans ta vie. Et si tu ne le fais pas, tu regretteras peut-être de ne pas l’avoir fait… Oui, cet Evangile nous enjoint à la persévérance qui n’est en rien une obstination!  Toutefois, lorsqu’on parle de prière, s’agit-il simplement de persévérance? Et pour demander quoi ? Est-ce que la prière a vraiment pour but de faire fléchir, de faire craquer Dieu, lui « qui sait ce dont nous avons besoin avant même que nous le lui demandions » (Mt 6:8).  Permettez-moi alors une lecture un peu alternative de cette parabole… Car toute parabole est là pour donner à penser et —comme dans l’interprétation des rêves— les personnages sont un peu interchangeables. Et si ce juge inique, c’était également nous ? Et si cette veuve était avant tout la figure de ce Dieu qui ne se lasse pas de partir à notre recherche, envers et contre tout ? La prière n’est donc pas là pour changer l’image que Dieu a sur nous, mais l’image que nous avons de lui, ce qui est tout différent. La prière n’est pas une lutte pour que Dieu cède, car s’il cédait, il prouverait justement qu’il est inique ! Croire qu’il peut changer d’avis, ce serait justement faire de lui un juge injuste, qui accorderait ses grâces à certains et non à d’autres… La prière est tout au contraire un « combat non à gagner, mais à perdre », afin de changer notre regard sur le monde, et le lire non plus avec nos yeux, mais ceux de Dieu. La prière est donc un abandon, comme disaient les mystiques rhénans. Elle est cette lutte contre la fatigue existentielle, contre le découragement personnel, contre les déceptions relationnelles, contre le doute. Un combat non contre Dieu, mais contre nous-mêmes. « Le fils de l’homme trouvera-t-il des hommes blasés, tristes, résignés, ou bien de la confiance ? »   Alors la question de l’Evangile est bien la suivante. Dans le quotidien de nos vies, avons-nous comme la veuve cette constance dans confiance, la ténacité dans l’espérance, quelle que soit la personne que nous avons en face de nous ? Ou bien sommes-nous comme ce juge inique, inconstant dans nos jugements, n’aimant pas être dérangés par une légitime quête de justice et de vérité ?   Face à cette question, notre prière deviendra cette faculté de quitter notre bavardage égocentrique pour reconnaître que Dieu est déjà donné, et qu’un don précède tout prière. A nous d’y répondre, avec nos contradictions et nos inconstances. Pas simplement par un désir concret de justice, mais par des actes. Prier, loin d’être une forme de ténacité et d’obstination, deviendra alors cet acte même d’abandon et de dépossession. Amen.   

29ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 16/10/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

            Notre Seigneur Jésus-Christ l’a un peu facile.  Prier, nous dit-il, répétez sans cesse votre demande et vous serez exaucé.  Tel n’st pas notre expérience quotidienne.  Combien de fois n’entendons-nous des femmes er des enfants, et même des hommes, constater le silence du ciel face à leurs demandes.  Evidemment, on pourra toujours dire que c’était et que ce sont des demandes intéressées, la fin d’une maladie, la réconciliation dans un couple, l’engagement dans un nouveau travail.  Mais rien n’y fait : la question reste : à quoi ça sert de prier ?

            Et voilà que se pose une nouvelle question : faut-il tout juger par rapport à quoi ça sert.  A quoi ça sert d’être ici dans une église ? à quoi ça sert de célébrer une messe ? à quoi ça sert de parler ? A rien, sauf à exister.  Oui, la plus belle chose dans la vie ne mesure pas à son efficacité, ni à sa rentabilité, mais au plaisir d’être ensemble.

            C’est vrai que e être marié avoir des enfants, c’est une perte de temps et d’argent.  Et pourtant c’est indispensable.  Passer une soirée avec des amis, rencontrer ses enfants ou ses parents, c’est important.

            Et c’est un peu la même chose avec la prière.  Ça sert à quoi de prier ? A rien, si ce n’est au plaisir de rencontrer quelqu’un, quelqu’un de sympathique et de gentil, et même quelqu’un qui nous veut du bien. 

            Vous me direz alors : à quoi ça sert de répéter les mêmes choses ? Entièrement d’accord, à quoi ça sert de dire bonjour à quelqu’un dans sa famille, dans son boulot, dans sa rue ? A rien, sauf à lui donner la possibilité de nous dire quelque chose de merveilleux.  Un jour, on croise quelqu’un qu’on connaît, on lui dit bonjour et on lui demande comment ça va et soudain il nous raconte plein de choses sur sa vie présente, ses ennuis, ses joies.  Prier, c’est comme dire bonjour à quelqu’un, c’est donner à Dieu l’occasion de nous dire quelque chose. 

            Et puis, prier, est-ce que c’est nécessairement dire beaucoup de choses ? N’est-ce pas simplement le plaisir d’être ensemble ? Et de se rappeler l’une des plus belles choses que Dieu nous offre, la vie, le bonheur de connaître son amour, et de partager avec lui simplement quelques instants d’intimité.

            C’est pourquoi j’aime beaucoup la prière du matin.  Se lever et dire merci au Seigneur d’être là avec lui, et puis prier avec l’Eglise tout entière suivant les prières du bréviaire.  Je ne suis pas seul à prier, avec moi, aujourd’hui, ce matin il y a tellement d’hommes et de femmes qui se lèvent et qui prient avec moi.  Et les mots que j’utilise, et les mots qu’ils utilisent, ce sont les mêmes paroles.  Nous sommes tous ensemble pour prier.  Oui, je ne suis pas seul pour prier.  Le peuple de Dieu est avec moi et autour de moi. 

            Alors regardons deux, trois personnes qui ont prié.  Il y a Maximilian Kolbe, ce franciscain polonais qui a donné sa vie pour un autre prisonnier au camp d’extermination d’Auschwitz.  Il a prié pour aimer.  Et dans le bunker de la mort, il a continué à chanter les psaumes.  Il y a la Vierge Marie qui est restée avec les apôtres dans le Cénacle après l’ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ et avant la descente de l’Esprit saint lors de la Pentecôte.  Elle a médité tous les événements de sa vie, non pas avec rancune et regret (car elle a tout perdu, son fils, sa famille, son village), mais avec confiance en son Dieu.  Qui sait ce que tout cela, toutes ces souffrances, tous ces échecs, toutes ces rencontres, peuvent donner ? Dieu seul le sait.

            Tout n’est qu’erreur.  Tout n’est que réussite quand on remet tout à Dieu.  Jésus lui-même n’a-t-il pas hurlé, plein de crainte, sur le mont des Oliviers, le soir même de sa trahison : « Père, si c’est possible, éloigne de moi cette coupe ».  Mais n’ajoute-t-il pas aussitôt : « mais non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »  Jésus fait confiance à son père comme un enfant fait confiance à sa mère lorsqu’elle le conduit chez le dentiste.  L’enfant fait confiance à sa mère lorsqu’il est conduit, seul, sans elle, vers la salle d’opération.  Tout semble perdu, mais tout est nouveau.  Retrouvons la douceur de la présence de Jésus dans notre prière et surtout disons-lui avec confiance : « que ta volonté soit faite ».

28ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 9/10/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

27ème dimanche ordinaire

Auteur: Didier Croonenberghs
Date de rédaction: 2/10/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

“Augmente en nous la foi” disent les apôtres à Jésus. Voilà vraiment un désir partagé par beaucoup de nos contemporains. Face à nos découragements, il y a cette légitime envie d’ “augmenter la foi”, de “restaurer ou de maintenir la confiance”, de faire croître le croire. Pourtant, la foi n’est en rien quelque chose qui se possède. Encore moins quelque chose qui augmente, comme s’il y avait une échelle de la foi —un pistomètre pour prendre l’expression du frère Philippe—, allant du doute radical à la foi du charbonnier! La foi ne se mesure pas, ne se possède pas, ne se thésaurise pas et elle disparaît au moment même où on veut la garder pour soi. La foi dont parle cet Evangile —s’il fallait se risquer à la définir—consiste essentiellement en cette « capacité de s’appuyer sur quelqu’un d’autre que soi ». Elle n’a donc rien à voir avec de la morale ou des croyances. Fondamentalement, la foi est une relation qui ne « s’augmente pas », mais qui s’entretient. Elle consiste à s’appuyer sur quelqu’un d’autre que soi. Et vous l’avez sans doute remarqué, dans cet Evangile plein de contrastes, il y a une différence essentielle entre celui qui est doté d’une foi comme un grain de moutarde et le serviteur inutile de la parabole : le premier n’a pas de maître, le second en a un. Le premier est soumis à ses propres désirs, même absurdes, le second est soumis aux ordres de son maître. La foi n’est donc rien dans l’absolu. Elle n’a de sens que si elle a un autre en qui la placer, et qui lui donne sa mesure. Pour cela, il y a donc un certain équilibre, une mesure à trouver, afin de quitter nos peurs, sans nous perdre en l’autre. « Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit (…) d’amour et de pondération » nous dit la lettre à Timothée. Amour et pondération viennent ainsi mettre de l’équilibre dans nos relations de confiance. Et lorsque l’opposé de la foi s’installe, lorsque cette capacité à s’appuyer sur un autre diminue, alors la peur et l’inaction surgissent. Finalement, celui qui a peur est toujours un non pratiquant, un non agissant, un non croyant. “Si vous aviez la foi comme un grain de moutarde…” C’est comme si Jésus nous disait qu’il est impossible d’être un croyant non pratiquant… La foi n’est donc rien sans un autre en qui elle se dépose et qui lui donne sa mesure. Et l’Evangile nous montre cela par deux petites images, assez curieuses, et qui sont à première vue paradoxales : l’arbre déraciné et qui se plante dans la mer, et le serviteur inutile. Le « serviteur inutile » accomplit des tâches vraiment utiles, car il cultive, prépare et sert le repas, tandis que celui qui aurait la foi, même petite, aurait le pouvoir de faire des choses absurdes et inutiles. [mais je suis prêt à en discuter au « 42 ».] En réalité, l’image de l’arbre dans la mer n’est certainement pas prise au hasard. Il ne s’agit pas d’utilité. L’arbre est symbole de vie dès les premières lignes de la Bible et la mer symbole de mort. Pour l’homme biblique, la mer est le lieu des puissances du mal. La foi —lorsqu’elle est confiance placée en l’autre— peut faire surgir la vie jusque dans nos lieux de mort ! Elle amène des forces de vie dans nos lieux de désespérance. Et Jésus accompagne cela d’une seconde image. «Quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : ‘Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir’». Lorsque nous parvenons à planter de la vie dans des forces de désespoir, n’oublions jamais de revenir à la terre de notre humilité. Il ne sert à rien de chercher une quelconque reconnaissance pour ce que nous avons fait, de nous définir par nos fonctions, ou même par la confiance donnée. Et voilà que cette seconde image nous rappelle que même s’il y a de la confiance donnée, on ne peut jamais se croire au-dessus de celui en qui on place sa confiance… Alors, à nous de témoigner à notre tour de cette confiance, car il y aura toujours quelqu’un qui a cru en nous, avant nous, il y aura toujours ce « don gratuit de Dieu » qui nous précède. À nous d’en témoigner par des actes, même malhabiles, Et par des paroles, même maladroites, mais qui enracinent toujours l’arbre de la vie dans l’océan de nos peurs, « grâce à l’Esprit qui habite et qui grandit en nous. Et qui croit en nous. Amen

26ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 25/09/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

Cet Evangile est sans doute une des pages les plus dures de la Bible. On y voit la souffrance du riche, on y entend ses cris désespérés, on y remarque l’apparente indifférence d’Abraham. C’est que le riche est prisonnier de son propre égoïsme. Comme nous le savons, l’Evangile ne condamne pas la richesse en tant que telle. Non, être riche n’est pas un péché. Et la première lecture décrit avec complaisance le luxe scandaleux dans lequel se vautre une certaine aristocratie samaritaine. Et ce n’est pas la jalousie du pauvre par rapport au riche qui anime cette page. C’est la révolte face au manque de solidarité. Et c’est cet aveuglement du riche par rapport au pauvre qui s’exprime même dans la prière du riche. Vous l’entendez à l’intérieur de l’évangile : le riche prie Abraham de lui envoyer Lazare pour qu’il vienne le soulager. Le riche prie d’abord pour lui. Ensuite il prie pour les gens de sa maison. Il n’entend pas ce que lui dit Abraham : « tu as profité de la vie et tu n’as pas vu le pauvre qui était devant ta porte ». Non, le riche continue et prie pour ses frères. Il y a une première chose à noter : c’est que mêmes les damnés prient. Au ciel, les anges et les saints louent Dieu pour sa beauté et sa grandeur. Ils prient aussi pour nous et ils nous soutiennent par leurs prières. Et aujourd’hui, dans cet Evangile, nous lisons que les damnés eux aussi prient Dieu. Mais ils prient pour eux et rien que pour leurs proches, mais pas pour tout le monde. Ils prient pour le petit confort, mais ils ne reconnaissent pas leurs erreurs. Et c’est pour moi une grande question. Je prie Dieu et j’aime prier Dieu, mais est-ce que je ne dis pas des bêtises ? Est-ce que je ne suis pas en train de répéter des formules vides ou – pire encore – est-ce que je ne suis pas en train d’agir comme un sale petit gamin qui tape du pied qui hurle pour la vingtième fois : « je veux ceci, je veux cela », alors que la prière devrait ouvrir mon cœur et mon intelligence à la grandeur et à la beauté du Seigneur ? Lorsque Jésus était au jardin des oliviers, il a tout d’abord dit : « Père, s’il est possible, éloigne de moi cette coupe ». C’est une demande personnelle, mais il a aussitôt ajouté : « mais non pas ma volonté, mais ta volonté ». C’est une attitude de confiance. De même qu’un enfant a confiance en sa mère, même quand celle-ci le conduit chez le dentiste, de même nous sommes invités à nous laisser entraîner par Dieu dans des chemins inconnus, difficiles parfois, mais toujours pleins de sa présence. Oui, le riche reste égoïste même dans sa prière. Ouvrons donc notre cœur et nos yeux aux pauvres qui nous entourent et laissons-nous transformer par leur présence car c’est déjà Dieu qui nous appelle à travers eux.

26ème dimanche ordinaire

Auteur: Dominique Collin
Date de rédaction: 25/09/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

Cet Evangile est sans doute une des pages les plus dures de la Bible. On y voit la souffrance du riche, on y entend ses cris désespérés, on y remarque l’apparente indifférence d’Abraham... Le frère Dominique offre une méditation sur ce curieux évangile.