Fête de la Sainte Trinité

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014

LA GRACE DU SEIGNEUR JESUS, l'AMOUR DU PERE ET LA COMMUNION DE L'ESPRIT

En 167 avant notre ère, l'empereur de Syrie décida d'unifier tous ses Etats en leur imposant la même religion, la même culture. La civilisation hellénistique n'était-elle pas prestigieuse, « moderne », avec ses dieux, ses temples, ses philosophes, ses épopées, ses gymnases, ses stades ? Tous les Etats se soumirent sauf un. En Israël, certains apostasièrent mais un mouvement de résistance entama la lutte pour sauvegarder la foi des ancêtres. Le combat fut féroce : une grande statue de Zeus fut installée dans le temple de Jérusalem, on interdit la circoncision et la pratique du shabbat, on brûla les livres de la Torah, on exécuta tous ceux qui refusaient le paganisme. Cependant sous la direction de Juda Macchabée, l'armée juive parvint à vaincre, le temple fut purifié et le culte au seul YHWH restauré.
Un siècle plus tard, la Puissance romaine ne parvint pas davantage à éradiquer le judaïsme et elle dut se résoudre à tolérer sa singularité de sorte que, au milieu des plus grandes nations adorant leurs multiples dieux, Israël continua à être fidèle à sa foi : « C'est moi YHWH ton Dieu qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte ; tu n'auras pas d'autres dieux face à moi ; tu ne te feras d'idoles ; tu ne te prosterneras pas devant ces dieux... » (Décalogue : Exode 20, 1-4). Chaque père de famille apprenait à ses enfants à réciter, matin et soir, le SHEMAH, confession centrale de la foi : « Ecoute Israël : YHWH notre Dieu est YHWH unique. Tu aimeras YHWH ton Dieu de tout ton c½ur, de tout ton être, de toute ta force ».
YHWH : IL EST : le mystérieux tétragramme (c.à.d. 4 lettres) ne peut même pas être prononcé (et certainement pas Jéhovah comme assurent « ses témoins »). On disait ADONAÏ : SEIGNEUR.
Or, à cette époque romaine, parut Jésus, Iéshouah, charpentier de Nazareth en Galilée : il était un observant absolument fidèle à la foi de ses pères, circoncis, priant chaque jour la prière essentielle du SHEMAH, pratiquant tous les préceptes, appliqué à l'étude assidue des Ecritures saintes, chantant les psaumes avec son peuple. A la suite des grands prophètes qui l'avaient précédé, il osa critiquer  le culte du temple qui ne conduisait pas au respect du droit et à la justice sociale, il dénonça le légalisme des théologiens et la vanité des grands prêtres. Il fut non reconnu, menacé, enfin arrêté et exécuté sur une croix tandis que ses disciples disparaissaient dans la nature.

Or, fait exceptionnel, peu après, ces mêmes disciples réapparurent sur la scène publique proclamant une nouvelle tout à fait inouïe : Jésus mort et enseveli était ressuscité ! Et ils racontèrent : « Jésus observait parfaitement la Loi ; il priait YHWH en l'appelant « Père » donc en se sachant « son Fils » et il nous a appris à prier de la même manière. Opérant des guérisons miraculeuses et tenant des propos qui nous déconcertaient, nous le prenions au début pour un prophète, tel Jean-Baptiste, mais peu à peu son comportement et ses enseignements nous déstabilisaient. Il était plus qu'un guérisseur, plus qu'un prophète. Mais qui donc était-il ? Nous ne trouvions pas de réponse satisfaisante à cette question. Les menaces se précisèrent, il comprit qu'il allait être mis à mort : il se donna comme l'agneau pascal qui nous libère non de la domination romaine mais de la prison du péché.  Ressuscité par son Père, il nous a envoyé la « rouah », l'Esprit, le Souffle de Dieu qui nous met en communion avec Dieu et entre nous..... ».
Ces lendemains de la Pâque de Jésus furent bousculés, les disciples n'en finissaient pas de s'interroger sur le sens de ce qu'ils avaient vécu. Qui était ce Jésus ? Il fallut admettre ce qui était inimaginable : oui il n'y avait qu'un Dieu, YHWH, mais Jésus était son Fils et Seigneur comme lui. Les débats se prolongèrent et on parvint à l'autre conclusion : l'Esprit de Dieu était aussi Seigneur !!

Tandis que les disciples de Jean-Baptiste entretenaient le souvenir de leur maître mort martyr, les disciples de Jésus commencèrent à appeler leurs compatriotes à croire en Jésus Seigneur, à entrer dans sa communauté par le rite du baptême « au nom de Jésus ». Puis très vite la formule s'étoffa à la façon rapportée dans la finale de l'Evangile de Matthieu : « Tout pouvoir m'a été donné...Allez : dans toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et de Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps » (Matth 28, 18)
Saint Paul concluait une lettre par un v½u devenu la salutation solennelle qui ouvre toute célébration eucharistique : « La grâce de Notre Seigneur Jésus, l'amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous » (2 Cor 13, 13). Et dans ses communautés, déjà on chantait le cantique : « Jésus, de condition divine,...s'est dépouillé, devenant semblable aux hommes...il est devenu obéissant jusqu'à la mort sur une croix. C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé et lui a donné le NOM qui est au-dessus de tout Nom afin qu'au Nom de Jésus, tout genou fléchisse... » (Phil 2, 6-11).

Cependant les objections fusèrent, les débats se poursuivirent, houleux, acharnés : si YHWH était unique, Jésus n'était-il pas qu'un saint homme « adopté par Dieu » lors du baptême ? L'Esprit n'était-il pas qu'une Force surnaturelle ? En 325, le 1er concile de Nicée énonça le credo :
« Je crois en un seul Dieu le Père....Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, Dieu né de Dieu...Je crois en l'Esprit-Saint qui est Seigneur et qui donne la vie... ».

Dieu n'est pas une Transcendance lointaine, un Juge impassible : nous pouvons en vérité le nommer « Abba - Père ». Jésus est son Fils qui a donné sa vie pour que nous soyons pardonnés de nos péchés. L'Esprit n'est pas qu'un secours dans les épreuves, un envol dans l'idéal : il est Présence divine qui nous introduit dans la communion avec le Père, le Fils et entre nous.
La Trinité n'est pas une formule abstraite ni un rébus (comment 3 = 1 ?). Si les premiers apôtres ont voulu proclamer d'urgence cette Bonne Nouvelle à toutes les nations, si tant de simples fidèles ont été torturés et ont donné leur vie  pour cette foi, si tant de penseurs ont confessé ce credo, c'est bien parce qu'ils étaient convaincus que là était la Vérité qui éclaire enfin le mystère de Dieu et le mystère de l'homme. La foi en un Dieu Père, Fils et Esprit leur donnait l'expérience de la grandeur et de la liberté de l'homme, les entraînait à lutter pour la communion et la paix et à espérer dans la victoire de l'Amour.

Cette foi chrétienne paraît impossible à des multitudes : comment y accéder ? L'évangile de ce jour ouvre une piste aux incrédules : encore faut-il le prolonger jusqu'à sa proposition finale.

COMMENT CHEMINER VERS LA VERITE QUI NOUS ECHAPPE ?

Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs ½uvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses ½uvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu'il soit manifeste que ses ½uvres ont été accomplies en union avec Dieu. » (Jn 3)

Comment l'homme peut-il voir dans la croix plus qu'une exécution d'un martyr mais la révélation bouleversante de l'Amour du Père ? Par ses actes. FAIRE LA VERITE : l'expression est rarissime mais capitale. La lumière de la foi ne se découvre pas tellement par la réflexion et le raisonnement mais par l'authenticité de la vie, par la rectitude des décisions et le courage des engagements.
Ainsi Nicodème, le pharisien sceptique (Jn 3), l'année suivante, aura le courage de se lever au milieu du grand tribunal acharné à arrêter et supprimer Jésus et il osera demander une comparution et un interrogatoire dans les règles du droit. Il s'attirera immédiatement les huées de ses collègues (Jn 7, 50). Parce qu'il aura tenté de « faire la vérité », « il viendra à la Lumière » et, au Golgotha, c'est lui qui ensevelira le corps de Jésus de façon royale (Jn 19, 39).

PAPE FRANCOIS : « Nous pouvons faire toutes les ½uvres sociales, on dira : « Qu'elle est bonne l'Eglise ! ». Mais si nous disons que nous faisons cela parce que ces personnes sont la chair du Christ, alors vient le scandale ! Or sans l'Incarnation du Verbe, le fondement de notre foi vient à manquer...L'Eglise n'est pas une organisation de culture, de religion, ni même sociale : elle n'est rien de cela. Elle est la famille de Jésus...Jésus est le Fils de Dieu qui s'est fait chair : c'est ça le scandale !...On nous dit : « Chrétiens soyez un peu plus normaux, ne soyez pas aussi rigides ». Derrière cette invitation se trouve la demande de ne pas annoncer que Dieu s'est fait homme, parce que l'Incarnation est un scandale ! (Enfin le pape exhorte) à ne pas avoir honte de vivre avec ce scandale de la croix, à ne pas nous laisser prendre par l'esprit du monde qui fera toujours des propositions courtoises, civilisées. ... »                     (Homélie 1.6.13)

Fête de la Pentecôte

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014

DE L'AIR ... DE L'AIR ... SORTIR !

Lorsqu'un penseur éminent disparaît, ses disciples pleurent la perte de ce génie, composent des éloges funèbres, érigent des monuments à la mémoire du disparu. Lorsqu'un révolté, un meneur d'hommes, est capturé et exécuté, tous ses camarades s'égaillent et disparaissent : la mort du chef provoque un irrésistible mouvement centrifuge, son programme est anéanti et la flamme de l'espoir s'éteint.
Or, après la mort de Jésus, tout se déroule différemment. Ses disciples réapparaissent complètement transfigurés : les lâches se montrent au grand jour ; les muets parlent ; les désespérés rayonnent de joie ; les femmes qui étaient reléguées dans l'ombre forment un même groupe avec les hommes ; ceux que la peur avait dispersés dans la nuit sont réunis; loin de pleurer, ils éclatent de joie ; au lieu d'organiser des pèlerinages sur la tombe du disparu, ils affirment qu'il est le Seigneur vivant en eux ; sans promettre des apparitions miraculeuses,  ils se manifestent comme sa présence nouvelle ; cessant de rivaliser d'ambitions comme naguère, ils s'acceptent comme frères et s½urs unis dans l'unique mission de proclamer à tout l'univers l'Evangile : JESUS EST RESSUSCITE.

Comment expliquer ce retournement, cette conversion ? On a prétendu que les apôtres, d'abord anéantis par l'échec de ce maître qui les avait subjugués, s'étaient convaincus de sa survie, et que, jouets d'une hallucination, ils avaient inventé cette légende. Mais pourquoi inventer quelque chose qui allait leur coûter tellement cher ? En effet, en accusant Caïphe et Ponce Pilate d'erreur judiciaire, ils s'attiraient la colère et la haine des autorités juives et romaines ; ils devenaient suspects de subversion ; ils étaient rejetés par leur peuple et même par leurs familles. Bref leur foi nouvelle les coupait de leur milieu, les rendait dangereux à fréquenter. D'ailleurs très vite Pierre, Jean et d'autres seront arrêtés, flagellés, jetés en prison ; Etienne sera lynché ; Jacques décapité ; la vie de Paul sera un chemin de croix.

PENTECOTE : LE DON DE L'ESPRIT DE DIEU

A tous ceux qui leur demandaient la raison d'une telle transformation, les premiers disciples n'avaient qu'une réponse : nous avons reçu l'Esprit de Dieu, la Force divine que Dieu par ses prophètes, puis Jésus lui-même, avaient promis d'envoyer.
Quand arriva le jour de la Pentecôte (le 50ème après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues comme de feu, qui se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux. Tous furent remplis d'Esprit Saint : ils se mirent à parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.

La Pentecôte était une fête très ancienne, célébrée 50 jours après la Pâque et donc appelée d'abord Fête des (7) Semaines, pendant laquelle, à la fin des moissons, on rendait grâce à Dieu pour ses bienfaits. Mais comme la Bible racontait que les Hébreux, libérés de l'esclavage d'Egypte avec Moïse, avaient atteint le mont Sinaï « le 3ème mois après la sortie » (Exode 19, 1) et y avaient reçu la Loi de Dieu, la fête était devenue « Fête de la Loi », « fête de l'Alliance » donc fête de l'Assemblée.
Hélas tout en fêtant la Loi, Israël devait reconnaître qu'il ne parvenait jamais à lui obéir parfaitement: il la connaissait sans pouvoir la mettre tout à fait en pratique. Les prophètes Ezéchiel et Jérémie avaient bien transmis une promesse de Dieu : « un jour je ferai une Alliance nouvelle, je mettrai ma Loi dans vos c½urs » oui mais à quelle échéance ?

Saint Luc affirme : Oui, cette heure est arrivée. Jadis Moïse était monté sur le mont Sinaï et en était redescendu avec les Tables de la Loi ; maintenant Jésus est monté au ciel,  dans la Maison de son Père, et l'Esprit descend afin de renouveler leurs c½urs.
La Fête des moissons qui était devenue fête de la Loi est désormais devenue fête du don de l'Esprit ; la Nouvelle et ultime Alliance est nouée. Tout est accompli, plus rien n'est à attendre ; il n'y a plus qu'à répandre cette Bonne Nouvelle par tout l'univers et inviter tout être humain à recevoir l'Esprit qui recrée une humanité nouvelle.
LE DON DEVIENT MISSION : SES EFFETS

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque les gens entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d'eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l'émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes ...Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu.... »
Le souffle de Dieu chasse les disciples de leur abri, ils dégringolent l'escalier, ouvrent la porte, sortent dans la rue. Car la prière chrétienne isole d'abord mais elle ne met pas à part, n'écarte pas dans la solitude ni n'enferme dans un peuple ou une culture : toujours l'Esprit démolit les protections, ouvre  les portes, pousse à la rencontre, abolit toute frontière. L'Esprit est courant d'air.
Luc s'amuse à noter les réactions des passants : « ...confusion...stupéfaction...émerveillement... ». Ils ne comprennent pas le sens de l'événement ; certains ricanent : « Ils sont pleins de vin doux ! »...comme si la seule manière d'être heureux, c'était de boire de l'alcool ! Celui-ci égare et emprisonne mais l'Esprit décoince, comble d'allégresse puisqu'il libère des contraintes, du désespoir, de la culpabilité ; il fait aboutir l'homme à sa plénitude car rien  ne peut dépasser la communion de Dieu et l'homme.

La Pentecôte étant pèlerinage obligatoire, une foule de Juifs et convertis installés dans d'autres pays étaient montés à Jérusalem : ils sont surpris de percevoir le message dans leurs propres langues. C'est donc que l'Esprit n'impose pas une langue commune (même pas le latin !) : quand la Bonne Nouvelle retentit dans la clarté de l'Esprit, chacun peut l'entendre dans son dialecte.
L'orgueil et l'impérialisme avaient fait éclater l'humanité en nations rivales, chacune enfermée dans sa langue, sa culture, ses m½urs (mythe de la tour de Babel) : l'Esprit a mission d'unifier le monde mais non en imposant une expression, une théologie, une liturgie sous l'emprise d'un souverain unique. L'Esprit respecte les différences, l'amour s'ouvre au dialogue, à l'effort pour comprendre autrui, il oblige à ne pas absolutiser ce que l'on est et à entrer dans le monde de l'autre.
Ainsi tout de suite l'Esprit commence son ½uvre d'une mondialisation sans dictature : l'Evangile d'abord proclamé ici à la diaspora juive passera en Samarie, à Chypre, en Grèce, à Rome...et de là aux extrémités du monde. Non pour faire des « nations chrétiennes », non pour imposer une culture chrétienne, non pour vouloir une Eglise majoritaire mais « sel de la terre...levain dans la pâte » afin d'aider tout homme et toute femme à entrer dans le Royaume sans frontières de l'amour.

Le don de l'Esprit est un privilège sans clôture, un don pour la mission ; y répondre confère du même coup une responsabilité. Lorsque l'Eglise s'enferme dans ses murs, lorsqu'elle monopolise la révélation pour elle, l'Esprit n'est plus Souffle mais air confiné, rance, sec ; la Bonne Nouvelle devient doctrine, la morale, système, la liturgie, cérémonies.
A quelqu'un qui lui demandait pour quelle raison il venait de convoquer un concile, le bon pape Jean XXIII répondit en se levant et en allant ouvrir la fenêtre : «  Je veux de l'air, de l'air !!! ».
Le pape François le proclame depuis son premier jour : il faut sortir, continuer l'exode, quitter nos cénacles douillets, sortir de nos certitudes figées pour rencontrer tout homme.
« Ne vous enfermez pas, je vous en prie ! C'est un danger...Quand l'Eglise reste fermée, elle tombe malade. Imaginez une pièce fermée pendant un an : quand on y entre, il y a une odeur d'humidité, beaucoup de choses sont en mauvais état. Une Eglise fermée, c'est la même chose, c'est une Eglise malade. L'Eglise doit sortir d'elle-même. Où ça ? Vers les périphéries existentielles quelles qu'elles soient...Que se passe-t-il quand on sort de soi-même ? Il peut arriver ce qui peut arriver à toute personne qui sort de chez elle et va dans la rue : un accident. Mais je vous dis : Je préfère mille fois une Eglise accidentée, exposée aux accidents, à une Eglise malade parce qu'elle ne sort pas. Allez dehors ! Sortez !...Il est important d'aller à la rencontre ; pour moi ce mot est très important...Parce que la foi est une rencontre avec Jésus, nous devons faire nous aussi ce que fait Jésus : rencontrer les autres...Nous ne pouvons pas devenir des chrétiens amidonnés, ces chrétiens trop bien élevés qui discutent de théologie en prenant le thé tranquillement... »     (Veillée de Pentecôte, 18 mai 2013)

7e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

TU PRIES PEU ET MAL ? ..... JESUS PRIE POUR TOI

Le récit de la dernière soirée de Jésus avec ses disciples, très court dans les synoptiques, a pris, chez Jean, une importance considérable et couvre 5 chapitres (13-17). Avec la liberté de l'Esprit, Jean a compris qu'il ne suffisait pas de répéter les paroles et gestes d'un maître disparu mais montrer comment le Seigneur Christ vit toujours au sein de son Eglise, l'enseigne, la guide, la garde.

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il leva les yeux au ciel et pria ainsi:
« Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie.
Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'½uvre que tu m'avais donnée à faire.
Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde.
Trop souvent dans nos prières, nous jetons tout de suite nos demandes sans d'abord nommer Celui à qui nous nous adressons. Or c'est précisément cette adresse qui change tout le climat de la prière. Jésus, lui, a toujours parlé à un  Dieu qui est son Père (11, 41 ; 12, 27) et ici, dans son ultime prière, il le répètera six fois. Car le moment est grave et le piège se referme sur lui : Judas, en plein repas, est sorti pour aller alerter les autorités. Jésus vit ses derniers moments et il sait à quelle horreur il va être condamné. Il ne va pas à la mort (qui l'épouvante) par stoïcisme ou comme victime inconsciente d'un piège car depuis toujours il conduit sa vie sur le dessein de son Père. Dès le début, à Cana, il a dit : « Mon heure n'est pas encore venue » ; lors de la récente Fête des Tentes, on a échoué à l'arrêter parce que « son heure n'était pas venue » (7, 30 ; 8,20). Maintenant, c'est la Pâque, fête de la libération : Jésus se sait l'agneau humain que les hommes vont tuer. Ses bourreaux vont commettre une exécution barbare mais Jésus vit ce passage comme une GLORIFICATION. Jean dira aussi : UNE ELEVATION (3, 14 ; 12, 32.34)

Il ne demande certes pas de recevoir la célébrité à la manière humaine. Sa Gloire n'est pas la renommée mondaine mais la manifestation de ce qu'Il est : LE FILS. Tout le monde (même ses disciples) voit en lui un homme - avec des dons exceptionnels - mais maintenant en vivant son exécution, il sait qu'il « exécute » le Dessein de son Père qui le ressuscitera et ainsi, enfin, les hommes pourront accéder à la Vie.
Sa Gloire n'aura rien d'un succès populaire, d'un triomphe personnel. Ce qu'il veut, ce qu'il va obtenir par sa Pâque, c'est DONNER LA VIE DIVINE AUX HOMMES (ceux qui accepteront de le croire).
Car tout homme est appelé à sortir de l'animalité mortelle (qui rend notre vie prisonnière du cycle interminable des saisons) pour enfin CONNAITRE LE PERE ET SON FILS JESUS. Entendons « connaître » au sens biblique : il ne s'agit pas de savoir, d'avoir des notions, des mots mais d'une COMMUNION, d'une « commune-union », donc d'une intimité, d'un amour.

RECEVOIR TOUT POUR DONNER TOUT

J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner.
Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m'as envoyé. 
Jésus explique le sens de sa mission : il n'a pas été un révolutionnaire, un philanthrope, un médecin, un réformateur social. Ou plutôt il a été tout cela de manière divine. Ce qu'il a cherché sans cesse et sans compromission, c'est faire connaître le vrai nom de Dieu qui, pour les multitudes, n'est qu'un mot creux, l'occasion de jurons, une force perdue dans les galaxies, en tout cas, quelqu'un avec qui nous ne voulons pas vivre car il nous dérangerait trop en remettant en question nos égoïsmes et nos caricatures de religion.
Jésus se réjouit car, en dépit de ses innombrables échecs, il a réussi à faire passer son message chez ces quelques hommes qui, autour de la table, partagent cette nuit avec lui. Ils sont balourds, n'ont pas encore bien compris, ils vont même l'abandonner lors de l'arrestation et le laisseront aller seul à la mort. Mais il les aime : ils sont là avec lui, ils ne l'ont pas quitté. Ils lui sont un cadeau, un DON du Père.
Ce qui est tout à fait remarquable dans cette prière, c'est la répétition du verbe DONNER (17 fois !!!)
-    Le Père a donné son Nom à son Fils
-    le Père a donné à Jésus une ½uvre à faire
-    le Père lui a donné ces quelques hommes comme compagnons
-    Le Père lui a donné des paroles à dire
-    Jésus a donné ces paroles aux disciples
-     Etc.    .........................
Se figurer que l'on n'a rien à recevoir et que l'on doit tout garder, c'est l'enfer. Jésus, lui, a conscience d'avoir tout RECU et, sans rien garder pour lui (même pas sa vie) il a TOUT DONNE.
Les prophètes transmettaient des messages d'un Dieu mais les hommes se retrouvaient toujours sous des lois. Jésus crée la communion : ses disciples, comme lui et après lui, pourront dire NOTRE PERE. 

JESUS PRIE POUR NOUS

Moi, je prie pour eux ; ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés, car ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; je suis glorifié en eux.
Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. 

Jésus a prié pour lui, pour sa Pâque glorieuse qu'il va traverser, pour qu'elle apporte la Vie : ensuite il intercède pour ses pauvres disciples. Car il ne suffit pas d'enseigner, de prêcher : encore faut-il prier instamment pour les autres. De même les parents ne doivent pas seulement éduquer, encourager, redresser mais ensuite prier de tout leur c½ur pour leurs enfants. Et l'éducateur pour ses élèves.

Nous finissons sur un étonnement : Jésus prie pour ses disciples et pas pour le monde ? Non certes qu'il envoie l'humanité dans les ténèbres car il a dit naguère : «  Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique...Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui » (3, 16)
La mission du Fils est universelle, il s'agit bien de reconduire les hommes dans le c½ur du Père mais cette tâche, inaugurée par Jésus, va se poursuivre par ce petit groupe d'hommes. Pierre et les autres, après une brève période d'apparitions, vont se retrouver seuls, investis de la plus formidable mission qui ait jamais été confiée à des hommes : révéler le vrai Dieu, faire sortir les hommes de la boue de la haine, de l'orgueil, de la guerre, du désespoir pour leur révéler le vrai Père et donc leur condition nouvelle de FILS.  Il importe donc d'abord que ce groupe soit fort, convaincu de sa mission, courageux dans les épreuves, solides dans les persécutions.
Il faudra surtout - car là est l'essentiel- qu'il reste uni. La suite de la prière le répètera de façon instante : QU'ILS SOIENT UN COMME TOI ETMOI, PERE, NOUS SOMMES UN.
L'histoire nous apprend, hélas, que très vite, même après cette prière de Jésus et les exhortations brûlantes de Pierre, Jean et Paul, les disciples se sont tiraillés et ont brisé l'unité visible de l'Eglise.

Le temps Ascension-Pentecôte est le temps de la « Neuvaine au Saint-Esprit » qui clôture le temps pascal, temps privilégié de la prière. En faisant la distinction entre Jésus le FILS et nous, les fils, nous pouvons nous approprier cette magnifique prière de Jésus. En tout cas, elle nous fortifie : si nous prions si peu et si mal, Jésus glorifié ne cesse de prier pour nous. Sa mort, les bras écartés en croix, est symbolique de son attitude éternelle : le Crucifié Vivant intercède pour nous, pour ses disciples et pour ce monde qui le refuse mais qui reste « tant aimé » et peut accéder, par nous, à la Révélation.
Tout nous a été donné pour que nous donnions tout.

Ascension

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014

JESUS DERRIERE NOUS ... AU-DESSUS DE NOUS ... DEVANT NOUS

Il y a trois « quarantaines » dans l'évangile de Luc. D'abord 40 jours après la naissance, Marie est venue présenter son enfant au temple de Jérusalem. Le prêtre a accompli les rites prévus sans rien remarquer de spécial: seuls Syméon et Anne, deux « laïcs », deux personnes âgées, animées par l'Esprit, ont reconnu en ce nouveau-né le Messie qu'elles attendaient avec impatience.
Pendant 40 jours après son baptême, Jésus a fait une retraite au désert pour discerner les moyens de faire advenir le Royaume que son Père venait de lui confier. Il lui fallait donc non seulement prêcher mais purifier le temple gangrené par des pratiques inacceptables. A nouveau si des gens du peuple ont pressenti en lui le Messie, les grands prêtres ne le reconnurent pas et le condamnèrent. Le temple de pierres refusa l'entrée du Fils de Dieu !
Mais son Père l'a ressuscité et alors à nouveau Jésus a entraîné ses disciples dans une nouvelle retraite de 40 jours afin de rectifier leurs fausses conceptions d'un Royaume national et conquérant et leur expliquer ce qu'était vraiment le Royaume des béatitudes qu'il venait d'inaugurer grâce à sa croix et à la résurrection.
CHER THEOPHILE, dans mon premier livre, j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le moment où il commença, jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l'Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu'il avait choisis. C'est à eux qu'il s'est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du Royaume de Dieu
Cette « quarantaine » du temps pascal est donc un temps essentiel où nous acceptons de réformer nos conceptions religieuses car nous aussi, comme les apôtres, nous restons balourds, durs à bien comprendre, ambitieux, confondant le Royaume avec nos réussites, voulant une Eglise puissante et impériale, nous jalousant les uns les autres, refusant la nécessité de la croix, aimant trop mal et espérant trop peu. Esprits aveugles, nous relisons à fond l'Evangile, nous n'en rejetons plus les passages trop exigeants, nous ne l'arrangeons plus selon nos idées, nous nous mettons à l'écoute du Christ Seigneur qui à nouveau nous explique, nous éclaire, chasse nos doutes.

LA MISSION URGENTE ET L'ESPRIT INDISPENSABLE

Cette quarantaine se termine sur une question : comment porter l'Evangile à toutes les nations, et d'abord à notre entourage ? Comment être une communauté fraternelle qui témoigne de la victoire de Jésus sur la mort ? Comment ouvrir les c½urs à la Bonne Nouvelle ? Nous nous rendons compte que cette tâche est très au-dessus de nos capacités. Evangéliser ne se fait pas uniquement avec des talents, du dynamisme, de l'enthousiasme, du sens de l'organisation, des moyens humains car personne, par ses propres ressources,  ne peut offrir à l'autre la Lumière de la Bonne nouvelle, le convaincre du pardon des péchés et d'une mondialisation possible sous le regard de Dieu Père de tous les hommes.
L'Evangélisation requiert le SAINT ESPRIT, le Souffle dynamique de Dieu, seul capable d'ouvrir les c½urs à l'Evangile. 

Au cours d'un repas qu'il prenait avec eux, il leur donna l'ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre que s'accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l'avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l'eau, vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés d'ici peu de jours. » Ainsi réunis, les Apôtres l'interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors MES TEMOINS à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. »

Il est vain et ridicule de spéculer sur les dates et les délais, de vouloir connaître le calendrier de Dieu, et il est absurde d'attendre encore un « royaume » nationaliste et ambitieux.
Ce qui d'abord importe c'est de reconnaître ses limites, d'avouer ses faiblesses et d'accepter de recevoir le Don suprême de Dieu : l'ESPRIT SAINT, le SOUFFLE DE DIEU, le PARACLET, le DEFENSEUR, le DYNAMISME, LA FORCE DIVINE nous rend acteurs de l'évangélisation.
Vous serez « baptisés dans l'Esprit» c.à.d. plongés dedans ; il sera votre nouveau milieu de vie, en lui vous ne serez plus « essoufflés » spirituellement...Et il « viendra sur vous » : vous serez investis, recouverts comme par une cuirasse qui vous protégera contre les traits des injures et des menaces.

Et alors « VOUS SEREZ MES TEMOINS » : là est l'½uvre de l'Eglise : rendre témoignage à Jésus, le faire connaître, renverser les caricatures qu'on en a, chasser le scepticisme, aider toute âme à faire la connaissance du Jésus tel qu'il se révèle dans les évangiles, raconter ses paraboles, dévoiler son c½ur, ouvrir à son mystère de mort et de résurrection, offrir sa Paix.

L'ASCENSION ET LA NEUVAINE AU SAINT ESPRIT

Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s'éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d'auprès de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel. »
Il faut s'y résoudre : il n'y aura plus d'apparitions. Le temps de la vision est passé : nous sommes dans le temps de l'audition. Montrer le Christ, c'est faire résonner sa Parole. Le contempler, c'est lui obéir.
Il n'y a rien de plus urgent, de plus capital : ne restons pas le nez en l'air, perdus dans une contemplation éthérée. L'Ascension guérit les disciples béats, nostalgiques, peureux : elle nous envoie au c½ur du monde afin d'annoncer ce qui manque le plus aux hommes : l'ESPERANCE. Car si la mort reste inéluctable,  si la recherche scientifique est indispensable pour dominer le monde, améliorer nos conditions d'existence, vaincre les maladies, rien ni personne ne nous donnera jamais la révélation du terme véritable de notre chemin terrestre.
Les Apôtres gardaient le souvenir de Jésus, ils répétaient ses paroles mais surtout, plus encore, ils frémissaient d'impatience de le revoir. Ils en étaient certains : Christ n'est pas notre passé, il n'est pas là-haut derrière les nuages, il est devant nous, au terme de cette vie où ne manqueront jamais peines et angoisses.
Mais à une condition : au préalable nous unir dans LA PRIERE pour ATTENDRE...DESIRER...ouvrir nos c½urs au Don divin. Les apôtres prolongèrent la quarantaine par 9 jours supplémentaires de prière et ainsi atteindre le nombre 50 couronnant la série de 7 x 7 semaines, fête de la « Pentecôte ». Le temps pascal (50 jours - plénitude) est plus important que celui du carême (40 -préparation).

Alors, ils retournèrent à Jérusalem depuis le lieu-dit « mont des Oliviers » qui en est proche...À leur arrivée, ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement ; c'était Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d'Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. Tous, d'un même c½ur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères.
Ils se réunirent à l'étage afin de n'être pas dérangés, ils se coupèrent des distractions du monde afin de pouvoir ensuite lui donner l'essentiel. Ils ne s'enfermèrent pas dans le silence mais discutèrent pour s'éclairer les uns les autres. Ils ne se chamaillaient plus pour obtenir les meilleures places : enfin les Douze n'avaient qu' «seul c½ur » (Actes Apôtres) et Pierre était reconnu premier.
Marie sans doute leur racontait les débuts de son aventure et ils comprenaient qu'il faudrait faire comme elle : accepter en eux Jésus et l'Esprit (Annonciation), sortir et rencontrer les autres (Visitation), et chanter, chanter sans cesse : MAGNIFICAT !
MAGNIFIQUE EST NOTRE DIEU : IL FAIT POUR NOUS DES MERVEILLES.

Ascension

Auteur: Wiliwoli Augustin
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014


6e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

AIMER PARCE QUE AIMÉ

Dans la première partie de son discours d'adieu (Jn 14 - dimanche passé), Jésus exhortait ses disciples à CROIRE en lui - seule manière de surmonter les scandales et les doutes : « Ne soyez pas bouleversés : vous croyez en Dieu : croyez aussi en moi ».
Et immédiatement il les appelait à ESPERER avec une confiance absolue: « Je vais vous préparer une place... je vous prendrai avec moi....».
Aujourd'hui, dans la deuxième partie, il nous parle d'AIMER.
Si nous acceptons de vivre cette triple attitude - CROIRE, ESPERER, AIMER -, alors, avec logique, la troisième partie pourra conclure : «  Je vous donne ma paix : ne soyez pas bouleversés » (14, 27)

SI NOUS AIMONS CELUI QUI NOUS A AIMES JUSQU'AU BOUT

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples :
« Si vous m'aimez, vous resterez fidèles à mes commandements.
Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c'est l'Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas. Vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il est en vous.
Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D'ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
Celui qui reçoit mes commandements et y reste fidèle, c'est celui-là qui m'aime ; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. »

Le texte est encadré par une affirmation identique qu'il importe d'expliquer en détail.

AIMER JESUS. La foi chrétienne n'est pas une simple croyance en une divinité mystérieuse ni une supposition sur l'au-delà. Me croire, dit Jésus, c'est m'aimer. Qu'est-ce à dire ?
ACCEPTER SES COMMANDEMENTS. Cet amour n'est pas un sentiment qui va et qui vient, une sensation qui apparaît et disparaît selon nos humeurs mais l'accueil des commandements de Jésus. Il importe donc au point de départ de s'informer, d'apprendre le contenu de l'Evangile qui rapporte tous les enseignements de Jésus. La foi est donc obéissance au sens ancien : « ob-ouïr » : se placer en-dessous d'une Parole afin d'en être serviteur.
PERSEVERER DANS LA PRATIQUE. L'élan premier de la foi doit se prolonger jusqu'à devenir fidélité c.à.d. persévérance dans un style de vie que l'on a adopté. Il y aura certes interrogations, doutes, tentations, risques d'abandon : c'est à travers ce combat que la foi s'approfondira et prendra racines.
LE C¼UR DES COMMANDEMENTS. Jésus a énoncé plusieurs commandements à ses disciples (« Ne servez pas l'argent...Veillez...Priez... ») mais tous finalement se résument à deux :
« Vous croyez en Dieu : croyez aussi en moi » (14, 1).
Et : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (15, 12.17)
AVEC LIBERTE. « Si vous m'aimez... » : Jésus ne force pas, il n'impose rien, il ne viole pas les consciences mais il invite, il propose à une liberté qui doit se prononcer de façon personnelle. On peut refuser l'appel (le jeune homme riche), on peut décider de ne plus suivre Jésus (beaucoup de disciples : 6, 66), on peut trahir (Judas). Si on manque de courage (Pierre : 13, 38), toujours Jésus revient  (21, 15). Jamais le lien à Jésus n'enferme dans un carcan puisqu'il est amour libérateur.

ATTENTION !!! L'AMOUR DE JESUS POUR NOUS EST SOURCE. Mais le point essentiel a été dit dès le début du récit des adieux : « Jésus ayant aimé les siens les aima jusqu'au bout » (Jn 13,1). L'amour premier, fondamental, inconditionnel est celui de Jésus pour nous : il se fait notre serviteur, il donne sa vie pour nous. Sa croix et son pardon suscitent notre possibilité de l'aimer en retour. Notre amour n'est jamais premier. C'est la confiance qui conduit à l'amour et non l'inverse (Ste Thérèse de Lisieux)
« Il faut rendre aux chrétiens le sens de la grandeur qui demeure en eux » (inspiré d'une formule d'A. Malraux)
LA PREMIERE PROMESSE DE L'ESPRIT

Le c½ur des adieux de Jésus, ce sont les 5 promesses de l'Esprit dont voici la première.   

Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c'est l'Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas. Vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il est en vous.
Jésus va disparaître et ses disciples vont avoir l'impression d'être laissés à eux-mêmes, fragiles, ignorants, incapables de se défendre. Qu'ils se rassurent : Dieu leur donnera un autre Paraclet (= Avocat) et ce « Défenseur » ne les quittera jamais plus. « Le monde » c.à.d. la zone d'humanité  qui se ferme à Jésus et qui refuse de l'aimer, restera sceptique et moqueur car pour lui, seul existe l'esprit de l'homme avec sa conscience, sa morale, ses appétits.
Par contre, pour les disciples croyants et aimants, le don de Dieu deviendra une expérience vitale, indéfectible.  L'Esprit, c.à.d. le Souffle, la force d'amour qui vient de la Vérité de Dieu les conduira dans la Vérité et, au fur et à mesure de leur persévérance, cet Esprit leur sera présent de façon de plus en plus intime : d'abord « avec » puis « auprès de » puis « en vous ». La foi intériorise, personnalise l'Esprit.
De saint Paul à François d'Assise, de saint Vincent de Paul à l'abbé Pierre, tous les géants de la foi affirment n'être pas des héros mais des hommes animés par une Force reçue et extraordinaire.

LE CROYANT TEMPLE DE DIEU

Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
D'ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi.
En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
Celui qui reçoit mes commandements et y reste fidèle, c'est celui-là qui m'aime ;
et celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Pour l'incroyant, Jésus est tout au plus une grande figure du passé, un révolutionnaire qui a échoué et qui a disparu comme tous les hommes. Mais tout de suite, les apôtres ont affirmé que Jésus vivant était revenu vers eux, qu'il n'était plus un prophète que l'on suivait, un maître que l'on écoutait, mais une présence intérieure qui à leur tour les rendait vivants d'une Vie nouvelle.
On le voit nettement dans les « Actes des Apôtres »: les disciples n'ont pas la nostalgie du temps où ils suivaient Jésus sur les routes de Galilée, ils ne sont pas tristes comme les disciples d'un gourou disparu, ils ne font pas de pèlerinage au tombeau, ils ne prient pas pour bénéficier d'apparitions.
Ils sont absolument persuadés et ils l'affirment même au prix de leur vie : ce Jésus qui était un grand prophète ou même un messie politique que l'on suivait avec fougue, nous avons découvert, depuis Pâques, qu'il est le Fils vivant en son Père, donc il vit en nous... donc nous vivons vraiment. Jésus n'est pas le fondateur d'un groupe religieux : il est dans son Eglise et l'Eglise est sa communion.
La « foi espérante et aimante » permettait à ces pauvres hommes sans pouvoir et sans éclat, d'être habités par un Dieu qui était leur Père, par Jésus Seigneur ressuscité et par l'Esprit de Vie.
Ainsi, après le temple de Salomon et celui d'Hérode, le 3ème temple, définitif, inébranlable, est fondé : il n'est plus constitué de pierres mais d'êtres humains qui ont enfin découvert le don de leur identité divine.

5e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

Depuis plusieurs années, il y a quelque chose qui m'étonne et m'attriste dans notre monde occidental.  Il s'agit du nombre de personnes tant hommes que femmes qui décèdent durant la première année de leur retraite.  Alors qu'ils ont attendu ce moment pendant plusieurs décennies, voilà qu'ils ne profiteront pas de cette nouvelle étape de la vie.  Une explication plausible serait la suivante.  Dans notre société, nous sommes priés de conjuguer le verbe « faire » à tous les temps.  Seul le « faire » importe et tellement il importe que parfois il nous emporte.  Celles et ceux qui ne « feraient » pas ou qui ne feraient « plus » par décision volontaire ou par circonstances de la vie, n'ont plus droit au chapitre.  Ils ne s'inscrivent plus dans cette société qui ne se définit que par son « faire ».  Combien de fois, n'ai-je entendu des personnes qui se plaignaient que parce qu'elles ne travaillaient pas, on leur disait qu'elles ne pouvait pas comprendre la vie.  Une telle conception de l'existence est à dénoncer à tout prix car le risque est grand : il est celui de nous identifier tellement à notre « faire » que lorsque nous ne faisons plus, nous n'existons plus.  C'est comme si nous avions perdu notre propre identité.  Je ne suis pas entrain de chercher à prôner une société fondée sur l'oisiveté, la fainéantise.  Loin s'en faut.  Je pense qu'il est plus que temps que nous remettions le « faire » à sa juste place et que tout être humain puisse à nouveau se définir par son « être ».
Tel est d'ailleurs le sens de l'évangile de ce jour.  Le Christ ne nous dit pas : « Je fais le chemin, la vérité, la vie ».  Non, il proclame : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ».  Pour Dieu, toute créature humaine existe par son être.  Nous sommes appelés à devenir, à accomplir notre propre destinée non pas d'abord en faisant mais bien en étant.  En effet, le jour où nous mourrons, nous laisserons sur cette terre tout ce que nous avons fait mais nous passerons la porte de la mort pour entrer dans la vie éternelle avec tout ce que nous sommes devenus.  N'est-ce pas cela le sens même de la résurrection qui agit déjà en nous ?  S'il en est ainsi, voilà la question que nous avons à nous poser avant toute autre : qui suis-je ?  Qui suis-je non pas d'abord aux yeux des autres mais de moi-même ?  Chacune et chacun d'entre nous, nous sommes en chemin dans notre vie et celle-ci s'éclaire par notre vérité intérieure.  Nous devons oser affronter notre propre réalité, nos forces et nos fragilités, nos bonheurs et nos errances, nos accomplissements et nos transgressions, nos tendresses et nos blessures.  Toutes ces réalités façonnent, pétrissent notre identité.  En effet, tout au long de notre vie, notre être se construit également par le biais des rencontres que nous sommes amenés à vivre.  Des événements heureux ou dramatiques vont traverser nos existences et rien ne sera plus jamais comme avant.  Nous apprenons à les intégrer dans nos histoires.  Nous mûrissons, nous grandissons en humanité même si cela prendra parfois le temps de toute une vie surtout lorsque nous avons été bouleversés par l'injustice de celle-ci. Il y a donc tout ce travail intérieur de vérité et d'acceptation de nos réalités.  C'est bien à partir de cette prise de conscience de qui je suis aujourd'hui sur le chemin de ma propre existence que je puis me poser l'autre question fondamentale : qui est-ce que je souhaite être ?  En effet, nous sommes des êtres en devenir, jamais pleinement réalisés.  Répondant à cette question, nous pouvons alors nous demander ce que nous avons à mettre en place, à faire pour devenir qui nous voulons être.  L'être prime donc toujours devant le faire.  Ou pour le dire autrement, le faire est la conséquence de notre être.  Il ne peut en être sa finalité.  Toutes et tous, nous avons à être dans la spécificité et l'unicité de ce que nous sommes. Et pour le devenir nous avons à poser des actes.  Ces derniers s'inscrivent à la suite du Christ qui nous offre le chemin sur lequel nous nous construisons, à la suite du Christ qui nous éclaire de la vérité qui est en Dieu, à la suite du Christ qui nous ouvre à la vraie vie, celle de notre être pour l'éternité.
Amen

 

4e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

« Je suis le bon pasteur, c'est-à-dire le vrai berger » : l'Evangile de Jean a ceci de caractéristique qu'il est le seul à présenter Jésus en train de dire : « je suis ».  Il le fait à plusieurs reprises : je suis le pain de vie, je suis la lumière du monde, je suis la résurrection et la vie.  Tous ces titres nous rappellent combien Jésus dépasse notre entendement.  Dieu est plus grand que notre c½ur et que notre intelligence.  Tout ce que nous pouvons savoir de Dieu, ce n'est qu'un petit aspect de cette immense et insondable personnalité qu'est le Christ, qu'est Dieu.  Voilà pourquoi il y a dans l'Eglise tant de mouvements et tant de tendances différentes.  Il y a les conservateurs et les progressistes.  Il y a les charismatiques et les fonctionnaires du culte.  Toutes ces images de Dieu, toutes ces sensibilités dans la foi et dans l'engagement chrétien sont autant de cordes dans un piano, autant de fleurs différentes dans un bouquet.  Tous ces différents titres donnés à Jésus sont autant de cris de joie et d'émerveillement devant la splendeur du Bien-aimé.  Tout cela nous invite à la modestie et à la reconnaissance.  Non ! Je ne suis pas plus malin qu'un autre.  Je n'ai qu'une petite perception de l'immense et insondable mystère qu'est l'amour de Dieu pour chacun d'entre nous.
Cette modestie nous permet et nous invite à accepter ce titre de gloire d'être des brebis, les brebis du Seigneur.  Certes, dire de quelqu'un que c'est une brebis, un mouton, ce n'est pas une remarque flatteuse.  Cela évoque la soumission et la bêtise.  Non, sommes-nous prêts à crier, non, je ne suis pas un mouton, je suis fort et fier, prêt à me battre pour ma liberté et mon indépendance. Mais que nous dit le texte ? « Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom ».  Oui, en vérité, je ne suis pas un homme perdu dans l'immensité froide et sombre de l'univers, je ne suis pas perdu dans le fleuve immense de l'histoire de l'humanité.  Fussé-je un grain de sable sur le rivage de l'éternité, Dieu connaît mon nom et il m'appelle par mon nom et je le suis parce qu'il me connaît personnellement. Et ce Dieu, il me met en garde, en garde de suivre de faux bergers, de faux pasteurs.  Et quels sont-ils ces pasteurs qui suivent leur propre intérêt ? Ne serait-ce pas moi, moi-même quand emporté par l'orgueil je veux imposer ma conception étroite et partielle de Dieu, quand je parle intelligemment de la vraie Eglise alors que par mes propos je déchire le manteau sacré de Jésus crucifié ?
Oui, l'Evangile d'aujourd'hui nous invite à la modestie et à l'humilité.  Non pas à une humilité de ver de terre devant la toute-puissance de Dieu, mais l'humilité admirative du croyant devant l'immense bonté de Dieu pour chacun d'entre nous, l'humilité de celui qui reconnaît que Dieu est beaucoup plus grand, beaucoup plus beau que je ne peux l'imaginer, et qu'avec tous mes frères et s½urs j'essaie de chanter.  Oui, Dieu nous appelle tous par notre nom et tous nous le suivons parce qu'il est la voie, la vérité et la vie.

4e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

SUIVEZ LE GUIDE

Chaque année, en ce 4ème dimanche de Pâques, la très célèbre parabole du Bon Pasteur est lue, par fragments. Contrairement à certaines représentations mièvres et « bêlantes », elle n'évoque pas une scène pastorale paisible : elle est une arme de combat. Jésus la destine aux Pharisiens, à ses adversaires acharnés qui l'accusent d'être un « possédé de Satan » (8,48) et qui, avec les grands prêtres, sont décidés à le faire mourir le plus tôt possible. Jésus y affirme la fonction que son Père lui a confiée : devenir le guide unique et définitif des hommes. Et il ne faut jamais oublier que « les Pharisiens » ne désignent pas uniquement le groupe des adversaires juifs de Jésus mais une mentalité, un comportement, une piété hypocrite. Et cette dérive épouvantable se retrouve dans toute religion...y compris celle de Jésus !

LE SEUL VRAI GUIDE DE L'HUMANITE

Jésus parlait ainsi aux Pharisiens : «  Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l'enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c'est le pasteur, le berger des brebis.
Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s'enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
Jésus se situe par contraste avec d'autres qui prétendaient diriger le peuple : soit ils le font pour s'enrichir, comme Judas, le voleur qui dérobait l'argent dans la bourse (12,6), soit ils recourent à  la violence, comme Barabbas, le bandit condamné pour meurtre (18, 40).
Moi, affirme Jésus, je n'ai ni ces mobiles ni ces moyens pervers : je viens les mains vides, sans cupidité et sans haine. C'est pourquoi Dieu, mon Père, m'a envoyé et m'a ouvert l'accès à tout Israël : c'est parce que JE SUIS LE BERGER et non un mercenaire. Et Jésus développe en images sa mission, sa méthode :

JE FAIS ENTENDRE MA VOIX : La seule arme de Jésus, c'est sa Parole, la Bonne Nouvelle qu'il n'a cessé de proclamer. Devant tous les auditoires, en ville comme dans les villages, il parle sans fard, sans ruse, sans prétention intellectuelle ; il respecte toute personne, il ne viole pas les consciences, il fait appel à la liberté de chacun. D'ailleurs  IL EST LA PAROLE, LE LOGOS, LE SENS, LA RAISON.

J'APPELLE MES BREBIS, CHACUNE PAR SON NOM : Jésus n'enrôle pas une masse,  il ne tient aucun discours électoral pour appâter la foule par des promesses aléatoires. Sa Parole appelle chacun et chacune « par son nom » c.à.d. de façon personnelle : tel disciple fondera une famille, tel autre laissera tout pour le suivre sur une route ardue, tel autre portera un lourd handicap. Mais chacun, à sa manière, se sent interpelé et a une vocation. Jésus ne se vante pas de ses propres qualités : ceux qui lui font confiance sont ceux que le Père lui donne (10,29 ; 17, 2-6-9...), il  les reçoit comme des cadeaux de son Père. Ce sont « ses brebis » : son amour pour elles est tel qu'elles ne sont jamais aliénées.

IL LES FAIT SORTIR : sa Parole n'est pas caresse, tranquillisant, somnifère, elle n'encourage pas à rester ce que l'on est, bercé par des rites et une bonne conscience. Elle tranche dans le vif, elle met debout, elle exige une décision coûteuse : accepter de quitter son bien-être et ses certitudes pour commencer une aventure. De même que Moïse avait fait sortir (exode) les esclaves hébreux d'Egypte, leur avait transmis la Loi de Dieu et les avait conduits à travers le désert, ainsi à présent Jésus fait sortir (nouvel exode) ses disciples de la servitude d'une religion devenue hiératique, pointilleuse, culpabilisante, pharisienne, il leur donne l'Esprit de Dieu afin de les conduire à la Vie éternelle. Juste avant cette parabole, il y a eu un exemple : Jésus « a fait sortir » l'aveugle-né (9).

LE BERGER MARCHE A LEUR TETE : Jésus n'est pas un chef planqué à l'arrière et envoyant ses troupes au front. L'Evangile le montre marchant toujours en tête de ses disciples, le premier à essuyer sarcasmes, critiques, injures. Et lorsque le danger menace, c'est lui qui s'avance vers Judas et la troupe venue l'arrêter. « C'est moi ; laissez donc aller ces hommes » (18,8). Lorsqu'il s'agit de donner sa vie, c'est Lui seul qui s'offre.

LES BREBIS LE SUIVENT CAR ELLES CONNAISSENT SA VOIX : les disciples ne sont pas des pèlerins en Terre Sainte à la recherche de vestiges improbables de Jésus. Le suivre  signifie prêter l'oreille à ce qu'il dit et obéir en toute fidélité à sa Volonté. Comme les disciples d'Emmaüs, nous croyons connaître les Ecritures et nous sommes à côté de la plaque. Si les premiers chrétiens se sont appelés « disciples », ce n'est pas parce qu'ils acceptaient une « discipline » mais qu'ils voulaient  « apprendre » toujours mieux le message d'une Voix qui commandait des refus radicaux et forçait à se démarquer de l'entourage.

JAMAIS ELLES NE SUIVENT UN ETRANGER PARCE QU'ELLES NE CONNAISSENT PAS SA VOIX. Bombardé de messages séducteurs, sollicité  par des promesses de bonheur et d'épanouissement, le vrai disciple développe son instinct de foi qui lui permet de discerner entre toutes la Voix de son Seigneur. Au niveau religieux, social, politique, il débusque les mensonges, il flaire les pièges, il refuse d'être mené par le bout du nez. Car le disciple de Jésus est tout sauf « un mouton de Panurge ».
Il faudrait dire « il devrait » car hélas, combien de fois les baptisés ont suivi des leaders fous (Hitler), ou se sont lancés dans des croisades (L'Eglise), ont provoqué des carnages (Rwanda) ou aujourd'hui, se laissent embobiner par le « bling-bling » d'une société qui idolâtre l'argent et le profit, ne voient même plus qu'ils trahissent l'Evangile par une vie païenne saupoudrée de quelques rites religieux.

JESUS LA PORTE DE LA LIBERTE ET DE LA VIE

Jésus employa cette parabole pour s'adresser à eux, mais ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C'est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé : il pourra entrer et sortir, il trouvera un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, la vie en abondance ».
Sans cesse des leaders se levaient et promettaient à Israël d'ouvrir les portes de la prison où l'enfermaient les puissances païennes. Contre ces essais pervers, Jésus proclame qu'il est le seul qui peut apporter la véritable libération. Non même par son message ou ses actions mais par son être, sa personne. Une fois encore, Jean approfondit la présentation des premiers évangélistes : chez eux Jésus enseignait où est « la porte étroite » pour entrer dans le Royaume. Chez Jean, Jésus EST LA PORTE.
Quiconque le découvre et communie à lui « sera sauvé ». Ce thème majeur est rare chez Jean : ici il l'explique. Le salut de l'homme, c'est deux choses :
1 ) la liberté. Le vrai disciple peut « aller et venir » sans entraves : ses croyances, ses cérémonies, son appartenance à l'Eglise ne sont pas des carcans qui l'étouffent, des obligations insupportables. Et même ses péchés ne  l'emprisonnent pas puisque son Seigneur lui offre sans cesse son pardon. « Va, je ne te condamne pas et ne pèche plus » (8,11). La foi est vie au grand air, liberté.
2) la nourriture c.à.d. la vie. Dans une société qui idolâtre la consommation et promet la vie par les dépenses et les divertissements, le disciple découvre que ces nourritures terrestres sont toujours décevantes. Il s'émerveille de constater que la Parole de Dieu dans l'Evangile, le Pain partagé avec ses frères « le jour du Seigneur », la communion fraternelle,  le nourrissent sans le gaver, l'épanouissent sans décevoir. « Je suis le Pain vivant : celui qui mangera de ce Pain vivra pour l'éternité » (6, 51).
----- Et la page du jour se termine par une des plus magnifiques déclarations de Jésus, Berger et Porte :
« JE SUIS VENU POUR QUE LES HOMMES AIENT LA VIE, LA VIE EN SURABONDANCE ».
Fr. Nietzche écrivait : « Je croirais en leur Dieu s'ils avaient l'air un peu plus sauvés ». Le pape François nous exhorte à ne pas avoir peur : « Ne sommes-nous pas souvent fatigués, déçus, tristes ? Ne nous replions pas sur nous-mêmes, ne perdons pas confiance...Il n'y a pas de situations que Dieu ne puisse changer...Accepte que le Christ ressuscité entre dans ta vie, accueille-le comme ami.....
Il est la VIE. S'il te semble difficile de le suivre, n'aie pas peur, fais-lui confiance. Il est proche de toi, il est avec toi... » (30 mars 2013)

2e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

LA PRÉSENCE DU SEIGNEUR DANS SON ASSEMBLÉE.

Pendant 7 semaines (une est déjà passée), nous vivons « le temps pascal », « la Grande Cinquantaine », la période la plus importante de l'année. Baignant dans l'allégresse, nous scrutons l'Evangile pour mieux comprendre Pâques et nous prions pour que vienne l'Esprit de Dieu à la Pentecôte. En effet s'il est bon de « faire » des petits sacrifices au long des 40 jours de carême, c'est dans le but de vivre les 50 jours du temps pascal en « se laissant faire » par l'Esprit-Saint.

UNE PRESENCE NOUVELLE

Comme les trois autres évangélistes, Jean souligne que la découverte de Jésus ressuscité s'est réalisée le lendemain du shabbat, donc le premier jour de la semaine. Ecrasés de honte après leur lâche abandon du maître et morts de peur, les apôtres s'étaient calfeutrés dans une maison. Marie-Madeleine, le matin même, avait découvert le tombeau vide (ce que Pierre et Jean avaient confirmé) et elle avait affirmé qu'elle avait rencontré Jésus vivant ! Vrai ou faux ? Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Tout à coup :
Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! ». Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Impossible de décrire ce qu'est Jésus ressuscité, tout différent de ce qu'était Lazare réanimé car désormais il échappe à la matérialité et aux contraintes de l'espace-temps et nul verrou ne peut lui interdire le passage. D'abord il est présent au milieu des siens : il ne leur fait nul reproche et au contraire il  leur donne sa paix. Ce n'est pas un salut banal : cette paix est le fruit des plaies qu'il exhibe, de sa Passion qu'il a vécue par amour pour eux. Aussitôt leur peur disparaît, leurs doutes s'évanouissent et ils sont comblés d'une joie indicible, celle qu'il leur avait promise lors de l'ultime soirée : « Je vous verrai à nouveau, votre c½ur se réjouira et cette joie, nul ne vous la ravira » (Jn 16, 22).
Ce Jésus que nous avons si souvent trahi revient toujours  parmi nous, sans colère, car il veut enfin nous faire comprendre sa miséricorde. Pourquoi tant de chrétiens à l'air triste, au visage fermé ? Ne savent-ils pas que, sorti de la tombe, Jésus est capable de nous faire sortir de nos craintes ? Sa mort offerte et sa Vie nouvelle « ressuscitent » l'Eglise trop souvent enfermée dans sa tiédeur et ses routines.

DON DE L'ESPRIT ET MISSION

Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. ». Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Jésus a toujours considéré sa vie comme celle du Fils envoyé par son Père pour accomplir le sauvetage de l'humanité embourbée dans ses vices, sa violence, son orgueil. Il a accompli l'essentiel de cette ½uvre : à présent il envoie ses disciples pour annoncer cette Bonne Nouvelle à tous les peuples. Ils vont prolonger son envoi aux hommes : c'est pourquoi ils doivent au préalable, comme lui, être remplis de l'Esprit de Dieu.
Lorsque, 5 siècles auparavant, les Juifs, déportés à Babylone, se croyaient en voie d'extinction,  le prophète Ezéchiel leur avait rendu l'espérance (37, 11-14) :

« Ils disent : « Nos ossements sont desséchés, notre espérance a disparu, nous sommes en pièces. Ainsi parle le Seigneur : « Je vais ouvrir vos tombeaux, je vous ferai remonter et vous ramènerai au pays...Je mettrai mon Souffle en vous pour que vous viviez : ainsi vous connaîtrez que c'est Moi, le Seigneur, qui réalise ».
Jésus basculé dans la fosse de la mort a vécu cette expérience : puisque Dieu l'en a fait sortir, il peut maintenant prolonger cette action en déverrouillant ses disciples de la peur où ils s'enfermaient : l'Esprit, c.à.d. le Souffle, les relève, les unit dans la communion et va les envoyer proclamer le Message pascal...qui consiste à proposer le pardon des péchés à quiconque le demandera.
La mission n'est donc pas catalogue de dogmes, leçon de morale, obligation de rites mais fondamentalement annonce du pardon de Dieu qui vient des plaies de Jésus. Certains, hélas, déclineront cette offre de miséricorde : l'Eglise prie pour qu'ils sortent de leur refus et la rejoignent dans la grâce.

CHAQUE DIMANCHE OUVRE A LA FOI DONC À LA VIE

Or, l'un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c'est-à-dire Jumeau), n'était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! ».Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! ». Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! ». Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant ». Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».
Il faut être avec les autres car la foi n'est jamais une piété individuelle, une croyance cachée. Barthélemy n'ayant pas vécu l'expérience pascale, se braque dons son incrédulité. Tous les autres Apôtres ont beau sauter de joie, lui répéter qu'ils n'ont pas rêvé, que Jésus est vivant... : il ne parvient pas à leur faire confiance. Pour lui la résurrection est impossible.
« Huit jours plus tard » c.à.d. le premier jour de la semaine suivante, tout le groupe est à nouveau réuni... tant il est vrai que c'est le dimanche que tous les croyants doivent se rassembler et que chacun se doit de les rejoindre puisque c'est là que Jésus est présent au milieu d'eux.
Infiniment bon et patient, Jésus accède à la demande de Barthélemy mais c'est pour lui confier qu'il a eu tort de ne pas croire ses collègues et que dorénavant, comme tous, il doit croire sans voir.
La méditation de la Passion de Jésus, la réflexion sur ses souffrances, la pensée de ses plaies en même temps que l'annonce unanime des croyants et leur joie d'être unis dans une communauté pacifiée et pacifiante : voilà les signes à présenter à tout homme. Rendu à l'évidence, Barthélemy murmure la profession de foi la plus haute de tout l'Evangile : « MON SEIGNEUR ET MON DIEU »

CONCLUSION DU LIVRE DE JEAN

Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Jean n'a pas voulu raconter des « miracles » pour que le lecteur admire et s'extasie  mais des « signes » c.à.d. des faits qui intriguent, font réfléchir, conduisent à l'interrogation à propos de leur auteur.
Jean a écrit dans un but unique : « ...que vous croyez qui est Jésus, Fils de Dieu ». Cette foi libère des carcans de la culpabilité; elle donne un bonheur indicible et une joie inaltérable; elle accueille le don de l'Esprit ; elle unit dans la communion de l'Eglise ; elle envoie en mission pour offrir le pardon et donner la Paix du Christ à tous les peuples. Bref elle donne la VIE.

2e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

Le personnage central de l'Evangile d'aujourd'hui est sans conteste saint Thomas.  Et le pauvre Thomas joue un rôle bien particulier : il est incrédule, il a du mal à croire.  Cela fait de lui la cible rêvée pour tous les gens bien-pensants.  Comment Thomas a-t-il pu douter ? Nous, au moins, nous croyons même si nous ne voyons pas Jésus ressuscité, même si nous ne touchons pas son corps transpercé.  Et pourtant Thomas n'est-il pas notre frère ? Thomas n'est-il pas notre jumeau ? Regardez : dans l'Evangile, on nous dit qu'il s'appelle « Thomas dont le nom signifie jumeau », mais de qui est-il le jumeau ? L'Evangile ne le dit pas, peut-être parce que Thomas résume à lui seul tout un aspect de notre destinée humaine.

C'est lui qui, pendant la Dernière Cène, crie avec tous les autres : non, Jésus, nous ne t'abandonnerons pas (Matthieu 26, 35).  Et c'est vrai que, quand tout va bien, on est prêt à crier notre joie d'être chrétien. On est même prêt à réformer l'Eglise pour qu'elle soit plus vivante, plus proche du peuple, moins hiérarchique.  On est prêt à donner des leçons à tout le monde, au pape, aux évêques, aux prêtres, aux vicaires.  Mais quand viennent les grandes difficultés, c'est la débandade, le découragement, l'éloignement.  Non, je ne vais plus à l'église parce que le curé ne me plaît pas, parce que le vicaire est vraiment trop bête.  Après l'enthousiasme, c'est le découragement, l'abandon.  Et pour revenir, il nous faut un signe fort, quelque chose de concret, de révolutionnaire. Et qu'est-ce que Thomas a touché ? Des plaies, des trous dans la chair.  Thomas a découvert l'amour dans la souffrance.

Et c'est là, sans doute, un peu l'ambiguïté de toute notre attente. Nous attendons, nous espérons une vie calme et paisible, rayonnante de la chaleur d'un amour perpétuel.  Et nous voyons que le Christ a renoncé à son confort du ciel, aux milliers d'anges qui l'adorent et qui le servent.  Il est venu parmi nous par amour.  Et qu'a-t-il rencontré ? La trahison, la souffrance, la mort.  Et c'est cela sans doute que saint Thomas a découvert tout émerveillé : l'immensité de l'amour de Dieu pour chacun d'entre nous.  Dieu a renoncé à la vie, à l'amour, au succès pour nous arracher à la solitude et au désespoir.  Alors, oui, sans doute, puissions-nous, nous aussi, comme saint Thomas, nous exclamer, tout étonnés : « mon Seigneur et mon Dieu ».  Puissions-nous, nous aussi, parfois renoncer à notre confort pour offrir aux autres le meilleur de nous-mêmes, l'amour que Dieu a pour chacun d'entre nous.

 

Dimanche de Pâques

Auteur: Braun Stéphane
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014