3e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

QUEL EST LE TRAVAIL ESSENTIEL DE L'EGLISE ?

JEAN DISPARAÎT : JESUS ENTRE EN SCÈNE


Quand Jésus apprit l'arrestation de Jean Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord du lac, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe :
« Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée,
toi le carrefour des païens : le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays de l'ombre et de la mort, une lumière s'est levée ».
A partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer :
« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche».
Jean-Baptiste, prophète courageux, qui osait dénoncer le péché du roi, est arrêté et jeté en prison. A cette nouvelle, ses disciples se dispersent et Jésus fuit au nord, en Galilée. Plus tard, apprenant que les pharisiens ont décidé sa mort (12,15) puis encore lorsque Jean sera exécuté (14,13), Jésus à nouveau « s'écartera au loin ». Il n'est pas un lâche mais il doit d'abord poser les bases de sa mission sans que les hommes puissent l'en empêcher. Un jour, lorsque son heure sera venue, il déclarera qu' « il lui faut monter à Jérusalem et y être mis à mort » (16, 21). Ce ne sont pas les hommes qui décident de son destin : c'est lui qui accomplit la Volonté de son Père. Il y a un temps pour échapper à la mort, et un temps pour l'affronter. On apprenait aux premiers chrétiens qu'il ne fallait pas courir au martyre.
Jean s'était fixé sur un certain lieu de Judée (un gué frontière) et les gens devaient « sortir » pour le rencontrer dans la solitude. Tout au contraire, son successeur, Jésus « sort » pour aller à la rencontre des gens et il sera toujours un prophète itinérant. Si Capharnaüm, au bord du lac, sera son port d'attache, il demeurera un marcheur qui sillonne la région pour rejoindre les gens dans leur milieu de vie. L'Eglise doit « sortir », répète sans arrêt notre cher pape.

Lorsque la Galilée, annexée par les Assyriens en -732, avait été libérée, le prophète Isaïe chanta la joie de la lumière de vie retrouvée (Is 8, 23 à 9, 3). Matthieu interprète cet événement passé : l'oracle se réalise, « il s'accomplit » à présent quand Jésus vient car c'est Lui la lumière du monde qui se lève comme une aurore sur ce district où le paganisme romain étendait de plus en plus son influence.
Et quelle est l'action essentielle que Jésus va poursuivre jusqu'à la fin de sa vie ? Proclamer, de village en village, la Bonne Nouvelle : avec lui Dieu vient instaurer son règne. Encore faut-il l'accueillir et donc décider de changer ses conceptions et de se convertir.

APPELS DES PREMIERS APÔTRES

Comme il marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac : c'étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes ». Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
Plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans leur barque avec leur père, en train de préparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent.
La conversion à la Bonne Nouvelle de Jésus n'engage pas au célibat, à l'ascèse, à la solitude ; elle n'exige pas le changement de métier, l'exil dans le désert ou dans un couvent. Jésus laisse les gens dans leur état : mariage, famille, profession, loisirs, écoles, politique. Mais, en regardant travailler de jeunes pêcheurs, il prend conscience que sa mission consiste en cela : pêcher les hommes. Car  les hommes sont plongés dans le péché, ils sont submergés par les tentations, ils s'enfoncent dans le désespoir. Il faut donc d'urgence les retirer de ce milieu où ils étouffent, où ils coulent dans l'absurde et la mort. Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux.
Faire entendre la Bonne Nouvelle, ce n'est pas un supplément religieux, une pression fanatique, une oppression des consciences : c'est tendre la main à celui qui tombe au fond, c'est briser la glace de sa solitude, c'est lui permettre de respirer et donner un fondement à son existence. Il s'agit de VIE !
C'est pourquoi, débordé de travail, Jésus cherche des collaborateurs. La mission reçue de son Père doit être partagée, elle peut être exercée par des hommes. Touchés par son appel, certains peuvent s'ouvrir à l'immense malheur des hommes et s'engager à travailler à leur salut.
La tâche ne se limite pas à la bonne volonté, elle n'est pas réservée à des intellectuels : elle doit s'apprendre. Jésus appelle « la bande des 4 » à le suivre, c.à.d. à partager son existence. Plus que des méthodes et des trucs à appliquer, il s'agit d'abord et surtout d'aimer Jésus, de s'attacher à lui. C'est « l'être-avec-Jésus » qui suscitera « l'être-avec-les-hommes » et l'évangélisation.
Cette mission conférée à certains n'est donc pas un privilège, une montée en grade mais un service  des hommes, tellement urgent et essentiel qu'il exige même, de certains, la rupture avec la famille.

ACTIVITES ESSENTIELLES

Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues,
proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume,
guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.
Sa renommée se répandit dans toute la Syrie et on lui amena tous ceux qui souffraient, atteints de maladies et de tourments de toutes sortes : possédés, épileptiques, paralysés ; et il les guérit.
De grandes foules le suivirent, venues de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et de la Transjordanie.
Matthieu complète le contenu de la mission de Jésus. Au centre, l'essentiel : PROCLAMER LA BONNE NOUVELLE d'un Dieu qui vient aimer, pardonner les péchés, réaliser la communauté humaine dans la paix, conduire notre recherche de bonheur à son terme, accomplir notre destin.
Cette « proclamation » est soutenue par 2 autres activités : ENSEIGNER dans les synagogues. Rejoindre les hommes dans leur recherche de Dieu, là où ils écoutent la Loi et les Ecritures pour leur révéler qu'elles s'accomplissent aujourd'hui. Le cri initial de la Bonne Nouvelle devient un échange, une conversation, une catéchèse, afin de déployer les merveilles de l'Evangile, encourager à la décision, rejeter les doutes, renforcer la communion.
Et enfin GUERIR. Jésus avait certainement un don de thaumaturge qui a d'emblée provoqué son immense succès: les gens ne venaient pas pour réfléchir mais pour implorer la guérison. Et s'il ne guérissait pas tout le monde, s'il ne vidait pas les hôpitaux, Jésus accueillait ces supplications, il compatissait à la souffrance des parents devant leur enfant malade. L'Evangile n'est donc pas un message réservé aux belles âmes, une idéologie, une théologie abstraite, un flux de bonnes paroles ; en visant les âmes, il atteint également les corps. Car Dieu veut le salut intégral de l'homme.

----------------Aujourd'hui il nous faut réfléchir à ce verset qui nous paraît ordinaire mais qui est tellement important que Matthieu le répétera tel quel en 9, 35.

JESUS MARCHE ET PROCLAME LA BONNE NOUVELLE. Là est le premier ministère dans l'Eglise : des marcheurs hérauts de l'Evangile. Action qui ne peut jamais cesser et qui doit demeurer la mission première de l'Eglise car nous ne sommes jamais installés dans la foi. Pour avoir cru que l'Europe était convertie, l'Eglise aujourd'hui se perd en lamentations. La proclamation de l'Evangile (kérygme) ne doit jamais être remplacée par la catéchèse ou la liturgie ou les bonnes ½uvres ou les constructions.

IL ENSEIGNE DANS LES LIEUX DE PRIERE pour que la foi s'éclaire et se renforce, pour que la liturgie ne se fige pas dans la routine, pour que la morale ne se durcisse pas dans un code de lois, pour que le chrétien puisse justifier sa foi devant les critiques.

GUERIR ET SOIGNER LES MALADES. Les miracles restent rares, mais toute communauté chrétienne a mission de s'éveiller à la souffrance des hommes, de  répondre aux cris des souffrants, à la plainte des malheureux. Handicap, famine, solitude, vieillesse sont des lieux privilégiés où le chrétien ne demande pas un certificat de baptême ni une foi sans faille, ni une vie sans péché mais où il sert. « Quand tu souffres, j'ai mal » disait l'abbé Pierre.

2e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2013-2014


Depuis l'Avent, c'est déjà la 4ème fois que la liturgie nous parle de Jean dit le Baptiste : c'est dire la grandeur de ce personnage que Dieu avait chargé d'une mission capitale et qu'il importe de situer vis-à-vis de Jésus. Aujourd'hui l'évangile de Jean nous rapporte le témoignage solennel que le Baptiste rend à Jésus mais le texte en lecture omet l'indication par laquelle il est introduit : «  Le lendemain, comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui... »

LA RE-CREATION AU RYTHME DE LA SEMAINE

Or il est très intéressant de remarquer que saint Jean commence son livre par l'expression « Au commencement » puis enchaîne une série de petites scènes par « le lendemain... » et termine par « le 3ème jour » à Cana  de sorte que l'évangile commence par UNE SEMAINE comme le livre de la Genèse. Que veut-il dire ? Que Jésus n'est pas seulement un prophète, comme Moïse ou Jérémie, qui vient énoncer des lois, des règles de vie, mais qu'il est la Parole créatrice, « le Verbe » par lequel Dieu a créé le monde et qui aujourd'hui l'achève en  re-créant l'humanité pécheresse. L'Incarnation, la venue de Jésus dans le temps rythmé par la semaine est donc l'événement le plus extraordinaire : l'accepter, croire en Jésus, c'est vivre le temps dans son intensité suprême.
1) Au commencement Dieu dit : « Que la lumière soit »...et il créa l'un après l'autre, tous les éléments du cosmos...et il voit « que tout est très bon ».
2) Au re-commencement, la Parole est chair en Jésus qui rencontre l'un après l'autre ses disciples, leur donne l'Esprit et les rassemble le « 3ème jour » (comme à Cana...comme à la Résurrection) càd. chaque dimanche, afin de partager l'ivresse de la foi et de la communion enfin possible (L'Eucharistie).
Tel est le temps transfiguré que la foi nous permet de vivre : il n'est pas répétitif, course à l'abîme, éternel retour mais constitution de la communauté pacifiée par la Parole de Vie et le Vin de la Joie.

JEAN LE BAPTISTE : UNE VOCATION EN RECHERCHE

Comme son père Zacharie, Jean était prêtre, destiné à célébrer les liturgies et offrir les sacrifices au temple de Jérusalem. Or curieusement il s'est détourné de cette fonction comme le dit saint Luc : « il s'en alla dans les déserts »(1,80). Cette notation énigmatique peut sous-entendre qu'il a rejoint la communauté essénienne de Qumran, ce « monastère » fondé par des prêtres révoltés contre les grands prêtres du temple et devenu célèbre par la découverte des « manuscrits de la mer Morte ». Ses membres s'appliquaient à l'étude permanente de la Loi, à sa stricte observance et ils se purifiaient par des ablutions et des bains sans cesse répétés. Jean a-t-il vécu là un temps ? Toujours est-il que les évangiles nous le présentent comme un ascète solitaire, un prophète véhément qui confère un baptême unique en vue de la conversion. C'est là qu'un jour, il comprendra les limites de son ministère et il désignera Jésus comme seul capable d'apporter le salut au peuple. Quel itinéraire ! Non aux sacrifices d'animaux, puis non à la communauté ascétique à l'écart du monde, puis non au ministère prophétique. Heureux ceux qui continuent à chercher leur mission dans l'Eglise.
Jésus, lui, vivra parmi les hommes, ignorera Qumran, dénoncera le culte hypocrite du temple et sera mis en croix. De ce fait, il sera l'AGNEAU DE DIEU QUI ENLEVE LE PECHE DU MONDE. Quel est le sens de cette expression mystérieuse qui est proclamée à chaque Eucharistie ? Elle fait référence à deux faits capitaux de l'histoire d'Israël.

L'AGNEAU DE DIEU QUI ENLEVE LE PÉCHÉ DU MONDE.

Le lendemain, comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit :                                 « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. C'est de lui que j'ai dit : ' Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était'. Je ne le connaissais pas ; mais si je suis venu baptiser dans l'eau, c'est pour qu'il soit manifesté au peuple d'Israël. »
Pendant des siècles, les Hébreux avaient été soumis aux travaux forcés en Egypte et menacés de génocide. Anciens bergers, ils avaient coutume de célébrer, à la première lune, la fête de Pessah : on y immolait un tout jeune agneau, on tâchait de son sang les piquets de tente, on le consommait debout, puis on se dispersait avec les troupeaux. Or une année, sous la guidance de Moïse, en cette nuit, les esclaves purent s'enfuir et gagner leur terre. Pessah devint la fête de la libération et celle-ci avait été obtenue non par le combat mais par le sang de l'agneau.

Les siècles passèrent et Israël connut l'humiliation d'être occupé par les armées étrangères : pire, en - 587, Jérusalem et son temple furent détruits et le peuple envoyé en exil à Babylone. Tout semblait terminé. C'est alors qu'un prophète anonyme, que l'on appelle le 2ème Isaïe, auteur de Isaïe 40-55, lança la bonne nouvelle du retour au pays et, dans son livret, il fit plusieurs allusions à un mystérieux Serviteur de Dieu (c.à.d. à un homme absolument fidèle à Dieu) et il écrivit la page la plus ahurissante de toute la Bible  (lire Is 52, 13 à 53, 12) :
« Il est méprisé, rejeté par les hommes, homme de douleurs...Or ce sont nos souffrances qu'il porte. Nous l'estimions frappé par Dieu mais il était broyé à cause de nos perversités. Dans ses plaies se trouve notre guérison... Brutalisé, il s'humilie, il n'ouvre pas la bouche comme un AGNEAU traîné à l'abattoir...Ayant payé de sa personne, il verra une descendance...Lui, mon Serviteur, il dispensera la justice au profit des multitudes puisqu'il s'est dépouillé jusqu'à la mort et il a porté les fautes des multitudes »
Qui est ce Serviteur ? Israël lui-même qui a tellement souffert, disent les rabbins. Mais les premiers chrétiens, d'abord épouvantés par la croix et la mort de Jésus, comprirent : Jésus s'est offert, comme un agneau muet, comme le Serviteur, pour nous libérer du péché. Le diacre Philippe l'explique au ministre éthiopien (Ac 8, 32) et Pierre l'interprète aussi (cf. 1 Pi 1, 29 ; 2, 22).
L'Exode était donc prophétique d'une libération bien plus essentielle, la sortie hors du royaume du mal.
Le véritable agneau pascal qui libère du mal, c'est Jésus qui a été mis en croix, criera saint Paul : « Le Christ, notre pâque, a été immolé » (1 Cor 5, 7)

JESUS, PAR L'ESPRIT, RECREE LES HOMMES

Ensuite Jean-Baptiste explique pourquoi il peut rendre ce témoignage  à son disciple qu'il reconnaît comme le Sauveur qu'il ne peut être lui-même :

Alors Jean rendit ce témoignage : « J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit : 'L'homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint.' Oui, j'ai vu, et je rends ce témoignage : c'est lui le Fils de Dieu. »
Jean a fait une expérience particulière, il a vu, il a saisi que Jésus était plus qu'un prophète qui reçoit « un coup de main » de l'Esprit de Dieu pour remplir une mission temporaire. Jésus, dit-il, a reçu l'Esprit de Dieu de façon complète et définitive. Il est descendu sur lui comme la colombe qui, à la fin du déluge destructeur, apportait le rameau d'olivier. L'Esprit « demeure en lui » et ainsi est proclamée au monde entier la fin du châtiment, la paix retrouvée avec Dieu et entre les hommes.
Aussi, dit le Baptiste, moi je ne peux que plonger les gens dans l'eau par un rite symbolique de purification mais je n'atteins pas leurs âmes. Je les exhorte à éviter le mal et à faire le bien mais ils restent prisonniers de leurs mauvais penchants, de leur faiblesse congénitale. Ils voudraient bien être mes disciples mais ils ne le peuvent pas.
Jésus, lui, seul, a reçu la Force divine de l'Esprit-Saint ; au baptême, ses disciples ne sont pas seulement plongés dans l'eau mais ils reçoivent cet Esprit qui les renouvelle de fond en comble, qui les fait toujours « commencer », si bien qu'on peut dire qu'ils sont « renés » (Jn 3,5).
« A ceux qui croient en son Nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu...ils sont nés de Dieu...De sa plénitude nous avons reçu grâce sur grâce » (Jn 1, 12)

Baptême du Seigneur, année A

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

Décidément, Jésus n'a pas son pareil pour mettre les gens dans l'embarras et aujourd'hui ce sont les évangélistes qui sont bien embarrassés.  Pourquoi Jésus est-il allé au Jourdain se faire baptiser par Jean-Baptiste ? Avait-il besoin de conversion, lui qui est entièrement tourné vers son Père ? Avait-il besoin d'un baptême de pénitence, lui qui tout entier soumis à la volonté de son Père ? Les évangélistes sont embarrassés.  Ils ne peuvent ignorer ce baptême.  Tout le monde savait que Jésus était allé aux bords du Jourdain.  Chaque évangéliste va présenter cet événement à sa façon.  Saint Luc, par exemple, en parle très rapidment.  Il enveloppe Jésus dans la foule des gens qui se font baptiser.  Saint Matthieu en fait deux grandes scènes de révélation.  Tout d'abord, Jean reconnaît aussitôt la divinité du Fils de Dieu.  Il refuse aussitôt de baptiser Jésus.  Il lui demande bien au contraire d'être baptisé par lui.  Il y a ensuite la voix qui vient du ciel et qui éclate comme le tonnerre : « celui-ci est mon fils bien-aimé ».  La scène du baptême qui est une démarche d'humilité devient une scène d'affirmation glorieuse de la divinité de Jésus-Christ.  Mais le personnage qui peut nous servir d'exemple aujourd'hui, c'est Jean-Baptiste.  Tout d'abord parce qu'il est a été capable de reconnaître en Jésus l'envoyé du Seigneur.  Jean-Baptiste connaît bien Jésus.  C'est son cousin, un cousin éloigné, mais un cousin quand même.  Leurs mères se connaissaient.  Maire est même allée aider Elisabeth pendant sa grossesse.  Et c'est là le grand défi qui nous est lancé au début de cette année : être capable d'être surpris par notre conjoint avec lequel nous vivons depuis si longtemps, se laisser surprendre par notre frère ou notre s½ur que nous croyons bien connaître, alors que nous l'avons enterré sous une étiquette que nous ne voulons pas remettre en question.  Oui, c'est là le grand défi de cette année : laisser Dieu nous parler à travers les hommes et les femmes que nous rencontrons tous les jours, laisser Dieu vivre dans notre vie pour que nous puissions nous ouvrir à son amour et à sa tendresse.

Baptême du Seigneur, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

PLONGER  LE C¼UR  LE PREMIER

A part la fugue de Jésus au temple vers ses 12 ans, rien n'est dit de son temps d'enfance puis de jeunesse. Les temps sont très durs, la puissance romaine est impitoyable et les taxes très lourdes. Joseph apprend à Jésus son métier, il l'emmène peut-être au loin pour travailler sur un grand chantier, comme la ville de Sepphoris en reconstruction. Il constate les avancées de la civilisation païenne même en Israël. La vie est rythmée par le shabbat où tout le village refait ses forces spirituelles. A la synagogue, le peuple chante les vieux psaumes, écoute les lectures du Grand Livre. Trois fois par an, on monte à Jérusalem pour les grandes célébrations où se renforce la cohésion nationale et où brûle le feu de l'espérance  car les Prophètes l'ont promis : un jour, viendra le Messie, le Roi « oint » par Dieu qui libérera Israël du joug étranger et instaurera une société de justice et de paix. Impatients, déçus de ne voir rien venir, certains jeunes gens s'engagent derrière un révolutionnaire: toutes les tentatives échouent dans un bain de sang.  Un événement très douloureux, dont on ne parle pas, a dû un jour survenir dans la petite famille : le décès de Joseph. Seul dans l'établi, Jésus doit travailler dur pour soutenir sa maman.
A la fin du temps de Noël, il n'est pas vain d'évoquer aujourd'hui ces « années obscures », ce long temps ordinaire où rien ne distingue la vie de Jésus de celle des voisins sauf sans doute la profondeur de ses réflexions et de sa prière. Il vit comme un pauvre, étudie les Ecritures d'Israël, suit la liturgie, s'applique à observer tous les commandements. Que veut Dieu ? Jésus attend son heure.
Nous pensons à nos jeunes qui vivent aujourd'hui dans un tout autre monde : comment les garder dans une ambiance parfois si corrompue, avec cette fièvre acheteuse, cette dictature des modes ? Comment les aider à découvrir l'Evangile ? à grandir dans la foi, à reconnaître la pauvre Eglise  tournée en dérision ? Comment les encourager alors qu'ils n'entendent que « sida, chômage des jeunes, guerres, destruction de la planète, drogues et alcools » ? Il est capital qu'ils rencontrent des vrais baptisés !

JESUS CANDIDAT AU BAPTEME DE JEAN

Nazareth, an 28 de notre calendrier. Jésus doit avoir environ 33 ans. Une rumeur se répand : un prophète est apparu là-bas en Judée, il s'appelle Johanan (Jean) et il exhorte à se préparer d'urgence. Jésus fait son petit baluchon, embrasse sa mère (« A bientôt, maman ! ») et il s'en va pour une longue route à pied. Le sait-il ? Sa vie va basculer.

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, proclamant dans le désert de Judée : «  Convertissez-vous : le Règne de Dieu s'est approché ! »....Jérusalem, toute la Judée se rendaient près de lui : ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en confessant leurs péchés  (................). Alors Jésus, arrivant de Galilée, paraît sur les bords du Jourdain, et il vient à Jean pour se faire baptiser par lui. Jean voulait l'en empêcher et disait : « C'est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c'est toi qui viens à moi !? ». Mais Jésus lui répondit : « Pour le moment, laisse-moi faire ; c'est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste. » Alors Jean le laisse faire.
Annoncer la venue du Royaume de Dieu : quoi de plus attirant ? Des groupes ne cessent de répondre à l'appel de cet ascète qui, comme l'évangile de Jean le précise, s'est installé sur la rive orientale du fleuve Jourdain (ce que l'archéologie confirme). Les pèlerins sont donc obligés de passer d'abord le gué, de sortir de la terre d'Israël, pour rejoindre Jean sur l'autre rive, là où jadis les Hébreux sortis d'Egypte sont arrivés et où Moïse est mort. Jean semble donc faire entendre que la première entrée en terre promise par les ancêtres n'a guère réussi et que le véritable, le seul problème, n'est pas de changer de pays mais de SE CONVERTIR. Le Royaume de Dieu n'est pas de ce côté-ci ni de l'autre mais on y entre en changeant d'esprit et de conduite. D'ailleurs on ne décide pas cet acte de soi-même : il faut rejoindre Jean et c'est lui qui baptise, qui plonge les candidats dans l'eau. Le baptême est donc une « pâque », un passage, une option en vue d'un changement de vie.
Jésus s'installe près de Jean, écoute ses prédications et enfin lui demande le passage. Jean qui sait que Jésus est l'autre « plus fort que lui  et qui viendra baptiser dans l'Esprit », s'effraie et refuse : « C'est toi qui devrais me baptiser !! » Mais Jésus l'assure : à la suite du peuple, il doit passer par ce geste pour « s'ajuster » à la Volonté de son Père.

LE BAPTEME DE JESUS

Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l'eau ; voici que les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour. »
Jésus est descendu dans l'eau, en s'engageant de tout son âme et, en remontant, il fait une expérience bouleversante : il est investi par la puissance de l'Esprit de Dieu qui se pose sur lui comme la colombe qui, à la fin du déluge, apportait le rameau de la paix. Et il perçoit la voix de son Père. Jadis Dieu avait appelé Israël « mon fils premier-né » sorti d'Egypte (Ex 4, 22) : maintenant ce Fils n'est plus une nation mais un homme qui est comblé de la plénitude de l'Amour de son Père.
Le baptême, ce n'est pas savoir ce< que l'on doit faire : c'est se savoir toujours mieux aimé de Dieu. Qui doute de l'amour de Dieu restera enfermé dans son moi.

LE BAPTEME CHRETIEN

Le baptême de Jean-Baptiste est transfiguré et devient donc le baptême chrétien.
Tout de suite, au lendemain de la Pentecôte, Pierre annoncera le Christ ressuscité et aux foules demandant ce qu'il faut faire, il répondra : «  Convertissez-vous : que chacun reçoive  le baptême au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Ac 2, 38). L'Eglise reprend le rite initial : il s'agit d'une décision libre, la réponse à un appel.
Ce rite aura un sens infiniment plus profond que celui du Baptiste et saint Paul fera comprendre aux chrétiens leur suréminente dignité : « Nous tous, baptisés en Jésus-Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés (plongés)....Nous avons été ensevelis afin que, comme le Christ est ressuscité, nous menions, nous aussi, une vie nouvelle » (Rom 6, 4).
Au pharisien Nicodème qui cherchait à gagner le ciel par l'observance de toutes les lois, Jésus dira : «Je te le dis, nul, s'il ne naît d'eau et d'Esprit ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jean 3, 3-5). Le baptême n'est pas une amélioration mais une création, une renaissance, un renouveau total de l'être.
Le baptême n'est pas un rite privé ni même familial : il est entrée dans l'Eglise qui est la communauté du Christ total, Jésus et ses membres. Tout baptisé doit être intégré dans la communauté chrétienne locale et il en a tous les droits et devoirs afin d'y exercer ses responsabilités.
Le baptême donne la Sainteté de Dieu, la dignité inaliénable de fils et fille de Dieu mais il ne confère pas la perfection : la vie en Christ oblige au combat incessant contre les forces du mal, elle n'évite pas toutes les chutes mais jamais le Père ne cessera de dire : « Tu es mon fils ». Le baptisé est remis debout et poursuit son chemin en toute confiance.
La coutume se répand de ne plus baptiser les nouveau-nés et de laisser à l'enfant la liberté de choix quand le temps viendra.  Il importe donc que les parents témoignent de la vie chrétienne et sachent expliquer la grandeur de l'Evangile et la nécessité du baptême, que la paroisse aide à faire mûrir la décision, manifeste sa joie d'accueillir un nouveau membre, célèbre son baptême avec exultation, l'intègre en lui permettant de déployer ses talents, le soutienne sur sa route. Nous préparons-nous à cette ouverture ? Alors les convertis de demain apporteront un sang nouveau, secoueront nos apathies et nous aideront à être une communion de vie, une cellule du Corps du Christ, un peuple prophétique.

Epiphanie

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014

Eh  bien ! Où est-elle passée ? Où est-elle, cette étoile qui a ébloui les mages et les a poussés à la suivre jusqu'à Jérusalem ? Car, vous l'aurez constaté, le texte nous dit que les mages ont suivi l'étoile et qu'ils l'ont perdue à Jérusalem.  Comment cela peut-il être possible ? Ne me dites pas que c'est à cause de l'éclairage public.  A cette époque, cela n'existe pas.  Non, à mon avis, les mages ont perdu l'étoile parce que celle-ci était obscurcie par l'incroyance des habitants de cette ville.  
Reprenons les choses depuis le début.  Les mages, ce sont ces savants qui scrutaient le ciel en Mésopotamie.  Ce sont eux qui ont développé l'astronomie, c'est-à-dire l'observation des astres.  Ce sont eux aussi qui ont voulu établir un lien entre le cours des astres et le destin de chacun d'entre nous.  Et cette croyance reste bien vivante puisqu'aujourd'hui encore des hommes et des femmes ont recours à l'horoscope et aux prévisions tirées des conjonctions d'astres.  Et c'est donc à travers cette croyance que Dieu a manifesté sa présence.  Dieu se sert de nos petites obsessions, de nos petites manies pour nous parler.  Et c'est là sans doute le première leçon de cet Evangile : accepter ce que notre voisin, notre conjoint, notre confrère nous dit de Dieu, de la vie et des hommes, même si cela nous paraît totalement étranger.  Dieu parle à chacun d'entre nous dans sa propre langue.  Cela pourra être à travers les astres, ou la musique, ou les fleurs, ou même les grosses motos.  Acceptons que Dieu parle à chacun d'entre nous dans sa propre langue.  
Et surtout acceptons d'être réveillés par notre voisin, notre conjoint.  Car c'est bien ce de cela qu'il s'agit dans ce dialogue entre les mages et le roi Hérode.  Première incompréhension : les mages cherchent le roi des  Juifs.  Avouez que ce n'est pas très malin de leur part de poser cette question à Hérode lui-même roi des Juifs.  Et pourtant Hérode ne s'en offusque pas.  Il cherche aussitôt à savoir où naître le Messie.  Vous aurez remarqué le changement de titre.  Les mages cherchent le roi des Juifs.  Hérode cherche le Messie, c'est-à-dire celui qui sera consacré par Dieu pour être le sauveur.  Car Hérode sait bien que lui il n'est pas le sauveur.  Lui, il est peut-être roi, mais c'est de sa propre initiative.  Et ce n'est pas le salut du peuple qu'il recherche, mais son propre pouvoir, son propre confort.  Et c'est là toute la distance qui sépare les mages du roi Hérode.  Les mages ont tout quitté, leur famille, leurs amis, leur bureau, leur confort pour traverser le désert de Syrie, pour marcher à la suite d'une chimère, une étoile dans le ciel, une étoile parmi des centaines et des milliers.  Mais n'est-ce pas là souvent le départ des plus grandes aventures humaines.  On rencontre quelqu'un et on quitte tout pour le suivre, pour vivre avec lui.  C'est ce que Roméo a fait après avoir vu Juliette.  C'est ce que Pierre et Paul et tous les apôtres ont fait après avoir rencontré Jésus.  Oui, pour les mages comme pour les apôtres, Dieu n'est pas simplement quelqu'un de sympathique, c'est la source même de la vie, c'est la personne sans qui la vie n'a plus de sens.  Et c'est pour cela que les mages et les apôtres ont tout quitté, et c'est pour cela qu'Hérode ne pouvait pas comprendre la quête des mages.  Car Hérode est installé dans le confort de ses habitudes.  Dieu n'est plus que la justification de son pouvoir, la justification de son confort.      Et c'est là que se pose assez curieusement le sens de l'accueil.  Accueillir quelqu'un, ce n'est pas simplement lui permettre de vivre comme moi, indépendamment de sa culture, de ses convictions.  Accueillir quelqu'un, c'est lui permettre de m'apporter quelque chose de nouveau, de me déranger dans mes petites convictions.  Les mages auraient dû déranger Hérode et tous les scribes.   Mais Hérode a voulu sauvegarder son pouvoir et les scribes sont retournés à leurs vieux livres.  Et c'est cela sans doute la grande chance que nous avons dans notre église : d'accueillir des frères et des s½urs qui, comme nous, croient en Dieu, mais y croient autrement.  On se plaint souvent de vivre dans un monde sécularisé, mais notre foi, notre pratique religieuse n'est-elle pas elle-même sécularisée ? Dieu est-il pour nous la lumière qui éclaire notre vie et pour laquelle nous serions prêts à tout abandonner ou Dieu n'est-il plus rien d'autre qu'un éclairage d'appoint ?
Profitons de la présence d'hommes et de femmes qui viennent de loin et qui nous demandent où se trouve le vrai Dieu.  Alors nous aussi, comme les mages, nous partirons par un autre chemin.  Nous éviterons la Jérusalem de nos certitudes pour partir à la rencontre du Bien-aimé.

 

Epiphanie

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014

A LA RECHERCHE DE SIGNES VERS LA LUMIERE

Si déjà Noël et Pâques ont perdu leur caractéristique chrétienne, qu'en est-il de l'Epiphanie que nous fêtons ce jour ? Le moment où l'on dispose dans la crèche les personnages couronnés, où l'on envisage de jeter le sapin qui se déplume et de ranger les guirlandes, et surtout où l'on déguste le « gâteau des rois ». Mais plutôt que de tempêter contre la paganisation de notre société, redécouvrons l'enjeu majeur de cette fête de la mission et de l'accueil des païens.

LES SIGNES DU COSMOS

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
Ils n'étaient ni rois ni magiciens et ils ne s'appelaient pas Melchior, Gaspard et Eden Hasard. Ils étudiaient les mouvements des étoiles afin d'y percevoir les messages des dieux, dresser les horoscopes et prédire l'avenir. Profession lucrative puisque leur descendance prospère encore comme on le voit dans nos librairies en ce tournant de l'année : « que va-t-il survenir ? Serais-je heureux ? Quels chiffres jouer pour gagner au Lotto ?... »
Inutile de calculer pour savoir si l'étoile mystérieuse correspond au passage d'une comète et ainsi connaître l'année de l'événement. La nature fait signe,  chaque découverte, chaque lumière nouvelle ouvre à une recherche plus poussée. Nos mages acceptent d'arrêter leurs observations célestes pour se mettre en route, pour chercher le souverain qui pourrait guider l'humanité. Car le sens de la vie n'est pas donné dans les astres. Le grand livre de la nature renvoie vers un petit livre, les signes des étoiles renvoient aux signes des Ecritures juives.

LES SIGNES ECRITS DE LA BIBLE

En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d'inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d'Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
' Et toi, Bethléem en Judée, tu n'es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ;
car de toi sortira un chef, qui sera le berger d'Israël mon peuple '.
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l'étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l'enfant. Et quand vous l'aurez trouvé, avertissez-moi pour que j'aille, moi aussi, me prosterner devant lui ». Sur ces paroles du roi, ils partirent.
Les pyramides d'Egypte, le Parthénon d'Athènes, le Panthéon de Rome sont des signes des dieux et marquent des espaces sacrés. En Israël, la trace de Dieu n'est pas une construction, un monument mais un Livre qui dit l'essentiel : que Dieu est unique, que l'histoire a un sens et qu'elle ne peut être sauvée que par le Messie, celui que Dieu oint de la force de l'Esprit pour libérer les hommes de la prison du mal et les conduire à la lumière. La Bible est le livre de l'espérance des hommes.
Les mages parviennent à Jérusalem et questionnent les spécialistes des Ecritures. Effectivement un ancien mage païen, Balaam, avait jadis prédit (Nombres 24, 17) :
« Oracle de Balaam, l'homme à l'½il ouvert, celui qui écoute les paroles de Dieu.
Je le vois mais ce n'est pas pour maintenant : D'Israël monte UNE ETOILE, surgit un sceptre »
Et le prophète Michée a précisé son lieu de naissance : Bethléem (Michée 5, 1)
Ainsi le signe cosmique et le signe biblique concordent. Mais alors que les mages païens décident d'aller au bout de leur quête et de se rendre au lieu indiqué, les scribes refusent de se déranger. Car, hélas, on peut connaître très bien les Ecritures, les enseigner...et ne pas suivre leurs indications. On peut espérer la venue du Messie mais toujours pour plus tard, dans une échéance jamais fixée.
Pire encore, le roi Hérode, connu pour sa cruauté et sa jalousie maladive, projette de faire supprimer ce « roi » qui risquerait de lui prendre son trône. Plus tard le grand prêtre juif Caïphe et le préfet romain Ponce-Pilate se ligueront pour exécuter ce Jésus. Alors que le Messie Jésus n'ambitionne aucun pouvoir politique, tous les puissants du monde perçoivent toujours qu'il représente pour eux un danger, que l'évangile est subversif.

LE SIGNE DE L'ENFANT PAUVRE

Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant. Quand ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui.
Partis de la contemplation du ciel, guidés par la prophétie biblique, les mages quittent Jérusalem pour Bethléem, la capitale pour un petit village, les palais pour un modeste logis. Voici donc « l'étoile » annoncée par le prophète païen Balaam : le grand roi est un nouveau-né avec ses parents.
« Ce n'est que ça ? » pourraient-ils dire devant ce dépouillement, cette banalité. Et cependant ils l'adorent : Dieu est là.

LES SIGNES DE L'ADORATION

Ils ouvrirent leurs coffrets et lui offrirent leurs présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe.
Ces cadeaux proviennent des nations païennes (Egypte, Yémen, Arabie...) et on a toujours souligné leur valeur symbolique : OR : cadeau royal par excellence - ENCENS : résine qui était l'élément principal du parfum brûlé dans le culte au temple. - MYRRHE : résine aromatique intense dont les amoureux portent le parfum (le mot revient 7 fois dans le « Cantique des Cantiques » qui met en scène l'amour entre le roi-messie et l'épouse-son peuple). Oui l'enfant Jésus est « Roi - Dieu - Amour »

LES MAGES DEVIENNENT DES SIGNES

Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Au premier sens, cela veut dire que ces hommes sont repartis chez eux sans repasser par Jérusalem mais « un autre chemin » peut suggérer qu'ils adoptent une nouvelle conduite. La révélation du Roi Messie les a libérés de la servitude des astres, de l'enfermement dans le fatalisme, de la recherche effrénée de profits. Il n'est plus besoin de deviner l'avenir dans le ciel mais de vivre le présent en accord avec la révélation reçue à Bethléem.

ET NOUS AUJOURD'HUI ?

Dans une société qui s'affole devant les étoiles (« stars » du spectacle et du sport), qui sacralise l'argent, qui salit l'amour en passion pornographique, qui oublie Dieu, la célébration de l'EPIPHANIE n'a rien de folklorique et au contraire réalise un enjeu capital.
Le cosmos pose question et le Visage de Jésus brille encore dans la nuit. Des personnes «de la périphérie » (pape François) se détournent des mirages et des mensonges et sont en quête de vérité. Si elles se présentent à nos communautés, recevront-elles le message des Ecritures ? Les croyants accueilleront-ils avec allégresse ces frères perdus ? Se joindront-ils à eux pour s'engager dans « un autre chemin », pour aller vers un avenir qui n'est pas inscrit dans les étoiles...car les étoiles vibrantes de joie et de confiance, c'est nous, disait saint Paul.
Faites tout sans récriminer et sans discuter : ainsi vous serez irréprochables et purs, vous qui êtes des enfants de Dieu sans tache au milieu d'une génération égarée et pervertie où vous brillez comme les astres dans l'univers, en tenant fermement la parole de vie. (Phil 2, 14)
Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière - or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité - et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur. (Eph 5, 8)

Sainte Famille, année A

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

Quand on songe à la fête de la Sainte Famille, on ne peut s'empêcher de revoir ces images doucereuses des années30.  On y voit un homme barbu qui travaille à son établi, une dame voilée qui tisse un vêtement et un enfant qui joue sagement aux pieds de sa maman.  Tout cela est bien doux et paisible, un peu éc½urant comme des gâteaux gorgés de crème fraîche.  Et pourtant l'Evangile d'aujourd'hui nous montre une image toute différente de la Sainte Famille.  C'est la panique.  Ce sont des scènes de panique qui nous sont présentées.  C'est dans la hâte que Joseph emporte sa femme et son enfant.  C'est une course contre la mort.  C'est une course contre la montre.  Et c'est là peut-être une première leçon à tirer de cette célébration.  Non, la Sainte Famille n'est pas un havre de paix et de protection, c'est un lieu de combat contre le mal, c'est un lieu de déchirement.  Joseph emporte sa femme et son enfant, et se réfugie à l'étranger.  Il partage le sort de tant d'hommes et de femmes que nous voyons ces jours-ci, que nous avons vus ces dernières semaines, ces dernières années fuir la guerre, fuir la mort.  Et combien ne partent-ils pas à la recherche d'une vie meilleure pour sombrer dans le racket et l'exploitation ? La vie d'un homme est faite de déchirements.  La vie ne commence-t-elle pas par un premier déchirement. Le f½tus quitte le ventre de sa mère pour affronter le monde extérieur.  Le jeune homme et la jeune fille quittent leurs parents pour fonder un nouveau foyer.  L'homme et la femme quittent l'école pour affronter le monde du travail.  Et un jour nous quitterons ce monde-ci pour aller à la rencontre de la vie éternelle.  Oui, la vie est faite de déchirements et la question qui se pose aujourd'hui est de savoir si nous ne sommes pas trop attachés à certaines choses qui sont certes utiles, mais qui nous retiennent et nous empêchent de vivre et d'entreprendre.  Car la Bible le montre : tous ces déchirements ont été fondateurs de vie nouvelle.  Abraham a quitté sa ville natale d'Our en Chaldée pour fonder un peuple nouveau en Palestine.  Joseph a été vendu comme esclave à des Egyptiens et a pu ainsi sauver son peuple de la famille qui l'accablait.  Les apôtres ont quitté leur village et leur métier pour annoncer la Bonne Nouvelle au monde entier.  Oui, il y a des déchirements qui sont fondateurs de vie, d'une vie nouvelle.
Et c'est alors qu'apparaît le personnage central de cet Evangile : ce n'est pas Marie, ce n'est pas Jésus.  C'est Joseph.  Oui, Joseph, celui dont on se moque toujours un peu par ce qu'il n'a pas l'air d'être un vrai homme.  Et pourtant c'est un homme de décision : il se lève, il emporte sa femme et son enfant sur le champ.  Il n'y a chez lui aucun signe d'hésitation.  Et pourtant il part pour un pays étranger, l'Egypte, et il ne revient pas chez lui puisqu'il s'installe en Galilée.  Et c'est là sans doute un autre enseignement de cette célébration.  Les grands personnages de la Bible ne se sont pas laissé abattre.  Ils ont toujours transformés une situation dramatique en un événement de salut.  Abraham était menacé en Palestine, Dieu l'a aidé.  Le peuple hébreu était réduit en esclavage, Dieu l'a arraché à son triste sort.  La fête de la Sainte Famille ne nous invite pas à espérer mener une petite vie bien tranquille.  Elle nous invite à transformer les circonstances difficiles en événements de salut.  Et cela, tous nous pouvons le faire, même Joseph qui n'a pourtant la réputation d'être un homme bien viril. 
Mais Joseph nous ouvre à une nouvelle perspective.  Il a réagi à la suite d'une vision.  Et s'il a pu recevoir une vision, c'est qu'il était tout entier ouvert à la Parole de Dieu et aux projets de Dieu.  Et c'est là sans doute une nouvelle question que nous pose cette célébration : quelle place laissons-nous à l'inattendu de Dieu ? Tout est-il bien définitif dans notre vie, alors que nous savons que les circonstances peuvent évoluer et que nous aussi nous pouvons changer ? Ne courons-nous pas le risque de nous accrocher à ce que nous avons au point de passer à côté de ce que Dieu peut nous offrir ?
La fête de la Sainte Famille est décidément bien surprenante : elle nous rappelle que notre vie est faite de déchirements, de décisions fortes et importantes à prendre, ainsi que d'une ouverture aux interventions divines.  Puisse cette nouvelle année 2014 être placée sous le signe de l'aventure, l'aventure de la vie animée par Dieu.

Sainte Famille, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

« LA FAMILLE, LIEU PREMIER D'HUMANISATION »    (Jean-Paul II)

Marc avait commencé son Evangile par le baptême lorsque Jésus recevait sa vocation. Matthieu, lui,  fait précéder son récit par « l'évangile de l'enfance » où il souligne l'importance de la mission de Joseph.  Comme son ancêtre du même nom (le fils de Jacob, qui avait été vendu par ses frères), Joseph interprète les messages de Dieu (les songes) et il nourrit le Sauveur de son peuple, le Messie. Chacun des 5 épisodes de ces deux chapitres se conclut : « ainsi s'accomplit... » afin de convaincre que Dieu conduit l'histoire pour ceux qui savent l'écouter (les songes). Mystérieusement les événements correspondent à des oracles rapportés dans les Ecritures et montrent de la sorte que Jésus est bien le Messie attendu.
Déjà pointe ce qui arrivera par la suite : tandis que le Messie est reconnu et vénéré par les païens (les mages), il est poursuivi, menacé de mort par les autorités de son peuple.

DESCENTE EN EGYPTE

Après le départ des mages, l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr ». Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu'à la mort d'Hérode.
Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : « D'Égypte, j'ai appelé mon fils ».
L'apparition du Messie qui a immédiatement attiré la venue d'étrangers adorateurs (les mages) suscite l'inquiétude, la colère, la rage du roi Hérode qui soupçonne dans ce nouveau-né un concurrent pour sa couronne. Joseph prie, demande à Dieu quelle conduite adopter : dans la nuit de la foi (en songe), il reçoit l'ordre de descendre en Egypte car il lui faut impérieusement sauver « l'enfant et sa mère ». Plus tard, après la disparition du tyran, il pourra remonter au pays.
Matthieu nous rappelle que jadis Jacob et ses fils étaient descendus en Egypte et que Joseph (qu'ils avaient jadis vendu) leur avait sauvé la vie en leur donnant du blé. Plus tard, leurs descendants hébreux devenus esclaves du Pharaon avaient pu, grâce à Moïse, être libérés et Dieu avait dit : « D'Egypte j'ai appelé mon fils » c.à.d. Israël. Le lecteur de Matthieu comprend que l'histoire ancienne était prémonitoire : Jésus est le véritable Israël, l'authentique « Fils de Dieu », parfaitement fidèle à son Père, qui est libéré de l'exil, aujourd'hui celui de l'Egypte, plus tard celui de la mort.
Ainsi tout père de famille doit être attentif aux dangers qui menacent la foi : qu'il écoute ce que Dieu lui souffle dans la nuit et qu'il protège Jésus et sa mère, Jésus et son Eglise qui le porte.


MASSACRE DES INNOCENTS

Les mages étrangers qui étaient venus rendre hommage à un enfant qui serait, dit-on, le futur roi d'Israël sont repartis chez eux sans prévenir Hérode. Celui-ci est fou de rage.

Alors Hérode, voyant que les mages l'avaient trompé, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants de moins de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d'après la date qu'il s'était fait préciser par les mages. Alors s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Jérémie : « Un cri s'élève dans Rama, des pleurs et une longue plainte : c'est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas qu'on la console, car ils ne sont plus ».
Puisqu'on ignore qui et où est cet enfant, qu'on supprime tous les derniers nés (il ne devait pas y en avoir tellement dans ce coin perdu). Matthieu imagine la douleur, les cris, les larmes des mères : cette scène atroce lui rappelle un oracle du prophète Jérémie qui évoquait la détresse de Rachel, l'épouse du patriarche Jacob, lorsque sa descendance avait été écrasée, tuée ou envoyée en déportation.
Et en même temps, Matthieu s'adresse à ses lecteurs chrétiens dont beaucoup souffrent de persécutions, sont arrêtés, condamnés, exécutés et il essaie de les consoler. Jadis les armées d'Assyrie puis de Babylone ont écrasé les pauvres d'Israël ; de même Hérode a tué « les saints innocents » ; et aujourd'hui encore, pour le simple fait que l'on est disciple de Jésus, on est poursuivi, frappé, mis à mort. Rappelez-vous, dit Matthieu, comment continuait l'oracle du prophète : «  Rachel pleure sur ses enfants...mais ainsi parle le Seigneur : Assez plus de larmes ! Ils reviennent des pays ennemis. Ton avenir est plein d'espérance, tes enfants reviennent dans leur patrie ». (Jér 31, 15-17)
Ya-t-il douleur plus atroce que celle d'une mère qui voit son petit enfant assassiné ?...
Plus tard, c'est Marie qui verra son fils unique exécuté d'une manière épouvantable par les grands prêtres même de son peuple. Sa douleur était indescriptible : « son avenir était plein d'espérance ».
Il est dangereux d'être ami de Jésus : ses disciples sont souvent conduits à la croix. Mais celle-ci est « porte d'espérance ».

INSTALLATION EN GALILEE


Après la mort d'Hérode, l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit :
« Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et reviens au pays d'Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l'enfant ». Joseph se leva, prit l'enfant et sa mère, et rentra au pays d'Israël. Mais, apprenant qu'Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s'y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth.
Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par les prophètes : « Il sera appelé Nazôréen ».
A nouveau c'est dans l'écoute de la voix de la nuit que Joseph apprend la conduite à tenir afin de préserver « l'enfant et sa mère », Jésus et Marie ensemble : c'est bien en terre d'Israël que le Messie doit grandir, c'est dans les coutumes de son peuple qu'il doit être élevé. Né en Judée, il demeurera dans la partie nord, la province de Galilée, dans le modeste village de Nazareth.
Matthieu y voit l'accomplissement d'une prophétie qui étonne tous les commentateurs car on ne trouve cet oracle nulle part dans les Ecritures et un habitant de Nazareth est appelé « un Nazaréen ». Le nom reviendra à la fin de l'évangile (26, 71) et dans les Actes des Apôtres (2, 22 ; 3, 6...) où les chrétiens seront appelés « la secte des Nazôréens » (24, 5)

 

Noël

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014

La fête de Noël est la plus belle et la pire des fêtes de toute l'année.  C'est la plus belle parce qu'elle est remplie d'un immense espoir, l'espoir de connaître enfin un moment de paix, de vraie paix, pas d'une paix qui serait simplement un arrêt de la guerre et des disputes, mais une pais qui remplirait le c½ur d'une joie profonde, d'un épanouissement complet.  Mais, hélas !, nous avons peur d'être déçus, car cet espoir est déjà bien compromis par l'excitation superficielle des la préparation des fêtes.  Les magasins sont joliment décorés, mais les couleurs sont trop vives, presque criardes.  Une douce musique est diffusée dans les rues, mais on se demande si tout cela n'est pas simplement du commerce, si tout cela n'est pas un mensonge, un mensonge que l'on se fait à soi-même, un mensonge qui est partout répandu et dont nous sommes les complices.
Oui, nous souhaitons vivre et connaître un moment de paix et de repos, et pour cela nous sommes prêts à être gentils, ne fût-ce qu'une soirée.  Mais nous le savons, nous le sentons au plus profond de nous-mêmes : il y a quelque chose de vrai dans cette recherche de la paix en cette période de Noël, quelque chose qui dépasse - et de loin - touts ces vitrines bien décorées, et toutes ces musiques douces.  Mais cet espoir de paix, ce n'est pas quelque chose que nous avons inventé, c'est quelque chose que nous avons reçu : nous avons reçu le Fils de Dieu.  Il est venu parmi nous parce que, pour lui, nous valons le déplacement.  Il n'est pas venu parmi nous, entouré d'une armée d'anges et de soldats.  Il est venu parmi nous comme un petit enfant, tout fragile, prêt à être emporté par le premier rhume ou par la première fièvre. 
Et c'est alors qu'on comprend ce que c'est que la vraie paix.   C'est le sentiment d'être enveloppé par le regard aimant et chaleureux de quelqu'un qui veille sur nous.  C'est le sentiment d'être transporté par les deux mains douces et caressantes du Bien-aimé.  Alors, oui, vraiment, les difficultés et les peines sont bien effacées par cette chaleureuse amitié.  Alors, oui, nous devenons capables de regarder les autres autrement, non plus comme des rivaux ou de possibles agresseurs, mais comme des invités à la fête de l'amour de Dieu.
Oui, la fête de Noël, ce n'est quelque chose que l'on a créé ou inventé, artificiellement, pour se faire plaisir.  La fête de Noël, c'est quelqu'un que l'on reçoit.  C'est Jésus qui vient parmi nous.  C'est le Fils de Dieu qui fiat le déplacement parce que, pour lui, nous en valons la peine.



Noël

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014


Désolé pour nous en ce soir de Noël, mais rien ne va vraiment dans l'évangile que nous venons d'entendre.  Joseph, qui est de sang et de rang royal, se voit obligé de voyager avec son épouse enceinte et arrivant à terme, pour un recensement exigé par les troupes occupantes.  La jeune mère accouche dans une étable alors que nous pourrions nous attendre qu'un Messie, notre Sauveur comme le dit saint Paul, le Seigneur naisse dans un palais tout de même.  Et enfin, l'orchestre céleste des anges se produit devant une bande de bergers se promenant dans les champs d'un village au lieu d'offrir leurs mélodies devant un parterre de notables et de gens distingués appréciant à tout le moins ce type de musique.  Le jour de l'incarnation du Fils, nous aurions quand même pu nous attendre à un peu mieux de la part de Dieu.

Toutefois, c'est peut-être justement là que se situe le sens de Noël.  Nous n'avons à nous attendre à rien puisque Noël, n'est pas un dû mais plutôt un don.  En effet, si c'était un dû, nous aurions des droits, nous pourrions exiger.  Or, il s'agit plutôt d'un don que nous sommes invités, chacune et chacun, à accueillir comme tel. En agissant de la sorte, nous devenons des femmes et des hommes qui acceptent ce merveilleux don de Dieu, c'est-à-dire nous devenons des « théodores ».  Néanmoins, nous sommes un peu devant la crèche comme Moïse le fut en son temps face au buisson ardent.  Rappelons-nous cet épisode.  Dans le livre de l'Exode, lorsque  Moïse demande à Dieu « J'irai donc trouver les fils d'Israël, et je leur dirai : 'Le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous.' Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? »   Dieu dit à Moïse : « Je suis celui qui suis. Tu parleras ainsi aux fils d'Israël : 'Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est : JE-SUIS'. » Voilà, donc Moïse bien avancé.  En d'autres termes, le Père lui dit : « vous ne pouvez pas savoir qui je suis.  Pour vous, je reste et je resterai toujours un mystère ».  Et il en va de même pour nous en cette nuit de Noël.  Nous contemplons également un mystère.  Nous sommes devant un Dieu bébé.  Peut-être un peu désorientés, comme des parents peuvent l'être face à leur enfant qui vient de naître ou qu'ils viennent d'adopter.  Il y a à la fois le bonheur de pouvoir accompagner cette nouvelle vie et en même temps, ce petit être reste un profond mystère. Nous ne savons encore rien de lui.  Comment grandira-t-il ?  Que deviendra-t-il ? Sera-t-il styliste, ingénieur, boulanger, médecin, artisan, voire pire encore, dominicain mais là, seulement s'il a vu la lumière de Noël bien évidemment.  Marie et Joseph ne se doutaient vraisemblablement pas à l'époque de sa venue parmi nous que leur fils ferait une fugue à douze ans ou encore qu'il terminerait sa vie sur le bois de la croix.  Ils étaient comme tous les parents d'aujourd'hui qui ne peuvent écrire le scénario de la vie de leur enfant.  La vie n'est jamais un destin à subir mais plutôt un bonheur à acquérir, une dignité à conquérir, une destinée à accomplir.  Tout être qui vient à la vie reste un mystère pour ses proches.  Tout Dieu qui se donne à nos vies, est un mystère pour celles et ceux qui s'en approchent.  Et pour entrer dans un mystère, il ne suffit pas de le contempler mais plutôt de le vivre.  Qu'est-ce à dire ?  Vivre un mystère, c'est accepter d'entrer en relation avec l'autre qui nous a été donné.  Lorsque ce dernier est d'ordre divin, nous découvrons tout tendrement que la foi ne peut jamais se résumer à des valeurs.  Ces dernières découlent de la richesse d'une relation divine qui la précède.  Nous sommes conviés à entrer en relation avec ce Dieu bébé qui se donne à nous aujourd'hui et nous tend ses bras pour que nous le prenions dans les nôtres.  Toutes et tous, nous sommes les crèches vivantes du Fils de Dieu et nos c½urs sont la mangeoire dans laquelle il a été déposé.  Pour entrer dans ce mystère, il nous suffit donc de fermer les yeux et de découvrir cet être divin qui vit au plus profond de notre être.  Il nous attend.  Il nous accueille.  Mieux encore, il a besoin de nous.  Il ne peut se passer de nous, comme tout bébé d'ailleurs.  Par la tendresse de nos yeux, dans la douceur de nos mots, partons à la rencontre de ce Dieu qui s'est fait un jour homme pour qu'à notre tour nous puissions partager la vie divine.  La fête de Noël, n'est donc jamais un dû auquel nous avons droit.  La fête de Noël est un don que nous sommes conviés d'accueillir, comme de véritables théodores.  Et lorsque nous nous laissons illuminés par le mystère de l'incarnation, nous devenons des porteurs de Dieu, c'est-à-dire des théophores.   Théodores et théophores, voilà ce que nous advenons en cette Nuit de Noël.
Amen

Noël

Auteur: Croonenberghs Didier
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014

Formidable, fooormidable
Tu étais formidable, j'étais fort minable
Nous étions formidables
Formidable, tTu étais formidable, j'étais fort minable?
Nous étions formidables

Vous avez certainement déjà entendu ce tube de Stromae, qui joue sur l'homophonie entre les mots « formidable », et « fort minable »... La grandeur n'est jamais loin de la dépression. Le fascinant de l'effroi. Ce qui est formidable n'est pas loin de ce qui fait peur... Au sens premier du terme, d'ailleurs. Car étymologiquement, ?ce qui est formidable est ce qui amène la peur !

Et avec Noël, je vous avoue avoir un tel double sentiment... Il y a quelque chose de formidable à Noël. Bien évidemment. Il y a de l'émerveillement, de la magie, des contes, du rêve... ?Mais il y a aussi le fort minable, ce que nous n'aimons pas... 

Comme chaque année, il y a d'une part le fort minable. Beaucoup de personnes ont peur de Noël. Lorsqu'arrivent les fêtes, il y a cette frénésie de cadeaux et de bulles qui agite notre société tout entière, à en faire sauter les systèmes de paiement ! ?C'est une frénésie qui rend plus seuls encore, ?celles et ceux qui sont seuls et sans famille... ?Il y a donc quelque chose de curieux dans cette hystérie collective, où il faut acheter des cadeaux au risque de s'entendre dire --oh... j'ai déjà !

Noël peut donc générer beaucoup d'angoisse ou de tristesse. Et plus encore quand la famille ne joue pas son rôle de soutien et ne se montre pas conciliante. Vous connaissez le mot de Groucho Marx : « Le mariage permet de résoudre à deux les problèmes qu'on ne se posait pas tout seul ».  Même curiosité avec Noël. Noël nous invite à une sollicitude que nous ne devrions pas développer si Noël n'était pas fêtée !  En ce sens, Noël devient ainsi plus une obligation qu'une  fête...

Ca, c'est pour le côté de Noël un peu fort minable...
Mais il y a réellement un côté formidable à Noël, sinon, vous ne seriez pas là !

Le Verbe s'est fait chair !

Ce Noël-là nous invite à être bien en chair, ?nous invite à être bien dans notre corps et notre vie !
Ce Noël-là nous invite au soin, à l'attention patiente, ?à l'ouverture, à l'autre et à son mystère.
Ce Noël-là, c'est lorsque Noël ne célèbre pas un événement, ?mais ouvre un avenir.
Ce Noël-là, c'est Noël qui prépare Pâques !
Ce Noël-là rencontre la vraie question proprement humaine ?et donc chrétienne :
Quel sens donnes-tu à ta vie ? Pour le dire autrement :
Qu'en est-il de ta seconde naissance, celle où tu as à advenir à toi-même ?

Il s'agit d'accepter le risque du manque, celui de ne pas être dans la certitude du savoir, dans la sécurité du lendemain...

Voilà ce que Noël nous invite à vivre. La naissance de Jésus est en soi une Parole qui invite chaque être à naître à lui-même dans la pauvreté de son désir, en quittant son identité première, son « moi » protecteur, en se dépossédant, en quelque sorte pour rencontrer l'autre qu'il s'agit de devenir, d'inventer même.

Et voilà qui fait peur ! Devenir soi-même fait peur, mais il n'y a rien de plus merveilleux lorsque cela se vit dans la rencontre de l'autre.

Il y a donc un côté un peu fort minable, lorsque Noël nous invite à retourner en enfance, de manière infantile !
Mais il y a un côté formidable à Noël. Ce Noël qui, à tout âge, nous invite non pas à retourner en enfance, mais à devenir des enfants.

Voilà le miracle formidable de  Noël : ?Il y a un enfant qui sommeille au fond de chacun.
Pas l'enfant qu'on a été.
Mais l'enfant qu'on a à devenir.
Nous oublions l'enfant que nous sommes profondément.??Celui qui aime grandir.
Celui qui est curieux, aime jouer, jouer à cache cache.
Celui qui apprend.?
Celui qui rit de bêtises. ?Celui qui compte sur la parole d'un autre.
Celui qui a peur et n'a pas peur de le dire.
Celui qui a faim et n'a pas honte de le crier.
Celui qui a besoin de la confiance, de la tendresse,
De la main de quelqu'un.

Cet enfant là malheureusement, avec l'âge adulte, il a l'air de mourir.

Noël nous invite ainsi à enfanter l'enfant qu'on est !
C'est la grâce de ce de Dieu qui vient nous visiter,
qui vient  renouveler l'enfant que nous sommes.
Telle est la côté --formidable-- de Noël.

Si Dieu, aujourd'hui, prend le chemin des hommes pour nous faire découvrir qui Il est, alors nous pouvons toutes et tous nous risquer à emprunter le chemin de Dieu, celui de l'enfant, pour découvrir qui nous sommes. Amen.

Noël

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014

« Ah si seulement ton c½ur pouvait devenir crèche,
Dieu, une fois encore, sur cette terre, deviendrait enfan
t »

UN NOUVEAU SUJET DE CESAR

En ces jours-là, parut un édit de l'empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre -- ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinus était gouverneur de Syrie. Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d'origine.
Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu'ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Connaître le nombre immense de « ses sujets », supputer les sommes astronomiques des impôts, programmer la construction de monuments gigantesques, savoir combien d'hommes on pourra mobiliser pour les armées : quelle ivresse d'être l'homme le plus puissant qui ait jamais vécu sur terre ! Et quels triomphes les foules lui rendent pour tant d'années de paix ! Vraiment Octave a mérité son surnom « Auguste » car il est comme un dieu. Cependant « la Ville éternelle » ( ?) ne tiendra que 5 siècles avant de s'écrouler sous les coups des Barbares. Toutes les civilisations sont mortelles.
Or, dans un coin perdu de l'Empire, naît un petit pauvre. Un « sujet » de plus pour César. Comme ses parents, il obéira aux lois civiles, il ne complotera pas contre le Pouvoir. Mais cet enfant si fragile, si pauvre, deviendra SEIGNEUR d'un Royaume de Paix et qui durera jusqu'à la fin des temps.
Avons-nous envie d'un palais ? Sommes-nous fascinés par la force ? Cherchons-nous le bonheur dans la richesse ou dans le partage ? dans la vengeance ou dans le pardon ? .......
Nous nous lamentons sur l'insignifiance de la paroisse ? Notre avenir dort sur la paille d'une crèche.

ANNONCER LA JOIE DE LA BONNE NOUVELLE

Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L'ange du Seigneur s'approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d'une grande crainte, mais l'ange leur dit :
« Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l'ange une troupe céleste innombrable qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime. »
Un « ange » n'est pas un être divin et ailé mais « un envoyé », un messager chargé d'apporter une révélation. Dans le flux des nouvelles de malheur, la BONNE NOUVELLE retentit : le Libérateur est venu. Ce n'est pas l'Empereur romain mais un enfant juif. Il naît de nous (Marie) mais il n'est pas notre ½uvre (Joseph). Il n'est pas victoire des uns sur les autres mais joie pour l'univers des hommes.
Entendre cette Bonne Nouvelle fait de chaque jour un AUJOURD'HUI de grâce. S'éteignent nos remords, nos déceptions, nos inquiétudes, nos résolutions, nos vanités. Et brille l'Evangile.
Du haut de son trône, César ne peut qu'imposer son ordre par la force. A partir de sa crèche - et plus tard de sa croix - Jésus propose sa paix à toute liberté. Sa Paix est mondiale, certaine parce qu'elle n'est pas résultat de conquêtes mais essentiellement GLOIRE RENDUE A DIEU. Un Dieu qui aime tous les hommes et veut les rassembler autour d'un bébé emmailloté à Bethléem avant d'être un homme enveloppé dans un linceul au Golgotha.
Aux hommes toujours en quête des signes de force (palais, armées, luxe, spots, paillettes, Olympia des dieux puis des « stars », délire devant les idoles...), Dieu donne LE SIGNE DEFINITIF.
Silence au milieu des stridences. Lumière parmi les ténèbres. Dénuement dans le torrent de cupidité. « ETRE » authentique dans le déchaînement de l' « AVOIR » fragile et mensonger.

LES BERGERS NOS MODELES

Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu'à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se hâtèrent d'y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son c½ur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé.
La Bonne Nouvelle est-elle usée ? Beaucoup estiment qu'elle a fait son temps. Le pauvre nouveau-né est remplacé par le père Noël au manteau pourpre (comme César jadis !) : au moins voilà quelqu'un qui peut nous rendre heureux en nous comblant de cadeaux ! (sic)
Qui écoute l'Evangile ? Ceux qui ressemblent aux bergers : pauvres sans ressources - éveillés dans la nuit - gardiens des vies contre les attaques des prédateurs.
Méditons leur comportement : aller voir (sortir de sa situation, se déplacer, être curieux) - se hâter - découvrir Jésus, un Sauveur faible - sortir d'une piété fade, gênée et silencieuse pour raconter, échanger, communiquer sur ce qu'on voit, ce qu'on entend, ce qu'on ressent.
Notre paroisse est-elle ouverte aux bergers en quête de vérité, aux hommes désespérés dans la nuit ?
Est-elle  Maison du Pain (en hébreu beth-lehem) partagé au milieu des demeures de gaspillage et des temples de la consommation ?

Le pape François nous presse à la mission : « J'aime bien utiliser l'expression « aller vers les périphéries », vers les périphéries de l'existence, tous les pauvres, de la pauvreté physique à la pauvreté intellectuelle...tous les carrefours !...Sortir de nous-mêmes, sortir de nos communautés pour aller là où les hommes et les femmes vivent, travaillent et souffrent, et leur annoncer la Miséricorde du Père...Soyez partout des porteurs de la Parole de Vie dans vos quartiers, sur les lieux de travail...Vous devez sortir. Je ne comprends pas les communautés chrétiennes qui s'enferment dans leur paroisse... Semer n'est pas facile ...mais cette lutte est celle qui revient à tous les chrétiens chaque jour... ».          (17.6.13)

MARIE LA CROYANTE

Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son c½ur.
Il lui avait été dit qu'elle aurait un fils qui « aura le trône de David...pour un règne sans fin... », puis Elisabeth l'avait congratulée : « Heureuse toi qui as cru... »- et là voilà à présent, la pauvre, loin de son village, sans autre berceau qu'une crèche pour y déposer son enfant sur lequel se penchent, ravis, quelques bergers pouilleux ! Marie enregistre en son c½ur, au plus profond d'elle-même, cette série d'événements insolites, elle cherche le sens qui y est caché à la lumière des Ecritures saintes. Elle n'est pas femme passive, résignée : elle assume son histoire, elle  s'y veut actrice responsable. La foi est un OUI qui cherche à comprendre.
Plus tard, après bien des joies, des épreuves et l'horreur de la croix, elle s'émerveillera que le mort dans le linceul devienne Seigneur de la Vie et que les maisons du Pain Partagé - les églises (beth-lehem)-  s'ouvrent dans le monde entier pour y accueillir les pauvres.
Nos communautés sont les nouvelles étoiles où retentit la Bonne Nouvelle, où les descendants des bergers, les veilleurs, n'en finiront jamais de rendre gloire à Dieu.

Afin que le récit de Noël ne soit pas une histoire féérique, vestige incertain d'un passé révolu, il nous appartient d'en faire un AUJOURD'HUI où à nouveau nous recevons la Joyeuse Nouvelle :
LE SAUVEUR NOUS EST NE, JOIE POUR LE MONDE.
« Ah si seulement ton c½ur pouvait devenir crèche,
Dieu, une fois encore, sur cette terre, deviendrait enfant »     (Angelus Silesius  - 1624-1677)