30e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Van Aerde Michel
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009


Il s'était cogné partout, Bartimée, aux arbres, aux pierres, aux hommes, aux murs. Il s'était enfoncé dans les impasses de la vie, à l'aveugle, explorant tous les excès, faisant marche arrière pour chercher encore autre chose, et recommencer. Il avait tout essayé, épuisant sa jeunesse, se faisant très mal parfois, tombant souvent, se relevant comme il pouvait, lançant des appels, laissés sans réponse, désespérant chaque fois sans pouvoir trouver d'issue car le désespoir est aussi un chemin sans fin, un puits sans fond. Mais dans ce désespoir il avançait encore, à la recherche du miracle, inscrit dans son désir : le miracle qu'un aveugle connaisse les couleurs, qu'un incroyant comprenne la foi, qu'un solitaire découvre les nuances de l'amour. Et ce Bartimée a beaucoup à nous apprendre car il faut, comme lui, avoir cherché longtemps, désespéré vraiment, pour prendre conscience de la beauté de la lumière et du sens de la vie.

Des Bartimée, aveugles ou non, qui laissent les autres jouer, en restant sur la touche, il y en a des milliers, des centaines de milliers même, des millions dans le monde entier. On ne les écoute pas et s'ils crient, on veut les faire taire. Ils ne sont pas intéressants, insolvables, impuissants. La foule va son chemin et veut les ignorer. Ils font peur, comme des morts vivants.

Il en va ainsi pour beaucoup de gens dans ce monde concurrentiel : hors course, dépassés. Mais que dit l'Evangile ? Jésus s'arrête. Il ne va pas plus loin. Arrêt sur image car dans cette pause se trouve l'essentiel. C'est un arrêt qui met en marche ! Une pause sabbatique qui ouvre sur un grand bouleversement, comme le silence qui précède la parole décisive, lumineuse, créatrice. Dans cet arrêt, trois gestes forts : le regard de Jésus qui voit celui qui ne voit pas, le manteau négligemment jeté et la parole de l'aveugle qui crie tout son désir.

Il a tout d'abord cet arrêt, qui ne va pas du tout de soi, parfaitement hors programme et incongru. J'y suis sensible car je ne supporte pas d'être bloqué dans mon élan. Partagez-vous ce sentiment ? Acceptez-vous facilement d'être interrompu, dérangé au beau milieu d'un projet ? Détourné de votre chemin ? Et le regard des autres ne canalise-t-il pas rendant plus difficile encore un changement de cap ? S'arrêter, c'est relativiser, mettre en cause le but premier pour en choisir un autre. Une foule ne se détourne pas facilement. Mais Jésus n'est pas « mimétisé », il agit librement. Il n'est pas un robot, il reste toujours capable de changer son programme et tout stopper pour entendre un appel. L'appel d'un homme est pour lui un absolu qui l'emporte sur tous les grands projets. Car au fait, pourquoi Jésus était-il donc descendu à Jéricho ? Nul ne le saura jamais, l'histoire n'a retenu aucune raison. Un mendiant aveugle sur le bord de la route est devenu le centre du récit. Tout le reste s'est effacé : la foule, les projets et l'impatience aussi peut-être. Jésus n'a jamais peur d'être en retard. En cela il diffère beaucoup de nous. Il est maître du temps. L'aveugle l'appelle et il se rend disponible pour lui, comme s'il était le seul homme important de tout le paysage. Jésus attend. « Appelez-le » dit-il. L'appel répond à l'appel ! Et l'autre se lève. Il était donc assis, ou couché, cette attitude qui symbolise la mort et il se « lève », en grec le mot signifie « résurrection » ou même « insurrection ». Il jette son manteau.

Ce geste théâtral vaut un long discours. Il le jette. Il ne le dépose pas, comme pour pouvoir venir le rechercher. Ce qui l'a si longtemps protégé du froid et du vent, il le jette, s'en sépare, presque violemment. Comme s'il pensait n'en avoir plus jamais besoin, comme s'il s'agissait de tout son passé, comme s'il s'agissait de l'aveuglement lui-même, le vieil homme usé, cassé, « la mauvaise vie ». Le manteau lui-même n'est rien, il vaut pour tout ce qu'il signifie, et ce n'est pas un détail qui nous est confié. L'aveugle bondit et court. Avec un manteau, il est difficile de bondir, de courir. Sans manteau, c'est encore dangereux ! Imaginez-vous bondir et courir les yeux fermés ! Mais il a confiance, Bartimée, après toute une vie d'errance, voici qu'il sait où il va, pour la toute première fois.

Jésus lui pose une question. Jésus offre rarement des réponses, il présente toujours des questions. Ici, la réponse semble aller de soi. Mais Jésus pose la question quand même. Il aime poser des questions parce qu'il a soif de nos réponses. Du genre « Pierre, m'aimes-tu ? » ou bien « Qui suis-je, pour toi ? » A l'aveugle, il demande : « que veux-tu que je fasse pour toi ? » Imaginez-vous d'autres réponses ? « Que tu m'offres une canne blanche toute neuve, ou bien que tu me tiennes la main ? Ou bien que tu me bénisses ? »

L'aveugle dit ce qu'il désire le plus. Il ne se censure pas : « Maître, que je voie ! » De nouveau, et cette fois, dans sa parole, il s'élance de tout son poids. Il bondit radicalement. Et Jésus lui répond : « Ta foi t'a sauvé ». Il ne lui dit pas « tu as de la chance que je passe par là ». Il assure l'aveugle de la justesse de son mouvement, de ce mouvement intérieur qui emporte tout, qui sauve tout : « ta foi t'a sauvé ! » Comme si cet aveugle, qui avançait à tâtons depuis toujours, n'avait jamais cessé de croire qu'un jour il verrait ! Comme si c'était cette « foi aveugle » dans la lumière qui nous était demandée à nous aussi.

Arrêt sur image. Nous sommes la génération Bartimée, qui se cogne partout mais qui a tout essayé, la révolution, le sexe, la drogue, la consommation, les médias, la compétition, les bonus, que sais-je, marche avant, marche arrière, peu importe le chemin, avec toujours cette sorte de « foi aveugle » qu'il y aura bien quelque chose ou quelqu'un finalement, qui réponde à notre désir infini.

La rumeur s'amplifie, Jésus n'est plus loin, jetons le vieux manteau comme un linceul et lançons nous à sa rencontre. Il est notre lumière et notre résurrection.

30e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Notre cécité est -elle incurable ?

 

La grande traversée du pays par Jésus et son groupe atteint Jéricho, ultime étape avant l'entrée à Jérusalem. Dès le point de départ (8, 27) et tout au long de la route, Jésus a annoncé son destin de souffrance et il a prévenu ses disciples qu'ils devaient renoncer à leurs conceptions pour le suivre.

" Qui veut sauver sa vie la perdra; qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Evangile la sauvera" ( 8, 35).

Effectivement cette montée vers la capitale a été marquée par des enseignements d'une extrême rigueur et Marc, à dix reprises, a souligné les réactions négatives des disciples, incapables d'admettre ces leçons qui contrariaient toutes leurs conceptions naturelles:

 

- Lorsque Jésus connaît un moment de transfiguration, ils se demandaient ce que peut bien signifier la   résurrection d'entre les morts ( 9, 10)

- Un pauvre papa leur avait demandé de guérir son fils épileptique et ils avaient lamentablement échoué à cause de leur manque de prière ( 9, 14-29)

- A la 2ème annonce de la Passion, "ils ne comprenaient pas et ils craignaient de l'interroger" ( 9, 32)

- En chemin, le ton montait: ils se disputaient pour savoir "qui était le plus grand parmi eux" ! (9, 33)

- Rencontrant un guérisseur invoquant le nom de Jésus, ils prétendaient l'en empêcher ( 9, 38)

- Ils ne comprenaient pas pourquoi Jésus interdisait la répudiation de l'épouse ( 10, 10)

- Ils repoussaient les mamans qui demandaient la bénédiction du Maître sur leurs enfants  ( 10, 13)

- Ils étaient sidérés quand Jésus dénonçait le danger des richesses ( 10, 24-26)

- A la 3ème annonce de la croix, ils étaient remplis d'effroi ( 10, 32)

- Par jalousie, certains man½uvraient pour dépasser Pierre et obtenir les places d'honneur ( 10, 35)

 

10 fois: sans doute à la ressemblance des ancêtres hébreux sortis d'Egypte et qui, à 10 reprises dans le désert,  n'avaient cessé de geindre, de regretter leur prison dorée, de critiquer leur chef ( Livre des Nombres  14, 22).

Le chemin de Jésus "accomplit" celui de Moïse et des Hébreux jadis: le véritable Exode est en train de s'effectuer.  VOYONS-NOUS les tentations dans lesquelles nous ne devons pas tomber ?

 

ETRE  AVEUGLE  ET  DESIRER  VOIR

 

Devant cette "cécité" terrible des disciples, on comprend pourquoi Marc encadre toute cette section par deux guérisons d'aveugles: à Bethsaïde d'abord (8, 22) puis aujourd'hui à Jéricho.

 

Tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse,

un mendiant aveugle, Bartimée, fils de Timée, était assis au bord de la route.

Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier: " Jésus, fils de David, aie pitié de moi !".

Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire

mais il criait de plus belle: " Fils de David, aie pitié de moi !".

Jésus s'arrête et dit: " Appelez-le".

On appelle donc l'aveugle et on lui dit: " Confiance, lève-toi: il t'appelle".

L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.

Jésus lui dit: " Que veux-tu que je fasse pour toi ?   -    Rabbouni, que je voie !".

Et Jésus lui dit: " Va, ta foi t'a sauvé".         Aussitôt l'homme se mit à voir et il suivait Jésus sur la route.

 

La portée symbolique du geste est évidente: les disciples ne parvenant pas à VOIR ce que Jésus veut, il leur est donc absolument nécessaire de lui demander le don d'une vue nouvelle, capable de percevoir les véritables enjeux du Royaume de Dieu. Mais ne les accablons pas de lourdeur et d'imbécillité: les textes sont écrits par Marc non seulement comme des souvenirs mais comme des avertissements pour les lecteurs de tous les temps. Bartimée demeure, aussi pour nous, un grand modèle à imiter. 

 

Jéricho, la palmeraie aux lauriers-roses, est la 1ère ville que les Hébreux, menés par Josué, rencontrèrent en entrant dans la Terre promise et on connaît le célèbre et légendaire récit de sa conquête où les 7 liturgies finirent par provoquer l'écroulement des remparts de la cité (Josué 6). Aujourd'hui Jésus, d'une simple parole, détruit les voiles opaques qui empêchaient Timée de voir.

 

Il était assis, mendiant, en bordure de route: ni debout comme un homme, ni travailleur comme un citoyen, ni intégré sur la voie commune à tout le monde. Misérable, marginal, enfermé dans sa prison.

 

La rumeur d'une foule passante l'intrigue, il s'informe:  Qui est-ce ? - C'est Jésus de Nazareth ! -- Qui est-il ? - Un descendant du roi David, il annonce le Royaume,  fait des miracles, il doit être le Messie.-

Timée crie sa détresse; il doit crier fort pour que sa voix domine celle de la foule en liesse.

Mais une foule n'a que faire d'un handicapé alors qu'elle participe à  un cortège triomphal en l'honneur d'un grand personnage qui va sauver la nation. "Tais-toi, ne viens pas briser l'enthousiasme par tes plaintes. Jésus a autre chose à faire que s'occuper de toi."

Eh bien oui justement ! A travers le joyeux brouhaha, Jésus a perçu un appel: Allez le chercher  !

Quelques-uns se dévouent, vont vers lui, l'encouragent: "Viens, confiance ! "

L'aveugle est pressé, il rejette son manteau, il se dépouille, il s'appauvrit de son seul trésor: alors que le jeune homme riche craignait tellement de renoncer à  tous ses biens !

Il fait confiance à ses guides: avec eux, il accourt vers Jésus: "Que je voie !!! Que je voie !"

Va: ta foi, ta confiance, ton élan, ton cri, ta misère et ta persévérance t'ont fait découvrir ton Sauveur.

 

Bartimée recouvre la vue ! et aussitôt "il suit Jésus sur la route".

Il ne fait pas seulement partie d'une procession jubilant devant un miracle, acclamant un guérisseur exceptionnel. Bartimée suit Jésus...qui entreprend la dernière montée vers Jérusalem et sa passion.

Il n'est pas seulement devenu un homme normal, avec des yeux, mais un "disciple": il ne voit pas seulement le monde, la société, la ville, la nature, les choses: il voit comment il doit vivre, quelle conduite il doit prendre, quelle histoire il doit partager: celle de Jésus qui est plus qu'un médecin, qu'un rabbi, qu'un maître, que le fils de David: il est le Fils de l'Homme qui accepte le destin du Serviteur souffrant.

                                     "Qui veut sauver sa vie la perdra; qui la perd la sauve"

 

Il est trop facile de critiquer la balourdise des apôtres, d'en vouloir aux Juifs qui n'ont pas cru en Jésus.

Nous-mêmes, encore aujourd'hui, nous prétendons être ses disciples mais dès qu'on nous rappelle ses enseignements les plus précis, les plus exigeants, nous répétons les péchés de jadis (cf. supra): nous nous disputons, des évêques et des théologiens se jalousent, nous hurlons devant l'interdiction du divorce, plus encore devant l'obligation de nous méfier des richesses et du devoir de nous dépouiller afin de passer par la porte d'entrée du Royaume, aussi étroite que "le chas de l'aiguille"; nous aimons les liturgies solennelles mais le son des cantiques nous empêche d'entendre les cris des misérables qui appellent au secours; nous ne savons pas aller chercher les marginaux qui, à l'écart de nos bonnes manières, appellent à l'aide et, lorsqu'il clament trop fort, nous les faisons taire.

 

Notre Église occidentale est en crise: chute des vocations, de la pratique liturgique...Comment VOIR ce que nous devons faire, les nouveaux chemins où nous engager ?..."   Seigneur,  que je te voie, TOI ! ......Que je voie ce que tu commandes...Et que j'ose agir selon ce que j'ai vu" !

 

Cher Bartimée : comme toi, je suis un aveugle qui ne distingue pas bien la route à suivre.

Je me dis chrétien "en marche" ...et je suis "en marge" du chemin vrai de l'Evangile.

Comme toi, je dois crier - sans accepter que les bien-pensants me fassent taire.

Comme toi, et en union avec tous les hommes enfermés dans leur nuit, je dois crier encore.

Convaincu que jamais de moi-même je ne parviendrai à "voir" vraiment ce que Dieu veut de moi.

 

Que je sache me dépouiller du superflu et parfois même du nécessaire

                 afin de courir plus vite à la rencontre de ce Jésus qui  me promet la liberté.

Que je ne cherche plus à "voir" un Dieu Roi-Soleil mais un Serviteur humilié qui donne sa vie.

Que je ne cherche plus à "voir" une Eglise triomphante, superbe, sûre d'elle-même,  fastueuse -

mais un peuple de pèlerins qui parfois est transi de peur devant ce qui l'attend

mais qui "voit" qu'il n'a d'autre salut

                                   que de rester près de Jésus et de le suivre sur le chemin de la croix.

28e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Un paroissien qui avait déserté sa paroisse depuis quelques temps, rencontra son curé au marché. Il expliqua sa désertion par le fait que selon lui, l'Eglise réclamait toujours de l'argent lors des collectes ou à l'occasion de diverses opérations proposées aux sorties des célébrations. - Il n'est continuellement question, lui dit-il d'un ton furieux, que de donner, donner, donner... Le curé réfléchit un instant et répondit: -Je tiens à vous remercier, cher ami, pour cette définition du Christianisme, c'est une des meilleures qu'il m'ait été donné d'entendre. La question que nous sommes alors en droit de nous poser est celle de savoir si la maxime des boxeurs qui consiste à dire qu'il y a toujours plus de plaisir à donner qu'à recevoir s'applique également à tout chrétien.

C'est sans doute ce que le jeune homme riche de l'évangile semble ne pas avoir compris. Dans la foi, nous n'aimons pas la conjonction de coordination « ou », nous préférons plutôt le « et ». Ce n'est pas l'un ou l'autre mais bien l'un et l'autre. En effet, il ne s'agit pas de donner ou de recevoir mais plutôt de donner et de recevoir. Reprenons la dynamique du récit évangélique qui souligne cela de manière précise. Toutes et tous, nous avons reçu la vie. Elle nous a été donnée par nos parents sans que nous la leur demandions. La vie est alors vraisemblablement le plus beau cadeau que nous ayons reçu au cours de notre pèlerinage terrestre. Ce don reçu ne peut toutefois pas se décliner par la négative. La vie, elle se vit. Elle est proactive, nous rappelle le Christ. Contrairement au jeune homme riche, nous ne pouvons pas nous contenter de ne pas faire certaines choses. Dieu ne semble pas se suffire du fait que nous évitions simplement de commettre le mal. Vivre sa vie à la négative n'est pas un chemin suffisant en vue du salut. Ce serait trop facile. Me contenter de « ne pas poser» des actes mauvais est vraisemblablement une première étape dans la vie mais nous ne pouvons pas nous y enfermer, nous en contenter. En effet, après avoir pris le temps d'intégrer ces divers commandements, le Père nous invite à entrer dans une dynamique vivante, celle de faire activement le bien, de poser des actes positifs. Au jeune homme, il lui dit : va, vends et donne. De cette manière, nous humanisons notre conception de la vie. Nous lui donnons chaire par les actes que nous sommes prêts à poser lorsqu'ils s'inscrivent dans la générosité de notre c½ur. « Aller, vendre, donner » sont des verbes à vivre pour nous permettre mieux encore d'entrer dans une dynamique de la gratuité, c'est-à-dire celle d'un don sans retour. Nous sommes loin de toute forme de mercantilisme, à mille lieues d'une loi d'échange où c'est du donnant-donnant. Le Fils de Dieu nous convie à un déplacement intérieur où nous quittons tout modèle de profit pour nous laisser apprivoiser par celui du don à offrir. Un don gratuit, un don sans retour. En fait, un don pour le plaisir du don en lui-même, c'est-à-dire un don qui prend sa source dans l'amour que nous pouvons nous porter les uns aux autres. Cette attitude de vie n'est malheureusement pas innée. Elle nous demande un temps de mûrissement intérieur pour nous permettre de nous désencombrer de tout un ensemble de richesses matérielles et immatérielles qui entravent nos existences. Ce soir, Jésus vient nous demander de nous débarrasser de tout ce qui nous enferme dans une logique mercantile, de nous désencombrer de tout ce qui nous empêche de vivre pleinement nos vies à la lumière de l'Esprit Saint. Ayant accompli ce qu'il nous invite à réaliser, nous pouvons alors avancer plus librement encore sur le chemin de la vie. Notre vie, nous la vivons en donnant de notre temps, en offrant chaque fois un peu de nous-mêmes. C'est aussi simple que cela. Ayant pris le temps de nous laisser interpeller par le Fils de Dieu, nous participons alors à l'avènement de son Royaume. La Vie ou le Royaume ne sont pas non plus des réalités monnayables, même le fait de pratiquer les commandements du décalogue ne suffisent pas. Le Christ nous rappelle avec force qu'il est tout simplement impossible à tout être humain, et ce quelle que soit sa condition personnelle, d'obtenir par lui-même la vie éternelle. Cette dernière est un don de Dieu. Elle ne se mérite pas, elle se reçoit. Mais pour recevoir un tel cadeau, il nous faut être libre vis-à-vis de nous-même et des autres car ce don-là emplira à jamais tout l'espace de notre c½ur puisque le Père nous l'offre au centuple. Puissions-nous alors vivre pleinement nos vies au son de la musique divine, une musique d'amour éternel.

Amen.

29e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Quelles  places  pour  nos  ambitions ?

 

Poursuivant sa route vers Jérusalem, Jésus ne cesse de répéter aux disciples qu'il y sera arrêté et exécuté. Néanmoins, en dépit de ces avertissements répétés, les apôtres restent convaincus que Jésus va se manifester dans la capitale en tant que Messie triomphant et ils caressent le rêve de partager son pouvoir. Qui fera partie de l'équipe dirigeante ? Les chamailleries à propos des préséances crépitent et les plus malins cherchent à se positionner !   

 

Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s'approchent de Jésus:

-       Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande.

-       Que voudriez-vous que je fasse pour vous ?

-       Accorde-nous de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ta gloire.

 

Pourquoi ces deux là ? Essai d'explication :

Passant près du lac, Jésus a d'abord appelé Simon et André (dont on ne dit rien d'autre que leurs noms) puis, un peu plus loin, Jacques et Jean, toujours signalés comme "fils de Zébédée", personnage qui doit être bien connu comme propriétaire d'une grosse entreprise de pêche car Marc note: "..laissant dans la barque leur père Zébédée avec les ouvriers, ils partirent..." ( 1, 16-20). Donc Jacques et Jean, fils d'un riche patron coté sur la place,  sont d'un milieu social plus élevé que Simon et André.

Or, quelque temps plus tard, Jésus décide de former un groupe de douze (3, 13): il place Simon à la tête en lui donnant un nouveau nom, signe d'une nouvelle vocation et de son rôle de fondement: Pierre, Rocher. Quant à Jacques et Jean, ils doivent avoir un tempérament "explosif" puisqu'ils reçoivent le surnom de "fils du tonnerre" ! On devine que ces "saints" garçons n'ont jamais accepté la nomination d'un pauvre pêcheur...d'où leur démarche finaude pour le court-circuiter: "Nous sommes bien plus dignes que ce pauvre Simon d'occuper les places d'honneur du futur gouvernement de la libération ! "

Quelle mesquinerie ! Jésus va leur révéler le prix qu'il faut payer pour cela.

 

-       Vous ne savez pas ce que vous demandez ! Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire,  recevoir  le baptême dans lequel je vais être plongé ?

-       Nous le pouvons.

-       La coupe que je vais boire, vous y boirez; et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous  le recevrez. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder; il y a ceux pour qui ces places sont préparées.

 

- "boire à ma coupe" : le vin de ce temps déposant une lie abondante et amère au fond des amphores, l'expression était l'image d'une dure chute dans la souffrance (agonie de Jésus: "Père, écarte de moi cette coupe...")

-" recevoir le baptême" : le premier baptême, dans les eaux du Jourdain, était la promesse de la venue du Royaume, d'une existence plus pure, d'une joie débordante. A présent, Jésus annonce qu'il va être plongé dans "un second baptême": il sera englouti dans l'abîme de la souffrance, dans les eaux de la mort !

 

"Nous pouvons accepter ce destin " lancent les deux frères avec témérité. Las! dès que les soldats surgiront pour arrêter leur Maître, ils s'enfuiront avec tous les autres. Pourtant, sous la force de l'Esprit, Jacques sera décapité sur l'ordre du roi Hérode: en l'an 43/44, il sera le premier apôtre martyr. Mais on dit de Jean qu'il aurait vécu assez vieux.

Quant aux places à mes côtés, dit Jésus, seul Dieu peut les attribuer. Quelques jours plus tard, à la veille de la Pâque, Jésus agonisera sur la croix du Golgotha avec deux inconnus, "l'un à sa droite, l'autre à sa gauche" - sans doute deux résistants anonymes, qu'on appellera zélotes (15, 27).

 

SOCIETE  DE  CHEFS  ET EGLISE  DE  SERVITEURS

 

Les dix autres avaient entendu et ils s'indignaient contre Jacques et Jean.

 

Les deux Zébédée ne sont pas les seuls à manigancer pour monter en grade: tout le groupe au fond était travaillé par la même ambition et d'ailleurs, depuis un temps, ça discutait ferme entre eux pour savoir "qui était le plus grand " ! ( 9, 33 = 25ème dimanche).  Jésus tente de les convertir:

 

Jésus les appelle tous et leur dit: " Vous le savez: ceux que l'on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres; les grands font sentir leur pouvoir.

Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi  :        Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur.

                                                             Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous.

Dans  le monde, les nations et les sociétés sont organisées de façon hiérarchique: par nominations, par force, par élections, certains occupent des rangs supérieurs et exercent l'autorité sur leurs subordonnés. Le pouvoir est un champ de bataille où les ambitions se défient de façon plus ou moins policée !

Dans mon Eglise des Douze, ordonne Jésus, il doit en aller de façon tout à fait inverse!

Et il leur  répète ce qu'il leur avait enseigné à Capharnaüm: le plus grand sera le serviteur des autres, l'esclave de tous (9, 33 = évangile 25ème dimanche). Là, il leur avait donné l'exemple d'un enfant, ici il leur annonce solennellement le sens de sa prochaine destinée:

 

Car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir

et donner sa vie en rançon pour la multitude.

 

" Le Fils de l'homme": l'expression, nous l'avions déjà dit, ne se trouve dans les évangiles que sur les lèvres de Jésus. Il semble qu'il a voulu ainsi se désigner d'abord comme "un homme véritable" mais aussi comme réalisant la mystérieuse figure du rêve reçu par le prophète Daniel. Alors que les Empires successifs (Assyrie, Babylone, Grèce, Rome) étaient décrits sous les traits de fauves féroces ( primat de la force brute), après eux, annonce le prophète, viendra enfin un royaume "humain", de paix et de justice, l'Heure de la Fin et du Jugement de Dieu:

 

"Je regardais dans les visions nocturnes et voici qu'avec les nuées du ciel venait comme un Fils d'homme; il arriva jusqu'au Vieillard ( image de Dieu)...et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté; les gens de toutes nations le serviront car sa souveraineté est une souveraineté éternelle qui ne passera pas et sa royauté ne sera jamais détruite"                           ( Daniel   7, 13...)

 

Mais - et ceci est extraordinaire ! - Jésus annonce que, s'il va réaliser cette figure du Fils de l'Homme, il ne le fera pas sous un apparat triomphal mais à la manière du SERVITEUR SOUFFRANT.

En effet, au temps de l'exil, un autre Prophète, qu'on appelle "le 2ème Isaïe", avait décrit sa vision épouvantable d'un homme accablé de tous les maux...mais qui mystérieusement donnait sa vie pour sauver ses frères humains, ceux-là même qui l'avaient rejeté et trahi. L'extrait de cette page bouleversante constitue la 1ère lecture d'aujourd'hui ( Isaïe 53, 10-11) :

 

"Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur Dieu. Mais s'il fait de sa vie un sacrifice d'expiation, il verra sa descendance, il prolongera ses jours ;par lui s'accomplira la volonté de Dieu.

A cause de ses souffrances, il sera comblé. Parce qu'il connaît la souffrance, le juste, mon Serviteur, justifiera les multitudes,  il se chargera de leurs péchés"

 

Les pauvres apôtres rêvaient du Royaume glorieux du Fils de l'Homme, de la Gloire éclatante d'Israël, des honneurs qui allaient leur échoir, de la destruction de leurs ennemis. Et Jésus, lui, a compris que la Royauté éternelle ne pouvait  se réaliser que par la souffrance, l'abjection acceptée.  

Il sera "rançon": non qu'un Dieu sadique exige un payement sanglant pour nous pardonner; ni encore moins que Jésus doive payer le diable qui nous tient en prison.

C'est lorsque l'amour est foudroyé qu'il éclate enfin dans sa vérité et son efficacité: Jésus, buvant la coupe de l'agonie et plongé dans un bain de sang, s'offrira pour nous, ses lâches et vaniteux disciples. Ainsi nous entrons, par sa grâce, dans le Royaume où il n'y a plus que des petits et où l'unique ambition est d'aimer jusqu'à donner sa vie.

Benoît XVI vient de déplorer qu'il y ait encore des hommes d'Eglise qui font passer leurs intérêts personnels avant le bien commun. Il y a encore des "fils Zébédée" ! L'ambition n'est pas morte !

Nous ne sommes plus une Eglise puissante et dominatrice: cette faiblesse est-elle notre joie ou notre honte ?

 

Seigneur, fils de l'homme et Serviteur souffrant,

                libère nos responsables de tout arrivisme et de toute jalousie.

Que ton Eglise fuie toute parade mondaine, toute envie de dominer et de régner.

Que ta Croix soit son unique honneur, sa seule gloire.

Gloire à toi qui a donné au père DAMIEN la grâce de chercher la dernière place au service de ses pauvres frères lépreux: que sa glorification en ce jour nous guérisse de nos mesquines vanités.

 

28e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Van Aerde Michel
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

« Rien n'est impossible à Dieu » dit Jésus. Parole à méditer ! Nous aimerions aussi que tout nous soit possible, à nous ! Et pourquoi pas, si nous faisons alliance avec ce Dieu Tout Puissant !

Jésus parle du centuple, non pas seulement « un de perdu, dix de retrouvé » mais « un de donné, cent de retrouvés » ! En cette période de crise, voilà un investissement qui semble intéressant. Qu'en pensez-vous ? Si l'on essayait ? Je donne un, et je reçois cent, je donne cent et je reçois combien ? Cent fois cent, c'est-à-dire 10 000, et quand je donne dix mille, je reçois cent fois dix mille, c'est-à-dire un million. Je sens que vous commencez à être intéressés ! Ce qui est mis en commun n'est pas ajouté mais multiplié, c'est vrai. Et ce qui est donné aux pauvres est tout de suite consommé, c'est-à-dire réinvesti dans l'économie qui s'en trouve stimulée. Cette affaire n'est pas pour rire, Jésus a les pieds sur terre, même s'il a la tête dans le ciel !

Ces perspectives encourageantes se trouvent pourtant comme bloquées dans ce récit. Cela finit mal : « le jeune homme s'en alla tout triste, car il avait de grands biens ». Mais permettez moi une question : est-ce que cela vous rendrait tristes, vous, d'avoir de grands biens ? Vous souriez mais seriez-vous capables de donner aux pauvres le peu que vous avez ?

Ces questions montrent le pas qu'il faut savoir poser, le saut qu'il faut effectuer, le geste radical de conversion qui nous est demandé. Changer de vie mais aussi changer de mentalité, découvrir une autre façon de compter, une autre façon d'être heureux, une autre respiration, de nouveaux horizons, une autre amitié, tout ce que le jeune homme riche a pressenti mais n'a pas choisi.

Pourtant ce jeune homme est quasiment parfait : il observe tous les commandements, et il a l'intention de faire mieux encore, pour accéder à la vie avec un grand « V », la vraie vie, celle-là même de Dieu !

Jésus semble surpris de rencontrer un tel type d'homme, tellement normal et réussi que c'en est exceptionnel. « Jésus se mit à l'aimer ». Cette remarque est belle, magnifiquement humaine. Jésus éprouve de l'affection. Il admire et il aime : le jeune homme est charmant, il a quelque chose d' « attachant ». Mais l'affection psychologique est souvent déçue, Jésus aimerait bien qu'il fasse partie de ses disciples et nouer avec lui une véritable amitié. Cela le reposerait peut être des malades et des pécheurs... cela le reposerait peut être de ces apôtres qui ne comprennent jamais rien et qu'il a peut être choisis, faute de mieux... mais le jeune homme est riche, il est peut être « attachant », mais il est lui-même « attaché », il n'écoute pas... Et Jésus le laisse aller, il reste discret, sans dire un mot de plus, sans chercher à séduire par quelques promesses pourtant vraies, sans chercher à culpabiliser par quelque reproche que ce soit.

Ce jeune homme n'a pas de nom, c'est peut-être nous, que Jésus aime spontanément, et qu'il laisse à notre liberté. Sa volonté, c'est que nous ayons une volonté, l'Eglise n'est pas une secte et Jésus n'est pas un recruteur. Son choix, c'est que nous puissions faire des choix, même celui d'un égoïsme étroit. Mieux vaut un homme libre qu'un disciple conditionné.

Je n'insiste pas sur la séduction de la richesse, nous la comprenons très bien. Le choix ne peut être que radical. Ce qui n'est pas donné est perdu et il n'y a pas moyen de donner un peu seulement, celui qui n'a pas tout donné, n'a rien donné. Il s'agit d'un absolu. Dieu est à ce prix. C'est parfois crucifiant, un choix « crucial » comme on dit. Il y a un carrefour déterminant et tous les carrefours ont une forme de croix ! Il faut accepter de mourir pour vivre ressuscité... et l'on ne peut pas mourir un peu seulement pour vivre pleinement.

Faut-il pour autant désespérer ? Les disciples se posent franchement la question. Mais Jésus ouvre une voie, il relance l'espérance : « rien n'est impossible à Dieu ». Une brèche s'ouvre sur le ciel. Un rayon de soleil perce notre ciel plombé. Ce qui est impossible à l'homme, Dieu peut s'en charger. Mystère de l'alliance, mystère du désir de Dieu qui n'abandonne pas même si nous l'avons abandonné. Dieu ne renonce jamais.

Mais que signifie « rien n'est impossible à Dieu » si chacun n'y met pas du sien ? Si je ne donne pas même un petit pain à multiplier par cent, qui le donnera pour moi afin qu'il y en ait assez ? Si je n'aide pas les autres, qui le fera pour moi afin que le monde ne s'enferme pas dans un véritable enfer du chacun pour soi ? Si je ne me mets pas au service des pauvres, qui le fera ? Qui se fera le serviteur de tous ?

« Rien n'est impossible à Dieu » ne veut pas dire qu'il soit un magicien capable de nous transformer comme le ferait une fée d'un coup de baguette magique. Dieu ne nous manipule pas mais, par nos refus, il devient lui-même pauvre, humilié, victime, exclu ... solidaire des humiliés, des pauvres, des exclus du monde entier.  Un Dieu crucifié...  dont l'amour ne renonce jamais, dont la fidélité est indéfectible, un Dieu qui nous aime à en mourir et qui finit par l'emporter comme le disait Maxime le Confesseur : « L'homme ne cède que sous le poids de l'extrême humiliation de Dieu ».

A la fin, le jeune homme riche, après bien des mésaventures, des errances et des changements de cap, finit par craquer. Marc, l'évangéliste, est le seul à nous conter cette histoire amusante finalement, le seul à nous dire que lorsque Jésus est arrêté, un jeune homme suit de loin, vêtu d'un simple drap. On le saisit, mais il lâche le drap et il s'enfuit tout nu. La tradition chrétienne en a déduit qu'il s'agissait du même jeune homme, il a un nom : Marc, l'évangéliste. « Rien n'est impossible à Dieu » !

28e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

L'Evangile  et  l'Argent

 

Après les relations entre disciples (26ème dimanche), puis les liens au sein  du couple et de la famille (27ème) , l'évangile de ce jour rapporte le 3ème et dernier volet des enseignements les plus exigeants de Jésus: il concerne notre rapport aux biens de ce monde et à l'argent. Il va évidemment nous toucher au point sensible !

 

Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda:

-       Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la Vie éternelle ?

-       Pourquoi m'appelles-tu "bon": personne n'est bon sinon Dieu seul.  Tu connais les commandements: "Pas de meurtre, pas d'adultère, pas de vol, pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère."

-       Maître, j'ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse.

Posant son regard sur lui, Jésus se mit à l'aimer: il lui dit:

-       Une seule chose te manque: va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel; puis viens et suis-moi.

Mais lui, à ces mots, devint sombre et s'en alla tout triste...car il avait de grands biens !

 

Tout à coup survient un homme. " Un jeune homme", précisera Matthieu: en effet on note ses rapports à ses  parents et non à une épouse. Il a entendu Jésus et, montrant pour lui une grande vénération, il vient lui poser la grande question de la réussite de la vie: comment parvenir à la béatitude du ciel ?

D'emblée Jésus s'efface devant la profession de foi monothéiste d'Israël :" Un seul Dieu !"; puis il rappelle à son interlocuteur que le chemin de la Vie est clairement indiqué dans la Torah par le Décalogue - dont il ne cite d'ailleurs que la 2ème table, les commandements concernant les rapports à autrui.

" J'ai observé tout cela" dit l'homme sans forfanterie: Jésus fixe son regard sur lui, perçoit un honnête garçon habité par une grande foi, insatisfait par une simple observance de règlements, ouvert à un au-delà des lois, en recherche d'absolu. " Une seule chose te manque: va, vends, donne, viens".

Remarquons qu'il n'est jamais dit nulle part que Jésus ait appelé un père de famille à lâcher les siens et sa maison: il ne lance cet appel radical qu'à des jeunes, comme les 4 premiers, les pêcheurs du lac de Galilée ( Marc 1, 16) qu'il a embauchés pour travailler avec lui.

Mais l'appel de Jésus s'adresse toujours à une liberté: jamais il n'oblige, jamais il ne force. Et ici la vocation échoue....à cause de l'argent ! Le jeune homme doit être d'une riche famille, il est honnête, bien élevé, pieux, gentil...mais il se montre incapable de renoncer à tout ce qu'il a. Il ne trouve pas l'appel de Jésus aberrant, impossible à réaliser. Au contraire."Il devient sombre" car au fond de lui-même, il pressent qu'il pourrait, qu'il devrait y répondre. Hélas, son c½ur est possédé par ses possessions. Infidèle à sa propre recherche, il bascule dans la tristesse et il s'en retourne, pressentant qu'il vient de rater l'occasion de combler ce "manque" que Jésus avait deviné en lui. Il n'a pas osé faire le saut.

 

        Alors Jésus regarde autour de lui et dit à ses disciples:

-        Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d'entrer dans le Royaume de Dieu !

Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprend:

-        Mes enfants, comme  il est difficile d'entrer dans la Royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu !

De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux:

-        Mais alors qui peut être sauvé ?

Jésus les regarde et répond:

-        - Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu; car tout est possible à Dieu.

 

La stupeur des disciples se comprend: en effet dans les Ecritures, la richesse n'est-elle pas le signe de la faveur de Dieu qui récompense le labeur, l'honnêteté, la compétence ? Les Patriarches ne s'étaient-ils pas enrichis suite aux bénédictions de Dieu ? Celui-ci n'avait-il pas promis à son peuple nomade et misérable de lui offrir une terre riche où il ne manquerait de rien (Deut. 8, 7)?

Néanmoins la Bible avait aussi pointé le risque énorme de l'enrichissement: Israël, sur sa bonne terre, s'était infatué de ses résultats, il avait placé son orgueil dans ses productions plantureuses et très vite sa richesse l'avait détourné de son Dieu. Au lieu de partager les biens acquis pour créer une société basée sur la justice et le droit, les nantis s'étaient jetés dans une course effrénée au profit sans écouter les cris des malheureux.

Terrible glu de l'argent qui colle aux mains, soif indéfinie de posséder toujours davantage.

Alors Jésus élargit le problème: lui qui a tout abandonné pour accomplir l'appel reçu de son Père, qui connaît bien l'histoire de son peuple et qui a remarqué combien les riches devenaient souvent durs de c½ur,  lance un avertissement général sur le danger de l'enrichissement par une image qui est devenue proverbiale: Plus un chameau est chargé, moins il peut passer par une porte étroite. Ainsi de l'homme qui accumule les biens: il ne parvient plus à s'engager.

 

Les disciples demeurent  ébahis devant cette déclaration car qui ne tient, au moins un peu, à l'argent ?... S'il en est ainsi, personne n'entrera dans le Royaume ! Le salut est-il donc impossible ?

Si l'homme ne compte que sur ses capacités individuelles, en effet, répond Jésus, il ne peut pas. On ne fait pas son salut, on le reçoit. Avec la grâce de Dieu. Ce qui laisse entrevoir un espoir possible pour le jeune homme: si, à ce moment-là, il n'a pu se débarrasser de ses biens, peut-être, un jour ou l'autre, va-t-il  réfléchir et  il priera Dieu de lui donner la force de répondre à l'appel de Jésus.

 

Pierre dit à Jésus:  Voilà que nous, nous avons tout quitté pour te suivre !     Jésus déclara:     - Amen, je vous le dis: personne n'aura quitté, à cause de moi et de l'Evangile, une maison, des frères, des  s½urs,  une mère, un père, des enfants ou une terre, sans qu'il reçoive, en ce temps-ci déjà, le centuple: maisons, frères, s½urs, mères, enfants et terres...avec des persécutions ! - et, dans le monde à venir, la Vie éternelle.

 

Le renoncement n'est pas l'essentiel: il est la conséquence de la décision de suivre Jésus et de vivre selon son Evangile. Le don des biens est en vue du don de soi: il n'est pas geste héroïque mais effet de l'amour.

" A cause de moi et de l'évangile": c'est pour rester avec Jésus, pour vivre avec lui, pour marcher sur ses traces décrites dans l'Evangile, que l'homme devient capable du don total.

Les premières générations chrétiennes après la Pentecôte ne connaissaient pas la vie religieuse et les couvents: les communautés ne regroupaient que des fidèles ordinaires, avec des responsabilités familiales et professionnelles. Mais la conversion à Jésus Seigneur, dans un milieu hostile, entraînait souvent scissions familiales, ruptures avec l'entourage, bris de carrière, pertes d'héritages. "Vous avez accepté avec joie la spoliation de vos biens" écrivait l'auteur de la Lettre aux Hébreux (10, 34). Oui, nos premiers frères vivaient la radicalité de l'engagement du baptême mais ils étaient heureux de se retrouver ensemble pour former la famille de Jésus. Ils recevaient effectivement "le centuple" dès maintenant.

Même si s. Luc idéalise un peu, il écrit: Ils "étaient unis et mettaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens pour les partager selon les besoins de chacun" (Actes des Apôtres 2, 44). La terrible cupidité, l'amour de l'argent, la passion de posséder toujours davantage étaient vaincus. Ensemble ils se retrouvaient enfants du même Père des cieux et leur allégresse, suscitée par l'Esprit,  était telle qu'elle les rendait capables de supporter les persécutions.

Car évidemment, en adoptant ce style de vie qui remettait en question la conduite générale (course à l'argent et au profit), ils étaient mal vus, critiqués, vilipendés par l'entourage. Refusant l'idolâtrie de tous, les chrétiens ne pouvaient qu'être persécutés.  Ils le savaient et assumaient leur destin: partageant la Passion de leur Seigneur, ils étaient sûrs de le rejoindre dans la Vie éternelle.

* * *

 

ACTUALITE  :  En quelques dizaines d'années, le système moteur du monde occidental avait réussi de manière éclatante: il avait vaincu le système communiste et installé une extraordinaire machinerie pour nous combler de biens toujours nouveaux, offrir à tous assurance-vie, soins de santé, confort, voyages... Jamais le niveau de vie de l'humanité n'avait fait un tel bond en si peu de temps ! ...Et tout à coup des jongleurs financiers commettent des folies et tout le système s'effrite, risque la banqueroute. La crise ferme les entreprises, envoie des millions de gens au chômage.

Et voilà que les plus grands savants du monde crient S.O.S.: " On va droit dans le mur !" : le climat se réchauffe, le niveau des océans monte, les glaciers fondent, les espèces vivantes disparaissent. C'est la planète  qui court à sa perte !

Et l'Unicef annonce: " Un enfant meurt toutes les 20 secondes par manque d'eau potable, de toilettes ou d'hygiène. C'est inacceptable. Mais ce n'est pas une fatalité. Des solutions simples et peu coûteuses existent..."

 

C'est le moment de nous interroger: Jésus exagérait-il ? N'avait-il pas mis le doigt sur le péril mortel que nous font courir la cupidité et l'avarice ? De grandes voix appellent: il nous faut changer de style de vie, refréner nos gaspillages insensés.

La décision est urgente. L'Eglise de Jésus ne peut ressembler au chameau surchargé impuissant à entrer par la porte d'un avenir viable . N'est-ce pas elle (nous) qui devait, depuis longtemps, changer de cap et opter pour un partage équitable et la sobriété ? A quand une Eglise véritablement prophétique c.à.d. qui vit ce qu'elle croit avant de crier au monde ce qu'il devrait faire ?

 

27e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

La Morale Familiale à la suite de Jésus

 

En route vers Jérusalem et la croix, entre la 2ème et la 3ème annonce de sa Passion imminente, Jésus donne des enseignements extrêmement ardus à propos des trois niveaux de la vie humaine:

-       sur la vie ensemble ( 9, 33-50)      : c'était l'évangile de dimanche passé.

-       sur la vie familiale ( 10, 1-16)      : évangile d'aujourd'hui

-       sur la vie économique (10, 17-31) : texte de dimanche prochain.

Souvent l'opinion publique caricature cet enseignement moral de l'évangile en le réduisant à une liste d'interdits disciplinaires : " On ne peut pas...Il est défendu de...L'Eglise ne permet pas que..." - si bien que la pratique de la foi paraît enfermée dans un code rigide que, au nom de sa liberté, l'homme moderne ne peut que rejeter comme un carcan insupportable. C'est pourquoi il est essentiel de rappeler que ces exigences ne doivent pas être entendues comme des obligations d'un code (sinon elles condamnent toute infraction) mais comme des exhortations pressantes données à des disciples qui aiment leur Seigneur et désirent le suivre jusqu'au bout.

La vie chrétienne n'est donc pas d'abord une obéissance à des lois, mais attachement à un Seigneur, décision libre de le suivre quoi qu'il en coûte. Si l'on oublie cela, la discipline de l'Eglise paraît tout à fait intolérable.

 

LE  MARIAGE

 

Un jour, des Pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre dans l'embarras, ils lui demandaient: " Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ?" Jésus dit: " Que vous a prescrit Moïse ?". Ils lui répondirent: " Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d'établir un acte de répudiation".

Jésus répliqua: " C'est en raison de votre endurcissement qu'il a formulé cette loi. Mais au commencement du monde, quand Dieu créa l'humanité, "il les fit homme et femme" (Genèse 1, 27). "A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un. Ainsi ils ne sont plus deux mais ils ne font qu'un" (Gen. 2, 24).        Donc ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas".

 

Effectivement, le livre du Deutéronome disait: "Lorsqu'un homme prend une femme et l'épouse puis, trouvant en elle quelque chose qui lui fait honte, rédige pour elle un acte de répudiation et le lui remet en la renvoyant de chez lui..." ( 24, 1). La répudiation - seulement possible du côté du mari ! - était donc admise mais il y avait débat sur le sens de l'expression: "quelque chose qui lui fait honte". Pour certains, il fallait une raison grave; pour d'autres le plus léger motif suffisait. On questionne Jésus afin qu'il prenne parti d'un côté et donc se mette à dos les tenants de l'opinion adverse.

Mais Jésus évite le piège des discussions juridiques: cette loi, dit-il, est une concession du législateur due à votre "endurcissement", littéralement  "à la dureté de c½ur" - le c½ur, en hébreu, ne désignant pas le siège de l'affectivité mais le centre de la personne, là où elle raisonne et échafaude ses décisions. Au fond, dit Jésus, vous refusez  le projet de Dieu en considérant le femme comme une compagne que l'on peut prendre puis rejeter. Et il remonte au livre de la création qui exposait le sens originel du mariage :

" Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa; mâle et femelle il les créa.

Dieu les bénit et leur dit: " Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la"

                                                                                                                         ( Genèse 1, 27-28)

 

Dieu a bien créé l'humanité "mâle et femelle": la sexualité est la marque de deux êtres égaux en dignité, elle n'est donc pas le lieu du péché mais de l'amour qui attire homme et femme afin qu'ils s'attachent l'un à l'autre et  procréent la vie. Ce don réciproque réalise le projet de Dieu et donc Jésus l'interprète comme total et définitif, sans possibilité d'être remis en cause par l'homme.

En tout cas, il devrait en aller ainsi si les humains avaient le courage d'accueillir l'idée divine...- ce que même la Bible trouve très difficile puisqu'elle en vient à tolérer la rupture du couple !

Pour les disciples eux-mêmes,  ce retour à la source divine du mariage paraît une telle utopie qu'ils en restent sidérés et éprouvent le besoin d'entendre confirmation - signe que les 1ères communautés chrétiennes avaient encore du mal à accepter cet enseignement de leur Seigneur. (Marc ajoute le cas du renvoi par la femme car il écrit pour les communautés chrétiennes de Rome où les épouses avaient cette possibilité). Mais Jésus réaffirme clairement son enseignement :

 

De retour à la maison, les disciples l'interrogeaient de nouveau sur cette question.

Il leur répond: " Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre, est coupable d'adultère envers elle.

Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d'adultère"

 

Toutes nos sociétés modernes ayant admis la possibilité du divorce, nous nous trouvons devant une situation extrêmement douloureuse, sur un lieu de grandes souffrances. S'appuyant sur ce passage et celui de la lettre aux Ephésiens, le magistère catholique maintient des positions nettement tranchées sur l'interdit du divorce et donc sur le refus de l'Eucharistie aux divorcés qui ont contracté une nouvelle union. Les critiques fusent de partout contre une discipline qui semble trop dure, qui ne tient pas assez compte des personnes. Une homélie n'apporte pas la solution mais elle peut rappeler certaines choses:

 

1) Les divorcés remariés ne sont pas excommuniés. "L'Eglise, instituée pour mener au salut tous les hommes ne peut pas abandonner à eux-mêmes ceux qui ont voulu passer à d'autres noces. Elle doit s'efforcer de mettre à leur disposition les moyens de salut...Les pasteurs ont l'obligation de bien discerner les diverses situations...J'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Eglise car il peuvent, et même ils doivent comme baptisés, participer à sa vie".                             ( Jean-Paul II: La famille chrétienne  -  1981, § 84)

 

2) Les débats se poursuivent à tous niveaux, notamment avec les autres confessions chrétiennes(qui ont des positions différentes). C'est ensemble, à l'écoute des c½urs meurtris mais aussi à la lumière de la vérité de l'Evangile, qu'il nous faut discuter, chercher ce que l'Esprit dit aujourd'hui aux Eglises.

 

3) En route vers la croix, Jésus énonce des enseignements intransigeants: " Porter sa croix...servir les autres...pas divorcer...donner ses biens....". Ses disciples écoutent mais à Jérusalem, ils lâcheront leur maître. Toutefois, peu après, lui-même, ressuscité, il ira vers eux et, sans reproches, il leur offrira son pardon. Equilibre délicat et difficile entre vérité et amour, entre netteté des enseignements et sollicitude pour les personnes. Ne pas brader l'Evangile et compatir aux faiblesses des hommes.

 

4) Benoît XVI  a la réputation d'être très strict sur la doctrine. Cependant, en juillet 2005, dans un entretien familier avec des prêtres suisses qui l'interrogeaient sur ce sujet, il répondait: "Parfois ces personnes se sont mariées par tradition sans être de véritables croyants puis, après un second mariage invalide, ils redécouvrent la foi et se sentent exclus de l'Eucharistie...". Il rappela que, préfet de la Congrégation pour la Doctrine, il avait invité souvent les conférences épiscopales et les spécialistes à étudier la question du "sacrement célébré sans la foi" et à voir "si on pourrait y trouver vraiment un élément d'invalidité, le sacrement  ayant manqué d'une de ses dimensions fondamentales...".

 

5) Jour de réflexion de nos communautés: que faire pour la préparation au mariage, pour apprendre aux jeunes à mûrir afin de prendre des décisions adultes ? Jour de prière pour les familles....

 

L' ENFANT

 

On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher mais les disciples les écartaient vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit: " Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis: celui qui n'accueille pas le Royaume de Dieu à la manière d'un enfant, n'y entrera pas". Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

 

En ce temps-là, les enfants étaient très aimés mais confinés dans leurs jeux et laissés aux soins des mamans (cf. déjà au 25ème dimanche): aussi les disciples, "grandes personnes raisonnables" n'ont que faire de cette marmaille envahissante qui fait perdre du temps à  leur Maître. Voyant cela, Jésus est très fâché et au contraire il ordonne d'accueillir ces petits. Non parce qu'ils sont soi-disant innocents, candides, purs, irresponsables  mais parce que l'enfant est un petit qui vit dans la dépendance, dans la confiance, parce qu'il désire apprendre, parce qu'il est ouvert, parce que, s'il fait des bêtises, il sait que la colère de papa cèdera vite devant  le pardon. Ainsi devez-vous devenir, apprend Jésus à ses disciples. Si vous n'acquérez pas cette confiance, si vous ne faites pas cette conversion difficile ( qui est tout sauf un retour à l'enfantillage ! ), vous n'entrerez pas dans le Royaume du Père.

Non pas infantilisme et gaminerie mais confiance du fils envers son père: foi. - Non pas innocence et pureté (la psychanalyse a démoli ce mythe ) mais abandon des rancunes et pardon : charité.  - Non insouciance et divertissement mais désir de grandir, envie de poursuivre la route:  espérance

Il faut comprendre l'enfant non à partir de nos imaginations mais à partir de Jésus.

Il accepta à fond de recevoir sa vie de son Père, il décida de ne plus faire sa propre volonté mais la sienne, il fut fier de rester "le Fils". Mais y eût-il jamais homme aussi mûr, aussi adulte que lui ? Il n'avait nulle peur de l'avenir, il ne s'inclinait devant aucun des Puissants, il disait à chacun sa vérité, si risqué cela soit-il, il osa même avoir une telle confiance dans son Père qu'il était certain qu'il lui rendrait la vie s'il la donnait par amour. -

 Sommes-nous heureux d'être des enfants de Dieu assurés, fortifiés par la prière du NOTRE PERE... ?...

26e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Croonenberghs Didier
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Connaissez-vous l'histoire de cette mère qui rentre dans la chambre de sa fille et qui trouve, sur le lit vide, une lettre?
Elle imagine évidemment tout de suite le pire. Sur la lettre il est écrit : «chère maman, je t'écris pour te dire que j'ai quitté la maison pour aller vivre avec un copain que je viens de rencontrer. Nous allons former une très grande famille dans sa caravane perdue dans la forêt. A propos, je suis enceinte mais ne t'inquiète pas, car même si j'ai 16 ans, je suis certaine que mon copain m'aidera du haut de ses 58 ans... et que nous serons heureux grâce à tout l'argent qu'il y avait à la maison et que nous avons pris pour subsister.»

Et au bas de la lettre, le post scriptum ajoute: je te raconte n'importe quoi maman, c'est une blague, c'était juste pour te dire que dans la vie il y a des choses beaucoup plus importantes que mon mauvais bulletin scolaire, que tu trouveras sur la table de nuit...

Il y a des paroles que, comme cette mère, nous ne voulons pas entendre, et que, parfois, nous n'écoutons pas, en attendant une vérité plus acceptable.
Et l'Evangile de ce jour nous confronte a première vue à des paroles très dures, et qui ont souvent été trop moralisées: «Si ton oeil t'entraîne au péché, arrache-le.» «Si ta main t'entraîne au péché, arrache-la» Peut-être que nous les écoutons parfois en attendant un post scriptum de Jésus, qui nous dirait simplement: «Dites, j'exagère, aimez-vous les uns les autres, et tout ira bien!»

Mais aujourd'hui, la radicalité de l'évangile ne doit pas nous faire peur. Elle nous invite sans doute à redécouvrir que dans toute histoire humaine, il y a chaque jour des deuils à faire, afin de grandir. Chaque matin, nous avons à nous débarrasser non pas d'une partie de nous-mêmes, mais de ce qui nous empêche d'être nous-mêmes, de ce qui en nous est fait pour la relation, mais qui n'y conduit pas.

Et Jésus nous pose cette question existentielle et si difficile: «Quels sont les deuils que tu n'as pas encore faits?»
Est-ce le deuil de ces yeux dont le regard ne conduit pas à la relation, mais à la suspicion?»  
Est-ce le deuil de ces pieds, de ces lieux où nous voulons aller, de ces portes que nous voulons ouvrir, mais qui ne nous font pas avancer?  
«Quels sont donc les deuils qui nous restent à faire; les deuils de tout ce qui nous empêche de nous réaliser, de créer et donc d'être pleinement humains?»

Oui, de créer. Car toute création est paradoxalement inséparable d'une séparation. Le mot créer, dans le judaïsme en tout cas, connote à la fois l'idée de faire et en même temps celle de 'séparer'. Et dans la Genèse, Dieu crée en séparant, non pas en éliminant. Créer et séparer ne sont pas deux moments distincts, mais vont toujours de pair. Créer l'humain, le construire, c'est donc instaurer une réalité qui n'est pas finie, complète, achevée, bouclée. Créer l'humain, c'est faire place au manque, à certaines séparations, précisément pour que nous fassions grandir notre liberté, notre inventivité, notre spontanéité, et tout ce qui est sensé nous rendre plus humains.

Le message de l'évangile d'aujourd'hui pourrait donc sembler à première analyse simplement moral, mais il est plus profond et théologique que cela, car il nous invite avant tout à devenir des créateurs d'humanité. Les créateurs d'humanité sont ces hommes et ces femmes qui ont apprivoisé le manque, en se séparant de ce qui en eux --dans leurs projets ou leurs désirs-- les empêche de devenir eux-mêmes. Mais des hommes et des femmes qui, au même moment, bâtissent des relations fécondes dans l'espace ainsi laissé ! Oui, grandir en humanité, implique de faire certains deuils féconds, de prononcer des «nons» que nous devons parfois avoir l'audace d'affirmer pour nous-mêmes, afin que nos «ouis» gagnent de l'épaisseur.

Dès lors, les paroles de Jésus ne sont pas aujourd'hui des paroles de condamnation. Ce sont des paroles de salut et de libération. Ce sont des paroles qui nous invitent à jeter à la mer une roue qui n'aurait d'autre finalité qu'elle-même, à jeter à la mer une humanité qui n'aurait d'autre destin qu'elle-même. Ces paroles nous invitent à découvrir que, par certains deuils ou manques, nous découvrirons que nous sommes avant tout des hommes d'éternité ayant une autre finalité que nous-mêmes, une destinée infinie, inscrite dans la simplicité de Dieu.

Ce sera toujours mutiler l'homme que de lui enlever le sens de l'infini.
Mais ce sera en se séparant d'un destin fini et tourné vers lui, que l'homme créera sa destinée infinie, inscrite en Dieu. Amen.

26e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Van Aerde Michel
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

A force de travailler sur  les ordinateurs ou de manipuler les chiffres, nous finissons par penser que tout est régulé, automatique, exact. Il y a bien sûr de temps en temps quelque « bug » et quelque erreur de calcul, mais cela doit justement rentrer dans l'ordre, c'est-à-dire être corrigé, mis aux normes, mis sous contrôle « under control » disent les anglais. « Under », dessous, le mot en dit long : nous maîtrisons, comme des petits dieux dominateurs.

 

Mais en est-il ainsi avec la vie ? Est-ce que nous la contrôlons ? Celle-ci, le plus souvent nous échappe. Voyez les enfants, ils ne nous ressemblent pas, ou du moins nous avons l'impression qu'ils sont vraiment différents, surprenants. Ils nous imposent leur rythme, leur culture, leurs manières nouvelles de penser. Et puis, dans la vie, il y a quantité d'événements surprenants. Le jour où je deviens amoureux, tout change soudainement. Il y a un 'avant' et un 'après' et je ne contrôle plus rien ! La vie, l'amour, il y a aussi la foi. Ce qui est vrai de la vie et de son cours imprévisible, ce qui est plus vrai encore de l'amour, devient permanent dans la vie spirituelle. « L'Esprit souffle où il veut, tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va » nous dit Jésus. Il ne respecte pas souvent l'ordre hiérarchique, il surprend toujours. Il est trop vivant pour être purement « logique » comme l'informatique ou la comptabilité. Il y a chez lui une fantaisie qui voisine la folie (c'est saint Paul qui le dit ! « Folie pour les païens, scandale pour les juifs »).

 

Quand Marie apparaît à Lourdes, elle ne va pas voir l'évêque ni un théologien, elle s'adresse à une jeune fille illettrée, pauvre et méprisée : Bernadette, « une petite merdeuse » a-t-on dit alors dans le milieu des gens bien... Et puis dès le commencement il en est ainsi. Pourquoi Jésus ne faisait-il pas partie des autorités, n'était ni grand prêtre, ni docteur de la Loi, ni membre du Sanhédrin ?

 

Pourquoi n'apparaît-il pas à Pierre en premier mais à Marie Madeleine, une ancienne prostituée ?

Et puis cela continue : Pierre est appelé chez un païen, le centurion Corneille, un romain. Il constate que celui-ci a déjà reçu l'Esprit Saint. Pierre baptise donc le tout premier non-juif de l'histoire, et il va s'en expliquer devant la communauté.

Autre question encore : le christianisme se serait-il développé sans Paul ? Sans le persécuteur intégriste et assassin qui emmenait captifs des chrétiens sur la route de Damas ? La conversion et la mission de Paul étaient-elles prévisibles ? Faisait-il partie des autorités ? On parle de lui comme d'un apôtre mais le treizième apôtre, c'est Mathias, dont on ne sait pratiquement rien. Au moment même où les onze sont réunis pour remplacer Judas, voilà que l'Esprit Saint agit de son côté en toute clandestinité pour susciter saint Paul qui fera l'essentiel du travail de manière quasi informelle !

 

N'est-ce pas un peu déroutant ? Et, reconnaissons-le aussi, pour les responsables qui portent le souci du sérieux de la transmission, n'est-ce pas un peu vexant ?

Leur tâche n'est pas de diriger l'Esprit Saint mais de le reconnaître et de l'authentifier pour la communauté. Nous sommes tous appelés à discerner ce qui est juste et ce qui est bon, ce qui est authentique et ce qui est faux. Au-delà des labels, des diplômes, des certificats multiples et variés, il peut y avoir des choses excellentes à ne pas mépriser. Ce rôle d'identification et de discernement est plus encore confié aux autorités.

 

Le rôle de la structure n'est pas de contrôler l'Esprit Saint ni de le canaliser, mais de le reconnaître humblement, de l'accueillir, de l'authentifier, de discerner sa présence et se mettre au service de son action. Le rôle de l'autorité est aussi de nous mettre en garde contre ce qui pourrait être frelaté, perverti, contre ce qui se réclame du Christ mais peut lui être tout à fait opposé. Au cours de cette eucharistie prions Dieu pour qu'il nous donne son Esprit d'amour et de vie.

Prions Dieu pour que l'Esprit Saint soit aussi donné aux évêques et à toutes les autorités dans la société, afin qu'ils sachent se situer humblement comme serviteurs au service des serviteurs, ravis d'être surpris et même dépassés, comme un maître par ses disciples, comme un père par ses enfants.

 

Alors que Joseph, terriblement inquiet de ce qui se passait pour sa fiancée, envisageait de la renvoyer, un ange lui apparût en songe qui lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint... » (Mt 1,15)

26e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Une Communauté chrétienne d'amour, de foi et d'espérance

 

Sur la route de Jérusalem - où il sait qu'il va donner sa vie -, Jésus fait halte à Capharnaüm et, dans la maison, en privé, il donne aux Douze disciples un enseignement en 7 points dont les deux premiers ont été lus dimanche passé. Ils valent donc principalement pour les responsables des Eglises mais aussi pour tous les disciples de Jésus que nous essayons d'être.

 

1.   PAS  DE  RIVALITES  MESQUINES.

 

Au lieu d'ambitionner les grandeurs et de jouer des coudes pour se faufiler aux premiers rangs, il vaut mieux rivaliser pour devenir le plus petit des serviteurs de tous. L'humilité est valeur n°1.

 

2.   L'ACCUEIL  DU  CHRIST  DANS  LA  PETITESSE

 

Que chacun se penche sur son "petit frère" croyant, qu'il l'aime avec tendresse: de la sorte il accueille réellement le Christ et, en Lui, Dieu lui-même.

 

3.   ( évangile du jour )    RECONNAÎTRE L'ACTION DE L'ESPRIT HORS L'EGLISE.

 

Jean, l'un des Douze, disait à Jésus: " Maître, nous avons vu quelqu'un chasser des esprits mauvais en ton Nom: nous avons voulu l'en empêcher car il n'est pas de ceux qui nous suivent".

 Jésus répondit: " Ne l'empêchez pas car celui qui fait un miracle en mon Nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi. Celui qui n'est pas contre nous est pour nous".

 

Afin de chasser les mauvais esprits responsables des maladies mystérieuses, les médecins de l'époque recouraient aux exorcismes: ils invoquaient les noms des dieux ou des grands personnages pour qu'ils hâtent la guérison du malade. Ainsi un guérisseur, ayant vu Jésus opérer des miracles (ou ayant eu vent de sa renommée) le nommait dans ses pratiques...à la grande fureur de Jean que Jésus avait, avec raison, surnommé "fils du tonnerre" (3, 17).

Vous n'avez pas le monopole du pouvoir de mon Esprit, répond Jésus: réjouissez-vous plutôt de voir que d'autres que vous, même non chrétiens, travaillent dans l'esprit de l'Evangile et guérissent les hommes. 

 

4.   SAVOIR   RECEVOIR.

 

" Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense".

 

Puisque Jésus envoyait ses apôtres dans le même dénuement que lui ( " Ne rien prendre pour la route: pas de pain, pas de monnaie..."- 6, 8), après de longues marches sous le soleil torride, à l'écart des puits, les missionnaires mouraient de soif. Entrés dans un village, il arrivait que leurs auditeurs refusent leur message mais, par pitié,  leur offrent de l'eau ou un peu de nourriture.

Acceptez avec reconnaissance ces humbles présents, enseigne Jésus, sachez recevoir quelque chose même de la part de ceux qui ne partagent pas votre foi. Beaucoup de gens que vous cataloguez comme "incroyants" entreront dans le Royaume non par la foi au credo mais par la pratique de la charité vis-à-vis des pauvres. L'"amen" qui ponctue l'affirmation en souligne la certitude.

 

5.   GRAVITE  DU  "SCANDALE"

 

"Celui qui entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes et qu'on le jette à la mer !"

 

Par contre, poursuit le Maître, vous rencontrerez également des gens excédés par votre prédication: non seulement ils se moqueront de vous mais ils feront tout pour faire échouer votre mission. Se considérant comme des adultes intelligents, ils traiteront la foi d'enfantillage, de mythe, de superstition, ils aligneront des arguments, ils inventeront des ruses, ils promettront des avantages afin de convaincre le croyant d'apostasier.  Comportement gravissime, prévient le Seigneur, et qui conduit son auteur à la perdition ! Le poids de sa faute est plus lourd que celui des meules épaisses tournées par les ânes (non les petites meules tournées par les mamans pour le pain quotidien et dont on se débarrasserait aisément !).

La grande question surgit à nouveau: Qui donc est ce Jésus qui affiche cette prétention exorbitante: croire en lui est un acte libre mais d'une valeur incommensurable, combattre son Evangile est un péché qui mène à la mort ! ..... Qui dites-vous qu'il est ? Nul prophète n'a posé pareilles exigences !

 

6.   NE  PAS  OUBLIER    L'ON  VA

 

" Si ta main t'entraîne au péché, coupe-la: il vaut mieux entrer manchot dans la Vie éternelle que d'être jeté avec tes deux mains dans la géhenne.

Si ton pied t'entraîne au péché, coupe-le: il vaut mieux entrer estropié dans la Vie éternelle que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.

Si ton ½il t'entraîne au péché, arrache-le: il vaut mieux entrer borgne dans le Royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas".

 

Non seulement le disciple doit prendre garde aux man½uvres malveillantes de certains qui tentent de lui faire perdre la foi, mais il doit veiller sur lui-même avec la plus grande circonspection. Nos membres ne sont pas mauvais en soi: la main marque le désir de prendre, de posséder; le pied indique la direction de vie que nous prenons, la conduite que nous adoptons; l'½il désigne la cupidité, l'envie de capter.

Le langage de Jésus est certes forcé mais il souligne encore le prix extraordinaire de la foi et l'extrême  gravité du péril de la perdre. Comme tout homme, le disciple tient à son existence, à son intégrité physique, à sa santé, aux plaisirs d'ici-bas...mais il doit être prêt à sacrifier non seulement ses biens mais aussi son corps si des tentations l'entraînent loin du Christ. Il faut savoir, comme on dit, "trancher dans le vif", arrêter la tendance mauvaise avant qu'elle ne gangrène la foi.

 

Pour mener ce combat, que le disciple n'oublie jamais le but de son itinéraire terrestre: ou le Royaume qui est Vie divine ou "la géhenne". D'où vient ce dernier mot ?

Par-delà le rempart au sud de Jérusalem, il y avait jadis un terrain appartenant au fils d'un certain Hinnôm. ( en grec: gê-Hinnôm - d'où le français géhenne). Le prophète Jérémie tonitrua des imprécations parce qu'on y avait bâti un autel  où l'on  sacrifiait des nouveau-nés à une idole ! ( Jér. 7, 31).

Profané à jamais, le lieu devint la décharge de la ville. Sous la chaleur, le lieu dégageait en permanence une fumée âcre et une odeur pestilentielle si bien qu'il devint l'image du lieu de damnation. Ainsi le livre d'Isaïe se termine par l'exaltation de Jérusalem comblée de la Paix de Dieu mais " en sortant, on pourra voir les dépouilles des hommes qui se sont révoltés contre Moi, le Seigneur: leur vermine ne mourra pas, leur feu ne s'éteindra pas. Il seront une répulsion pour tous" ( Isaïe 66, 24).

L'aventure humaine peut échouer dans le rongement d'un désir inextinguible.

 

7.  LE  SEL  INDISPENSABLE

 

L'instruction se termine par une image obscure - et donc non reprise dans la lecture liturgique.

 

"Car chacun sera salé au feu. C'est une bonne chose que le sel. Mais si le sel perd son goût, avec quoi le lui rendrez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les autres".

 

On peut en tout cas comprendre que les disciples de Jésus doivent être "autres". La foi ne nous retire pas de la société mais nous avons à y jouer le rôle du sel jeté en pleine pâte: conserver et donner sens, goût de vivre. L'avertissement ne porte pas sur la lourdeur et l'incrédulité de la pâte mais sur le danger, pour les disciples, de perdre leur originalité, de devenir fades, sans force ni saveur, échouant à accomplir leur mission de salut du monde ! Ayons "du piquant", une forte charge d'Evangile en nous !

 

           Et tout se termine par une belle " inclusion", en réponse à la dispute de départ : au lieu de vous chamailler à propos des préséances, vivez en paix entre vous, formez une vraie communauté de service mutuel, où l'on veille sur la foi de chacun et où l'on évite les scandales.

 

*   CONCLUSION: il est remarquable de constater que cette brève instruction porte ainsi sur la charité fraternelle, sur la foi à conserver avec soin, sur l'espérance de la Vie.

                        De quoi, cette semaine,  faire l'examen de conscience de nos familles et de nos paroisses !