Dans le livre « La spectaculaire histoire des rois des Belges » retraçant l'histoire romancée de nos souverains, l'auteur souligne à chaque présentation d'un nouveau monarque que 'le roi règne mais ne gouverne pas'. Ce dernier tire son autorité de la Constitution de notre pays après avoir prêté serment de lui être fidèle mais il laisse les tâches de gouvernement à d'autres qu'il appelle à gouverner. En cette fête du Christ-Roi, si vous me le permettez, ne pourrions-nous pas faire un certain parallélisme. Aujourd'hui, nous célébrons notre Dieu Roi, c'est-à-dire un Dieu qui règne sur son Royaume tel qu'il a été annoncé par son Fils. Il règne mais il ne le gouverne pas.
Qu'est-ce à dire ? En s'incarnant, en devant l'un d'entre nous, le Christ nous offre également une Constitution merveilleuse qui ferait la joie des juristes du monde entier car elle tient en une seule phrase : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout c½ur, de toute ton âme et ton prochain comme toi-même ». Pas un iota n'est ajouté. En quelques mots tout est dit. Nous sommes appelés à aimer Celui en qui nous croyons et tous ceux et celles de qui nous nous approchons, de qui nous nous faisons proche. Telle est la loi suprême du Royaume de Dieu. Par sa vie, par sa mort et sa résurrection, le Christ nous montre ô combien il a pu être fidèle à la loi constitutionnelle qu'il nous a donnée. Aujourd'hui encore, il règne mais il ne gouverne pas. En effet, par l'événement de la Pentecôte, lorsque ses disciples ont reçu l'Esprit Saint, ils sont devenus les gouvernants du Royaume non seulement promis mais offert à l'humanité entière. Nous aussi, par notre propre baptême, nous sommes remplis de cet Esprit Saint qui nous convie à participer pleinement au gouvernement du Royaume de Dieu. La gouvernance n'est pas l'apanage de quelques uns qui se seraient enfermés dans une tour d'ivoire. Non, la gouvernance est de la responsabilité de chaque baptisé. Notre foi au Dieu de Jésus Christ est une invitation constante à prendre une part active à la construction d'un monde meilleur, d'un monde plus juste. N'attendons pas que les autres le fassent pour nous. C'est plutôt à nous d'agir là où nous sommes, avec ce que nous sommes. Un peu comme si Dieu n'attendait pas de nous que nous fassions des miracles. Il semble préférer nous voir agir et conduire notre vie avec comme principe premier et unique, cette loi d'amour inscrite dans le c½ur de chaque être humain. C'est elle qui doit guider nos vies dans les actes que nous posons, les gestes de tendresse que nous offrons, les paroles de douceur que nous disons. Il en va ainsi du respect de tout être humain. Certains jours, il est vrai, cette tâche peut nous sembler bien difficile à réaliser tellement nous pouvons êtres fatigués par le stress de la vie, découragés face à l'ampleur de la tâche qui nous semble alors surhumaine. Nous risquons de tomber malgré nous dans une forme de désespérance. Chacune et chacun, de par nos histoires respectives, de par nos blessures intérieures, de par nos trébuchements, nous pouvons nous sentir aussi cloués sur le bois de nos croix, c'est-à-dire paralysés. Or Dieu attend de nous que nous soyons des hommes et des femmes debout, en marche sur la route de la Vie. Il ne nous laisse pas seuls et nous accompagne sur ce chemin par le biais de toutes les personnes avec qui nous entrons en relation. Ne sommes-nous pas nés d'une relation et n'avons-nous pas été tout au long de notre vie nourris par un ensemble d'entre elles. Pour nous croyants, toutes ces relations aux autres prennent source dans une relation au Tout-Autre. C'est en Dieu qu'elles trouvent leur origine. Puissions-nous alors nous inspirer de ce passage de l'évangile que nous venons d'entendre en revisitant la question de celui que la tradition a appelé le bon larron. Lui aussi est cloué sur le bois de sa croix. Et à cet instant précis, il se tourne vers le Christ et l'appelle « Jésus ». C'est la seule fois dans l'évangile de Luc où le Christ est simplement appelé « Jésus » sans aucune autre titre. Ce détail n'est pas anodin. Il dit quelque chose de l'intimité qui est née entre un homme et l'Homme-Dieu. Pour être de bons gouvernants dans ce règne inauguré par le Christ, nous avons nous aussi besoin de cette intimité avec Lui. Osons-nous tourner vers Lui tout en lui demandant dans l'intimité de la prière qu'il nous envoie son Esprit afin que nous gouvernions son royaume avec les armes de la douceur et de la tendresse. Ainsi un jour, il pourra nous dire : « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ».
Amen