15e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Il est probable qu'aujourd'hui, dans nos églises, on va nous exhorter une nouvelle fois à rendre service, à nous dévouer, à savoir nous déranger pour aider notre prochain, à agir "en bon Samaritain" - expression devenue proverbiale pour désigner un comportement serviable, philanthropique. Comme si les incroyants et les adeptes d'autres religions ne savaient pas, tout autant que nous (mieux parfois), courir au secours de leur prochain en difficulté !...

Les Pères de l'Eglise ( évêques, théologiens, grands prédicateurs des premiers siècles) ne tiraient pas de cet évangile une simple leçon de morale, ils n'exhortaient pas les fidèles à être de bons samaritains mais de prendre conscience, d'abord, qu'ils étaient LES BLESSES qui avaient un terrible besoin d'être SOIGNES ET RELEVES PAR LE CHRIST QUI EST LE BON SAMARITAIN.

Cette célèbre parabole n'est donc pas moralisante mais christologique, elle trace la mission spécifique de Jésus notre Sauveur et elle nous révèle à quel point nous avons besoin de l'amour du Christ.

Elle est une parabole de l'histoire du salut.

Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l'avoir dépouillé, roué de coups, s'en allèrent en le laissant à moitié mort.

Qui que tu sois, tu es cet homme - entreprenant le chemin de la vie, plein de qualités, de ressources, d'idées certes...mais terriblement fragile, exposé. Comment disposer de suffisamment de forces que pour résister aux assauts du mal, aux pièges des tentations, aux ruses de l'égoïsme ?..."L'homme" DESCEND, oui, vers Jéricho, la vallée de la luxuriance, mais qui est aussi le lieu de la MER MORTE. Il tente de s'épanouir, de se préserver des périls, il soigne sa santé, étudie, travaille, accumule des biens, se barde d'assurances, prolonge son existence tant qu'il peut, ...mais rien n'y fait. La pente est irrémédiable, le temps le corrode et les ennemis peu à peu le dépouillent de tout ce qu'il a. Misère de l'homme étreint par l'angoisse d'être, sans défenses, un "être-pour-la-mort".

Qui peut retenir sa vie ? Qui peut s'enorgueillir d'avoir pu résister ?...Qui arrêtera notre chute dans le précipice où tout est anéanti ? Qui nous sauvera de la mort qui attend ses proies ?...

Par hasard, un prêtre descendait par le chemin ; il le vit et passa de l'autre côté.

De même un lévite arriva à cet endroit : il le vit et passa de l'autre côté.

Un espoir apparaît : la religion peut-elle nous éviter le pire ? Les prêtres peuvent-ils nous rejoindre et nous rendre la vie ? Non. La Loi et les liturgies demeurent impuissantes ; elles s'approchent, donnent de bons conseils de morale, apprennent le chemin du bien et du mal, essaient de consoler par de douces et pieuses paroles...mais ELLES PASSENT A COTE.

Jésus n'accuse pas ici le clergé juif qui manquerait de c½ur : il met le doigt sur l'incapacité foncière de toute Loi, de tout cérémonial, de toute ascèse, de toute mystique à rejoindre l'homme pour le relever et le sauver. Tant d'enseignements écoutés, tant de résolutions prises, tant de conseils prodigués, tant de cérémonies chantées...Pour quoi ? Avec quel résultat ?...

Alors, l'homme est-il perdu, condamné à mourir seul, sans recours ?...

Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près du blessé,

il le vit et fut bouleversé aux entrailles.

Il s'approcha, pansa ses plaies en y versant de l'huile et du vin.

Alléluia ! voici le salut. Non, le SAUVEUR. Jésus, ce "voyageur" venu du Père, s'approche de l'humanité moribonde. Il n'édicte pas une Loi qu'il suffirait d'appliquer pour vivre.

Il VOIT dans quel état nous sommes, il entend nos cris angoissés et IL EST BOULEVERSE AUX ENTRAILLES (et non seulement "pris de pitié"). Ce verbe qui signifie une compassion maternelle (la douleur d'une mère qui découvre son enfant écrasé) est toujours réservé à Jésus dans tous les évangiles. (C'est d'ailleurs ce qui justifie la lecture que nous faisons).

Oui Jésus nous révèle que Dieu, loin d'être en furie à cause de nos défaillances, est au contraire ému, bouleversé de voir dans quel état le péché nous a mis. Car le péché n'est pas un plaisir furtif et anodin : il nous jette dans la poussière, nous condamne à la mort.

Et comment le Christ nous rend-il la vie ? Par l'onction d'HUILE du baptême et par le VIN de son Eucharistie. Les sacrements en effet ne sont pas des récompenses pour pharisiens mais des remèdes, des médicaments indispensables, des sources de vie.

Puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d'argent, les donna à l'aubergiste : " Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai".

Le passage du Christ sur terre a été éphémère, rapide mais avant de disparaître, il a fondé son Eglise. Celle-ci n'est pas l'Académie des vertueux, la crème de l'humanité, l'assemblée des champions : elle est clinique, dispensaire, fourre-tout. Elle est cette auberge ouverte jour et nuit, qui a la charge jusqu'à la fin des temps d'accueillir tous les paumés, les épaves, tous ceux et celles qui ont compris la profondeur de leur mal et ont accepté de se laisser soigner par le Christ médecin.

L'"aubergiste", le responsable, n'a d'autre mission que de recevoir ces multitudes de personnes que le Christ lui envoie et de leur prodiguer tous les soins possibles afin de les remettre sur pied.

Comment ? Grâce aux "deux pièces", aux deux remèdes ( Baptême et Eucharistie), aux deux commandements que Jésus a enseignés (Tu aimeras Dieu de tout ton c½ur et tu aimeras ton prochain comme toi-même). Maintenant ce ne sont plus de simples ordres assénés à des gens incapables de les mettre en pratique, mais des cadeaux offerts à des blessés sans force à qui, peu à peu, avec une infinie douceur, il faut apprendre à s'accueillir et à aimer tous leurs compagnons de misère qui, comme eux, sont des éclopés rencontrés par le Christ.

Parce qu'ils ont reçu l'amour de leur Dieu fait homme, parce que, enfin, ils se savent aimés - non en dépit mais à cause de leur misère -, alors ils peuvent partager entre eux cet amour. Rétablis, remplis de sa Force, ils peuvent devenir attentifs à leur tour à ces multitudes qui gisent dans les fossés de l'histoire, ces désespérés qui hurlent dans la solitude.

Et un jour, le SamaritaIn REVIENDRA comme il l'a promis : il rendra au centuple tout le service d'amour qui se sera prodigué dans l'Eglise afin de soigner tous les pécheurs.

CROIRE, avoir confiance en Jésus, le seul médecin, le véritable Sauveur. SE LAISSER AIMER en perdant tout orgueil. AIMER en déployant envers l'autre blessé la charité reçue. ESPERER que l'humanité sera un jour à jamais debout, guérie enfin de son mal et unie à son Sauveur dans la Gloire du Père.

Vraiment seul Jésus a eu le génie de révéler en cette petite histoire la prodigieuse aventure de l'humanité.

16e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Les candidats désireux d'accompagner Jésus avaient été prévenus : " Les oiseaux ont des nids mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête". Depuis qu'à son baptême, il s'était donné à accomplir la volonté de son Père, Jésus s'était en même temps remis entre les mains des hommes. Renonçant à son métier et à tous ses biens, allant, démuni, de village en village, proclamant la Bonne Nouvelle de l'arrivée du Royaume de Dieu, du coup, lui et la bande de disciples qui l'accompagnaient, dépendaient des gens pour le vivre et le couvert. L'accueil de l'Evangile s'effectuait non dans un lieu sacré (ignoré par toutes les 1ères générations chrétiennes) mais dans la maison : il fallait ouvrir, laisser entrer. La foi ne peut se confiner dans les églises : elle doit se vivre au c½ur de la vie ordinaire. Reverra-t-on un jour le primat de la vie itinérante ?

Alors qu'il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison.

Elle avait une s½ur, nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.

Ces deux femmes sont devenues les prototypes de deux genres de vie religieuse : vie active (enseignement, hôpitaux..) et vie dite contemplative (prière, oraison). Mais là n'est pas le problème du texte : il est celui de la décision : quand Jésus vient, que faire en priorité ??...

Marthe était accaparée par les multiples occupations du service.

Marthe se dresse comme l'aînée, la maîtresse de maison consciente de ses responsabilités. D'emblée elle a sonné le branle-bas : il s'agit de faire honneur au Maître, d'autant qu'il ne passe pas si souvent. Et puis il faut préparer un copieux repas pour ces pauvres disciples dont la mine montre bien qu'ils ont rarement l'occasion de manger à leur faim.

Et que ça saute ! Marthe s'affaire pour mettre sur pied un menu trois étoiles. On va voir ce qu'on va voir : ses compétences culinaires, son art de la table, sa rapidité d'exécution, son sens du gouvernement.

Tout démarre bien jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive que sa petite s½ur n'est pas là. Et où la découvre-t-elle ?? Aux pieds de Jésus, silencieuse, en train de l'écouter. Marthe explose :

Elle intervint : " Seigneur, cela ne te fait rien ? .....

Ma s½ur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m'aider !".

Mais Jésus doucement calme l'ardeur de "la chef" et prend la défense de la cadette :

Le Seigneur lui répondit : " Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. .....

Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée".

C'est très bien de nous préparer un bon repas, j'en suis ravi, surtout pour mes disciples. Mais quand je passe dans votre maison, murmure Jésus, est-il nécessaire de faire tant de chichi ? Il est normal et louable de vouloir nous nourrir mais Marie a compris qu'il faut en priorité SE LAISSER NOURRIR PAR MA PAROLE !

Dans l'attitude du disciple (assise, attentive), elle écoute mon enseignement, elle cherche à comprendre mon message.

Car lorsque Jésus paraît, il est infiniment plus essentiel de SE LAISSER FAIRE, de prêter l'oreille à ce qu'il dit. Il s'agit moins de se dévouer pour le Seigneur que, au préalable, de cesser de FAIRE pour ECOUTER. Marie ne "contemple" pas : elle ECOUTE. Croire, c'est d'abord accueillir sa Parole, accepter d'apprendre.

Cet épisode est étonnamment parallèle à celui de la semaine passée. Là aussi Jésus se trouvait devant un pharisien qui l'interpellait sur ce qu'il faut FAIRE pour avoir la Vie éternelle. Jésus lui avait répondu par la parabole du "Bon Samaritain" avec la conclusion : " Va et FAIS de même". L'homme avait entendu une leçon de morale : sois aussi serviable que le voyageur samaritain, ne passe pas à côté de ceux qui ont besoin de toi, même s'ils n'appartiennent pas à ton ethnie.

Le chrétien, lui, avait compris qu'il s'agissait d'une "apocalypse", d'une révélation : il lui était demandé de se reconnaître dans l'homme blessé par le péché et qui ne peut être guéri que par le Christ Sauveur - pour faire alors, sous la grâce, ce que l'autre entendait comme une loi.

Il en va de même ici. Marthe - qui est probablement une pharisienne comme St Jean le laisse entendre puisqu'elle croit à la résurrection - Jn 11, 24) est persuadée qu'il faut déployer des trésors d'énergie pour faire plaisir à Dieu. Sa foi est obéissance, application minutieuse, acharnement à FAIRE. Derrière cet empressement et cette (admirable) serviabilité, n'y a-t-il pas la vanité de montrer ce dont on est capable ? la fierté d'être plus douée que les autres ? l'autoritarisme (elle ose commander à Jésus d'ordonner à Marie de l'aider !) ? l'attente de compliments et de récompense ? ...Religion pharisienne !

Jésus, au contraire, approuve Marie qui reste assise devant lui et qui se laisse instruire, enseigner, guérir par la Parole de son Seigneur. Au fond n'a-t-elle pas l'attitude semblable à celle du blessé de la route ? ...

"Elle a la meilleure part...jamais enlevée.."

Ce n'est pas pour rien que l'Evangile commence par une scène d'écoute (La Vierge Marie à l'Annonciation), que Jésus, au baptême, est à l'écoute de son Père, que sa première parabole est celle du Semeur ( "que celui qui a des oreilles écoute !"),et qu'il rejoint sans cesse son Père dans la prière silencieuse avant d'agir.

En ce temps de vacances, osons faire le point sur nos méthodes.

1) est-ce que nous sommes reconnaissants envers celles qui se dévouent dans le service quotidien de la cuisine ? Car Jésus ne dévalue pas les humbles tâches des fourneaux ni même la gastronomie ! La brave Marthe a le défaut de vouloir en faire trop...mais elle est aussi une Sainte !

2) En bons occidentaux, nous sommes toujours prêts à prendre des initiatives, à nous lancer dans de nouvelles activités. Et les réunions des paroisses et des Mouvements de se succéder, les discussions de chauffer, les projets de fuser. Pour quels résultats souvent ?.....

Avons-nous d'abord écouté ce que le Seigneur nous demandait ? A quoi bon faire et refaire des tas de choses qu'IL NE DEMANDE PAS...et de ne pas faire ce qu'IL EXIGE et que nous refusons d'entendre ? La 1ère tâche est la prière d'écoute.

3 ! Quand je reçois quelqu'un, est-ce que j'accepte d'écouter SES PAROLES A LUI plutôt que de me croire obligé de l'accabler de ma générosité, de mon savoir-faire et de mes connaissances ?..... Il y a des petits repas frugaux et bavards qui valent bien plus que des festins guindés.

Seigneur, aujourd'hui, comme Marie, je te reçois, je reste devant toi en silence : Parle-moi, guéris mon c½ur de son égoïsme, instruis-moi de ta volonté. Ta Parole est Puissance, Energie, Feu.

C'est elle qui me fera agir. Ensuite. Et pour toi seul.

16e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Les candidats désireux d'accompagner Jésus avaient été prévenus : " Les oiseaux ont des nids mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête". Depuis qu'à son baptême, il s'était donné à accomplir la volonté de son Père, Jésus s'était en même temps remis entre les mains des hommes. Renonçant à son métier et à tous ses biens, allant, démuni, de village en village, proclamant la Bonne Nouvelle de l'arrivée du Royaume de Dieu, du coup, lui et la bande de disciples qui l'accompagnaient, dépendaient des gens pour le vivre et le couvert. L'accueil de l'Evangile s'effectuait non dans un lieu sacré (ignoré par toutes les 1ères générations chrétiennes) mais dans la maison : il fallait ouvrir, laisser entrer. La foi ne peut se confiner dans les églises : elle doit se vivre au c½ur de la vie ordinaire. Reverra-t-on un jour le primat de la vie itinérante ?

Alors qu'il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison.

Elle avait une s½ur, nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.

Ces deux femmes sont devenues les prototypes de deux genres de vie religieuse : vie active (enseignement, hôpitaux..) et vie dite contemplative (prière, oraison). Mais là n'est pas le problème du texte : il est celui de la décision : quand Jésus vient, que faire en priorité ??...

Marthe était accaparée par les multiples occupations du service.

Marthe se dresse comme l'aînée, la maîtresse de maison consciente de ses responsabilités. D'emblée elle a sonné le branle-bas : il s'agit de faire honneur au Maître, d'autant qu'il ne passe pas si souvent. Et puis il faut préparer un copieux repas pour ces pauvres disciples dont la mine montre bien qu'ils ont rarement l'occasion de manger à leur faim.

Et que ça saute ! Marthe s'affaire pour mettre sur pied un menu trois étoiles. On va voir ce qu'on va voir : ses compétences culinaires, son art de la table, sa rapidité d'exécution, son sens du gouvernement.

Tout démarre bien jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive que sa petite s½ur n'est pas là. Et où la découvre-t-elle ?? Aux pieds de Jésus, silencieuse, en train de l'écouter. Marthe explose :

Elle intervint : " Seigneur, cela ne te fait rien ? .....

Ma s½ur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m'aider !".

Mais Jésus doucement calme l'ardeur de "la chef" et prend la défense de la cadette :

Le Seigneur lui répondit : " Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. .....

Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée".

C'est très bien de nous préparer un bon repas, j'en suis ravi, surtout pour mes disciples. Mais quand je passe dans votre maison, murmure Jésus, est-il nécessaire de faire tant de chichi ? Il est normal et louable de vouloir nous nourrir mais Marie a compris qu'il faut en priorité SE LAISSER NOURRIR PAR MA PAROLE !

Dans l'attitude du disciple (assise, attentive), elle écoute mon enseignement, elle cherche à comprendre mon message.

Car lorsque Jésus paraît, il est infiniment plus essentiel de SE LAISSER FAIRE, de prêter l'oreille à ce qu'il dit. Il s'agit moins de se dévouer pour le Seigneur que, au préalable, de cesser de FAIRE pour ECOUTER. Marie ne "contemple" pas : elle ECOUTE. Croire, c'est d'abord accueillir sa Parole, accepter d'apprendre.

Cet épisode est étonnamment parallèle à celui de la semaine passée. Là aussi Jésus se trouvait devant un pharisien qui l'interpellait sur ce qu'il faut FAIRE pour avoir la Vie éternelle. Jésus lui avait répondu par la parabole du "Bon Samaritain" avec la conclusion : " Va et FAIS de même". L'homme avait entendu une leçon de morale : sois aussi serviable que le voyageur samaritain, ne passe pas à côté de ceux qui ont besoin de toi, même s'ils n'appartiennent pas à ton ethnie.

Le chrétien, lui, avait compris qu'il s'agissait d'une "apocalypse", d'une révélation : il lui était demandé de se reconnaître dans l'homme blessé par le péché et qui ne peut être guéri que par le Christ Sauveur - pour faire alors, sous la grâce, ce que l'autre entendait comme une loi.

Il en va de même ici. Marthe - qui est probablement une pharisienne comme St Jean le laisse entendre puisqu'elle croit à la résurrection - Jn 11, 24) est persuadée qu'il faut déployer des trésors d'énergie pour faire plaisir à Dieu. Sa foi est obéissance, application minutieuse, acharnement à FAIRE. Derrière cet empressement et cette (admirable) serviabilité, n'y a-t-il pas la vanité de montrer ce dont on est capable ? la fierté d'être plus douée que les autres ? l'autoritarisme (elle ose commander à Jésus d'ordonner à Marie de l'aider !) ? l'attente de compliments et de récompense ? ...Religion pharisienne !

Jésus, au contraire, approuve Marie qui reste assise devant lui et qui se laisse instruire, enseigner, guérir par la Parole de son Seigneur. Au fond n'a-t-elle pas l'attitude semblable à celle du blessé de la route ? ...

"Elle a la meilleure part...jamais enlevée.."

Ce n'est pas pour rien que l'Evangile commence par une scène d'écoute (La Vierge Marie à l'Annonciation), que Jésus, au baptême, est à l'écoute de son Père, que sa première parabole est celle du Semeur ( "que celui qui a des oreilles écoute !"),et qu'il rejoint sans cesse son Père dans la prière silencieuse avant d'agir.

En ce temps de vacances, osons faire le point sur nos méthodes.

1) est-ce que nous sommes reconnaissants envers celles qui se dévouent dans le service quotidien de la cuisine ? Car Jésus ne dévalue pas les humbles tâches des fourneaux ni même la gastronomie ! La brave Marthe a le défaut de vouloir en faire trop...mais elle est aussi une Sainte !

2) En bons occidentaux, nous sommes toujours prêts à prendre des initiatives, à nous lancer dans de nouvelles activités. Et les réunions des paroisses et des Mouvements de se succéder, les discussions de chauffer, les projets de fuser. Pour quels résultats souvent ?.....

Avons-nous d'abord écouté ce que le Seigneur nous demandait ? A quoi bon faire et refaire des tas de choses qu'IL NE DEMANDE PAS...et de ne pas faire ce qu'IL EXIGE et que nous refusons d'entendre ? La 1ère tâche est la prière d'écoute.

3 ! Quand je reçois quelqu'un, est-ce que j'accepte d'écouter SES PAROLES A LUI plutôt que de me croire obligé de l'accabler de ma générosité, de mon savoir-faire et de mes connaissances ?..... Il y a des petits repas frugaux et bavards qui valent bien plus que des festins guindés.

Seigneur, aujourd'hui, comme Marie, je te reçois, je reste devant toi en silence : Parle-moi, guéris mon c½ur de son égoïsme, instruis-moi de ta volonté. Ta Parole est Puissance, Energie, Feu.

C'est elle qui me fera agir. Ensuite. Et pour toi seul.

17e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007
Un jour, quelque part, Jésus était en prière."

Tout au long de sa vie, Luc ne cesse de le souligner, Jésus prie.

Il s'écarte de ses disciples, des foules et même des malades pour s'enfoncer dans la solitude. Dès l'entrée dans sa mission, à son baptême, "Jésus priait" ; et à la fin de sa vie, ses ultimes paroles sur la croix seront une prière : " Père, entre tes mains, je remets mon esprit".

D'un bout à l'autre, Jésus est suspendu à la volonté de son Père, il ne veut rien dire ni faire qui ne soit obéissance parfaite à sa Volonté.

Quand il eut fini, . . .

La prière ne se réduit pas à un vague "sentiment océanique", un état spécial : elle est un acte qui commence et se termine : "quand il eut fini".

Luc ne dit jamais que quoi qu'il fasse, Jésus est "en état de prière", que "son travail est une prière" (ce que nous disons parce que nous craignons de nous arrêter dans le silence).

...un de ses disciples lui demanda : " Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l'a appris à ses disciples".

Sans doute, comme d'autres maîtres, Jean Baptiste avait-il appris à ses disciples une prière spéciale qui était comme une caractéristique du groupe : ici la communauté de Jésus propose donc d'apprendre une nouvelle formule, différente.

La question émane d'un "disciple" anonyme (c'est vous) : il faut vouloir être un disciple de Jésus pour la comprendre. En retour, la prière soutiendra le disciple dans sa fidélité.

Ainsi donc la première prière est de demander pour l'apprendre

Jésus alors leur enseigne cette célèbre prière, le PATER, qui jaillit au centre de sa recherche à lui, qui en est comme la quintessence.

Une perle. Un trésor. Un joyau. Hélas que trop souvent nous marmonnons en vitesse, inconscients de ce que nous disons.

Et pauvre prédicateur obligé de le commenter en quelques minutes...alors qu'il faudrait des heures pour en détailler la richesse extraordinaire. Essayons quand même.

PERE... D'abord dire le nom de Celui à qui on s'adresse. Du coup se savoir son fils, sa fille. Cesser de trembler devant un Juge. De crier vers un Créateur lointain. S'installer dans la pauvreté, l'humilité, la petitesse, la reconnaissance éperdue. O "Père" : je suis ton enfant. Celui qui se place devant son Père se trouve lui-même. La confiance règne.

L'homme moderne a de l'argent mais il est orphelin. D'où son malheur.

La prière n'est pas une litanie de demandes pour ses propres besoins : l'enfant de Dieu ne peut en priorité que s'intéresser à son Père : vouloir son Honneur, sa Gloire, la réussite de son projet. D'où deux v½ux :

QUE TON NOM SOIT SANCTIFIE. L'homme biblique ne se permet pas de commander à Dieu : il emploie le passif. Le NOM, c'est l'identité de la personne, le TOI indicible. Sanctifier, c'est le contraire de bafouer, piétiner, délaisser. Donc la phrase veut dire : " Fais-toi reconnaître comme Père". Le chrétien se lamente de constater que tant d' hommes te bafouent, te nient, te caricaturent : il te supplie d'intervenir tant il aimerait que Tu sois reconnu, vénéré, honoré. Il est indispensable de préserver la Transcendance, de garder confiance en un Père du ciel.

QUE TON REGNE VIENNE. Pourquoi l'humanité est-elle à ce point déchirée, malheureuse ? Parce que les idoles règnent : cupidité de l'argent (qui refuse le partage), tyrannie, passions (qui enferment dans l'égoïsme), haine, ambition, mépris de l'autre ou indifférence.

Jésus est venu basculer les idoles mortifères, il a inauguré le ROYAUME DE SON PERE. Mais ce Royaume ne s'impose pas par la violence, il se propose aux libertés qui, souvent, renâclent devant la conversion qu'il exige. Le chrétien, conscient de son peu de force, effrayé par les ravages des idoles, plein d'espérance pour le véritable épanouissement de l'humanité supplie : "Maranatha ! Viens, Seigneur" ...Que les hommes, et moi d'abord, acceptent l'Evangile !

2ème PARTIE : Ancré dans la position spirituelle par ces premières phrases, le chrétien peut ensuite présenter ses demandes : mais elles sont en "NOUS" ! C'est l'Eglise qui prie en chacun de nous.

Trois demandes s'expriment selon les trois dimensions du temps dans lequel nous marchons pour arriver au Père.

PRESENT -- NOTRE PAIN QUOTIDIEN DONNE-LE NOUS CHAQUE JOUR.

Humblement il nous faut "recevoir" notre vie, ne pas la considérer comme notre ½uvre. Chaque heure est cadeau.

Nous forcer à ne demander que le strict nécessaire (le pain), et à ne pas exiger d'assurance, de provisions pour le lendemain.

Très dur : vivre au jour le jour.

PASSE - ET REMETS-NOUS NOS PECHES CAR NOUS-MEMES NOUS REMETTONS A QUICONQUE NOUS DOIT.

Le priant ne doit jamais oublier qu'il est pécheur, responsable du mal qu'il a fait, et qu'il a besoin impératif du Pardon (que seul Dieu peut lui donner). Et en outre qu'il est dans l'obligation de pardonner lui-même à tous ceux qui lui ont fait du tort.

C'est la seule condition mentionnée dans le PATER : elle est impérative, obligatoire.

AVENIR - ET NE NOUS INTRODUIS PAS DANS LA TENTATION.

Bien comprendre : Dieu ne tente personne, il ne pousse évidemment pas ses enfants au bord du gouffre. Le sens est : Fais que nous n'entrions pas dans une situation où nous risquons de nous perdre. Le croyant se veut fidèle mais il connaît sa faiblesse invétérée, il sait qu'en lui rôdent des forces qui pactisent avec le mal. Au terme de sa prière, au moment de retourner dans le quotidien, il a peur de lui-même, de sa liberté fragile, il supplie son Père de le garder.

Après avoir révélé la prière essentielle du chrétien, Jésus prolonge sa catéchèse - impossible à expliquer ici. Quelques lignes seulement

PERSEVERER.

Le défaut de nos prières n'est pas la distraction ( sujet que Jésus n'aborde jamais) mais la trop grande brièveté. Nous prions trop peu de temps, nous devons être comme cet homme qui, devant une porte close, en pleine nuit (de la foi) doit continuer à frapper "sans vergogne". Epreuve du silence de Dieu.

EXAUCEMENT.

"Demandez et il vous sera donné..." : contrairement à ce que nous pensons parfois, Dieu nous écoute, il répond, il nous exauce...mais comme un bon père qui sait ce qu'il doit donner à son enfant, il ne nous donne pas tout ce que nous demandons mais seulement le don suprême : L'ESPRIT-SAINT.

Vacances : interrompre notre course aux loisirs pour oser reprendre la demande du disciple : SEIGNEUR APPRENDS-MOI A PRIER... apprends-moi à dire le PATER en vérité...à méditer chaque phrase, chaque mot...Nous faisons nos prières mais surtout LA PRIERE NOUS FAIT.

18e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Chaque évangéliste insiste sur tel ou tel aspect de l'enseignement du Christ. Ainsi saint Luc ( probablement un médecin païen converti ) est l'évangéliste de la conversion, de la joie du pardon, de la miséricorde...mais il souligne très souvent le danger, pour la vie spirituelle, de l'enrichissement.

Quand Jean-Baptiste annonce la venue imminente du Messie et que les foules lui demandent ce qu'elles doivent faire, il répond tout de go : "Que celui qui a deux tuniques en donne une..."(3, 10).

Jésus commence son grand discours aux foules par : "Bienheureux les pauvres...Malheureux les riches..."(6, 20).

Et le dernier "miracle" qui clôture la montée de Jésus vers la capitale est non une guérison physique mais la stupéfiante conversion du riche Zachée : " Je donne la moitié de mes biens aux pauvres..."( 19, 8).

D'ailleurs tout son Evangile est encadré par deux scènes : le nouveau-né Jésus couché sur la paille et le condamné Jésus, nu, sur une croix.

Aujourd'hui encore, Luc rapporte un avertissement de Jésus sur ce sujet capital - et d'une étonnante actualité.

Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus :

" Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage".

Jésus lui répondit : " Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ?"...

En cas de litige, les gens avaient coutume de s'adresser aux rabbins, aux spécialistes des lois pour régler leurs différends. Jésus refuse de jouer ce rôle d'arbitre, d'entrer dans la lutte des chicaneries. Mais il profite de cette demande pour lancer à tous une mise en garde sévère :

Puis s'adressant à la foule : " Gardez-vous bien de toute âpreté au gain car la vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses".

Donc attention à la cupidité, à la rapacité, à l'envie folle de posséder toujours plus ! Jésus rappelle que, si l'argent est utile et nécessaire, la vie humaine ne dépend nullement de la réussite financière.

Ce qu'il explique par une petite histoire :

Et il leur dit cette parabole :

" Il y avait un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait :

"Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte !".

Puis il se dit : " Voici ce que je vais faire :

je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands

et j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède.

Alors je me dirai en moi-même :Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années : repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence".

Mais Dieu lui dit : " Tu es fou : cette nuit même on te redemande ta vie.

Et ce que tu as mis de côté, qui l'aura ?..."

Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même

au lieu d'être riche en vue de Dieu"

Cet homme était sans doute honnête, bon père de famille, gros travailleur, bon gérant de son exploitation. L'année avait été très bonne : les moissons superbes, surabondantes. Les granges se révèlent trop exiguës : que faire ? Les abattre et vite en construire de plus spacieuses. Avec les ouvriers, on travaille d'arrache-pied, le blé est rentré dans les nouvelles installations. Hilare, épanoui, l'homme évalue la valeur de cet amoncellement et se dit qu'il n'a vraiment plus de souci à se faire pour plusieurs années....

Quand soudain, l'inattendue, l'imprévisible, l'horrible MORT est là !

A quoi bon alors l'or, l'argent, les maisons ?

L'arrêt du c½ur est aussi l'arrêt de toute possession, le dépouillement total.

Tu te croyais intelligent, doué, prévoyant, tu étais l'image de la réussite, les voisins t'enviaient...Patatras ! Tout s'écroule : "Tu étais FOU !", dit Jésus car tu amassais pour toi, tu ne cherchais qu'à avoir plus...

Jésus ne dit pas que la réussite dans les affaires est un mal ni qu'il est abominable d'être devenu plus riche qu'avant.

Mais tu ne pensais qu'à toi, ton succès t'enivrait, tu jouissais d'être à la tête d'une plus grande fortune. Tu oubliais que l'enrichissement est une responsabilité. Celui qui a la chance de gagner plus que les autres doit du coup donner plus que les autres ; au lieu d'être hypnotisé par tes nouveaux bâtiments, de t'enorgueillir de ton compte en banque plantureux, tu aurais dû comprendre que l'enrichissement doit se faire POUR DIEU, EN VUE DE DIEU.

Qu'est-ce à dire ? L'expression s'éclairera peu après quand Jésus donnera des consignes beaucoup plus radicales à ses disciples, en les appelant au dépouillement total mais avec la même visée :

" Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumônes. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux ..." ( 12, 33).

La vraie richesse que rien, ni personne ni la mort, ne peut nous enlever, c'est l'acte de don, de partage, de charité. L'amour seul est le trésor éternel et - paradoxe - il grandit au fur et à mesure de nos cadeaux. Plus tard, Jésus martèlera à nouveau le même enseignement :

" Eh bien moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec l'Argent trompeur pour qu'une fois celui-ci disparu, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles" ( 16, 9)

L'argent est une fausse assurance, il est "trompeur" comme un sol qui peut à tout moment se dérober sous nos pas : donc il faut s'en servir en donnant à ceux qui en manquent.

Ces "amis" seront notre comité d'accueil à l'autre côté.

*

L'homme de la parabole représente bien l'homme occidental. Depuis 40 ans, la société de consommation nous bombarde les mêmes messages : "NOUVEAU ! Achetez ceci...Modèle inédit...performances améliorées.....Sensationnel ! Conditions de crédit avantageuses..."

On nous a convaincu qu'il fallait accroître son niveau de vie, que nous serions malheureux de ne pas posséder CECI...de manquer de CELA...Et on court, on achète, on jette, on gaspille sans vergogne. Après nous le déluge !

La publicité est une formidable machine à exciter le désir d'AVOIR PLUS, cette "âpreté au gain" dont parlait Jésus ci-dessus. Et la machine est tellement bien rôdée qu'elle a réussi à vider les couvents, les séminaires et les églises. L'Occident a cru que l'on pouvait être chrétien et consommateur à tout crin... : illusion mortelle !

Saint Paul avait prévenu : " Faites mourir ce qui en vous appartient à la terre :

débauche, impureté, passion, désir mauvais

et CETTE CUPIDITE QUI EST UNE IDOLATRIE" ( Col 3, 5).

Seule une Eglise qui fera le retour à la simplicité et au partage, qui refusera toute convoitise insensée, redeviendra féconde et vraie.


18e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Pour la 3ème fois, s. Luc nous raconte une invitation de Jésus chez un notable pharisien.

De grâce, débarrassons-nous de nos préjugés vis-à-vis de ces hommes qui, pour la plupart, étaient des croyants sincères sinon remarquables. Israël subissait depuis des siècles l'occupation étrangère si bien que beaucoup de Juifs étaient de ce fait tentés par "l'assimilation", c'est-à-dire l'envie d'abandonner, ou en tout cas de restreindre, les contraintes de la foi des ancêtres. En réaction, la "confrérie" des Pharisiens regroupait des hommes décidés à observer à la lettre tous les préceptes de la Torah afin de compenser en quelque sorte les lâchetés de beaucoup et de sauver les traditions.

En somme, les pharisiens correspondent aux chrétiens qui, insatisfaits par les pratiques ordinaires, s'engagent dans des "Mouvements" (couvents, action catholique, communautés nouvelles, etc.) pour assumer une formation et des responsabilités supplémentaires.

Jésus est toujours prêt à dialoguer avec n'importe qui. Toutefois il ne faut pas attendre de lui qu'il entre dans une maison pour discuter de la pluie et du beau temps, ni même d'abstractions théologiques.

Et on n'achète pas non plus son approbation grâce à de bons petits plats.

A ce club de croyants, Jésus va donner un triple enseignement.

1er ENSEIGNEMENT : L'HOMME PASSE AVANT LA LOI Ce premier paragraphe n'est pas lu dans la liturgie de ce jour.

Soudain se présente devant Jésus un homme souffrant d'un oedème. Or c'est shabbat ! L'interdiction de travailler est stricte : même les médecins ne peuvent intervenir qu'en cas de danger de mort. Mais d'un geste Jésus guérit l'homme en expliquant aux convives :

" Lequel d'entre vous si son fils ou son b½uf tombe dans un puits,

ne le hissera pas aussitôt en plein shabbat ?".

Dès le début de sa mission, Jésus avait eu une algarade avec les Pharisiens en osant guérir, à la synagogue, un jour de shabbat, un homme à la main paralysée ( Luc 6, 6).

Admirable est le saint shabbat, respectables sont les lois de la Torah mais il reste que la vie de l'homme l'emportera toujours sur des observances formelles.

2ème ENSEIGNEMENT : L'HUMILITE

Jésus remarquait que les invités choisissaient les 1ères places, il leur dit : " Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la 1ère place de peur qu'on ait invité quelqu'un de plus important que toi et que celui qui vous a invités ne vienne te dire : Cède-lui la place. Alors tu irais tout confus prendre la dernière place.

Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place afin qu'à son arrivée celui qui t'a invité te dise : "Mon ami, avance plus haut". Alors ce sera pour toi un honneur devant tous ceux qui sont à table avec toi.

Car tout homme qui s'élève sera abaissé

et celui qui s'abaisse sera élevé".

Dans les sectes juives de l'époque et notamment à Qumran, on avait un sens très fort de la hiérarchie : les titres académiques, le prestige des grandes familles, le niveau de fortune fixaient l'ordre des places et permettaient de reconnaître les qualités et les fonctions de chacun. Jésus demande à ces hommes de cesser de jouer des coudes et de se faufiler habilement pour se glisser dans le haut du panier.

Pas de vanité, plus d'ambition, plus de rivalités mesquines, plus de "carriérisme". L'invitation au repas avec Jésus ne se confond pas avec une course aux honneurs, une compétition où l'on entend montrer aux autres qui l'on est.

Laissons Dieu distribuer les places. Imitons Jésus qui, au lieu de revendiquer la gloire qui lui revenait, a pris la place de serviteur.

Et rappelons-nous comment Marie, dans son cantique du Magnificat, chantait la conduite de Dieu :

"Il disperse les orgueilleux,

renverse les puissants de leurs trônes,

mais élève les humbles

et comble de biens les affamés" ( Luc 1, 51).

3ème ENSEIGNEMENT : LE DON DESINTERRESSE

Jésus dit à celui qui l'avait invité :

" Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n'invite pas tes amis ni tes parents ni de riches voisins sinon eux aussi t'inviteront en retour et cela te sera rendu. Au contraire, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles et tu seras heureux parce qu'ils n'ont pas de quoi te rendre.

En effet cela te sera rendu à la résurrection des justes".

Autre défaut très répandu dans les confréries et les équipes de toutes sortes : on se regroupe par affinité, on mange ensemble dans la concorde et la bonne humeur parce que l'on appartient à la même classe. Et celui qui reçoit ses confrères sait très bien que la pareille lui sera rendue bientôt. C'est un prêté pour un rendu.

Jésus appelle à rompre avec cette mentalité de ghetto, il exhorte les riches à ne pas s'enfermer dans leur milieu, entre gens bien élevés, bien habillés, qui savent se tenir à table et rivalisent pour s'offrir de somptueuses réceptions. Les handicapés dont parle Jésus étaient considérés comme plus ou moins marqués par le mal et le péché : ils ne pouvaient faire partie des Pharisiens, ils étaient pauvres, mal habillés, peu instruits...donc ils n'étaient pas gens fréquentables. Jésus fait éclater le cercle, il appelle à aller plus loin que l'échange et à découvrir la valeur du don désintéressé.

Il apprend à donner sans attendre de retour. Cet acte d'amour sera récompensé : Dieu y veillera à la Résurrection.

Toute page d'évangile ne se limite jamais à évoquer un souvenir historique. Ces leçons données jadis par Jésus n'ont pas pour but de jeter le discrédit sur ces Juifs pharisiens. Par cette scène, l'évangéliste nous rappelle comment nous comporter, et en paroisse et dans nos Mouvements, afin de célébrer dignement "le Repas du Seigneur".

1) Si essentielles que soient les obligations légales, elles s'effacent devant le devoir impérieux de soigner le malade si l'occasion s'en présente. Ainsi l'obligation de la messe est suspendue s'il faut sauver une vie.

2) L'ambition, la recherche des honneurs sont à bannir absolument. Pas de rivalité mesquine pour obtenir les meilleures places. Pas de chaises en velours réservées à certains, pas d'élite. Si les hommes se rassemblent par goût ou par intérêt (à l'Opéra ou au Rock, à la Tour d'Argent ou au snack, au conseil d'administration ou au syndicat), la communauté du Repas de Jésus n'admet pas ces divisions : chacun y est accepté tel qu'il est, revêtu de la même dignité. Car chacun a une valeur unique : être racheté par le sang du Christ.

3) Il faut veiller à ne pas nous enclore dans des milieux uniformisés et à pratiquer le don totalement désintéressé, l'amour des handicapés, des pauvres, de tous ceux qui n'ont pas de quoi nous rendre.

19e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Par la parabole du riche insensé, Jésus nous mettait en garde contre "l'avidité", ce désir d'avoir toujours plus qui, excité sans arrêt et de toutes les façons, écarte des multitudes de la vérité de l'Evangile.

Là-dessus, il enchaîne avec une longue instruction adressée à un public plus limité : ses disciples ( Luc 12, 22-53) et il y souligne encore davantage ses exigences.

D'abord il les exhorte à ne pas imiter les païens et à ne pas se noyer dans les inquiétudes quant à la nourriture et au vêtement. Il conclut par une phrase célèbre :

" Cherchez plutôt le Royaume de Dieu et cela vous sera donné par surcroît".

Là-dessus commence la lecture de ce dimanche.

LE PETIT RESTE

Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumônes. Faites-vous une bourse qui ne s'use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n'approche pas, où la mite ne ronge pas.

Car là où est votre trésor, là aussi sera votre c½ur.

Sans illusion, Jésus sait que peu de gens accepteront de perdre leur vie pour lui et comme lui. Ses disciples ne constitueront jamais qu'"un petit troupeau", un petit reste comme disait déjà l'Ancien Testament. Disséminées dans un environnement indifférent sinon hostile, les brebis du Seigneur seront toujours tentées par la peur : peur d'être objet de dérision, d'être marginalisées par une société qui veut se bâtir sur la force et la ruse, peur d'être persécutées...

C'est pourquoi il les exhorte à ne pas se laisser terroriser et à accepter leur situation minoritaire. Qu'il n'y ait que 5 à 10 % de chrétiens comme aujourd'hui n'est pas une décadence : c'est revenir à une situation normale.

Notre joie et notre assurance ne doivent pas se baser sur la grandeur de nos effectifs mais sur la certitude de vivre déjà du don de Dieu dans son Royaume.

Ses plus proches qui l'accompagnent dans sa mission évangélisatrice, Jésus les appelle à se dépouiller : leurs dons aux pauvres deviendront un trésor inaltérable. Si notre c½ur se laisse remplir d'amour, il sera libéré de la passion de l'argent.

Mais si tu mets ton c½ur dans tes biens, un jour tu les perdras et tu te perdras, toi aussi ! !

Jésus poursuit avec deux paraboles.

PARABOLE DES SERVITEURS VIGILANTS

Restez en tenue de service (littéralement : " Ayez les reins ceints")

et gardez vos lampes allumées.

Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller.

Nous vivons dans un monde qui cherche le salut par ses propres ressources, ses propres lumières (les sciences, les progrès, les arts, les idéologies, les armements...) mais qui demeure dans les ténèbres (drogues, guerres, haines en sont la preuve).

Nous devons tenir bon, au creux de cette nuit, dans l'attente de notre Seigneur qui reviendra. Car si beaucoup disent que Jésus a été anéanti dans la mort, les disciples, eux, ne doutent pas : ils sont absolument certains que, dans sa mort par amour de son Père et des hommes, il s'est uni à l'humanité pour les Noces éternelles.

Et il reviendra. !

"Ayez les reins ceints" dit Jésus. En effet, dans son pays aux grosses chaleurs, on porte un ample vêtement qui flotte au vent. Lorsque l'on doit travailler ou se déplacer, on serre sa ceinture. En outre, rappelons-nous que la fête de la Pâque doit se célébrer "avec les reins ceints" càd. en tenue de voyage, prêts à partir, à prendre la route de la liberté.

Donc Jésus nous presse de ne pas nous assoupir, ne pas nous laisser contaminer par l'ambiance générale. Ne restez pas immobiles, ne vous affalez pas dans l'inaction et l'oisiveté, ne vous laissez pas chloroformer par les divertissements, les suggestions, les jouissances de l'instant. Restez en tenue de travail, protégez la flamme de votre foi, n'oubliez pas que votre vie est un pèlerinage vers le Père.

Car LE MAITRE VA VENIR ....

HEUREUX seront ceux-là qu'il trouvera en train de veiller de la sorte. Et il leur promet une récompense extraordinaire :

Amen je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour.

S'il revient vers minuit ou plus tard encore et qu'il les trouve ainsi, heureux sont-ils.

Stupéfiant ! : au lieu de se laisser servir par ses disciples, le Seigneur se fera leur serviteur ! Il les placera à sa table et les servira .

Magnifique image qui nous permet de comprendre le sens de l'Eucharistie. Ceux et celles dont le c½ur reste vigilant, qui veillent dans l'espérance de revoir leur Seigneur, effectivement ils peuvent déjà faire l'expérience de son immense amour : chaque fois qu'ils acceptent son invitation et qu'ils se rassemblent, il vient, il les enseigne et leur partage son pain :

" Prenez, mangez...buvez...C'est MOI ".

L'Eucharistie du dimanche nous garde en état d'éveil, elle chasse les mirages des mensonges du monde, elle nous remplit de courage pour travailler pour Dieu, nous tient dans l'espérance. Un jour, les ténèbres se dissiperont, le Royaume éclatera dans sa gloire et le Seigneur nous rassasiera de l'émerveillement de la Vérité et de l'Amour.

PARABOLE DU VOLEUR.

Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l'heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas forcer sa maison.

Vous aussi, tenez-vous prêts : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'Homme viendra.

Innombrables sont les baptisés, les jeunes communiants, qui ont reçu tous les trésors du Royaume : confiance, miséricorde, unité, espérance, amour, joie....Et, trois fois hélas, par insouciance, pour "faire comme tout le monde", ils ont renoncé à tout cela pour rejoindre la majorité des hommes qui préfèrent jouir du temps présent.

Attention, prévient Jésus, ne vous laissez pas dérober tout ce que je vous ai offert, demeurez vigilants, gardez conscience des enjeux, sachez ce que vous êtes en train de vivre, combattez les tentations qui se présentent...

Car, tôt ou tard, sans vous prévenir, je viendrai "comme un voleur".

Soudain (tout à l'heure, demain...bientôt ?), vous serez devant le Fils de l'homme c'est-à-dire Celui que Dieu a choisi pour être le Juge de l'humanité.

La VIGILANCE est aujourd'hui, en priorité, la qualité requise des disciples. Elle exige le détachement des biens, le refus des inquiétudes, l'éveil pour guetter avec impatience la Venue de notre Sauveur bien-aimé.

HEUREUX CEUX QUI VEILLENT . ..

1er dimanche de Carême, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Avant un examen, un contrôle, voire une interrogation, lorsque j'étais enfant, j'aimais prier intensément pour que je réussisse l'épreuve à laquelle j'allais être soumis. Il faut dire que j'avais des parents qui étaient loin d'être daltoniens et qui repéraient toujours le possible rouge dans le bulletin, oubliant ainsi par la même occasion tous les verts qui étaient en grande majorité sur la page blanche. Humblement, je dois reconnaître que mes prières étaient très souvent entendues. Toutefois, de temps à autre, j'avais l'impression que Dieu était atteint d'une certaine surdité car il refusait de répondre à mes prières et je me trouvais alors en échec. Je me demandais pourquoi, il m'imposait un tel traitement : la réussite puis l'échec. Après de longs moments de réflexion, tout s'éclaira en moi. Je réussissais les examens, contrôles et interrogations que j'avais étudiés et j'échouais dans ceux pour lesquels je n'avais pas focalisé toute mon attention. Prier ne suffisait donc pas. Il fallait que ma prière soit accompagnée d'un certain temps de travail personnel. En d'autres termes, contrairement à mes espérances d'enfant, Dieu n'était pas un magicien. Et c'est vrai que de temps à autre, nous aimerions bien qu'il le soit ce fameux magicien qui en un coup de baguette magique pourrait transformer notre destin. Il me suffirait de le prier, de le supplier. Et lui, du haut de sa Majesté suprême, m'octroierait ma supplique. Cette tentation d'espérer que notre Dieu puisse changer le cours des événements, peut être vécue tout au long de la vie lorsque nous sommes touchés par la souffrance physique, mentale ou morale. Il peut nous arriver d'espérer que le coup du destin qui nous met tant à mal puisse en un instant se transformer pour retrouver le sourire de la vie. Nous pouvons parfois avoir l'impression que notre démon intérieur nous pousse à cela. Un peu à l'image de ces trois tentations vécues par Jésus dans le désert. Dieu n'est pas un magicien nous démontre son Fils. Il n'aime pas se donner en spectacle, comme si le spectaculaire ne pouvait plus faire partie de son monde divin. Non, Dieu se laisse appréhender autrement dans le cours de nos existences. Il se dévoile tout en intériorité. L'Esprit souffle en nous comme une brise légère. Pourtant, le destin peut nous frapper à tout moment. Le destin, oui. Mais pas notre destinée. En effet, le destin, il se subit. Il s'impose à nous. Nous ne l'attendions pas. Nous ne le souhaitions pas. Tandis que cette destinée à laquelle toutes et tous nous sommes appelés et qui varie d'une personne à l'autre, elle s'accomplit par la manière dont nous vivons les événements qui traversent nos vies. Et il est vrai que lorsque le destin nous frappe, nous avons le sentiment que l'expérience à laquelle nous sommes confrontés peut nous diviser, c'est-à-dire nous détourner de nous-mêmes puisque mon identité est devenue intimement liée à la douleur que je subis comme si le « je pense donc je suis » de Descartes se transformait en « je souffre donc je suis » tellement je suis identifié à cette nouvelle situation. Confronté à cette réalité insensée, je peux me demander pourquoi de telles épreuves me sont envoyées. Mais est-ce vraiment la volonté de Dieu ? D'après l'évangile de ce jour, il semble qu'il n'en soit pas ainsi. Dieu ne nous envoie pas des épreuves. En effet, l'Esprit ne conduit pas Jésus dans le désert pour être tenté. Loin s'en faut. L'évangéliste nous fait découvrir que Jésus fut conduit par l'Esprit à travers le désert. « A travers » et non plus « dans ». Voilà une nuance de langage qui me paraît essentiel lorsque nous traversons à notre tour un temps de désert où nous nous sentons tentés par l'image d'un Dieu qui pourrait tellement facilement changer le cours des événements lorsque le destin nous frappe injustement. Dieu ne nous conduit pas dans le désert. Il ne cherche pas à nous tenter pour nous faire mal. Dieu nous conduit à travers nos déserts. Il est à nos côtés dans cette traversée. Il nous accompagne sur le chemin de la vie. Il nous tient par la main, même si cette main divine est tellement humaine puisqu'elle appartient à celle ou celui qui s'est fait proche de moi. L'Esprit de Dieu se dévoile à nous dans l'intimité de l'amour et de l'amitié, dans l'intériorité nos vies là où vivent des forces qui sont bien plus grandes que ce que nous aurions pu imaginer. Puissions-nous alors en ce temps de Carême, oser quitter nos espérances d'un Dieu magicien pour retrouver le Dieu de Jésus-Christ qui nous accompagne sur la route de notre destinée même si nous n'en connaîtrons jamais tous les tenants et aboutissants. Qu'au plus intime de notre intime et qu'au plus intime de l'autre, là où la sève du c½ur prend sa source, nous trouvions les forces nécessaires pour rencontrer l'Esprit de Dieu qui traverse avec nous les épreuves de la vie.

Amen.

1er dimanche de l'Avent, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : A
Année: 2006-2007

Nous voici aujourd'hui sur la ligne de départ d'une nouvelle année liturgique : après S.Marc, c'est S.Luc qui va nous guider sur le chemin de l'Evangile. Et comme Luc est l'évangéliste de la prière, je vous propose de consacrer la 1ère période de cette année ( Avent, Noël, Epiphanie) à une méditation sur l'ART DE LA PRIERE.

UNE ACTIVITE TRES ARDUE

Art bien difficile ! Très difficile ! Lequel d'entre nous peut affirmer qu'il sait prier, qu'il prie très bien, qu'il prie assez ? En tout cas pas moi. Déjà il n'est pas toujours simple de parler à quelqu'un car nous avons des opinions différentes, nos mots n'ont pas toujours le même sens, nos passions nous entraînent. Mais du moins l'autre est là devant nous, nous le voyons, nous l'écoutons, nous remarquons ses réactions. Quant à parler à Dieu ? Nous ne le voyons pas, nous ne l'entendons pas, nous ne savons que lui dire, parfois même l'idée nous traverse qu'il n'existe peut-être pas, que nous parlons dans le vide Et puis d'ailleurs nous avons tellement de choses à faire : le travail, la cuisine, les courses, les nettoyages, la TV à regarder. Notre tête est pleine de préoccupations, notre c½ur déborde d'envies. Comment prendre du temps, parvenir à nous recueillir alors que notre esprit est assailli par un flux incessant de pensées, bombardé par les nouvelles du jour, noyé dans les images des télévisions ??

"Je n'arrive pas à me concentrer, à vaincre les distractions" dit-on. Là-dessus, je ne vous donnerai pas de conseils techniques ( Ni la Bible ni Jésus ne fournissent des méthodes de concentration). La prière est d'abord une question de conviction, de foi, de confiance.

LA PRIERE EST CONFIANCE EN UN AMOUR RECU

Je crois en un Dieu. --- Que me révèle-t-il sur ce qui est le plus important dans ma vie d'homme ? Le Seigneur nous a dit : " Le 1er commandement, c'est : Tu aimeras Dieu de tout ton c½ur, de toute ton âme, de toute ta force".

Donc la vie humaine n'est pas obéissance aveugle à des instincts ou à des sentiments mais elle est vocation, réponse à un appel. Notre vocation, c'est l'amour. L'amour n'est pas d'abord un sentiment, une passion, une chose : il est Quelqu'un. Dieu n'est pas un amour qui se substitue aux autres, qui se juxtapose aux autres mais l'Amour qui est la source des autres. Et c'est un amour auquel je peux faire une absolue confiance puisqu'il s'est manifesté, attesté dans l'histoire. "La preuve que Dieu nous aime, c'est qu'Il a donné son Fils qui est mort pour nous" écrit S.Paul. Jésus, son Evangile, sa Croix, sa Résurrection sont la preuve absolue, définitive que Dieu nous aime. Ainsi notre vocation, le sens de notre vie, c'est de recevoir cet amour, de l'accueillir, de nous ouvrir à lui au maximum, de nous laisser envahir par lui....et donc, en retour, de nous en émerveiller, de rendre grâce, de rendre amour pour amour...Et donc d'écouter Dieu et lui parler. Comment nous dire croyants, chrétiens, si nous ne parlons pas à Dieu, si nous ne lui donnons pas du temps, si nous recourons à lui uniquement lorsque nous avons des ennuis ? La conversion à la foi, si elle est authentique, devient conversation. Entre époux, entre amis, l'amour est échanges, rencontres, paroles, discussions. Il en va de même dans la foi. En effet la foi ne se réduit pas à la gentillesse, à l'honnêteté des m½urs, à la bienfaisance, à des cérémonies. Les athées sont très bienveillants, et ils ne croient pas. Les bouddhistes sont très bienveillants et ils ne croient pas en un Dieu : ils ne prient pas, ils méditent.

LA PRIERE DANS LE QUOTIDIEN

Donc un chrétien est quelqu'un qui prie chaque jour. C'est le premier enseignement que Joseph et Marie ont appris à leur enfant Jésus : au lever et au coucher, tu te tourneras vers Jérusalem et tu prieras YHWH ton Dieu. Et pendant la journée, quoi que tu fasses, où que tu sois, tu essaieras de penser à Dieu qui est ton Père des cieux : dans la joie, tu le remercieras, dans la peine, tu l'appelleras au secours, en tout tu le béniras. Au fond la prière est se mettre en état d'éveil- c'est bien ce que nous dit le premier évangile de l'année :

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : " Il y aura des signes dans le ciel...Sur terre, les nations seront affolées...Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs.. Alors on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête car votre libération approche. Tenez-vous sur vos gardes de crainte que votre c½ur ne s'alourdisse dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de la vie....et que ce Jour-là ne tombe sur vous à l'improviste. Comme un filet, il s'abattra sur tous ! Restez éveillés et priez en tout temps ainsi vous serez jugés dignes d'échapper à tout ce qui doit arriver et de paraître debout devant le Fils de l'Homme."

 

La fin d'année est un temps propice à la question capitale :Vers quoi allons-nous ? Vers un temps de jouissance, d'illuminations, de gaspillage, répond notre société qui a gommé le caractère religieux de Noël en substituant au bébé de la crèche un père Noël hilare et jouisseur, symbole d'un monde où certains peuvent tout s'offrir tandis que des millions croupissent dans la misère. L'Eglise, elle, nous met devant la vérité : oui il y aura des chamboulements, des peurs mais nous allons vers Celui qui vient vers nous, le Fils de l'homme, l'Homme qui nous a appris comment il fallait vivre dans son Royaume de pardon et de paix et qui jugera le monde en toute équité. Réjouissez-vous, dit Jésus à ses disciples : votre libération arrive. Mais pour échapper et subsister, un seul remède : RESTEZ EVEILLES...PRIEZ TOUJOURS.

Cela ne veut naturellement pas dire :marmonner des prières sans arrêt, vivre dans l'anxiété, trembler de peur. Au contraire ; priez et vous serez libérés de la crainte, priez et vous vivrez dans la joie, priez et vous serez éveillés. C'est-à-dire vous cesserez d'être des somnambules qui marchent au gré de besoins toujours inassouvis et de jalousies grinçantes. Vous serez éveillés : vous connaîtrez les vraies valeurs, vous saurez quel est l'enjeu de la vie, vous sentirez les décisions à prendre. Vous serez debout et non avachis, debout et non écrasés

1er dimanche de l'Avent, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Dans le livre « La spectaculaire histoire des rois des Belges » retraçant l'histoire romancée de nos souverains, l'auteur souligne à chaque présentation d'un nouveau monarque que 'le roi règne mais ne gouverne pas'. Ce dernier tire son autorité de la Constitution de notre pays après avoir prêté serment de lui être fidèle mais il laisse les tâches de gouvernement à d'autres qu'il appelle à gouverner. En cette fête du Christ-Roi, si vous me le permettez, ne pourrions-nous pas faire un certain parallélisme. Aujourd'hui, nous célébrons notre Dieu Roi, c'est-à-dire un Dieu qui règne sur son Royaume tel qu'il a été annoncé par son Fils. Il règne mais il ne le gouverne pas.

Qu'est-ce à dire ? En s'incarnant, en devant l'un d'entre nous, le Christ nous offre également une Constitution merveilleuse qui ferait la joie des juristes du monde entier car elle tient en une seule phrase : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout c½ur, de toute ton âme et ton prochain comme toi-même ». Pas un iota n'est ajouté. En quelques mots tout est dit. Nous sommes appelés à aimer Celui en qui nous croyons et tous ceux et celles de qui nous nous approchons, de qui nous nous faisons proche. Telle est la loi suprême du Royaume de Dieu. Par sa vie, par sa mort et sa résurrection, le Christ nous montre ô combien il a pu être fidèle à la loi constitutionnelle qu'il nous a donnée. Aujourd'hui encore, il règne mais il ne gouverne pas. En effet, par l'événement de la Pentecôte, lorsque ses disciples ont reçu l'Esprit Saint, ils sont devenus les gouvernants du Royaume non seulement promis mais offert à l'humanité entière. Nous aussi, par notre propre baptême, nous sommes remplis de cet Esprit Saint qui nous convie à participer pleinement au gouvernement du Royaume de Dieu. La gouvernance n'est pas l'apanage de quelques uns qui se seraient enfermés dans une tour d'ivoire. Non, la gouvernance est de la responsabilité de chaque baptisé. Notre foi au Dieu de Jésus Christ est une invitation constante à prendre une part active à la construction d'un monde meilleur, d'un monde plus juste. N'attendons pas que les autres le fassent pour nous. C'est plutôt à nous d'agir là où nous sommes, avec ce que nous sommes. Un peu comme si Dieu n'attendait pas de nous que nous fassions des miracles. Il semble préférer nous voir agir et conduire notre vie avec comme principe premier et unique, cette loi d'amour inscrite dans le c½ur de chaque être humain. C'est elle qui doit guider nos vies dans les actes que nous posons, les gestes de tendresse que nous offrons, les paroles de douceur que nous disons. Il en va ainsi du respect de tout être humain. Certains jours, il est vrai, cette tâche peut nous sembler bien difficile à réaliser tellement nous pouvons êtres fatigués par le stress de la vie, découragés face à l'ampleur de la tâche qui nous semble alors surhumaine. Nous risquons de tomber malgré nous dans une forme de désespérance. Chacune et chacun, de par nos histoires respectives, de par nos blessures intérieures, de par nos trébuchements, nous pouvons nous sentir aussi cloués sur le bois de nos croix, c'est-à-dire paralysés. Or Dieu attend de nous que nous soyons des hommes et des femmes debout, en marche sur la route de la Vie. Il ne nous laisse pas seuls et nous accompagne sur ce chemin par le biais de toutes les personnes avec qui nous entrons en relation. Ne sommes-nous pas nés d'une relation et n'avons-nous pas été tout au long de notre vie nourris par un ensemble d'entre elles. Pour nous croyants, toutes ces relations aux autres prennent source dans une relation au Tout-Autre. C'est en Dieu qu'elles trouvent leur origine. Puissions-nous alors nous inspirer de ce passage de l'évangile que nous venons d'entendre en revisitant la question de celui que la tradition a appelé le bon larron. Lui aussi est cloué sur le bois de sa croix. Et à cet instant précis, il se tourne vers le Christ et l'appelle « Jésus ». C'est la seule fois dans l'évangile de Luc où le Christ est simplement appelé « Jésus » sans aucune autre titre. Ce détail n'est pas anodin. Il dit quelque chose de l'intimité qui est née entre un homme et l'Homme-Dieu. Pour être de bons gouvernants dans ce règne inauguré par le Christ, nous avons nous aussi besoin de cette intimité avec Lui. Osons-nous tourner vers Lui tout en lui demandant dans l'intimité de la prière qu'il nous envoie son Esprit afin que nous gouvernions son royaume avec les armes de la douceur et de la tendresse. Ainsi un jour, il pourra nous dire : « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ».

Amen

20e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Après un long temps de mission à travers la Galilée et dans les villes du Lac, Jésus a décidé de monter à Jérusalem. Il sait que les autorités ne l'accepteront pas et qu'il faut craindre le pire.

De 9, 51 à 19, 45, au long de 10 chapitres, saint Luc raconte cette longue montée où Jésus entraîne ses disciples inconscients de l'issue et rêvant de triomphes terrestres. Mais lui, il assume son destin, conscient de la mission reçue de son Père et décidé à la réaliser.

La longue instruction qu'il a donnée à ses disciples et dont nous avons lu des extraits dimanche passé se termine aujourd'hui par une déclaration solennelle, trois phrases qui manifestent à nouveau la conscience que Jésus a de lui-même et l'importance universelle de ce qu'il va accomplir dans la capitale.

C'est le tournant de l'histoire du monde qui va se jouer.

1. METTRE LE FEU AU MONDE

Jésus disait à ses disciples : " Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé !".

Comme dans d'autres religions, l'Ancien Testament laissait prévoir que la colère de Dieu, à la fin des temps, s'abattrait, tel un feu, sur un monde infidèle. Jean-Baptiste lui-même faisait écho à cette prédiction en annonçant aux foules :

"Moi, je vous baptise d'eau : mais il vient, celui qui est plus fort que moi...Il vous baptisera dans l'Esprit-Saint et le feu. Il a sa pelle à vanner ...La bale, il la brûlera au feu qui ne s'éteint pas" (Luc 3, 16-18)

Jésus étant le Messie annoncé pour la fin des temps, Jean est donc persuadé qu' il va déchaîner le châtiment de Dieu sur les impies. Les deux frères Zébédée partageaient encore cette croyance lorsqu'ils voulaient faire descendre le feu du ciel sur un village qui refusait d'accueillir Jésus ( Luc 9, 54) : mais Jésus les avait vertement rabroués.

Il sait en effet qu'il ne vient pas détruire mais convertir.

Oui, il aspire de toute son âme à accomplir sa mission mais celle-ci consiste à transmettre le feu de l'Esprit-Saint dans les c½urs.

C'est le feu de l'amour de Dieu qui descendra sur les disciples assemblés au cénacle lors de la Pentecôte ; c'est cette passion brûlante qui les poussera à s'élancer vers toutes les nations afin d'y annoncer la Bonne Nouvelle du Pardon de Dieu.

Jésus aspire à ce moment où se réalisera cet incendie du monde : l'Amour de Dieu embrasant les c½urs d'hommes et de femmes du monde entier !

Quand ?...Que cela arrive vite ! Mais pour cela il faut arriver à Jérusalem .....et affronter la tragédie ! Il y fait allusion tout de suite.

Pourquoi donc des hommes d'Eglise ont-ils allumé des bûchers ? Pourquoi donc ont-ils organisé des croisades contre d'autres peuples ?........

Il y a pire que d'être un martyr : c'est d'être un bourreau .

2. LE BAPTEME DANS LA SOUFFRANCE

Je dois recevoir un baptême ......

et comme il m'en coûte d'attendre qu'il soit accompli !

Jésus a été baptisé par Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain. Mais il sait maintenant qu'il doit être "plongé" (c'est le sens du mot "baptême" en grec) non plus dans l'eau...mais dans le gouffre sans fond de la souffrance, dans l'abîme qui s'ouvrira à Gethsémani et au Golgotha !

Il faut ! Il faut ! Il ne suffit pas de tenir de beaux discours acclamés par les foules, de réaliser des guérisons spectaculaires, de faire des bonnes ½uvres ! L'amour ne pourra s'allumer dans les c½urs qu'en allant jusqu'au terme des exigences de l'amour : donner sa vie,... verser son sang pour ceux-là même qui vous détestent, ceux-là qui vous abandonnent, ceux-là qui vous trahissent !

Pendant ces semaines de montée vers Jérusalem, pas un instant où Jésus ne pense à l'issue. Il tremble devant l'horreur qui l'attend mais il ne retourne pas en arrière : il est impatient que son Père soit enfin manifesté, révélé aux hommes.

La croix sera le signal par lequel les hommes de toute la terre pourront enfin découvrir le vrai Dieu.

Apaisante est la cérémonie du baptême : qu'il est mignon ce petit aspergé d'eau de la grâce !!...Mais il faudra lui dire que ce baptême est en vue d'un autre, qu'il lui faudra affronter un jour : celui de l'amour jusqu'à la mort.

3. LA DIVISION DES FAMILLES

Pensez-vous que je suis venu mettre la paix dans le monde ?...

Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais 5 personnes de la même famille seront divisées : 3 contre 2 et 2 contre 3.

Ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père ; la mère contre la fille et la fille contre la mère ; la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère.

Les prophètes avaient prédit que la fin des temps serait marquée par des déchirures familiales, que des êtres qui s'aiment tout à coup se dresseraient les uns contre les autres. A cause de Dieu !

Jésus comprend qu'il va déclencher ces disputes. Le c½ur étreint de douleur, lui qui vient apporter la paix s'aperçoit que son message provoque les pires oppositions. Le vieillard Syméon avait prévenu sa mère à la Présentation au temple : " Cet enfant est là pour la chute et le relèvement de beaucoup, et pour être un signe contesté. Toi-même, un glaive te transpercera l'âme " ( Luc 2, 33)

Jésus n'a pas l'intention de provoquer des bagarres : il vient bien apporter la paix...mais celui qui recevra sa paix verra peut-être ses proches les plus aimés se dresser contre lui. L'Evangile allumera en même temps la paix dans le c½ur de l'un et le feu de la discorde et de la haine dans le c½ur des autres.

L'option pour Jésus n'est pas anodine, la conversion n'est pas un vague événement sans importance. Devenir disciple de Jésus est une décision qui remet en question la manière de vivre de ceux qui ne la partagent pas. Ils ne peuvent demeurer muets, moqueurs, sceptiques, amusés : au contraire c'est la rage qui les tord. Car le disciple, par son choix de vie, conteste les comportements des autres. D'où leur colère, leur hostilité, parfois leur haine. On a vu dans l'histoire se réaliser ce que Jésus avait prédit : des pères dénoncer leurs fils à la police.

Peut-on confesser vraiment sa foi et tenir à tout prix à l'entente avec l'entourage ? L'incompréhension, l'hostilité est le prix à payer de la fidélité.

Si nous ne gênons personne, sommes-nous croyants ?...

21e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Saint Luc nous rappelle encore que, depuis un temps, Jésus a décidé de quitter sa province de Galilée pour monter à la capitale. Dans cette longue marche, Jésus est sans illusions : ce qu'il dit exaspère les autorités religieuses qui chercheront à le supprimer.

Mais tout au long de la route, Jésus poursuit sa mission d'enseignant remarquez ce verbe important que Luc répète 12 fois dans son évangile.

Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant.

Telle est l'activité essentielle à laquelle Jésus s'est donné depuis le premier jour et qu'il poursuivra jusqu'à la fin. Il nous faut donc écouter, apprendre la Bonne Nouvelle, elle n'est pas innée. La foi n'est pas un vague sentiment religieux, un sens du sacré, le goût des belles cérémonies, l'attrait du mystère, l'honnêteté des m½urs.

Les compatriotes de Jésus, et plus encore les prêtres du temple de Jérusalem, s'estimaient très croyants, très pieux...et cependant il va y avoir un choc terrible. Tous connaissaient et vénéraient les mêmes Ecritures, tous disaient les mêmes formules de prière...néanmoins Jésus apportait une nouveauté qui allait paraître intolérable et même "blasphématoire".

Ne croyons donc pas trop vite que nous croyons : vérifions sans cesse nos croyances et pratiques avec l'Evangile qu'il ne faut jamais cesser de lire, relire et méditer. Car un chrétien est d'abord "un disciple", c'est-à-dire quelqu'un qui se met à l'école du Christ, qui écoute son enseignement, qui s'applique à comprendre son message et qui l'aime jusqu'à accepter de le suivre. Donc de vivre comme lui. En conséquence s'attendant à être contesté par "les croyants" !

Quelqu'un lui demanda :

" Seigneur, n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ?".

Question gravissime, qui nous tourmente encore peut-être. Epouvantés par le mal commis sur terre, des saint(e)s ont affirmé avoir eu des révélations : ils voyaient des multitudes innombrables d'âmes basculant irrémédiablement en enfer.

A l'inverse, un chanteur célèbre affirmait récemment que "nous irons tous au paradis" !?!?... Qui a raison ?

Jésus refuse de répondre et il renvoie le questionneur anonyme (et nous) à la seule chose qui importe :

"Toi, fais-tu ce que tu peux pour entrer dans le Royaume de Dieu ?"

Jésus leur dit :

" Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas.

Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte en disant : " Seigneur, ouvre-nous !", il vous répondra : " Je ne sais pas d'où vous êtes".

Alors vous vous mettrez à dire :" Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places !".

Il vous répondra : " Je ne sais pas d'où vous êtes. Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal".

Pendant quelques dizaines d'années, nous vivons tous ensemble sur la même planète mais, à un moment, il y a un passage. Extrêmement étroit. Et qui donne sur une "maison". Dont Jésus se dit le Maître.

Comment y pénétrer ? Au prix de très gros efforts (le verbe donnera le mot français "agonie"- ce qui veut tout dire). Pas de ticket automatique pour ceux qui ont bien connu Jésus, qui l'ont reçu chez eux, qui ont écouté ses prédications...mais qui ont continué à "faire le mal", donc qui n'ont pas vécu comme Jésus l'exigeait et comme il l'a sans arrêt enseigné.

Certes ils croyaient "connaître" Jésus mais d'une connaissance superficielle (des mots, des idées, des routines, un vernis de crédulité) : ils ne se sont pas convertis, ils n'ont pas voulu que l'enseignement de Jésus les change et les provoque à FAIRE LE BIEN, tel qu'il l'avait précisé de mille manières et tel qu'il reste écrit dans les évangiles.

Oui, le problème ne porte pas sur la quantité, petite ou grande, des "sauvés", mais sur l'interpellation vigoureuse de ce discours. Pendant qu'il en est temps, lisons l'évangile, écoutons le Seigneur, vivons comme il nous l'apprend, prenons conscience de la valeur du temps qui passe. Il n'est jamais trop tard.

Ne te décourage pas à cause de tes erreurs passées, de ton passé lourd de péchés...Il est toujours l'heure de te reprendre. Lorsque tu te trouveras devant la mystérieuse porte, on ne te demandera pas ce que tu as été, mais ce que tu es.

Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les Prophètes dans le Royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors !

Alors on viendra de l'orient et de l'occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le Royaume de Dieu...

Les théologiens juifs l'ont souvent répété : le danger d'une religion, c'est de donner des assurances illusoires. Parce qu'on est de la "race élue", de la descendance d'Abraham, on croit disposer d'un droit d'entrée près de Dieu. A la suite de tant de prophètes avant lui, Jésus torpille cette fausse sécurité et compare le Royaume à un immense festin où tout être humain est invité.

Peu importe le peuple auquel on appartient, la terre où l'on habite, l'hérédité dont on se vante. Le Royaume éternel accueille les multitudes innombrables, de toutes cultures, de toutes langues. Tous sont pécheurs, certes, car nul n'est impeccable. Mais aucun n'est justifié par ses ancêtres ou ses pratiques, aucun ne se détourne de tous les autres si différents soient-ils. Tous sont heureux de se retrouver, accueillis par grâce dans la Maison de Dieu.

"Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers ".

Hélas, dit Luc, le peuple d'Israël avait été le premier appelé : or en majorité, il refuse le Christ...et voilà que des Barbares, des Grecs, des Romains accueillent Jésus !

L'avertissement, on le comprend, s'adresse aussi à nous, "les bons chrétiens", qui avons entendu les paroles de Jésus, mangé avec lui (L'Eucharistie). Ne nous rassurons pas avec des pratiques pieuses superficielles. Nul sacrement ne donne de certitude.

Ne voit-on pas aujourd'hui des multitudes d'Européens se détourner de l'Evangile tandis que des Indous et des Chinois découvrent, émerveillés, un message qui les comble de bonheur et pour lequel ils sont prêts à donner leur vie ?

Comme à la naissance, étroit est le goulot qui permet la re-naissance ! Mais au-delà des douleurs de l'enfantement spirituel, il y aura la Joie immense de découvrir NOTRE PERE.

Regardons Jésus qui a pris ce chemin : il lui fallait aller au Golgotha. Car l'amour est la porte. Et l'amour, c'est de donner sa vie.