22e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Il suffit parfois d'un seul homme pour changer une tradition séculaire. Puis laissant le temps au temps, quelques siècles plus tard, presque plus personne ne connaît la raison de ce changement opéré auparavant. Telle est bien l'histoire d'Antonio Ghislieri. Combien d'entre nous savent encore qui il a été. Jusqu'à son accession au poste de pontife de l'Eglise catholique, tous les papes étaient habillés de la même couleur que les cardinaux, c'est-à-dire en rouge. Antonio Ghislieri décida de prendre le blanc pour l'habit de pape. Certains pourraient croire que, dans une vie antérieure, il avait été un couturier italien très connu et qu'il voulait montrer la différence avec ses pairs. D'autres encore peuvent s'imaginer que le blanc était un signe de pureté qui symboliserait mieux sa fonction. La raison est pourtant beaucoup plus simple : Antonio Ghislieri, mieux connu sous le nom de saint Pie V, était un religieux qui a voulu, alors qu'il accédait aux plus hautes fonctions de l'église, garder l'habit reçu au moment de son noviciat. Et l'habit de son Ordre était le blanc puisqu'il était un frère dominicain. Il voulait rester à sa place, un frère parmi ses frères. Son identité première de religieux devait primer sur le poste qui lui avait été demandé d'occuper. Décider de garder son habit était une certaine forme d'humilité. Voilà d'où je viens, voilà qui je suis et voici comment j'espère pouvoir vous servir en toute vérité, semblait-il vouloir dire à ses proches.

Il suffit parfois d'une couleur pour vivre l'humilité. Il suffit aussi parfois d'une petite lettre pour ne pas comprendre le sens de l'humilité telle que demandée dans l'évangile. Etre humble, c'est être capable de s'abaisser et non de se rabaisser. Un simple petit « r » fait toute la différence. En effet, contrairement à ce que d'aucun peut croire, l'humilité ne demande pas de se dénigrer, de s'écraser, de se diminuer, de se rabaisser. Bien au contraire, elle demande tout un chemin intérieur de prise de conscience de sa propre réalité. Etre humble, c'est être capable comme le souligne la racine latine de ce mot, de revenir à la terre, c'est-à-dire au lieu même de sa propre vérité. Nous sommes conviés à nous abaisser pour mieux appréhender notre être. Parfois nous rêvons d'être comme ceci ou cela, nous aurions aimé avoir tel don plutôt que tel autre. Hélas penser de la sorte, c'est vouloir être quelqu'un d'autre. Or, comme le souligne le récit de l'évangile de ce jour, chaque être humain a sa place ou mieux encore, il y a, pour chaque être humain, une place. Cette place ne nous est pas définie comme telle. A nous de la découvrir. Pour ce faire, nous sommes conviés à redonner le temps au temps de telle sorte que nous acceptions de nous abaisser sur la route de notre propre existence. Cet abaissement nous demande d'entrer sur un chemin d'acceptation de notre vérité intérieure là où se mêlent en nous les qualités merveilleuses que nous avons héritées ainsi que les vulnérabilités qui font la richesse de nos personnalités. L'humilité se vit donc d'abord par rapport à soi. Je suis humble vis-à-vis de moi-même, c'est-à-dire j'accepte de prendre cette place que j'ai choisie afin de réaliser ma propre destinée. Je prends conscience de mes zones d'ombres et de lumière. Mieux encore, je m'en réjouis car je sais à quel point cette acceptation participe à la richesse de ma singularité. Heureux de qui je suis devenu, je peux alors permettre à tout autre personne qui croise mon histoire à trouver sa propre place, celle qu'il lui revient dans la vie car elle est elle-même entrée dans une démarche de vérité profonde. En agissant de la sorte, en aucune manière, je me rabaisse, je me diminue ou je m'amoindris. Loin s'en faut. En effet, très souvent dans la vie, la société nous prescrit de rabaisser, voire parfois d'écraser l'autre, pour mieux exister soi-même. Cette fausse appréhension de l'existence est épuisante car elle demande constamment de rester sur un qui-vive sans fin. Je ne peux me reposer puisque je dois toujours rester attentif à écraser afin de ne pas l'être moi-même. Par contre, l'abaissement dans l'humilité est une philosophie de vie qui invite toujours l'autre à partir à la rencontre du meilleur de lui-même. Une telle attitude permet alors à tout être humain de s'abaisser soi-même pour découvrir son chemin intérieur de vérité même lorsque celui-ci passe par l'épreuve de la souffrance, de la maladie ou du deuil. Il n'y a pas de réponse toute faite. C'est à chacune et chacun d'entre nous de mettre des mots sur les pointillés entre les deux guillemets de notre vie.

D'après l'évangile, ce qui semble être sûr, c'est qu'il y a pour tout un chacun une place au Royaume de Dieu. Celle-ci se découvre tout simplement chaque fois que je donne plus de place à l'autre pour qu'il trouve en lui plus d'espace encore tellement notre propre regard lui aura permis de se recentrer sur la source de l'humilité qui est l'amour. S'il en est vraiment ainsi, puissions-nous ne jamais oublier que la mesure de l'amour se découvre dans sa démesure.

Amen.

23e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Au fur et à mesure que Jésus approche de Jérusalem, la rumeur enfle : voici un homme qui s'appelle IESHOUAH( "Dieu Sauveur"),il est descendant de la famille royale de David, il proclame que le Royaume de Dieu approche et en outre il réalise des guérisons spectaculaires !!! Evidemment l'effervescence monte : des foules de plus en plus nombreuses se mettent à le suivre, convaincues qu'il va déclencher l'insurrection dans la capitale.

" Allons z'enfants de la Patrie . Le jour de Gloire est arrivé ..." !!.....

Pourtant dès le point de départ, Jésus a été très clair : il n'est pas un révolutionnaire politique, il n'appelle pas aux armes, son dessein est tout autre qu'on ne le pense.

Un jour où la foule qui le suivait était particulièrement nombreuse, Jésus va à nouveau essayer de mettre les choses au point. Il va préciser les conditions de sa "suivance"

De grandes foules faisaient route avec Jésus.

il se retourna et leur dit : "Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et s½urs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple".

Il avait déjà prévenu qu'il venait apporter la division dans les familles. Le croyant doit s'attendre à ces déchirures douloureuses et réagir en conséquence car la décision pour Jésus ne supporte pas de compromission : il ne faudra pas céder aux pressions de ceux que l'on aime et dont on partage la vie. Non qu'il faille les quitter (on ne voit jamais Jésus briser les ménages) mais le croyant doit tenir ferme et garder ses convictions même s'il encourt reproches et critiques de la part de ses proches.

Et ce n'est pas seulement les heurts familiaux que le disciple va affronter mais il devra même "préférer Jésus à sa propre vie" !

La foi en Jésus n'est pas une croyance en des idées religieuses, une inscription anodine dans une organisation honorable, l'adhésion à un programme si héroïque soit-il.

La foi n'est pas une opinion privée, cachée dans le secret de la conscience : elle est VIE AVEC ET POUR JESUS.

La foi est DON A UNE PERSONNE, un AMOUR DU CHRIST, un engagement tel qu'il peut aller jusqu'à l'obligation de donner sa vie pour Jésus.

Le témoignage se rend au risque éventuel du martyre.

Jésus le précise de suite :

Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple.

Quelle annonce choc pour tous ces suiveurs qui rêvaient d'écraser les ennemis ! Annonce tellement dure, tellement inacceptable qu'elle est la phrase de Jésus la plus répétée dans les évangiles

Pourquoi les évangélistes insistent-ils à ce point sur cette formule ? A leur époque, les premières communautés chrétiennes sont sous haute surveillance des autorités, en butte à l'hostilité. Déjà des chrétiens ont été traduits devant les tribunaux, flagellés, jetés en prison ; certains ont été mis à mort. Il est donc nécessaire de rappeler à tous que cette haine n'est pas un hasard : elle avait été annoncée par Jésus et par ses apôtres qui en furent les premières victimes.

La foi peut être dangereuse !

L'expression, devenue classique, "porter sa croix" ne signifie donc pas d'abord accepter les coups du sort, les accidents, les revers de fortune. Elle ne nous appelle pas non plus à nous mépriser, à nous infliger des sévices, à nous faire souffrir "pour expier".

La croix est un châtiment, une condamnation portée par les puissants contre ceux dont les opinions et les comportements sont jugés inacceptables.

Porter sa croix est donc accepter de subir les conséquences d'une foi authentique, souffrir parce que l'on est chrétien : moqueries, sarcasmes, mais aussi carrière entravée...perte d'honorabilité, coups, prison...menaces contre la vie.

Jésus explique par deux petites paraboles :

Quel est celui d'entre vous qui veut bâtir une tour et qui ne commence par s'asseoir pour calculer la dépense et voir qu'il a de quoi aller jusqu'au bout ? Car, s'il pose des fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui : " Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peut pas achever !!".

Et quel est le roi qui part en guerre contre un roi et qui ne commence par s'asseoir pour voir s'il peut, avec 10.000 hommes, affronter l'autre qui vient l'attaquer avec 20.000 ?

S'il ne le peut pas, il envoie, pendant que l'autre est encore loin, une délégation pour demander la paix.

Jésus n'a qu'un projet qu'il est décidé à accomplir : inaugurer sur terre le Royaume de son Père, faire que Dieu règne à la place des idoles. Il s'agit donc bien de bâtir et de guerroyer :

Edifier la nouvelle humanité capable d'atteindre le ciel, de rejoindre Dieu : ...OUI MAIS... ce sera en grimpant sur la croix.

Vaincre les puissances ennemies : ...OUI MAIS ...ce sera en offrant sa vie.

Ces tâches sont immenses, bien au-dessus de nos possibilités.

Où acquérir tout ce qui serait nécessaire pour réussir ?

L'entreprise demande au disciple de bien réfléchir avant de s'engager. Il faut au préalable s'asseoir, c'est-à-dire s'arrêter, prendre le temps de la réflexion : suis-je capable d'aller jusqu'au bout ?...

Jésus répond par un paradoxe :

De même celui d'entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens,

ne peut pas être mon disciple.

On semblait nous demander de disposer de moyens énormes pour réaliser le projet de Dieu avec Jésus : et voilà que - retournement total - Jésus appelle le disciple à se dépouiller.

En effet l'homme qui demeure attaché aux biens de ce monde ne pourra jamais participer au combat spirituel. Il est vaincu d'avance.

Saint Paul, lui, comprendra ce renoncement obligatoire : rejeté par beaucoup, objet de vexations, condamné, jeté en prison, il s'exclamera :

"C'est dans la faiblesse que je suis fort !".

Notons que l'apôtre, pas plus que Jésus, n'a imposé aux chrétiens de quitter tout. Sauf les apôtres itinérants, les premiers chrétiens garderont leurs biens, seront tenus de gagner leur vie, d'élever leurs enfants. Mais ils veilleront à ne pas mettre leur c½ur dans leurs possessions, et à s'entraider les uns les autres en cas de nécessité.

La leçon de ce jour est dure, terrible même ! Nous tremblons face à de telles exigences. Mais si nous ne les pratiquons pas au plus vite, qu'avons-nous à dire à une société qui prêche tout le contraire ?

24e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Un jeune raconte : "Ce n'est pas que mon père était méchant mais, vous savez, quand on a 20 ans, être bombardé de bons conseils et de remontrances, on en a marre ! D'autant qu'il était catho, alors sa religion et son Eglise, j'en avais par-dessus la tête. La messe, il y a longtemps que je l'avais larguée : je n'y comprenais rien. Et puis rien que de voir la tête des pratiquants ???!... Bref, j'en ai eu ras-le-bol : j'ai dit à mon père que j'étais un adulte, que je voulais faire ma vie à ma guise. Curieusement, il n'a pas refusé ma demande : il m'a même donné une très jolie somme. Quelques jours après, j'ai acheté une bagnole de luxe et je me suis tiré. Sans remords. Sûr de ne plus jamais revenir dans cette caserne où j'étouffais.

Voyages, boîtes de nuit, drogues, ... : je pouvais enfin m'offrir tout ce luxe que les films m'avaient montré depuis mon enfance. Jouir de la vie, ne plus obéir à des ordres, être débarrassé de la vieille morale, ne plus avoir de comptes à rendre. Ni Dieu ni Maître ! Etre libre, quoi ! C'était la joie parfaite. Je m'éclatais avec les copains.

Et puis un jour la tuile ! Le fric vous file entre les doigts, on ne se rend pas compte, et un jour, la dèche ! Rien. Chercher un job ( je n'avais pas de métier) : dur, dur ! Enfin un gars me proposa de garder ses porcs. Puanteur ! Et il payait très mal. A peine de quoi vivre. Le pire, c'était l'isolement. Vous savez, quand on est fauché, plus de filles pour courir derrière vous, plus de copains ! C'était la m.... .. Je n'avais pas trouvé l'amour que je cherchais, j'étais exploité par un salaud de patron, je n'avais plus d'amis. Et je crevais de faim ! La débâcle totale.

C'est alors que le souvenir de la maison de mon enfance m'est revenu : je revoyais les ouvriers en train de casser la croûte gaiement. J'ai hésité longtemps et enfin je me suis décidé : je rentrerai chez mon père, je lui sortirai un petit boniment en lui demandant de me nourrir.

En chemin, mille fois, j'ai eu la tentation de rebrousser chemin. Rentrer, c'était avouer ma défaite, mon orgueil en prenait un coup. Mais quelle autre solution ? Et puis, mon père, comment allait-il me recevoir ? N'allait-il pas s'emporter, m'engueuler, me chasser ?

J'allais tête basse, ruminant mon humiliation. Quel air j'avais avec mes guenilles, ma crasse et cette odeur des cochons qui m'imprégnait !

Et alors, vous savez ce qui s'est passé ? Jamais je n'aurais cru ça possible. J'approche, je devine la vieille ferme là à l'horizon...Soudain, j'aperçois une silhouette s'élancer à ma rencontre : mon père ! Avec sa canne, il trottait comme il pouvait - à son âge ! Je veux fuir croyant qu'il va me rouer de coups. Eh bien non : il arrive, il me regarde - avec quelle tendresse ! -, il me serre dans ses bras en sanglotant. " Mon petit ! Mon petit !..." et il m'entraîne vers la maison en ne cessant de me regarder, de rire et de pleurer.

Gêné, je lui sors le boniment que j'avais préparé : " Père, j'ai péché contre toi, je ne mérite plus d'être appelé ton fils..". J'allais dire : " Et traite-moi comme un ouvrier". Là il me coupe et il lance aux domestiques qui, stupéfaits, contemplaient la scène : " Allons, vite ! Apportez le plus beau vêtement, mettez-lui une bague au doigt, des sandales neuves aux pieds...Tuez le veau gras : mangeons et festoyons car mon fils était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé" . C'est alors, voyez-vous, que j'ai enfin compris DIEU !. Jadis, je le voyais comme une Puissance qui m'accablait avec ses ordres, qui m'agaçait avec sa religion, qui me cassait les pieds avec sa morale...Ici à présent, je découvrais l'Amour en personne. Aucun reproche, aucune engueulade ! Rien que le bonheur que je sois là. Et l'envie folle de faire disparaître toutes les traces de mon passé : en quelques minutes, j'étais redevenu le fils de la maison.

Je découvrais, ébahi, qu'enfin je trouvais chez Lui tout ce que j'avais cherché ailleurs sans pouvoir le conserver et je comprenais ce qu'est la liberté. Pas comme je l'avais cru bêtement : suivre mes envies, assouvir mes passions. Mais être aimé et aimer.

Heureuse faute qui m'a permis de changer complètement, de découvrir mon père - Dieu - non comme un juge mais comme un ami, de comprendre enfin combien j'étais aimé. Il ne m'avait pas fait rechercher pour me ramener de force à la maison car il ne voulait pas d'un esclave. Il avait suffi seulement que j'ose faire quelques pas vers lui, que je murmure "J'ai péché", que je me reconnaisse coupable. Petit, j'expérimentais que toute faute était suivie d'une réprimande, d'un châtiment : maintenant je découvrais que l'aveu est la porte qui permet de découvrir l'immensité de l'amour. Qui est MISERICORDE.

Ah, je ne vous ai pas parlé de mon frangin : j'avais un grand frère qui était resté à la maison, travaillant de tout son c½ur, obéissant au père. On ne s'était jamais beaucoup aimé. Quand on lui a annoncé que j'étais revenu et que notre père avait organisé un banquet pour fêter mon retour, il a piqué une colère folle et a refusé d'entrer. Quand père est sorti pour le prier de se joindre à nous, il a craché : " Voilà tant d'années que je te sers ! je ne t'ai jamais désobéi et quand ce fou revient qui a dépensé tout le fric avec des p..., tu fais la fête en son honneur !! ???" Père a cherché à le calmer : "Mon petit, je t'aime tant ! mais ton frère est en vie, il faut fêter ça !". Il a hurlé : "JAMAIS !" et il est resté dehors. +++++++

Le grand poète Péguy qui avait abandonné l'Eglise puis un jour s'était converti, disait de cette parabole : " Et quand on l'entend pour la 100ème fois, c'est comme si c'était pour la première fois".

Etes-vous loin de Dieu ? Il vous attend. Avez-vous commis des bêtises, des crimes ? Dieu vous attend. Vous n'avez pas de regret ? Dieu vous attend. Non : LE PERE. Il suffit que vous ayez désir de VIVRE, que vous reveniez à la maison. Déjà la fête est prête. Vous allez enfin découvrir QUI EST DIEU, qui EST LE CHRIST qui vous offre le pardon, et ce qu'est l'Eglise. Vous y recevrez ce que vous cherchiez en vain ailleurs : la véritable liberté, les relations d'amour renouées.

Vous êtes un bon chrétien, pratiquant, honnête, pieux ? Très bien. Mais soyez attentif : vos frères et vos s½urs désirent revenir. Ils ne savent comment faire. Allez-vous les renvoyer comme des souillures...ou les accueillir ? Vous ne pouvez prétendre aimer Dieu si vous ne partagez pas sa joie de pardonner au frère. N'ayez aucun orgueil de vos pratiques et joignez-vous à la Joie folle de Dieu.

TOUS nous avons à convertir notre image de Dieu TOUS NOUS VIVONS DU PARDON. L'Eucharistie est la fête des pécheurs pardonnés. Quand vas-tu y revenir, frère perdu et tant attendu ?...

25e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Chaque jour la presse nous informe au sujet des méfaits commis dans les dernières heures. Comment n'être pas ébahis devant le récit des machinations invraisemblables inventées par les malfaiteurs ? Pour braquer un établissement bancaire, attaquer un transporteur de fonds, cambrioler une villa, faire franchir plusieurs frontières à des centaines de tonnes de drogues : que d'heures de réflexion, que de débats, que d'astuce, que d'audace afin d'échapper à la surveillance des polices et des douanes ! Et ces entourloupettes de personnalités au-dessus de tout soupçon, de célèbres vedettes accusées de corruption, de blanchiment d'argent, de délit d'initié, de fuite dans des paradis fiscaux ! Ces genres d'affaires ont bien entendu toujours existé et c'est peut-être un fait-divers de ce genre qui a inspiré Jésus pour sa parabole.

L'APOLOGIE DU CRIME ?...

Jésus racontait à ses disciples cette parabole : " Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé parce qu'il gaspillait ses biens. Il le convoqua :
-  Qu'est-ce que j'entends dire de toi ?...Rends-moi les comptes de ta gestion car désormais tu ne pourras plus gérer mes affaires.

Le bonhomme n'a rien à dire pour sa défense : le fait est avéré, la décision du maître est prise, il va être chassé.

Le gérant pensa : " Que vais-je faire ?...Travailler la terre ? Je n'ai pas la force...... Mendier ? J'aurais honte. Ah je sais ce que je vais faire pour qu'une fois renvoyé, je trouve des gens pour m'accueillir. Il fait venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demande au premier : " Combien dois-tu à mon maître ? -100 barils d'huile - Voici ton reçu : assieds-toi et écris 50 " Il demande à un autre : " Et toi, combien dois-tu ? - 100 sacs de blé - Voici ton reçu, écris 80".

Ainsi ce gredin profite de ses dernières heures pour commettre une ultime malhonnêteté et rouler son patron ! Ce dernier devrait déchaîner sa furie contre cet ignoble individu ! Eh bien non : Il ne peut s'empêcher d'admirer l'habileté de son employé. Sur le point de se trouver à la rue, celui-ci a trouvé le moyen de faire gagner beaucoup d'argent à certains...en escomptant bien que ceux-ci, dans les jours suivants, se devront de l'accueillir et de le sauver de sa détresse.

Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge : effectivement il s'était montré habile. Et Jésus conclut :

Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière.

Eh bien moi, je vous dis : faites-vous des amis avec l'Argent trompeur, afin que le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.

Les "fils de ce monde", c'est-à-dire les gens enfermés dans leurs intérêts immédiats, dans les seuls horizons de ce monde, font preuve de beaucoup d'habileté pour réussir leurs mauvais coups, trouver des alibis, obtenir des appuis en haut lieu et finalement se tirer d'affaire. Et trois fois hélas, constate Jésus, vous, mes disciples, qui êtes "dans la lumière" puisque je vous ai extraits des ténèbres du mal afin de vivre désormais dans le Royaume de mon Père, vous restez balourds, maladroits, inertes.

Vous oubliez que, tôt ou tard, vous aussi, vous allez perdre votre place ici sur la terre, vous serez obligés d'abandonner tout votre avoir, de laisser là tous vos biens. Car vous n'êtes propriétaires définitifs de rien, vous n'êtes que des "gérants" : la terre vous a été confiée en gestion, en administration. Où irez-vous ? Qui vous offrira une place pour continuer à vivre ? Uniquement ceux à qui vous aurez fait du bien maintenant.

Donc soyez logiques avec votre foi : faites du bien, rendez service, montrez-vous généreux, donnez, partagez pendant qu'il en est temps. Car devant Dieu, les possessions, si énormes soient-elles, ne sont rien : devant Lui seul demeure l'Amour que l'on a mis en pratique.

DISTINGUER GRANDES ET PETITES AFFAIRES

Et Jésus conclut :

Celui qui est digne de confiance dans une toute petite affaire est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est trompeur dans une petite affaire est trompeur aussi dans une grande. Si vous n'avez pas été dignes de confiance avec l'Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ?...Et si vous n'avez pas été dignes de confiance pour les biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ?

La gestion des biens a certes son importance sur terre : il faut gagner sa vie, faire vivre sa famille, rester prévoyants, assumer ses responsabilités. Mais les affaires de la terre restent, pour Jésus, "des petites affaires" à côté de "la grande affaire" qu'est notre salut éternel. Si nous nous prétendons croyants et que, en fait, nous restons fascinés par notre AVOIR, obnubilés par l'accroissement de nos biens, l'amélioration de notre niveau de vie et le désir d'épater les autres, alors Dieu ne peut se fier à nous "pour une grande affaire". Nous devenons incapables de recevoir "le bien véritable" qu'est la VRAIE VIE DIVINE.

NE SERVIR QUE DIEU

Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera le premier et aimera le second : ou bien il s'attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'Argent.

L'argent n'est pas diabolique en soi, il a même tellement d'importance pour mener une vie convenable sur cette terre qu'il faut le "gérer" avec prudence, ne pas le gaspiller. Mais justement nous n'en sommes que les "gestionnaires", les "gérants". Nous le savons bien : le danger qui nous guette est de le SERVIR au lieu de l'UTILISER. Le dieu de l'argent s'appelait MAMMON...un mot de la même racine que AMEN....qui signifie "se fier à ", "faire confiance, s'appuyer sur..." La foi ne peut s'appuyer que sur DIEU et elle se concrétise par des actes d'AMOUR donc de partage. Le disciple de Jésus ne peut prétendre servir son Seigneur Dieu que si l'argent n'est pas son seigneur.

Si, dans chaque paroisse, quelques chrétiens osaient "monter un coup" : se grouper, décider ensemble un projet ( "Renouveau de la communauté"), inventer des moyens d'action, faire preuve d'audace, de courage, de perspicacité, passer à l'action en dépit des risques. Avec la conscience d'être des "gérants" responsables de la bonne marche de l'Eglise. Décidés à mettre leurs qualités, leurs biens, leur créativité "au service" de la mission de l'Eglise... Quels changements se produiraient ! Quelle vitalité se manifesterait ! Combien de personnes, déçues par l'inertie de l'Institution, y reviendraient, entraînées par l'exemple de certains ! On cherche "des enfants de lumière" finauds

26e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Ils étaient tous les deux accoudés au comptoir du pub dominicain à Louvain-la-Neuve et ce soir-là, j'étais de service ce qui m'a permis d'entendre la conversation suivante. « Tu comprends, dis le premier, pour moi, il n'est plus question de croire en Dieu depuis la mort de ma petite fille dans mes bras, il y a un peu plus de seize ans. J'ai été baptisé, j'ai fait mon catéchisme, c'est vrai que je n'allais plus beaucoup à la messe mais je croyais en Dieu et il m'arrivait régulièrement à prier jusqu'au jour du drame. Tu te rends compte, elle avait à peine quelques semaines et Dieu me l'a reprise. Suite à cela, j'ai décidé que Dieu était mort et que je ne croirai plus jamais en lui. D'ailleurs n'essaye pas de me convaincre du contraire. Tu n'y arriveras pas, conclut-il ». Il y eut un silence entre ces deux personnes puis le second prit la parole. « Il est évident que je ne peux pas me mettre à ta place. Je n'ai jamais vécu l'expérience dramatique de la perte d'un enfant. Je n'ai aucun conseil à te donner. Toutefois, permets-moi de m'interroger quelque peu par rapport à ce que tu viens de dire surtout quand tu affirmes que depuis cet événement tragique, pour toi, Dieu est mort et tu ne croiras plus jamais en lui. Alors, voici ma question : quand tu croyais en Dieu, tout allait bien pour toi. Tu étais heureux dans ton couple, dans ta vie professionnelle ? ». Evidemment, répondit le premier. « Mais quand toi tu étais heureux, reprit le second, et que tu croyais en Dieu, ne voyais-tu pas qu'autour de toi d'autres pouvaient souffrir de la perte d'un être cher, vivaient l'expérience de la maladie incurable ? Je m'étonne toujours, conclut-il, que des gens puissent croire en Dieu quand tout va bien pour eux et qu'ils décident de s'en débarrasser dès qu'ils sont confrontés à la réalité de la souffrance. Etaient-ils à ce point aveuglés par rapport à la réalité de la vie ? ».

En méditant l'évangile de ce jour, je me suis rappelé ce débat de comptoir de pub car il ne me semble pas très différent de la réalité du riche de l'évangile vis-à-vis de Lazare. Cet homme n'était pas mauvais ; en tout cas, rien ne le dit. Il vivait sa vie. Il en profitait au maximum. On pourrait même affirmer que sa vie était comblée. Toutefois, tellement épris de sa propre plénitude, il était aveuglé. Il n'était plus capable de voir ce qui se vivait autour de lui. Le riche était un peu comme ce papa qui avait perdu son enfant. Quand tout allait bien pour lui, il pouvait croire en Dieu. Il ne se posait pas de question et ne voyait pas la réalité à laquelle d'autres pouvaient être confrontés au même moment. Par contre, à l'instant même où sa vie a basculé, l'idée de Dieu lui était devenue intolérable comme s'il avait fallu attendre que lui-même soit touché pour oser prendre conscience de la dureté de la vie. Toutes et tous, à un moment donné de notre histoire, nous sommes touchés par l'épreuve de la souffrance et ce, de quel type que ce soit. Elle fait partie de notre réalité humaine. Nous risquons de nous enfermer dans une spirale mortifère de « pourquoi moi ? qu'ai-je donc fait pour mériter cela ? ». A ces questions, nous n'aurons jamais de réponse certaine. Nous sommes face au mystère de la vie qui peut nous laisser en désarroi. Toutefois, en laissant le temps au temps, nous sommes conviés à quitter nos « pourquoi » en un mot pour passer petit à petit dans une nouvelle dynamique, celle du « pour quoi » en deux mots, c'est-à-dire « pour en faire quoi ? ». Il n'y a pas de but à toute forme de souffrance. Cette dernière, nous devons la combattre à tout prix tellement elle est injuste. L'épreuve peut nous sembler bien lourde à porter, surtout lorsque nous ne voyons pas la fin du tunnel. Et pourtant, l'Esprit de Dieu nous accompagne sur notre route intérieure pour nous aider à vivre ce passage du « pourquoi » en « pour quoi ». Cette étape prendra le temps qu'il faut et variera en fonction des situations et de nos personnalités mais quelle que soit l'issue, nous pouvons trouver en nous la réponse à cette question « pour en faire quoi ? ». Ce que le riche de l'évangile n'avait sans doute pas compris, c'est que ce chemin personnel ne peut pas se faire seul. Nous avons besoin de trouver autour de nous des personnes ayant les yeux ouverts sur les autres et étant désaveuglées d'elles-mêmes. C'est en effet par elles que Dieu s'adresse à nous. Valides ou moins valides, ouvrons à nouveau les yeux et partons à la rencontre de celles et ceux qui par un sourire, un geste de tendresse, une écoute bienveillante, une parole prudente nous aident non pas à comprendre ce qui nous arrive mais à trouver un sens qui dépasse notre entendement humain tout en nous conduisant vers la lumière divine. Dieu a besoin de nous pour nous soutenir l'un l'autre. Dieu passe par nous pour nous faire partager l'immensité de son amour. Dès lors, éveillons-nous les uns aux autres pour qu'il n'y ait plus jamais parmi nous un Lazare. Alors et alors seulement, le Ciel sera sur la Terre.

Amen.

26e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Nous ne serons pas surpris d'entendre encore aujourd'hui, de la part de saint Luc, un nouvel enseignement du Seigneur sur l'usage des richesses. Pour cet évangéliste, le rapport à l'argent est d'une haute importance spirituelle car il peut, ou non, conduire sur le chemin de l'amour ou de la perdition.

Jésus dit cette parabole : " Il y avait un homme riche qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des festins somptueux. Un pauvre, nommé Lazare, était couché devant le portail, couvert de plaies. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais c'était plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies....

Procédé pédagogique : la parabole force les traits et met en scène deux personnages extrêmes. D'un côté, un homme richissime, jouisseur, étalant son luxe sans vergogne, enfermé dans son moi sans faille ; de l'autre un misérable absolu, sans famille, sans ressources.

Le malheureux n'exige pas le partage des biens, l'expropriation des moyens de production, il ne rêve pas d'égalité et il ne maudit pas le riche : simplement il veut VIVRE, donc avoir de quoi manger un peu tous les jours. Les restes des banquets lui suffiraient...et on les lui refuse ! Or il se tient près du seuil de la maison, le riche ne peut pas ne pas le voir en sortant.

Or le pauvre mourut et les anges l'emportèrent auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi et on l'enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture : il leva les yeux et vit de loin Abraham avec Lazare tout près de lui.

Alors il cria :
-  Abraham mon père, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l'eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.
-  Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c'est ton tour de souffrir. De plus, un grand abîme a été mis entre vous et nous pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous.

Tant que nous vivons, nous décidons de notre conduite et nous pouvons toujours la faire basculer soit du côté du bien soit du côté du mal. Mais la mort fixe les situations pour l'éternité. Dieu est juste : il se doit de combler celui qui a souffert en gardant la foi et il l' accueille dans le Royaume des croyants (avec le père Abraham, modèle de l'homme humble qui se remet à Dieu) tandis que le mauvais qui s'est blindé dans sa forteresse se retrouve enfermé dans sa passion inutile.

Ce n'est donc pas Dieu qui distribue les places : l'homme fait lui-même son destin éternel. Puisque l'égoïste n'a pas voulu, sur la terre, exercer la miséricorde envers son prochain, il s'est rendu incapable de recevoir, dans l'autre monde, la miséricorde pour lui-même.

Le mur qu'il a dressé pour se protéger des misérables l'enferme, l'empêche de bondir dans le monde de Dieu. Les situations sont irrémédiables. Il n'y a plus de temps, plus de place pour le repentir.

-   Eh bien, père Abraham, je te prie d'envoyer Lazare dans la maison de mon père. J'ai cinq frères : qu'il les avertisse pour qu'ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de torture.
-  Ils ont Moïse et les Prophètes, dit Abraham, qu'ils les écoutent !

Jésus n'innove pas : depuis toujours les Ecritures juives - Moïse et les Prophètes - enseignaient très clairement le devoir impératif de l'entraide. Exemples parmi d'autres :

" Il n'y aura pas de pauvre chez toi tellement le Seigneur t'aura comblé de bénédiction ...S'il y a chez toi un pauvre, l'un de tes frères...tu n'endurciras pas ton c½ur et tu ne fermeras pas ta main à ton frère pauvre, mais tu lui ouvriras ta main toute grande" ( Deutéronome chapitre 15)

"Je déteste vos pèlerinages, dit Dieu, éloigne de moi le brouhaha de tes cantiques...Mais que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable" (Le prophète AMOS chapitre 5)

"Dieu dit : Vous avez beau multiplier les prières, je n'écoute pas ! Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l'exacteur, faites droit à l'orphelin..." ( Le prophète ISAÏE chap. 1)

Il faudrait donc lire et pratiquer les Ecritures ? Le riche sait bien que c'est le cadet des soucis de ses frères. Ils lui ressemblent : de toutes façons ils refuseront de les appliquer. Mais est-ce qu'un grand miracle ne pourrait avoir de l'effet sur eux ? L'homme insiste :

-  Non, père Abraham, mais si quelqu'un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront !
-  Non, répond Abraham, s'ils n'écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts, ils ne seront pas convaincus !"

Terrible constat de la dureté du c½ur humain : un grand miracle, même la rencontre d'un ressuscité, ne parviendrait pas à les faire changer ! On a rarement à ce point stigmatisé l'état d'esclavage où la cupidité peut réduire un être humain !

Et on présume que saint Luc, par là, tient à alerter les chrétiens : si nous croyons que Jésus est ressuscité, tirons-en rapidement les conséquences. Convertissons-nous, brisons nos carapaces, piétinons notre égoïsme, décentrons-nous, osons voir le prochain affamé, prêtons l'oreille aux cris des malheureux ! Pendant qu'il en est temps !

" Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré "

Père Joseph Wresinski , fondateur d'atd Quart Monde Texte gravé sur une dalle au palais de Chaillot Paris

Concile Vatican II : " Dieu a destiné la terre à l'usage de tous les hommes en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous...C'est pourquoi l'homme ne doit jamais tenir les choses qu'il possède légitimement comme n'appartenant qu'à lui, mais les regarder aussi comme communes, en ce sens qu'elles puissent profiter non seulement à lui mais aussi aux autres...Tous les hommes ont le droit d'avoir une part suffisante de biens...Les Pères enseignaient que l'on est tenu d'aider les pauvres, et pas seulement au moyen de son superflu !!! "

27e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

A peine entré dans l'Ordre, un frère âgé, un peu le sage de la communauté de l'époque me dit ces mots qui me marquèrent pour toujours : « Philippe, si tu veux être heureux dans ta vie dominicaine, n'oublie jamais le principe suivant 'tu récolteras au maximum dix pour cent de ce que tu as semé tout en sachant que nonante pour cent de ce que récolteras auront été semés par d'autres que toi'. D'après lui donc, je ne récolterai jamais plus de dix pour cent que j'ai semé. Cela nous demande une sacrée dose d'humilité. D'ailleurs, je ne pense pas qu'une telle théorie puisse plaire aux agriculteurs. Mais voilà, il n'en va pas des êtres humains comme il en va de la terre. Et après un peu plus de vingt années passées dans l'Ordre, je dois bien reconnaître que ce vieux sage avait raison. Les années de la vie lui avaient enseigné une telle sagesse et je le remercie encore aujourd'hui de me l'avoir partagée à l'époque.

Dix pour cent, quand on y pense, ce n'est quand même pas grand-chose. Et pourtant, il semble que cela soit préférable ainsi. D'après les évangiles, toutes et tous, dans la foi au Dieu de Jésus-Christ, nous sommes appelés à devenir des semeurs, c'est-à-dire à passer notre vie à semer à chaque instant, dans toute situation et ce, que je sois malade ou en bonne santé. Semer, semer mais sans jamais regarder en arrière parce que ce qui a été semé, ne nous appartient plus. Cela n'est plus de notre ressort. Nous sommes d'abord et avant tout des semeurs, des serviteurs quelconques. Telle est notre tâche fondamentale. Nous semons d'ailleurs de manière quelque peu étonnante. En effet, nos semailles se trouvent dans le regard que nous posons, dans la main que nous prenons, dans les mots que nous susurrons, dans le silence de notre écoute. Il existe tant et tant de semailles qui viennent au jour chaque fois que nous mettons de l'humanité dans ce que nous faisons. Cette humanité éclaire alors celles et ceux qui la reçoivent d'une lumière toute spéciale puisque cette dernière prend sa source en la part divine qui inhabite en chacune et chacun de nous. Voilà notre destinée. Nous sommes invités à devenir des semeurs, des serviteurs quelconques qui ne méritent rien du simple fait qu'ils ont accompli ce qui était attendu d'eux. Ils ne méritent rien car le mérite ne se recherche pas, voire le mérite ne se mérite pas. Et ceci peut nous sembler bien paradoxal. En effet, tout être humain a besoin d'être reconnu. Une simple reconnaissance nous donne l'impression d'exister, d'avoir de l'importance aux yeux de quelqu'un d'autre. Il n'y a rien de pire comme expérience que celle de l'indifférence. Toutefois, semble dire le Christ, la reconnaissance ne peut pas être une fin en soi mais plutôt une conséquence des actes que nous posons. Si la finalité de mes actions est la reconnaissance, je me trompe de cible car je ne rencontre par l'autre en son altérité, en sa différence, en sa situation de souffrance lorsque celle-ci traverse l'être qui croise ma route. Non dans la dynamique de la reconnaissance pour la reconnaissance, mon objectif est d'abord la recherche de mon bonheur personnel et l'autre n'est que l'instrument qui va me permettre une satisfaction future. Or il n'y a rien de pire que d'instrumentaliser un être humain à ses propres fins. En agissant de la sorte, j'entre dans une dynamique perverse où j'utilise quelqu'un pour arriver à un état de satisfaction personnelle que j'aurai moi-même décidé : je désire mériter une reconnaissance pour tout le bien que j'ai fait autour de moi. La quête incessante du mérite de la reconnaissance va à l'encontre même de la tâche de tout serviteur, de tout semeur. Nous avons à semer, à ne jamais nous arrêter de semer. Telle est notre vocation. Le reste appartient tout simplement à l'Esprit Saint. Il poursuit ce que nous avons commencé. Il accompagne cette terre humaine ensemencée pour la faire grandir en toute liberté. Tout cela est sans doute vrai mais la reconnaissance est également nécessaire à notre épanouissement. Que faire alors ? Ne recherchons pas la reconnaissance pour elle-même, elle ne viendra pas car celles et ceux qui marchent avec nous sur la route sentiront que la finalité de nos actions est d'abord pour nous-mêmes. Nous ne sommes pas en vérité. Non, devenons plutôt de véritables semeurs de Dieu, des serviteurs quelconques qui font juste ce qu'ils ont à faire car ils sont heureux de le faire. Des semeurs et serviteurs qui ont découvert que toute personne rencontrée en vérité les faisait grandir. Des semeurs et des serviteurs qui ont tellement plus reçu qu'ils n'ont été eux-mêmes capables de donner. Des semeurs et des serviteurs qui sont libres d'eux-mêmes et c'est grâce à cette liberté intérieure qu'ils seront reconnus aux yeux des autres. Oui, devenons ces serviteurs quelconques qui, parce qu'ils sont quelconques, sont tellement grands aux yeux de Dieu.

Amen

27e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

L'évangile de ce dimanche commence de façon abrupte : pourquoi donc les apôtres demandent-ils tout à coup à Jésus d'"augmenter leur foi" ? Pour comprendre la raison de cette question, il faut revenir en arrière et voir ce que sont ces apôtres et ce que sont leurs fonctions.

1) Parmi la foule de gens et de disciples qui, emballés par ses enseignements et ses guérisons, mettaient leurs pas dans ses pas, Jésus, après une nuit de prière, a décidé d'en choisir 12 auxquels il donna le nom d"Apôtres" - mot qui signifie "envoyés"(Luc 6, 12). Leur nombre fait évidemment référence aux douze tribus : Jésus refonde le véritable peuple de Dieu. Donc les Apôtres doivent circuler, veiller à l'unité pour qu'il n'y ait qu'une UNIQUE EGLISE UNIVERSELLE.

2) Quelque temps plus tard, Jésus envoya ces 12 en mission : pour proclamer le règne de Dieu et faire des guérisons...sans rien emporter, dans la pauvreté totale...en espérant être accueillis par certains...et prêts à essuyer les rebuffades des autres ( 9, 1-6). L'entreprise n° 1 de l'histoire est à réaliser dans le dépouillement total : quel courage il faut !

3) Dans une parabole, Jésus précisa leur fonction de dirigeants de communautés : ils doivent être des intendants fidèles, avisés, établis par le Maître pour distribuer à tous, en temps voulu, les rations de blé. Heureux seront-ils s'ils persévèrent dans ce travail lorsque le Maître reviendra ( 12, 41-44).Ils ont donc à nourrir régulièrement les fidèles par l'Evangile et le Pain de Vie, sans fléchir.

4) Juste avant notre texte du jour, Jésus a donné deux enseignements brefs mais très exigeants à tous les disciples - ce qui souligne l'engagement des apôtres responsables de leur observance. D'abord, dit-il, il y aura, hélas, des "scandales" dans le groupe, c'est-à-dire que certains (par leurs paroles ou leurs comportements) feront perdre la foi à d'autres. Faute tellement grave qu'il vaudrait mieux qu'on attache une meule au cou de leurs auteurs et qu'on les jette à la mer ! Donc vous, les apôtres, veillez à vos paroles et à vos attitudes ! La foi est fragile : gare à celui qui la fait perdre à un autre !

5) Ensuite Jésus a ordonné à tout disciple, blessé par un autre, de lui pardonner...même 7 fois par jour ( 17, 1-4). Les apôtres devront lutter pour que la miséricorde soit pratiquée et que l'effort incessant de réconciliation préserve l'unité du groupe

On voit qu'être APOTRE du Christ, accomplir la mission et gérer les communautés, n'est vraiment pas une sinécure. Il s'agit même d'une tâche extrêmement lourde. Il y va du salut des hommes !

Et voilà pourquoi surgit leur question :

Les Apôtres dirent au Seigneur : " Augmente en nous la foi !"

Remarquons d'abord l' emploi de SEIGNEUR, titre de Jésus ressuscité en gloire : signe que la question n'est pas seulement celle des 12 premiers apôtres mais également celle de tous ceux-là qui ensuite seront leurs successeurs pour exercer cette fonction capitale.

Soulignons que ces hommes ne demandent pas des méthodes psychologiques, des "trucs" pour réaliser leurs tâches : ils prient le Seigneur de leur donner plus de FOI. C'est bien là qu'est le fondement du travail apostolique, la source indispensable pour accomplir cette oeuvre qui est au-dessus de toute force humaine. L'Apôtre doit CROIRE de tout son être c'est-à-dire avoir une confiance absolue en son Seigneur, l'aimer, s'en remettre à lui, être sûr de lui.

Et Jésus, en langage imagé, leur montre ce qui leur serait possible s'ils avaient un peu de foi.

Le Seigneur répondit : " La foi, si vous en aviez gros comme un grain de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : 'Déracine-toi et va te planter dans la mer', il vous obéirait".

Les charges que je vous ai confiées ( partir vers l'inconnu dans le dépouillement, proclamer l'Evangile devant des auditoires parfois indifférents sinon hostiles, gérer les communautés en veillant sur la foi de chacun, en pratiquant la miséricorde, en incitant au pardon perpétuel...), tout cela dépasse les possibilités humaines.

Mais avec UN PEU DE FOI, grâce à la FOI, vous parviendrez à les exercer. N'essayez pas d'éliminer par vous-mêmes ces amas de difficultés, ne réduisez pas l'Eglise à une administration où l'on gère les conflits à la manière humaine. La MISSION, l'évangélisation du monde, est une ½uvre divine. Seul le Souffle de l'Esprit écartera les monceaux d'obstacles qui se dressent sur votre route ; mais il ne soufflera que si vous CROYEZ EN JESUS SEIGNEUR.

HONNEUR DES SERVITEURS "INUTILES"

Considérable est donc le titre d'APOTRE DE JESUS ! Mais attention à l'orgueil : aussi Jésus poursuit-il par une mise en garde.

Lequel d'entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : "Viens vite à table" ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : " Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour". Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d'avoir exécuté ses ordres ? ...De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : " Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir".

Si l'Apôtre a un peu de foi, il est débarrassé de toute vanité, il n'a plus aucune envie de s'attribuer des mérites, il sait que ce qu'il a fait dépasse ses possibilités, que son ½uvre certes est utile, nécessaire même, mais qu'elle lui est "donnée".

Il met sa joie non dans ses talents, ses vertus, ses réussites mais dans le fait de SERVIR JESUS SEIGNEUR : il reste toujours prêt à se donner éperdument à cette tâche, quitte à en mourir, persuadé qu'il n'est pas indispensable. Sa grandeur, son honneur, son allégresse est d'être SERVITEUR DU CHRIST. Chaque fois que l'on félicitait mère Térésa pour ses réalisations, elle répondait : " Ce n'est pas mon oeuvre, c'est celle du Seigneur ! "

-  Donc prions beaucoup pour avoir des apôtres, des évangélisateurs.

-  Et puisque chacun de nous a une vocation, une charge dans l'Eglise, reprenons la prière des 12 : "SEIGNEUR AUGMENTE EN NOUS LA FOI", pour vivre dans la confiance, sans jamais nous laisser décourager par la somme des difficultés, et dans la joie de servir le meilleur des Maîtres

28e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

On ne lit pas un évangile comme un article de journal (pour être au courant), comme un roman (pour se distraire), comme un livre de cours (pour apprendre une matière). On le lit, on le relit sans arrêt pour connaître Jésus le Christ, le Seigneur, pour l'écouter, lui obéir, et se convertir. Voyons par exemple trois lectures successives du bref évangile de ce dimanche :

Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, 10 lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance et lui crièrent : " Jésus, maître, prends pitié de nous !... ". En les voyant, Jésus leur dit : " Allez vous montrer aux prêtres". L'un d'eux, voyant qu'il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or c'était un Samaritain ! Alors Jésus demanda : " Est-ce que tous les 10 n'ont pas été purifiés ?......Et les 9 autres, où sont-ils ? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu. Il n'y a que cet étranger !".... Jésus lui dit : " Relève-toi et va : ta foi t'a sauvé".

1ère LECTURE : LA RECONNAISSANCE.

Après des années de torture, ce pauvre homme est guéri : Jésus lui a rendu la santé. Lui qui était rejeté, exclu, au ban de la société, il va pouvoir retrouver les siens, reprendre une vie normale. Transporté par une joie folle qui le fait crier sur la route, il revient dare-dare et se prosternant à terre devant Jésus, il tente dans les rires et les larmes de lui exprimer toute sa reconnaissance.

Dire MERCI, exprimer sa gratitude, se retourner vers quelqu'un qui vient de vous faire du bien : ce n'est plus toujours évident dans notre société implacable où tout se vend et s'achète, où il faut aller vite, où l'obsession des objets fait oublier le souci des personnes. Ah ! cette ignominie de devoir payer son enfant pour qu'il consente à laver la voiture de papa !

L'Eglise doit être une communauté de la gratuité, où les biens et les services s'échangent et où la bienveillance éveille simplement ce petit mot MERCI. Savons-nous vivre des échanges gracieux dans lesquels chacun aide l'autre à vivre sans rien exiger en récompense ? Savons-nous nous dégager de la nécessité de "payer" pour exprimer avec un sourire notre simple MERCI ?...

2ème LECTURE : L'ETRANGER

On sait que le pays d'Israël n'a été un royaume uni que de façon très éphémère. Très vite, la Samarie du nord s'est détachée de la Judée du sud avec Jérusalem. A la suite des guerres, des colons étrangers s'y sont installés, apportant le culte d'autres dieux. On alla même jusqu'à construire sur le mont Garizim un temple concurrent de celui de la Ville sainte. D'où l'hostilité farouche entre les deux régions ! Or dans le groupe des lépreux guéris, c'est le Samaritain, seul, qui revient vers Jésus, lui, l'hérétique !! " Il n'y a que cet étranger ?" s'étonne douloureusement Jésus. Il en alla de même dans la 1ère église : si la communauté chrétienne dut subir beaucoup d'hostilité à Jérusalem, des missionnaires s'en allèrent en Samarie et ils y accomplirent beaucoup de conversions ! (Actes , chap. 8)

N'en va-t-il pas encore de même aujourd'hui ? Les Européens semblent las de la foi chrétienne et nient leurs racines. Abandonnant leurs vieilles églises (combien sont promises à la démolition ?), ils se tournent vers des spiritualités exotiques et même des sectes dangereuses. Or au même moment, les jeunes Africains, dans des pays ravagés par la famine et la guerre, chantent joyeusement les liturgies chrétiennes ; les jeunes Russes, étouffés par 70 ans de matérialisme, construisent et remplissent des monastères où s'élèvent à nouveau les voix profondes de l'orthodoxie. Couvents et séminaires marchent très bien partout ...sauf dans nos pays occidentaux repus et égoïstes. L'"étranger" comprendrait-il plus vite que le chrétien habitué ?...

3ème LECTURE : SANTÉ ET SALUT

Lorsque les 10 hommes ont aperçu Jésus, ils l'ont traité de "maître" le suppliant afin d'être guéris de la lèpre. Quant au 10ème, le samaritain, constatant que son corps était "guéri", il s'est mis à chanter à tue-tête la Gloire de Dieu, il s'est jeté face à terre devant Jésus ( attitude d'adoration qui ne revient qu'à Dieu !) en "rendant grâce", dit saint Luc qui emploie le mot "eucharistie".

-  Ainsi donc l'homme ne s'est pas rendu au temple devant un prêtre mais il a adoré Jésus - comme si Jésus était pour lui le vrai prêtre, l'homme qui le met en contact avec la divinité.
-  Il n'a pas offert un sacrifice d'animal comme la Loi le prescrivait mais il a chanté la Gloire de Dieu en rendant grâce à Jésus.

C'est pourquoi après avoir guéri son corps, Jésus le déclare SAUVÉ. Car la véritable guérison de l'être humain est de reconnaître en Jésus (qui offre sa vie sur la croix) celui-là qui peut libérer l'homme du péché et l'accomplir en plénitude. La phrase de Jésus est essentielle :

-  RELEVE TOI : c'est le verbe qui sera utilisé à la résurrection.

-  VA EN ROUTE : c'est ce que fait Jésus depuis qu'il s'est décidé à aller vers Jérusalem...pour y être élevé vers son Père...mais grâce à l'élévation sur la croix ! Jésus semble suggérer à l'homme de le suivre sur le même chemin.

-  TA FOI T' A SAUVE : l'homme n'est plus seulement "guéri" en son corps : il est SAUVE. Il entre dans le Royaume de Dieu, recevant le pardon de ses péchés ( lèpre plus terrible que l'autre !) et la communion dans la Vie divine.

Aujourd'hui encore, la majorité des gens (9 sur 10, comme dans le texte) demandent à l'Eglise des bienfaits matériels : distributions de vivres, écoles performantes, hôpitaux compétents, soins de santé, maisons de repos confortables...Or l'Eglise n'est pas là (sauf urgence grave, comme dans le tiers-monde) pour pailler les insuffisances de la société, pour être un CPAS, un centre social, une société parallèle. En tout cas, ce n'est pas cela que le Christ veut. D'ailleurs s'il n'avait fait que des actes de bienfaisance, on ne l'aurait pas tué ! On le voit à suffisance dans l'Evangile, et notamment dans la scène de ce jour .

Voici donc le contenu de notre méditation cette semaine :
-  Savoir exprimer sa reconnaissance, son merci, sa louange.
-  dans une Eglise qui accueille les étrangers plus rapides à croire
-  glorifier Jésus Sauveur dans l'Eucharistie - action de grâce. .
-  Apprendre à relire, relire l'évangile !!!

29e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

D'après une étude des plus sérieuses, il semble que la téléphonie puisse avoir une certaine incidence sur nos comportements. Prenons l'exemple suivant : si nous téléphonons à un téléphone fixe et que personne ne répond, nous laissons un message sur le répondeur quand il y en a un ou nous réessayerons plus tard dans la journée. Il nous paraît normal que les gens que nous appelons ne passent par leur vie à côté de leur téléphone et puissent avoir décidé de quitter leur maison pour vaquer à d'autres occupations. Par contre, toujours selon cette étude, lorsque nous appelons un GSM, nous devenons beaucoup plus impatients comme s'il était normal que la personne de l'autre côté réponde tout de suite puisqu'elle est censée avoir son téléphone mobile sur elle. Nous pourrons évidemment laisser un message mais cela peut nous énerver tellement nous nous attendions à ce qu'elle nous réponde sur le champ. Qu'il soit fixe ou mobile, il paraît que, pour beaucoup d'entre nous, nous développons des attitudes différentes : de la compréhension avec un fixe, un peu d'énervement avec le mobile.

Et s'il en était de même avec Dieu. En effet, en fonction des circonstances de la vie, nous l'appelons et nous pouvons parfois être pris d'un sentiment, non pas qu'il soit aux abonnés absents mais qu'il ne réponde pas directement alors qu'il pourrait le faire selon nous. Contre toute attente, il laisse un répondeur sur lequel nous pouvons laisser nos prières de demandes alors que nous attendons de lui qu'il agisse à l'instant même. Un peu comme si nous avions affaire à un Dieu GSM. G pour Grandeur, S pour Suprématie et M pour Majesté. Grandeur, Suprématie et Majesté sont des attributs de Dieu qui peuvent nous conduire à nous faire une fausse idée de Lui. Un peu comme si, en d'autres termes, nous pourrions utiliser GSM pour Grand Superbe Magicien. Parfois, nous aimerions qu'il en soit ainsi. Qu'il intervienne directement dans le cours des événements de nos vies pour le transformer radicalement et puis qu'il se retire tout aussi vite pour que nous puissions reprendre l'exercice de notre liberté. Je crois cependant qu'il n'est pas possible de tout avoir en même temps. Sa grandeur, sa suprématie et sa majesté se déclinent dans la manière dont nous-mêmes vivons notre vie sur cette terre qui nous a été confiée. Toutefois, nous ne sommes pas seuls, désemparés dans cette aventure. Deux attitudes s'offrent à nous : celle du juge inique ou celle de la veuve. Le professeur Lichtert, qui récemment encore a donné une brillante conférence, souligne la différence entre ces deux personnes. Selon lui, le juge n'a pas d'interlocuteur, il se parle à lui-même. Le monologue semble être son seul moyen de communication. L'autre n'a pas de place. Il occupe tout l'espace d'une rencontre possible. Ses propos sont comme une lamentation, une complainte qui le conduit à rester tourné sur lui. Or la dynamique de la lamentation est mortifère. En effet, aucun être humain ne peut s'enfermer en lui-même au risque de couler au plus profond d'une mer enténébrée par l'absence de respirations. Il en va tout autrement de la veuve. Cette dernière ne se lamente pas. Elle se plaint, c'est-à-dire qu'elle s'adresse à quelqu'un. Elle se met face un interlocuteur, ce fameux juge. De cette manière, elle se quitte pour entrer en dialogue avec l'autre. Elle s'élance dans la rencontre, dans la relation. La plainte est donc essentielle puisqu'elle nous permet de passer du monologue au dialogue. Et il en semble en aller de même pour Dieu. Par cet exemple, le Fils Jésus nous invite à entrer dans une dynamique de dialogue où nous pouvons nous tourner vers le Père et déposer en Lui tout ce qui nous encombre, nous oppresse. Dieu ne craint pas nos plaintes. Non seulement, il les entend mais il souhaite nous faire justice alors même que la situation peut parfois nous paraître pénible, voire sans issue. Toutefois, nous devons accepter que la justice de Dieu n'est pas de l'ordre de notre monde. Il ne s'agit pas de résoudre de manière immédiate tous nos soucis, toutes les épreuves que nous traversons alors qu'elles sont toute empreinte de maladie ou de deuil. Non, la justice divine est de nous ouvrir le chemin de la Vie en partant à la rencontre du Fils de Dieu qui nous le montre. N'a-t-il pas dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » ? Nous sommes invités à retrouver en nous cette part divine pour nous tourner vers l'avenir qu'il soit ici ou dans un ailleurs. Ouvrir le chemin de la Vie, c'est accepter que cette dernière se vit non pas au passé composé mais au futur présent. Que l'Esprit de Dieu nous éclaire et nous illumine pour que nous devenions, les uns pour les autres, source de la présence divine car c'est par nous que sa Grandeur, sa Suprématie et sa Majesté peuvent continuer de s'exercer en notre monde.

Amen.

29e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Chaque évangéliste a souligné les points qui lui paraissaient les plus importants dans l'enseignement du Christ. Ainsi S. Luc, nous l'avons vu, nous a alertés, à plusieurs reprises, sur le danger de la cupidité et de l'attachement à l'argent. Il est en outre celui qui a le mieux mis en évidence la valeur capitale de la PRIERE.

D'abord, tout au long de son récit, il a noté que Jésus, surtout aux moments des grandes décisions, priait beaucoup avec insistance ; ensuite il a transmis à ses disciples la plus magnifique des prières : le NOTRE PERE ; puis il leur a promis que leurs demandes seraient exaucées ( A celui qui frappe on ouvrira ; qui cherche trouve...") ; enfin il les a exhortés à prolonger leurs appels, à insister, à ne pas s'arrêter trop vite ( parabole des trois amis : Luc 11).

Ce dernier enseignement revient aujourd'hui dans une autre parabole (les trois ennemis) dont saint Luc a noté d'emblée l'intention :

Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu'il faut toujours prier sans se décourager.

En effet, juste avant, Jésus leur a parlé de sa venue en tant que "Fils de l'Homme" qui reviendra un jour dans la gloire, de façon tout à fait soudaine, pour juger l'humanité. Or tout au long de cette attente interminable, les disciples, en butte aux incompréhensions, aux critiques et aux violences, seront tentés de baisser les bras, de ne plus prier, de ne plus croire à l'efficacité de leurs demandes. La parabole veut les guérir de cette tentation :

Il y avait dans la ville un juge qui ne respectait pas Dieu et qui se moquait des hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : " Rends-moi justice contre mon adversaire".

Les situations sont bien tranchées : un homme qui détient la puissance et une femme, une pauvre, sans famille, sans relations, sans pouvoir. Celle-ci, démunie de tout, a un litige grave avec un "adversaire" non nommé. Son affaire est bloquée, son dossier traîne au greffe du tribunal, tout en-dessous de la pile des dossiers "en attente" comme il en va souvent dans les affaires des pauvres. Que faire ? Le juge n'a pas la foi et n'a cure de la détresse de cette petite vieille ; celle-ci n'est pas une dame distinguée, elle ne peut offrir des pots-de-vin, elle ne connaît personne qui pourrait la "pistonner".

Elle n'a qu'une arme : SA PERSEVERANCE ... SA TENACITE ...SON OBSTINATION. Mais ça suffit : elle va gagner !

Longtemps il refusa ; puis il se dit : " Je ne respecte pas Dieu, je me moque des hommes, mais cette femme commence à m'ennuyer !! ... Je vais lui rendre justice pour qu'elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête".

Rien, semble-t-il, ne pouvait ébranler le juge...sauf une vieille enquiquineuse ! Du fond de son dénuement, elle a eu recours à sa seule puissance : LA FORCE DE LA PRIERE TENACE !

Et Jésus a l'audace de comparer cette situation à celle de ses disciples.

Le Seigneur ajouta : Ecoutez bien ce que dit ce juge sans justice. Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu'il les fait attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice...

L'Eglise de Jésus est souvent dans la situation de cette malheureuse : attaquée par ses ennemis, traquée par des systèmes qui veulent sa disparition, elle subit bien des épreuves. Du fond de sa détresse, impuissante, sans moyens de défense, elle crie vers son Dieu, elle appelle au secours....et souvent rien ne se passe ! Elle a l'impression que son Dieu l'abandonne à son sort, qu'il n'a pas le pouvoir de la sauver ! Serait-il impuissant ? Ou - pire - injuste, sourd ?...

Absolument pas, assure Jésus, et il donne à ses disciples l'exemple de cette veuve. Voyez comment une pauvre sans ressources est capable de réaliser l'impossible : faire changer un c½ur sans pitié. A fortiori, soyez absolument sûrs que Dieu vous écoute...puisqu'il est bon. Même si apparemment rien ne change dans l'immédiat.

Quelque temps plus tard, arrivé à Jérusalem, Jésus, le pauvre, le juste, va se trouver, comme la veuve, devant des juges puissants, impitoyables, refusant de l'écouter. Alors devant le piège qui se referme sur lui, devant l'inéluctable, la torture et la mort affreuse sur le gibet, il va prier, crier , hurler, pleurer.. Au jardin des Oliviers : " Père, que cette coupe s'éloigne loin de moi..." ; au calvaire : " Mon Dieu mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?...". Mais, il en était certain, son Père ne l'avait pas abandonné : après l'épreuve terrible, il l'a exaucé, il l'a sauvé. Non en lui épargnant la souffrance et la mort, mais en le conduisant, par-delà, dans une Gloire indicible, un bonheur inexprimable, la paix de la Résurrection. Ainsi donc le Christ nous enseigne à tenir bon, à ne pas nous laisser décourager, à ne pas douter de Dieu, à ne compter que sur notre PRIERE OBSTINEE pour obtenir l'inespéré : le changement des c½urs injustes, le triomphe de la justice, la victoire de la VIE.

* * *

Mais cette recommandation se clôt sur une des phrases les plus énigmatiques et les plus tragiques de l'Evangile :

Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ?....

Jésus le sait : les siècles vont passer, les ennemis de l'Eglise ne désarmeront jamais, les attaques deviendront de plus en plus virulentes. Des chrétiens vont devoir endurer des choses horribles. A bout de force, certains en viendront à se demander : " Est-ce que ça vaut la peine ? Est-ce que Dieu nous écoute ? Pourquoi n'intervient-il pas plus vite ?...". Et, lassés d'attendre, beaucoup abandonneront leur espérance, se rangeront dans la masse. Le mal injuste est et restera toujours le scandale n° 1, c'est-à-dire l'objection majeure, ce qui fait perdre la foi à des multitudes.

Dans la prière, ce ne sont pas "les distractions" qui sont à craindre mais notre découragement, nos arrêts. Nous croyons avoir prié après avoir chuchoté une petite formule (" Ô Seigneur, écoute et prends pitié") et nous retournons bien vite à nos occupations. Il nous faut apprendre à tenir, des heures, des années, à hurler, à exiger justice, à crier sans nous lasser. Evaluez donc la puissance d'appel des "intentions de prière" à la messe du dimanche ! Nous ne crions pas comme il faudrait. Restons sûrs que même s'il nous faut souffrir et mourir, Dieu nous entend, il nous fait justice, il nous conduit par des chemins dangereux...mais la confiance nous conduit à lui.

2e dimanche de Carême, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

On connaît les critiques sans cesse ressassées contre l'Eglise : le procès Galilée, les débauches des Borgia, les crimes de l'Inquisition, les richesses du Vatican, etc., etc. Mais il y a un péché bien plus grave car il a été enseigné par les papes, les évêques, les prêtres pendant des siècles : "Le début de la messe est facultatif" !!!??? Incroyable ! Il a fallu attendre la fin du XXème siècle, avec le concile Vatican II (1963), pour que, enfin, l'Eglise revienne à la vérité primitive :

" Dans la célébration de la liturgie, la sainte Ecriture a une importance extrême. Aussi faut-il promouvoir le goût savoureux et vivant de l'Ecriture( §24)... " Le rituel de la messe sera révisé de telle sorte que se manifeste plus clairement le rôle propre ainsi que la connexion mutuelle de chacune des parties " (§ 50)... " Les deux parties - càd. la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique- sont si étroitement unies entre elles qu'elles constituent un seul acte de culte. Aussi le Concile exhorte vivement les prêtres à enseigner activement aux fidèles qu'il faut participer à la messe entière, surtout le dimanche (§ 56).

Sans doute sommes-nous encore nombreux à nous rappeler comment, gamins, entrant en catimini dans le fond de l'église, nous regardions pour voir si, sur l'autel, le voile était encore déposé sur le calice. S'il l'était, ouf !, "nous étions en règle" car on nous apprenait au catéchisme que nous n'avions raté que "l'avant-messe" facultative !

Lorsque vous vous rendez à un repas d'amis ou à une réception officielle, considérez-vous que le début - les salutations, les échanges, les conversations - sont un "hors d'½uvre" facultatif ? Quand le pape, Mr Bush, Mr Chirac, notre roi offrent une réception, croyez-vous qu'un seul invité se permette d'arriver en retard et dédaigne les discours d'ouverture ? Or à la messe, c'est DIEU LUI MEME QUI INVITE.

Car la messe suit un déroulement semblable à celui des réceptions : d'abord conversation et puis repas.

1. CONVERSATION : LA LITURGIE DE LA PAROLE

La rencontre commence d'abord par un temps d' échanges. A travers une suite de lectures tirées du Livre des Ecritures saintes, Dieu s'adresse à son peuple : il lui redit son amour, lui rappelle ses promesses et son histoire, l'encourage dans ses épreuves, lui apprend à vivre selon ses volontés, lui offre des modèles (Jérémie, Paul...) L'homélie qui termine cette partie a pour but d'expliquer cet enseignement de Dieu et de l'actualiser dans la vie quotidienne. De leur côté, les fidèles écoutent avec attention ces instructions, ils tâchent d'en pénétrer le sens afin de mieux comprendre le dessein de Dieu sur eux. En échange, ils s'adressent à leur Seigneur en unissant leurs c½urs aux prières que le prêtre dit en leur nom ; ils répondent aux invitations que celui-ci leur adresse et qui ont pour but de souder l'assemblée dans la même intention. En chantant des cantiques, en lançant de vibrants AMEN, l'assemblée confesse sa foi, affirme sa joie d'être là dans la Maison de son Dieu, elle exprime sa confiance : "Nous croyons en Toi, nous sommes sûrs de ton amour". Cette liturgie est donc bien un échange, un dialogue entre le peuple et son Seigneur.

2. REPAS : LA LITURGIE DU PAIN

Ensuite, éclairés par l'enseignement du Seigneur, sûrs de son pardon mais aussi conscients de notre faiblesse, nous entrons dans la seconde partie de la célébration. Au nom de tous, on apporte à l'autel ce que le Christ a demandé : un peu de pain et de vin. Tous, nous élevons notre c½ur, nous le tournons vers le Seigneur...Nous nous joignons au prêtre dans la Grande Action de Grâce ( sens du mot Eucharistie) qui fait mémoire de la Dernière Cène de Jésus avec les siens : "La nuit où il fut livré, Jésus prit le pain..."

Il ne s'agit pas d'une évocation d'un passé révolu (comme on observerait une minute de silence en mémoire des morts) : par la force de l'Esprit, le don du Corps et du Sang du Christ s'effectue AUJOURD'HUI POUR NOUS. Car le Seigneur est Vivant, Il est présent, il vient au c½ur de notre vie actuelle. Autour de cette mémoire, nous évoquons l'histoire des hommes, l'Eglise du ciel et celle de la terre, nos proches, nos défunts, le monde entier avec ses grandeurs et ses misères. Car la Croix est l'axe du monde . " Par Lui, avec Lui,..." : En Eglise, nous offrons le Christ glorieux qui, par son don total sur la croix, fait miséricorde au monde, le restitue dans l'unité de l'amour et nous entraîne vers le Père. Heureux de partager la même foi, refusant tout racisme, toute jalousie, toute rancune, main dans la main, manifestant notre unité, nous chantons la magnifique PRIERE DU SEIGNEUR( Le Notre Père). Et nous nous avançons afin de recevoir avec piété et reconnaissance, en toute humilité, le Corps du Christ. La musique nous soutient dans un long moment d'adoration et de gratitude.

Voyez-vous l'importance de bien écouter la Parole de Dieu et de saisir l'union intime des deux parties de la messe ? Loin d'être une "avant-messe" facultative que l'on subit avec ennui, tout le début nous fait entendre la Parole de Dieu. Nous l'écoutons avec nos oreilles, nous disons notre accord...mais saurons-nous mettre toutes ses exigences en pratique ? Non. Avouant notre faiblesse, nous venons manger cette même Parole qui est devenue Pain consacré et que nous pouvons assimiler, faire nôtre. Car chaque dimanche, l'hostie que nous mangeons semble identique mais chacune est différente car elle est devenue la Parole à "dévorer". Lecture écoutée et Hostie consommée portent ensemble la Lumière de Vérité et la Force de la Vie. Et si, en présentant l'Hostie, le prêtre dit à chacun : "LE CORPS DU CHRIST" ( auquel il répond AMEN), il faudrait peut-être qu'à la fin de la distribution, le prêtre lance sur l'assemblée : " MAINTENANT NOUS SOMMES LE CORPS DU CHRIST".

Sur la montagne de la Transfiguration (évangile de ce 2ème dimanche), alors qu'il s'est mis en route vers Jérusalem où, il le sait, on va le tuer, Jésus vit un moment extraordinaire de prière. Moïse et Elie, les deux géants de l'histoire de son peuple, l'entourent pour l'encourager et l'assurer qu'il est dans la vérité tandis que la voix du Père retentit : " CELUI-CI EST MON FILS BIEN-AIME : ECOUTEZ-LE ".

Ainsi, chaque dimanche, nous nous retrouvons dans une église pour un rendez-vous avec Jésus. Le Père nous presse d' écouter son Fils, d' accueillir ses paroles afin de le suivre sur le chemin de l'amour qui accepte la croix. Chemin ardu et qui nous fait peur. Mais le Fils se donne à manger pour nous combler de sa Présence réelle. Nous pouvons sortir et rejoindre notre milieu de vie. Quelque part dans le monde, s'est réalisé ce pour quoi Jésus est allé sur la croix : réunir dans son amour les hommes et les femmes pour les faire UN.