3ème dimanche du temps ordinaire

Auteur: Dominique Collin
Date de rédaction: 23/01/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016


2ème dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 16/01/16
Année: 2015-2016

Cela fait déjà plusieurs semaines qu’il était absolument insupportable. C’était la crise d’adolescence, paraît-il. Sa maman n’en pouvait plus. Un soir, exaspérée par l’attitude de son fils, elle lui fit savoir que dorénavant, elle ne lui adresserait plus la parole si ce n’est, en bonne chrétienne, par des citations bibliques. Le lendemain matin, comme à son habitude, le fils n’était toujours pas levé et risquait une fois encore d’arriver en retard à l ’école. Elle cria plusieurs fois son prénom de la cage d’escalier mais rien n’y fit. Il n’y avait aucun signe de vie dans la chambre du fils. Enervée, la mère monta, ouvrit la porte de la chambre et voyant son fils encore couché lui dit : « Luc 8, 54 : ‘Lève-toi et marche’ ». L’enfant la regarda médusé, laissa retomber sa tête sur l’oreiller puis, tout en remontant la couette, dit à sa mère : « Jean 2, 4 : ‘Femme, que me veux-tu ? mon heure n’est pas encore venue’ ». Mon heure n’était pas encore venue, dit Jésus dans l’évangile que nous venons d’entendre et pourtant elle venait de sonner à l’instant puisqu’aussitôt il se mit au travail. Il manifesta de la sorte sa gloire et ses disciples crurent en lui. Nous avons chacun notre heure. Et elle a sans doute déjà sonné pour la majorité d’entre nous ce soir. Comment le savoir ? Peut-être en acceptant tout simplement que Dieu continue de se manifester à nous pour que nous croyons en lui. Lorsque nous vivons de telles manifestations, nous pouvons être habités par au moins deux attitudes. La première est de l’ordre de la quête de la compréhension, la seconde est de l’ordre de l’émerveillement de l’instant présent. Avec la première attitude, nous sommes éblouis par ce qui se passe devant nos yeux et nous ne comprenons pas. Frustrés de ne pas comprendre ce qui nous arrive, nous nous mettons à chercher, à vouloir briser le mystère, à expliquer ce qui nous semble inexplicable. Toutefois, dans la vie, il y a parfois des manifestations qui ne s’expliquent pas, qui ne se comprennent pas. Elles sont tout bonnement enveloppées d’un mystère. Tel fut le cas à Cana. Et il en va ainsi de toutes nos relations d’amour et d’amitié. Elles sont chacune teintées d’un mystère. L’amour et l’amitié ne sont pas des équations mathématiques que nous pouvons résoudre. Nous ne pouvons entrer dans un tel mystère qu’en nous laissant vivre au son de cette tendresse offerte. Et heureux, sommes-nous car il en va de même avec la foi. Un jour nous avons été touché, voire ébloui, par quelque chose de plus grand que nous. Nous avons reconnu Dieu qui se manifestait à nous par le biais de nos contemporains. Depuis ce jour, Il ne nous lâche pas et nous attend toujours lorsque nous empruntons des routes escarpées. La foi ne s’explique pas. Elle se vit ou mieux encore, elle nous émerveille et nous fait entrer dans le merveilleux don de l’abondance divine. Telle est la deuxième attitude possible face au mystère. A Cana, nous n’avons pas à chercher à comprendre la transformation de l’eau en vin. Non, nous sommes plutôt invités à nous émerveiller d’un tel don, à nous réjouir de cette manifestation divine d’abondance et d’en faire une véritable fête de la rencontre. Vivons pleinement cet instant présent. Lors des fêtes de l’Epiphanie, du Baptême de Jésus ou encore des noces de Cana, nous célébrons quelques manifestations du Père révélé par le Fils dans l’Esprit. Et ce qui est merveilleux dans l’expérience d’une foi vivante, c’est d’être encore capables deux mille ans plus tard de nous réjouir de toutes les manières dont notre Dieu continue de se manifester à nous. En effet, souligne le prophète Isaïe : « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu ». C’est donc par notre joie que Dieu se manifeste aujourd’hui encore. Ne craignons pas de nous enivrer de la foi divine. Dans l’abondance du don de Cana, le Fils vient souligner l’abondance du don divin. Vivons l’instant présent de cette ivresse divine. Par notre joie, nous sommes devenus les dons de l’Esprit de Dieu au cœur de notre humanité. Mais avons-nous vraiment des airs joyeux de sauvés ? Regardons-nous dans un miroir. Il y va de notre responsabilité. Notre heure est venue. Amen

Epiphanie

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 3/01/16
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

Le récit des mages n'a plus de secret pour personne. Au début de l'ère chrétienne, ils étaient douze, puis peu à peu ils sont devenus trois puisqu'ils n'y avaient que trois présents. Ils ont été rois puis savants. L'un était vieux, l'autre d'âge moyen et le troisième plus jeune, pour nous rappeler que toutes les générations sont présentes à la crèche. Ils sont venus d'Afrique, d'Orient et d'Occident pour souligner que le monde entier est invité à suivre l'Enfant-Dieu. Enfin, l'or, la myrrhe et l'encens. L'or pour la royauté du Christ, l'encens pour le sacerdoce et la myrrhe comme signe précurseur de sa mort.  Tout a donc été dit.  Et aujourd'hui encore et toujours, ils font le bonheur des petits et grands lors du partage de la galette des rois. La boucle est ainsi bouclée.  Mais connaissez-vous la légende des mages liégeois?  Permettez-moi de vous la raconter. 

Or voici que des mages venus de la Principauté de Liège arrivèrent à Jérusalem.  « Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue  les précédait jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit, où se trouvait l’enfant.  Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie » et dirent : « oufti, c’est bien ici que nous devons aller ».  Ils ouvrirent leurs coffrets remplis de produits de leur terroir et offrirent à l’enfant leurs présents : du véritable sirop de Liège, du fromage de Herve et du Peket.  Ayant vus l’étonnement dans les yeux des parents de l’enfant, ils expliquèrent leur choix.  Nous avons apporté du sirop de Liège car nous avons la conviction que votre enfant apportera au monde un message de douceur.  Une douceur divine qui inscrira tous ses actes et ses paroles dans l’amour divin qu’il est venu nous révéler.  Plus que jamais notre monde a besoin de douceur.  Et c’est justement en lui que nous pouvons trouver celle qui aura un goût d’éternité.  Nous avons également amené du fromage de Herve.  Il est vrai que ce fromage a un goût quelque peu tranché.  Tout comme il en sera avec le message de votre enfant.  Il ne laissera personne indifférent.  Il éloignera certaines personnes qui ne se sentiront peut-être pas à même de pouvoir mettre leurs pieds dans les traces qu’il laissera à l’occasion de son passage terrestre.  D’autres en percevront sa force.  Et enfin, nous vous offrons du Peket car cette boisson désinhibe celui qui en boit.  Elle apporte de la joie.  En fait, elle transforme le cœur de l’être humain.  Et il en sera de même avec les paroles de l’enfant-Dieu.  Son évangile ne se lira pas comme un simple roman, une belle histoire.  Il aura pour fonction de transformer en profondeur l’être humain qui accepte de se laisser toucher par lui.  L’évangile sera une invitation constante à nous dépasser, voire à nous déplacer au cœur de notre propre humanité.  Et le plus étonnant, conclurent les mages liégeois, c’est que lorsque vous goûter les trois produits de notre terroir en même temps, vous découvrirez en bouche un goût harmonieux.  N’est-ce pas ce que votre fils est venu nous offrir en devenant l’un des nôtres : l’harmonie au cœur de nos vies ?  De toutes les philosophies et religions, le Fils de Dieu est venu nous apporter la clé d’une harmonie toute intérieure appelée à rayonner auprès de celles et ceux dont nous devenons à notre tour la bonne étoile.  Egalement avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, les mages liégeois regagnèrent la Principauté de Liège par un autre chemin.  Et depuis ce jour, conclut la légende, chaque liégeois, chaque liégeoise part à la conquête de sa propre étoile.  En effet, aujourd’hui encore, il y a suffisamment d'étoiles dans le ciel pour que chacun puisse s'en approprier une et la suivre pour partir à la rencontre du Fils de Dieu. En ce jour, Il se manifeste à nous. Mais le prenons-nous véritablement au sérieux ou bien est-ce une belle histoire parmi d'autres ? Est-il véritablement l'essentiel de nos existences ? Guide-t-il nos conduites et nos choix de vie ? Quelques questions en cette fête de l'Epiphanie. A chacune et chacun d'y répondre mais pour ce faire, nous devons nous mettre et nous remettre en route pour redécouvrir en nous l'Enfant Dieu qui sommeille. Il est mystère et nous remet face à notre propre mystère. L'Enfant Dieu manifesté se donne à nous et nous convie à le rencontrer. Sa parole est douce, tranchante, transformante et elle nous ouvre le chemin de l’harmonie.  S’il en est vraiment ainsi, alors il est plus que temps de nous remettre à suivre cette étoile. Notre vie en sera merveilleusement bouleversée.

Amen.

 

 

 

Sainte Famille

Auteur: Didier Croonenberghs
Date de rédaction: 27/12/15
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

Lors des retraites pour fiancés que les dominicains proposent à l’abbaye de Brialmont, l’animateur présente toujours aux couples différentes thématiques et invite ceux-ci à répondre à une série de questions. Durant ces sessions, la première journée se termine toujours par une même question auquel chaque fiancé est invité à donner sa propre réponse. Je ne vous cache pas que cette question amène souvent quelques turbulences dans la conversation ! Je vous la livre : « Ai-je envie de reproduire l’éducation que j’ai reçue? Comment est-ce que je vis la tienne? ».

Comparer les cultures familiales et l’éducation que nous avons reçue est toujours une approche délicate, voire dans certains cas déplacée. Ne comparons pas ce qui est par essence,  incomparable ! Quant il s’agit de parler de l’éducation, il faut bien accepter qu’il n’y a pas réellement de modèle et de définition.
La famille —dans tout ce qu'elle a de complexe— est un lieu de joie comme de souffrances et de déchirement. Et la famille que nous célébrons aujourd'hui n'est certainement pas un modèle, dont l'exemple serait à suivre. Comme si le « modèle d’une famille chrétienne » n’existait pas ! En effet, avouez qu'il faut une bonne dose d'humour pour fêter la « sainte famille » en nous présentant un ado qui fugue et fausse compagnie à ses parents sans prévenir en leur rappelant qu'il doit être aux affaires de « son Père ».

C'est pour cela que —qui que nous soyons— nous pouvons nous réjouir de cette fête, quelles que soient nos familles, composées, décomposées ou recomposées.

Finalement, l'enfant de Bethléem, Jésus au milieu des docteurs de la loi dans le Temple nous rappelle une chose essentielle, sur nous-mêmes et sur Dieu. L'humanité de notre Dieu est bien un chemin de croissance. Naître, c'est grandir et Dieu a voulu également grandir. « Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes » nous dit Saint Luc. Grandir exige dès lors une qualité si difficile à cultiver : un regard de patience. La patience est cette faculté de donner du temps au temps. D'ailleurs, dans l'évangile, immédiatement après avoir dit que la vraie famille de Jésus est formée de celui ou celle qui fait la volonté de Dieu, l'évangéliste poursuit par les paraboles qui décrivent l'action lente et patiente de la parole de Dieu. Faire la volonté de Dieu, c'est essentiellement la laisser croître dans nos vies, patiemment.

Etre humain, c'est donc grandir ou mieux encore se laisser grandir patiemment. Voilà ce que nos lieux de vie, nos familles, quelles que soient leurs configurations, ont à apporter. Grandir, c'est prendre le pari que tout ne se passe pas comme je le veux ; c'est accepter que les autres sont autres précisément parce qu'ils grandissent tous à leur rythme. Grandir dans la patience, c'est aussi affronter le risque des croissances difficiles, des moments de crise, voire d'échec. Grandir, c'est aussi pouvoir vivre les saisons d'hiver, la solitude de la graine qui à certains moments, doit croître seule. Mais c'est surtout reconnaître qu'on ne grandit vraiment que par la présence secrète et mystérieuse de proches qui nous font le don de leur patience. Offrir sa patience à l'autre, c'est donc le respecter avec délicatesse et douceur. C’est l’accompagner sans juger. Offrir sa patience à l'autre, un conjoint, un parent, un frère, une sœur, un ami, c'est le laisser grandir en lui offrant le temps de sa germination. A force de vouloir un rendement humain immédiat, combien d’entre nous ne savent plus offrir le temps et la patience aux autres, même à ceux qu'ils aiment !  

Oui, la patience —et l’étymologie du mot le suggère bien— est ce qui permet d’endurer, et donc de durer. Il s’agit de voir le temps qui passe non comme une menace, mais comme un lieu de surprise et de révélation. Une telle patience ne se base sur aucune connaissance, sur aucun modèle, sur aucune science. La patience passe science dit le dicton ! Loin d’être une forme de résignation, elle est finalement l’art d’espérer en l’humain, une démarche de confiance qui adoucit les difficultés, sans offrir de remède.

Quelle que soit notre histoire familiale, nous sommes toutes et tous inscrits dans une famille qui nous précède. Et si, comme l’écrit Saint Jean, notre cœur nous accuse parce que nous croyons être en décalage, nous ne le sommes pas par rapport à Dieu. Car nous sommes tous ses fils et filles adoptifs.
Quelles que soient les joies et les blessures de nos existences familiales, une famille plus grande nous précède. A nous d'y entrer, avec patience, à notre rythme, dans cette famille où tout le monde trouve sa place. Amen.

 

 

 

Noël

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 24/12/15
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : C

Et voilà que ça recommence.  La fête de Noël et là, toute spéciale, toute particulière.  On se rend compte spontanément que ce n’est pas une fête comme les autres.  C’est la raison pour laquelle on s’irrite un peu du caractère commercial de cette fête.  C’est un peu sale et dégradant de réduire cette fête à une opération commerciale de vente de d’achat. Et cela ne tient à une question de météo.  Il n’y a pas de neige cette année.  Il n’y a pas de grand froid.  Mais il y a un grand besoin de fraternité et d’amitié.  Et c’est cela sans doute l’esprit de Noël : un grand besoin de fraternité et d’amitié. 

            On l’a entendu dans la première lecture : « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ».  Quand on entend cette parole, on pense bien entendu à tous ces hommes et femmes et enfants qui ont traversé la Méditerranée et qui arrivent jusqu’à nous, épuisés, maltraités, souvent dépouillés de tout ce qu’ils avaient.  Mais ne sommes-nous pas tous les réfugiés de l’amour ? Ecrasés, bousculés par la vie de tous les jours, nous regrettons les petits moments de tendresse que nous avons pu connaître, nous recherchons les moments de sympathie et de complicité qui nous ont réchauffés.

             Car notre cœur est plus grand que tout l’amour qu’on peut nous donner.  Nous attendons plus, toujours plus.  Et c’est là peut-être un des dangers de notre vie : attendre et exiger des autres et de Dieu ce qu’ils ne peuvent pas nous donner, ce qu’ils ne doivent pas nous donner.  Il y a toujours le danger d’être et de devenir de petits enfants capricieux, ou de vieilles personnes grincheuses, jamais contentes, toujours exigeantes.  Et c’est là sans doute la belle leçon qui nous est offerte par la deuxième lecture : « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ».  « Pour le salut de tous les hommes ». 

Il y a deux façons tout à fait différentes de vivre cette fête de Noël.  Ou bien nous sommes comme des citernes percées, comme dit l’Ecriture, comme des outres trouées ou des récipients fendus.  On peut y verser autant d’eau qu’on veut, jamais cela ne sera rempli, car il en faut toujours plus, et encore, et encore.  Ou bien nous sommes comme de petits enfants, étonnés et émerveillés, surpris de ce que l’on peut nous donner, surpris de voir le monde autour de nous.  Serons-nous comme les scribes et les pharisiens de Jérusalem, qui attendent le Roi Soleil, ou sommes-nous comme les bergers, tristes et seuls, qui attendent dans la nuit, sous la pluie ?

Qu’est-ce que l’ange leur dit : « aujourd’hui est né le sauveur du monde.  C’est le Messie, le Seigneur ».  Magnifique, incroyable, mais aussitôt après l’ange leur précise : « c’est un nouveau-né emmailloté dans une mangeoire ».  Quoi ! C’est ça, le sauveur.  C’est çà l’amour que  tu me donnes.  Tu te moques de moi.  Je vaux beaucoup plus que ça.  Mais non ! Les bergers ont vu, ont reconnu dans ce petit bébé qui crie et qui pleure, ce petit bébé qu’un méchant rhume peut emporter, ils ont reconnu dans ce petit être fragile et insignifiant, la présence de Dieu dans leur vie.  Regardons autour de nous.  Dieu nous parle aujourd’hui, dans cette vieille personne qui marche avec difficulté, dans cette femme qui, dans sa tête, prépare le repas de ce soir, dans cet inconnu qui vient chercher ici l’amitié de Dieu et le soutien de la communauté.

            Oui, jamais nous ne serons dignes de l’amour de Dieu.  Il nous donne beaucoup plus que nous ne le méritons.  Et c’est à nous de nous ouvrir tout entiers pour le recevoir, lui, le Bien-aimé.

 

Noël

Auteur: Dominique Collin
Date de rédaction: 24/12/15
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : C

3ème dimanche du temps de l'Avent (C)

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 13/12/15
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C

« Que devons-nous faire ? », voilà bien la question que tout le monde se pose pendant cette période de l’Avent.  Comment faire pour que cette fête soit réussie ? Non pas seulement comme festivité, mais aussi comme rencontre, comme renouvellement auprès de Dieu, du Christ et des autres.  Ce qui est intéressant de noter, ce sont les personnes qui posent cette question.  Ce n’est pas n’importe qui : ce sont les percepteurs d’impôt et les soldats.  Les uns comme les autres ont un pouvoir énorme, incontrôlé.  Vous vous souvenez que, dans l’Empire romain, l’impôt était perçu au printemps, c’est-à-dire avant les récoltes.  Les paysans, qui étaient les plus nombreux dans l’Antiquité, terminaient l’hiver avant la fin de leurs réserves.  La plupart du temps, ils ne pouvaient pas payer l’impôt.  Ils devaient emprunter à des taux usuraires.  Ou bien il leur restait une autre solution : vendre un de leurs enfants comme esclave.  Et nous avons des textes de cette époque qui décrivent le choix déchirant d’un père de famille qui doit choisir lequel de ses enfants il vendra ainsi comme esclave.  Et les percepteurs d’impôt avaient parfois tendance à avoir la main lourde.  C’était pour eux une façon de se payer, et de bien se payer.  A qui voulez-vous que les paysans ainsi abusés puissent se plaindre ? Au gouverneur ? C’est lui qui recevait l’argent perçu.  Au juge ? Mais le juge, c’est le gouverneur.  Alors pour tous ces petits paysans, abusés, pressurés, il n’y avait aucun recours, si ce n’est l’honnêteté des percepteurs d’impôt.  Et c’est ce que Jean demande.  Et Jean demande la même chose de la part de soldats.  Quels sont ces soldats ? Des soldats romains.  C’est l’armée d’occupation.  Ils ont tous les droits.  Ils peuvent accuser n’importe qui sans preuves.  Ils peuvent saisir la maison, le bétail et tous les biens de ceux qu’ils arrêtent et suspectent, à tort ou à raison, de vouloir résister à l’empereur.  Et voilà donc Jean qui demande à ces hommes brutaux et violents, qui abusent de leur force et de leur pouvoir, de se maîtriser. 

            Car c’est une loi universelle chez les hommes : qui a le pouvoir aime l’exercer et même en abuser, le chef d’équipe, le responsable d’un département ou même simplement l’employé derrière son guichet.  Ah ! Quel plaisir de pouvoir dire non, ou tout simplement de faire attendre.  C’est inné chez l’homme, ce besoin de pouvoir dominer.  Imaginez un instant cette situation : il y deux enfants dans une grande pièce avec un grand divan.  Le premier s’assied à droite du divan.  Le second voudra absolument prendre cette place occupée par le premier.  Imaginez deux enfants dans une grande pièce avec 742 jouets.  Le premier prend le gros camion rouge.  Le second voudra absolument le même jouet même s’il y en a 741 autres libres.  Et c’est partout comme ça.  Un homme aimera dire haut et fort : « à la maison, c’est moi le chef. »  Et plus il le criera fort, moins on le croira.  Tout le monde veut être le chef.  Et Jean nous demande maîtriser cette force destructrice.

            C’est là toute la différence avec Jésus : Jean nous demande de nous maîtriser, Jésus nous invite à nous libérer, à libérer cette force d’amour que nous avons en nous, non pas pour écraser les autres par notre gentillesse, mais pour sans cesse recommencer à aimer autrement.  C’est tous les jours qu’on recommence à vivre avec son conjoint, son confrère ou sa consœur.  Tout d’abord en pardonnant, ensuite en prenant le risque d’accueillir, de s’intéresser à son voisin, à sa voisine.  En cette période de fête, beaucoup de gens resteront seuls, ou bien parce qu’ils sont trop vieux et qu’ils n’intéressent plus personne, ou bien parce qu’ils viennent d’arriver et qu’ils sont différents.  Ils ne savent pas comment s’y prendre pour parler avec les autres, pour les rencontrer sans les heurter ou les effrayer.  Alors, en ces jours de Noël, prenons le risque de prendre contact avec une association ou avec la paroisse pour pouvoir accueillir quelqu’un de nouveau.  Ce serait triste que Joseph et Marie à nouveau frappent à la porte de différentes maisons et que nous les laissions passer sans les recevoir.

3ème dimanche du temps de l'Avent (C)

Auteur: Domnique Collin
Date de rédaction: 6/12/15
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C

Saint Luc ne manque d’humour.  Il commence cet Evangile de façon solennelle.  Il annonce comme à coups de clairon tous les grands personnages de l’époque, à commencer par l’empereur, puis le gouverneur, puis tous les princes de la famille royale de l’époque, et sans oublier les grands-prêtes du Temple de Jérusalem.  Et tout ça pour quoi ? Pour nous dire que quelqu’un  crie dans le désert.  Franchement, en quoi cela nous concerne-t-il que quelqu’un crie dans le désert ? D’ailleurs, pour crier dans le désert, il ne faut pas être très intelligent, ni même tout à fait normal.  Crier dans le désert, ce n’est pas le meilleur moyen d’avoir du succès.

Et c’est à sans doute la première question : ‘est-ce que saint Luc veut nous parler du succès ? Est-ce qu’il veut nous donner les recettes du marketing et de la publicité ? Bien au contraire, il accumule tous les points négatifs : non seulement il parle du désert, mais ensuite il évoque la vallée du Jourdain.  Dans l’Antiquité, qui connaît la vallée du Jourdain ? Ah, la vallée du Nil, tout le monde connaît, mais la vallée du Jourdain, c’est comme la vallée de la Dyle, c’est joli, mais pas très connu à l’époque.  Enfin saint Luc atteint le sommet du manque de tact : il nous parle d’un baptême de conversion.  Qui a envie de se convertir ? Et de se convertir à quoi ? Pour quoi faire ?

 Et c’est là sans doute la grande leçon de cet Evangile : retrouver Dieu non pas là où il est, car il est partout, mais là où nous pouvons le recevoir.  Le désert, vous vous en souvenez, ce fut la grande expérience du peuple hébreu.  Après l’esclavage en Egypte, le peuple hébreu vécut quarante ans dans le désert, ce fut long, ce fut pénible, mais ce fut le vrai moment de la rencontre amoureuse entre le Seigneur et son peuple.  Ce souvenir est tellement beau que, quand le prophète Elisée est désespéré, poursuivi par la reine, menacé de mort, il se réfugie dans le désert et il marche vers le mont Horeb, vers le mont Sinaï, là où Dieu s’est révélé à son peuple.  C’est comme parfois dans un couple quand on repasse par les lieux de la première rencontre, pour retrouver l’essentiel de sa vie, c’est comme dans une communauté quand on se tait autour du Saint-Sacrement et où non essaie de retrouver l’essentiel de la vocation religieuse, la rencontre amoureuse avec Dieu. 

Et c’est une question qu’on pourrait se poser : qu’y a-t-il d’essentiel dans ma vie ? Et je vous propose un exercice personnel, secret : posez-vous la question de savoir ce que vous emmèneriez si vous deviez vivre sur une île déserte ? Quel serait l’objet qui vous nourrirait, vous soutiendrait spirituellement dans une telle épreuve de solitude ? Car ce n’est pas par hasard que le peuple hébreu a connu l’épreuve du désert après l’esclavage de l’Egypte.  Eh oui, pour rencontrer Dieu, il faut se libérer de tout ce qui nous retient esclave : les mots croisés, le journal télévisé, la réunion de bridge ou le match de tennis, tout ce qui nous empêche d’accueillir l’autre, d’accueillir Dieu.  Aplanir la route devant Dieu, cela veut les débarrasser, nous débarrasser de tout ce qui nous encombre et nous empêche de recevoir le Bien-aimé.

Ce que, moi, personnellement, j’emmènerai sur une île déserte, c’est le livre de prières.  Ce serait pour pouvoir lire la Parole de Dieu en même temps que les autres, pour pouvoir prier Dieu avec toute l’Eglise.  Car nous ne sommes jamais seuls dans la prière.  Dieu est là qui nous écoute et le peuple de Dieu est là, avec nous, autour de nous, qui prie avec nous.  Alors, partons dans le désert, libérons-nous des objets encombrants dans notre vie et laissons la place tout entière libre pour le Bien-aimé, car il va venir.

2ème dimanche du temps de l'Avent (C)

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 6/12/15
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C

Saint Luc ne manque d’humour.  Il commence cet Evangile de façon solennelle.  Il annonce comme à coups de clairon tous les grands personnages de l’époque, à commencer par l’empereur, puis le gouverneur, puis tous les princes de la famille royale de l’époque, et sans oublier les grands-prêtes du Temple de Jérusalem.  Et tout ça pour quoi ? Pour nous dire que quelqu’un  crie dans le désert.  Franchement, en quoi cela nous concerne-t-il que quelqu’un crie dans le désert ? D’ailleurs, pour crier dans le désert, il ne faut pas être très intelligent, ni même tout à fait normal.  Crier dans le désert, ce n’est pas le meilleur moyen d’avoir du succès.

Et c’est à sans doute la première question : ‘est-ce que saint Luc veut nous parler du succès ? Est-ce qu’il veut nous donner les recettes du marketing et de la publicité ? Bien au contraire, il accumule tous les points négatifs : non seulement il parle du désert, mais ensuite il évoque la vallée du Jourdain.  Dans l’Antiquité, qui connaît la vallée du Jourdain ? Ah, la vallée du Nil, tout le monde connaît, mais la vallée du Jourdain, c’est comme la vallée de la Dyle, c’est joli, mais pas très connu à l’époque.  Enfin saint Luc atteint le sommet du manque de tact : il nous parle d’un baptême de conversion.  Qui a envie de se convertir ? Et de se convertir à quoi ? Pour quoi faire ?

 Et c’est là sans doute la grande leçon de cet Evangile : retrouver Dieu non pas là où il est, car il est partout, mais là où nous pouvons le recevoir.  Le désert, vous vous en souvenez, ce fut la grande expérience du peuple hébreu.  Après l’esclavage en Egypte, le peuple hébreu vécut quarante ans dans le désert, ce fut long, ce fut pénible, mais ce fut le vrai moment de la rencontre amoureuse entre le Seigneur et son peuple.  Ce souvenir est tellement beau que, quand le prophète Elisée est désespéré, poursuivi par la reine, menacé de mort, il se réfugie dans le désert et il marche vers le mont Horeb, vers le mont Sinaï, là où Dieu s’est révélé à son peuple.  C’est comme parfois dans un couple quand on repasse par les lieux de la première rencontre, pour retrouver l’essentiel de sa vie, c’est comme dans une communauté quand on se tait autour du Saint-Sacrement et où non essaie de retrouver l’essentiel de la vocation religieuse, la rencontre amoureuse avec Dieu. 

Et c’est une question qu’on pourrait se poser : qu’y a-t-il d’essentiel dans ma vie ? Et je vous propose un exercice personnel, secret : posez-vous la question de savoir ce que vous emmèneriez si vous deviez vivre sur une île déserte ? Quel serait l’objet qui vous nourrirait, vous soutiendrait spirituellement dans une telle épreuve de solitude ? Car ce n’est pas par hasard que le peuple hébreu a connu l’épreuve du désert après l’esclavage de l’Egypte.  Eh oui, pour rencontrer Dieu, il faut se libérer de tout ce qui nous retient esclave : les mots croisés, le journal télévisé, la réunion de bridge ou le match de tennis, tout ce qui nous empêche d’accueillir l’autre, d’accueillir Dieu.  Aplanir la route devant Dieu, cela veut les débarrasser, nous débarrasser de tout ce qui nous encombre et nous empêche de recevoir le Bien-aimé.

Ce que, moi, personnellement, j’emmènerai sur une île déserte, c’est le livre de prières.  Ce serait pour pouvoir lire la Parole de Dieu en même temps que les autres, pour pouvoir prier Dieu avec toute l’Eglise.  Car nous ne sommes jamais seuls dans la prière.  Dieu est là qui nous écoute et le peuple de Dieu est là, avec nous, autour de nous, qui prie avec nous.  Alors, partons dans le désert, libérons-nous des objets encombrants dans notre vie et laissons la place tout entière libre pour le Bien-aimé, car il va venir.

2ème dimanche du temps de l'Avent (C)

Auteur: Didier Croonenberghs
Date de rédaction: 6/12/15
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C

Dans le passage de l'Évangile que nous venons d'entendre, vous aurez remarqué avec quels détails Luc dessine le tableau du « pouvoir » de son époque. Tibère est empereur. Ponce Pilate est gouverneur de la Judée. Hérode est au pouvoir en Galilée. Hanne et Caïphe détiennent le pouvoir religieux. Le pouvoir a l'air bien « en place », c’est-à-dire organisé, tracé,  fixé. « Sous Tibère, rien à signaler » écrivait un auteur romain à propos du rôle de Tibère dans la Palestine de Jésus.

Toutefois, à côté de ce banal tableau historique, Luc nous donne à entendre une voix, qui échappe aux prises de l’histoire. Cette voix nous invite au désert, où rien n’est tracé, fixé, établi. C’est une voix prophétique à défaut d’être royale : celle de Jean-Baptiste. Une voix qui fait un peu désordre dans ce tableau. « Préparez le chemin du Seigneur », dit-il en reprenant les mots d’Isaïe. Jean Baptiste n’invite pas à renverser le pouvoir ou à changer l’ordre établi. Mais, il nous invite à la conversion, c’est à dire « à prendre le chemin de notre désert ».

Le désert, c’est l’inverse du pouvoir. C’est la démaîtrise, le risque.  Un lieu où on prends conscience de sa dépendance. Prendre le chemin du désert, ce n’est pas déserter, fuir ses responsabilités ! Mais accueillir le manque, l’absence, dans le silence du cœur. Le désert creuse le désir. En ce sens, il est le lieu de la vulnérabilité, c’est à dire de la rencontre avec nous mêmes et avec les autres. C’est le lieu de la conversion, de la conversation avec nous-mêmes !

Le désert n’est donc pas ce lieu vide où l’on n’entendrait rien, et où on prend la fuite. Il est fondamentalement ce silence intérieur où une voix, la nôtre peut-être, se donne à entendre. Le désert est comme le vent de l’Esprit. Il est non ce qui parle, mais ce qui nous fait parler et nous aide à donner de la voix. Le désert n’est pas ce qui nous offre des réponses, satisfait notre désir. Il est ce qui suscite des questions, creuse en nous notre soif d’être. Il est ce lieu par excellence où rien n’est tracé et où cependant, quelque chose vient rayonner en silence…

Le désert est donc ce qui permet à notre voix de rayonner. Il est cet espace qui rend notre cœur disponible. Il est ce lieu de la rencontre, où ce qui se fait at- tendre se donne à entendre.

Voilà pourquoi notre culture contemporaine a horreur du désert, car ce dernier est un lieu de vérité qui ne permet aucun masque. Le désert comme le silence nous confronte à nous-mêmes, à celui ou celle que nous essayons d’être. A celui ou celle dont nous ne voulons pas faire le deuil. Dans les déserts, il n’y a en effet pas de route toute tracée, pas de sécurité, mais un chemin à écrire avec ce que nous sommes.

Aller au désert, c’est donc déplier la carte de sa vie, se mettre à l’écoute de soi, pour y voir toujours un salut, un relevement possible. C’est un chemin de vérité avec nous-mêmes qui nous pousse à combler les ravins de la tristesse, à abaisser les montagnes de la suffisance.

Alors, quel que soit notre âge, malgré la routine, traçons patiemment ces routes dans nos déserts intérieurs. Certains chemins nous ferons prendre de légitimes détours à cause de nos blessures. D’autres nous feront perdre un peu de temps, vu nos maladresses ou nos peurs. D’autres chemins seront encore parsemés de tous les écueils de nos hésitations, de nos deuils. D’autres chemins nous sembleront aussi naturels, rassurant, familiers.  Voilà ce chemin intérieur et que nous pouvons tracer avec l’aide de l’Esprit, au cœur même de nos existences personnelles parfois tortueuses. Un chemin pour faire résonner ce que nous sommes.

Il y a un jeu de mot en latin entre persona et per-sonare, ‘faire résonner’, ‘faire retentir’ et le mot personne. Jean Baptiste devient véritablement qui il est en faisant retentir sa voix dans le désert. A nous aussi de laisser résonner au fond de notre cœur cette voix de l’Esprit, qui nous donne d’accueillir avec confiance ce qui vient. Et si pour cela, il faut aplanir des routes, c'est qu'il reste bien des obstacles pour que vienne à nous Celui dont l’unique désir est de dire à notre humanité qu'il l'aime et qu'il l'attend.

Alors, à l'écoute de l'Esprit, préparons, chacun à notre mesure, les très nombreux chemins du Seigneur, faisons résonner ce que nous sommes réellement, pour que tout homme, toute femme voit le salut de Dieu. Amen

34ème dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 8/11/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2014-2015

 « Il n’y a plus ni juif, ni Grec » : saint Paul proclame avec enthousiasme la fraternité universelle qui unit tous les hommes (Galates 3, 28).  L’Apocalypse annonce que le salut est apporté aux « hommes de toute tribu, langue et nation » (5, 9).  Il n’y a plus d’étranger.  Et pourtant les vieux réflexes identitaires ressurgissent bien vite : «les Hellénistes se mirent à récriminer contre les Hébreux parce que leurs veuves étaient oubliées dans le service quotidien » (Actes 6, 1).  En 97, Clément de Rome rappelle aux chrétiens de Corinthe le devoir d’hospitalité (Epître 10, 7 – 12, 8).  Irénée de Lyon doit se justifier : il a connu Polycarpe de Smyrne qui lui-même fut le disciple de l’apôtre Jean (Contre les hérésies III, 3, 4).  Sans doute quelques riches commerçants lyonnais méprisaient leur évêque parce qu’il venait de l’Orient. 

            Au quatrième siècle, quand l’Empire romain était balayé par les peuplades germaniques, les chrétiens partageaient les mêmes préjugés racistes que leurs concitoyens païens : au-delà du Rhin vivaient des êtres hirsutes et malodorants qui étaient plus proches de l’animal que de l’homme.  Quand Rome fut pillée par Alaric en 410, les chrétiens se demandaient à quoi servaient les tombes de Paul et de Pierre puisqu’elles n’avaient pu protéger la cité.  De leur côté, les païens reprochaient aux chrétiens d’avoir abandonné le culte des dieux fondateurs et protecteurs.  Ces divinités, ainsi lésées, se sont abstenues de secourir la Ville et l’Empire.  Saint Augustin leur répondra dans la Cité de Dieu que c’est l’amour immodéré des biens terrestres qui conduit au crime et au pillage, alors que seul l’amour de Dieu peut apporter le vrai bonheur.

            La haine de l’envahisseur peut prendre d’étranges aspects.  Les Angles avaient repoussé les Bretons vers le Pays de Galles et la Cornouaille.  Ils étaient païens et les Bretons ne firent rien pour les convertir.  Bien au contraire ! Les autochtones ne souhaitaient pas retrouver les Angles au paradis après avoir dû les supporter sur terre.  Ce sera donc le pape Grégoire le Grand qui enverra un groupe de moines sous la conduite d’Augustin de Cantorbéry bien connu des vacanciers d’Hardelot.

            Mais l’étranger n’est pas celui que l’on croit.  Clément de Rome, en 97, parle au nom de « l’Eglise Dieu qui séjourne comme une étrangère à Rome ».  Et il s’adresse à « l’Eglise de Dieu qui séjourne comme une étrangère à Corinthe » (adresse).  Plus tard, un chrétien écrira à Diognète que les chrétiens « résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés … toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère » (5, 5).  Car leur vraie patrie, c’est le ciel.