23eme dimanche du temps ordinaire

Auteur: Raphaël Devillers
Date de rédaction: 6/09/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B

Depuis le début, Jésus exerce sa mission sur une zone guère plus grande qu’un mouchoir de poche : à partir de la petite ville de Capharnaüm, sur la rive nord-ouest du lac, il a visité les quelques villes et villages des environs. Une seule fois, au début, il a traversé le lac pour débarquer à Gerasa, dans la région païenne de la Décapole mais les habitants l’ont vite renvoyé. Si bien qu’après quelques mois, son bilan n’est pas fameux (à vue humaine) :

Oui quelques foules s’encourent vers lui mais c’est plus pour quémander des guérisons que pour écouter son enseignement et se convertir (1, 33)

Le village dont il est originaire, Nazareth, s’est cabré devant lui (6, 1)

Sa famille ne le comprend pas, on croit qu’il a perdu la tête (3, 21) et on cherche à le récupérer (3, 31)

De grands docteurs de la Loi, venus de Jérusalem pour enquêter, ont conclu qu’il avait fait un pacte avec le diable (3, 22). Les pharisiens avec leurs scribes, spécialistes des Ecritures et gardiens des traditions, l’ont accusé de blasphème parce qu’il pardonnait un pécheur (2, 6).

Les disciples de Jean-Baptiste étaient furieux parce qu’il n’observait pas un jour de jeûne et ne pratiquait pas l’ascèse (2, 18)

Pire ! Certains pharisiens, outrés de le voir enfreindre les sacro-saintes lois du shabbat, ont prémédité sa perte (3, 6)

Certes sa réputation s’est répandue et des gens sont parfois venus de loin (même Jérusalem et la Phénicie) mais cet engouement était dû à ce qu’il faisait (des guérisons) et non à ce qu’il disait (« Convertissez-vous ») (3, 7)

Sans cesse et de plus en plus il se heurtait aux Pharisiens scandalisés par sa liberté vis-à-vis des traditions (7, 1).

Pourquoi donc sommes-nous si étonnés de nos échecs, si découragés devant l’incompréhension des autres, si humiliés devant notre petit nombre ? Le pire serait que cela nous empêche d’inventer et de poursuivre car l’absence de résultats due à notre passivité n’est pas échec mais trahison de notre mission

SORTIR DE SON PAYS

Que faire ?

C’est alors qu’on voit Jésus sortir de son pays et emmener ses disciples dans les pays païens limitrophes : d’abord vers la côte, au sud de la Phénicie (le Liban aujourd’hui) où une maman le supplie de s’occuper aussi des païens et lui arrache la guérison de sa petite fille (7, 24). Puis Jésus repart vers l’est du lac de Galilée, dans la région de Décapole : à nouveau des païens vont le supplier.

Jésus quitta le territoire de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler et supplient Jésus de poser la main sur lui.

La prière d’intercession joue un grand rôle dans les évangiles (le centurion romain implorait pour son serviteur, Jaïre pour sa petite fille, Marie pour les mariés de Cana…) ; certains non seulement prient, mais amènent le malade à Jésus (le paralytique de Capharnaüm, ici le sourd-bègue, à Bethsaïde ce sera un aveugle 8, 22).

Pourquoi nos paroisses ne s’organisent-elles pas pour que des personnes âgées ou handicapées soient conduites à la messe du dimanche ? A Lourdes et les grands sanctuaires mariaux, les alités se trouvent en première ligne, invités privilégiés de Dieu, au prix souvent de beaucoup de peine. La rencontre du Christ, le partage de son Pain de Vie et la constitution de l’assemblée d’Eglise méritent cette mission qui témoigne de la foi (présence du Christ), de la charité (amour du prochain) et de l’espérance (vœu de guérison). Naturellement ce geste entraîne de perdre cette hypocrisie de vouloir « sa petite messe » la plus courte possible ! Et encore faudrait-il que ces handicapés acceptent de se laisser prendre en charge – ce qui ne va pas de soi car certains n’aiment pas dépendre des autres.

L’OUVERTURE

Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! ». Ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia, et il parlait correctement.

Pour guérir l’homme, Jésus emploie une méthode étonnante mais qui était courante chez les thérapeutes de l’époque. Il ne veut pas d’une exhibition publique comme les charlatans ; il semble que la guérison soit difficile, exige un appel spécial au souffle de l’Esprit-Saint. Le handicap de cet homme était son enfermement en lui-même : aussi Jésus lui ordonne de « s’ouvrir » et l’évangéliste a gardé l’expression dans la langue de Jésus. En entendant cette injonction, l’homme perd sa surdité et, en conséquence, retrouve la parole.

Combien de nos parents, amis et voisins sont sourds à la Parole de Dieu : on a beau tenter des conversations affables, conseiller des livres, prêter un évangile…rien n’y fait. Ils sont aimables et dévoués, ils admirent l’abbé Pierre, Nelson Mandela et même le Pape…mais ils restent imperméables au message du Christ.

Avons-nous fait appel à l’Esprit ? Ne raplatissons-nous pas l’ouverture au Christ et la conversion à un simple mouvement psychologique ? Ne croyons-nous pas souvent qu’il suffit de se montrer gentil, dévoué, poli…. ? La bouche de l’autre ne confessera la foi que si, d’abord, il ECOUTE L’APPEL DU CHRIST. Et cet appel ne se réduit pas à nos qualités et à nos vertus.

LE RESULTAT

Alors Jésus leur ordonna de n’en rien dire à personne ; mais plus il leur donnait cet ordre, plus ceux-ci le proclamaient. Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. »

Comme toujours, Jésus refuse qu’on lui fasse de la publicité, qu’on répande sa réputation de guérisseur formidable. La guérison physique, si nécessaire soit-elle, doit faire réfléchir à la guérison spirituelle dont elle est un « signe ».

Toujours est-il que les gens ne pouvaient s’empêcher de raconter cet événement qui les avait bouleversés. Et nous aussi aujourd’hui les œuvres du Christ devraient nous émerveiller or souvent nous restons silencieux, nous n’avons pas l’audace de raconter les merveilles qui s’accomplissent dans l’Eglise.

Mais au moins les connaissons-nous nous-mêmes ? Tous les jeunes sont au courant des dernières inventions, des nouveaux groupes de musique, des nouvelles modes. Sur l’Eglise ils ignorent tout. Sauf qu’elle organise des messes le dimanche pour quelques vieilles personnes. En ce cas pourquoi y aller ?

« Que votre lumière brille aux yeux des hommes pour qu’en voyant vos bonnes actions, ils rendent gloire à votre Père des cieux » (Matt 5, 16). La communication est un problème urgent à régler dans l’Eglise.

Et Marc termine son récit en mettant dans la bouche du public une petite phrase venant du prophète Isaïe : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : il vient vous sauver. Alors les yeux des aveugles verront et les oreilles des sourds s’ouvriront. Le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie…Là on construira une route qu’on appellera « la voie sacrée » et le Seigneur lui-même ouvrira la voie. Ceux qui appartiennent au Seigneur prendront cette Voie…Sur leurs visages une joie sans limite » (Is 35, 3-10)

Cette citation n’est pas décorative : elle proclame la certitude de Marc et de sa communauté que Jésus est bien le Messie annoncé par les prophéties. La foi en lui est « la voie sacrée » qui mène à Dieu. Ceux qui y entendent la Bonne Nouvelle de la Parole de Dieu ont la bouche déliée : ils peuvent raconter ce qui les fait vivre et ils chantent de joie.

« Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ » (Pape François)

17eme dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 26/07/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2014-2015

A la lecture de cet évangile, je me suis imaginé devant une télévision regardant les résultats de l’euro-million. Et je voyais les boules numérotées qui tournaient puis l’une après l’autre montrait le chiffre qu’il fallait avoir inscrit sur son bulletin du Lotto. Le verdict est alors tombé quand la voix off a annoncé : les numéros gagnants sont le cinq, le deux, le cinq mille et le douze. Etais-je parmi les heureux élus, me suis-je demandé ? Je me suis alors rappelé que certains Pères de l’Eglise, les premiers théologiens de notre ère chrétienne, soulignaient l’importance des chiffres dans le récit que nous venons d’entendre : cinq pains d’orge et deux poissons ; cinq mille hommes et douze paniers. Cinq pains d’orge pour nous rappeler les cinq livres de la Torah qui forment le Pentateuque. Deux poissons en signe des deux testaments qui composent la Bible. Cinq mille hommes pour nous dire l’universalité du message à propager et douze paniers, symbole de la nourriture que donneront les apôtres à tous celles et ceux à qui ils s’adresseront. Voilà donc pour les chiffres du jour. Toutefois, nous pouvons poursuivre une logique mathématique en additionnant les deux premiers. Cinq plus deux égale sept. Et sept est le chiffre de la perfection à atteindre pour un être humain. Alors que le chiffre huit était réservé à la perfection divine d’où la construction d’églises octogonales comme celle dans laquelle nous célébrons aujourd’hui.

Toutefois, par delà ces considérations mathématiques, il aura suffit d’une seule et unique personne : un jeune homme. Un jeune homme par ailleurs quelque peu inconscient puisqu’il montre ce qu’il possède : cinq pains d’orge et deux poissons. Si une telle foule était affamée, nous nous attendrions plutôt à ce que ce jeune homme cache ce qu’il possède car il risquerait de se faire voler ce qu’il a. Et dans le récit que nous venons d’entendre, c’est tout le contraire. Il ne craint pas d’exposer ce trésor qu’il a entre ses mains. Un trésor qui va pouvoir être fractionné afin de nourrir toute cette assemblée. Ce jeune homme est le premier signe de cet épisode de l’évangile. Il est signe de ce qu’il possède et peut apporter aux autres en remettant entre les mains du Fils de Dieu tout ce qu’il a, tout ce qu’il est. N’en va-t-il pas de même pour nous aujourd’hui ? En effet, de quelles manières, sommes-nous à notre tour signes les uns pour les autres ? En d’autres termes, qu’avons-nous à offrir de nous-mêmes ? Toutes et tous, sans exception, nous avons reçu de la Vie des dons, des qualités inestimables. Il est vrai que dans notre culture contemporaine, il vaut mieux parler de ses défauts plutôt que de ses dons et qualités. Reconnaître ces derniers est souvent perçu comme étant de la prétention, voire un manque d’humilité. Et pourtant, pourtant, si nous voulons construire le Royaume de Dieu tel qu’il nous a été confié, nous avons à mettre en avant ce qui fait la richesse de notre être. C’est à partir des dons et des qualités qui sont nôtres que nous pouvons façonner la Création. En aucune manière, je ne nie le fait qu’il y a en chaque être humain des failles, des fragilités, parfois aussi des incohérences qui constituent les zones d’ombre de nos personnalités mais comme j’aime le souligner, n’oublions jamais qu’il faut toujours du soleil pour voir l’ombre ou pour reprendre cette béatitude contemporaine : « heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière ». La lumière est donc en tout être humain. Dans la foi, elle est d’origine divine. Notre lumière intérieure est composée de ces dons et ces qualités qui accomplissent notre humanité. Ne les rejetons pas. Ne les dénigrons pas. Reconnaissons qu’ils sont là et que nous avons comme finalité non pas de nous en enorgueillir mais plutôt de les accepter afin de les remettre entre les mains du Fils de Dieu. Offrons-Lui le meilleur de ce que nous sommes pour qu’à nouveau il le fractionne et le partage en vue de nourrir celles et ceux de qui nous nous faisons proches. Dieu a besoin de nous. Il quémande tout ce que nous possédons de lumière en nous pour éclairer notre monde aux couleurs de l’évangile. Il a suffit d’un jeune homme avec cinq pains d’orge et deux poissons. Il suffit aujourd’hui de chacune et chacun de nous. Offrons-Lui qui nous sommes.

Amen

 

 

15eme dimanche du temps ordinaire

Auteur: Raphaël Devillers
Date de rédaction: 28/06/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B

«  SORTONS POUR OFFRIR À TOUS LA VIE DE JÉSUS CHRIST »

                                                             (Pape François : la Joie de l’Evangile   § 49)

 

Au début de sa 2ème partie, Marc avait précisé le but du choix par Jésus de 12 apôtres en disant :

1) « pour être avec lui » : donc pendant toute cette section (3,7 à 6,6), ils l’ont suivi, partageant sa vie itinérante, observant ce qu’il disait et faisait, apprenant à le connaître. Car la mission commence par l’intimité avec Jésus, l’écoute de l’Evangile. « Etre-avec-Jésus » longtemps – sinon toujours- est l’essentiel sans quoi l’œuvre missionnaire dévie en entreprise humaine.

2) « et pour les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons » : maintenant ce moment est arrivé. Ainsi s’ouvre la 3ème partie de Marc (6,6 à 8,30) : c’est l’évangile de ce dimanche.

L’ENVOI

Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer deux par deux, et il leur donna autorité sur les esprits impurs.

Pourquoi 12 ? Parce que c’est le nombre des tribus d’Israël – donc l’Evangile va reconstituer l’unité d’un peuple qui a longtemps été déchiré…et il pourra se répandre dans les 4 directions du globe.

Ces hommes n’ont pas à se vanter de leurs qualités, de leur culture : qu’ils n’oublient jamais qu’ils sont des « envoyés », des ambassadeurs. Un « apôtre » n’est pas un homme zélé qui se dévoue corps et âme à une cause (on parlait de « l’apôtre du cyclo-tourisme » !!) mais un « envoyé », un ambassadeur dont toute la valeur tient à la personne de celui qui l’envoie.

Ils iront deux par deux. D’abord pour s’épauler l’un l’autre, se réconforter dans les moments difficiles, se corriger mutuellement, prendre les décisions de concert. Et aussi pour montrer tout de suite, en acte, ce qu’est la vie commune, la charité entre personnes qui est la manifestation même du Royaume de Dieu. La foule non seulement écoutera des prêcheurs mais verra en eux le résultat de ce qu’ils annoncent.

Deux envoyés qui s’aiment sont le premier signe du fait que Dieu commence à régner dans les cœurs.

La mission est combat acharné et ardu contre les forces du mal liguées pour détourner l’humanité dans le mensonge et la détruire par la haine. Donc cette lutte missionnaire ne peut s’effectuer par des moyens humains, l’intelligence, la tactique, l’éloquence : « il leur donna autorité… ». L’apôtre doit au préalable recevoir la force divine que son Seigneur lui donne.

LE DEPOUILLEMENT

« ……..et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »

Un Ambassadeur d’Etat se présente en majesté car il se doit de manifester la gloire de son pays : tenue distinguée, médailles, décorations, voiture de luxe. Il doit impressionner.

Un apôtre de Jésus par contre prend la route en toute pauvreté, démuni le plus possible, n’emportant que l’essentiel, en ressemblance avec celui qui l’a envoyé. Il montre ainsi la véritable grandeur qui est celle du cœur, il est contestation vivante de l’idolâtrie de l’argent qui gangrène le monde, il appelle au détachement et au partage, il est signe d’espérance du vrai monde qui est en train de venir, ce Royaume de Dieu bâti sur le droit et la justice.

Hélas on sait que l’Eglise a souvent oublié cette recommandation capitale de son Seigneur et elle a cherché sa propre gloire : les prélats se sont parés de fanfreluches, le pape a coiffé la tiare à trois étages, les édifices sacrés se sont dressés vers le ciel avec gigantisme. Par bonheur, cette recherche de gloriole s’est bien atténuée. Encore que !... Notre cher François, descendant dans le parking souterrain du Vatican, a été suffoqué de voir ces enfilades de voitures pimpantes, luxueuses et il constatait que c’est lui qui avait le plus petit modèle.

ACCUEIL ET REFUS

Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »

La pauvreté des apôtres a un autre effet important : elle les oblige à avoir besoin des gens. Car il faut bien manger, boire, dormir. Donc les personnes qui faisaient confiance aux apôtres et qui se convertissaient à la Bonne nouvelle étaient obligées de les nourrir et de leur offrir l’hospitalité. La conversion ne pouvait donc être seulement une déclaration des lèvres : accepter l’Evangile, c’était du coup accueillir les pauvres qui l’avaient proclamé. La conversion ne se payait pas de mots : elle devenait d’emblée accueil de l’autre, portes ouvertes, table partagée, dépenses d’hospitalité.

Mais les apôtres n’ont pas le droit d’être délicats et s’ils étaient déçus par la frugalité et l’inconfort d’une maison, ils ne pouvaient déménager dans une autre au confort plus douillet, avec une table ****.

S’ils goûteront ici la joie d’un accueil chaleureux et d’une hospitalité fraternelle, il leur arrivera de rencontrer ailleurs des mines renfrognées, d’être la cible des moqueries, d’entendre les portes se claquer à leur nez. Il leur faudra parfois dormir à la belle étoile et le ventre creux, tenaillés par le sentiment d’inutilité : occasion de repenser à leur maître qui n’avait pas une pierre pour reposer la tête.

En secouant la poussière de leurs pieds avant de s’éloigner, par ce symbole, ils préviendront ce lieu qu’il demeure infécond, fermé à la Vie qu’allait lui apporter la Bonne Nouvelle. Remarque qui souligne le risque mortel du refus de la Bonne Nouvelle de Jésus.

L’ESSENTIEL DE LA MISSION

Ils partirent, et proclamaient qu’on se convertisse.

                   Ils expulsaient beaucoup de démons,

                   Ils faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.

Quelle émotion dans ce premier départ : au lieu de suivre leur maître et de demeurer ensemble, les voilà obligés de se disperser, de s’en aller à l’aventure et prévenus de la dureté de leur tâche.

Quel sera l’essentiel de leur activité ? Faire ce que Jésus faisait devant eux depuis des mois :

- Proclamer l’Evangile et appeler à la conversion, au changement d’optique et de comportements.

- Purifier les cœurs souillés et chercher à extirper les forces démoniaques

A quoi s’ajoute une action qui n’a pas été dite de Jésus mais qui sera très vite une pratique répandue : soigner les malades et essayer de les guérir par des onctions d’huile. St Jacques écrit : « L’un de vous est-il malade ? Qu’il fasse appeler les anciens de l’église et qu’ils prient après avoir fait sur lui une onction d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient ; le Seigneur le relèvera ; et s’il a des péchés, il lui sera pardonné » (Jac 5,14).

Le concile Vatican II a heureusement prescrit de ne plus nommer ce geste « Extrême Onction » mais « sacrement des malades ». Il faut accentuer l’effort de transmettre ce retour à la tradition antique : il ne s’agit pas d’une entrée dans la mort mais d’un combat pour faire gagner la Vie. Non un triste sacrement de résignation mais un acte où la famille et le voisinage s’unissent dans la prière autour de leur frère gravement malade.

CONCLUSIONS

Le devoir missionnaire concerne tous les baptisés : ils ont à méditer ces consignes de mission et les adapter à leur niveau. Le pape François ne cesse d’appeler toute l’Eglise à SORTIR, à quitter l’enclos confortable du culte pour s’élancer vers les PERIPHERIES. Récemment il disait avec humour à une assemblée de Nonces : « Cessez de pêcher dans l’aquarium ». Des multitudes attendent le message qui leur apportera la paix ; des sociétés et des économies sont à redresser par la justice du Royaume.

Il faut lire et méditer sa grande Exhortation : « LA JOIE DE L’EVANGILE » (éd. Fidélité - 10 euros).

13eme dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 28/06/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B

« Dieu n’a pas fait la mort » : cette phrase toute simple prend un relief tout particulier ces jours-ci, après les terribles attentats qui ont ensanglanté les plages de Tunisie. « Dieu n’a pas fait la mort ». Et pourtant il y a des hommes, qui au nom de Dieu donnent la mort. Et cela pose tout d’abord à chacun d’entre nous cette question : peut-on aimer Dieu au point de vouloir la mort de son voisin ? Certes, non ! Et pourtant, dans notre histoire de l’Occident, des hommes ont porté le glaive ou l’épée dans le cœur de leur voisin au nom du Dieu des chrétiens. Ce fut le cas pendant les croisades et pendant les guerres de religion. Et pendant les deux grandes guerres mondiales, chacun priait son Dieu pour lui donner la victoire et la destruction de l’ennemi. Tout cela nous permet de constater simplement ceci : c’est, quand on aime Dieu au point de haïr son frère, on peut être sûr que ce n’est pas Dieu qu’on aime. Quand on aime Dieu au point de haïr son frère, c’est que l’on cherche le pouvoir, qu’on veut le dominer, l’écraser, le détruire. C’est l’instinct de domination qui nous emporte, et pas le désir de l’aimer comme enfant de Dieu.

            Et c’est cette conception révolutionnaire de Dieu que l’auteur du livre de la Sagesse a voulu offrir à ses contemporains. Car la première lecture est tirée du livre de la Sagesse. Un des derniers livres de l’Ancien Testament. La preuve, c’est qu’il écrit non pas en hébreu, mais en grec. Son auteur est probablement un riche juif d’Alexandrie. Dans cette grande ville portuaire du nord de l’Egypte, par où passe tout le grain récolté le long du Nil, une haute bourgeoise commerçante s’est développée. On y parle grec, on y lit les philosophes, on y discute de la vie et de la mort. Et voilà que ce juif vient dire que la mort n’est pas une création divine. Cela a dû étonner ses contemporains car, pour les Grecs comme pour les Romains, la vie est un accident. C’est par hasard que la vie a surgi sur terre. C’est par malheur que les hommes ont un corps et une existence terrestre car, au départ, il y avait des étincelles divines, des étincelles intellectuelles, et ces étincelles sont tombées dans le corps humain, dans la matière condamnée à pourrir et à périr.

            Bien plus, l’auteur du livre de la Sagesse s’adresse à des commerçants qui pratiquent une concurrence féroce. Pour eux, comme pour beaucoup d’entre nous, il faut grandir ou mourir, il faut se développer encore et toujours, ou bien sombrer dans la faillite. Le monde antique ne connaît pas la pitié. Il ne connaît que le succès. Il faut manger pour ne pas être dévoré, il faut détruire pour survivre. Et c’est là que se pose toute la question de ce que nous avons reçu. La vie que nous avons reçue, nous pouvons plus facilement la détruire que la préserver. La santé que nous avons reçue, nous pouvons plus facilement la détruire que la préserver. L’amour que nous avons reçu, nous pouvons plus facilement le détruire que le faire grandir. Et c’est là toute l’horreur de l’histoire de l’humanité. Les êtres humains ont broyé dans leurs mains les cadeaux que Dieu leur a donnés. Comme un enfant gâté et jamais content, l’humanité a souvent préféré inventer des engins de mort que des paroles de vie. et c’est là tout le problème qui se pose à chacun d’entre nous : est-ce que nous semons des paroles de vie ou des paroles de mort ? Est-ce que nous apportons des paroles de résurrection ou des paroles de destruction ?

            Et c’est là qu’apparaît alors dans toute sa splendeur l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous. Non seulement il nous a apporté la vie, mais il nous a aussi donné l’amour. Il n’a pas voulu nous laisser seuls dans un monde dur et agressif. Il nous a apporté son Fils qui nous donne, qui nous redonne la vie. Car cette pauvre femme qui perd son sang depuis tant d’années, n’est-elle pas l’image de toutes nos illusions qui s’enfuient peu à peu au fil des ans et des déceptions ? Et cette fillette qui meurt si jeune, n’est-elle pas l’image de notre innocence pervertie par la cruauté de la vie professionnelle ?

            Et c’est la surprise : Jésus sent qu’on l’a touché. Il est là, dans ces ruelles étroites d’une petite ville, où tout le monde se bouscule et essaie d’avancer. Et il sent que quelqu’un l’a touché. Dieu est sensible aux belles prières, aux prières pures qui s’approchent de lui avec une confiance tout enfantine. Et Jésus se retourne et Jésus sauve.

            Redécouvrons avec émotion cette belle leçon de confiance et d’admiration. Oui, Dieu a créé le monde et il vit que cela était bon. C’est à nous de redécouvrir la beauté de la création parce qu’elle porte les signes de l’amour de Dieu. Oui, Dieu s’est fait homme et il nous a sauvés. C’est à nous de redécouvrir à l’intérieur de nos frères et de nos rencontres les petits sourires que Jésus offre à chacun d’entre nous. Alors, oui, nous serons nous aussi capables d’apporter des paroles de vie, des paroles de résurrection.

13eme dimanche du temps ordinaire

Auteur: Raphaël Devillers
Date de rédaction: 28/06/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B

CROIRE ET GUERIR

L’évangile de ce jour est très long : en voici le résumé.

Après son incursion en pays païen, Jésus revient en Galilée où il est reçu avec chaleur. Tout à coup Jaïre, un chef de synagogue se jette à ses pieds et le prie de venir vite chez lui car sa petite fille va très mal.

Jésus accepte et le suit mais tandis qu’il se faufile à travers la foule, une femme souffrant d’hémorragies – donc impure pour le droit juif et interdite de contacts - se glisse près de lui pour toucher son vêtement et aussitôt elle est guérie. Ayant perçu ce contact, Jésus la somme de se révéler et doucement la renvoie : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »

Alors qu’il s’approche de la maison, des serviteurs annoncent à Jaïre que la petite est morte et donc que la venue de Jésus est inutile. Mais celui-ci rassure le père : « Ne crains pas : crois ». Il entre, fait sortir la foule et accompagné seulement de Pierre, Jacques et Jean et des parents, il pénètre dans la chambre, saisit la main de la petite et dit dans sa langue : « Talitha koum » c.à.d. « Lève-toi ». L’enfant de 12 ans se lève et se met à marcher – ce qui provoque l’extrême stupeur des gens. Cependant Jésus leur interdit de divulguer cette action et il invite à donner à manger à la gamine.

LES DOUTES SUR LES MIRACLES

Les récits de miracles occupent une grande place dans l’évangile de Marc : or si jadis ils confortaient la foi, ils posent beaucoup d’interrogations aux esprits modernes. Jésus avait sans nul doute raison d’interdire à ses bénéficiaires de les divulguer : pour trois motifs.

D’une part un récit ne fournit pas la preuve de la réalité du fait qu’il rapporte : l’un y croit parce que c’est écrit dans l’évangile, l’autre reste sceptique devant un fait qui lui paraît impossible. Evénement authentique ou légende ? Il arrive que le débat s’échauffe si bien que le récit n’est plus une bonne nouvelle de paix mais devient cause de discorde sans fin. Le problème est insoluble tant que l’on demeure à ce niveau. D’ailleurs Marc ne s’échine jamais à multiplier tous les détails des événements qu’il rapporte pour fournir les preuves et convaincre ses lecteurs de leur authenticité.

D’autre part les scribes, grands enseignants du peuple, et les pharisiens de stricte observance étaient très méfiants vis-à-vis des prodiges et des dérives possibles dans la sorcellerie ou une fausse mystique : la foi devait rester application pratique et régulière de tous les préceptes de la Loi. C’est pourquoi d’ailleurs, très vite, après un temps d’observation de ce Jésus qui opérait des miracles mais semblait remettre en cause des observances comme le shabbat, ils l’accusèrent d’avoir fait un pacte avec le diable : « Il a Belzébul en lui…C’est par le chef des démons qu’il chasse les démons » (3, 22). Par ses guérisons spectaculaires, Jésus savait qu’il ne pouvait qu’exacerber leur méfiance puis leur haine.

Enfin et surtout Jésus craignait qu’on le prenne pour un guérisseur extraordinaire semant des prodiges pour susciter l’enthousiasme populaire, un messie tout-puissant entraînant derrière lui des foules exaltées. C’est pourquoi il ordonnait aux gens guéris de ne pas en parler. En vain évidemment !

La mission essentielle de Jésus, et dont il ne déviera jamais a été notée dès le début : « Il proclamait l’Evangile de Dieu et disait : Le temps est accompli et le Règne de Dieu s’est approché. Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (1, 14) Jésus vient fonder une communauté humaine telle que Dieu la veut pour son bonheur. Il en lance la nouvelle par la parole : il ne l’impose ni par la force des armes, ni par la ruse de la diplomatie ni par la fascination du merveilleux. Tout auditeur est appelé librement à croire en cette Bonne Nouvelle et à s’y engager en changeant radicalement sa manière de penser et de vivre.

Aussi c’est le cœur que Jésus veut guérir des plus dangereuses maladies qui s’appellent jalousie, égoïsme, colère, haine, racisme, cupidité…afin d’y faire éclore l’amour de Dieu et des hommes.

C’est précisément dans cette intention qu’il opère guérisons et exorcismes. Car que serait un amour cantonné dans des croyances abstraites, des prières bavardes, des échafaudages théologiques et un culte inefficace ? L’annonce du Royaume de Dieu doit rejoindre l’homme dans son être réel, sa réalité corporelle. Il arrive que notre charité soit indolente, paresseuse, myope, fatiguée…mais elle ne peut certainement pas demeurer désincarnée.

CROIRE NON AUX MIRACLES MAIS EN JESUS

Les récits de miracles ne nous laissent donc pas au niveau des débats historiques ni d’un émerveillement superficiel : ils nous montrent des gens qui croient et qui nous apprennent à croire comme eux.

Jaïre croit que Jésus peut guérir son enfant, si grave soit son état, et il l’appelle à entrer dans sa maison…au risque de se mettre à dos ses confrères, chefs de synagogue et pharisiens.

La femme dépasse sa peur, son état d’impureté rituelle qui lui interdisait tout contact avec autrui et elle ose venir effleurer la personnalité de Jésus (son manteau). La Loi lui enseignait qu’elle contaminerait tout homme qu’elle toucherait : sa foi lui souffle que Jésus est plus fort que la souillure et que sa bonté lui rendra la pureté.

Enfin Jaïre, prêt à s’effondrer dans le deuil et le désespoir à la mort de son enfant, est appelé à croire que, par Jésus, la vie peut pénétrer dans le lieu où la mort semble toute-puissante.

« Crois ! … Ta foi t’a sauvée (et pas seulement « guérie »)…Ne crains pas : crois… (non pas « Sache »)

Chaque page d’évangile est un appel à la liberté du lecteur. Qui est ce Jésus ? Un homme que l’on admire ? que l’on soupçonne ? …Ou à qui on demande sa propre guérison ?

MIRACLES AUJOURD’HUI

Il importe toujours de rappeler que Jésus n’incite jamais à la résignation, au fatalisme : ses « miracles » ne sont pas des tours de passe-passe pour épater la galerie et s’attirer les applaudissements mais ils sont, tous, des actes de bienveillance, de compassion. La souffrance n’est pas d’abord un destin à supporter mais un mal à combattre. Jésus soulage ses frères sous la croix avant de porter la sienne.

Quel est notre rapport aux malades ? La paroisse est-elle organisée afin de ne pas laisser seuls les frères souffrants, les parents en deuil (comme Jaïre), les personnes jugées impures (comme la femme) ? Des groupes de « visiteurs de malades » existent : ils sont à multiplier.

Entendre à l’Eucharistie les mots de Jésus « Ceci est mon corps…ceci est mon sang » est un appel permanent à entendre les cris étouffés derrière les murs de maisons, des hôpitaux, des maisons de retraite : « Ceci est mon corps qui se tord de douleur…Ceci est mon sang qui coule sous les blessures…Je suis seul et personne ne vient me voir …Ceci est le corps mort de mon enfant »

Les guérisons subites et extraordinaires sont rares mais le monde incroyant attend de voir « les miracles de générosité, les merveilles de dévouement » dont les croyants sont capables.

« Vous êtes la lumière du monde…que votre lumière brille aux yeux des hommes pour qu’en voyant vos bonnes actions, ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux » (Matth 5, 14-16)

CROIRE ET GUERIR

L’évangile de ce jour est très long : en voici le résumé.

Après son incursion en pays païen, Jésus revient en Galilée où il est reçu avec chaleur. Tout à coup Jaïre, un chef de synagogue se jette à ses pieds et le prie de venir vite chez lui car sa petite fille va très mal.

Jésus accepte et le suit mais tandis qu’il se faufile à travers la foule, une femme souffrant d’hémorragies – donc impure pour le droit juif et interdite de contacts - se glisse près de lui pour toucher son vêtement et aussitôt elle est guérie. Ayant perçu ce contact, Jésus la somme de se révéler et doucement la renvoie : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »

Alors qu’il s’approche de la maison, des serviteurs annoncent à Jaïre que la petite est morte et donc que la venue de Jésus est inutile. Mais celui-ci rassure le père : « Ne crains pas : crois ». Il entre, fait sortir la foule et accompagné seulement de Pierre, Jacques et Jean et des parents, il pénètre dans la chambre, saisit la main de la petite et dit dans sa langue : « Talitha koum » c.à.d. « Lève-toi ». L’enfant de 12 ans se lève et se met à marcher – ce qui provoque l’extrême stupeur des gens. Cependant Jésus leur interdit de divulguer cette action et il invite à donner à manger à la gamine.

LES DOUTES SUR LES MIRACLES

Les récits de miracles occupent une grande place dans l’évangile de Marc : or si jadis ils confortaient la foi, ils posent beaucoup d’interrogations aux esprits modernes. Jésus avait sans nul doute raison d’interdire à ses bénéficiaires de les divulguer : pour trois motifs.

D’une part un récit ne fournit pas la preuve de la réalité du fait qu’il rapporte : l’un y croit parce que c’est écrit dans l’évangile, l’autre reste sceptique devant un fait qui lui paraît impossible. Evénement authentique ou légende ? Il arrive que le débat s’échauffe si bien que le récit n’est plus une bonne nouvelle de paix mais devient cause de discorde sans fin. Le problème est insoluble tant que l’on demeure à ce niveau. D’ailleurs Marc ne s’échine jamais à multiplier tous les détails des événements qu’il rapporte pour fournir les preuves et convaincre ses lecteurs de leur authenticité.

D’autre part les scribes, grands enseignants du peuple, et les pharisiens de stricte observance étaient très méfiants vis-à-vis des prodiges et des dérives possibles dans la sorcellerie ou une fausse mystique : la foi devait rester application pratique et régulière de tous les préceptes de la Loi. C’est pourquoi d’ailleurs, très vite, après un temps d’observation de ce Jésus qui opérait des miracles mais semblait remettre en cause des observances comme le shabbat, ils l’accusèrent d’avoir fait un pacte avec le diable : « Il a Belzébul en lui…C’est par le chef des démons qu’il chasse les démons » (3, 22). Par ses guérisons spectaculaires, Jésus savait qu’il ne pouvait qu’exacerber leur méfiance puis leur haine.

Enfin et surtout Jésus craignait qu’on le prenne pour un guérisseur extraordinaire semant des prodiges pour susciter l’enthousiasme populaire, un messie tout-puissant entraînant derrière lui des foules exaltées. C’est pourquoi il ordonnait aux gens guéris de ne pas en parler. En vain évidemment !

La mission essentielle de Jésus, et dont il ne déviera jamais a été notée dès le début : « Il proclamait l’Evangile de Dieu et disait : Le temps est accompli et le Règne de Dieu s’est approché. Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (1, 14) Jésus vient fonder une communauté humaine telle que Dieu la veut pour son bonheur. Il en lance la nouvelle par la parole : il ne l’impose ni par la force des armes, ni par la ruse de la diplomatie ni par la fascination du merveilleux. Tout auditeur est appelé librement à croire en cette Bonne Nouvelle et à s’y engager en changeant radicalement sa manière de penser et de vivre.

Aussi c’est le cœur que Jésus veut guérir des plus dangereuses maladies qui s’appellent jalousie, égoïsme, colère, haine, racisme, cupidité…afin d’y faire éclore l’amour de Dieu et des hommes.

C’est précisément dans cette intention qu’il opère guérisons et exorcismes. Car que serait un amour cantonné dans des croyances abstraites, des prières bavardes, des échafaudages théologiques et un culte inefficace ? L’annonce du Royaume de Dieu doit rejoindre l’homme dans son être réel, sa réalité corporelle. Il arrive que notre charité soit indolente, paresseuse, myope, fatiguée…mais elle ne peut certainement pas demeurer désincarnée.

CROIRE NON AUX MIRACLES MAIS EN JESUS

Les récits de miracles ne nous laissent donc pas au niveau des débats historiques ni d’un émerveillement superficiel : ils nous montrent des gens qui croient et qui nous apprennent à croire comme eux.

Jaïre croit que Jésus peut guérir son enfant, si grave soit son état, et il l’appelle à entrer dans sa maison…au risque de se mettre à dos ses confrères, chefs de synagogue et pharisiens.

La femme dépasse sa peur, son état d’impureté rituelle qui lui interdisait tout contact avec autrui et elle ose venir effleurer la personnalité de Jésus (son manteau). La Loi lui enseignait qu’elle contaminerait tout homme qu’elle toucherait : sa foi lui souffle que Jésus est plus fort que la souillure et que sa bonté lui rendra la pureté.

Enfin Jaïre, prêt à s’effondrer dans le deuil et le désespoir à la mort de son enfant, est appelé à croire que, par Jésus, la vie peut pénétrer dans le lieu où la mort semble toute-puissante.

« Crois ! … Ta foi t’a sauvée (et pas seulement « guérie »)…Ne crains pas : crois… (non pas « Sache »)

Chaque page d’évangile est un appel à la liberté du lecteur. Qui est ce Jésus ? Un homme que l’on admire ? que l’on soupçonne ? …Ou à qui on demande sa propre guérison ?

MIRACLES AUJOURD’HUI

Il importe toujours de rappeler que Jésus n’incite jamais à la résignation, au fatalisme : ses « miracles » ne sont pas des tours de passe-passe pour épater la galerie et s’attirer les applaudissements mais ils sont, tous, des actes de bienveillance, de compassion. La souffrance n’est pas d’abord un destin à supporter mais un mal à combattre. Jésus soulage ses frères sous la croix avant de porter la sienne.

Quel est notre rapport aux malades ? La paroisse est-elle organisée afin de ne pas laisser seuls les frères souffrants, les parents en deuil (comme Jaïre), les personnes jugées impures (comme la femme) ? Des groupes de « visiteurs de malades » existent : ils sont à multiplier.

Entendre à l’Eucharistie les mots de Jésus « Ceci est mon corps…ceci est mon sang » est un appel permanent à entendre les cris étouffés derrière les murs de maisons, des hôpitaux, des maisons de retraite : « Ceci est mon corps qui se tord de douleur…Ceci est mon sang qui coule sous les blessures…Je suis seul et personne ne vient me voir …Ceci est le corps mort de mon enfant »

Les guérisons subites et extraordinaires sont rares mais le monde incroyant attend de voir « les miracles de générosité, les merveilles de dévouement » dont les croyants sont capables

« Vous êtes la lumière du monde…que votre lumière brille aux yeux des hommes pour qu’en voyant vos bonnes actions, ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux » (Matth 5, 14-16)

12eme dimanche du temps ordinaire

Auteur: Raphaël Devillers
Date de rédaction: 21/06/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B

LA FOI, UNE TRAVERSEE PEU TRANQUILLE

Marc n’est pas un reporter qui rapporte l’actualité au jour le jour et s’extasie sur les exploits d’un superman capable d’apaiser une tempête. Car Jésus n’est pas un magicien qui accomplit des prodiges pour épater la galerie et forcer l’adhésion des cœurs.

Marc n’est pas non plus un historien moderne qui, après enquête minutieuse, tente de dresser une reconstitution précise d’un événement passé avec tous les détails : date de l’événement, description des personnages, climat... Car il ne s’agit pas pour lui de plonger ses lecteurs dans un passé révolu mais tout au contraire de leur montrer comment cet événement les rejoint dans leur aujourd’hui.

Donc pas de scoop sensationnel ni de longue description mais un récit très bref qui nous dit l’essentiel, ce qui nous fait croire et progresser dans la foi.

Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule en paraboles. Le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. » Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient.

Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »

Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »

Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »

Quelle est l’actualité de ce récit pour nous ?

Auparavant Marc a rapporté la proclamation de la Bonne Nouvelle : les paraboles nous ont montré comment Dieu venait effectivement établir son règne de douceur et de paix dans les cœurs qui acceptaient de l’accueillir.

Ce bonheur ne peut être conservé dans le coffre des convictions privées ni dans un petit groupe de croyants enfermés sur eux-mêmes : l’Evangile est la clef qui ouvre à l’humanité la porte de la justice et de la paix donc il doit être proclamé, annoncé aux autres. Il nous faut « passer sur l’autre rive » c.à.d. sortir de notre nationalisme, de notre pré carré, de notre enfermement afin de rejoindre les autres, les multitudes immenses qui ne connaissent pas le Christ.

L’Eglise – symbolisée par la barque de Pierre – prend le cap vers d’autres destinations, elle s’élance à la rencontre amicale des autres, impatiente de leur présenter son trésor.

Or chaque fois que l’Eglise sort d’elle-même pour rejoindre les périphéries, comme dit notre pape François, elle rencontre des obstacles. Tant qu’elle était un club de gentils pratiquants qui ronronnaient de piété douceâtre et inoffensive, elle était tranquille car elle ne gênait personne. Mais dès qu’elle manifeste le désir d’apporter l’Evangile, des forces hostiles se lèvent et se déchaînent pour l’arrêter dans son entreprise. Car le monde sait que l’Evangile combat l’idolâtrie, débusque les mensonges, et même lutte contre le pharisaïsme religieux et le culte hypocrite – comme Jésus a osé le faire lui-même.

Aussi la tempête éclate, l’opposition se manifeste de plus en plus dure et les chrétiens embarqués dans l’entreprise missionnaire se voient en butte à une critique virulente. Et même, pire encore, il arrive que des disputes éclatent dans la barque : au lieu d’être une communauté unie dans le même projet, l’Eglise qui voulait apporter la paix aux autres s’aperçoit qu’elle-même n’arrive pas à préserver cette paix dans ses rangs. La tempête se lève en son sein, les tempéraments se dressent les uns contre les autres, les injures fusent, les dissensions déchirent les chrétiens.

L’évangélisation n’est et ne sera jamais une entreprise qu’il suffit d’organiser proprement, en gérant au mieux les ressources humaines : le mât de la barque « Eglise » aura toujours la forme d’une croix.

LA TEMPETE APAISEE ET PAQUES

La pire tempête, que celle-ci prophétise, éclatera à la fin de l’Evangile. Lorsque Jésus sera arrêté, condamné et exécuté au Golgotha, ses disciples étaient écrasés, comme anéantis. La Bonne Nouvelle semblait anéantie et la communauté faisait naufrage. L’échec semblait total.

La mission doit passer par la croix, la stupeur, l’écrasement et le silence du samedi-saint.

C’est alors que Jésus « se réveille »(le mot employé ici est celui qui sera utilisé pour le Ressuscité). Celui qui gisait mort dans la tombe se dresse debout. Celui qui n’était qu’un rabbi, un « maître » se révèle SEIGNEUR et sa Parole n’est plus seulement un enseignement religieux ou moral mais une Force capable de calmer les orages, de faire taire les disputes, de chasser les peurs.

NOS TEMPETES

« Pourquoi n’avez-vous pas encore la foi ? » nous dit-il. Oui, vous vous disiez chrétiens, vous étiez catéchisés, vous récitiez votre « credo », vous pratiquiez le dimanche comme des paroissiens polis et bien élevés. Mais vous n’aviez pas une confiance totale en Moi, vous n’aviez pas compris le mystère de la « pâque » que l’eucharistie cependant vous apprenait. La tempête et la nuit de l’épreuve semblent prouver l’absence, la mort de Dieu mais c’est par la nuit que s’ouvre une aurore nouvelle.

« QUI EST CELUI-CI ? ». La question traverse tous les évangiles et elle continue à recevoir toutes sortes de réponses. Jésus reste mystère. Mais en affrontant les tempêtes, en traversant les nuits de la foi, l’Eglise peu à peu le découvre. Non comme quelqu’un qui lui apporte toujours succès et réussite mais comme son SEIGNEUR.

Alors ayant vu couler toutes ses illusions, ses bagages inutiles, ses idées trop humaines, purifiée par l’épreuve, sortie de l’abîme, l’Eglise peut accoster à d’autres rivages et rencontrer d’autres hommes – ce que Marc racontera ensuite (Mais ce texte ne sera pas lu en liturgie) 

En faisant retentir la Parole de son Seigneur, elle ne leur impose pas ses convictions, ne déclenche aucune croisade, ne fulmine aucun anathème ; elle exorcise l’homme tordu par la violence, elle calme les hurlements, propose la douceur et la paix.

Il ne nous sera pas demandé si nous croyons que Jésus a calmé la tempête survenue à tel jour telle heure, sur le lac de Galilée, mais « as-tu eu assez confiance en lui pour poursuivre ta route, convaincu que les forces du mal ne l’emporteront jamais ? Es-tu resté membre de l’équipage où les disputes sont guéries par la réconciliation ? Gardes-tu le désir de porter l’Evangile plus loin, de rendre ta paroisse plus missionnaire ? Les malheurs te font-ils appeler le Seigneur ?... »

 

11eme dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 14/06/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B


11ème dimanche année B : le 14 juin 2015

Dans son spectacle « Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus », Paul Dewandre explique que beaucoup d’hommes, lorsqu’il leur est demandé de faire bouillir de l’eau, restent à côté de la casserole comme s’ils pensaient que l’eau allait bouillir plus rapidement. Il n’y a bien évidemment aucune corrélation entre la présence à côté d’une casserole et la rapidité avec laquelle l’eau va bouillir. Alors pourquoi les hommes agissent-ils souvent de la sorte ? Certains diront que, vu qu’ils sont mono tâches, ils ne peuvent accomplir qu’une action en même temps, d’autres diront qu’ils ont besoin de contrôler que l’eau va bouillir convenablement et surtout comme ils l’ont envisagé. Si cette dernière hypothèse est correcte, alors il est bon de méditer l’évangile que nous venons d’entendre.

En effet, celui-ci nous invite à une véritable dépossession, une démaîtrise ou encore un lâcher prise : « nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment ». Notre vocation humaine est d’une simplicité déconcertante dans le projet divin. Nous sommes des semeurs. Nous ne devons jamais nous arrêter de semer. Telle est notre tâche. Telle est notre destinée. Non seulement parce que semer, c’est s’aimer mais aussi parce que, toutes et tous, nous avons été appelés à la vie. Oui, osons semer sans jamais nous arrêter. La manière dont nos semences vont germer et grandir ne nous appartient pas. Il en est du ressort de la liberté de celles et ceux en qui nous avons semé. Il en va d’ailleurs pour nous comme pour Dieu. En effet, Dieu est le semeur par excellence et dès l’instant où il semé notre Création, il a choisi de s’en retirer pour nous laisser tout l’espace nécessaire afin que nous puissions à notre tour devenir des semeurs d’amour, des semeurs d’humanité. Mais comment faire pour vivre tout cela dans la sérénité ? Peut-être en acceptant de prendre le parti de la confiance et de la patience. Confiance et patience sont les qualités premières de tout semeur. Au tout début de notre existence, nous avions confiance puis au fil des ans, celle-ci a parfois été trahie, abimée. Nous avons appris à nous méfier et aujourd’hui, nous faisons confiance, c’est-à-dire qu’elle est devenue le fruit de notre volonté. Nous le décidons. Nous le risquons. Lorsque nous semons, nous sommes à notre tour invités à faire confiance en celles et ceux en qui nous avons semé. Ils sont la bonne terre de Dieu. Et comme toute terre, celle-ci est parfois un peu rocailleuse, un peu encombrée de mauvaises herbes. Osons cette confiance que la semence germera et grandira même si nous ne savons pas comment. Si Dieu nous a fait confiance, n’est-ce pas la moindre des choses d’en faire de même ? Mais la confiance doit s’armer de patience. Cette dernière doit être élevée au rang de vertu tellement elle est fondamentale. Dans la vie, nous avançons chacune et chacun à notre rythme. Il n’y a pas une voie universelle que tout le monde pourrait emprunter. Nous sommes façonnés par nos histoires respectives. Nous portons parfois des ballots de blé qui ne nous appartiennent pas et qui nous encombrent sur le chemin de notre destinée. Il peut aussi nous arriver de nous tromper, de trébucher, d’errer, voire parfois de transgresser. Telle est notre condition humaine. La patience est alors la vertu qui est capable de tolérer l’imperfection des conduites afin de mieux les parfaire. Je me permets de vous répéter cette dernière phrase : la patience est alors la vertu qui est capable de tolérer l’imperfection des conduites afin de mieux les parfaire. En ce sens, la vie peut nous sembler parfois douloureuse. Nous aimerions tant que ce que nous avons semé puisse mûrir tel que nous l’avions envisagé. D’où l’importance d’accepter cette démaîtrise, ce lâcher prise pour permettre à chacune et chacun d’advenir à lui-même à son propre rythme malgré ses incohérences. Effectivement, nous sommes les biographes de nos histoires et lorsque nous choisissons de l’écrire avec l’encre divine, nous en devenons les théographes. La théographie est la calligraphie de la foi qui s’écrit avec l’encre de la confiance et de la patience. S’il en est ainsi, il ne nous reste plus qu’à prendre notre confiance en patience et notre patience en confiance. Alors et alors seulement, viendra le temps de la moisson puisque le blé sera mûr.

Amen

11eme dimanche du temps ordinaire

Auteur: Raphaël Devillers
Date de rédaction: 14/06/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B

PARABOLES POUR ECOUTER LES MESSAGES

Après 4 mois consacrés au mystère pascal (préparation et célébration), nous reprenons aujourd’hui la lecture continue de l’évangile de Marc et nous nous retrouvons au chapitre des paraboles. Celles-ci ne sont pas des images pour enfants du catéchisme, des petites histoires glissées pour agrémenter le récit, mais un mode fondamental d’enseignement de Jésus.

En effet le message qu’il ne cesse de proclamer est : « Le temps est accompli et le Règne de Dieu s’est approché ; convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (1, 15). Mais que signifie ce Règne de Dieu ? Comment « s’approche-t-il » ?

C’est pour répondre à ces questions que Jésus invente des paraboles. Il n’est pas possible en effet de donner une définition abstraite de cette réalité : que Dieu vienne régner n’est pas un dogme à croire mais un événement, une histoire qui se déroule et dans laquelle nous sommes invités à entrer. On ne parle pas du Royaume de Dieu comme d’une philosophie dont on peut discuter à l’infini, d’une religion qui apaise l’angoisse par quelques croyances et des rites. Le Royaume est acte dans l’histoire et c’est par nos actes dans notre histoire que nous l’accueillons, que nous le vivons et qu’il se développe. Celui qui fait comprend.

Il ne s’agit donc pas seulement d’une exhortation morale, d’un encouragement à être gentil et à faire le bien mais d’un appel à prendre la décision ultime qui décide du sens de la vie. « Le temps est accompli » c.à.d. il ne faut plus attendre un événement postérieur, une occasion meilleure : si « Dieu vient régner », il n’est pas et il ne sera jamais de meilleure nouvelle.

Mais ce Règne ne s’impose pas comme les souverainetés terrestres, il ne trace pas les frontières de son territoire et ne recourt pas à la puissance. C’est à chaque auditeur de se décider, de « croire », de faire confiance à Jésus en « se convertissant » c.à.d. en abandonnant ses idées mondaines, en remettant en question l’échelle de valeurs que le monde lui inculque, en changeant de manière de vivre, en choisissant de conduire son existence comme Jésus l’explique dans son Evangile.

Le Royaume se propose à la liberté : c’est pourquoi il se proclame, il est annonce, il est parole. Ce n’est pas un hasard que la première parabole soit celle du semeur : « Ecoutez ! Voici que le semeur est sorti pour semer… » (4, 3) et que le premier mot soit « Ecoutez ! ».

Le Règne de Dieu se reçoit par l’écoute du cœur et non de l’intelligence seule. Il n’exige aucun préalable, aucune condition. Il ne faut pas d’abord étudier la théologie ni avoir des mœurs impeccables ni montrer un bon caractère. Caïphe le grand prêtre le refuse tandis que Zachée le voleur l’accepte ; Ponce Pilate ne comprend pas, le bon larron s’y jette.

Ce Royaume, une fois inauguré par Jésus et l’Evangile, continuera son expansion sans que rien ne l’arrête ; et après un début infime, il se développera immensément. C’est ce que nous apprennent les deux petites paraboles de ce jour.

LA SEMENCE POUSSE …POUSSE …

Parlant à la foule en paraboles, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »

Lorsque nous avons un projet, nous réfléchissons aux potentialités offertes, nous craignons les obstacles éventuels qui vont surgir, nous appréhendons l’échec toujours possible. Il n’en va absolument pas de même pour le progrès de l’Evangile, dit Jésus, car, comme une graine, il possède en lui une force interne de croissance. Le fermier n’a pas à se tracasser, à tirer sur les feuilles, à venir en pleine nuit contrôler pour voir si tout va bien. La poussée est imperceptible, rien ne se remarque d’une heure à l’autre mais la vie éclot, le brin sort de terre, il grandit, devient épi et blé.

Jésus n’était pas un optimiste naïf: il était certain que le Royaume était le projet de son Père, qu’il devait l’annoncer, lancer ses paroles à tout vent. Certes il y aurait beaucoup d’échecs, beaucoup d’applaudissements factices, beaucoup d’adhésions sans lendemain mais le projet allait grandir dans tous les continents et jusqu’à la fin des temps. Alors le Grand Moissonneur récolterait tout le bien possible.

Un curé n’est pas un chef d’entreprise et le croyant ne peut être défaitiste. Osons poursuivre nos tâches, semons sans nous décourager, soyons créatifs, attentionnés mais surtout soyons certains que Dieu vient régner, que le mal ne l’emportera jamais.

Le bon Pape Jean XXIII racontait qu’au début, il vivait avec beaucoup d’anxiété, écrasé par l’ampleur de sa charge. Et, une nuit d’insomnie, il entendit l’Esprit lui souffler : «  Dis, Jean, qui dirige l’Eglise ? C’est toi ou moi ? » - Oh, c’est Vous, Seigneur – Eh bien alors, dors tranquille et laisse-moi faire ».

PETIT DEBUT … GRAND DEVELOPPEMENT

Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ?...Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »

Aujourd’hui tout le monde constate la présence de l’Eglise : ses édifices imposants, ses réseaux d’œuvres hospitalières et scolaires, ses chefs-d’œuvre artistiques. Mais au point de départ ? Comment apparaissaient Jésus, cet ouvrier de la campagne avec son ramassis de pêcheurs et d’hurluberlus qui le suivaient naïvement ? Ponce Pilate, Caïphe et les autorités, tous étaient bien d’accord : ce groupe allait disparaître aussi vite qu’il était apparu. Il y avait toujours des soi-disant révolutionnaires, des « prometteurs de Bon Dieu » qui se succédaient sur la scène publique et tous étaient oubliés après quelques années. Il en irait de même avec ce Jésus. Et on en était encore plus convaincu lorsqu’il avait été condamné et mis en croix comme un infâme. On avait fait une croix sur Jésus, il ne reviendrait plus.

Et pourtant ce même Jésus tourné en dérision ose paisiblement affirmer au peuple : L’œuvre que j’inaugure ne s’arrêtera jamais. Elle est minuscule : un petit groupe de pauvres perdus dans un coin de l’Empire romain, sans armes, sans ressources, sans intellectuels, sans appui de la grande finance. Eh bien je vous l’assure, des empires crouleront, des ambitieux ne laisseront que le souvenir de leurs carnages, des livres salués comme des chefs-d’œuvre moisiront dans les bibliothèques…mais la petite graine de l’Evangile n’en finira pas de s’étendre.

Comme des païens, nous misons souvent sur les grandes choses, nous cherchons des moyens importants avant de nous mettre à l’œuvre ; les rassemblements et les pèlerinages de masse nous impressionnent plus qu’une petite Eucharistie vécue avec quelques personnes âgées dans une église froide.

Il nous faut opter pour des moyens pauvres, miser sur le minuscule, cesser de guetter les taux d’audience et les chiffres de l’audimat. Un jour, le jeune héritier d’un très riche marchand renonça à la richesse et à la réussite sociale et s’en alla, seul, pauvre, le cœur plein de joie en chantant l’Evangile : François d’Assise plantait une graine minuscule qui a rempli le monde.

Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.

Plusieurs autres paraboles apparaissent dans les évangiles : c’est en les méditant toutes ensemble que nous pouvons pénétrer dans le mystère du Royaume. Mais nous n’y parviendrons qu’en priant Jésus de nous les expliquer lui-même. Les difficultés de lecture nous appellent à nous approcher de Jésus pour lui demander la grâce de la lumière et ainsi les paraboles remplissent leur fonction : nous faire croire. Ainsi Dieu étend son Règne.

Le Corps et le Sang du Christ

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 7/06/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2014-2015

            En ce dimanche de la Fête-Dieu consacré au mystère de l’Eucharistie, je voudrais, frères et sœurs, vous inviter à méditer sur ce que nous faisons pendant la communion et réfléchir un peu sur les gestes que nous accomplissons.

            Tout d’abord, pendant la communion, nous recevons le Corps du Christ. Ceci me paraît important : nous recevons. J’ai déjà vu ainsi un chrétien prendre dans ses doigts l’hostie que je lui présentais. Bon ! Je n’en fais pas un drame. Tout le monde a des gestes ou des attitudes qui peuvent me paraître admirables ou étonnants. Néanmoins je me permets d’insister sur le fait que nous recevons l’Eucharistie. Et cela n’est pas une invention de vieux vicaire ou de vieux évêques. Dans tous les récits de l’Eucharistie, il est dit que notre Seigneur prit le pain, rendit grâces, le rompit et le donna à ses disciples. Ce sont là les quatre gestes qui sont sans cesse répétés depuis les débuts de l’Eglise : prendre le pain (c’est l’offertoire), rendre grâces (c’est la prière eucharistique), rompre le pain (c’est fait juste avant la communion) et le donner aux disciples. L’Eucharistie, c’est quelque chose, c’est quelqu’un que l’on reçoit. On ne s’empare pas de l’Eucharistie, comme des chiens qui iraient se jeter sur leur proie et la déchiquetteraient. L’Eucharistie, c’est quelqu’un qui nous est offert. Il faut penser à ce qui se passait dans les anciennes cultures. Le chef prenait la bête bien cuite, en découpait les plus beaux morceaux et jetait le reste à ses proches. Ici, Jésus agit comme le maître de maison, qui prend le pain, le découpe et le donne à ses disciples. C’est le partage du pain, c’est le partage de la vie. Et c’est très important pour chacun d’entre nous qui donnons l’Eucharistie. Nous agissons comme le Christ, nous sommes comme le Christ, porté par l’Eglise pour apporter à l’Eglise le pain de vie.

            Ça, c’est la première chose importante : nous recevons le Corps du Christ. La deuxième chose, c’est de savoir comment nous le recevons. Depuis Vatican II, nous pouvons le recevoir dans nos mains, croisées. Ce n’est pas une invention de Vatican II, c’est une restauration d’un vieux rite, du premier rite connu dans l’Eglise. Nous le savons grâce à Cyrille, évêque de Jérusalem au quatrième siècle. Cyrille a écrit de très belles homélies pour préparer les adultes au baptême. Il y précise que nous présentons nos mains croisées comme un trône pour recevoir l’Eucharistie. Nos mains sont comme un trône, non pas parce que nos mains sont belles et nobles, mais tout simplement parce que nos mains sont transfigurées par la présence de Dieu. Cela me rappelle cette anecdote : c’était un chef scout qui m’a raconté qu’il avait vu le maire de Lille, qu’il lui avait serré la main et que depuis il ne se lavait plus la main. C’est ridicule, mais cela exprime bien que la présence de quelqu’un d’important transforme les objets qu’il touche. C’est comme le porte-plume que Churchill a utilisé pour signer tel ou tel traité, ou même le lit où la reine Victoria a dormi pendant ses vacances. Tous ces objets sont remplis de la présence de ces personnages historiques. Ici, c’est beaucoup plus beau et beaucoup plus important : nos mains sont transfigurées par le contact avec le Corps du Christ, comme notre corps est transformé par la présence de Dieu dans notre vie. C’est comme pour le baptême : l’enfant reçoit l’onction d’huile sainte. Son corps devient comme un autel, un signe de la présence de Dieu dans sa vie et dans notre vie. On ne fait plus ce que l’on veut de ses mains ni de son corps. Ils sont signes de la présence de Dieu. Nous devons leur permettre, nous devons nous permettre d’être transformés par la présence de Dieu dans notre vie, dans notre corps.

            Nous recevons le Corps du Christ, nous le recevons dans nos mains qui sont comme un trône, et nous le portons à tous nos frères et sœurs absents. Cette attention pour les frères et sœurs absents est présente dès la première description de l’Eucharistie. C’est Justin de Naplouse qui, vers 170, explique aux empereurs romains le déroulement de l’Eucharistie chez les chrétiens. Non, dit-il, nous ne faisons rien de mal pendant ces liturgies, nous prions, nous partageons le même pain et nous le portons à nos frères et sœurs absents. Cela veut dire deux choses : que les premiers chrétiens étaient convaincus que ce pain avait une valeur, une qualité toute particulière, au point qu’il fallait que tous les chrétiens puissent en profiter, même ceux qui étaient absents. Il y avait donc déjà à ce moment-là la conviction d’une présence réelle de Dieu dans l’Eucharistie. Il y avait aussi la conviction que le Corps du Christ est fait pour être partagé et que personne ne peut en être privé. Pourquoi ? Parce que c’est autour du Saint-Sacrement, autour de l’Eucharistie que se construit une communauté. Comme pour une famille le repas du dimanche midi quand tout le monde est rassemblé, la messe dominicale pour une paroisse est le moment de construction, d’édification de la communauté. Nous sommes tous ici rassemblés parce que nous avons tous été appelés par un même Dieu et sauvés par un même Seigneur et que nous voulons tous partager et construire cette joie de l’aimer et de le servir.

Le Corps et le Sang du Christ

Auteur: Didier Croonenneghs
Date de rédaction: 7/06/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2014-2015

En revenant de la messe radio ce matin, au cœur d’une verdoyante vallée, j’ai été bloqué en voiture pendant près d’une demie heure… par une procession, des chars de fleurs, des enfants habillés en angelots, des motards de la police, des sousaphones, quelques touristes en short —une canette à la main bien entendu— tous amusés de voir les prêtres en procession, ruisselants sous ce soleil du mois de juin… Vous imaginez le tableau. Il y a des rites qui nous parlent, et d’autres qui ne signifient pour nous pas ou plus grand chose ! Certains se méfient même de cette fête et de sa folklorisation. D’autres se plaignent que nos églises sont vides… enfin certaines… Alors, en cette fête du Corps et du Sang du Christ, prenons un peu de temps pour méditer sur ce mystère qui nous rassemble à chaque eucharistie.

Finalement, nos vies sont parfois comme nos célébrations : elles peuvent être stéréotypées, vécues comme un simple rite à réaliser. Mais combien de personnes au sein au boulot, ou dans leur famille ne font-elles pas aussi les choses simplement rituellement, par devoir, plutôt que par bienveillance ? Beaucoup se plaignent du train train quotidien, mais sont déstabilisés lorsque l’imprévu survient.

Finalement, ce que nous rappelle la fête d’aujourd’hui n’est pas de mettre un peu de vie dans nos eucharisties —même si c’est important—, mais surtout de l’eucharistie dans nos vies. Devenir des êtres humains eucharistifiés ! L’enjeu n’est donc pas tant la pratique —célébrer ce que nous vivons— mais de vivre… afin que nous ayons réellement quelque chose à célébrer.

Et fondamentalement, vivre ce que nous célébrons, c’est mettre de la présence dans nos rencontres, une présence bien réelle. Il y a tant de gens qui attendent que nous soyons pour eux eucharistifiés, c’est à dire que nous soyons réellement présents à leurs côtés, par nos paroles, par notre écoute.
Il y a tant d’humains affamés de paroles, des paroles qui ne sont pas dans le culte de l’ego, de la performance, du paraître. Il y tant de personnes affamées de paroles qui libèrent…

Bartolomé de Las Casas, dominicain espagnol qui prit part à la conquête des Amériques au 16ème siècle, commence son Histoire des Indes, en disant qu’il fut un jour incapable de célébrer l’eucharistie. Il lui fallait d’abord, écrit-il, commencer par libérer les Indiens. Célébrer n’avait pour lui plus aucun sens, si des changements concrets ne s’opéraient pas réellement dans la vie. Il est vrai que nous pouvons être des absences réelles pour nos frères et sœurs, qui ont faim et ont besoin de libération, ceux dont nous oublions de nous faire proche.

Alors, si certains pensent parfois que le cœur de la vie chrétienne se fait dans la célébration, je pense qu’ils se trompent. L’enjeu premier est bien la vie, ce que nos eucharisties viennent ensuite célébrer d’une manière toute particulière, et inscrire dans la mémoire du Père.

Etre eucharistifié, c’est enfin faire mémoire, mais une mémoire paradoxale qui nous plonge non dans le passé, mais nous ouvre tout au contraire un avenir. En effet, le pain pris par Jésus est un pain sans levain. Le levain est ce passé que l’on fait resurgir, que l’on ressasse ou remet au goût du jour. Notre monde occidental à un curieux rapport au temps. Dans un monde tiraillé entre devoir de mémoire et droit à l’oubli, l’eucharistie nous invite à un autre rapport à l’histoire, à notre histoire.

Elle consiste à faire mémoire de tous ces moments de gratuité, de don — non pour nous plonger en arrière— mais pour nous tirer vers l’avant, pour nous montrer que de la nouveauté peut toujours surgir. Alors, chacun de ces instants où nous avons pleinement vécu et été réellement présents, s’inscriront à jamais dans la mémoire aimante du Père.

Que cette fête, loin de toute folklorisation, nous pousse à être réellement présents auprès ceux auxquels nous sommes appelés, et mettre ainsi un peu d’eucharistie dans nos vies, dire à ceux que nous aimons, —par des gestes bien réels— : « Prends, ceci est ma vie ». Amen.

Le Corps et le Sang du Christ

Auteur: Michel Van Aerde
Date de rédaction: 7/06/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2014-2015

« Vous ferez cela en mémoire de moi ». Cette phrase, apparemment simple, cache, à mon avis, un trésor infini. Et nous passons à côté, si nous vivons l’eucharistie dans la routine, sans nous y impliquer. Car cette parole de Jésus, à l’indicatif futur: « vous ferez », nous introduit totalement à ce qu’il vit. Elle nous place à ses côtés, non pas comme consommateurs passifs, mais comme acteurs pleinement engagés, aussi engagés que lui, dans ce qu’il fait : « vous ferez cela en mémoire de moi ». A votre tour, vous accomplirez ce même geste, avec tout ce qu’il implique de conséquences et de signification.

Il ne s’agit pas d’un jeu. Il ne s’agit pas d’une simple théâtralisation d’un rite sacré. Il ne suffit pas de lever la coupe de vin et de présenter le pain pour « faire cela », comme il ne suffit pas de marcher pieds nus, avec une tunique longue, en portant la barbe, pour s’imaginer suivre Jésus. « Vous ferez cela en mémoire de moi », cette phrase, vous vous en souvenez, se trouve tout à la fin, quand nous avons fait mémoire de la Pâque et que nous avons consacré le pain et le vin, offerts, partagés, donnés à boire et à manger.

Le souvenir nous introduit, non pas seulement dans un événement passé, mais dans un geste, une action, une dynamique qui se poursuit, en nous, par nous, par notre corps et dans notre corps. Il s’agit d’un banquet qui embrasse l’histoire humaine et qui nous rassasie d’amour donné, offert, reçu, partagé de manière contagieuse et ouverte, à tous ceux qui veulent bien s’y intéresser. Il s’agit d’un rituel, d’un geste codifié, qui se répète à l’infini depuis 21 siècles, sur toutes les parties du globe : une simple petite phrase qui est comme une musique, une invitation à la danse, une initiation à l’amour. Rien de bien compliqué : « vous ferez cela ». Vous prendrez un peu de votre nourriture de base, un peu de pain, « une nourriture qui gain force », comme on dit en Haïti, une nourriture qui donne de l’énergie. Et un peu de vin, une boisson forte elle aussi, fermentée, qui communique joie et même un peu d’ébriété si l’on en prend une bonne quantité… « Vous ferez cela en mémoire de moi », en mémoire d’un dernier repas qui n’en finit pas de se terminer, où le pain devient corps livré et le vin, sang versé, parce que cela a été fait, parce que tout a été accompli, parce que l’amour est allé jusqu’au bout, parce que Jésus a bu la coupe jusqu’à la lie. « Vous ferez cela en mémoire de moi », phrase indissociable de ce qui a suivi, geste qui résume et qui livre le don incroyable de la vie de notre Dieu.

« Vous ferez cela en mémoire de moi ». Nous le percevons bien, cela va très loin, plus loin que simplement lever le coude, un verre de vin à la main, plus loin que faire circuler quelques morceaux de pain. « Vous ferez cela en mémoire de moi », c’est faire ce qu’il a fait, avec la même bonté. Cela paraît simple comme tout, et c’est vrai, c’est simple comme bonjour. Mais c’est faire ce que Jésus a fait, c’est faire ce que nous faisons déjà chaque jour, plusieurs fois par jour, à chaque repas, et qui déjà nous maintient en vie. Mais c’est le faire en mémoire de Jésus, et Jésus est peut être très simple, ce qu’il a fait est pourtant extrême et touche à l’infini, au sublime, à l’absolu. Partager ce pain, boire à cette coupe, devient pour nous un acte de nourriture tout à fait unique, où nous mangeons ce que nous devenons, où nous sommes mangés donc, tout autant que nous mangeons, où nous faisons corps avec celui qui donne son corps, où nous devenons un, ensemble, dans l’esprit qui nous permet de faire ce geste à notre tour, où nous devenons ensemble un même corps.

« Vous ferez cela en mémoire de moi ». La mémoire, celle de l’Esprit Saint, est ce qui nous transforme en lui. Nous devenons lui, nous sommes lui, qui fait à nouveau ce même geste, par nous, en nous et avec nous. Et ce même geste ne s’arrête pas à celui du repas, il signifie, il indique, il englobe les tortures, et la mort qui a suivi, pour culminer dans la résurrection. Ce geste introduit dans une chute et un rebond, une perte et des retrouvailles, une épreuve et un pardon.

« Vous ferez cela en mémoire de moi ». Tout à l’heure, pour vous y associer pleinement, je vous invite à le dire avec moi, à le répéter après moi. Ou plutôt, après lui, avec lui !

 

 

Sainte Trinité

Auteur: Dominique Collin
Date de rédaction: 5/04/15
Année liturgique : B
Année: 2014-2015