2e dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Sélis Claude
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 2011-2012

Le maître-mot des lectures de dimanche passé était : « Veillez ». Le maître-mot de ce 2° dimanche de l'Avent pourrait être : « Préparez-vous », préparez, à travers le désert, le chemin du Seigneur.

Le fait que l'évangéliste Marc commence son évangile par cet appel lancé, près de 600 ans avant, par Isaïe, n'est pas sans signification. Dans la bouche d'Isaïe, il s'agissait d'annoncer la fin de l'exil à Babylone et la possibilité de retourner à Jérusalem. Dans la bouche de Marc, il s'agit aussi de quitter un exil mais un exil intérieur, celui du péché, et de se tourner résolument vers la Jérusalem nouvelle, non plus une patrie géographique mais une patrie spirituelle, ce Royaume de Dieu que va inaugurer Jésus.
Quand Isaïe lançait son message, il était à Babylone avec les Juifs déportés. Le désert n'y était pas qu'une image : il y avait bien près d'un millier de km de désert entre Babylone e t Jérusalem. A l'époque de Jean-Baptiste, le peuple juif habite à Jérusalem et pourtant l'évangéliste reparle d'un chemin à travers le désert ! Jean-Baptiste n'aurait-il pas  pu prêcher à Jérusalem même, là où se trouvait le peuple ? Non, expressément, il s'éloigne de la ville et va prêcher dans le désert de Juda (en fait, à peine à quelques dizaines de km de Jérusalem). L'évangéliste ne pouvait pas être plus clair pour exprimer que, pour se préparer à accueillir le Messie, il y a toujours à prendre distance par rapport à l'artifice et à l'affairisme de la « ville » et qu'il y a toujours un chemin d'épuration à faire, un désert à traverser.

La symbolique biblique du désert est double. Le désert symbolise certes la désolation, le risque de mort. Mais il est aussi le lieu où, précisément parce que l'homme s'y sent petit et démuni, il peut y faire l'expérience de l'intimité avec Dieu. C'est cette expérience-là qui est proposée par Jean. Mais pour rencontrer le Christ, il ne s'agira plus de faire des milliers de km, ni de se vêtir de poils de chameau et de manger des sauterelles, il s'agira de « faire désert » : de se débarrasser des artifices, de retourner à l'essentiel, bref de se convertir. Jean-Baptiste a sans doute permis à bien de ses contemporains de faire cette expérience. D'autre part, ce récit sur Jean-Baptiste a inspiré des générations d'ermites, de mystiques et de moines mais ce n'est là qu'un chemin qui ne garantit d'ailleurs pas d'aboutir à la disposition d'esprit nécessaire. Préparer la venue du Sauveur, c'est nous préparer pour que sa parole porte du fruit en nous. Il s'agit, par notre comportement évangélique, d'incarner à notre mesure le message de salut qui nous fait vivre. A ce moment là d'ailleurs, nous deviendrons nous-mêmes des Jean-Baptiste pour tous ceux qui nous entourent et participerons à notre tour à cette ½uvre de préparation.

L'épître de St Paul nous explique d'une autre manière ce que peut signifier cet exercice de conversion, de retournement intérieur. Les images de destruction apocalyptique qu'il emploie doivent nous faire penser « à l'humain que nous devons être », à ce que nous devrions être « quand il n'y a plus ni cieux, ni terre », c'est-à-dire quand nous serons seuls face à Dieu, amenés à faire la part entre l'essentiel et l'accessoire. Quand on aura fait ce discernement, on aura quelque chance de devenir un « homme nouveau ». Nous serons alors dans les conditions pour comprendre ce que peuvent être ces « cieux nouveaux et terre nouvelle » inaugurés par la venue du Christ-Messie.   

34e dimanche ordinaire, année A (Christ Roi)

Auteur: Croonenberghs Didier
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2010-2011


Ce mardi 15 novembre, nous avons célébré en Belgique la fête du Roi : une fête d'origine religieuse, et qui de nos jours est doublée de célébrations laïques.  Séparation de l'église et de l'état oblige !

Mais aujourd'hui, il ne s'agit pas de lier --ou non-- la monarchie à une religion ou une confession, mais notre foi à une forme de pouvoir,
de lier notre foi à l'image d'un roi ;
à la figure du Christ, qui ne s'est jamais appelé roi... 
Et avouez que ce chemin-là est bien difficile à prendre !

En effet, en célébrant le Christ-Roi, comment ne pas ressentir un certain malaise ? 
La royauté du Christ est-elle à entendre de manière 'puissante',
comme l'époque qui vit naître la fête du Christ-Roi dans les années 20 ?
Avec le titre de Roi, il est bien facile de transformer celui que nous appelons la lumière des nations en un monarque puissant, un 'Roi soleil' ? Avec cette fête, nous ne sommes pas loin d'une Eglise triomphante, militante, s'appuyant sur une puissance ou un pouvoir que le Christ n'a finalement jamais exercé.

Vous l'aurez compris... Nous célébrons aujourd'hui tout le contraire !  Nous fêtons un Roi tout à fait paradoxal, un roi qui a perdu tout pouvoir et qui n'en a jamais eu.

La royauté dans les Evangiles est celle d'un roi qui entre à Jérusalem, monté sur un âne, la monture des pauvres.  Et la puissance de son amour se manifeste dans l'impuissance d'un condamné cloué sur une croix. Vraiment, cette royauté n'est pas de ce monde ! Et on est bien loin de « place royale » !

En effet, dans toutes les monarchies du monde, la coutume veut qu'on ne « découvre pas la couronne », c'est-à-dire qu'on ne révèle pas l'opinion du roi
afin de le protéger, de le préserver, afin qu'il ne puisse être mis en défaut. 

C'est tout le contraire que nous fêtons aujourd'hui. Nous fêtons un roi, révélé, rencontré --dévoilé dans sa vulnérabilité--  parce qu'il se rencontre chez les malades, les souffrants, les démunis. La royauté du Christ se dévoile sur la croix, non dans la puissance, mais dans la vulnérabilité et dans l'échec.

Et comme si cela ne suffisait pas pour nous écarter de nos images classiques de la royauté, le royaume des évangiles est un royaume sans monarchie ! La monarchie --je ne vous apprendrai rien-- est le pouvoir non d'un seul mais en un seul. C'est le système politique où le pouvoir est symbolisé par une seule personne. 


L'Evangile que nous venons d'entendre pour cette fête nous dit tout l'inverse : « Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. »
Si celui qui s'est fait le plus petit est Roi, alors les exclus, les affamés, les démunis, les malades, les souffrants sont rois également. « Au Royaume du Christ, c'est la fraternité qui prime ! » Voilà le royaume que nous partage le Christ, qui --comme le dit la lettre à Timothée-- veut nous faire régner avec lui.

Ne cherchons donc pas un royaume séparé et sacralisé, élevé au-dessus du monde, voire même en dehors du monde.
Toute rencontre avec Dieu se réalise par un engagement de fraternité dans et pour le monde, dans l'ouverture et le service, dans une relation renouée, dans un pardon accordé. Tout simplement.

Maurice Bellet, dans son minuscule traité acide de spiritualité, écrit ceci :
« J'avais faim, dit Jésus, et vous m'avez donné à manger.

Mais nous avons trouvé plus évangélique...
J'avais faim et vous m'avez dit : bienheureux les pauvres.
J'étais nu et vous m'avez dit : regardez les lis des champs.
En prison et vous m'avez dit : la vérité vous rendra libres. »

Nous ne sommes pas invités à fuir le monde ou la rencontre en la spiritualisant trop vite. Vêtir quelqu'un, lui donner à manger, c'est le rencontrer
en son lieu de faiblesse, c'est le visiter dans son manque, 
c'est le rencontrer au lieu même de son c½ur et de ses blessures,
pas à la périphérie de son être.

Le danger de cet Evangile est qu'il soit trop vite spiritualisé dans le mauvais sens du terme. Comme si nous étions invités à rencontrer les autres en tant qu'ils sont l'image du Christ. Nous sommes, tout au contraire, conviés à rencontrer notre prochain, comme prochain, c'est-à-dire comme celui dont nous voulons véritablement, gratuitement, nous faire proche.

Puissions-nous alors, en cette fête du Christ-Roi, trouver la force de gouverner nos vies non pas pour régner, mais pour faire régner un royaume de fraternité.
Alors l'amour d'un Dieu fragile,
et la tendresse d'un roi qui s'agenouille devant nous,
pourra venir illuminer nos vies. Amen.

34e dimanche ordinaire, année A (Christ Roi)

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2010-2011

Le mal c'est ne pas faire

Les deux chapitres 24 et 25 constituent l'ultime discours de Jésus dans Matthieu : à deux jours de la Pâque où il va être mis à mort, il donne ses dernières instructions aux disciples : « Annoncez la Bonne Nouvelle dans le monde entier ; alertez sur les dangers des faux sauveurs ; vous connaîtrez des guerres et des persécutions, mais, un jour inconnu, « le Fils de l'homme viendra rassembler ses élus » (24, 31) ».
Et il termine sur une consigne capitale : « Veillez, tenez-vous prêts » (24, 42-44).

Ensuite trois paraboles illustrent en quoi consiste cette vigilance :
-    La 1ère adressée aux responsables des communautés chrétiennes : que le serviteur établi sur la maison exerce bien ses responsabilités (24, 45-51). Car il y aura jugement et il risque d'être jeté dehors.
-     La 2ème et la 3ème rappellent à tous les disciples de garder la lampe de la foi allumée (rôle féminin : 25, 1-13) et de faire fructifier les talents reçus (rôle masculin : 25, 14-30). Car il y aura jugement et danger d'être rejeté !

Donc les disciples connaissent tout l'enseignement de Jésus. Maintenant il reste l'essentiel : ce qui va se produire les jours suivants. Jésus invente l'Eucharistie pour que ses disciples pénètrent dans ce mystère de l'amour qui les unit ensemble, Christ et eux. Sur la croix, il donnera sa vie pour eux afin qu'ils vivent en lui et entre eux. La Résurrection pascale les convaincra du présent éternel de cette communion.  Ils ne croient plus en un messie qui gagne à la guerre, supprime le mal et comble de cadeaux.  Tout est achevé. L'unité « Dieu/homme » révélée en Jésus peut se vivre et se déployer universellement dans tous les disciples : Ils sont « mon corps, mon sang ». Encore faut-il qu'ils restent fidèles : la perspective du jugement final demeure.

ET LES AUTRES, LES NON CHRETIENS ?

Une question demeure : et les autres qui ne sont pas devenus disciples de Jésus ? Qu'en sera-t-il des multitudes qui n'ont pas cru à la Bonne Nouvelle, qui ont professé une autre religion, qui sont restés païens ?... Une 4ème et ultime parabole répond à cette question. L'humanité entière sera jugée. Car l'Evangile de Jésus est le critère unique qui départage les hommes et les femmes de tous les temps.

« Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il siégera sur son trône glorieux.
Toutes les nations seront rassemblées devant lui :
il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare brebis et chèvres.... »

Le pauvre nazaréen moqué et ensanglanté, pendu au gibet infâme, victime innocente de ses juges impitoyables, sera LE JUGE ULTIME. Car son Evangile n'est pas une religion que l'on considère parmi toutes les autres et sa personne n'est pas un personnage du passé. L'histoire du monde se terminera sur son Epiphanie majestueuse. Il n'y aura plus d'évaluation selon la couleur de peau, la culture, la science, la richesse, la beauté. Le tri définitif se fera selon les actes - commis ou non.

Le Roi dira à ceux à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez le Royaume préparé pour vous. Car j'avais faim et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger et vous m'avez accueilli ; nu et vous m'avez habillé ; malade et vous m'avez visité ; en prison et vous êtes venus à moi »
Les justes répondront : « Seigneur quand est-ce que nous t'avons vu ? Tu avais faim et nous t'avons nourri ? Tu étais un étranger et nous t'avons accueilli ? Nu et nous t'avons visité ? Malade.... ?...Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ? ».  Et le Roi leur répondra : «  Amen je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait ».


Donc il y aura toujours des foules de gens qui, pour une raison ou une autre, ne se seront pas convertis à l'Evangile. Ils auront sans doute commis bien des fautes, n'auront pas toujours observé les règles de la morale ni les rites de l'Eglise ; ils seront restés païens, agnostiques, athées. Certains peut-être auront été débauchés, voleurs, assassins...
Mais leur existence sera sauvée par un élan de bon c½ur, un acte de partage. Découvrant la misère, le malheur, la détresse de certains, ils auront donné quelque chose, ils se seront dérangés pour aller vers eux, les visiter en prison ou à l'hôpital. Ainsi ils seront « des justes ».
Ils auront agi sans intérêt, sans espoir de récompense, simplement pour aider un homme souffrant. Mais voilà qu'ils apprennent, à la fin, la valeur extraordinaire de leur action : « Donner à mon petit frère, c'est ME donner A MOI » !!! Jésus s'identifie à ceux et celles qui, pour lui, rencontrent refus, dérision, rejet, attaque... Il l'avait déjà dit dans son discours de mission aux apôtres :  

« Qui vous accueille m'accueille et qui m'accueille accueille celui qui m'a envoyé (Dieu).
Qui accueille un prophète recevra une récompense de prophète...
Quiconque donnera à boire, ne serait-ce qu'un verre d'eau fraiche, à l'un de ces petits en qualité de disciple, en vérité je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense »    (10, 40-42)

LE MAL EST DANS L'INACTION, L'OMISSION

La scène suivante fait contraste absolu :  

Le Roi dira à ceux à sa gauche : «  Allez-vous en loin de moi, maudits, dans le feu éternel.
Car j'avais faim et vous ne m'avez pas donné à manger ; soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ; étranger et vous ne m'avez pas accueilli ; nu, vous ne m'avez pas habillé ; malade et vous ne m'avez pas visité... »
Eux aussi répondront : « Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison - sans nous mettre à ton service ??? ». Il leur répondra : «  Amen je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, c'est à moi non plus que vous ne l'avez pas fait ».
---  Et tous s'en iront : ceux-ci au châtiment éternel et les autres à la Vie éternelle »

On ne reproche pas à ces gens des pensées ou des actes mauvais - délits, méfaits, déviances sexuelles - ni des manques de pratique religieuse chrétienne, ni l'adhésion à une autre religion...L'échec total de leur vie, c'est leur dureté de c½ur, l'indifférence à l'égard de gens qu'ils voyaient dans le besoin et qu'ils n'ont pas voulu secourir. Maintenant, à la fin, ils apprennent qu'en n'écoutant pas les cris des démunis, en refusant une démarche d'approche, ils ont raté la rencontre de Dieu, ils n'ont pas aidé Dieu à venir dans les hommes.
Le mal est dans le « non acte », dans l'omission.

CONCLUSIONS

En ce dernier dimanche symbolique du point final de l'histoire, nous rectifions nos conceptions. Si le Crucifié est le Roi, alors les misérables, les affamés, les démunis, les malades, les souffrants sont ceux que nous devons respecter et servir. Ils sont « rois » non en imposant leur puissance mais en nous invitant, du fond de leur faiblesse, à leur rendre service. Leur rencontre est donc amour - donc royauté.
La perspective du jugement final nous tient sur nos gardes : agissons tant qu'il en est temps.
Elle nous assure que les triomphes scandaleux du mal auront une fin et que la justice vaincra.
Elle nous interdit de condamner les hommes, car seul Dieu connaît les secrets des c½urs.
Ce ne sont pas tant nos pensées ou nos actions qui sont viles ou méchantes : ce sont nos omissions, nos manques d'actes. Nous ne commettons pas de mal grave mais nous manquons de faire beaucoup de bien.
Et nous gardons grande espérance à l'endroit de tous ces « braves gens » qui ne sont jamais dans nos chapelles, qui critiquent notre Eglise, mais qui, sans s'en douter, soutiennent le Christ incognito.

La foi (la lampe allumée et le talent qui fructifie) est la voie normale du salut, la vie de charité dans la communauté d'Eglise.
Mais pour beaucoup, c'est l'amour,  le geste de partage, la solidarité.

Les chemins sont multiples pour rejoindre Dieu. Quels qu'ils soient, ils sont amour incarné.

Seigneur, en cet ultime dimanche de l'année,
Nous te louons, nous te bénissons, nous te rendons grâce
pour la multitude de tes dons reçus en cette année guidée par S. Matthieu.
Car nous étions pauvres et tu nous as enrichis de ta grâce.
Nous étions malades par nos péchés et tu nous as soignés par ton pardon.
Nous étions assoiffés d'amour et tu nous as désaltérés.
Nous étions étrangers, séparés les uns des autres  et tu nous as constitués en une seule famille.

 

33e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2010-2011

Lorsque deux bébés sont mis dans une pièce avec deux objets identiques, plusieurs scénarios peuvent être envisagés.  Il y a d'abord le bébé capitaliste qui va prendre les deux objets pour lui.  Il y a le bébé baptisé qui va d'abord donner un objet à son compagnon de jeu puis prendre le sien. Il y a le bébé canonisé qui va donner les deux objets et se réjouir du bonheur de l'autre.  Il y a le bébé blasé qui dédaigne les objets et espèrent en avoir de plus beaux.  Il y a également le bébé qui se dirige vers un objet et l'autre vient le rejoindre et ils se disputent tous les deux le même objet.  C'est cette hypothèse qui se réalise toujours d'après l'anthropologue René Girard.  Lorsqu'un être convoite un objet, l'autre veut le même.  Un objet prend toujours de la valeur lorsqu'il sort de l'indifférence.  Il suffise que je porte mon regard sur la chose pour que d'autres regardent ce même objet mais autrement.  Le phénomène de la mode fonctionne sur ce principe.  Et il en va de même dans la vie.

Trop souvent nous passons du temps à envier, à désirer, voire à convoiter les talents des autres plutôt que de chercher à faire fructifier les nôtres.  Nous aimerions tant avoir leurs talents et nous oublions le fait que nous en avons que d'autres n'ont pas reçu.  « A chacun selon ses capacités », nous dit le Christ.  Ces talents sont précieux.  Ils sont ce qui fait la singularité de nos personnes et ils nous offrent ainsi l'occasion de toujours partir à la rencontre du prochain afin de s'enrichir de nos différences respectives.  Ne jalousons pas ce que les autres ont reçu mais réjouissons-nous plutôt de ce que nous avons en propre.  Tout être humain est doué de talent.  A nous de prendre le temps de les découvrir et de les faire fructifier non pas pour satisfaire notre ego mais pour construire ensemble un monde aux couleurs de Dieu.  Un monde où chacune et chacun apportent sa propre pierre à l'édifice de la Vie.  Pourquoi ?  Tout simplement parce que dans l'Esprit, le Père et le Fils nous ont donné un merveilleux cadeau : la liberté.  Le Père a créé notre monde puis il s'en est allé comme l'homme de l'évangile qui part en voyage.  Le Fils est venu en notre monde pour nous montrer le chemin qui conduit à la Vie puis il s'est retiré dans l'événement de l'Ascension.  Et pourtant, nous ne sommes pas seuls puisque l'Esprit de Dieu nous accompagne sur la route de notre aventure humaine.  Dieu continue d'être à nos côtés.  Il ne nous a pas abandonné mais il nous a offert cette liberté si chère pour que nous puissions à notre tour être des cocréateurs de sa Création.  Comme le disait un théologien belge, Dieu nous a donné un mandat, c'est pourquoi nous sommes toutes et tous lieutenants de Dieu sur terre, c'est-à-dire tenant lieu de Dieu sur terre.  L'Esprit Saint passe par chacune et chacun de nous.  Ne le cherchons pas dans le Ciel.  Le Ciel est en nous.  Non pas un Ciel qui convie à l'inertie, à la peur, à l'instar du troisième serviteur qui va enfouir ce qu'il a reçu.  Le Père nous veut libre et notre liberté ne se vit que lorsque nous agissons.  Comme j'aime le souligner la liberté n'est pas faire ce que l'on veut mais plutôt vouloir ce que l'on fait.  Il y va de notre responsabilité personnelle.  Dieu a besoin de nous pour que nous participions à son ½uvre divine.  Il nous a doté de talents qui vont nous permettre à notre tour d'être ces artistes qui vont chercher à embellir le monde et à la rendre plus juste et plus fraternel.  Notre liberté est donc bien agissante par définition. Elle se vit dans les choix que nous posons.  Elle se réalise dans les actions que nous menons. Il est vrai que la liberté peut parfois nous donner le vertige car elle est invitation incessante à opérer en nous ce déplacement nécessaire pour ne jamais nous enfermer.  Que nous le voulions ou non, l'exercice de la liberté n'est jamais de tout repos.  Notre liberté est en mouvement.  Elle trouve son fondement dans la richesse des êtres que nous sommes même si nous avançons à tâtons, avec nos failles.  Voilà le sens même de ces talents reçus.  Ils ne sont pas pour nous mais ils nous ont été donné pour qu'à notre tour nous les fassions fructifier en les partageant avec celles et ceux de qui nous nous faisons proches.  Par nos talents, nous devenons des semeurs de vie, des semeurs d'espérance.  Notre tâche est de semer, toujours semer sans jamais s'arrêter.  De temps à autre, nous aurons la chance de récolter ce que nous avons semé mais dans la majorité des cas d'autres moissonnerons ce que nous avons semé tout comme nous récoltons ce que d'autres ont semé pour nous.  En ce sens la multiplicité des talents dont nous disposons et qui se conjuguent au pluriel de nos relations sont la richesse humaine de ce que Dieu nous a offert.  Nos talents participent de la sorte encore et toujours à la construction du Royaume de Dieu.


Amen

33e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2010-2011

Il est difficile de lire cet évangile sans être scandalisé.  Il y a une telle opposition entre les serviteurs de cette parabole.  Bien plus, c'est le plus faible, celui qui n'a qu'un talent qui est le plus mal traité, tandis que les deux autres, déjà riches et sûrs d'eux, sont largement récompensés.  Non, il y a quelque chose de trouble dans cette parabole.  On a envie de s'écrier en bon wallon : c'est co toudi les pti qu'on spotche.
Et pourtant à y regarder de plus près, on se rend compte que les choses ne sont pas aussi simples.  Le serviteur au seul talent ne dit-il pas qu'il savait que son maître est un homme dur.  Il est même un exploiteur.  Le serviteur lui reproche de moissonner là où il n'a pas semé, de ramasser là où il n' pas répandu de grain.  Et le maître ne nie pas.  Il reconnaît que cela est bien vrai.  « Tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu ».  Le serviteur au seul talent fait penser à ces enfants qui ne jouent pas avec les autres dans la cour de récréation, mais qui regardent toujours de travers autour d'eux.  Jamais ils ne regardent droit dans les yeux.  Jamais ils ne disent toute la vérité.  Ils se cachent, ils fuient, ils ont peur.  « Je savais que tu es un homme dur ».  Comment voulez-vous que cet homme puisse vivre et entreprendre ? Comment voulez-vous qu'il puisse prendre des risques et recommencer à vivre ?
Nous sommes parfois comme ce serviteur écrasé.  Il y a des parties de notre vie, des parties de notre c½ur, qui sont comme mortes.  Il y a d'un côté l'expérience qui nous a appris à découvrir nos limites.  Non, je ne serai jamais chanteur dans un opéra ou champion de boxe.  Il y a d'autres parties de notre vie et notre c½ur qui sont bien mortes, nécrosées, durcies et parfois encore bien douloureuses.  Ce sont les trahisons et les mensonges, la cruauté parfois de nos proches qui nous ont parfois ensevelis et écrasés sous des tonnes de rocher.  Et maintenant encore nous n'osons plus entreprendre ou faire quoi que ce soit dans ce domaine où nous avons été si bien détruits.
Car il y a plusieurs manières de détruire quelqu'un.  Il y a bien entendu la violence physique, mais il y a aussi - et c'est bien plus subtil - la violence psychologique.  On peut écraser quelqu'un en lui répétant sans cesse qu'il est incompétent, en l'obligeant  faire des choses qu'il est incapable de réaliser et de lui expliquer ensuite qu'il est un incapable.  Cela peut se voir dans certains milieux professionnels, mais aussi à l'intérieur d'un couple ou entre frères et s½urs.  Avec quel plaisir sadique, certaines personnes, usant et abusant de leur position de force, peuvent ainsi faire sentir leur supériorité, toute relative d'ailleurs.
Et c'est alors que l'on comprend mieux le défi qui nous est lancé par cette parabole.  Nous laisserons-nous être écrasés et détruits par notre entourage ou aurons-nous le courage de saisir la main que Dieu nous tend pour nous relever et reprendre la merveilleuse histoire d'amour avec lui ? Car, parfois, le plus difficile n'est pas d'aimer, mais d'être aimé, de prendre le risque d'être à nouveau dépendant de l'attention, de la gentillesse, de l'amour de l'autre.  Et c'est ainsi que nous comprenons le risque admirable que Dieu a pris et prend chaque jour avec chacun d'entre nous.  Il a pourtant été trahi depuis le début de l'humanité et nous-mêmes, parfois, nous nous montrons bien indignes de son amour.  C'est ainsi que la Vierge Marie apparaît comme un modèle pour nous, car elle a pris le risque insensé de vivre autrement, pour mieux manifester l'amour de Dieu dans notre vie. 
Alors en célébrant cette très sainte Eucharistie, redécouvrons avec admiration l'inébranlable élan d'amour de Dieu pour chacun d'entre nous et prenons le risque, un jour, un instant, de saisir la main qu'il nous tend pour nous relever et recommencer cette admirable histoire d'amour avec lui, avec le monde, avec l'humanité.

Tout autre est l'attitude des deux premiers serviteurs.  C'est debout, droit dans les yeux, qu'ils se présentent devant leur maître. 

Et les deux autres serviteurs ont bien l'air d'être les dindons de la farce puisque  ce sont eux qui enrichissent un tel maître.  Le serviteur au seul talent ne serait-il pas plus lucide que les autres ? Les deux autres serviteurs ne seraient-ils pas un peu innocents ?
C'est une bonne question : qu'est-ce que l'innocence ? Devons-nous, nous, chrétiens, être innocents comme des enfants et accepter tous les mauvais traitements ? Certainement pas.  Il n'y a rien de plus criminel dans une famille quand les parents ne réagissent pas comme des adultes, mais se comportent comme des enfants, en gaspillant l'argent en des achats inutiles ou imprudents, en laissant faire leurs enfants sans avoir une perspective pédagogique.  Ce n'est pas de l'innocence.  C'est de l'inconscience.  L'innocence n'est pas une qualité à cultiver, c'est un handicap à corriger.  Il faut apprendre aux enfants à se méfier des inconnus qui veulent les emmener en voiture, leur offrir des bonbons, les faire rentrer chez eux.  La beauté du sourire d'un enfant peut être souillée par la perversion de certains adultes.  Nous-mêmes, nous avons perdu depuis longtemps cette innocence.  Les épreuves de la vie, les mensonges, les trahisons, la cruauté même de certains comportements nous ont blessé de telle façon que c'est avec prudence, ou même avec méfiance, que l'on continue à vivre en société.  Plus encore, dans une communauté religieuse, comme dans un couple, l'enthousiasme du début a cédé la place à la désillusion, et parfois même à la ranc½ur.  Et c'est là sans doute tout le défi qui nous est lancé comme être humain et comme chrétien.  Non pas de retrouver l'innocence des enfants, mais la générosité de l'âge adulte. Quand Jésus se lance dans sa vie active et annonce partout la bonne nouvelle, il sait qui va le trahir, il sait que Pierre va l'abandonner, il sait que tous les apôtres vont s'enfuir.  Et pourtant il donne son amour sans compter, car il est lui-même porté par l'amour de son Père.  Et c'est là sans doute la clef de la réussite des deux premiers serviteurs : c'est la confiance immense qu'ils ont en leur maître et cette confiance, ils l'ont parce que leur maître lui-même leur fait confiance.  La confiance, ce n'est pas quelque chose qu'on se donne, c'est quelque chose qu'on reçoit.  Et c'est riche de cette confiance reçue, qu'on peut avoir confiance en soi-même et avoir confiance dans les autres.

Cet évangile est l'évangile de la confiance.  Le serviteur au seul talent n'a aucune confiance en son maître. 


31e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2010-2011

Pour la conversion des clercs

Depuis qu'il est entré à Jérusalem, Jésus se tient sur l'esplanade du temple envahie par les flux de pèlerins tout exaltés à l'approche de la fête de la Pâque. Il enseigne la foule et ainsi il restitue à l'édifice sacré sa fonction première : être le lieu où retentit la Parole de Dieu. Parole de lumière mais aussi Parole qui conteste ceux-là même qui dirigent la liturgie et la législation.

Jésus enseigne ses certitudes fondamentales (= tout le chapitre 22 de Matthieu lu ces derniers dimanches) :

-       Je suis le Fils qui appelle les invités à venir à la noce  (1-14)

-       Je n'appelle pas à la guerre (15-22)

-       J'affirme qu'il y a résurrection des morts (23-33)

-       Je centre toute la Loi de Dieu sur l'amour (34-40)

-       Je suis le Messie, fils de David et Fils de Dieu (43-46)


Et Matthieu conclut son chapitre : «  Et depuis ce jour-là, nul n'osa plus l'interroger ».

Aucun pharisien, aucun grand prêtre n'a pu prendre Jésus en défaut. Mais aucun ne s'est rallié à lui. Au contraire leur hostilité s'exacerbe: ils ne veulent pas l'écouter, endurcis dans leur aveuglement. Peu à peu, d'heure en heure, Jésus sent sa fin s'approcher. C'est pourquoi il va adresser une mise en garde contre ces hommes d'autant plus coupables qu'ils sont les responsables, les guides du peuple.

Ces dénonciations ne s'adressent évidemment pas qu'aux autorités juives car les mêmes défauts peuvent se retrouver dans toute religion, y compris le christianisme !

ENSEIGNER A CONDITION DE FAIRE

Jésus déclarait à la foule et à ses disciples : «  Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire. Mais n'agissez pas d'après leurs actes car ils disent et ne font pas. Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.... »

Jésus l'avait proclamé d'emblée : «  Je ne suis pas venu abroger la Loi ou les Prophètes mais accomplir » (5, 17). Donc l'enseignement de la tradition reste valable. La Loi n'est pas déclarée obsolète. Toutefois on remarque parfois que les prédicateurs attitrés, tout en expliquant bien le message révélé, ne le mettent pas en pratique eux-mêmes. Il faut donc dépasser le scandale, savoir discerner entre la vérité dite par l'enseignant et le mensonge de sa conduite.

Ainsi des prédicateurs, emportés par leur zèle, exigent des sacrifices très lourds de la part des fidèles...mais eux-mêmes parfois s'en dispensent. Naguère Jésus, apitoyé par la multiplicité des ordonnances imposées aux gens (prières, sacrifices, jeûnes, ablutions, ...), avait lancé : «  Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug » (11, 28) Le prédicateur chrétien doit veiller à ne pas augmenter ni durcir les obligations mais d'abord montrer que lui-même pratique l'essentiel.

VANITE DES CLERCS

Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ; ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques.

Autre défaut ecclésiastique connu : la vanité. On se décharge d'obligations trop lourdes mais on se drape dans des costumes d'apparat, on porte les insignes de sa dignité, on arbore vêtements, chapeaux, cornettes, gants qui sortent de l'ordinaire ; on défile pompeusement à la queue-leu-leu ; en tant que personnalités invitées, on trône au premier rang tout en murmurant des protestations d'humilité. « Oh non il ne faut pas... ».

Comme s'il y avait deux sortes de croyants : les ordinaires et les prélats chamarrés !  Les premiers apôtres - y eut-il plus grands hommes qu'eux ? - étaient vêtus comme tout le  monde ; rien ne les distinguait sinon leur amour passionné pour Jésus et l'audace d'affronter les adversaires.

PAS DE TITRES

Ils aiment recevoir des gens le titre de « rabbi ». Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de rabbi car vous n'avez qu'un seul enseignant, et vous êtes tous frères.

« Rabbi » était un titre d'honneur que l'on donnait aux experts en matière religieuse, capables de trancher sur les points de la Loi. Au 1er siècle, il fut conféré par une cérémonie d'ordination (qui disparut par la suite). Maintenant, dit Jésus, vous n'aurez plus besoin d'avoir recours à des juristes : l'Esprit-Saint demeurera en vous et il vous enseignera tout (Jean 14, 26). Vous ne serez plus des ignares dépendant d'autorités mais des « frères » qui s'instruisent l'un l'autre parce qu'ils partagent le même Esprit de Vérité.

Ne donnez à personne sur terre le nom de Père car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux.

Evidemment Jésus ne parle pas du rapport ordinaire du père de famille à ses enfants mais de la coutume de vénérer une autorité religieuse par le nom de « père ». Ou de « révérend père ». Et même de « révérendissime père abbé » (grandiloquence et pléonasme !!). Laissez cela, dit Jésus, aux boîtes de fromage et aux bières : seul Dieu est votre Père et tous, d'égale dignité, vous êtes ses enfants. Cette dignité suprême dévalorise tout titre.

Ne vous faites pas non plus appeler « maîtres » » car vous n'avez qu'un seul Maître, le Christ.

Ah si le peuple chrétien avait toujours cherché à comprendre et à vivre l'Evangile et non une nouvelle théorie émise par une « Eminence » ou un « Docteur ». Que d'affrontements théologiques ont déchiré l'Eglise, que d'animosités entre savants ont provoqué des schismes !

« Sola scriptura » criait Martin Luther. L'Evangile à la lettre, disait le pauvre François.

---------Prier le PERE, méditer l'évangile du FILS, écouter le SAINT ESPRIT,  le maître intérieur: voilà ce qui constitue une communauté fraternelle telle que Jésus la veut.

LE GOUT DES GRANDEURS

Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé.

Autre défaut courant : l'ambition. Désirer dépasser l'autre. Se vouloir le plus élevé. Péché qui travaillait déjà le groupe des 12 apôtres. En marchant on se disputait : « Qui est le plus grand ? ». Et Jésus, énervé, de prendre un gamin : «  Celui qui se fera petit comme cet enfant, voilà le plus grand » (18, 1-4). A la mère de Jacques et Jean qui intercédait pour que ses fils passent avant Pierre, il répondit : « Si quelqu'un veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur. Le fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie » (20, 20-28).

Dieu seul fixe les places. Au banquet du royaume, il vaut mieux se diriger vers le fond. (Luc  14, 10)

CONCLUSION


Depuis Jean XXIII, beaucoup d'efforts ont été faits afin de diminuer les fastes et revenir à une simplicité évangélique. Réjouissons-nous et poursuivons sur la lancée.

Que les scandales qui éclatent dans l'Eglise, au lieu de nous inciter à la quitter, nous poussent au contraire à la purifier.

30e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Croonenberghs Didier
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2010-2011

Imaginez que quelqu'un vous pose une question piège, et que la réponse soit un peu délicate à donner... Quelle technique avez-vous pour vous en sortir ? Je vois quatre possibilités !

La première possibilité, la plus classique, est de donner une réponse de Normand, une réponse évasive, peu claire. Il paraît en effet qu'une vieille coutume normande permettait --après avoir passé un contrat-- de se rétracter dans les 24 heures. Jésus n'emploie bien entendu pas cette méthode pour répondre au Pharisiens...

Une deuxième possibilité pour se sortir d'une question piège est de donner une réponse de Jésuite !  Autre technique --qui remonte bien avant nos amis Jésuites-- et qui consiste à répondre à une question par une question. Jésus n'étant pas Jésuite, n'emploie pas cette méthode...

Une troisième technique est celle de changer de cible et de répondre à une autre question.
C'est la technique des étudiants qui ne savent que répondre aux examens, ou de certains politiciens. Vous avez peut-être vu les imitations de Sarkozy : «mes chers amis,  je vais d'abord répondre à la question que vous ne m'avez pas encore posée ».
Bref, Jésus n'emploie pas cette méthode.

Dans l'Evangile que nous venons d'entendre, Jésus s'en sort en utilisant une autre technique..., nous dirons qu'elle est typiquement dominicaine ! C'est la technique chère à Saint Thomas qui veut que pour bien répondre, il faut distinguer pour unifier sa réponse ! Bref, pour une question, il donne plusieurs réponses... C'est très dominicain...
L'amour de Dieu et l'amour du prochain sont un seul et même commandement.
Et Jésus réponds en montrant qu'il n'y a finalement pas d'alternative.

Dès lors, vous sentez le piège tendu à Jésus. Selon une tradition juïve, la Loi comprenait 613 commandements.  En posant cette question, les pharisiens forçaient Jésus à choisir, à choisir son camp, à distinguer peut être l'essentiel de l'accessoire... et donc à créer, à ajouter une loi non écrite pour interpréter les lois.

Mais à une question qui semble n'appeler qu'une seule réponse, Jésus distingue donc deux commandements. Il distingue pour unir l'amour du prochain et l'amour de Dieu, qui se révèlent l'un l'autre. En amour, il ne s'agit pas de diviniser l'autre. Il ne s'agit pas non plus de d'aimer Dieu en son prochain, comme si le regard traversait notre prochain en niant son individualité. La réponse de Jésus est donc radicale et simple. Revenez à l'essentiel nous dit Jésus. C'est l'amour seul qui donne sens à nos existences. Tout est dit dans ce simple commandement et pourtant, tout reste à faire avec son c½ur, son âme et son Esprit.

Nous sommes donc tous aujourd'hui
invités  à refaire notre unité intérieure.
Invités à distinguer l'essentiel dans les multiples devoirs quotidiens que nous nous donnons.
Invités à faire passer l'importance de l'amour avant l'urgence du devoir.

Jésus reprend à son compte cette règle d'or de l'amour du prochain, que l'on retrouve dans tous les systèmes philosophiques et religieux du monde. Rien de neuf et rien de bien chrétien. Mais si ce commandement d'amour est radicalement simple et connu, la manière avec laquelle Jésus le présente est extraordinairement neuve.

C'est à l'amour que l'on reconnaît le disciple du Christ.

Nous avons tendance à faire l'inverse.
Dis-moi qui est ton Dieu, et je te dirai comment tu dois aimer !
Et pourtant, il serait mieux de dire :

Dis moi comment tu aimes,
je te dirai qui est ton Dieu.

Alors, heureux sommes-nous, car si ces deux commandements ne font qu'un, Dieu se révèlera précisément dans tous les actes d'amour et de tendresse que nous poserons chaque jour.

ll n'y a donc pas de contenu. Il n'y a pas de règle. Il n'y a pas d'objet. Il n'y a plus qu'un comment, c'est à dire une manière d'être en relation, de tout notre c½ur, notre âme et notre Esprit. Par l'incarnation, Dieu a pris notre humanité. Le Fils de Dieu est venu dans notre monde pour nous dévoiler l'amour du Père, pour nous révéler la démesure de son Amour.  

Et la double réponse de Jésus aujourd'hui à la question piège du docteur de la loi est claire.
Et elle referme ce piège sur les docteurs de la Loi.  

Les docteurs de la loi sont, permettez-moi le jeu de mot, des médecins légistes...
Ils pensent que la Loi, le commandement peuvent guérir.
Mais c'est faire de la Loi lettre morte. C'est oublier l'Esprit.  
Jésus, par son commandement d'amour, donne vie à la Loi.
Il ne prend pas l'homme au pied de la lettre, mais au c½ur de son être,
au c½ur de cette loi d'amour qui se trouve inscrite au plus profond
de chaque être humain, quel qu'il soit.

Au légistes qui font tout par devoir, Jésus nous invite à répondre en étant d'autres docteurs, des cardiothérapeutes, des hommes et des femmes qui savent qu'on ne guérit qu'avec le c½ur, pas avec des «il faut » et des paroles, mais avec des attentions qui vont à l'essentiel.
Oui, même l'amour blessé peut devenir solution lorsqu'il est vécu et déposé en Dieu.
Dis moi comment tu aimes, je te dirai qui est ton Dieu.
Amen.

28e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2010-2011

Le roi qui célébrait les noces de son fils envoya encore d'autres serviteurs.  On voit l'angoisse, l'inquiétude de ce roi.  Il a tout préparé et personne ne vient.  Cette situation désespérante est - hélas ! - facile à imaginer.  Nous l'avons vu parfois.  C'était cette femme seule qui, dans l'église, était assise près du tabernacle.  Pendant le signe de la paix, personne n'était venu vers elle et pourtant, si !, voilà le prêtre qui va dans sa direction.  Déjà elle sourit, mais le prêtre passe à côté.  Il se dirige vers le tabernacle pour y chercher le Saint-Sacrement.  Ou bien c'est comme cet enfant qui, en fin d'après-midi, attend sa mère à la maison.  La voilà qui revient.  L'enfant se dirige vers elle, se dresse sur la pointe de ses pieds, tend le cou et dépose un baiser affectueux sur la joue distraite de sa mère.  Tant d'amour perdu.  Tant de tristesse contenue.
Le Christ s'élance ainsi vers nous et ne rencontre souvent qu'indifférence ou inattention.  Oh ! Ce n'est pas de la méchanceté.  Ce n'est que de la maladresse.  Les invités aux noces royales ont tous de bonnes raisons pour ne pas venir.  L'un va à son champ, l'autre à son commerce.  L'un est occupé à ses prières, l'autre est plongé dans ses papiers.  Dieu nous parle pourtant de mille façons, dans la prière et les sacrements, mais aussi à travers les personnes que nous rencontrons, mais que nous ne voyons pas, parce que nous sommes trop occupés.  Et c'est ce que nous essayons de faire aujourd'hui, ce matin, de laisser à l'extérieur de cette chapelle tous nos soucis, toutes nos angoisses, simplement pour laisser Dieu nous parler, laisser Dieu nous murmurer des paroles d'amour et de tendresse. 
Réfléchissons un instant et tâchons de nous souvenir des bons moments passés ensemble, de ces moments de rencontre que l'on a eus avec Dieu.  Les autres ne le savent pas, cela fait partie de notre petite vie secrète avec Dieu.  Ces moments merveilleux de rencontre, on les oublie trop souvent, ils sont comme ensevelis sous la poussière des ennuis de tous les jours, sous le poids de la monotonie et de la grisaille.  Il faut les faire ressusciter.  Il faut nettoyer le souvenir de ces petits moments comme on nettoie des pierres précieuses qui se ternissent avec le temps.  C'est ce que nous faisons chaque dimanche quand nous relisons le récit des merveilles que le Seigneur fit pour nous, pendant l'Ancien et le Nouveau Testament, et surtout pendant la vie terrestre de Jésus.  Cela nous oblige à nous arrêter, et à nous demander pour qui, pour quoi on vit.  Alors, éclairés par cette belle lumière de l'amour de Dieu, nous pouvons aller aux noces royales.
Mais on ne peut pas y aller n'importe comment.  On ne peut aimer Dieu et haïr son voisin.  C'est souvent la tête chaude et le c½ur en colère que l'on entre dans la chapelle.  C'est parfois avec, dans le repli de son âme, de la rancune contre son frère que l'on s'approche de l'autel.  Nous ne sommes pas toujours revêtus du vêtement de noces.  Il y a encore des traces de sang, des traces de colère et nous sommes alors rejetés dans les ténèbres de la haine et de la rancune, dans les pleurs de la solitude, dans les grincements de dents de l'humiliation.  Ce n'est qu'après avoir pardonné à ceux qui nous ont blessés, comme le Christ l'a fait sur la croix, ce n'est qu'après avoir aimé ceux qui nous ont rejetés, comme le Christ l'a fait avec ses disciples, que nous pouvons pleinement profiter de la table de noces.
Dieu a tout fait pour nous : il a placé Adam et Eve dans le jardin d'Eden et ils ont péché par orgueil.  Il a donné son alliance à Moïse sur le Sinaï et le peuple a adoré le veau d'or.  Il donne sa vie pour tous et Pierre le trahit trois fois.  Dieu s'élance comme cet enfant sur la joue de sa mère et il n'y trouve que distraction.  Puissions-nous nous réveiller, quitter nos vieux papiers et retrouver le sourire rayonnant de Dieu dans le visage de chacun de nos frères.  Alors nous serons vraiment dignes de saint Dominique et de Fra Angelico.

28e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2010-2011

Depuis quelques semaines maintenant, vous pouvez écouter sur FM 93,8, c'est-à-dire RCF Liège, la radio dans l'âme, une nouvelle émission intitulée GastroThéo à laquelle participent quelques membres de cette assemblée.  D'aucun pourrait se demander comment il est possible d'allier gastronomie et théologie.  La réponse devient évidente à la lecture des textes de ce jour.  J'aime personnellement méditer ce passage où Isaïe nous chante : « Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés » ou encore cette phrase de l'évangile lorsque le roi proclame : « mon repas est prêt, mes b½ufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt ».  A de nombreuses reprises la Bible nous parle de l'importance des repas.  Mais aujourd'hui, ce n'est pas n'importe lequel.  Il ne s'agit pas d'un repas de tous les jours mais bien d'un banquet, d'un repas de noces nous permettant de nous réjouir et d'exulter car notre Dieu nous a sauvés.

Alors en fin théologien et en fin gastronome, le Christ nous propose les éléments absolument nécessaires à la réussite d'un banquet et il nous les livre dans l'évangile de ce jour.  Dans un de ses écrits, Dom Armand Veilleux, père abbé de Chimay précise qu'il y en a cinq.  Premier élément : l'invitation.  Cela ne se fait pas de venir à un dîner de noces sans y avoir été invité.  Il s'agit d'un repas festif auquel une personne à la liberté d'inviter qui elle souhaite voir s'asseoir à sa table.  Et tous les invités partagent cette même liberté dans la réponse qu'ils choisiront de donner.   Et comme le dit l'adage « un carton répond à un carton ».  Nous sommes priés de nous situer.  Allons-nous donner de notre temps ou allons-nous trouver une excuse ?  Dieu nous invite chacune et chacun à son festin.  Ce serait vraiment dommage de rater une telle aubaine.  Deuxième élément, un banquet exige évidemment qu'il n'y ait pas qu'une seule personne.  Par définition le repas de noces célèbre une relation qui s'est instaurée entre au moins deux êtres.  Nombreux sont les invités et l'expérience de la vie nous montre à quel point il n'est pas aisé de toujours mettre tout ce petit monde en présence.  Il y a sur terre des personnes avec lesquelles nous pouvons nous sentir moins en sympathie.  Quoiqu'il en soit, ce qui est merveilleux dans ce banquet-ci, c'est que nous sommes toutes et tous invités.  Il n'y a pas eu de restriction.  Dieu nous donne ainsi une occasion merveilleuse de nous retrouver mais aussi de nouer de nouvelles relations voire parfois de pouvoir aplanir des situations qui peuvent encombrer notre route vers ce salut promis.   Troisième élément, un banquet ne peut se vivre sans raison.  Nous sommes réunis car nous souhaitons célébrer quelque chose ensemble : un événement ou une personne.  Par définition, le banquet est l'occasion de pouvoir faire mémoire.  Cela ne se vit pas tous les jours.  Il y a un sentiment de partager, de commémorer un temps spécial tout tourné cette fois vers le Tout Autre.  Le festin de noces auquel nous sommes aujourd'hui encore conviés nous permet de venir ensemble célébrer ce qui a fait le lot de notre quotidien depuis notre dernière rencontre.  Nous venons avec le tout de nos vies et nous les célébrons en nous portant les uns les autres tout en nous souvenant de cet événement majeur qu'a été la Résurrection du Fils de Dieu.  Si nous vivons pleinement ce moment, nous ne pouvons pas en sortir indemne.  Nous repartons transformés par ce que nous avons pu vivre et recevoir dans ce festin de l'Amour par excellence.  Quatrième élément, il ne peut y avoir de festin sans un repas tout spécial.  Les mets se succèdent et ne se ressemblent pas.  Un temps certain a été pris pour les préparer.  Ils sont un plaisir pour le palais mais aussi pour les yeux.  Pour nous, aujourd'hui encore, le repas de l'amour se contemple dans le mystère de ce qui se vit à la table eucharistique.  Ce repas nous transcende.  Nous sommes dans l'ordre de l'indicible et il n'y a pas de mots pour exprimer la teneur et l'ampleur de ce que nous découvrons dans la fête du corps et du sang offerts pour notre propre salut.  Cette nourriture spirituelle ne nous rassasie pas mais elle nous ouvre les portes d'une faim sans fin de Dieu.  Alors pour vivre un tel banquet, il nous reste le cinquième et dernier élément : nous revêtir d'un habit de fête.  Le costume que nous portons est fait de lumière.  Il est celui que nous avons reçu à notre baptême.  Au festin de l'amour, nous sommes toutes et tous revêtus du Christ.  C'est cet habit teinté de résurrection qui nous permet de prendre une part active au festin eucharistique.  Une invitation, une communauté, une raison, un repas d'amour et un habit de lumière, voilà les cinq éléments qui nous permettent chaque fois que nous le souhaitons de vivre ensemble le repas de noces, le banquet de l'Agneau où nous célébrons la promesse de notre salut.
Amen

Assomption de la Vierge Marie 

Auteur: Croonenberghs Didier
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A, B, C
Année: 2010-2011

Pour méditer sur le mystère de cette fête de l'assomption, je pourrais vous parler des icônes russes et des merveilleuses représentations de ce que le tradition orthodoxes appelle la dormition de Marie. Mais je serai heureusement plus simple et concret ce soir... Je ne vous parlerai pas d'icônes mais de poupées russes : ces figurines creuses en bois qui contiennent à l'intérieur des figurines similaires mais de taille de plus en plus petite.

Nous serions le 1er janvier-- la fête de Marie mère de Dieu-- je pourrais comparer Marie à la poupée la plus grande, celle qui contient et porte en son sein celui qui porte Tout... Mais aujourd'hui, Marie me fait plutôt penser à la plus petite des figurines : celle qui se laisse envelopper par plus grand qu'elle, celle qui assume l'histoire qui la dépasse, et qui pourtant reste véritablement au centre du jeu !

Car ce qui est extraordinaire dans le Magnificat, --le cantique dans l'Evangile que nous venons d'entendre-- c'est que Marie, l'humble servante, se voit elle-même au centre de l'½uvre de Dieu. Son humilité ne la met pas à côté, en dehors du jeu, comme nous pourrions parfois le faire, mais bien au centre !
Comme pour les poupées russes, le plus petit reste au milieu et il faut disperser ce qui est grand pour accéder au centre. Marie renverse donc toute logique : « Le puissant fit pour moi des merveilles. » dit-elle. Elle, qui est au c½ur de la promesse de Dieu, c'est par son humilité qu'elle découvre l'½uvre de Dieu au c½ur de sa vie. 

« Désormais, les générations me diront Bienheureuse ! » s'écrie-t-elle. Par sa confiance, Marie nous offre donc un merveilleux chemin de reconnaissance de tous nos dons reçus.

Quant à nous, face à la promesse de vie que Dieu nous fait, nous pouvons être traversés par deux réactions. Nous pouvons soit consommer ce don de Dieu, garder cette vie pour nous ; cependant, par notre humilité, nous pouvons aussi assumer ce don de Dieu. Assumer ce don, assumer sa vie, c'est découvrir que nous ne nous appartenons pas car nous sommes inscrit dans une destinée plus grande que nous ne l'imaginons.

Dans la vie, il y a donc ceux qui prennent, qui assument, qui accueillent en eux la présence du mystère qui les dépasse. Ce sont tous ces passeurs, ces porteurs, ces personnes qui se sentent visitées par quelque chose de plus grand qu'elles et qui à leur tour, sont capables de le porter les autres. Tel est bien le chemin d'humilité qu'emprunte Marie, qui par son abaissement a su accueillir en elle le très haut et le porter au monde.


Mais d'un autre côté, il y a ceux qui, plutôt qu'assumer, ne font que consommer et prendre leur vie pour eux. C'est la prétention de ceux que Luc appelle les superbes, les puissants : ceux qui prennent leur vie pour eux, qui consomment l'humain, et se consument.

Ceux qui consomment la vie pour eux-mêmes sont consumés par elle.
Par contre, les humbles qui assument leur vie, sont comme assumés, relevés par elle.
Voilà la logique de l'Evangile.

Assumer sa vie, c'est donc la remettre à plus grand que soi,
c'est accepter que quelque chose de plus grand que nous
est au plus profond de nous et nous porte ;
c'est reconnaître que nos vies sont visitées par Celui qui fait des merveilles ; assumer sa vie, c'est découvrir que d'une stérilité,
que d'un chemin sans issue,
peut jaillir une promesse d'un amour qui ne défaille pas.

Alors que consommer, c'est dévorer le plus petit...
Assumer, c'est intégrer en soi le plus grand.

Si l'assomption est ce mystère de Marie « élevée au ciel »,  cette fête ne nous invite pas à monter dans les nuages, mais à mettre un peu de ciel sur la terre, à nous laisser visiter par l'Esprit pour devenir comme Marie, enceints de Dieu, et nous laisser habités par sa présence. Marie n'a pas cru en un Dieu merveilleux, mais en un Dieu qui fait merveille et nous visite sur cette terre pour relever ce qui est abaissé.

Alors, en cette fête de l'assomption, réjouissons-nous car
nous sommes faits pour l'éternité,
cette éternité déjà présente au plus profond de nous
dans une humanité pleinement vécue.

Quittons nos modes de consommation,
pour construire un monde d'assomption,
un monde qui assume et accueille la présence
de ce qui est plus grand que lui et qui le dépasse. Amen.