6e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Quelle est la différence entre un historien et un évangéliste ? Le premier se livre à une enquête sérieuse afin de rapporter avec la plus grande exactitude les événements de telle époque, les réalisations de tel roi, les exploits de tel grand personnage. Il transporte son lecteur dans le passé, lui donne l'impression d'être là, lui prouve que tout s'est réellement produit comme il l'a écrit. On en reste au niveau de l'information, de la curiosité, de l'érudition.

L'évangéliste, lui, opère le mouvement inverse : dans sa foi en Jésus ressuscité, il ne cherche pas à reconstituer les circonstances du passé. Au contraire, il veut montrer au lecteur que le Jésus du passé est le SEIGNEUR D'AUJOURD'HUI qui peut le rejoindre dans son existence. La Bonne Nouvelle ne consiste pas à savoir des faits anciens mais à actualiser et vivre l'Evangile au présent.

Ainsi en ce dimanche, saint Marc, en nous racontant la guérison du lépreux, ne nous fournit aucun détail : où ça s'est-il produit ? quel jour ? comment s'appelait ce malade ? ...Marc sait que les précisions les plus détaillées ne pourraient convertir le sceptique. Il rédige son récit pour que je me rende compte que c'est moi le lépreux et que le Seigneur peut et veut me guérir aujourd'hui si je l'implore.

Un lépreux vient trouver Jésus, il tombe à ses genoux et le supplie : " Si tu le veux, tu peux me purifier !". Pris de pitié devant cet homme, Jésus étend la main, le touche et lui dit : " Je le veux, sois purifié". A l'instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié. Aussitôt Jésus le renvoya avec cet avertissement sévère : " Attention ! ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre et donne pour ta purification ce que Moïse prescrit dans la Loi : ta guérison sera pour les gens un témoignage". Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle de sorte qu'il n'était plus possible à Jésus d'entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d'éviter les lieux habités, mais de partout on venait à lui".

LÈPRE ET PÉCHÉ

Dans l'antiquité, on appelait lèpre non seulement la maladie de ce nom mais toute infection dermatologique grave et il était courant de la comparer au péché. En effet on remarque entre les deux de grandes similitudes.


L'infection commence sans qu'on y prête grande attention : petit bouton anodin, tache indolore. Peu à peu la tache s'agrandit, le mal infecte les alentours. On se dit que ça va passer. Le voisin vous rassure : il a eu la même chose et il en est sorti. Le chatouillement ou la souffrance s'aiguisent : on se rend chez le pharmacien, chez un guérisseur, on applique un remède sans résultat. Puis un autre tout aussi inefficace. Après un temps, on prend conscience : le mal est plus grave qu'on ne pensait, la purulence s'est aggravée, la pourriture apparaît. On consulte un spécialiste. Pire encore, le mal se répand, risque de se communiquer à l'entourage. Devant le danger de la contagion, la société vous rejette à l'écart, vous êtes exclu, vous devenez un paria, un marginal.
De la même façon, le péché débute souvent par une pensée, une action sans guère d'importance. On pressent vaguement que l'on n'agit pas bien mais, on ne fait pas beaucoup de mal, c'est pour rire, les autres en font autant.... Cependant l'infraction devient habitude : ce que l'on a fait à l'occasion, on le réitère et petit à petit cela devient une habitude, une accoutumance. Un jour vient où l'on en prend conscience : on voudrait se corriger, revenir en arrière, se débarrasser de ce penchant. Peine perdue : en dépit des bonnes résolutions, on cède et on rechute encore et encore. On est prisonnier. Ainsi l'âme se corrompt, comme rongée d'une lèpre sournoise : elle devient impure, souillée et la volonté est devenue impuissante à endiguer le flux des tentations. Et peu à peu, parce que vous êtes devenu insupportable, les autres vous mettent à l'écart, vous refusent leur compagnie, vous rejettent avec mépris, parfois vous enferment parce que vous êtes devenu dangereux.

 

QU'EST-CE QUE LE PÉCHÉ ?

En hébreu, un des mots pour nommer le péché signifie "rater la cible, manquer le but" (comme un archer, un tireur) Sur la ligne du temps qui lui est imparti, chacun de nous, grâce à ses actions, s'accomplit en marchant vers son but, Dieu. S'il agit contrairement à son perfectionnement, il "rate sa cible", il dévie de son terme, il bascule dans une ornière, il prend un mauvais chemin. Du coup, en ne cherchant plus Dieu, il s'abîme lui-même et il se retranche des autres. Le péché est en même temps écartement de Dieu, déshumanisation personnelle et isolement, perte de communauté, "ex-communion".

JESUS CHRIST SAUVEUR

Le lépreux du récit était un homme très malheureux, il souffrait de sa défiguration, de sa mise à l'écart, de l'effroi qu'il provoquait chez les autres, il avait sans doute tout tenté pour guérir de son mal affreux. Et voilà qu'il entend parler de Jésus : il le cherche, il le rencontre sur la route, il crie, il supplie : " Si tu veux, tu peux me purifier !". Nous-mêmes, souffrons-nous de l'état pitoyable où le péché nous a mis ? Ne restons-nous pas aveugles sur la gravité de nos failles, et même vaguement complice du mal que nous avons commis ? Ou sommes-nous découragés, persuadés que nous ne pourrons jamais en sortir ? L'horreur du plus grand crime n'équivaudra jamais à l'immensité de l 'amour du Christ manifesté au Golgotha. Depuis ce jour, nul désespoir n'est définitif.

Tout pécheur-lépreux peut contaminer ses proches car ils sont portés à l'imiter. Mais lorsqu'il touche le Christ (par la foi), c'est la pureté de celui-ci qui est la plus forte et qui vainc son impureté. " JE LE VEUX : SOIS PURIFIE. La volonté de Dieu n'est pas de châtier mais de pardonner. Si hideux soit le crime. Si nombreuses les rechutes. Un mot suffit ! Alors la joie est telle qu'elle ne peut se taire : malgré la défense, l'homme s'encourt partout dans l'allégresse de partager son nouveau bonheur. Comme Jésus, à son tour, IL PROCLAME, il devient missionnaire, apôtre.

SAINT PAUL LE PECHEUR PARDONNE

Longtemps, en parfait pharisien, Paul était convaincu d'être pur : à force de luttes et de sacrifices, il construisait sa statue, il peaufinait sa perfection. Jusqu'au jour où le Christ lui révéla sa faute : il se rendit compte qu'il demeurait esclave du péché. " Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ?"(Rom 7, 24) . Mais il découvrit le Christ. Ou plutôt le Christ vint à sa rencontre et au lieu de le punir, il s'adressa à lui avec tendresse et, en un instant, lui donna la pureté qu'il avait en vain cherché à acquérir dans l' obéissance à des lois et l'observance des rites. Alors, fou de joie, il put s'écrier : " Grâce soit rendue à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur !(Rom 7,25)...Là où le péché a proliféré, la grâce a surabondé (Rom 5, 20)...Maintenant il n'y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ. Car la loi de l'Esprit qui donne vie en Jésus Christ m'a libéré de la loi du péché et de la mort" (Rom 8, 1). Et Paul devint le plus intrépide des Apôtres : il fallait le dire à tout le monde !!!!

Si nous ne proclamons pas la Bonne Nouvelle, n'est-ce pas parce que nous n'avons pas goûté la joie du pardon ? Et si nous ne percevons pas que, sans le Christ, nous restons des pécheurs condamnés, sommes-nous chrétiens ?...

6e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Quelle est la différence entre un historien et un évangéliste ? Le premier se livre à une enquête sérieuse afin de rapporter avec la plus grande exactitude les événements de telle époque, les réalisations de tel roi, les exploits de tel grand personnage. Il transporte son lecteur dans le passé, lui donne l'impression d'être là, lui prouve que tout s'est réellement produit comme il l'a écrit. On en reste au niveau de l'information, de la curiosité, de l'érudition.

L'évangéliste, lui, opère le mouvement inverse : dans sa foi en Jésus ressuscité, il ne cherche pas à reconstituer les circonstances du passé. Au contraire, il veut montrer au lecteur que le Jésus du passé est le SEIGNEUR D'AUJOURD'HUI qui peut le rejoindre dans son existence. La Bonne Nouvelle ne consiste pas à savoir des faits anciens mais à actualiser et vivre l'Evangile au présent.

Ainsi en ce dimanche, saint Marc, en nous racontant la guérison du lépreux, ne nous fournit aucun détail : où ça s'est-il produit ? quel jour ? comment s'appelait ce malade ? ...Marc sait que les précisions les plus détaillées ne pourraient convertir le sceptique. Il rédige son récit pour que je me rende compte que c'est moi le lépreux et que le Seigneur peut et veut me guérir aujourd'hui si je l'implore.

Un lépreux vient trouver Jésus, il tombe à ses genoux et le supplie : " Si tu le veux, tu peux me purifier !". Pris de pitié devant cet homme, Jésus étend la main, le touche et lui dit : " Je le veux, sois purifié". A l'instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié. Aussitôt Jésus le renvoya avec cet avertissement sévère : " Attention ! ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre et donne pour ta purification ce que Moïse prescrit dans la Loi : ta guérison sera pour les gens un témoignage". Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle de sorte qu'il n'était plus possible à Jésus d'entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d'éviter les lieux habités, mais de partout on venait à lui".

LÈPRE ET PÉCHÉ

Dans l'antiquité, on appelait lèpre non seulement la maladie de ce nom mais toute infection dermatologique grave et il était courant de la comparer au péché. En effet on remarque entre les deux de grandes similitudes.


L'infection commence sans qu'on y prête grande attention : petit bouton anodin, tache indolore. Peu à peu la tache s'agrandit, le mal infecte les alentours. On se dit que ça va passer. Le voisin vous rassure : il a eu la même chose et il en est sorti. Le chatouillement ou la souffrance s'aiguisent : on se rend chez le pharmacien, chez un guérisseur, on applique un remède sans résultat. Puis un autre tout aussi inefficace. Après un temps, on prend conscience : le mal est plus grave qu'on ne pensait, la purulence s'est aggravée, la pourriture apparaît. On consulte un spécialiste. Pire encore, le mal se répand, risque de se communiquer à l'entourage. Devant le danger de la contagion, la société vous rejette à l'écart, vous êtes exclu, vous devenez un paria, un marginal.
De la même façon, le péché débute souvent par une pensée, une action sans guère d'importance. On pressent vaguement que l'on n'agit pas bien mais, on ne fait pas beaucoup de mal, c'est pour rire, les autres en font autant.... Cependant l'infraction devient habitude : ce que l'on a fait à l'occasion, on le réitère et petit à petit cela devient une habitude, une accoutumance. Un jour vient où l'on en prend conscience : on voudrait se corriger, revenir en arrière, se débarrasser de ce penchant. Peine perdue : en dépit des bonnes résolutions, on cède et on rechute encore et encore. On est prisonnier. Ainsi l'âme se corrompt, comme rongée d'une lèpre sournoise : elle devient impure, souillée et la volonté est devenue impuissante à endiguer le flux des tentations. Et peu à peu, parce que vous êtes devenu insupportable, les autres vous mettent à l'écart, vous refusent leur compagnie, vous rejettent avec mépris, parfois vous enferment parce que vous êtes devenu dangereux.

 

QU'EST-CE QUE LE PÉCHÉ ?

En hébreu, un des mots pour nommer le péché signifie "rater la cible, manquer le but" (comme un archer, un tireur) Sur la ligne du temps qui lui est imparti, chacun de nous, grâce à ses actions, s'accomplit en marchant vers son but, Dieu. S'il agit contrairement à son perfectionnement, il "rate sa cible", il dévie de son terme, il bascule dans une ornière, il prend un mauvais chemin. Du coup, en ne cherchant plus Dieu, il s'abîme lui-même et il se retranche des autres. Le péché est en même temps écartement de Dieu, déshumanisation personnelle et isolement, perte de communauté, "ex-communion".

JESUS CHRIST SAUVEUR

Le lépreux du récit était un homme très malheureux, il souffrait de sa défiguration, de sa mise à l'écart, de l'effroi qu'il provoquait chez les autres, il avait sans doute tout tenté pour guérir de son mal affreux. Et voilà qu'il entend parler de Jésus : il le cherche, il le rencontre sur la route, il crie, il supplie : " Si tu veux, tu peux me purifier !". Nous-mêmes, souffrons-nous de l'état pitoyable où le péché nous a mis ? Ne restons-nous pas aveugles sur la gravité de nos failles, et même vaguement complice du mal que nous avons commis ? Ou sommes-nous découragés, persuadés que nous ne pourrons jamais en sortir ? L'horreur du plus grand crime n'équivaudra jamais à l'immensité de l 'amour du Christ manifesté au Golgotha. Depuis ce jour, nul désespoir n'est définitif.

Tout pécheur-lépreux peut contaminer ses proches car ils sont portés à l'imiter. Mais lorsqu'il touche le Christ (par la foi), c'est la pureté de celui-ci qui est la plus forte et qui vainc son impureté. " JE LE VEUX : SOIS PURIFIE. La volonté de Dieu n'est pas de châtier mais de pardonner. Si hideux soit le crime. Si nombreuses les rechutes. Un mot suffit ! Alors la joie est telle qu'elle ne peut se taire : malgré la défense, l'homme s'encourt partout dans l'allégresse de partager son nouveau bonheur. Comme Jésus, à son tour, IL PROCLAME, il devient missionnaire, apôtre.

SAINT PAUL LE PECHEUR PARDONNE

Longtemps, en parfait pharisien, Paul était convaincu d'être pur : à force de luttes et de sacrifices, il construisait sa statue, il peaufinait sa perfection. Jusqu'au jour où le Christ lui révéla sa faute : il se rendit compte qu'il demeurait esclave du péché. " Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ?"(Rom 7, 24) . Mais il découvrit le Christ. Ou plutôt le Christ vint à sa rencontre et au lieu de le punir, il s'adressa à lui avec tendresse et, en un instant, lui donna la pureté qu'il avait en vain cherché à acquérir dans l' obéissance à des lois et l'observance des rites. Alors, fou de joie, il put s'écrier : " Grâce soit rendue à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur !(Rom 7,25)...Là où le péché a proliféré, la grâce a surabondé (Rom 5, 20)...Maintenant il n'y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ. Car la loi de l'Esprit qui donne vie en Jésus Christ m'a libéré de la loi du péché et de la mort" (Rom 8, 1). Et Paul devint le plus intrépide des Apôtres : il fallait le dire à tout le monde !!!!

7e dimanche de Pâques, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Jésus prie pour nous


En ce temps entre Ascension et Pentecôte - que l'on peut appeler "la neuvaine au Saint-Esprit"-, il est bon de relire et méditer le récit de l'ultime soirée de Jésus avec ses disciples (Jean, chap. 13 à 17). Commencée par le geste sublime du lavement des pieds, elle s'est poursuivie par un long discours d'adieu de Jésus et elle s'achève par son admirable prière pour les siens (chapitre 17). L'Evangile de ce dimanche rapporte la section centrale de cette prière. Donc d'emblée leçon essentielle : l'enseignant chrétien doit d'abord se mettre au service de ses frères, ensuite il peut s'appliquer à les instruire mais sans jamais omettre, enfin, de prier à leur intention. Après avoir parlé de Dieu aux hommes, l'apôtre parle d'eux à Dieu.

UN PERE -- UNITE DES ENFANTS

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : " Père Saint, garde mes disciples dans ton Nom que tu m'as donné - afin qu'ils soient UN comme nous....

PERE SAINT : l'invocation (unique dans la Bible) donne le leitmotiv du passage. "Saint" n'est pas une qualité de Dieu mais dit son être propre : au-delà de toute représentation, tout vocabulaire, toute image, Dieu est l'ineffable. Pourtant Jésus l'appelle PERE ( abba en araméen) et il a livré ce secret aux siens. Le Tout Autre est devenu aussi le plus proche : la foi au Christ autorise la relation la plus intime avec celui qui échappe à nos prises. Désormais les disciples vivent "dans le Nom" c.à.d. "en Dieu" - et il s'agit d'une réalité non d'une métaphore. Encore faut-il que la foi première tienne dans la durée et devienne fidélité : Jésus prie son Père de nous conserver dans ce bonheur d'être ses enfants.

La conséquence en sera que nous serons UN, nous communierons. Seule la foi vécue à ce niveau peut nous faire sortir de la jungle et nous unir.

Quand j'étais avec eux, moi, je les gardais dans ton Nom que tu m'as donné, j'ai veillé et aucun d'eux n'a péri sauf le fils de perdition de sorte que l'Ecriture a été accomplie.

En effet le récit évangélique montre qu'aucun disciple à la suite de Jésus n'a subi de dommage, de mauvais traitement. Et lorsque, dans la nuit, les gardes surviendront dans le jardin, Jésus se présentera seul en leur ordonnant de laisser partir ses amis (18, 8-9). Il avait déclaré qu'il était le Bon Pasteur et que personne n'avait pouvoir de lui arracher ses brebis (10, 21-22).

Cependant la foi n'est jamais un embrigadement forcé : si le Bon Berger ne cessera jamais de tenir à chacune de ses brebis, celles-ci peuvent le quitter, se détourner de lui !

Ainsi "du fils de perdition"- expression sémitique pour désigner l'homme qui va à sa perte. Il s'agit sans doute de Judas dont curieusement Jésus ne cite jamais le nom. Pourtant il a perçu sa traîtrise : " Je vous ai choisis, les Douze, et cependant l'un de vous est un diable" (6, 70). Après le lavement des pieds, il a annoncé que l'un du groupe n'était pas pur (11, 11) ; il a cité le psaume 41 ( " Celui qui mangeait avec moi a levé son talon contre moi" -- 13, 18) ; il l'a montré au disciple bien-aimé en lui offrant la bouchée ( 13, 26).

Redoutable liberté humaine : on peut suivre le Christ longtemps, être lavé par lui (baptême), recevoir son Pain de Vie (bouchée) et un jour lui tourner le dos et même vouloir sa mort ! Jean a laissé entendre le motif : " Chargé de la bourse, il dérobait ce qu'on y mettait" ( 12, 6). La cupidité tue la foi !

Ne voit-on pas aujourd'hui comment, exacerbée par les médias et la publicité, l'idolâtrie de l'argent a écarté des multitudes du Christ et comment une société qui perd celui-ci est "société de perdition" (crise, climat, destruction des ressources, épidémie de suicides...) ?...

LA FOI EST JOIE PLENIERE MAIS ATTAQUEE

Maintenant je viens à toi et je parle ainsi en ce monde pour qu'ils aient en eux ma joie en plénitude.

Les paroles de Jésus, toutes ces révélations qu'il leur fait en ces heures ultimes sont d'une telle vérité, elles recèlent un tel poids de lumière qu'elles ne peuvent que ravir ceux qui les accueillent. La Foi est lumière, Vérité - donc Joie plénière. Un chrétien morose, ronchon, grommeleur est quelqu'un qui a peut-être de la religion mais pas la vraie foi, celle qui est écoute jubilante de la Parole qui est Esprit et Vie "(6, 63)

Moi, je leur ai donné ta parole et le monde les a pris en haine parce qu'ils ne sont pas du monde comme moi je ne suis pas du monde. Je ne demande pas que tu les retires du monde mais que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde comme moi je ne suis pas du monde.

Paradoxe : la Parole de Dieu remplit les croyants de joie mais, du coup, ils deviennent l'objet d'une hostilité pugnace et incessante.

Evidemment il ne s'agit pas ici du monde que "Dieu aime tellement qu'il lui a envoyé son Fils non pour le condamner mais pour le sauver"( 3, 16), mais de l'humanité braquée dans son refus, enfermée dans sa suffisance. "Le Verbe est venu dans le monde et le monde ne l'a pas connu" (1, 10).

Parce qu'il vivait et disait la Vérité, Jésus a été critiqué, moqué, haï, exécuté. Dès lors ses disciples n'ont pas d'autre destin à attendre : Jésus vient de les prévenir longuement : "S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi" (15, 18 - 16, 4)

Mais ils ne doivent pas fuir, leur tâche réside en plein monde ; il faut allumer la lueur de la foi au c½ur des ténèbres, vivre la communion dans une société écartelée, oser la joie sous les attaques les plus perfides. Qu'ils prient le NOTRE PERE : " ...mais délivre-nous du Malin".

Le Père a gardé Damien parmi les lépreux et Maximilien Kolbe dans l'enfer d'Auschwitz.

Consacre-les par la vérité : ta Parole est vérité. De même que tu m'as envoyé dans le monde, moi, je les envoie dans le monde et je me consacre pour eux afin qu'ils soient eux aussi consacrés par la vérité.

L'homme ne peut se faire saint : seul Dieu peut lui communiquer sa sainteté et il le fait par sa Parole qui s'est faite chair, Jésus, et qui va "se consacrer" en se donnant sur la croix "POUR EUX", pour les siens.

Ses bourreaux vont fait taire Jésus mais ils lui perceront le c½ur d'où coule la Vie de l'Esprit qui sanctifie les croyants. La Vérité de ses paroles est devenue la Vérité de son amour manifesté sur la croix par ses bras ouverts pour accueillir tous les pécheurs repentants. Par lui ils sont "saints".

A présent, nous, disciples, purifiés par le sang de l'Agneau et animés par son Esprit, nous ne sommes plus du monde. Nous y sommes envoyés, nous l'aimons comme Dieu : c'est pourquoi nous contestons son mensonge. Notre maison, notre entreprise, notre pays sont lieux de mission.

Nous savons qu'il nous en coûtera cher car nous n'avons le droit ni de déserter ni d'édulcorer le message : notre mission est capitale, essentielle, vitale.

C'est pourquoi, si nous ne l'avons encore commencé, nous plongeons d'urgence dans la prière du cénacle. D'un seul c½ur, en union avec toute l'Eglise, avec Pierre et Marie, nous supplions afin de recevoir l'Esprit, seule force capable d'exorciser nos peurs et de nous faire proclamer le message de libération.

R. Devillers , dominicain Tél. et Fax : 04 / 223 51 73 - Courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

HOMELIE HEBDOMADAIRE (envoi lundi ou mardi précédents) et DIAPORAMAS CHRETIENS ( 13 n° parus) : abonnements gratuits -- sur demande au courriel ci-dessus.

7e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Après une première tournée dans les villages avoisinants, Jésus est revenu à Capharnaüm. La nouvelle se répand, la foule se presse devant la demeure de Pierre et Marc écrit : "ET IL LEUR PARLAIT LA PAROLE", expression qui, chez les premiers chrétiens, désigne la proclamation de l'Evangile ( Actes 4, 29-31 ; 8, 25 ;...).

Ne l'oublions jamais : l'action la plus essentielle est d'oser proclamer que, au c½ur même de notre monde ravagé par le mal, Dieu arrive. Le Dieu d'amour et de tendresse peut régner sur le c½ur qui s'ouvre à lui, qui écoute la Parole nouvelle de Jésus et se décide à la pratiquer.

Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par 4 hommes. Comme ils ne peuvent l'approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de Jésus, font une ouverture et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé.

On imagine la scène. Un homme a un parent ou un voisin paralysé depuis des années et il veut l'amener à Jésus. Comment faire ? Il trouve des volontaires et, à 4, ils vont chez l'handicapé et le transportent sur son grabat. Ils demandent à la foule de s'écarter : "Laissez passer svp. !". Peine perdue : ils se heurtent à une barrière de dos. Jésus est enfermé dans son auditoire. Déçus, les porteurs pourraient s'en retourner. Mais non, ils restent décidés. L'un d'eux va chercher des cordes solides. Les petites maisons de l'époque, sans étage, ont un petit escalier latéral qui conduit sur la terrasse faite de quelques poutres, de branches et de terre battue. Les hommes montent, pratiquent une ouverture par laquelle ils font descendre le bonhomme qui ne doit pas être très rassuré dans cet ascenseur fragile ! Au bruit et devant la chute de gravats, Jésus s'interrompt et contemple avec surprise et amusement cet homme qui descend du ciel- tel un ange, un cadeau de Dieu ! Il a tout de suite compris la manoeuvre.

VOYANT LEUR FOI, Jésus dit au paralysé : " Mon fils, tes péchés sont pardonnés".

Ces 4 hommes aimaient cet handicapé, ils croyaient que Jésus pouvait le relever ; ils sont allés le chercher, l'ont porté ; ils ne se sont pas découragés devant la dureté du public ; ils ont inventé une méthode pour que le paralysé advienne devant le Maître. Ils étaient animés par la foi(confiance en Jésus), par l'amour ( ils aimaient leur copain) et l'espérance ( ils étaient sûr que Jésus pouvait le relever). -- Jésus opère parce qu'il a VU cela.

Merci à tous ces bénévoles qui inlassablement se dévouent pour porter les malades dans les lieux de pèlerinage. Que faisons-nous en paroisse pour amener les handicapés à la liturgie ? Croyons-nous suffisamment à la force de "nos intentions de prière" ? N''en faisons pas des ritournelles mais " des cordes" par lesquelles nous amenons les souffrants devant le Seigneur....... Est-ce que les pratiquants savent s'écarter pour que des chercheurs, des pauvres découvrent le Christ ? L'Eglise n'est-elle pas parfois un mur qui empêche l'accès au Christ Sauveur ?......

Stupeur ! : Jésus offre à l'homme non la guérison physique qu'on était venu chercher mais la guérison spirituelle : le pardon. Prenons bien garde : Jésus ne dit pas que la paralysie est la conséquence du péché, qu'elle est un châtiment de Dieu. Il affirme que le mal le plus grave chez l'homme est le péché qui "paralyse" son c½ur et sa vie. Certaines personnes souffrantes ne sont-elles pas plus libres que des gens en bonne santé mais enchaînés par leurs vices ?..

Il y avait dans l'assistance quelques scribes qui raisonnaient en eux-mêmes : "Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème ! Qui peut pardonner les péchés sinon Dieu seul ?". Saisissant dans son esprit les raisonnements qu'ils faisaient, Jésus leur dit : " Pourquoi tenir de tels raisonnements ? Qu'est-ce qui est le plus facile ? Dire au paralysé "Tes péchés sont pardonnés" ou bien de dire " Lève-toi, prends ton brancard et marche" ? ...Eh bien afin que vous sachiez que le Fils de l'Homme a la pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, je te l'ordonne, dit-il au paralysé, lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi". L'homme se leva, prit aussitôt son brancard et sortit devant tout le monde. Tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu : " Nous n'avons jamais rien vu de pareil !!!"

Ce pardon donné par grâce fait bondir les scribes théologiens : prétention insoutenable, blasphématoire ! Si un homme avait péché, il devait se rendre au temple, observer le jour du Kippour, offrir des prières et des sacrifices et implorer la miséricorde divine ! C'est pourquoi, en réponse, Jésus justifie sa déclaration : la guérison physique qu'il opère instantanément est un SIGNE manifeste que sa parole est vraie, efficace, qu'elle opère ce qu'elle dit !

Donc la thérapie à l'endroit des malades est le SIGNE de la guérison essentielle, celle des c½urs.

Et pour la 1ère fois, Jésus s'attribue un titre énigmatique - qui va devenir célèbre : il est LE FILS DE L'HOMME. Cette expression juive désigne d'abord un être humain. Mais la Bible rapporte un rêve étonnant du prophète Daniel qui, s'interrogeant sur le mystère de l'histoire, décrit la succession des quatre empires ( Babylone, puis les Mèdes puis les Perses puis l'Empire grec) sous la forme de quatre Bêtes horribles (symboles de violence et de cruauté). Mais ensuite apparaît un Vieillard majestueux (symbole du Dieu éternel) qui vient siéger pour le Jugement définitif. Sur quoi arrive ce passage capital :

"Je regardais dans les visions de la nuit et voici qu'avec les nuées du ciel venait comme un FILS D'HOMME. Il arriva près du Vieillard et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté ; les gens de tous peuples, nations et langues le servaient. Sa souveraineté est une souveraineté éternelle qui ne passera pas" ( Daniel chap. 7 )

Jésus s'est reconnu dans cette figure. Alors que les ambitieux, les conquérants cherchent à dominer par la force des armes, Jésus, lui, vient tel un homme agréé par Dieu. Sa douceur est en flagrant contraste avec les Puissants usant de la violence animale mais Dieu lui donne le Royaume éternel - qui se manifeste ici dans la miséricorde, la guérison intégrale du paralysé : c½ur et corps.

Donc l'Eglise n'est pas une institution philanthropique mais une communauté mondiale où nous nous amenons les uns les autres en présence du Christ Sauveur afin que chacun entende ses paroles : " Tes péchés sont pardonnés. Christ te libère de tes entraves, il délie tes liens spirituels, il te donne ce que personne ne peut t'offrir : la miséricorde totale, entière. Tu entres dans le Royaume de Dieu

Cette affirmation est-elle vraie ? Peut-on s'y fier ? Oui absolument ! La preuve en est que l'Eglise partout s'engage en faveur de tous les souffrants et malheureux. Cet engagement près des malades doit conduire les hommes à croire au Christ, à demander le pardon, la guérison de la paralysie des c½urs. Et d'ailleurs plus le chrétien a conscience du bienfait extraordinaire qu'est pour lui la pitié de Dieu, plus il sera porté à exercer la miséricorde envers les malades.

MERCREDI DEBUTE LE CAREME : qui allons-nous tenter d'amener au Christ ?... Avec quel désir demanderons-nous le pardon de nos fautes ?...Et d'abord savons-nous que le péché est la plus terrible des maladies ?...

7e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Quatre dames prennent le café ensemble et parlent de choses et d'autres, mais leur sujet favori reste de pouvoir chanter les louanges de leurs chers fils. La première dit à ses amies : « Mon fils est prêtre diocésain. Quand il entre dans une pièce, tout le monde l'appelle 'Monsieur l'Abbé' » La deuxième surenchérit : « Mon fils est évêque. Quand il entre dans une pièce, tout le monde l'appelle 'Monseigneur' » La troisième rétorque : « Mon fils est cardinal. Lorsqu'il entre dans une pièce, les gens l'appellent 'Votre éminence' ». La quatrième quant à elle sirote tranquillement son café en silence. Les trois autres l'incitent à parler. Posant sa tasse, elle prend la parole : « Mon fils est un simple religieux dominicain. Sa prestance, son aisance, sa lueur d'intelligence dans le regard sont toujours mises en valeur par l'habit qu'il porte. Lorsqu'il entre dans une pièce et pose ses yeux sur l'assemblée, les femmes se contentent de murmurer : 'Oh mon Dieu...' » Quatre femmes, quatre fils aux destinées variées ; tout comme ces quatre brancardiers ingénieux et audacieux tels que nous venons de les redécouvrir dans l'évangile entendu. Ils étaient quatre et ils n'étaient pas trop de leur nombre pour la tâche à laquelle ils s'étaient attelés. Il est vrai que, dans la vie, nous aussi, nous avons parfois besoin de plusieurs personnes qui soient présentes à nos côtés pour nous porter et nous conduire là où nous devons aller même si la destination n'est pas le fruit de notre simple volonté mais plutôt la conséquence de la réalité que nous traversons. La vie nous fait découvrir qu'il suffit parfois d'une seule personne à qui pouvoir se confier en toute liberté. Elle portera avec nous ce qui nous semble tellement lourd à faire face et, si nécessaire, elle s'autorisera à chercher d'autres qui nous accompagneront. C'est ensemble qu'ils viendront à nos côtés pour nous soutenir. Ces derniers n'ont pas besoin de tout connaître, de tout comprendre, leur seule présence bienveillante suffit car elle va nous permettre d'assister à un événement intérieur d'une force inouïe. A l'instar de l'ouverture du toit dans le récit de l'évangile, pour chacune et chacun de nous, lorsque cela s'avère nécessaire, le Ciel se déchire pour partir à la rencontre de mes propres déchirures. En d'autres termes, l'Esprit Saint souffle sur celles et ceux qui nous portent pour permettre une nouvelle ouverture et laisser passer cette brise légère divine qui part à la rencontre de mes blessures les plus profondes. Des événements tragiques comme la perte d'un être cher, l'éveil de la maladie, l'entrée brutale dans une nouvelle phase de l'âge peuvent nous blesser à un point tel qu'ils peuvent être vécus comme une véritable déchirure. Une partie de nous-mêmes est arrachée et nous avons le sentiment de perdre un peu de notre unité. Au fil des ans, nous sommes traversés de lézardes, de déchirures, de ruptures. Ne les nions pas mais cherchons autour de nous celles et ceux qui seront les brancardiers de notre c½ur et qui viendront nous porter dans la tendresse d'un regard échangé, dans la douceur d'une parole prononcée, dans la caresse d'un geste effleuré. Dieu est à nos côtés et ce matin encore il vient déchirer notre ciel intérieur pour partir à la rencontre de nos déchirures les plus profondes. Il nous invite à ne pas nous fuir mais à rentrer chez nous, c'est-à-dire à retourner en nous pour trouver, retrouver cette force divine qui prend sa source dans la noblesse de nos sentiments qui se laissent voler vu la fragilité des événements que nous subissons. Nous pourrions nous sentir tellement désemparés, esseulés. Et pourtant, le Christ vient à nous et pose son regard sur certaines blessures béantes de nos incompréhensions, de notre mal de vivre ce qui s'impose à nous. Il nous veut en marche dans notre c½ur car il ne souhaite pas que nous nous fuyions mais plutôt que nous acceptions de retourner à la Vie, à notre vie. Oui, il y a en nous des blessures et des déchirures. Dieu le Fils vient nous les panser et nous convie à nous lever, à nous relever mais sans jamais nier ces cicatrices qui marquent notre histoire. C'est sans doute pour cela qu'il demande au paralysé de reprendre son brancard. Ne rejetons pas les événements qui nous ont fait si mal mais osons les poser dans le c½ur de Dieu. Ils seront plus légers. Repartons d'eux et retournons en nous pour que déchirure et blessure ne riment plus jamais avec un passé « fermeture » mais deviennent des lieux de révélation qui nous font passer vers un avenir « ouverture », une ouverture toute offerte à la merveille de la vie, à l'inconnu de Dieu. Par notre foi, nous serons alors sauvés.

Amen

7e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Van Aerde Michel
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

N'en déplaise aux rationalistes ou aux psychologues réducteurs : l'expérience spirituelle, l'expérience mystique, l'expérience sensible de Dieu existe. La transfiguration de Jésus en est une. Les disciples en ont peur, ils sont littéralement atterrés, projetés à terre. Mais il est difficile de traiter Jésus de fou, d'hystérique, de déséquilibré. Les disciples, même s'ils n'ont rien compris sur le moment, n'ont pas gommé cet événement. Il ne s'agit pas d'une évasion. Cette expérience est étroitement reliée à sa mission, à sa Pâque, à l'imminence de sa passion. Avant d'être un enseignement pour nous, la transfiguration de Jésus est un enseignement pour lui. Alors, parce que nous avons toujours peur de rencontrer Dieu vraiment, parce que nous préférons souvent la fausse spiritualité, guimauve, évaporée. Parce que nous sommes opaques, obscurs, refusant de rayonner l'amour de Dieu, nous lui demandons pardon.

Homélie : Mes amis, nous aurions aimé être là, nous aussi. Nous aurions aimé participer à cette expérience extraordinaire, sentir la présence du Père, entendre sa voix, être enveloppés dans la nuée de tendresse, rencontrer les grands témoins (Moïse, Elie) et les entendre parler avec celui qui accomplit l'Ecriture en franchissant l'épreuve qu'ils n'ont fait que désigner. Voir le Christ en pleine lumière, rayonnant de fragilité, comme le ligament brûlant d'une lampe survoltée, l'humanité de Jésus saisie dans cette expérience limite, dans la tension de l'amour donné, à c½ur ouvert face à la mort, en plein saut vers la réciprocité. Nous aurions aimé être là, discrets, tout petits, et faire l'expérience de Dieu Trinité. Nous aurions aimé être là et vivre avec Jésus, l'expérience du oui sans aucune restriction.

Nous aurions aimé être là. Nous y sommes à l'instant, par le témoignage de Pierre, Jacques et Jean. Nous y sommes aussi lorsque nous vivons, à notre tour, nos propres transfigurations.

Mais nous avons respiré dans l'air ambiant, telle quantité de miasmes réducteurs, anti-mystère, anti-miracles, anti-merveilleux, que nous ne pouvons, en Europe, entendre cet épisode comme sérieux, vécu tel quel physiquement. Je serais donc tout naturellement porté à faire une lecture mythique de ce récit en l'interprétant symboliquement. A la lumière, substituer la conscience : la perception de la relation au Père dont on entend la voix. A la présence de Moïse et d'Elie, substituer la méditation biblique de la Pâque de ces deux précurseurs. Jésus réfléchit à sa vocation, à son destin et il se comprend lui-même dans le contexte de la rumeur biblique. La Transfiguration ? Un événement mental en quelque sorte : « rassurez-vous braves gens, nous ne sommes pas des illuminés ! Nous avons à votre disposition une lecture moderne de l'Ecriture, qui tient compte de l'exégèse et des genres littéraires ! » J'ironise, mais cette lecture a sa valeur, elle est même très intéressante car elle pointe le sens de l'événement, plus important que tout, finalement. Mais elle est ici peut-être rétrécie, aseptisée, désincarnée. Cette lecture s'intéresse au sens, mais elle refuse la réalité qui porte le sens. Elle n'entre pas dans l'expérience, elle en a peur. Mais si c'était vrai ?

M'affranchissant de mes soupçons, je prends le risque d'entendre le témoignage comme il est présenté : une expérience limite vécue par Jésus dans son corps, en présence de trois disciples qui ont peur et gardent le secret.

Car l'expérience spirituelle existe ! Qu'il y ait des charlatans et des contrefaçons ne contredit pas ce fait. Certes l'expérience mystique, s'exprime comme elle peut, toujours dans un contexte donné, ici, l'Exode et la Nuée . Mais tout ne se réduit pas à un procédé littéraire. Il ne s'agit pas d'une prise de conscience seulement, cela va bien plus loin qu'un événement mental. Ils sont trois témoins et si, en Occident, nous avons des stigmatisés, en Orient, les spirituels sont des transfigurés. Le corps, écorce de l'âme, se fait alors sa parfaite expression ; d'enveloppe d'argile, il devient rayonnant. Puisque le Verbe s'est fait chair, la chair devient révélation ! Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu, et la vie humaine va beaucoup plus loin que ce que nous avons exploré !

Pour que le récit nous parle vraiment, il faut qu'il éveille dans notre expérience personnelle certains échos. Or il y a dans l'homme un désir de transgresser les limites de sa condition historique, celles des lois physiques et celles du temps. Ce désir conduit certains à l'autodestruction, d'autres à l'évasion, il peut, et nous le voyons ici, conduire au dépassement et à l'accomplissement de soi dans une transfiguration furtive qui anticipe la résurrection définitive. L'autodestruction : c'est la drogue, depuis les simples stimulants, en passant par l'alcool, pour aboutir à la cocaïne, l'héroïne ou cette mal nommée 'Ectasy'. L'évasion : c'est le rêve, avec tout ce que l'on trouve dans le courant du New Age où le monde est tel qu'on veut l'imaginer. Vous vous mettez la vidéocassette que vous voulez, dans le genre de l'horreur ou du sucré. Tout cela doit être dénoncé. Mais il y a aussi une expérience qui dépasse celle du quotidien et qui ne peut être soupçonnée de folie, d'hystérie ou de perversion, l'Evangile d'aujourd'hui en est la garantie.

Conversions soudaines et inattendues, larmes et abandon de soi dans la confiance en Dieu, visions qui confirment un appel pressenti, transfigurations comme en connaissent les staretz en Orient... ces expériences sont d'une telle intensité que le sujet est comme « retourné ». Il est marqué dans son histoire par ces moments intimes et germinaux. Il peut en avoir peur et ne pas oser parler. Joie intense et solitude mêlées : il a le sentiment d'être devenu différent.

C'est une expérience qui est donnée, elle ne se provoque pas. Il s'agit avant tout d'une surprise et n'est en rien le résultat d'un entraînement, ni le produit magique d'une formule, ni l'effet d'un médicament. Il s'agit de l'éblouissement d'une rencontre qui doit se prolonger en communion. Tout est vécu dans la relation au Père, et tout est reçu. Impossible de le figer, de mettre la main dessus, de s'y installer. Pierre confond l'expérience de Dieu et Dieu lui-même ; la joie d'aimer et l'amour vécu. Dans la vie spirituelle comme dans l'amour adolescent, il peut y avoir beaucoup d' « amour de l'amour » et cela n'est pas encore l'amour vrai. La transfiguration est un moment, mais Dieu est amour et l'amour est élan. Le transfiguré sait qu'il sera bientôt défiguré. Il se libère de son image, de son apparence ou de son personnage, il ne fait pas écran, il ne se crispe pas sur lui même mais se reçoit du Père qui l'envoie. Il rayonne cette relation de confiance et de vie qui le constitue dans son identité. Vous l'avez entendu : sa transfiguration survient tandis qu'il médite son passage, le moment où, comme le dit Isaïe, il n'aura plus 'figure humaine', son passage par la défiguration. C'est toute la différence d'avec les marchands d'illusion.

Nous aurions aimé être là, comme Pierre et construire trois tentes pour durer dans ce moment hors du temps. Mais il nous faut voir en vérité : Jésus rayonne de vie au moment précis où il accepte sa mort, une mort horrible, elle-même transfigurée en don de soi et chemin de résurrection. Pour nos frères orientaux, la Transfiguration est la fête la plus importante de l'année. C'est le monde entier, tout le cosmos, saisi par le Christ, qui aspire maintenant à être transfiguré.

Ascension

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2008-2009

Ascension : Fête de notre Espérance


Il est à prévoir que ce jeudi de l'Ascension ne sera pour la majorité qu'une occasion supplémentaire de "faire le pont", de profiter de ces quatre jours pour se détendre et s'offrir un petit voyage : "Où allons-nous aller cette année ?". Or cette fête, loin d'être anodine, nous pose une question autrement essentielle : " Où allons-nous ? Où va la vie ?". Notre existence se limite-t-elle à une agitation éphémère avant d'être une descente en terre ou est-elle un pèlerinage et enfin une montée vers le ciel ? La personne humaine se dirige-t-elle vers une désintégration de la matière ou vers une intégration en Dieu ? Vers l'anéantissement ou vers la Lumière ?

Cette question capitale du sens, donc de l'espérance, est marginalisée sinon étouffée par notre société caractérisée, selon un philosophe, par "le sacre du présent". L'idéal aujourd'hui est d'assouvir au plus vite toutes les envies titillées par la publicité, d'accumuler des avantages, de profiter des opportunités, de se gaver d'images et de choses. Jusqu'à ce que soudain on se rende compte que l'on est en train de courir vers l'abîme.

L'Ascension est l'indispensable affirmation de la finalité verticale (il faut bien user d'un langage symbolique) de notre itinéraire terrestre, elle est la grande fête de l'Espérance, elle nous apporte le salut "par le haut" . Pour la comprendre et la vivre en vérité, saint Luc, dans le récit qui ouvre ses "Actes des Apôtres" nous invite à surmonter les trois tentations que rencontrèrent nos premiers frères. (1ère lecture du jour)

1. LE RESSUSCITÉ EST-IL UN MYTHE ?

Dans mon premier livre, j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel après avoir donné ses instructions aux apôtres. C'est à eux qu'il s'était montré vivant après sa Passion : il leur en avait donné bien des preuves puisque, pendant 40 jours, il leur était apparu et leur avait parlé du Royaume de Dieu

D'après Luc, il a fallu un certain temps pour que les apôtres reconnaissent Jésus ressuscité. Cette éventualité leur paraissait impossible, absolument hors de leurs perspectives. Jésus dut revenir vers eux à plusieurs reprises pour enfin les convaincre : il n'était ni un fantôme ni un héros réanimé jouissant d'une prolongation de vie mais le Seigneur en Gloire.

Lorsque les apôtres, enfin persuadés, se mirent à annoncer cette nouvelle, les gens tout de suite les accusèrent d'avoir créé une supercherie. Mais une affabulation aurait-elle tenu devant les tracasseries, les attaques, les coups, les prisons, les supplices qu'ils allaient devoir endurer ? Etienne n'a pas été lynché, Jacques n'a pas été décapité, Pierre et Jean n'ont pas fait de la prison pour avoir inventé un beau mythe. Ce jour de l'Ascension marque la fin des apparitions : le témoignage des apôtres suffit à fonder notre foi.

2. PEUT-ON DÉTAILLER LE PLAN DE DIEU ?

Réunis autour du Ressuscité, les apôtres lui demandaient : " Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ?". Il leur répondit : " Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine. Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins..."

Nous aimerions que Dieu change le monde, qu'il établisse son Règne en puissance, qu'il nous révèle l'agenda de ses projets. Mais le Seigneur nous embauche : ce sont les premiers apôtres puis les croyants qu'il veut changer d'abord en profondeur. Il promet de donner sa Force, son Dynamisme afin que les disciples de son Fils poursuivent son ½uvre, qu'ils soient ses témoins pour répandre son Royaume universel, ouvert à tous les peuples et toutes les cultures.

3. Y A-T-IL DES INDICES DU RETOUR DU CHRIST ?

Ils le virent s'élever et disparaître à leurs yeux dans une Nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux : " Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus qui a été enlevé reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller".

D'après les lettres de Paul, on sait que certains convertis guettaient le retour imminent de leur Seigneur. Il est vain, dit Luc, de chercher des signes, de calculer des dates. Il est essentiel de garder l'espérance certaine de son retour mais dans l'intervalle, qui peut être indéfini, il importe de rejoindre les hommes, de s'engager dans la cité, de prendre part à l'achèvement de la création, de participer à la mission de témoignage.

Donc l'Ascension ne nous tourne pas vers le passé, elle nous empêche de rester là, le nez en l'air : loin de nous démobiliser, au contraire elle nous pousse à l'action. Chaque jour, chaque heure compte.

Le VRAI PONT, le pont qui enjambe l'absurde et la mort et qui nous permet de rejoindre Dieu , c'est le Christ qui l'a bâti. Il est ce PONT, le Médiateur unique qui nous certifie la réussite du grand voyage de notre vie.

LA PRIERE POUR L'ESPERANCE

Le Christ disparu à jamais, qu'ont fait les apôtres ? Ils se sont groupés au cénacle dans la prière, autour de Pierre et de Marie, attendant l'Esprit que Jésus avait promis.

Nous commençons donc ce jour la Neuvaine au Saint-Esprit et je reprends à votre intention cette magnifique prière dans laquelle un disciple de saint Paul exprimait la grandeur de la Seigneurie du Christ, la Beauté de l'Eglise et le don de l'Espérance ( Ephésiens 1, 17-23 - 2ème lecture du jour ).

Dites-la chaque jour et faites-la vôtre les uns pour les autres.

" Que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa Gloire, vous donne un esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment.

Qu'il ouvre votre c½ur à sa lumière pour vous faire comprendre l'espérance que donne son appel, la gloire sans prix de l'héritage que vous partagez avec les fidèles et la puissance infinie qu'il déploie pour nous, les croyants.

C'est la force même, le pouvoir, la vigueur qu'il a mis en ½uvre dans le Christ quand il l'a ressuscité d'entre les morts et qu'il l'a fait asseoir à sa droite dans les cieux...

Il lui a tout soumis, et le plaçant au-dessus de tout, il a fait de lui la tête de l'Eglise qui est son corps, et l'Eglise est l'accomplissement total du Christ..."

R. Devillers , dominicain Tél. et Fax : 04 / 223 51 73 - Courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Baptême du Seigneur, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Depuis plus de 5 siècles Israël avait perdu son indépendance, depuis plus de 90 ans les Romains occupaient le pays. Mais les Ecritures entretenaient une espérance inébranlable : en dépit de son long silence, Dieu n'avait pas abandonné son peuple, il interviendrait et le sauverait par la venue de son Messie. Quand ?....Et quel salut ?.... Soudain, en l'an 28 de notre calendrier ( Jésus doit avoir 33 ans ), la nouvelle se répand : un prophète a surgi et il annonce la venue du Royaume de Dieu. Jésus de Nazareth décide de répondre à l'appel et il prend la route du sud, vers la Judée. Sait-il que Dieu l'y attend pour bouleverser sa vie et lui donner sa mission ?...

Jean-Baptiste proclamait dans le désert : " Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Et je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi je vous ai baptisés dans l'eau ; lui vous baptisera dans l'Esprit-Saint". Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain.

Les quatre évangélistes prennent bien soin de souligner la distance abyssale qui sépare Jésus de Jean et des anciens prophètes. Même si Jésus a un itinéraire semblable au leur (prédication, refus, mort violente), même si effectivement il fut baptisé par Jean, son statut est infiniment supérieur. Les prophètes ne peuvent qu'exhorter, prévenir, menacer, conférer des rites : tout cela est bien, important, mais absolument impuissant à changer le c½ur de l'homme. Trop de chrétiens, aujourd'hui encore, réduisent Jésus à un prédicateur, son message à un enseignement, ses rites à une sacralisation des tournants de la vie (naissance, mariage, mort). En rester à ce niveau c'est tuer l'Evangile. Comme saint Paul le criera, une loi ne peut jamais être une bonne nouvelle.

Marc ne raconte pas l'acte du baptême (enlever son vêtement, descendre dans l'eau) : l'essentiel, c'est la suite. Jésus va faire une expérience tout à fait personnelle, unique : Dieu se révèle à lui, le nomme, lui confère sa mission.

Et aussitôt, montant hors de l'eau, il vit les cieux déchirés et l'Esprit, comme une colombe descendant vers lui ; et une voix hors des cieux : " Toi, tu es mon fils, le bien-aimé, en toi je me complais" ( traduction plus littérale que le texte de la liturgie)

Marc écrit ceci dans les années 70 quand les chrétiens, après Pâques, ont découvert l'identité de Jésus et qu'ils entrent en Eglise grâce au baptême. Donc il raconte la scène pour en montrer la gloire et en s'inspirant des Ecritures, notamment d' Isaïe 63. Après la catastrophe de 587 avant notre ère (destruction du temple, déportation du peuple), un prophète évoquait les anciennes merveilles de Dieu quand il fit monter de la mer le pasteur de son troupeau et mit en lui son Esprit Saint ( il s'agit de Moïse lors de l'exode d'Egypte). Mais à présent, parmi les ruines et du fond de la détresse immense, le prophète suppliait et en appelait à une nouvelle intervention divine : " Regarde et vois depuis le ciel...Notre Père, c'est Toi...notre rédempteur...Pourquoi nous laisses-tu errer ?...Reviens !..Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais pour faire connaître ton Nom..." ( Isaïe 63, 19)

Cri extraordinaire ! L'expérience du terrible échec a convaincu que ni Moïse ni les Prophètes ne suffisent à garder le peuple fidèle à son Dieu. Serait-il possible que Dieu lui-même vienne, surgisse, "descende" parmi nous ?.... Et Marc répond : Oui le v½u s'est réalisé : Dieu a exaucé cette folle prière grâce à la descente de Jésus chez nous !

L'EXPERIENCE SPIRITUELLE DE JESUS BAPTISÉ

Chaque expression de Marc est à commenter car tout s'éclaire à la lumière des Ecritures que Jésus "accomplit". Il y a Vision et Audition :

Les cieux fermés se déchirent : l'expression symbolique signifie que le péché avait rompu le lien avec Dieu, il y avait comme un mur entre Dieu et son peuple pécheur. Aujourd'hui avec Jésus, la communication est rétablie ! Seul ce lien "vertical" rend possible l'harmonie des relations "horizontales" entre nous et entre les peuples.

L'Esprit de Dieu ( son Souffle, sa Puissance) se remet à souffler et descend sur Jésus pour demeurer sur lui. Là est la différence absolue avec le baptême de Jean qui n'est qu'un rite de purification. Jésus est OINT par l'Esprit : "Dieu a conféré à Jésus l'Onction d'Esprit Saint et de Puissance" ( Ac 10, 38) "Comme une colombe" : cette image a de multiples significations :

1) A la création, on disait que l'Esprit planait sur les eaux (Genèse 1, 2) : le baptême est donc plus qu'une ablution, qu'une purification. Il est une NOUVELLE CREATION. 2) A la fin du déluge, la colombe était revenue avec un rameau d'olivier. En Jésus, l'eau du baptême noie toutes nos fautes et l'Esprit nous apporte le pardon et la Paix. 3) Dans le Cantique des Cantiques ( chant d'amour conjugal entre Dieu et son peuple), le Roi appelle sa fiancée "ma colombe"(5, 6 ; 6, 9). Puisque la colombe symbolise Israël, cela signifie que Jésus est l'Israël fidèle, aimé : il prend sur lui le destin de son peuple, il assume ses frères, il le porte avec ses faiblesses, ses péchés...

"Tu es mon fils" : le psaume 2 décrit l'intronisation royale. Dieu déclare au nouveau roi, qui vient d'être oint, qu'il l'adopte comme son fils, son délégué, son représentant. Certes Jésus était né "Fils de Dieu" (diront Matthieu et Luc) mais ici il est institué ROI ; sa mission d'inaugurer le Royaume de Dieu sur terre va commencer. Tout l'évangile peu à peu montrera que Jésus n'est pas un "homme adopté" mais qu'il est vraiment FILS de Dieu car au-delà du rite d'eau, il a reçu l'Esprit, il a été OINT d'Esprit Saint ( Ac 10 = 2ème lecture) "Bien-aimé" : dans la célèbre scène du sacrifice d'Abraham (Genèse 22), Isaac est ainsi nommé. Donc Jésus sera le Fils portant le bois (de la croix) et conduit au mont du Golgotha. Les hommes tueront le bien-aimé de Dieu mais Dieu le leur rendra par la résurrection. Le baptême voue au sacrifice.

"En toi j'ai mis mon bon plaisir" : c'est ainsi que Dieu présente son "serviteur" qui fera paraître le jugement de Dieu sur toutes les nations du monde et qui agira de façon très douce, sans violence : "Il ne criera pas, il ne brisera pas le roseau ployé"( Isaïe 42). Jésus sera ce serviteur fidèle qui réalisera le salut du monde entier par une conduite non-violente et même en donnant sa vie (Isaïe 53).

LE BAPTEME CHRETIEN

Dès le début, après Pâques, l'entrée dans l'Eglise s'effectue par le rite du baptême qui se substitue à la circoncision. (cf. Actes des Apôtres). Il se fait "au nom du Christ" c'est-à-dire qu'il relie à Lui, qu'il assimile à lui. Saint Paul, qui a été baptisé, en soulignera l'importance capitale en ces mots à méditer en ce jour : "Nous avons été tous baptisés dans un seul Esprit pour être un seul Corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres" (1 Corinthiens 12, 13) - "Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n'y a plus ni Juif ni Grec ; ni esclave ni homme libre ; l'homme et la femme. Car vous n'êtes qu'UN en Jésus Christ " ( Galates 3, 27) " Nous avons été baptisés dans la mort de Jésus Christ ; nous avons été ensevelis avec lui afin que - comme le Christ est ressuscité des morts - nous menions une vie nouvelle.....Morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui " ( Romains 6)

Donc en ce jour, 1) nous contemplons notre Seigneur qui descend au c½ur de notre humanité pour la laver de ses péchés et la recréer par la Vie divine dans l'Esprit. 2) Nous reprenons conscience de notre dignité : le baptême est une re-naissance dans l'Esprit. Par lui nous devenons ENFANTS DE DIEU, nous avons le privilège de pouvoir prier : "NOTRE PERE". Et nous formons un peuple, une communauté. En Christ nous sommes UN. Le baptême n'est en rien un rite privé : il est de soi agrégation à une Eglise unique. 3) Enfin le baptême nous envoie en mission : porter cette Révélation au monde entier. Comment les baptisés peuvent-ils ré-évangéliser l'Europe ?...

Conversion de Saint Paul

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A, B, C
Année: 2008-2009

Comme nous le savons, depuis le 29 juin 2008, l'Eglise consacre une année entière pour fêter le 2000ème anniversaire du grand Apôtre (qui serait né vers l'an 8 de notre ère- ?). C'est pourquoi, exceptionnellement, en ce 3ème dimanche de l'année, nous célébrons la fête du 25 janvier : " la CONVERSION DE SAINT PAUL". Voilà un Juif dont on ignore bien des détails de sa vie - à commencer par les dates précises de sa naissance et de sa mort - et on n'a conservé de lui que 7 PETITES LETTRES dont le total ne fait pas 100 pages : or elles sont traduites dans des centaines de langues, étudiées dans les universités du monde, critiquées par certains, proclamées partout dans les liturgies chrétiennes et suscitant un flot ininterrompu de commentaires. Il y a bien peu d'auteurs qui ont autant marqué l'histoire des civilisations.

L'EVENEMENT DU CHEMIN DE DAMAS

Jeune pharisien doué de Jérusalem, Saül, de son nom hébreu, entra en rage devant l'expansion irrésistible des premiers groupes de disciples de Jésus. Pour lui et ses confrères, il était évident que Jésus (qu'il n'avait jamais rencontré) avait été condamné à juste titre par le Sanhédrin en tant que blasphémateur. Colporter qu'il était ressuscité et qu'il était le Messie était une fable ridicule, une supercherie inventée par ses disciples. Il fallait de toute urgence stopper la contagion d'une secte qui mettait en péril la sainte tradition d'Israël. Un jour, raconte saint Luc, Saül, accompagné de quelques compagnons, prit la direction de Damas en Syrie, où était signalée une nouvelle communauté de ceux que l'on allait bientôt appeler "chrétiens", avec la ferme intention de les arrêter. Que se passa-t-il sur la route ?...Toujours est-il que Saül se présenta en larmes, écrasé de honte et submergé de joie, demandant son adhésion à ceux qu'il voulait supprimer ! Il était bien arrivé mais il était ..."retourné" !!

"Il approchait de Damas quand soudain une lumière venue du ciel l'enveloppa de son éclat. Tombant à terre, il entendit une voix : " Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ? -- Qui es-tu, Seigneur ?" demanda-t-il. - Je suis Jésus, c'est moi que tu persécutes. Mais relève-toi, entre dans la ville et on te dira ce que tu dois faire ". Ses compagnons entendaient la voix mais ne voyaient personne. Saül se releva ; les yeux ouverts, il n'y voyait plus rien. On le fit entrer en ville...

MEDITONS CET EVENEMENT

-- Il s'agit donc d'un événement foudroyant, imprévisible, d'une initiative du Seigneur qui tout à coup surgit dans la vie d'un persécuteur acharné. "Il m'a appelé par sa grâce", dira-t-il. Nous ne devons jamais désespérer ni de nous ni de personne : le pire peut être radicalement transformé.
-- Révélation extraordinaire : Jésus, que Saül déclarait mort, est vivant ! Non pas "réanimé" comme Lazare ou la fille de Jaïre. Mais passé dans un état tout à fait prodigieux. Ressuscité, il vit dans la Lumière de l'au-delà, dans la Gloire divine. Il est Seigneur. Donc la croix n'était pas une affreuse ignominie mais le sommet de l'amour, la porte du Ciel !
-- Et en même temps, il demeure dans ses disciples puisqu'il dit : "Pourquoi ME persécutes-tu ?". Lyncher le diacre Etienne (scène à laquelle Saül a assisté récemment) ou jeter en prison les chrétiens, c'est ATTAQUER JESUS. On ne peut dire : Je suis chrétien mais je refuse l'Eglise.
-- Qui donc est ce Jésus qui a été crucifié comme un malfaiteur, et qui, maintenant, est, simultanément, SEIGNEUR DE GLOIRE et PRESENT DANS LES SIENS qui l'avaient abandonné...donc à qui il a aussi fait miséricorde ????... On ne peut le réduire à un prophète, un héros !
-- Ce Seigneur pourrait châtier durement son persécuteur, le foudroyer dans sa colère : au contraire il le relève, lui parle avec douceur, lui révèle l'ignominie de ce qu'il est train de faire ! Donc nous devons avoir la même conduite à l'égard de nos ennemis : non les enfermer dans leur mal mais leur ouvrir les yeux.
-- Et non seulement le Christ pardonne à Saül mais il l'embauche ! Il transforme son persécuteur en prédicateur. Pour cela, il l'envoie à la communauté : c'est là qu'il recevra la tradition sur Jésus. La relation au Christ n'est jamais affaire privée : le converti se doit de demander l'entrée dans l'Eglise, dans une communauté afin d'y recevoir le baptême, les enseignements de l'Evangile, la tradition sur le Repas du Seigneur.

Ainsi Paul nous apprend que la foi chrétienne n'est pas d'abord une coutume héréditaire, une instruction, une morale, un rituel mais la rencontre de QUELQU'UN. C'est cette rencontre bouleversante qui a transformé Saül : il ne sera pas d'abord un enseignant mais un homme habité par une Présence, un homme aimé ! Ses lettres, ses exhortations, ses colères ne se comprennent que comme réponse, élan d'un amour passionné pour ce Jésus, vrai Messie, vrai Fils de Dieu.

"Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi" (Galates 2, 20).

LA MISSION = FONDER PARTOUT DES EGLISES

Paul (de son nom romain) ne deviendra donc pas un rabbin, un grand maître entouré de disciples. Abandonnant tout, il va se lancer sur toutes les routes : il ira à Antioche de Syrie, puis à Chypre, puis en Macédoine, puis à Corinthe, puis à Ephèse. Son ultime projet dont il fait mention dans sa dernière lettre, sera de se rendre en Espagne, au bout du monde connu de l'époque. Il n'est pas sûr qu'il ait pu réaliser son rêve : arrêté à Jérusalem, il sera jeté en prison, puis emmené à Rome où il sera condamné, en tant que citoyen romain, à la décapitation ( années 66-67 ?) "Malheur à moi si je n'évangélise pas !" : Paul est certain d'avoir été choisi pour accomplir la tâche la plus essentielle de l'histoire des hommes : proposer à chaque personne - Juifs d'abord puis païens- la Bonne Nouvelle. Jésus a offert sa vie pour le pardon des péchés ; il nous donne son Esprit pour que nous vivions de la Vie divine, pour que nous devenions vraiment des enfants de Dieu. "Nous ne sommes plus sous la Loi mais sous la grâce...Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé...Il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni homme libre ni esclave, ni l'homme et la femme : tous, baptisés, nous sommes UN en Jésus-Christ ! "

Partout Paul rencontre scepticisme, moquerie, colère, haine. Coups, prisons, fouet, faim, froid... : rien ne l'arrête. Au c½ur des grandes cités païennes, Thessalonique, Corinthe, Ephèse, des gens l'écoutent et sont transpercés par sa parole. Non cet homme n'invente pas, il ne cherche ni gloire ni fortune, il est un témoin authentique. Et Paul, partout, fonde des EGLISES, des communautés, luttant pour que les convertis vivent ce pour quoi le Christ avait donné sa vie sur la croix : que, refusant racisme et rancune, les personnes de toutes conditions, de toutes cultures, de tous âges, s'accueillent, animés du même Esprit, priant ensemble : "NOTRE PERE...". Et chaque 1er jour de la semaine, on se réunit afin de partager dans l'allégresse le Repas du Seigneur : " Ceci est mon corps...". On fait mémoire de la croix, on vit en Christ, on espère son retour : Maranatha ! Viens, Seigneur Jésus ! On se réconcilie comme membres de ce Corps qui était l' EGLISE. Les 1ers chrétiens n'ont créé aucune institution, n'ont jamais pris le pouvoir, n'ont rien imposé, rien construit, n'ont pas résolu les problèmes sociopolitiques du temps : simplement ils ETAIENT UNE COMMUNAUTE FRATERNELLE animée par la charité, l'agapè, l'amour du Christ créant UN CORPS ! Combien étaient-ils ? Paul ne parle jamais du nombre, de la quantité : seule comptait pour lui la qualité, la vérité, l'authenticité des communautés. Qu'elles vivent l'Evangile, qu'elles deviennent l'Evangile vivant, manifeste...

En terminant en ce jour la semaine de prière pour l'Unité des chrétiens, nous prions l'Apôtre pour que, enfin, il n'y ait plus qu'une seule Eglise visible, pour que l'unité des chrétiens conduise à l'unité du monde dans la Paix de Dieu. Et pour que, à notre tour, avec le même zèle, nous poursuivions son ½uvre : annoncer la Bonne Nouvelle.

Dimanche de Pâques

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2008-2009

Jésus est Ressuscité ! Vrai ou faux ?


" Jésus est mort et il est ressuscité ! " : Savons-nous assez que dans cette proclamation réside tout l'Evangile ? Que la Bonne Nouvelle n'est pas d'abord un livre, un code de lois, un enseignement de bonne conduite, une pratique de rites mystérieux ?.. Osons-nous l'affirmer, le répéter à nos enfants ? Notre vie chrétienne est-elle une habitude héréditaire, une soumission inconditionnelle, un honnête comportement - ou tire-t-elle son inspiration du cri de la foi : "Jésus est mort et ressuscité pour nous" ? Notre foi est-elle morale ou pascale ? ...vertueuse ou vitale ?... Notre messe est-elle routine ou manifestation dominicale de l'essence du credo chrétien ?

"Résurrection" ? : ce cri de l'Eglise se heurte au scepticisme, aux sarcasmes, à l'incrédulité. Même en nous, avouons-le, des doutes parfois surgissent.

En ce jour de Pâques, nous avons à mettre les choses au point, à vérifier nos certitudes. --- A nouveau saint PAUL va nous éclairer.

Saint Paul parmi les philosophes (Actes des Apôtres 17, 16-34)

En ces jours-là - en l'an 50 ou 51 de notre ère -, pour la première fois de sa vie sans doute, Paul de Tarse arpentait les rues d'Athènes la magnifique, la Ville Lumière de l'antiquité, la capitale des beaux esprits, le lieu des grands débats philosophiques. Dans la cité, nul ne sait qu'il y a à peine 20 ans, un certain Jésus de Nazareth a été crucifié à Jérusalem.

Sur la place publique, l'Aréopage, Paul se mêle aux philosophes en train de discuter des dernières théories à la mode et il se met à leur exposer ce qui est sa foi, sa sagesse, le message qu'il a reçu mission, dit-il, de divulguer dans le monde. On écoute avec un certain intérêt cette "nouvelle doctrine".

Cet inconnu affirme qu'il n'y a qu'un seul Dieu créateur du monde, qu'il est tellement transcendant qu'on ne peut l'enfermer dans des temples de pierres, que l'humanité est une, qu'elle a même une certaine ressemblance avec Dieu, que l'âme est immortelle et promise à l'éternité. Tant qu'il décline ces vérités, l'auditoire approuve : voilà une théorie intéressante qui consonne bien avec ce que nos génies, Platon et Aristote, ont découvert et que nos grands maîtres stoïciens nous enseignent.

Mais là-dessus Paul poursuit en parlant de Jésus : il ose proclamer qu'il est ressuscité et que Dieu l'a placé comme Juge de l'humanité !!!

A ces mots, l'auditoire éclate de rire. Comment peut-on tenir des affirmations aussi ridicules ? Oui nous avons une âme immortelle mais, prisonnière d'un corps de misère, elle doit au contraire s'en libérer pour atteindre la béatitude céleste. Nous, gens intelligents, nous n'avons vraiment pas de temps à perdre avec cette jacasse ! Et tous de se détourner de ce Juif ridicule avec ses calembredaines incroyables.

Toutefois, raconte saint Luc, une ou deux personnes poursuivirent la conversation et se convertirent. Paul reprit la route et gagna Corinthe.

Paul rend raison de la Résurrection aux Corinthiens.

Dans cette ville opulente, connue pour ses deux ports, son trafic commercial et ses m½urs libertines, Paul réussit à fonder une Eglise. Mais là également des questions surgirent, des doutes se levèrent. Dans la 1ère Lettre qu'il écrivit plus tard à la communauté, il rappela l'essentiel de ce qu'il avait expliqué naguère ( cf. 1 Corinthiens , chap. 15 )


D'abord il pointe le c½ur de la foi chrétienne : Jésus est mort pour nos péchés, il a été enseveli mais il est ressuscité et il est apparu à ses apôtres, puis à un grand groupe de disciples - dont plusieurs sont encore vivants, dit Paul, et vous pouvez les rencontrer à Jérusalem. Et enfin Christ lui est apparu à lui, Paul, alors qu'il était un persécuteur de l'Eglise. Cet événement l'a complètement retourné et il a mission d'annoncer cette Bonne Nouvelle à tous les peuples. Donc la résurrection de Jésus ne repose pas sur l'affirmation du tombeau vide mais sur l'assurance de dizaines de témoins que l'on pouvait rencontrer, questionner et qui étaient pleins d'une joie nouvelle.
Ensuite Paul met en garde et rappelle le caractère nécessaire de cette révélation pascale : c'est là que s'engage le tout de la vie chrétienne :

 

"Si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vide et votre foi est illusoire ! Vous demeurez dans vos péchés !".

Sans Pâques, Jésus n'est qu'un martyr et nous sommes les élèves d'un cours de morale.


D'autre part il ne faut pas imaginer cette résurrection comme la réanimation d'un cadavre. A Pâques a surgi Jésus, le même homme mais tout autre. Et avec lui, une nouvelle humanité. Certes nous demeurons membres d'une lignée biologique avec un corps promis à la mort. Mais la foi nous donne dès aujourd'hui une Vie nouvelle, un Esprit qui nous recrée. Et ainsi nous gardons une espérance solide : oui, nous ressusciterons ! Et viendra un jour où la mort sera vaincue définitivement et où " Dieu sera tout en tous ".
Si cette résurrection des corps est inimaginable, la nature permet d'entrevoir le mystère. On sème des grains, il pousse des épis, on plante un gland, il surgit un chêne. De même on enterre un corps de chair, il en surgira un "corps spirituel : c'est la même personne mais animée par l'Esprit-Saint donc incorruptible, éclatante de Gloire ! Le poète a fait graver sur sa tombe : " Ci-gît la semence de Paul Claudel"
Enfin, emporté par la joie de son élan, Paul conclut :

 

Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ ! Aussi, mes frères, soyez fermes, inébranlables ; faites sans cesse des progrès dans l'½uvre du Seigneur sachant que votre peine n'est pas vaine dans le Seigneur"

Donc l'Eglise n'a pas à se vanter de ce qu'elle fait. La véritable victoire, celle sur la mort, ne pouvait que lui être donnée par son Seigneur. Mais cette victoire - acquise une fois pour toutes - doit se vivre parmi les difficultés, les épreuves et les tentations du monde. Pâques nous donne tout mais il nous appartient de demeurer fidèles à ce don : "Soyez fermes, inébranlables, faites des progrès...". Le Corps Vivant du Christ doit apparaître dans le Corps de l'assemblée eucharistique. * Le renouveau de notre foi, la tension nouvelle de notre espérance, la chaleur nouvelle de notre amour nous seront donnés par l'Esprit-Saint. Voici le temps pascal : 50 jours pour vivre de la joie de Pâques dans la prière à l'Esprit.

R. Devillers, dominicain Tél. et Fax : 04 / 223 51 73 Courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

HOMELIE HEBDOMADAIRE : Le fr. R. Devillers publie généralement une homélie en début de semaine afin de pouvoir préparer le dimanche suivant. Il est possible de s'abonner gratuitement afin de recevoir ce service : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser."

Dimanche de Pâques

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2008-2009

Il devait avoir aux alentours de six ans. Son cartable semblait en tout cas bien lourd à porter. Il avait les yeux pétillants de vie et n'arrêtait pas de poser des questions à son papa. La scène se passait dans un ascenseur de cet hôpital, il y a juste trois semaines. A un moment donné, l'enfant demanda : « papa, c'est quoi les francs belges ? » Le père expliqua à son fils, un peu gêné vu le monde qui l'écoutait, que c'était la monnaie de notre pays avant le passage à l'euro. L'enfant reprit : « mais alors cela veut dire que nous étions déjà belges avant l'euro ? ». Il était tout étonné de sa découverte et repartit de plus belle avec d'autres questions. Dans cette bribe de conversation entendue, j'ai apprécié à la fois l'incrédulité de ce petit garçon mais aussi sa logique enfantine. J'aurais aimé qu'il pose également des questions sur le mystère de Pâques et de pouvoir écouter quelles conclusions il allait en tirer. Cela m'aurait certainement inspiré pour cette homélie. Nous sommes ce matin encore un peu comme les disciples. Nous arrivons de divers horizons pour nous trouver devant un tombeau dont la pierre a été roulée. Nous y sommes d'abord venus avec notre c½ur. Tout comme Pierre et Jean, notre c½ur avance plus vite que notre raison. Notre présence en cette chapelle en est la preuve. L'amour de Dieu nous guide vers ce lieu, vers cet événement de Pâques qui est tellement de l'ordre de l'indicible que nous aimerions juste garder le silence et simplement partager l'amitié. Notre c½ur nous fait ainsi redécouvrir que le temps ne peut pas ronger la tendresse, que l'amour est plus fort que toute mort et qu'il ne passera jamais. C'est donc avec le c½ur que nous sommes conviés à entrer dans ce mystère pascal. La pierre a été roulée et pourtant le tombeau n'est pas vide puisqu'il est habité des signes de la mort, traces d'un passage pour le Fils de Dieu. Le linceul et le linge qui avait recouvert la tête sont toujours là. Ces deux petits détails sont importants. En effet, lorsque Lazare sortit du tombeau, il a du être délié de ses bandelettes. Cette fois, il n'en est rien pour le Christ. Il a été ressuscité par le Père. Nous nous situons donc face à un événement d'un autre ordre qui va au-delà de tout savoir, au-delà de toute compréhension. Les traces de la mort sont présentes et pourtant le Christ n'est plus là. Il séjourne ailleurs. Et c'est cette réalité précise qui sera le déclencheur du chemin de foi du disciple que Jésus aimait, c'est-à-dire chacune et chacun d'entre nous. Nous sommes entrés dans le temps de l'après-mort de Dieu. Dans ce tombeau, le Christ n'y est plus. Il n'y repose plus. Il vit dorénavant dans l'immensité de la résurrection et nous ouvre de la sorte les portes de la vie éternelle. Nous sommes invités à partir vers un ailleurs, vers une dimension nouvelle de notre humanité. Le partage de la vie divine n'est plus une vaine promesse. Elle s'offre à nous dans l'expérience de la foi en Jésus Ressuscité. Alors qu'au début de la vie de Jésus, les mages s'en étaient retournés par un autre chemin. Aujourd'hui, il n'y a plus de craintes à avoir, c'est pourquoi les disciples retournèrent tout simplement chez eux. L'amour a triomphé. Nous assistons à la mort de la mort. Elle n'est pour nous plus qu'un instant éphémère qui nous fait passer de notre condition humaine à l'appel de la vie en Dieu. Le tombeau reste habité de traces, de signes de l'événement de la mort du Fils de Dieu mais puisqu'il n'y repose plus, ce n'est plus là que nous devons nous arrêter. Passons notre chemin, il n'y a plus rien à voir. Le mystère de la résurrection est une invitation à sortir de notre torpeur de l'expérience de la mort pour pouvoir opérer en nous un déplacement. En effet, nous quittons le champ du savoir et de la connaissance, en d'autres termes, le champ d'une certaine forme de maîtrise, de contrôle. Et nous entrons tout en douceur dans l'espace de l'inattendu de Dieu où nous sommes invités à voir dorénavant autrement ce que nous traversons. Comme toute expérience de deuil, nous passons ainsi du temps de l'absence à celui d'une nouvelle présence à apprivoiser. Cette présence est à la fois toute différente mais non pas moins intense. Nous accédons à un autre ordre relationnel où il n'y a plus de limites. Et c'est par le c½ur que nous sommes à jamais reliés. Dès lors, s'il est vrai que nous ne pouvons entrer dans le mystère de Pâques qu'en le vivant, reconnaissons que nous pouvons déjà l'approcher par le biais de l'amour qui nous lie, nous relie au Christ qui est allé jusqu'au bout de sa tendresse pour nous. S'il en est vraiment ainsi, elle avait alors tout compris cette femme qui avait exigé que dans son avis nécrologique soient indiquées les mentions de sa naissance et de sa mort de la manière suivante : née pour mourir le 27 juin 1924, morte pour vivre le 17 novembre 1998 car, comme le souligne un humoriste, quand on meurt, c'est pour la vie. En effet, grâce à l'événement merveilleux du mystère de la Pâques du Christ, notre vie s'inscrit dans un temps, notre mort ne durera qu'un instant, et notre résurrection se perpétuera pour l'éternité. Que cette espérance nourrisse dans l'amour notre foi. Bonne fête de Pâques.

Amen.

Dimanche des Rameaux

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A, B, C
Année: 2008-2009

A l'orée de la Semaine Sainte et puisque nous célébrons une "année Saint Paul", contemplons le grand apôtre. A partir du moment où il rencontra le Christ vivant, ou plutôt où le Christ vint à sa rencontre, quel fut son unique but, sa seule préoccupation, sa passion inextinguible ? :

Annoncer Jésus le Christ crucifié et ressuscité et créer partout des communautés fondées sur cette foi.

Pour accomplir cette mission, Paul parcourut à pied des milliers de km, logea à la belle étoile, supporta soleil torride, orages, nuits glaciales ; il risqua les dangers des loups et des bandits, subit sarcasmes, vexations, injures, fut arrêté, jeté en prison plusieurs fois, giflé, flagellé, roué de coups. Rien n'arrêta son élan, nulle menace ne le détourna de la mission capitale qu'il avait reçue. Son ultime projet fut de gagner l'Espagne pour y proclamer le Christ mais il fut arrêté, conduit à Rome, condamné et décapité. Il avait environ 60 ans. Enfin il allait revoir Celui qui l'avait saisi sur le chemin de Damas.

Près de 20 siècles ont passé. A Salonique, à Corinthe, à Ephèse, des ruines témoignent de la splendeur passée de ces grandes cités. Oubliés les hommes politiques qui les dirigeaient, les sportifs acclamés par les stades en délire, les célèbres acteurs adulés par le public. Mais Paul a réussi son projet : les Eglises qu'il a fondées ont traversé l'histoire. Des dizaines de générations de croyants ont transmis le flambeau de la foi, ont continué la "paroisse" que Paul avait un jour créée et aujourd'hui encore des assemblées célèbrent l'Eucharistie et écoutent encore les cris célèbres de l'apôtre Paul : "J'ai décidé de ne rien savoir parmi vous sinon Jésus Christ et Jésus crucifié... Ma vie présente, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi... Pour moi, jamais d'autre titre de gloire que la croix de notre Seigneur Jésus Christ : par elle, le monde est crucifié pour moi, comme moi pour le monde... Je peux tout en Celui qui me rend fort..."

Les modes passent : la communauté chrétienne a la clef de l'avenir.

PAUL NOUS PARLE ENCORE

"L'année Saint Paul" ne se réduit pas à un moment de souvenir nostalgique : elle nous appelle à partager cet amour du Christ, à faire mémoire de la Croix et de la Résurrection, à réactiver notre foi, à renforcer notre témoignage. L'apôtre serait étreint de tristesse de voir cette foule immense de baptisés qui, pris par le matérialisme et confondant foi chrétienne avec vague religiosité, se sont détournés de la vie quotidienne de leur Eglise.

Il crierait aux jeunes : " Je vous en supplie : revenez au Christ et à son Eglise. Rejoignez la communauté pour vivre de la Parole de Dieu et partager le Repas du Seigneur. Rendez-vous compte des périls qui menacent ! Sortez des ornières du confort et de l'indifférence ! Retrouvez l'urgence d'une spiritualité authentique ! Ne laissez pas le monde courir à l'abîme !".

Et il nous lancerait, à nous les anciens : " Ouvrez les portes au Christ, brisez vos routines, ne vous résignez pas, accueillez un avenir différent, secouez la poussière, osez témoigner de votre foi !"

CELEBRER AUJOURD'HUI LA MORT ET LA RESURRECTION

Célébrer la Semaine Sainte, refaire l'itinéraire tragique et glorieux de notre Sauveur au long de ces prochains jours, nous serrer ensemble pour être le petit peuple bouleversé par la croix, par l'amour infini manifesté par Jésus : voilà à quoi nous sommes invités maintenant. Un évêque vient de dire : " Il n'y a pas trop peu de chrétiens : il y a trop de chrétiens qui ne le sont pas !"

Nous ne voulons plus être des chrétiens routiniers. Avec toutes nos pauvretés, conscients de nos faiblesses et de nos lâchetés, nous relisons le récit de la Passion où se dévoile l'ignominie de l'humanité : versatilité des foules qui hurlent à mort contre un pauvre homme qu'elles acclamaient quelques jours auparavant, orgueil des puissants qui croient posséder la vérité, traîtrise d'un apôtre, reniement de l'autre, lâcheté du juge, vilénie des gens qui injurient un homme en train d'agoniser sur la croix.

Il serait trop facile, et faux, d'accuser tous ces acteurs de la passion pour nous donner bonne conscience. Avouons-le : nous aussi, aujourd'hui, nous ne défendons pas notre Maître, nous le trahissons par nos péchés, nous sommes gênés de confesser notre foi, nous adoptons des m½urs païennes.

Mais la merveille se réalise pour nous comme jadis pour les Apôtres : comme eux, nous savons que le Christ Vivant revient vers nous afin de nous offrir son infinie miséricorde. A l'exemple de Pierre et de Paul, chacun de nous peut dire : " C'est pour moi que Jésus a accepté ces terribles souffrances, c'est pour moi qu'il a subi ce supplice. Mais c'est pour moi, pour nous, les croyants, qu'il est ressuscité. Convertissons-nous à lui et nous pouvons vivre ensemble dans la joie de sa Vie partagée".

Paul avait compris que la mort et la résurrection de Jésus constituaient le pivot de l'histoire, que cet événement marquait la fin de l'ancien monde et inaugurait un Royaume où il n'y a plus Juifs et Grecs, Blancs et Noirs, patrons et ouvriers, nantis et démunis mais où tous nous sommes UN en Jésus Christ, purifiés par son sang et animés de la vie de son Esprit.

Lors des funérailles de notre cher curé, on a beaucoup évoqué sa bonne humeur, son entrain, son ouverture ; on n'a pas dit combien il avait souffert en secret de voir tant de petits communiants et de jeunes couples abandonner l'Eglise, tant de baptisés n'ayant plus faim de partager le Pain du Christ.

Comment est-il possible de renoncer à l'Eucharistie, foyer de la foi ?...

Car être chrétien, c'est, en même temps et de façon indissoluble, croire au Christ vivant et être membre d'une communauté réelle, vivante, active.

Oui l'Eglise est très imparfaite et ses liturgies parfois mornes, mais Christ l'a tant aimée ( et son pape Pierre qui l'avait renié ) qu'il a donné sa vie pour elle.

Dans ses lettres, Paul pointe les défaillances de ses communautés, mais jamais il n'aurait manqué la réunion qu'elles vivaient chaque dimanche quand, à tous ses frères et s½urs, Jésus offrait son Corps et son Sang - gages éternels de son amour offert une fois pour toutes.

L'Eucharistie, mémoire de Pâques, enflammait les chrétiens de charité et leur donnait la force d'affronter toutes les persécutions.

Décidons-nous : vivons cette semaine dans la prière, rassemblons-nous pour fêter la Pâque, le passage du Seigneur, redisons-lui notre gratitude pour son Amour, fêtons sa victoire sur le mal. Cela est de la plus grande urgence. Ce n'est pas obligatoire : c'est vital et indispensable

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