3e dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Si nous arrivons à combiner la jeunesse, la beauté, la richesse, la gloire, l'harmonie amoureuse, l'enthousiasme tout au long de notre vie, celle-ci sera réussie nous promettent l'ensemble des médias en cette fin de millénaire. Tel est l'idéal qui nous est proposé. Et il est faux, archi-faux. Nous sommes saturés d'images idéales et elles sont placées tellement haut, beaucoup trop haut que nous n'arriverons jamais à nous hisser jusque là-haut. Face à un tel constat soit nous tombons dans la mélancolie et le désespoir de ne jamais pouvoir être heureux puisque ces critères de succès sont inatteignables, soit nous reconnaissons que notre société se trompe à ne présenter que les sommets des rêves et les merveilles comme étant l'acquisition de la plénitude promise. Un peu comme si seuls, les grands de ce monde pouvaient être heureux.

Et ceci va tout à fait à l'encontre de notre évangile. Ce n'est pas un grand de ce monde qui annonce la nouvelle qui va bouleverser ce même monde. Jean-Baptiste n'est pas la star que tout le monde adule et dont les secrets sont dévoilés chaque semaine dans Gala ou Voici. Il ne signe pas des autographes par milliers, protégés par ses quatre gardes du corps préférés. Et, il ne passe pas à la télé non plus. Non, Jean-Baptiste est un homme parmi d'autres. Une voix qui crie dans un désert. Une voix qui chante dans nos lieux intérieurs désencombrés de tout ce qui nous empêche de rejoindre notre essentiel. Une voix simple qui utilise des images que toutes et tous peuvent comprendre : il parle de sandales. J'ai personnellement toujours eu horreur des sandales, je trouve que ça fait « curé ou bonne soeur » mais comme ces deux catégories de personnes n'existaient pas à cette époque, l'image veut sans doute dire autre chose. Dans la culture juive, il n'y avait rien de plus humiliant que de défaire la courroie des sandales de quelqu'un, c'était réservé au plus petit des esclaves. De cela, il n'en est même pas digne, clame-t-il. Etonnant. Surprenant. Et pourtant, dans sa simplicité, Jean, sans pour autant s'écraser, se nier, nous convie à faire désert en nous pour entrer dans un mystère qui nous dépasse : celui du Fils de Dieu. Entrer dans un tel mystère, ce n'est pas réaliser un idéal, encore moins se désoler d'être dans l'ordre de l'incompréhensible. Non, entrer dans un mystère, c'est tout simplement se mettre en marche pour commencer à essayer de comprendre. C'est sans doute la raison pour laquelle, Jean le Baptiste nous dit : au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. Il ne crie rien de plus. Jean-Baptiste ne dit rien de lui mais tout de Dieu en ne disant rien si ce n'est qu'il est au milieu de nous. Quel paradoxe ! Et c'est de cette manière que nous sommes invités à entrer, en ce temps d'Avent, dans le mystère de Noël.

Hier Jean-Baptiste, aujourd'hui l'Eglise disent la même chose : Dieu est là, parmi nous et nous, Eglise ou Jean-Baptiste, nous ne sommes pas Dieu. A chacune et chacun de Le trouver. Ne nous inquiétons pas, Dieu n'est pas comme ces faux idéaux de notre société, c'est-à-dire inatteignables. Dieu se laisse reconnaître. Il vient à nous. Il frappe chez nous. Il vit en nous. L'Evangile de ce jour ne nous dit rien de plus que cela : Dieu est au milieu de nous. En disant si peu, tout en disant tout, Jean-Baptiste nous rappelle que Dieu ne s'enferme pas dans des images, des idées que nous nous sommes façonnées. Personne ne peut nous imposer une définition de Dieu puisque par définition, Il est au-delà de ce que nous pourrions en dire. S'Il ne se définit pas, Il se rencontre, Il s'inscrit au coeur d'une relation que nous avons à construire avec Lui. Un peu comme si la voix qui crie dans nos déserts nous disait : il n'y a pas de lieu de Dieu. Dieu n'est pas plus dans une Eglise que chez soi ou en soi. Il est partout mais nous ne Le rencontrons personnellement que dans les lieux ou les temps qui nous parlent et correspondent à nos états d'âmes : au cours d'une ballade en montagne pour reprendre un des exemples de la seconde lecture de ce soir, devant l'océan, dans les flammes d'un feu, dans un recoin de son coeur, lors d'une rencontre empreinte d'amitié et de tendresse, dans les mille et une petite choses qui font la beauté de la vie. Si Dieu est vraiment là, qu'attendons-nous alors pour aplanir la route qui nous conduit à Lui ? C'est cela le temps de l'Avent, ne passons pas à côté.

Amen.

3e dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

La semaine dernière, il s'agissait dans l'évangile de la prédication de Jean le Baptiste. Il y avait la prophétie d'Isaïe - « A travers le désert une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur » - Jean a apparu et disait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales » (Mc 1:7)). Cette semaine, c'est presque la même chose, mais dans un autre évangile, celui de Jean Jean dit : « Je suis la voix qui crie à travers le désert... Moi, je vous baptise dans l'eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c'est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. » Mais si c'est presque la même chose cette semaine, il y a quand même des différences. Dans Marc, Jean le Baptiste prépare le peuple à la venue du Messie, tandis que dans Jean il rend témoignage à la lumière. La nouvelle idée, c'est la lumière. Et il y a aussi ce dialogue étrange avec les juifs. Jean le Baptiste n'est pas la lumière, dit l'évangéliste, et il y a beaucoup d'autres choses que Jean n'est pas. Il n'est pas le Messie, dit-il aux pharisiens, ni Élie, ni le grand prophète. Sa conversation avec les pharisiens est curieusement négative. Pourquoi répond-t-il à la question « Qui es-tu ? » en disant qui il n'est pas ?

Plus Noël s'approche, plus il s'agit de la lumière. Plus on parle de la lumière, et plus on allume les bougies. Beaucoup de religions ont leurs fêtes de la lumière, hanukkah chez les juifs et diwali chez les hindous. La lumière est toujours un symbole du divin. L'obscurité est effrayante, tandis que la lumière est attrayante, rassurante. Dans l'obscurité on ne se retrouve pas, on est perdu, tandis que dans la lumière on voit où on est. Dans l'obscurité il est dangereux de marcher ; dans la lumière le chemin est plus sûr ; on voit où on va. Et dans l'obscurité une lumière qui apparaît nous donne un sens. On marche vers la lumière. La lumière peut être à la fois notre destination, notre but, et ce qui éclaircit notre route, une sorte de guide. La lumière sert donc naturellement d'image du divin, de Dieu, qui est la destination de notre vie, qui donne un sens à notre vie et qui illumine notre chemin de sorte que nous pouvons arriver à Dieu.

Dieu est lumière, Dieu nous donne de la lumière pour que puissions voir clairement, trouver le bon chemin, aller dans le bon sens. Il illumine notre vie pour que nous vivions bien. Mais, si l'image de la lumière et d'une certaine façon une image naturelle de Dieu, il y a quelque chose de paradoxal. Jean, l'évangéliste, dit que Jean le Baptiste est venu pour rendre témoignage à la lumière. Mais la lumière, si elle illumine les choses pour que nous les voyions bien, n'a pas besoin d'être illuminée pour être vue. La lumière s'illumine, elle est lumineuse, elle est visible en soi. Pour voir la lumière, il ne faut qu'ouvrir les yeux. Il est donc inutile de l'indiquer, d'y rendre témoignage.

Mais parler de Dieu en termes de lumière, ce n'est finalement qu'une métaphore. Dans la vie, il est malheureusement possible de croire voir la lumière et de se tromper. Il est possible de croire bien comprendre les choses, voir clair, tandis qu'on comprend mal. Cela arrive souvent dans les petits détails de la vie quotidienne, mais aussi dans les questions plus importantes. Cela arrive aussi quand il s'agit de la compréhension de la vie même. Il y a eu, et il y a encore, beaucoup de gens - y compris des religieux - qui se croient éclairés et qui ne le sont pas, qui prétendent éclairer les autres et qui ne répandent que l'obscurité. Ces gens voient peut-être sincèrement, mais ils voient mal. Jésus dit donc dans l'évangile selon Matthieu : « Si ton oeil est malade, ton corps tout entier sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres ! » (Mt 6:23).

C'est pourquoi il faut parfois quelqu'un qui ne prétende pas être la lumière, mais qui nous dirige vers elle, quelqu'un qui dise clairement qu'il n'est pas le Messie, ni Élie, ni le grand prophète. C'est pourquoi Jean est là, pour diriger les gens vers Jésus, qui les éclairera véritablement. C'est pourquoi l'Église est là aussi. L'Église ne contient pas la plénitude de la lumière divine ; simplement, elle nous dirige vers Jésus, vers, comme le dit Paul, la gloire de Dieu qui rayonne sur le visage du Christ (2 Cor 4:6). C'est en suivant Jésus, en permettant à Dieu même de nous guider, que nous arriverons à Dieu. C'est à sa lumière, à la lumière de Jésus que nous voyons la véritable lumière.

3e dimanche de Pâques, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Lorsque je suis cité dans un sermon au cours de cette célébration dominicale, plusieurs personnes viennent me voir et se demandent toujours comment je vais répondre. Aujourd'hui m'est donnée l'occasion unique de vous parler du frère Lorenzo, frère dominicain, membre de l'Equipe pastorale, doctorant en théologie, responsable de la liturgie communautaire et de l'accueil des gens en difficulté. Il dirige également la chorale de dix-neuf heures. Et nombreux sont ceux qui viennent écouter ses homélies où il cite toujours le grand auteur contemporain qui alimente sa pensée, c'est-à-dire moi. Le frère Lorenzo, depuis son plus jeune âge, a toujours voulu être témoin de l'Amour de Dieu. Nous sommes alors en droit de nous demander à quoi reconnaît-on un témoin ? Ceux de Jéhovah c'est assez simple, ils sont toujours à deux et ont une mallette. Pour le frère Lorenzo, je ne sais pas si c'est sa coiffure, ses sandales ou encore ses bas en accordéon qui vous mettront la puce à l'oreille. Au-delà de ses petits détails, témoin il est par la vie qu'il a choisie. Je pourrais continuer à vous parler de lui mais cela flatterait un peu trop son ego. Et j'ai déjà tellement affaire à gérer le mien. Je peux parler de lui, comme je peux parler de chacun d'entre nous parce que toutes et tous nous sommes appelés à être témoin. Et c'est peut-être plus qu'un appel, parce que sans témoin la foi en Dieu se meurt.

Pour être témoin, il y a me semble-t-il trois étapes. La première est plus passive. Nous voyons, nous entendons, nous lisons. En ce sens les Ecritures sont importantes dans la construction de notre foi. Mais ce que nous voyons, lisons ou entendons, nous le faisons à partir aussi de ce que nous sommes. Pas un témoin d'un accident ne racontera l'événement de la même manière. Je ne crois pas qu'il existe de témoignage objectif. Tous sont profondément subjectifs. Il en va de même pour la Bible, ce n'est sans doute pas pour rien qu'il y a des textes où nous avons l'impression que nous les entendons pour la première fois alors qu'à de nombreuses reprises, ils avaient déjà été entendus. Entendus, c'est vrai, mais ils ne faisaient aucun écho en nous avant aujourd'hui. Notre capacité d'écoute et de découverte est dès lors bien intimement liée à notre état d'esprit et de vie. La première tâche du témoin est donc d'accueillir, de s'ouvrir à la réalité proposée, voire même de se laisser surprendre par ce qui nous dépasse. Vient ensuite un deuxième mouvement dans la dynamique du témoin. C'est le temps de la compréhension. Je ne reste pas un témoin passif de l'événement. Il n'est pas une simple photo vers laquelle je jette un regard furtif. Non, je prends le temps d'analyser, de saisir, de comprendre. Je le fais mien, je me le réapproprie sans vouloir pour autant le posséder. C'est tout le travail de l'intégration de ce que j'ai vu, lu ou entendu. Ce n'est plus simplement quelque chose qui est extérieur à moi, je l'absorbe dans mon histoire et je vois comment il me fait écho. Lui et moi, nous commençons à nous conjuguer à la première personne du pluriel. Et je commence de la sorte, petit à petit, à mon rythme, à habiter l'événement humain ou divin.

Voir, lire ou entendre ; ensuite, comprendre et habiter pour enfin témoigner de manière active. Voilà donc la troisième étape de ce qui fait de chacune et de chacun de nous des témoins. Selon les dires du Christ, nous ne pouvons pas nous contenter des deux premières étapes de ce processus. La foi n'est pas quelque chose uniquement pour nous ; elle n'est pas une propriété privée. Non la foi se partage et se transmet. Nous l'avons reçue, nous l'avons acceptée, nous tentons de comprendre, ou en tout cas nous réfléchissons sur ce mystère mais nous ne pouvons le boucler sur nous-mêmes. La foi se donne à vivre aux autres. Elle est un trésor merveilleux qui ne peut s'enfermer, s'engloutir dans nos pensées. Elle est vie et nous convie à la partager, à l'offrir. Oh pas par de grands discours, pas par de belles paroles. Non la foi se propage par contagion. C'est parce qu'elle donne sens à nos vies, parce qu'elle donne du goût à nos existences, que nous souhaitons que celles et ceux qui croisent nos chemins puissent aussi goûter à un peu de notre bonheur.

Ne soyons donc pas croyants pour nous-mêmes mais osons témoigner de ce qui habite au plus profond de nos êtres car sans nous la foi se meurt. Telle est notre responsabilité. Amen.

4e dimanche de Carême, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Jn 3, 14-21

Le frère Vincent est un frère dominicain du couvent d'Oxford en Angleterre. Sa particularité est qu'il est aveugle et son occupation principale, aussi étonnant que cela puisse paraître, est l'épluchage des légumes. Et comme il a beaucoup d'humour, il nous dit qu'il laisse toujours les yeux dans les pommes de terre. Si je vous parle de ce frère c'est parce qu'il lui est arrivé l'histoire suivante : un jour il a été invité à assister à une conférence dans le nord de l'Angleterre. Etant très indépendant et comme à son habitude, il s'était fait montré le chemin la veille. Le matin, le voilà, attendant de passer à un passage pour piétons. Une personne lui demande s'il compte aller à la conférence et s'il peut l'accompagner. Vincent était très heureux de cette attention. Il nous dit avoir eu très peur en traversant la chaussée. Il entendait les voitures qui freinaient et klaxonnaient et se demandait ce que faisait l'autre. Arrivé de l'autre côté de la route, il lui fait remarquer que la traversée lui a semblé très dangereuse et qu'il était étonné que l'autre soit un si mauvais guide. Mais c'est vous qui me guidiez, répondit ce dernier. Les deux étaient aveugles. L'histoire est amusante et elle m'est revenue à la mémoire en méditant l'évangile de ce jour.

Nos deux aveugles anglais ont un point commun avec l'évangile de ce jour. Ils ont tous trois fait confiance. Et sans mauvais jeu de mot, je dirais même, ils avaient une confiance aveugle en l'autre qu'il soit partenaire dans la cécité ou Jésus Christ. Cette confiance est étonnante et tellement difficile à vivre encore peut-être plus aujourd'hui. Notre société est devenue à ce point compétitive que nous nous laissons déborder par elle. Elle ira jusqu'à envenimer les relations humaines puisque quelque part l'autre devient une menace dont je dois me méfier. Dans combien d'auditoires ne prête-t-on pas ses notes de cours de peur que l'autre réussisse et prenne notre place. Dans combien de lieux de travail, ne faisons-nous pas pleinement confiance à celles et ceux qui nous entourent car nous craignons leur trahison au moment où une meilleure opportunité de travail s'offre aux deux ? La confiance, fondement de toute relation humaine n'est plus élevée au rang de vertu. Elle est aujourd'hui souvent entendue comme naïveté voire même signe de bêtise : « si tu fais confiance, tu te feras manger par l'autre ». L'autre devient de la sorte celui dont il faut se méfier par excellence. Triste monde. Triste vie.

Le meilleur moyen de se protéger est de se mettre dans la peau de l'observateur, celui qui vit un peu en retrait de lui-même, qui ne se laisse pas trop vite influencer et qui garde ses distances. Hélas, trois fois hélas, l'observateur fonde ses jugements sur les apparences. Il utilise tous les sens qui lui sont disponibles pour se positionner. L'habillement, le langage du corps, les gestes, la voix deviennent des pièces d'un puzzle qui nous permet de nous situer, parfois de rencontrer, souvent de condamner. Un peu comme si l'être humain pouvaient se réduire non pas à ce qu'il est mais à ce qu'il montre de lui. La vie est de la sorte vécue comme une grande pièce de théâtre où chacune et chacun nous avons un rôle à jouer pour nous situer, pour nous protéger. Les apparences, celles de l'autre et les nôtres nous aveuglent et nous enferment dans la spirale de la peur. Comme si ces fameuses apparences décrivaient l'être de l'autre, son essence. Ne nous enfermons pas dans nos apparences respectives, elles ne sont que le manteau de nos personnalités. Ce que nous sommes est en-dessous lorsque nous nous laissons être à nous-mêmes, c'est-à-dire lorsque la confiance est là et que la rencontre devient lieu où deux histoires se racontent en tendresse et se reconnaissent profondément fragile. Alors prennent sens les mots du prophète Samuel : « Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le coeur ». L'être de l'homme réside en son coeur, c'est là et là seulement qu'il est pleinement lui-même, elle-même.

Puissions-nous en ce temps de carême nous désaveuglés de nos peurs et de nos jugements de condamnation pour entrer dans la vraie lumière, celle qui trouve sa source dans nos coeurs, lieu où Dieu réside en chacune et chacun d'entre nous. Amen.

4e dimanche de Carême, année B

Auteur: Delavie Bruno
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Jn 3, 14-21

Aujourd'hui, il semble que rien ne va plus... C'est la crise. La mondialisation de l'économie a comme conséquence la fermeture de grandes usines. C'est le chômage, les grèves, la vie chère. C'est la pollution, la violence... Des moments viennent où nous sommes prêts à nous prendre à tout, où nous cherchons des responsables et des coupables. Il est bon alors de nous souvenir que, dans son regard sur notre monde, Dieu nous indique souvent une direction inverse à celle que nous suivons facilement. L'évangile de Jean nous dit aujourd'hui : "Dieu n'a pas envoyé son fils dans le monde pour le juger, mais pour que par lui, le monde soit sauvé. "

Ainsi les textes de la liturgie de ce jour nous présente l'amour que l'Eternel a pour toute l'humanité.

Déjà, toute l'histoire d'Israël apparaît comme un dialogue incessant recherché par Dieu, avec les hommes. Il les a créés à son image. Ils sont un peu comme le reflet de ce qu'Il est en Lui-même, et Dieu est comme séduit par le chef d'oeuvre de sa création. Dans le prendre Testament, la relation avec l'Eternel nous est présentée en termes d'épousailles. Dieu se fiance l'humanité qu'il a créé. Il fait alliance avec son peuple. Et puisqu'Il aime, Il suppose la réciprocité. Il attend en retour un amour de la part des humains. C'est là le sens profond de la Loi.

Régulièrement, Il envoie les prophètes pour rappeler cette alliance. Car Il ne s'arrête pas aux échecs. Sans cesse Il repropose son amour.

C'est tout le message du livre des chroniques, dont nous avons lu un extrait dans la première lecture. Rédigé après l'exil, à l'époque d'Esdras, au moment où ce dernier essaye de restaurer le culte de Yaveh à Jérusalem, l'auteur relit toute l'histoire comme un mouvement de Dieu qui sans cesse est à la recherche d'une réponse d'amour de la part de son peuple. Il envoie ses prophètes, Jérémie et même le païen Cyrus rappeler sa cause. Finalement, comme le dit encore l'évangéliste Jean, il nous envoie son propre fils : "Dieu a tant aimé le monde, qu'il a envoyé son propre fils pour le sauver ".

Si Dieu fit l'homme à son image, très souvent les hommes ont imaginé Dieu selon leur propre image, selon leurs aspirations et leurs désirs. Comme les humains rêvent de puissance, comme ils rêvent de tout savoir et de tout connaître, comme ils souhaitent dominer la terre et leurs frères et soeurs, ils se sont fabriqué une image de Dieu qui leur conviennent. Dieu est soi-disant comme eux tout-puissant, omniscient, vengeur et vindicatif Il est donc nécessaire d'obtenir ses bonnes grâces et sa bienveillance ou encore d'apaiser son courroux.

Par ses paroles, par ses comportements et par sa vie offerte et sa mort cruelle, Jésus nous dit tout autre chose de Dieu. Il nous révèle un Dieu amoureux de l'homme et de tous les hommes, mais en même temps vulnérable et donc à la merci des humains -C'est donc un Dieu qui a un projet admirable de bonheur pour tous et qui en même temps dépend totalement de nous pour réaliser son rêve

Dieu veut la vie pour l'homme et pour tous les hommes. Il ne veut pas la mort de quelqu'un, en tous cas pas celle du pécheur et donc pas celle de son fils, Jésus. Un père souhaitant la mort de son fils nous paraît comme un sentiment abominable.

La mort de Jésus n'a pas été voulue par Dieu, demandée et exigée par lui. Si Jésus est mort c'est parce que des hommes l'ont tué. Il a été victime de la méchanceté humaine, comme aujourd'hui meurent encore dans notre mort un tas d'innocents souvent même dans l'indifférence générale.

Il nous faut donc changer de regard et considérer que Dieu n'exigeait pas pour pardonner nos péchés le paiement de notre dette par la mort de son Fils. Jésus n'avait pas à payer à notre place pour apaiser la colère divine. C'est tout le drame de l'opposition des juifs a Jésus. Refusant d'être mis en cause et ayant peur pour leur propre pouvoir, ils l'ont supprimé.

"Quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. Tout homme qui fait le mal déteste la lumière. Il ne vient pas à elle, de peur que ses oeuvres lui soient reprochées.

Il est vrai que l'homme religieux, présent dans le coeur des chefs des prêtres et des pharisiens, mais aussi toujours renaissant en nous, veut s'assurer contre Dieu. "Puisque j'observe ta loi, tu dois me récompenser" ou encore "Vois mes sacrifices et mes mérites, tu dois exaucer ma prière." ou bien négativement "qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu pour qu'il m'abandonne ainsi ?"

C'est la religion du troc ! A cela, il nous faut affirmer : "ON N'ACHETE PAS DIEU" Dieu n'est pas à vendre, mais il est à rencontrer dans une relation d'amour. A une économie de marché, qui est de l'ordre de la religion, Jésus substitue une économie de grâce et de don, en surabondance. Jésus n'a pas calculé. Il a aimé. Vulnérable, il s'est laissé prendre, il s'est laissé trahir par Judas, il s'est livré aux juifs pour épargner les siens.

Ainsi Jésus présente une image de Dieu toute différente : un Dieu se donnant à l'homme avec un amour fou. Il a préféré abandonner sa propre vie plutôt que de changer quoique ce soit au message d'amour et de compassion qu'Il venait apporter de la part de Dieu. Il est allé jusqu'au bout du don, manifestant ainsi l'amour sans limite que Dieu a pour les hommes. "Par sa bonté pour nous, dans le Xt Jésus, il voulait montrer la richesse infinie de sa grâce. " nous dit l'apôtre Paul. Au moment de sa mort, le voile du temple se déchire. C'est le signe de la fin d'une alliance pour en fonder une nouvelle. Car la seule gloire de Dieu, désormais n'est plus le saint des saints, mais le crucifié.

"De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, épargnant ainsi ceux qui avaient été mordu par les serpents, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. " Il est bon de rappeler ici la parole de l'apôtre "Nous prêchons un Jésus crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens"..

Le crucifié, c'est l'image d'un Dieu qui meurt par amour. Telle est notre foi. Jésus n'est pas seulement un prophète que l'on tue. Il est Dieu lui-même donnant sa vie par amour.

Il nous faudrait nous en souvenir, au moment où dans quelques jours nous allons faire mémoire de la passion et de la résurrection de Jésus. Nos croix qui ornent nos maisons, que nous dressons aux carrefours des chemins ou dans nos chapelles, mêmes celles que nous portons comme bijoux ou pendentifs sur nos poitrines, sont bien autre chose qu'un talisman. Elles sont le témoignage d'un amour fou de Dieu. Souhaitons qu'à cette lumière "nos oeuvres soient reconnues comme les oeuvres de Dieu".

4e dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Une jeune adolescente de notre paroisse me racontait, il y quelques semaines, l'épisode suivant. « Après avoir écouté le témoignage d'une religieuse qui avait raconté comment elle avait reçu l'appel de Dieu, la jeune adolescente me confia qu'elle s'était mise à prier Jésus comme jamais pour que ce dernier ne l'appelle pas à devenir bonne soeur ». Comme quoi un simple témoignage peut devenir traumatisant. N'ayant moi-même jamais eu Jésus au téléphone me demandant de devenir dominicain, je n'ai jamais très bien compris cette idée d'avoir été appelé. Ce type d'expression ne fait partie ni de mon vocabulaire, ni de mon expérience spirituelle. A la lecture de l'évangile de ce jour, j'imagine bien notre jeune adolescente se remettre à prier de plus belle. Si déjà être « bonne soeur », pour le dire dans ses mots, n'était pas son idéal, j'imagine que la perspective de devenir la mère de Dieu ne doit pas l'enchanter beaucoup plus.

Ce récit de l'annonce faite à Marie nous le connaissons tous. Il fait partie des histoires merveilleuses et magiques de notre enfance. Cela s'est-il réellement passé de la sorte ? Est-ce un récit historique ? Personne ne peut ni le confirmer, ni l'infirmer. Et pourtant au-delà du merveilleux de l'événement, cette histoire nous parle aujourd'hui encore. Il y a d'abord la disponibilité de Marie face à l'inattendu. Il y a ensuite son « oui » qui va transformer toute notre humanité. Mais il y a surtout la naïveté de cette jeune femme qui accepte de porter en elle le Fils de Dieu, c'est-à-dire Dieu Lui-même. Qui d'entre nous n'aurait pas hésité à sa place ? Et c'est cette idée de naïveté que je voudrais souligner ce matin (soir). La naïveté est souvent comprise en son excès. Elle devient alors synonyme de peu d'intelligence, de bêtise. Par contre la naïveté présentée dans l'évangile de ce jour est belle, positive. La naïveté est signe de cette grâce naturelle empreinte de confiance et de sincérité. Cette naïveté est loin d'être frivole, elle ouvre en nous un espace sur lequel nous pouvons élaborer, rêver, bâtir, en fait, construire tout simplement notre vie. C'est de cette manière que nous pouvons comprendre le sens de l'appel. Marie a été appelée à devenir Mère de Dieu. Et nous, toutes et tous, nous sommes appelés à nous réaliser. Il n'y a pas de chemin tout tracé, à nous de le trouver. Je souris d'ailleurs toujours lorsque quelqu'un me dit : « il faut être bien courageux pour être religieux aujourd'hui ». En disant cela, la personne se trompe de registre. Etre religieux, (s'engager jusqu'à la mort comme soeur Sabine dans trois semaines), ce n'est pas du tout une question de courage mais bien de bonheur. Et à ce type d'interpellation, je réponds toujours : « il faut être bien courageux pour se marier aujourd'hui. Moi en tout cas je n'en aurais pas été capable ». En effet, la vie religieuse, la vie de couple, la vie de famille, la vie de célibat choisi, la vie d'amour dans la fidélité, toutes ces vies ne sont pas dans l'ordre du courage mais bien de l'épanouissement. Ils sont à leur manière le chemin que nous avons choisi d'emprunter pour nous réaliser. Le courage consiste à vouloir marcher sur le chemin de l'autre au risque de ne pas être heureux. L'appel de Dieu, l'appel de Marie sont d'abord et avant tout des appels à la vie. Si nous nous promenons sur le chemin de notre destinée, il ne s'agit pas de courage mais bien de naïveté. En effet, je crois qu'il faut une grande part de naïveté pour se lancer dans la vie que nous choisissons. Tout choix est un pari sur le futur. S'engager dans sa vie demande toujours un minimum d'inconscience et d'audace. Nous ne sommes jamais tout à fait prêt. Il y a toujours mille et une raisons qui pourraient nous dire : attend, ce n'est pas encore le moment ; il faudrait d'abord faire ceci et encore cela. Mais à force de reculer son « oui », de repousser son saut dans les choix qui nous construisent nous risquons de nous enfermer dans une solitude destructrice de ce que nous sommes et avons à être.

La naïveté de Marie, la naïveté de la vie nous invite à toujours continuer de progresser, d'avancer parce qu'il y aussi de la fidélité dans la naïveté. Puissions-nous ne jamais l'oublier. Naïvement Marie a dit oui, il y a 2000 ans. Que notre oui à l'appel de Dieu, l'appel de la vie résonne en nous comme signe de notre désir de vivre heureux enraciné dans les pas du Fils de Dieu.

Amen.

4e dimanche de Pâques, année B

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

« Je suis le bon pasteur ». C'est une des métaphores les plus connues du Nouveau Testament. Jésus est le berger, et nous sommes les brebis.

C'est une métaphore riche qui a une longue histoire dans la tradition juive. Le roi David était connu comme berger ; « Berger » est devenu titre royal ; en s'appelant berger Jésus prétend donc être roi des juifs. Dans le livre du prophète Ézéchiel Dieu rejette les bergers humains, les rois d'Israël, et dit qu'il deviendra lui-même un jour le berger de son peuple. En s'appelant berger, Jésus dit que Dieu est présent en lui, et qu'en lui Dieu guide son peuple.

C'est donc une métaphore importante et centrale. Mais il faut dire que ce n'est qu'une métaphore. Nous ne sommes finalement pas des brebis. La vie d'une brebis est simple : elle mange de l'herbe, elle dort, elle s'accouple de temps en temps avec un bélier. Elle suit les autres brebis, qui suivent le berger. Puis, on l'abat et on la mange. Ce n'est pas une bête remarquable. La vie humaine est beaucoup plus compliquée, plus intéressante, plus difficile et pleine de beaucoup plus de possibilités que celle d'une brebis.

Si nous ne sommes pas des brebis, Jésus n'est pas un berger non plus. La relation entre Jésus et nous n'est pas la relation entre un berger et ses brebis. La brebis peut s'égarer dans les rochers, et alors le berger va la chercher. Mais il ne la cherche pas par amour ; il la cherche parce qu'elle lui appartient, c'est sa propriété, s'il la perd, il perd de l'argent, ou il aura moins à manger. Certainement, et contrairement à ce que dit Jésus, il ne mourra pas pour ses brebis. En parlant de la mort du berger Jésus dépasse les limites de la métaphore.

Comme toute métaphore, celle-ci est à dépasser. Dieu, et notre relation à Dieu, n'est pas à saisir, il n'y en a pas d'image cohérente. Mais il y a quand-même un élément de l'image du berger et de ses brebis qui est important. C'est en suivant leur berger que les brebis trouvent leur nourriture et leur sécurité, càd leur vie. Les brebis ne suivent pas n'importe qui. Les brebis, dit Jésus, reconnaissent la voix du berger à qui elles appartiennent. Puisque la vie humaine est plus compliquée que celle d'une brebis, nous avons besoin d'une nourriture plus compliquée que celle dont a besoin la brebis ; pour vivre une vie vraiment humaine nous avons besoin d'une nourriture qu'on peut appeler spirituelle. Et si une brebis peut s'égarer parmi les rochers, nous pouvons nous égarer dans le monde. Nous pouvons perdre notre orientation dans le monde, ou le monde et la vie peuvent perdre leur sens, ils peuvent devenir muets et ne plus nous parler ; et alors, dans ce silence, nous sommes profondément perdus. Nous avons besoin de plus qu'un berger. Nous avons besoin de quelqu'un qui nous permette de nous retrouver, en qui nous puissions retrouver le sens de notre vie et du monde. C'est pourquoi, si Jésus parle de lui-même comme d'un berger, son évangéliste Jean l'appelle « Verbe de Dieu », la parole vivante de Dieu par qui tout est créé. Selon Jean, il y a une parole dans les choses, une parole qui est à l'origine des choses, à leur centre, une parole qui peut établir - ou rétablir - une sorte de communion entre nous et le monde, une parole qui nous dit le sens du monde. Cette parole s'est faite chair, c'est Jésus, le berger. C'est pourquoi il est tellement important d'écouter et de reconnaître la voix de ce berger, de ne pas suivre n'importe quelle voix. Nous ne suivons pas Jésus pour être pieux, ou obéissants, ou saints, mais pour trouver un sens dans le monde, pour vivre humainement.

Ce dimanche du Bon Pasteur on a dans l'église catholique l'habitude de prier pour les prêtres. C'est une très bonne idée, parce que les prêtres ont toujours besoin d'être soutenu par vos prières. Mais n'oublions pas que les prêtres, comme les évêques, ne sont pas nos pasteurs. Il n'y a qu'un seul pasteur, il n'y a qu'une personne qui nous donne la vie et qui donne un sens à notre vie. Les prêtres et les évêques ne sont que des brebis qui ont un rôle un peu spécial dans le troupeau. Ils ont le devoir, comme beaucoup de laïcs, de transmettre fidèlement la parole de vie que Jésus nous parle. Pour pouvoir faire cela, il faut qu'eux aussi puissent reconnaître sa voix au milieu de tout le bruit et de toutes les opinions qui nous entourent aujourd'hui, et qu'ils l'écoutent. Prions donc que tous ceux qui parlent au nom de l'église écoutent bien la parole de Jésus, qu'ils la comprennent et qu'ils la transmettent fidèlement.

5e dimanche de Pâques, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

La culpabilité. Voilà un beau thème. D'après certains, nous les catholiques, nous serions les champions de la culpabilité. En tout cas, certains milieux nous le reprochent de manière assez véhémente d'ailleurs. Nos regards, nos commentaires seraient pétris de cette culpabilité et nous aurions paraît-il même un don pour veiller à ce que tous ceux et celles qui croisent nos chemins se sentent coupables après notre rencontre. Cette image du monde chrétien, voire catholique est évidemment un peu caricaturale mais pourtant dans chaque caricature, il y a toujours quelque chose de vrai comme si une certaine forme de culpabilité nous collait à la peau.

Etant né l'année où débutait le Concile de Vatican II, je reconnais ne pas avoir été pétri dans mon éducation d'un tel sentiment. Pourquoi ? Parce que je crois qu'il y a eu un grand tournant au cours de ce Concile. Avant, et ce, jusqu'il y a encore quelques dizaines d'années, tout homme, toute femme était jugé sur ses actions. Actions qui étaient elles-mêmes tout à fait désincarnées de la personne. Vous allez me dire que je leur en veux, même si aujourd'hui heureusement pour l'Eglise ils ont eux aussi évolué, pendant quelques siècles, nos amis, enfin plutôt vos amis, les jésuites ont favorisé la morale de l'action. Ce qui importe avant tout c'est ce que nous faisons. Nous sommes jugés sur nos actions. Les explications, les excuses importaient peu, nous étions coupables puisque nous avions agi de la sorte. Une telle morale, me paraît humainement fausse. En effet, nous ne sommes pas toujours à même de comprendre le pourquoi de nos actes. Parfois, ils nous dépassent complètement. N'oublions jamais que nous restons des icebergs vis-à-vis de nous-mêmes. Nous connaissons et aimons ce qui est visible, nous percevons ce qui se trouve juste en-dessous du niveau de l'eau et le reste de l'iceberg reste un grand mystère même pour nous. Nos actions ne peuvent donc pas être dissociées de nos personnalité. Heureusement pour nous aujourd'hui, Vatican II est revenu à une tradition théologique plus ancienne, thomise pour dire vrai, donc dominicaine. Excusez-moi du peu. Cette tradition à laquelle j'appartiens préfère à la morale de l'action, plutôt l'éthique de l'être. C'est-à-dire une éthique qui tient d'abord question de la personne, une éthique qui refuse de dissocier nos actes de nos êtres. Nous formons un tout. Nos actions s'enracinent au plus profond de nous. La question n'est pas : « que dois-je faire ? ». Cette question est trop infantile. Non, la question qui doit nous habiter est la suivante : « qui ai-je envie d'être, qui ai-je envie de devenir ». Ayant répondu à cette question, je peux alors choisir les actes que je veux poser pour me permettre de devenir l'être que je suis. Il y a donc bien cette question préalable essentielle à la conduite de nos vies. Cette éthique est nettement plus positive mais elle n'empêche cependant pas que nous commettions certaines erreurs, voire même certaines fautes conscientes ou inconscientes. Nous pouvons alors être envahi d'un sentiment de culpabilité qui s'il n'est pas géré, grandit en nous jusqu'à complètement nous paralyser (à l'image de notre seconde lecture). Nous ne sommes plus à même de porter du fruit pour nous-mêmes et pour les autres. Or le Christ ce matin (soir) nous rappelle que l'arbre se juge à ses fruits. Dès lors entrer dans la spirale de la culpabilité ne nous permet pas de nous en sortir, d'éclore en nous l'ensemble de potentiels qui nous ont été offerts par la vie. Que faire pour pouvoir à nouveau donner du fruit ? Peut-être méditer la seconde (première) lecture de ce jour. S'enfermer dans la spirale de la culpabilité, c'est quelque part se condamner comme s'il n'y avait aucune issue possible ; c'est croire qu'il n'y aura jamais plus de lendemain ensoleillé ; c'est refuser de se pardonner pour l'erreur ou la faute. En fait, c'est jouer à Dieu. Pas n'importe quel Dieu, un Dieu qui juge et condamne nos actions. Ce n'est pas parce que nos actions sont mauvaises que nous le sommes pour autant. C'est pourquoi, Saint-Jean, dans sa lettre, nous rappelle : « si ton coeur te condamne, Dieu est plus grand que ton coeur, et il connaît tout ». C'est sans doute une des phrases de la Bible que nous devrions connaître par coeur et méditer constamment.

Notre Dieu refuse que nous nous enfermions dans une culpabilité stérilisante. Il veut pour nous la vie et nous invite à nous dépasser. Tout simplement parce que « si ton coeur te condamne, Dieu est plus grand que ton coeur, et il connaît tout ». Amen.

5e dimanche de Pâques, année B

Auteur: Delavie Bruno
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

La culture de la vigne est très répandue dans les pays méditerranéens. Chez nous, nous nous contentons d'en consommer le produit : le vin.

Une belle vigne, quelle merveille ! Les feuilles regorgent de sève et les grains sont gonflés de jus ! Les grappes sont prometteuses d'un millésime qu'on savoure à l'avance. Une vigne plantureuse porte fièrement le nom de son propriétaire.

Il n'est pas étonnant que la vigne ait servi d'image familière pour exprimer une réalité bien plus profonde. Ainsi Israël est la vigne de Dieu.

Déjà le prophète Isaïe avait décrit les relations entre Dieu et son peuple : 'Mon ami possédait une vigne sur un coteau plantureux. Il y retourna la terre, enleva les pierres et installa un plant de choix. La Vigne du Seigneur tout puissant, c'est la maison d'Israël et les gens de Juda sont le plant qu'il chérissait" La parabole évoquait la tendresse, la sollicitude du Seigneur pour son bien. Il en attendait de beaux raisins, pourquoi n'en a-t-elle produit que des mauvais ?

Le psaume 79 reprend la même comparaison sous forme de prière nationale pour Israël en difficultés. "Cette vigne que tu as retirée d'Egypte, tu as déblayé le sol devant elle pour qu'elle prenne racine et remplisse le pays. Cette vigne, c'est le cep choisi que Yahvé a entouré de soins prévenants. Mais la clôture a été abattue ! La vigne ravagée, Dieu va-t-il laisser faire ?

Interviens pour cette vigne, Seigneur "

La "vraie" vigne, en réalité c'est Jésus. Il est le cep et les disciples sont les sarments. Ils participent à la vie du Christ comme les branches participent à la vie du cep auquel ils sont attachés. Il faut demeurer en lui, comme la racine s'accroche à la terre. En effet, le fils éternel du Père, Jésus-Christ seul peut conférer aux entreprises humaines une valeur d'éternité.

'Je suis la vigne et mon Père est le vigneron" Désormais, le plant choisi par le vigneron, n'est plus Israël, mais Jésus, le Bien Aimé. C'est lui le cep planté par Dieu et c'est lui, en même temps, le fruit incomparable. Le nouvel arbre de vie, c'est le peuple qui naît de Jésus et ne fait qu'un avec lui. Mystère de la sève dont le mouvement intérieur et discret a uni le cep aux sarments jusqu'à leur faire porter du fruit. "Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit !"

Immense vigne, le champ où les hommes luttent, peinent, donnent leur vie, sans savoir que le fruit qu'ils portent vient d'une sève cachée qui tait son nom. Le cep est devenu la nourriture des affamés de justice, la ressource subtile des pauvres, la sérénité inébranlable des doux, la grandeur d'âme des miséricordieux, la force des torturés, la fidélité des artisans de paix. "Celui qui demeure en moi, celui-là porte beaucoup de fruit." La vigne des hommes est désormais et pour toujours la vigne de Dieu. Heureux ceux qui savent humblement qu'ils sont eux-mêmes les sarments dont Jésus est le cep et le Père le vigneron ! Heureux ceux qui dans la patience et la ténacité, émondent la terre des hommes pour qu'elle porte son fruit le plus beau : ils sont la vendange de la vigne de Dieu !

5e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Mc 1, 29-39

La femme idéale. La belle-mère rêvée. Alors que très souvent dans de nombreux couples, la fameuse belle-mère pose problème, nous découvrons l'image de celle que toutes et tous nous aimerions avoir. Elle était peut-être un peu grippée, ou autre chose, en tout cas au lit. Et voilà qu'à peine guérie, au moment où la fièvre la quitte, elle se met à les servir. Ce soir, je ne souhaite pas m'arrêter trop longtemps sur la disponibilité et la serviabilité de la belle-mère de Pierre mais plutôt m'interroger sur le pourquoi de son attitude. Qu'est-ce qui fait qu'elle ne perd pas de temps ? Femme soumise, une vie dévouée au service des autres ? Non, je crois que la clé de ce que je considère un peu comme un mystère se trouve dans l'attitude du Christ, telle qu'elle nous est proposée au verset précédent. Et par là, il nous offre une belle leçon de vie. Si la belle-mère se met à servir, c'est peut-être sa manière à elle de remercier non pas tant d'avoir été guérie mais de la manière dont cela s'est fait. « Jésus s'approcha d'elle, la prit par la main, et il la fit lever ». Devant la belle-mère de Pierre, Jésus se tait. Il n'y a ni mot, ni discours, ni parole. Juste un geste accompagnant un regard. Un geste simple. Un regard vrai, tout en tendresse. Rien d'autre. Une raison suffisante en tout cas pour que celle qui vient d'être guérie, ait envie de remercier le Christ.

Nous aussi dans nos vies, nous sommes confrontés à la souffrance morale ou physique de l'autre, à la maladie d'un être cher. Et souvent nous sommes mal à l'aise. Nous ne savons pas quoi dire. Les mots nous manquent et nous préférons parfois éviter la rencontre. J'en ai pour preuve l'histoire suivante. Alors qu'elle se savait condamnée par la médecine, peu avant de mourir, elle me confiait que le plus dur pour elle au cours de sa maladie, avait été de voir des personnes qu'elle connaissait et qui changeait de trottoir, comme si elles ne l'avait pas vu, pour ne pas devoir lui parler. Tellement les mots leur manquaient. Et elle, elle ne demandait pas grand chose : juste un peu de douceur, un peu de tendresse. Il ne lui fallait rien d'autre. Elle n'en voulait pas à celles et ceux qui se détournaient d'elle. Elle regrettait simplement que nous soyions si mal préparé à accompagner les personnes en souffrance. C'est vrai mais que dire, que faire ? Rien si ce n'est d'être là et reconnaître surtout que nous ne pouvons jamais tout à fait comprendre la souffrance de l'autre. Il y a donc d'abord cet acte d'humilité à faire : je t'accompagne dans ce que tu vis mais en même temps je reconnais que je n'ai pas la prétention de tout saisir. Je ne suis pas toi, tu n'es pas moi. Je suis là et c'est bien ainsi. Avoir la prétention de comprendre et ramener la souffrance de l'autre à une expérience personnelle vécue, c'est entrer dans la spirale de la non écoute puisque je sais ce que tu ressens l'ayant vécu moi-même. Nous passons alors à côté de la rencontre. Mais alors revient à nouveau en nous la question : que faire, que dire ? Il n'y a rien à dire puisque toute expérience de souffrance est de l'ordre du mystère, de l'indicible. Il y a alors le silence. Oh, non pas un silence vide de sens et pesant mais plutôt un silence à l'écoute de la chair de l'autre pour sentir en nous la vibration de son être, la vibration de sa vie. Et sans autre prétention que celle d'accompagner la personne aimée dans ce qu'elle ressent. Il n'y a plus de parole dans ce monde là si ce n'est une écoute attendrie, empreinte de douceur accompagnée d'un geste de tendresse et d'un regard aimant. Et pourtant ces gestes nous font peur. Nous les vivons souvent comme étant maladroits. Et cette maladresse n'est que le signe de notre pauvreté et de notre fragilité face au drame de l'autre. Il nous ramène constamment à notre propre finitude, à notre propre mortalité. Et ça c'est difficile à vivre dans un monde comme le nôtre qui essaye de nous faire croire que nous sommes des êtres immortels en éloignant de nous le plus possible la réalité de notre mort. C'est vrai devant la souffrance, la nôtre et celle des autres, nous sommes profondément démunis et impuissants.

Nous aimerions tant pouvoir changer le cours des choses mais cela ne nous a pas été donné. Il nous reste alors l'exemple du Christ. A nous aussi de nous approcher de celles et ceux qui souffrent et de leur prendre la main. Cela ne changera pas la maladie mais notre geste, notre regard redonnera à l'autre toute sa dignité. Il ou elle pourra à nouveau être debout à ses propres yeux. Jésus nous ouvre le chemin. Amen

6e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Mc 1, 40-45

Alexandra, petite africaine de dix ans, chante actuellement en Suisse dans une comédie musicale intitulée « Exils » : la chanson suivante. Afin de vous épargnez le son de ma voix, je préfère ce matin (soir) vous lire ces paroles : « Moi, quand je suis née, j'étais noire. Quand je suis malade, je suis noire. Quand j'ai froid, je suis noire. Tandis que toi, quand tu es né, tu étais rose. Quand tu vas au soleil, tu es rouge. Quand tu as froid, tu es bleu. Quand tu as peur, tu es vert. Quand tu es malade, tu es jaune. Dis, c'est qui, l'homme de couleur. » En quelques mots d'enfant, voilà qu'elle nous remet un peu à notre place. Les gens de couleurs, pour ne prendre que cet exemple, sont pour certains, un peu les lépreux de notre société.

Parce qu'en effet, des lépreux et des lépreuses, il en existe encore aujourd'hui. Il y a d'abord celles et ceux atteints par cette horrible maladie et qui vivent principalement en Inde. Et puis il y a tous les autres. Tous ceux et celles que nous avons enfermé, emprisonné dans des catégories bien précises au nom de leurs différences. Ils sont là et bien nombreux. Et ces derniers, nous n'arrivons jamais à nous en débarrasser. Ils portent les noms de nos exclusions. Nous pourrions appeler cette maladie la lèpre sociale. Maladie d'autant plus surprenante qu'en ces jours où tout le monde se plaît à parler de mondialisation et de communication, nous prétendons volontiers que toutes les frontières ont été abolies. Et pourtant, si nous osons regarder la réalité en face, que de frontières à nouveau tracées, que de murs à nouveau bétonnés entre les ethnies, les minorités, les nationalités, voire même entre voisins d'un même quartier. Egalement frontières des avoirs et des savoirs. Un besoin de sécurité face à la peur de l'autre, de la différence. Un moyen aussi de s'unir contre celles et ceux que nous avons décidé de diaboliser pour nous sentir bien. Des discours, des attitudes entretenues par les intégrismes, les idéologies fascistes. Et le pire, c'est lorsque nous nous croyons guéri de cette maladie, elle revient sournoisement même par le biais de la démocratie. Le cas actuel de l'Autriche est une gifle pour nos consciences. Finalement, nous n'apprenons rien de l'histoire. Nous l'aimons en éternel recommencement.

Cette lèpre sociale, je l'ai rencontrée lors de mon voyage en janvier dans la région des Grands-Lacs d'Afrique. Ces pays n'intéressent pas nos régions. Il est vrai qu'il n'y a ni or, ni diamants, ni minerais et encore moins de pétrole. Je n'ai pas la prétention de comprendre et d'expliquer le conflit ethnique qui détruit ces deux pays. Je constate simplement que l'espérance moyenne de vie y est de 38 ans, que les massacres continuent au Burundi soit du fait de l'armée, soit des assaillants appartenant à l'autre ethnie. Dans ce pays, si les accords d'Arusha n'aboutissent pas, ce sera non plus une guerre civile larvée mais un nouveau génocide. Comment peut-on espérer que les gens découvrent l'importance des valeurs de respect de l'autre dans sa différence lorsque seulement 40 % des enfants vont à l'école primaire et pire encore juste 4% iront à l'école secondaire. Dans le pays voisin, plus calme il est vrai pour le moment, la situation reste extrêmement fragile. Petit à petit l'opposition est décapitée pour nous faire croire que d'ici un an ou deux, des élections auront lieu et que la démocratie sera installée. Nous pourrons à nouveau manger à l'aise alors. Quelle farce. Et puis chez eux, il y aura aussi une génération sacrifiée de garçons, beaucoup de ceux âgés entre 12 et 18 ans sont enrôlés de force dans l'armée pour aller se battre dans un pays voisin. C'est vrai qu'à cet âge-là, il y a moins de chance qu'ils meurent du sida. Voilà donc un exemple de ravages de cette lèpre sociale : le rejet de l'autre dans sa différence.

Ne perdons cependant pas l'espoir, Jésus vient abattre les frontières, les barrières que nous avons construites. Face à l'exclu de son temps, le Christ tisse notre humanité avec le fil de l'amour. Il va au-delà des préjugés de son époque, il se laisse rencontrer par un rejeté et mieux encore : il étendit la main et le toucha. Puissions-nous aussi, à l'exemple de Jésus, partir à la rencontre de celles et ceux que nous avons nous-mêmes enfermer dans des catégories d'exclusion pour apprendre à les découvrir, les apprécier ou mieux encore les aimer. Si nous y arrivons, alors notre foi nous aura transformer.

Amen.

7e dimanche de Pâques, année B

Auteur: Delavie Bruno
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Jn 17, 11-19

Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du mauvais.

C'est la prière de Jésus pour ses disciples. Il traite de la "Difficulté d'être chrétien"

Jésus dit en effet que nous sommes dans le monde, sans être du monde. L'intention est claire : il s'agit d'être un homme à part entière, immergés dans les luttes, les espérances et les combats du monde, et garder cependant une distance. Il ne s'agit pas du repli superbe de celui qui se tiendrais sur la berge du fleuve et contemplerait son agitation, mais d'une distance qui serait fraternelle. Il s'agit de ne pas se confondre avec le monde sous peine de n'avoir plus rien à dire, plus rien à lui apporter et donc faillir à sa mission. Mais si l'intention est claire, il s'agit en réalité d'un chemin de crête, car il faut tenir à la fois deux choses. Il serait facile de n'en affirmer qu'une, de choisir.

Etre dans le monde. Comme Jésus doit aimer ceux qui se portent avec un grand élan fraternel vers le monde, qui explorent des voles nouvelles, aux marches de l'Eglise, ceux qui prennent des risques, même s'ils commettent des erreurs.

Ne pas être du monde. Savoir lui dire non : c'est encore une façon d'aimer. Non au culte de l'argent et à l'avarice, non à l'injustice et à l'exploitation de l'homme par l'homme, non à l'oppression, non à la violence et au racisme. Même si tout le monde court après l'argent, même si tout le monde triche, même si tout le monde commet l'injustice. La vérité n'a rien à voir avec le nombre des gens qu'elle persuade.

L'EGLISE DONT JE REVE

Alors mon Eglise, celle dont je rêve, celle que j'appelle de mes voeux, n'est pas seulement une, sainte, catholique et apostolique. Elle a d'autres caractéristiques : C'est d'abord une Eglise fraternelle, ai trop pyramidale, ni trop hiérarchique, mais faite de frères et de soeurs. Tout le monde s'y sent à l'aise et ose s'exprimer parce que personne n'y a peur de personne. C'est une Eglise de gauche puisque les frères de gauche sont mes frères et une Eglise de droite puisque les chrétiens de droite le sont aussi. Elle est aussi peu Bonapartiste et Gaulliste que possible En elle, il n'y a pas de personnage messianique, ni de gourous pour dire ce que je dois faire Elles est faites d'hommes libres qui s'écoutent mutuellement, ou plutôt qui écoutent ce que l'esprit leur dit par la bouche de leurs frères.

Mon Eglise est ensuite une Eglise en recherche. Elle n'a pas de réponse à tout. Elle est le grand rassemblement de tous ceux qui voudraient percer le secret de Dieu. Elle est humble. Souvent elle a plus de questions que de réponses. On la voit aux côtés de tous ceux qui cherchent en vérité.

Mon Eglise est enfin engagée. Elle a compris qu'il ne suffit pas de pratiquer la charité d'une manière artisanale, mais qu'il faut s'attaquer aux causes de la pauvreté. Ou plus exactement qu'il importe souvent de faire l'un et l'autre. C'est pourquoi mon Eglise est entrée en politique comme on disait jadis d'une personne qui est entrée en religion. Ou rassurez-vous, si elle pousse à l'engagement politique, elle ne vous dira plus pour qui il faut voter ? Car rien n'est plus détestable qu'une Eglise appelant à voter à gauche à cause des exigences de la justice qu'une Eglise appelant à voter à droite pour la défense des valeurs traditionnelles.

Telle est mon Eglise. Elle existe déjà. Voulez-vous bien que nous travaillons ensemble à la faire naître davantage.

Ce serait un fruit de la Pentecôte. Ce serait l'accomplissement de la prière du Christ.