2e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

 

Jn 20, 19-31

Dieu existe-t-il vraiment ? Jésus était-il bien le Fils de Dieu ? Sa résurrection : rêve ou réalité ? L'histoire de Thomas, une parabole ou un récit historique ? Quelques questions parmi d'autres, de quoi agrémenter notre dimanche en ce temps de Pâques. Et pour vous spécialement aujourd'hui, dans quelques instants, vous aurez enfin la réponse à toutes ces questions. Il m'aura fallu de longues minutes de réflexion pour aboutir à certaines conclusions que je souhaitais vous livrer avant de m'envoler pour quelques semaines rejoindre nos frères dominicains du Rwanda et du Burundi.

Pour ce faire, repartons de l'histoire de Thomas. Personnage mystérieux dont nous ne savons pas grand chose à la lecture des évangiles, à part son incrédulité évidemment. Ce qui est étonnant, c'est ce détail qui est précisé chaque fois qu'il est cité : Thomas dont le nom signifie jumeau. Mais jumeau de qui ? A ma connaissance, je ne connais que deux interprétations : il est nommé jumeau en référence à Pierre qui est l'image par excellence de celui qui doute, qui manque de courage pour affirmer ses convictions et qui ne comprend rien. Ou encore, il est jumeau de chacune et de chacun d'entre nous en son incrédulité. Il devient de la sorte un personnage essentiel sur le chemin de notre foi puisque par sa présence, par son questionnement et ses doutes, il nous autorise à mettre les pas dans les siens pour que nous aussi, nous puissions arriver un jour à clamer haut et fort : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Mais c'est trop facile de dire qu'il est notre jumeau. Trop facile parce que lui a eu la possibilité de vérifier ses doutes, de les confronter pour reconnaître Jésus comme Fils de Dieu. Ca me fait une belle jambe de le savoir mon jumeau dans la foi, alors que moi, je n'ai aucune certitude, aucun moyen de me trouver face à Dieu, si ce n'est lors de mon passage dans l'éternité. Je ne puis alors que vivre d'espérance, accepter de croire ce que l'on m'a enseigné, ce que l'on m'a fait découvrir.

Peut-être même, oser tenter d'entrer en relation avec Dieu. Cette relation se construit de diverses manières, il est vrai. Je peux vivre cette relation intime entre Dieu et moi soit par la lecture des Ecritures. La Bible est un livre révélé qui m'aide à mieux saisir le mystère qui me fait vivre, il me permet de ne pas devoir réinventer la roue à chaque fois en me proposant un chemin d'humanité qui me permet de me réaliser. Mais la Bible reste un livre même si c'est la Bible. Elle me permet simplement de comprendre un peu plus ce qui habite au plus profond de mon être mais je n'ai pas de certitude quant à l'existence de Dieu pour autant, même si ce fameux livre a traversé déjà quelques millénaires. Il n'est pas une preuve historique. Par delà les Ecritures, Dieu, me direz-vous, vous pouvez aussi le rencontrer au coeur de votre prière, c'est-à-dire dans cet espace intérieur que vous vous offrez pour vivre de sa présence. Entre Lui et moi s'installe, une discussion faite de demandes, de merci. Elle est le lieu de mes incompréhensions, de mes questions et parfois même de mes énervements vis-à-vis de Dieu quand je vois la manière dont le monde tourne. Mais est-ce moi qui prie en Dieu, Dieu qui prie en moi ou encore une dynamique relationnelle où poussé par l'Esprit, je pars à la rencontre du Fils qui me reconduit toujours au Père. Ma prière est-elle une véritable relation ou le fruit de mon imagination ? Ce n'est hélas toujours pas une preuve scientifique. Il me reste alors un troisième chemin possible : il est tout bête, tout simple, c'est le chemin de l'amour.

Me revient à l'esprit l'épisode d'un dîner. Ce midi-là, la nourriture n'était pas exceptionnelle, mais le repas était vraiment un temps de rencontre entre deux êtres. La relation qui s'était nouée autour de cette table était une relation d'amour d'amitié. Les mots se partageaient en vérité. Nous n'avions pas peur l'un de l'autre ni de nos vulnérabilités, ni de nos ambiguïtés. Nous nous rencontrions vraiment en vérité, comme si quelque chose nous dépassait, nous dépossédait. Nous étions enlevés de nous-mêmes et légers de pouvoir être pleinement ce que nous étions. Lorsque l'amour d'amitié atteint un tel degré, il devient véritablement signe de la présence de Dieu. La rencontre est sacramentelle comme si la liberté d'aimer était preuve de l'existence de Dieu. Oh, non pas une preuve scientifique, mais une preuve de foi. L'amour d'amitié est le lieu par excellence où Dieu se révèle à nous. Puissions-nous ne jamais passé à côté, parce que toute rencontre d'amitié en vérité est symbole de ce bonheur auquel nous sommes toutes et tous appelés. C'est donc bien dans l'amour, et l'amour seulement que nous trouverons les réponses à toutes nos questions existentielles. Il suffit alors d'aimer, d'aimer en vérité. Amen.

30e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Est-ce que ? Voilà au moins une question intéressante. Est-ce que je suis beau ? Est-ce que je suis intelligent, agréable, sociable, fidèle, à l'écoute, doté d'un sens de l'humour ? Toute une série de questions qui se bousculent dans mon esprit. Et en ce temps de questionnaire du Conseil Paroissial, je rallonge un peu la liste. Avec une nuance mais qui est de taille. Aux questions de ce jour, je ne vous demande pas d'y répondre, ce n'est pas votre problème. C'est le mien. C'est le nôtre. Toutes et tous, dans notre silence intérieur nous avons à les méditer ces terribles questions. Nous y répondrons tantôt de manière négative, tantôt de manière positive. Et cela importe d'ailleurs assez peu, l'essentiel est de les aimer nos réponses. Ni vous, ni moi ne sommes des êtres parfaits. Nous sommes tout simplement des êtres en devenir. Et en devenir de soi uniquement même s'il passe par le prochain. Le tout que nous sommes est à la fois forces et fragilités. Elles sont en nous, nous collent à la peau et nous façonnent. Elles forment les deux piliers de ce que nous devenons. J'ai à m'aimer dans ce que je suis pour devenir. Parce que si je m'aime, je peux alors aimer l'autre comme il est et lui peut faire de même à mon égard. Avec l'amour, avec l'amitié nous entrons dans la dynamique du cercle, l'un se nourrit de l'autre sans savoir lequel est premier. Mais tous deux doivent s'aimer. Cela nous demande un travail intérieur d'authenticité : être soi, s'accepter, ne pas jouer, vivre des ses fragilités pour accepter celles des autres. D'ailleurs refuser de voir ces dernières, c'est prendre le risque de se sentir agressé par son prochain lorsqu'il ou elle est notre miroir au risque de ne jamais se rencontrer. Ce chemin ne peut se faire que dans la confiance. Mais il faut avant tout s'aimer soi-même, affirmera Aristote dans le livre IX d'Ethique à Nicomaque.. S'aimer soi-même pour véritablement aimer l'autre.

Peut-être que celui qui sait nous aimer, nous accompagne jusqu'au seuil de notre solitude puis reste là, sans faire un pas de plus. Mais alors qu'est-ce que c'est, aimer ? Ce n'est pas s'enfermer dans la même vision, s'étouffer dans la même parole, s'assombrir dans la même histoire. Ce n'est pas remplir un vide, effacer une distance puisque, comme l'écrit Bobin, l'amour est plénitude du manque. Aimer c'est prendre soin de la solitude de l'autre - sans jamais prétendre la combler ni même la connaître. C'est cela t'aimer sans t'envahir, te garder sans te posséder, te dire sans me trahir pour un jour être vraiment moi-même, mais cette fois au plus secret de toi parce que je t'aime. Et chanter à l'autre « Je t'aime » ne coûte rien, seulement l'infini de son être. « Je t'aime », autrement dit, c'est me réjouir que tu sois ce que tu es ; et tout faire pour que tu le deviennes davantage. Car ces trois mots-là nous renvoient au centre de nous-mêmes, là où plus rien n'est à résoudre, là où brûle l'intouchable de l'esprit. L'amour ne révoque donc pas la solitude. Il la parfait. Il lui ouvre tout l'espace pour brûler. L'amour n'est rien de plus que cette brûlure. Léger, limpide : l'amour n'assombrit pas ce qu'il aime. Il ne l'assombrit pas parce qu'il ne cherche pas à le prendre. Il le touche doucement. Il l'effleure tendrement. Il le laisse aller et venir. Toujours à son heure, rarement à la nôtre. L'amour fait alors des miracles. Il transforme les défauts de la personne aimée en qualités. L'amour nous apprend à vivre et à aimer nos différences au rythme de nos humeurs. C'est tellement important de se savoir aimé également dans ses fragilités.

Aimer son prochain comme soi-même, phrase que nous avons entendue depuis notre petite enfance et qui nous semblait une utopie, devient alors quelque chose de possible puisqu'aimer son prochain, dans l'esprit de l'évangile, c'est aller à la rencontre de l'autre jusqu'au seuil de sa solitude, sans l'envahir ni désirer le posséder. C'est lui permettre d'être lui-même, lui offrir l'espace dont il a besoin pour se réaliser, pour devenir. Nous ne sommes pas tant dans l'ordre des sentiments mais plutôt dans celui du respect vécu dans l'authenticité avec soi, avec l'autre, avec le Tout-Autre. Il en va pour le prochain, comme il en va pour nous. C'est la raison pour laquelle nous pouvons chanter que la vie est belle et doit être vécue en toute intensité, en plénitude de sens et d'amitié. Tout est dit dans ces deux commandements. Il ne reste qu'à me taire pour laisser monter en nous la profondeur de l'amour évangélique.

Amen.

32e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Vers la fin de l'année liturgique, l'évangile nous parle souvent de l'attente. Il nous dit : l'époux va arriver, attendez ; le jour du jugement va arriver, attendez ; la mort sera vaincu, attendez. Parfois, comme aujourd'hui dans la parabole des dix jeunes filles, le message peut sembler un peu menaçant : si nous ne sommes pas bien préparés, risquons de rater le moment que nous devons attendre et d'être exclus. Mais toujours, même s'il y a un élément négatif, le message de Jésus est au fond toujours positif et porteur d'espérance.

Attendre, c'est notre lot commun. Chacun de nous doit attendre, tous les jours. Nous attendons le train, le bus, le feu vert. A la caisse au GB, c'est toujours la file, et nous attendons. Il y a des attentes plus importantes : la femme enceinte attend la naissance de son enfant, le prisonnier attend le jour où il sera libre.

Dans un certain sens, attendre, c'est ne rien faire, ce n'est pas une activité. Quand nous attendons à la gare ou au GB, nous restons simplement là, sans rien faire de spécial. En attendant le train, nous lisons peut-être le journal ; au supermarché, nous regardons peut-être les autres clients et leurs achats. Mais lire le journal n'est pas attendre, regarder les autres n'est pas attendre. Attendre, c'est simplement être là. Mais c'est être là parce qu'on espère quelque chose. Si nous restons à la gare sans rien faire de spécial, c'est parce que nous espérons que le train viendra. Nous sommes orienté vers l'avenir, et vers un avenir positif. Si nous croyions que le train ne viendrait pas, si nous n'avions pas cet espoir, nous quitterions la gare tout de suite. Nous espérons que le train viendra, c'est pourquoi il vaut la peine de rester à la gare. Si nous restons dans la file au GB, c'est parce que nous espérons arriver un jour à la caisse. L'attente suppose l'espoir. D'autre part, cesser d'attendre, c'est cesser d'espérer. Si nous cessons d'espérer, nous faisons peut-être quelque chose d'autre, nous quittons la gare ou le magasin pour aller ailleurs ; mais nous sommes déçus. La déception est parfois fondamentale : le prisonnier qui ne croit pas qu'il sera libéré, qui cesse d'espérer le jour de sa libération, ne peut pas aller ailleurs, sans espoir, il tombe dans le désespoir, il est désespéré.

Il n'y a pas que des prisonniers qui tombent dans le désespoir. Beaucoup de gens croient qu'ils n'ont rien à espérer. Pour eux, la vie semble être le feu rouge permanent, la déception permanente. Ou il n'y a que la mort qui les attend. Quand Jésus nous dit d'attendre, il nous dit effectivement que nous avons quelque chose à espérer. Quelles que soient les difficultés de notre vie, quelles que soient les déceptions que nous avons éprouvées, nous pouvons espérer, il vaut la peine d'attendre. Nous pouvons nous orienter vers l'avenir, parce il y aura un avenir positif. C'est la promesse de Jésus.

Parfois, si on attend quelque chose, on risque de rater ce qu'on attend. Pour ne pas le rater, il faut attendre de manière intelligente. Bien attendre le train veut dire attendre à la gare et pas à la maison. Il faut être attentif : si on lit le journal en attendant, il ne faut pas s'y immerger à ce point qu'on ne remarque pas le train qui arrive. C'est en effet le côté négatif de ce que Jésus dit : quelque chose de bon va arriver, quelque chose qu'il est possible de rater. Attendons donc le bonheur qu'il nous promet, mais attendons avec intelligence.

32e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Mt 15, 1-13

Je me rappelle de cette blague circulant dans le milieux ecclésiastiques et commençant par la question suivante : comment sait-on qu'un italien est catholique ? C'est très simple, il est catholique si sa femme va à la messe tous les dimanches. Intéressant comme réponse mais tout à fait à l'encontre de l'évangile de ce jour.

Nous la connaissons toutes et tous cette parabole des jeunes filles insensées et prévoyantes. Depuis le temps que nous l'entendons. Et puis, au premier abord, elle est choquante, dérangeante cette histoire. Elle va à l'encontre des bons principes chrétiens qui nous ont été inculqués tout au long de notre enfance : il faut prendre soin de l'autre, il faut partager avec celles et ceux qui ont moins ou voire même qui n'ont pas. Si nous le faisons, alors nous serons vraiment gentils et le petit Jésus sera content. Dans cette perspective évidemment l'évangile de ce jour est heurtant. Nous sommes un peu déboussolés par l'égoïsme des cinq jeunes filles prévoyantes. Or, je crois, le texte est nettement moins dur que ce qu'il n'y paraît à première vue.

Il rappelle simplement qu'il y a des choses qui ne se prêtent pas, qui ne s'empruntent pas. Je peux vous parler d'une relation d'amitié que j'ai avec quelqu'un, de la relation que je vis avec le Christ. Je peux vous en parler sans problème mais je ne peux pas vous la prêter. Vous ne pouvez pas me l'emprunter et c'est ce que notre cher italien de la blague de tout à l'heure n'a pas saisi. La relation à Dieu est d'abord et avant tout une relation personnelle. C'est à chacune et chacun dans son for intérieur de la trouver, de la composer et surtout de la vivre. Mais Dieu nous semble souvent bien silencieux et parfois ses échos résonnent peu en nous. Un des chemins proposés par Lui est alors sa rencontre au travers des Ecritures. Et aujourd'hui, dans la première lecture, il se présente à nous non pas en Père Tout Puissant mais en Mère pleine de douceur et de tendresse. Dieu dévoile de lui la face sensible de son Etre dans des mots que nous ne lassons pas d'entendre. Ils glissent doucement, ils frôlent tendrement les cordes fragiles de notre foi. Ces mots-là disent quelque chose du mystère de Dieu. Un Dieu d'amour. Un Dieu qui nous façonne puisqu'en le cherchant, il se laisse trouver nous dit l'Ecriture. Un peu comme si en apprenant comment nous sommes aimés, nous aussi nous apprenons à aimer. Mettons alors un peu de douceur dans notre liturgie pour écouter et faire vivre en nous à nouveau cette superbe lecture de la Sagesse.

Cette sagesse nous conduit au coeur d'une rencontre. Elle est là, elle existe. A nous de la trouver. Nous ne sommes plus dans l'ordre du savoir, de la connaissance mais plutôt dans celui de la confiance. Un peu comme l'enfant qui fait confiance à son grand-père même s'il ne comprend pas tout. La sagesse de Dieu, tendresse divine est ce vers quoi nous devons tendre. Elle n'est pas seulement quelque chose à regarder, à contempler. Il ne suffit pas d'y croire, il faut en vivre. Et ça, au risque de me répéter, cela ne se partage pas, cela ne s'emprunte pas. Nous sommes dans un champ éminemment personnel. La relation au Père est un peu à l'image des lampes d'huile de l'évangile. Cette foi en Lui s'entretient, se nourrit. Elle est comme un petit réservoir intérieur ayant ses propres réserves. Et de temps à autre, chacun à son rythme et selon ses propres besoins nous avons besoin de le remplir, de faire le plein de nos batteries.

C'est en ce sens que je comprends l'importance de nos eucharisties dominicales. Elles sont un temps, un moment dans cette course folle de la vie. Un temps donné pour recharger nos accus, pour prendre un peu de hauteur sur nous-mêmes, pour chercher du sens à ce que nous vivons. Un peu de temps pour Dieu et tant de temps pour nous. Les forces que nous trouvons en nous, dans nos réserves intérieures, sont des conduites essentielles de nos existences. Face à la dureté de certaines réalités, face aux souffrances et injustices endurées, notre relation à Dieu, notre rencontre avec la Sagesse divine, notre confiance et notre espérance trouvent leurs sources et leur sens dans le temps que nous nous donnons pour revenir à l'essence de nos vies. Celui qui cherche la Sagesse dès l'aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte. Ouvrons alors chacune et chacun la porte de notre coeur pour laisser entre en nous ce Dieu-Sagesse, Mère de Tendresse et de douceur.

Amen

33e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Dans ma vie, je n'ai jamais eu aussi peur qu'une nuit à Rixensart. J'étais louveteau et nous étions venu de Braine-l'Alleud passer un week-end dans cette charmante commune du Brabant wallon. C'était au cours d'un jeu de nuit terrfiant. Nous étions dans les bois du Château et nous avions tous peur, très peur. Du groupe, j'étais sans doute celui qui a eu le plus peur. Je me suis d'abord caché pour être certain de ne pas être attrapé. Mais ma peur était toujours là. Alors, j'ai pris mon courage à deux mains, le courage d'un enfant de 10 ans et je suis sorti du bois. Je suis allé sonner à une maison où il y avait encore de la lumière, avenue de Terlinden je crois. Et là, j'ai demandé de pouvoir appeler la police. Ce que le propriétaire a gentiment fait puis avec moi, sur le parking en face de cette Eglise (de l'Eglise Ste Croix) nous avons attendu le combi de la gendarmerie. C'était un jeu de nuit, un simple jeu de nuit. Et j'ai eu tellement peur. J'en ris aujourd'hui quand je revois la tête paniquée des animateurs à la vue du gyrophare. C'était au départ leur jeu, avec les gendarmes, il était devenu le mien.

Pourquoi vous racontez cette histoire, me direz-vous ? Parce que, je crois que l'histoire des Talents est d'abord et avant tout l'histoire d'une peur. Et des peurs, nous en avons toutes et tous. La première chose à faire, est d'abord de se l'avouer, de ne pas crâner sinon notre aggressivité sera signe de cette peur intérieure. Ayant pris conscience de celle-ci, il y a lieu d'agir nous dit le Christ. A force d'avoir peur, nous risquons de ne plus rien faire à l'image de l'homme qui n'avait qu'un seul talent. Cet homme a manqué d'audance et de confiance. Il n'a pas pris ses reponsabilités. Nous ne sommes pas sur terre pour subir la vie mais pour la vivre à fond et pour ce faire, il y a parfois des risques à prendre. Refuser d'agir au nom de la peur, c'est donner un terrible pouvoir à l'autre et c'est ne pas utiliser sa liberté. Si je ne fais rien à 15 ans parce que j'ai peur d'être renvoyé alors que j'assiste à une injustice. Si je ne fais rien à 40 ans, parce que j'ai peur de perdre mon emploi. Ou encore, quand j'ai vu quelque chose qui m'a choqué et j'ai failli réagir mais je n'ai rien fait. Des si, si, et si et des j'ai failli jalonnent nos vies. Mais alors quand serais-je libre ? A 65 ans ? Non parce qu'à ce moment là je commencerai à avoir peut-être peur de la mort ? Malgré nos fragilités, nos peurs sont à dépasser. Elles ne doivent pas guider nos vies. Un être qui a peur, enterre sa vie parce qu'il a trop peur de la perdre. Or, une seule vie nous a été donnée, ne passons pas à côté de celle-ci. Elle vaut tellement la peine d'être vécue en plénitude.

Pour ce faire, il nous suffit de repartir des talents, des dons que chacune et chacun nous avons reçus. Peu importe leur nombre, exploitons ce que nous avons, même si cela nous semble tout petit. De toute façon, nous avons toujours l'impression que ce que les autres ont, c'est mieux que ce que nous possédons et nous en arrivons à oublier ce qui est nôtre, comme si c'était rangé au fond d'une caisse de notre être. Et pourtant pour exister, pour vivre pleinement, le Seigneur attend de nous de faire fructifier les talents qu'Il nous a donnés. Rien de plus, rien de moins. C'est à partir de nos dons que nous pouvons construire la vie que nous souhaitons vivre. Gandhi ne disait-il déjà pas : « sois toi-même le changement que tu veux pour le monde ». Soyons d'abord nous-mêmes. Reconnaissons ce que nous avons puis aimons-nous. Oui, aimons-nous. C'est dans le « je m'aime » que je peux trouver les forces nécessaires pour être moi en vérité, utiliser ma propre créativité pour exister. C'est vrai qu'il y a des lieux qui nous empêchent de développer nos richesses personnelles. A nous de les transformer pour qu'ils deviennent eux aussi des lieux invitant à la simplicité, à la spontanéité et donc au refus de posséder ce qui ne nous a pas été donné. Il faut alors arrêter en nous cette machine infernale de passer son temps à tenter d'acquérir les dons des autres. Certains prétendent qu'améliorer ce que nous avons, c'est trop facile. Je crois sincèrement qu'ils se trompent en disant cela. Nous ne sommes pas sur terre pour souffrir mais pour grandir et vivre. Essayons d'abord de prendre ce temps qui nous est donné pour faire fructifier ce qui est à nous, ou plutôt ce qui est nous. Alors et alors seulement nous pourrons devenir qui nous sommes et au retour, de son voyage, sans peur, nous pourrons répondre à la question de Dieu : qu'as-tu fait des dons que je t'ai donnés ?

Amen.

34e dimanche ordinaire, année A (Christ Roi)

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

S'il y a bien quelque chose que je trouve énervant, voire même insupportable dans la vie, c'est le football. Je n'arrive pas à comprendre comment 22 types peuvent s'amuser à courir derrière un ballon devant des milliers de gens qui, dans les gradins, gesticulent, hurlent, chantent et même parfois, mangent des boudins blancs dans des pistolets, tout cela cuit le long du terrain. J'ai vécu un match Anderlecht-Standard à 14 ans et j'en suis encore marqué. C'était la première et la dernière fois que j'assistais à ce genre de rencontre. C'était presque trop pour moi. Même le Mondial ne fait vibrer aucune fibre patriotique en moi. Je dois vous avouer que je suis même content lorsque les belges perdent, au moins je n'entendrai plus parler de ce sport. Pire encore, lorsqu'il m'arrive de passer devant une télévision et d'entendre un footballeur interrogé par le journaliste, je le supplie intérieurement de se taire et de retourner le plus vite possible jouer sur le terrain. N'essayez pas de me raisonner, c'est peine perdue. D'autres l'ont tenté avant vous. Mes sentiments à l'égard de ce sport et des professionnels qui en vivent, sont tout à fait irrationnels. Une fois pour toute j'ai décidé que je n'aimais pas, c'est mon côté sale gamin.

Pour moi, c'est le foot ; pour vous, c'est sans doute autre chose. Mais dans la vie, il y a toujours des catégories de personnes qui nous énervent, nous irritent et nous aimerions tant qu'elles ne croisent pas notre chemin. Il y a celles qui sont trop différentes de nous et que nous n'arrivons pas à comprendre, puis celles qui nous ressemblent trop et qui nous montrent une partie de nous-mêmes que nous n'aimons pas. Il y a aussi ces individus qui nous ont blessés, parfois humiliés et nous avons pas été capables de nous défendre. La liste des gens que nous n'apprécions pas spécialement peut parfois être longue. A quelques exceptions près, elle est souvent irrationnelle vous disais-je. C'est comme cela, c'est plus fort que moi, entendons-nous dire. Et tous les discours moralisateurs qui jalonnent notre vie n'y ont rien fait. Ce sentiment négatif nous colle à la peau. Si nous avons étiqueté l'autre d'imbécile, il est difficile de changer d'avis. Tant pis pour lui, tant pis pour nous : un peu comme si je me disais, tu es né au royaume des cons et bien tu y mourras. Un brin de mépris, comme si en le rabaissant à mes yeux, je vaux mieux qu'elle ou lui. Et en bon chrétien, j'aurai beau me dire que dois changer mon attitude, que je dois aussi l'aimer puisque c'est ce que le Christ me demande, rien n'y changera. Les sentiments négatifs sont trop forts. Alors plutôt que de m'enfermer dans une certaine fatalité, je suis invité à méditer l'évangile de ce jour et prendre conscience qu'il y a aussi un peu de Dieu dans les yeux de l'autre. Si j'accepte que Dieu vit en moi, que je suis une de ses nombreuses résidences, je dois également reconnaître qu'il réside aussi même chez celui ou celle qui a moins de valeur à mes propres yeux. Si donc Dieu vit en lui et si je prends tant Dieu que ma foi au sérieux, je peux commencer à prier pour lui. L'effet de la prière, aussi lent puisse-t-il être me transformera de l'intérieur, ouvrira mon regard sur des faces voilées de l'autre. Prier pour celle ou celui qui m'irrite, qui est trop différent, c'est accepter que Dieu l'aime et qu'il vaut la peine. Rarement notre raison brisera les sentiments négatifs. Souvent la prière apaisera notre coeur pour regarder et découvrir l'autre autrement. C'est tout aussi irrationnel, c'est l'Esprit à l'oeuvre en nous.

En Dieu nous trouvons la source de vie qui transforme nos regards vis-à-vis de celles et ceux que nous croisons. Et comme le rappelle l'évangile, Dieu n'attend pas grand chose : juste une visite, un vêtement, un morceau de pain et pourquoi pas un simple sourire. C'est si peu pour nous mais tant pour l'autre. En effet, ces petits gestes quotidiens rendent à la personne rencontrée un peu de sa dignité. Par un petit rien, au delà même des sentiments qui ont pu nous traversé, elle a de nouveau l'impression d'exister pour quelqu'un. Un geste, un simple petit geste et la terre se met à chanter autrement puisque dans celui-ci Dieu est présent : « chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait ». Si la prière transforme notre regard, elle est une étape préliminaire pour faire vivre Dieu dans ces petites choses qui font la richesse de la vie et qui donne un goût nouveau à la personne différente ou désemparée. Faire d'une simple rencontre, un lieu de Dieu ? A nous d'en décider.

Amen

3e dimanche de Carême, année A

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

La soif, c'est plus que le désir de boire ; c'est une certaine lassitude, un manque d'énergie, un sens de ne plus vouloir continuer, comme l'homme Jésus qui, ayant soif, s'assied au bord du puits. Peut-être que nous sommes si las que nous ne voulons même pas boire, mais nous avons quand même besoin d'une boisson rafraîchissante, d'un coca-cola, d'une bière, d'une tasse de thé - ou, comme le dit la Bible, de l'eau pure, de l'eau vive.

Dans la première lecture, les hébreux ont soif. Ce n'est pas étonnant. Ils sont dans le désert, entourés de rochers et de sable, ils passent depuis longtemps dans une terre aride, altérée, sans eau. Dieu dit à Moïse de frapper un rocher. C'est les rochers qui entourent les hébreux qui leur font problème ; Moïse doit effectivement frapper le problème, et de ce rocher, de cet environnement aride, pierreux et hostile, sort de l'eau rafraîchissante ; du milieu de ce désert porteur de la mort jaillit de l'eau qui fait vivre.

C'est sûrement un récit symbolique. S'il y a une soif physique, il y a aussi une soif spirituelle, que la Bible appelle la soif de Dieu. Il y une lassitude spirituelle, un sens d'être dans un désert spirituel, dans un monde aride, hostile, où rien ne nous nourrit, rien ne nous rafraîchit. Ce petit récit de l'Ancien Testament nous dit que, même dans un tel désert spirituel, il y a un rafraîchissement à avoir. Des centaines d'années après que ce récit a été écrit, Saint Paul y a vu une image du Christ. Il dit dans sa première lettre aux Corinthiens que les hébreux "ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ" (1 Cor 10:4). Même si les hébreux dans le désert ne le savaient pas, c'est le Christ qui était la source de leur vie spirituelle, c'est Jésus qui les a rafraîchis. Qui est plus, Paul dit que ce rocher qu'était le Christ les suivait. C'est une image bizarre, ce rocher automobile qui court derrière le peuple dans le désert. Mais ce qu'il veut dire, c'est que Jésus était toujours présent, là où ils étaient, il ne fallait pas se déplacer pour trouver cette eau spirituelle dont ils avaient besoin.

L'évangile d'aujourd'hui, l'évangile de la Samaritaine, va dans le même sens. Jésus dit à la Samaritaine que c'est lui la source d'eau vive, de l'eau qui fait vivre et qui rafraîchit. En disant cela, il prétend effectivement être divin, parce qu'il n'y a que Dieu qui peut étancher la soif spirituelle de l'être humain. Et pour trouver cette eau il ne faut pas aller puiser à un lieu profond comme le puits de Jacob, c'est à dire à la tradition juive. Il ne faut pas non plus aller à Jérusalem ou à la montagne des Samaritains pour adorer le vrai Dieu ; adorer le vrai Dieu en esprit et vérité, c'est la même chose que de se laisser rafraîchir par Dieu, recevoir la vie que Dieu nous donne. Jésus, la source de cette eau et de cette vie, et déjà là où nous sommes.

Cette source n'est pas extérieure à nous-mêmes. "Celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle". Nous avons déjà en nous-mêmes la source de notre vie spirituelle. Il y a beaucoup de religions non-chrétiennes qui le savent aussi, qui disent que chacun doit trouver ses ressources spirituelles en lui-même. La différence est que les chrétiens reconnaissent que cette source de vie, bien qu'elle soit en nous, n'est pas de nous ; cette vie est la vie de Dieu en nous. Et cette source est là où nous sommes, même dans les circonstances les plus arides, dans un désert spirituel. Il est vrai que les circonstances sont très importantes pour nous ; Dieu nous a faits pour être influencés par les choses et les personnes qui nous entourent. Mais si nos circonstances nous influencent, elles ne nous déterminent pas. La manière dont nous vivons dans nos circonstances dépend de la manière dont nous nous nourrissons de la source de vie qui est en nous. Toute la tradition chrétienne en est témoin ; et plus spécialement dans la tradition monastique, il y a toujours eu ceux qui, comme saint Antoine et Charles de Foucauld, vont précisément au désert pour découvrir en eux-mêmes cette source jaillissante de vie éternelle dont Jésus parle. Si nous avons en nous cette source de vie spirituelle, profitons-en. Par la prière, par la méditation, par le silence - par la pratique qui nous convient - puisons au profondeur de nous-mêmes cette eau que Jésus est venu nous donner.

3e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Berten Ignace
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Les quelques lignes de Matthieu introduisent, dans cet évangile, toute l'activité de Jésus : une grande lumière se lève pour le peuple qui était dans les ténèbres. Matthieu dit donc à la communauté à laquelle il s'adresse, il nous dit aujourd'hui, que l'Évangile est une grande lumière. Pour le dire, il fait appel au prophète Isaïe : la première lecture nous en a rappelé le texte. La grande lumière dont Isaïe parle est le retour de l'exil : « Le joug qui pesait sur eux, tu l'as brisé ».

Notre expérience n'est pas de vivre continuellement dans une grande lumière ! Matthieu ne serait-il qu'un illuminé ? Sur quoi donc se fonde son annonce ?

Quand en 1945, les armées allemandes ont capitulé, une grande lumière s'est levée pour la population de nos pays. Quand le mur de Berlin s'est écroulé, une grande lumière s'est levée pour les populations de l'Est en Europe... On peut prendre de multiples exemples de ces tournants historiques, où à un moment la lumière se lève, parce que l'histoire qui était fermée, brusquement se rouvre, parce qu'un peuple qui avait perdu sa liberté voit le moment où il peut de nouveau disposer de lui-même. Tout n'est pas résolu pour autant : de Babylone à la terre de Palestine, il y a une longue marche, et il faudra apprendre à reconstruire le peuple. En 1945, tout est ruine, et les temps seront bien difficiles. Et à l'Est, c'est le dur apprentissage de la liberté... La lumière n'est pas le paradis. Mais il y a la liberté.

Pour Matthieu, la venue de Jésus ou la présence du Christ dans nos communautés, est de cet ordre. Une liberté nouvelle est offerte, une route nouvelle est ouverte. Mais il n'y a pas de grands bouleversements : Jésus se met à prêcher ; il rassemble quelques disciples ; il offre le pardon à quelques pécheurs et guérit quelques malades... Ce n'est pas la révolution. Et un peu plus loin dans son texte, Matthieu nous dit que Jean-Baptiste, toujours en prison, vient faire interroger Jésus : es-tu bien celui que nous attendions ? Jean-Baptiste commence à en douter : rien ne change semble-t-il. Jésus lui répondra : les aveugles voient, les boiteux marchent, la bonne nouvelle est annoncée au pauvres. Quelques aveugles, quelques boiteux, quelques pauvres bénéficient des gestes de Jésus. Cela suffit-il à apporter la lumière dans le cachot obscur de Jean-Baptiste ?

Oui, c'est vraiment une lumière : l'histoire n'est pas fermée, il n'y a pas de fatalité : la liberté est offerte pour faire jaillir la vie. La liberté et la responsabilité. Et au c½ur de cette liberté capable d'agir par la puissance de la foi et de l'amour, Dieu lui-même est à l'½uvre : son Royaume est en train de germer. La lumière est aussi dans le regard : percevoir les signes de ce Royaume pour entrer activement dans cette dynamique nouvelle.

Mais rien n'est simple, rien n'est donné une fois pour toutes. Tout est constamment à faire, à refaire et à reprendre. Il en est ainsi dès le début. Les lettres de Paul et les Actes des Apôtres en témoignent de multiples fois. Ainsi à Corinthe. On a reçu la bonne nouvelle dans l'enthousiasme. Une communauté s'est créée, rassemblant des gens de toutes sortes. Et puis rapidement, ce sont les divisions, les conflits, les querelles de personnes. Comme dans toutes les communautés et dans les Églises. Et Paul en appelle à l'unité et à la réconciliation. Il n'apporte pas de solution, il n'a pas de recette. Il invite simplement à se recentrer sur l'unique fondement de la foi, l'unique raison d'être de la communauté chrétienne : le Christ lui-même. Et il nous laisse cette interpellation urgente : quel chemin trouver entre nous, entre nos Églises, dans nos communautés ou nos familles, pour aller au-delà des déchirements et trouver l'unité dans le respect des différences ?

Et comment, dans notre humanité si souvent déchirée, témoigner de l'unité qui nous est offerte par Dieu ? En accueillant cette lumière qui nous est donnée par le Christ : l'histoire n'est pas fatale, le passé n'enferme pas le présent : nous n'en sommes pas prisonniers. Accueillons donc la liberté qui nous est offerte pour ouvrir ensemble l'espace où peut naître le Royaume de Dieu au milieu de nous.

3e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

 

Mt 4, 12-23

You are the sunshine of my life That's why I'll always be around, You are the apple of my eye, Forever you'll stay in my heart.

Chaque année, en été, il y a des millions d'anglais qui fuient l'Angleterre pour aller en Espagne, en Italie, en Grèce, en Turquie. Ce n'est pas parce qu'ils adorent les espagnols ou les grecs, ou qu'ils détestent le gouvernement britannique ; ils cherchent simplement le soleil. Pour beaucoup, c'est le moment le plus important de l'année, ils travaillent 50 semaines par an pour pouvoir avoir leurs deux semaines au soleil. Telle est l'importance du soleil. Nous sommes des tournesols, nous cherchons le soleil, nous nous tournons vers la lumière, nous la suivons.

Le monde naturel est un symbole du spirituel. Si nous cherchons le soleil, source de lumière, de chaleur, de vie, nous avons aussi une vie spirituelle et nous cherchons une lumière spirituelle. Au temps de ma jeunesse, il y avait une chanson populaire "You are the sunshine of my life". C'était composé et chanté par Stevie Wonder. Il était aveugle, incapable de voir la lumière naturelle, mais il comprenait très bien qu'il avait besoin, comme nous tous, d'une lumière plus spirituelle, une lumière qui éclaire le sens de sa vie et qui l'aide à trouver, dans la vie, son propre chemin. Il croyait l'avoir trouvée dans la personne qu'il aimait et pour laquelle a écrit cette chanson ; c'est l'amour qui lui a ouvert les yeux et qui a permis à l'autre de le remplir de sa lumière. Il y a 2700 ans, le prophète Isaïe a compris, lui aussi, la nécessité de cette lumière spirituelle. Selon sa prophétie, que nous avons entendue dans la première lecture, cette lumière paraîtrait en Galilée.

Si, en Galilée, Pierre et André courent après Jésus, ce n'est pas parce qu'ils trouvent trop ennuyeuse leur vie de pêcheur ; si Jean et Jacques se tournent vers lui, quittent leur père pour le suivre, ce n'est pas parce qu'ils détestent leur père ; c'est parce qu'ils voient, tous les quatre, en lui le soleil spirituel, la lumière de vie. A la lumière de Jésus, ils voient les choses autrement. Il y avait dans leur vie une obscurité, dont ils n'étaient peut-être pas conscients ; maintenant, en voyant Jésus, ils voient plus clair, et ils le savent. En la personne de Jésus et en son enseignement, les quatre croient voir les choses telles qu'elles sont ; Jésus les éclaire, et ils croient arriver à une compréhension du monde et de leur vie dans le monde. Jésus est le 'sunshine' de leur vie.

Voilà ce qu'ils croient. Mais est-ce qu'ils ont raison ? Ne se trompent-ils pas ? Il est très dangereux de suivre un homme, les hommes déçoivent, on peut tout perdre en les suivant. Notre siècle en est témoin. Il y a de vieux films des discours d'Adolf Hitler. Vous le voyez là, crier devant une immense foule. Parfois, vous voyez aussi le visage de ceux, surtout des jeunes, qui l'écoutent. Ils sont ravis, leurs yeux brillent, leur visage est rayonnant. Ils aiment Hitler, ils l'adorent. Il est le sunshine de leur vie. Mais c'était une affaire de dix ans. C'était une fausse lumière ; il les a fourvoyés. Leur amour a abouti très vite à une catastrophe totale, leur lumière s'est révélée obscurité.

Jésus, par contre, n'a pas fourvoyé les quatre premiers disciples. Ils n'ont pas été déçus. Oui, ils ont eu leurs difficultés, le moment de la passion de Jésus était un moment de ténèbres, il a semblé mettre fin à tout leur espoir. Mais, finalement, la résurrection et leur vie de disciple leur a montré que la lumière de Jésus n'était pas fausse, Jésus ne les avait pas trompés, leur amour n'était pas déçu. Jésus restait, comme ce premier jour-là en Galilée, le sunshine de leur vie. C'est pourquoi ils ont fait de leur mieux pour transmettre leur expérience, leur amour, aux autres, pour que les autres voient à leur tour cette lumière. Ils ont réussi, beaucoup d'autres ont pu voir en la personne de Jésus la lumière qu'ils cherchaient. Ce n'était pas une affaire de dix ans. La lumière de Jésus s'est révélée une vraie lumière, durable, éclairante, une lumière qui donne la vie, qui permet à chacun de suivre son propre chemin. Cette lumière est toujours là, Jésus peut être, si nous le voulons, le sunshine de notre vie.

4e dimanche de Carême, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Il y a quelque jours, j'ai fait un rêve, un superbe rêve. Un des ces rêves que vous n'êtes pas prêt d'oublier lorsqu'il vous arrive de le rêver. Oh, ce rêve était tout simple et tellement merveilleux. J'ai rêvé que je devenais qui je suis. Oui, aussi étonnant que cela puisse vous paraître, j'ai rêvé que je devenais qui je suis. Rêve difficile à atteindre car il y a tant d'encombrements et de traverses sur le chemin qui me conduit à mon être.

Devenir qui je suis mais n'est-ce pas le rêve de tout être humain ici sur terre. Toutes et tous nous avons des désirs de cette sorte. Mais il n'est pas aisé de nous les avouer surtout dans notre société où nous avons appris à conjuguer le verbe avoir plutôt que celui d'être. Les messages des médias sont assez clairs et vont en ce sens, si vous voulez être heureux, il faut que vous ayez ceci ou cela et votre bonheur sera comblé. Avoir, avoir toujours avoir jusqu'à ne plus pouvoir se passer de posséder, comme si l'épanouissement de ma vie dépendait à ce point de ce que j'ai. Hélas pour nous mais les bonheurs de l'avoir sont toujours éphémères et nous en voulons toujours plus. Et si au lieu d'avoir nous essayons plutôt d'être. Verbe difficile à conjuguer et à vivre tellement il nous engage sur le chemin de nos vies. Pour pouvoir être, il faut oser arrêter la course folle dans laquelle nous nous sommes inscrites. S'arrêter pour prendre le temps de savoir qui nous souhaitons « être » dans notre for intérieur, là où se vit la rencontre entre le divin et l'humain. Devenir qui je suis, voilà ce que Jésus nous propose au milieu de ce carême. Et ça, cela ne dépend que de moi, avec l'aide des autres et du Tout Autre bien entendu mais la décision initiale m'appartient.

Mais pour oser devenir qui je suis je dois moi aussi me désencombrer, me « désaveugler » de tout ce qui m'empêche d'atteindre un tel objectif. Toutes et tous nous sommes appelés à être filles et fils de lumière. Notre destinée s'épanouit dans la réalisation, le bonheur. Comment y arriver, certains prétendent qu'il y a trop de choses sur terre qui tue le bonheur : la cigarette, l'alcool, la télé, l'ordinateur, les jeux, la voiture, le chocolat. Un peu comme si ces choses étaient mauvaises par essence, en elles-mêmes. Je ne le crois pas. Ce qui nous aveugle et nous empêche de devenir c'est l'utilisation excessive de chacun de ces exemples et la liste n'était évidemment pas exhaustive. L'excès en toute chose nous éblouit au point qu'il nous empêche d'avancer. Il n'y a pas lieu de tout supprimer mais de mieux équilibrer pour que l'excès ne soit jamais la conduite de nos vies. Dans cette quête, dans cette conquête de soi, dans ce désaveuglement, il y a lieu de prendre conscience qu'il n'y a pas que les choses qui nous encombrent mais parfois aussi les personnes. Nous sommes parfois trop conscients de ce que l'autre va penser, de ce qu'il ou elle risque d'être déçu par nos choix et nos comportements et nous nous enfermons dans une spirale du non-être. Que résonne en nous, cette phrase de la première lecture qui nous rappelle que Dieu ne s'occupe pas des apparences mais de ce qui se vit au fond de notre coeur. L'autre m'a été donné pour grandir et devenir et non pas pour reculer et diminuer.

Aveugles, nous le sommes un peu toutes et tous sur le chemin du devenir de notre être. Une lumière nous a un jour été offerte, à nous de la suivre si nous le souhaitons. L'aveugle de l'évangile a vu et ce grâce à un peu de salive et de confiance. Voilà les deux ingrédients nécessaire à notre propre désaveuglement. D'abord, la confiance dans cette relation que nous établissons chaque jour un peu plus avec Celui que nous osons nommer Dieu puis avec cette salive éternelle que sont les empreintes du Christ laissés dans les récits évangéliques. Nous avons reçu la Loi, les Prophètes et Dieu qui s'est fait l'un de nous. Puissions-nous au travers de ce qui nous a été donné ouvrir les yeux de notre coeur pour devenir celles et ceux que nous sommes appelés à être.

Amen.

4e dimanche de l'Avent, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Matthieu ne devait pas être en très grande forme lorsqu'il a commencé à écrire son évangile. En quelques lignes, que de contradictions ! Nous découvrons que Marie avait été accordée en mariage à Joseph. En termes modernes, nous dirions qu'elle est sa fiancée. Au verset suivant, il décide de la répudier, mais pour faire cela, ils devaient être mariés et enfin, un peu plus loin, l'ange lui dit : ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse. Alors fiancée ou épouse ? Pour les esprits contemporains, il y a ici un petit problème dont les conséquences sont importantes pour la compréhension du texte. Tournons-nous vers la culture juive de l'époque. Pour eux, les fiançailles étaient le temps qui commençait au moment où les parents avaient décidé que leurs enfants se marieraient. Vient ensuite le temps du mariage, c'est-à-dire l'année avant le mariage où les jeunes fiancés ratifiaient l'engagement de leurs parents respectifs. Nous sommes sans doute au cours de cette année-là dans le récit de Matthieu. Durant les douze mois précédant la célébration, si le fiancé mourait, la fiancée était appelée « une vierge qui est veuve ». Une séparation équivalait à un divorce. Et le mariage clôturait cette année. Comme nous le voyons, dans la culture juive, il n'y a pas de contradiction dans le texte. Pourtant l'histoire racontée par Matthieu a vraisemblablement dû faire scandale dans le petit village de Nazareth : une fiancée enceinte avant le mariage ! Les commentaires ont dû aller bon train dans les chaumières. Et je crois qu'il y a deux manières de recevoir et de vivre un tel événement aujourd'hui encore. La première est de nous enfermer dans le côté sensationnel et soi-disant scandaleux de l'événement. Nous entrons de la sorte dans le processus de médisance, du ragot qui va alimenter nos conversations. Nous discutons en étant persuadés que nous avons en main tous les éléments pour évaluer la situation, la juger et surtout la condamner. Ce texte nous invite à oser faire un retour sur nous-mêmes : combien de fois dans nos vies n'entrons nous pas dans une telle dynamique, comme si le cancan mondain était quelque chose de vital. Comment se fait-il que médire fait tellement partie de la vie ? Le ragot permet parfois de se sentir mieux que les autres ; il est un moyen de dépasser une certaine jalousie, une occasion de ne pas devoir se remettre en question, un outil pour se rassurer par rapport à ses propres failles, ou encore une façon pour se rencontrer sans se dire et sans être vulnérable. Pourtant, le ragot est quelque chose de lâche et signe de médiocrité humaine. En effet, nous pensons que nous savons. Alors qu'en fait, nous ne savons rien, nous ne connaissons pas tous les tenants et aboutissants de la situation. Dès lors, lorsque nous nous sentons envahir par une telle dynamique, faisons en nous l'exercice d'humilité de reconnaître qu'il nous manque trop d'éléments pour vraiment comprendre. Que l'histoire de Joseph nous rappelle que nous ne comprenons pas tout, qu'il y a souvent de l'exceptionnel qui nous dépasse et qui ne nous regarde pas. Notre bonheur fondé sur le « dire du mal des autres » restera toujours éphémère et se retournera un jour contre soi. Pour nous, Joseph a pris le risque de la condamnation parce que nous susurre-t-il, il y a une autre manière de recevoir l'événement. Une manière qui fait grandir et fait avancer. Sans comprendre, sans avoir la prétention de tout saisir, Joseph dont on sait si peu de choses, nous invite, chacune et chacun dans son for intérieur à faire l'expérience de la confiance. La confiance d'abord en l'autre. Trop d'éléments échappent à notre compréhension pour saisir la grandeur du mystère qu'il vit. Ce que Joseph a vécu est incompréhensible, est de l'ordre de l'indicible mais il a fait confiance, il a bravé la médiocrité humaine pour laisser advenir un mystère, le plus beau mystère de la création : laissez à Dieu le moment d'être avec nous. Par la confiance de Joseph en l'Esprit, Dieu-avec-nous, l'Emmanuel peut se donner et se célébrer. Que Noël que nous fêterons dans quelques jours soit pour nous aussi une occasion de fermer en nous l'espace aux ragots pour vivre à jamais de cette confiance. Les regards que nous nous porterons les uns aux autres se transformeront et deviendront signes de Dieu-avec-nous. Alors notre communauté vivra. C'est pourquoi l'histoire de Joseph, au-delà de son mystère, est école de vie. Amen.

4e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

En ce dimanche des vocations, me revient à l'esprit l'histoire suivante : un jour, saint Vincent de Paul reçut une lettre d'une responsable de formation, celle-ci dit au saint : « cher père, nous avons actuellement chez nous deux novices, la première est très pieuse, elle passe son temps à prier à la chapelle mais son regard est tellement mélancolique, elle semble si triste. Puis il y a la seconde, une « indomptable » mais dont la joie se lit sur le visage et qui est toujours de bonne humeur ». Que dois-je faire demanda la s½ur ? La réponse du saint fut cinglante : débarrassez-vous de la mélancolique et gardez l'indomptable. Voilà de quoi remettre un peu les pendules à l'heure. Tout comme les textes de ce jour d'ailleurs puisque tous trois nous parlent de « salut ».

Salut ? Etre sauvé ? Mais qu'est-ce à dire ? La réponse se trouve dans l'évangile que nous venons d'entendre. Etre sauvé, c'est tout simplement avoir la vie en abondance. Voilà le sens premier, le sens principal du salut tel que le Christ nous propose de le vivre. Vivre sa vie en abondance, aller jusqu'au bout de soi-même, c'est-à-dire s'accomplir, se réaliser. Nous pourrions même dire s'épanouir. En fait, tout simplement, être heureux. Voilà le sens du salut, cette abondance de vie à laquelle nous sommes toutes et tous appelés. Jésus, Fils de Dieu, s'est incarné d'abord et avant tout pour nous montrer un chemin précis d'humanité, une porte par laquelle passer. Même s'il n'y avait pas eu le péché, Dieu se serait incarné. Il n'a pas eu besoin de nos manquements d'amour pour venir vivre notre vie d'homme. Dieu attend donc bien de nous que nous allions jusqu'au bout de nous-mêmes. En effet, nous sommes par définition des êtres inachevés, vivant dans un monde inachevé. Nous sommes toujours en quête d'un plus-être, d'un mieux vivre. Un peu comme si nous avions en nous cette certitude que nous ne sommes jamais pleinement arrivés. Pour se réaliser, pour être sauvé, il faut prendre le temps de s'arrêter, prendre le temps de vivre. Je crois même pouvoir affirmer qu'il faut attendre pour pleinement s'atteindre. Notre vocation d'hommes et de femmes, en tant qu'être humain, est donc de ne jamais s'arrêter dans notre quête incessante de l'épanouissement. Voilà le sens premier du salut. L'expérience de nos vies, nous montre, nous démontre que ce n'est pas quelque chose de facile. Que de fois, nous trébuchons sur le chemin de nos vies, nous nous égarons dans les méandres tortueux de nos pensées. Nous devons alors, aussi être sauvé de tout ce qui nous empêche de devenir nous-mêmes. Et voilà le second sens du salut. Hélas pour nous, mais au cours des siècles, ce second sens est devenu premier quitte même à en oublier le salut d'accomplissement au profit du salut des péchés.

Jésus est également mort pour nos péchés, nos manques d'amour. Trop de choses encombrent nos routes pour être ce que nous sommes appelés, par vocation humaine, à être. Mais en quoi, est-ce que Jésus est mort pour nos péchés, puisque nos livres d'histoires mais également nos journaux nous rappellent chaque jour des actes de violence, de mépris, d'absence de tendresse et d'amour. En quoi Jésus nous sauve-t-il donc ? Venant du pays de la bande dessinée, permettez-moi d'illustrer ce second sens du salut par, ce que j'oserais appeler, une parabole moderne. Il était une fois, un homme qui mourut. Il arriva au ciel dans une immense salle de cinéma. Très confortable par ailleurs. Il était là. Seul. Terriblement seul avec tous ces fauteuils vide. Et voilà que tout à coup, de par derrière l'écran arrive un ange qui lui souhaite la bienvenue et lui fait savoir qu'il va assister à la projection du film de sa vie, c'est-à-dire que tout ce qu'il a dit, fait, voire même pensé va apparaître à l'écran. Vous imaginez bien qu'au terme de la projection, notre homme est tout à fait effondré dans son fauteuil et est heureux de voir apparaître le mot « fin » à l'écran. Et voilà, que toujours par derrière l'écran, notre ange revient pour lui dire : nous espérons que tu as apprécié la projection. Tu t'es sans doute demandé pourquoi, il y avait autant de fauteuils dans cette salle alors que tu es tout seul. Et bien voilà, nous allons projeter à nouveau le film de ta vie, mais cette fois, tous ceux et celles qui sont acteurs dans ton film vont venir te rejoindre dans la salle. Vous imaginez l'horreur. Et bien, de manière imagée, c'est cela le second sens du salut. Dieu le Fils nous sauve de cette deuxième projection. Par sa mort, elle n'aura jamais lieu.

Et le Christ ce soir vient nous retrouver dans l'intime de notre être par les mots de saint Jean. Oui, j'ai pris sur moi le poids de vos manquements ; oui, je continue à prendre sur moi, comme si je vivais un vendredi saint éternel, tout ce qui vous encombre, tout ce qui vous empêche de devenir ce à quoi vous êtes appelés, c'est-à-dire vous-mêmes. Tout cela est bien vrai mais c'est second, car dans le c½ur de Dieu, dans la venue de son Fils parmi nous, le salut, c'est tout simplement, tout tendrement, recevoir la vie, mais la recevoir en abondance. Que jamais, ô combien jamais, nous ne gaspillions un tel cadeau. Il vient du ciel. Et cette vie en abondance nous ne la recevons qu'une seule fois. Ne passons pas à côté, nous convie Jésus.

Amen.