Noël

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2003-2004

Pour certains, cette fête de Noël est un moment sentimental et douillet, une fête où on construit des crèches, où on raconte des histoires d'enfants, des histoires peuplées de bébés, d'anges et de bergers, un moment où on donne et reçoit des cadeaux, et où on mange et boit un peu trop. Mais ceux qui viennent à l'église ce soir reconnaissent que c'est beaucoup plus profond que cela. Nous fêtons cette nuit la naissance de Dieu parmi nous, la gloire de Dieu sur la terre. Pour nous, Jésus est Dieu, né de Dieu et lumière née de la lumière. En Jésus, celui qui est éternel et qui n'a ni commencement ni fin, celui qui a créé toutes choses, est né au milieu de sa création - dans un petit village palestinien, et il est né d'une de ses créatures - de la vierge Marie. L'Eglise contemple ce miracle depuis des siècles. Mais pourquoi le contempler maintenant, à minuit le 25 décembre ?

Ce n'est pas par hasard que nous sommes ici en plein hiver et au milieu de la nuit pour célébrer cet événement. En fait, nous ne savons pas à quelle saison Jésus est né, ni à quelle heure. Nous pourrions donc fêter sa naissance en juillet et au milieu du jour. Et pourquoi pas ? Il serait beaucoup plus agréable d'aller à l'église en été. Mais l'Eglise a très tôt choisi ce moment-ci, en hiver et dans la nuit, pour célébrer la naissance de Dieu, et pour une raison évidente. L'hiver est la saison la plus froide, la plus stérile, c'est la saison du gel et de la faim. En hiver, on est le plus loin possible du soleil qui donne la lumière et la chaleur, qui fait pousser les plantes qui nous nourrissent. On est le plus loin possible de la source de la vie. Et au milieu de la nuit il nous manque même le soleil faible d'hiver. Nous sommes entourés d'une obscurité et d'un froid profonds. Malheureux ceux qui doivent être dehors maintenant. Ce n'est pas un moment fait pour les hommes. Toute la nature semble contre nous, c'est le moment le plus dur, le moins humain de l'année. C'est un moment qui symbolise la faiblesse, les besoins et la souffrance humains, un moment noir comme le désespoir.

C'est justement à ce moment symbolique que nous fêtons la naissance de Jésus, parce que c'est à ce moment-ci que nous avons le plus besoin d'une lumière qui nous fasse vivre, qui nous donne de l'espérance, qui nous rende humains. Le fait que nous fêtons la naissaince de Jésus à ce moment nous dit que cette lumière, qui répond à nos besoins les plus profonds, c'est Jésus. Même au milieu de l'obscurité la plus profonde il y a une lumière, une espérance, plus profonde encore, et nous la trouvons en Jésus. Et c'est pourquoi Jésus est né, pourquoi il est là. Si Dieu, en Jésus, est venu partager notre condition humaine, ce n'était pas pour le plaisir. Il est né au milieu de cette nuit obscure et froide, et il subira la souffrance que symbolise cette nuit. Il est venu pour être notre lumière, notre soleil, quitte à vivre lui-même nos ténèbres. C'est surtout pour ceux qui se trouvent dans les ténèbres, ceux qui sont dehors, ceux qui souffrent, qu'il est là. Comme le dit le prophète Isaïe dans la première lecture, c'est pour ceux qui marchent dans les ténèbres que cette grande lumière s'est levée, pour ceux qui habitent le pays de l'ombre qu'elle a resplendi. C'est finalement ceux qui sont dans les ténèbres qui ont besoin de lumière.

L'Evangile nous parle de bergers. A l'époque, les bergers n'étaient pas très respectés. Ils étaient pauvres, méprisés par les bonnes gens, et se trouvaient aux marges de la société. Les bergers dont parle l'évangile passent cette nuit dans les champs. Ils sont, comme les marginalisés d'aujourd'hui, entourés d'obscurité et de froid. C'est à ces bergers que la bonne nouvelle de la venue de la lumière est annoncée, à eux que les anges lumineux chantent « Gloire à Dieu et paix aux hommes ». C'est pour ces bergers et pour ceux qui leur ressemblent que la lumière est née parmi nous. Et c'est aussi pourquoi cette nuit obscure et froide est pour nous un moment de lumière ; et nous sommes là, pas pour nier que la nuit, l'obscurité et le froid soient là, mais pour accepter la lumière que Dieu nous y offre.

Noël

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2003-2004

Dans notre culture, la fierté est souvent associée à l'arrogance, à la vanité. Pourtant, je crois qu'il y a de nombreuses fiertés qui ont leur raison d'être. Prenons par exemple : la fierté des parents lorsque leurs enfants réussissent à l'école ou s'épanouissent dans la vie, la fierté de l'artiste face à sa dernière ½uvre, la fierté du cuisinier lorsque son plat est un succès tant pour les yeux que pour le palais, la fierté de tout être humain lorsqu'il atteint un de ses objectifs. S'il en est ainsi, redonnons à la fierté toute ses lettres de noblesse lorsqu'elle est vécue non pas par rapport à nous mais plutôt vis-à-vis de ce que nous avons réalisé. Pourquoi, tout simplement, parce qu'en cette nuit de Noël, nous célébrons une autre fierté : la fierté divine. Oui, Dieu est fier et il peut l'être. Il est fier car il réalise son plus vieux rêve, un rêve complètement fou : celui de devenir l'un des nôtres. Même si parfois il peut regretter certains de nos actes, il aime toutefois ce que nous sommes devenus. En effet, il y a un peu plus de quinze milliards d'années, alors que Dieu venait d'initier la vie en créant notre monde, il s'est mis à rêver parce que Dieu avait compris qu'il n'est pas possible de vivre même éternellement sans avoir de rêves. Tout était là, à sa disposition. Il lui suffisait de trouver le bon moment c'est-à-dire l'époque où les êtres humains seraient capables d'entendre et de comprendre ce que Dieu avait rêvé pour chacune et chacun de nous. Et Dieu s'est fait patient, très patient. Il a attendu plus ou moins quatorze milliards neuf cent nonante neuf millions, neuf cent nonante huit mille années pour devenir l'un des nôtres. Dieu a donc pris son temps mais il est vrai que pour lui le temps est sans doute moins long puisqu'il n'est qu'un instant dans le temps de l'éternité.

En cette nuit de Noël, il nous est donné l'occasion de nous rappeler ce très vieux rêve de Dieu devenu réalité il y a environs deux mille ans. Et c'est sans doute parce que c'était un rêve que ce dernier s'est réalisé de la manière dont il nous est conté dans une atmosphère féerique, hors norme, inattendue, imprévue. Depuis cette fameuse nuit, chaque fois que nous célébrons cet événement, le monde se met à tourner d'une autre façon, chacune et chacun, nous nous mettons à rêver de paix, d'entente, de tendresse et d'amour. Comme si, au moins une fois par an, l'essentiel reprenait le dessus. Tel est le rêve de Noël. Mais en quoi est-ce si merveilleux pour Dieu, s'il est vraiment Dieu, de s'être fait l'un des nôtres. Tout simplement parce qu'il nous prend au sérieux, il croit à la beauté de notre humanité. Par définition, par essence, l'être humain est beau aux yeux de Dieu. Et il est important de nous le rappeler de temps à autre. Par l'incarnation du Fils, toute homme, toute femme est une créature merveilleuse appelé à partager sa divinité. Dieu se devait de devenir l'un de nous pour que, à notre tour, nous puissions devenir Dieu. Ce n'est pas moi qui le dit, saint Irénée s'exprimait déjà en ces termes au deuxième siècle de notre ère. En s'incarnant, Dieu part de lui pour conduire toute l'humanité à entrer dans la vie divine. Voilà le projet, le rêve fou de Dieu. Que toutes et tous nous soyons en lui.

Et pour ce faire, il n'avait pas d'autres moyens que celui de partager notre condition. Cette nuit, il est là devant nous dans les yeux de cet enfant nouveau-né, tout fragile, tout émerveillé de la vie. Et il nous tend les bras pour que nous le prenions dans nos bras. Telle est sa confiance : Dieu n'a pas eu peur de se laisser porter par nous. Il se blottit tout contre nous, dans le creux de notre être, nous offrant non pas des mots, des discours mais une relation de tendresse car elle est le seul langage qui puisse être vraiment partagé. Dieu se laisse porter dans nos bras. Et nous sommes là, étonnés, surpris de la manière dont il vient à nous. Et lui, il nous regarde et nous sourit heureux d'être avec nous, heureux d'être l'un de nous car son vieux rêve s'est enfin réalisé. Par là, Dieu nous invite à vivre nous aussi nos rêves. Et ces derniers sont comme Dieu. Ils sont en nous. Partons alors de qui nous sommes, de tout ce qui nous a été donné pour nous mettre à rêver de la vie que nous avons envie de vivre avec cette confiance de nouveau-né que l'Esprit de Dieu nous accompagnera. Si Dieu s'est incarné en nous, puissions-nous également habiter nos rêves les plus fous, ceux qui nous font vivre. Nos rêves réalisés deviendront alors la fierté de ce que nous sommes devenus. C'est pourquoi, la fête de Noël signifie également la fierté de la divinité, la fierté de notre humanité, la fierté de tous nos rêves à réaliser. Des rêves plein la vie, tous les rêves à chanter

Sainte Famille, année C

Auteur: Dianda Jean-Baptiste
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : C
Année: 2003-2004

Aujourd'hui, Il n'est pas aisé de prêcher sur la famille, et encore moins sur la sainte famille. L'usage qu'on fait parfois de cette fête, la signification qu'on veut lui conférer : « donner en exemple la famille de Bethléem et de Nazareth, comme modèle de toute famille chrétienne. » C'est un peu dérisoire ! De plus, la famille est tellement éclatée que sa configuration actuelle est de plus en plus éloignée de ce qu'elle fut du temps de jésus ! Aujourd'hui, il y a plusieurs modèles de famille(valables les uns aussi bien que les autres).

Et pourtant, cette fête garde un sens. Nous célébrons la fête de l'enracinement de Jésus dans un couple , dans un village, dans un peuple. La fête de la sainte famille est avant tout, célébration du mystère de l'incarnation, dont elle met en lumière la réalité très concrète. En effet, porté dans le sein d'une femme où il a été formé comme les autres enfants, le Fils de Dieu est né comme eux. Pendant les années de ce qu'on appelle « la vie cachée », Jésus a grandi au même rythme que tous les enfants et dans des conditions semblables aux leurs, dans une famille que rien, apparemment, ne distinguait des autres.

Il a reçu de ses parents et de son entourage une éducation comparable, en tous points et dans tous les domaines, à celle des jeunes garçons de Nazareth. C'est d'eux qu'il a appris, en commençant par balbutier, les mots de la langue dans laquelle il devait annoncer plus tard la bonne nouvelle et révéler les secrets du Père...On le voit, une telle réalité rejoint certaines de nos expériences de famille.

En effet, l'évangile de ce jour, en soulevant les difficultés rencontrés par les parents au niveau des enfants nous rejoint dans l'actualité de la vie en société aujourd'hui. Il montre Marie et Joseph au prise, comme tant des parents, avec cette souffrance d'avoir un enfant « fugueur ». Depuis trois jours, il n'a pas donné signe de vie ! Ce garçon de douze ans, Jésus, a bel et bien « fugué ». Pour une bonne cause peut-être, mais sans prévenir. Tout parent sait que l'enfant qui grandit croit souvent pouvoir être lui-même en s'arrachant à l'emprise parentale.

Au bout d'une recherche angoissée de trois jours, Marie et Joseph retrouve l'enfant Jésus au Temple. Le pré-adolescent a donc décidé de volé de ses propres ailes en choisissant un chemin que parents n'avait pas prévu. Ce désaccord, qui peut se transformer en conflit aigu, bien des parents le connaissent et s'efforcent de le gérer de leur mieux. Voici donc Marie et Joseph face à Jésus, « assis au milieu des docteur de la loi » la stupeur des parents et le douloureux reproche de la mère sont parfaitement compréhensibles. C'est la réponse de Jésus qui surprend : « comment se fait-il que vous m'ayez cherché ? ne saviez-vous pas que je dois être chez mon père ? » Pour le moment, même ses parents ne peuvent pas comprendre . Il faut croire que, jusqu'à sa douzième année, Marie et Joseph n'avaient pas percé le mystère divin de cet enfant. La révélation du mystère de Jésus se fera par étape. La vie ordinaire va reprendre : « il leur était soumis » et grandissait devant Dieu et devant les hommes.

Si Dieu est Père de Jésus, alors, la parole de Dieu nous rappelle le « rôle d'intendant » non seulement de Joseph et Marie, mais aussi de tous parents (exercé )au profit de leur enfant. Ils ne doivent pas oublier qu'ils sont au service d'un mystère beaucoup plus profond : « le mystère de la relation de leur enfant avec son origine, Dieu, son Père. » C'est le message que nous donne , me semble-t-il, la famille de Jésus : à la fois l'extraordinaire responsabilité humaine, et l'absolu dépassement des liens de sang. Nécessité de ces liens charnels qui nous font, et nécessité non moins grande de les relativiser, de les dépasser pour que surgisse la liberté fondamentale de chaque être devant Dieu.

« Par-dessus tout cela, qu'il y ait l'amour » au sein de la famille. Car sans amour, il n'y a ni tendresse, ni bonté, ni douceur, ni support mutuel. Sans amour, la famille n'est que coquille vide, incapable d'être source de vie.

Tous les Saints

Auteur: Lens Patrick
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A, B, C
Année: 2003-2004

Il fait déjà noir. On a changé l'heure. Le soir, tu vois déjà le brouillard qui sort de la terre. Il fait froid. Vous vous êtes peut-être promenés dans la forêt cette après-midi. Les feuilles tombent. La nature s'apprête à mourir. C'est la Toussaint.

Nous voici rasssemblés dans cette église pour célébrer notre fête de famille, avec tous nos frères et soeurs d'ici et de l'au-delà.

Ce n'est peut-être pas la grande joie qui nous rassemble spontanément en cette fête de famille, parce que la Toussaint nous rappelle plutôt les absents, notre famille sur l'autre rive.

Et les saints, sont-ils vraiment nos frères et soeurs ? Nous avons plutôt l'impression que nous ne pouvons pas être à la même hauteur qu'eux. Il semblent si loins, si parfaits, et nous : si pauvres, si imparfaits, parfois trop loin de Dieu, des autres et de notre propre coeur. Si la sainteté est la perfection morale et humaine, nous sommes déjà fichus. Si les saints n'avaient jamais fait aucune chose d'imparfait ou aucune faute, nous aurions toutes les raisons de nous décourager.

Mais je crois que nous avons souvent une fausse image de la sainteté. Il n'y a aucun saint qui est né comme un saint, sauf la Sainte Vierge, mais elle était si humaine, si proche de nous ! Elle a dû, elle aussi, chercher Dieu sur le chemin de la foi, on l'oublie parfois. Mais pour le reste : je ne connais aucun autre saint qui n'a jamais péché. Il y a même eu des saints qui ont en quelque sorte eu besoin du péché pour rencontrer Dieu. Si tout dans notre vie était parfait, si nous n'avions pas de problèmes, en fait, nous n'aurions pas besoin de Dieu. Nous prierions plus, nous vivrions en fait comme des athées chrétiens, si cela était possible. Parfois Dieu laisse exister dans notre vie un problème ou une imperfection, pour que nous nous raccrochions à lui. Et nous, nous ne nous pouvons pas pardonner cette imperfection ! Mais Dieu le peut. Pourquoi donc nous accrocher tant à notre imperfection ?

La béatitude que Jésus nous annonce dans son Sermon sur la Montagne, ce n'est pas le début de notre vie chrétienne, ni une condition de l'examen d'entrée à l'école supérieure de vie chrétienne. La béatitude, c'est le résultat d'un chemin de foi.

Si nous étudions les béatitudes de plus près, il est clair que nous ne pouvons pas les imiter.

Par exemple : la pauvreté, est-ce que c'est vraiment un but en soi ?

Est-ce que ce sont vraiment les doux qui possèdent la terre ?

Et pleurer : c'est que nous cherchons toujours à éviter, jusqu'au point même de ne plus être en contact avec nos émotions les plus profondes.

Avoir faim de la justice : dans le bunker d'Ausschwitz, comme le père Kolbe l'a expérimenté, c'est encore quelque chose d'autre que dans un groupe d'Amnesty International.

Les coeurs purs : qui d'entre nous veut être considéré comme un naïf par ses amis ou ses collègues ?

Et les artisans de paix : parfois, trop de fois, leur mission échoue.

Jésus n'est pas utopiste : ce n'est pas nécessairement l'effort collectif qui changera complètement notre monde, nos vies, nos familles, nos communautés chrétiennes. Il y aura toujours quelque chose qui nous échappe. Et si tout dépendait de nous, nous n'aurions plus besoin de Dieu ! Nous voudrions parfois désespérément multiplier nos actions pour améliorer le monde.

Mais les saints, qui étaient pourtant des plus actifs, même les contemplatifs, ont choisi une autre méthode : ils ont appris à calculer avec la croix, c'est-à-dire : avec leur propre faiblesse et la force de Dieu. Et ils ont changé beaucoup de choses dans ce monde et dans l'église, et leur influence est toujours là.

Les béatitudes nous annoncent le monde à venir, le monde de Dieu, où tout sera renversé, même nos propres pensées et nos propres réflexes. Les béatitudes sont une invitation à nous laisser imprégner, enfin, par l'Esprit de Dieu, à laisser Dieu agir en nous. Les saints, ce sont des hommes et des femmes qui se sont avancés sur le chemin de l'imperfection, mais qui ont, parfois après de longs combats et résistances, laissé libre cours à Dieu. Ils ont osé donner à Dieu carte blanche.

Le plus difficile, c'est de donner à Dieu tous les pouvoirs sur ta vie. Non pas seulement amener Dieu dans ta voiture et le conduire où toi tu veux, mais laisser à lui le volant, les clés et les papiers de la voiture.

Ce qui compte, c'est le désir, mais le désir sincère. Mais même le désir sincère ne marche pas sans une passion pour Dieu et les hommes, sinon, tu ne seras jamais un saint ou une sainte.

Et pour le reste : ce n'est pas si difficile d'être imparfait. Il y a donc encore de la place pour nous dans la famille nombreuse des saints. Bienvenue à vous tous !

Veillée pascale

Auteur: Materne Pierre-Yves
Temps liturgique: Triduum pascal
Année liturgique : A, B, C
Année: 2003-2004

Avez-vous déjà vu un ange ? Moi non. Pourtant, cela doit être une expérience fascinante. Les anges sont très importants dans la Bible. Ils apportent les grandes nouvelles qui bouleversent l'histoire humaine. C'est un ange, nommé Gabriel, qui avait annoncé la venue de Jésus à Marie. C'est aussi un ange qui réconforte Jésus au jardin de Gethsémani. L'ange est initialement un envoyé, un messager de Dieu qui s'adresse à certaines personnes.

Ce soir, nous avons affaire à deux hommes " en habit éblouissant ". Ces deux messagers apportent une nouvelle aux femmes interloquées devant la disparition du corps de Jésus. Les messagers les interpellent ainsi : " Pourquoi cherchez vous le Vivant parmi les morts ? ". Jésus n'est plus dans la tombe, prisonnier de la mort car il est ressuscité. Elles vont décidément de surprise en surprise.

Les femmes -avant même les apôtres- vont prendre le relais de ces deux êtres lumineux et annoncer l'incroyable nouvelle. Jésus, qu'on a vu cloué sur la croix il y a quelques jours, est revenu à la vie. Il est un Vivant qui n'est plus avec les morts. Il a franchi le mur de la mort, ce mur est maintenant troué. Il existe un passage vers la Vie. Les anges ont convaincu les femmes, mais je pense qu'elles ont compris plus avec leur c½ur qu'avec leur tête. Lorsqu'elles racontent leur expérience aux apôtres, ils n'en croient rien. Un disciple a pu dire : elles prennent leurs désirs pour des réalités.

Après ce temps de doute et de perplexité, les disciples ouvrent leur c½ur à la présence du Christ ressuscité. Ils seront porteurs de la Bonne Nouvelle qui nous a rejoins aujourd'hui. La joie de la Résurrection n'a de sens que si elle est transmise comme la flamme de nos bougies. Pour la communiquer, nous avons besoin de messagers qui annoncent le Vivant. Or, chacun et chacune, par le baptême, avons reçu le don de toucher les c½urs et les intelligences pour les ouvrir au mystère de la résurrection. Ce don est une responsabilité qui nous pousse à agir au nom de Jésus. Cela n'est possible qu'en prenant conscience que le Christ Ressuscité est présent au fond de nous.

Chacun peut faire l'expérience de la résurrection. Qui n'a pas en soi des lieux verrouillés à ouvrir, des zones d'ombre à éclaircir ? Il y a des forces de mort qui traversent nos vies. Pour certains, ce peut être du désespoir. Pour d'autres, de la haine. Pour d'autres, c'est une culpabilité malsaine. Le Vivant, sorti du tombeau, peut nous aider à franchir ces murs, à faire partir ces démons intérieurs. Nous sommes invités aujourd'hui encore à chercher le Vivant, non pas parmi les morts, mais parmi les vivants. Le Christ est présent autour de nous, dans la vie de chaque être humain. Chercher le Vivant, c'est découvrir la puissance de la Résurrection à l'½uvre dans nos vies.

Ensuite, fort de cette découverte progressive, nous aurons le désir de communiquer la vie du Christ autour de nous. Peut-être même, dans les endroits où les choses paraissent bloquées, là où des relations sont blessées, là encore où l'autre souffre. Si le Christ est ressuscité, ce n'est pas pour que nous restions découragés. Au contraire, la Victoire sur la mort nous fait espérer au-delà des apparences défaitistes. Le Vivant nous réconforte dans l'épreuve et nous envoie réconforter celui qui souffre. Comme l'ange qui réconfortait Jésus lors de son agonie nocturne.

L'amour de Jésus pour ses amis et l'amour pour son Père ont fait de Jésus un Vivant. Cette relation aimante est source de résurrection et de vie. Nous pouvons nous relier à cette source en accueillant l'amour de Dieu et en voulant aimer comme Jésus. En aimant à la manière de celui-ci, nous portons la Bonne nouvelle de la résurrection auprès de tout être humain, quel qu'il soit. Ce soir, nous fêtons joyeusement le passage de la mort à la vie grâce au Christ ressuscité. Il est Vivant et nous invite à poursuivre son ½uvre de vie. Il nous libère des obscurités. Il donne sa paix et sa joie au monde. Soyons des témoins du Vivant. A la suite des anges, devenons des messagers de la joie pascale. C'est notre mission : " être ange ! ".

Amen.

14e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2002-2003

Dans la vie, mais également dans nos églises, il y a parfois des personnes qui croient que parce qu'elles crient plus fort que les autres arrivent à mieux imposer leurs idées. Elles ont alors l'impression qu'elles ont gagné leur bataille sans se rendre compte qu'elles sont entrées dans un mécanisme épuisant puisqu'elles restent constamment sur la défensive de peur de devoir à nouveau se battre pour leur vérité. A court terme, elles gagnent sans doute mais à moyen et à long terme elles sont souvent perdantes en imposant leurs vues. Elles s'imposent et petit à petit font le vide autour d'elles mais sans s'en rendre compte tellement est peuvent être aveuglées par leur entêtement. Alors, est-ce par manque d'intelligence, par peur de la nouveauté, par bêtise ou le sentiment d'avoir des droits acquis ? Je n'en sais rien.

Par contre, les lectures du jour nous font découvrir que si quelqu'un s'impose cela peut sans doute s'expliquer humainement, cependant, une telle attitude est inacceptable d'un point de vue chrétien.

En effet, l'évangile nous montre un certain visage du Christ : Jésus ne s'impose pas, il en impose et c'est peut-être ce que les gens qui crient plus fort n'ont pas encore compris. Il y a une nuance entre s'imposer et en imposer. Jésus refuse en tout cas d'entrer dans la spirale de l'imposition par la force, par le pouvoir. Non, il choisit d'en imposer par sa connaissance qu'il a de Dieu, par la manière dont il vit sa vie et bouscule celles et ceux qui croisent sa route. Il choisit donc de convaincre et non de contraindre. Et la nuance n'est pas banale. En ce sens, il permet à chacune et chacun de faire son propre chemin de foi, d'avancer et de reculer sur celui-ci en fonction de son histoire personnelle. De cette manière, il remplit sa mission de Fils de Dieu en étant un vrai prophète. Un prophète, par définition, est quelqu'un qui dénonce ce qui lui semble être contraire au projet de Dieu. De cette manière, il dérange car il refuse d'entrer dans la dynamique perverse du " on n'a toujours fait comme cela et je ne vois pas pourquoi on changerait ".

Par ses paroles, le prophète réveille les paresseux qui se sont enfermés dans leur confort et ouvre les yeux des autres vers là où se trouve la vie réelle, l'essentiel. Le prophète ne dénonce pas pour son plaisir, il ne cherche pas à s'imposer par la force. Non, le prophète a compris, comme le Christ mais aussi comme saint Paul, que c'est dans la fragilité que se trouve la force. C'est parce que je suis faible qu'alors que je suis fort, clame l'apôtre aujourd'hui. Et il a raison. Il avait compris que la force n'est que du court terme tandis que partir de ses propres fragilités pour vivre en qualité de prophète permet alors d'habiter ses mots, ses gestes, en fait sa vie tout entière. Souvent d'ailleurs, les gens que nous respectons, sont celles et ceux qui construisent leur vie à partir de leurs fragilités. Comme si nous étions invités à découvrir et surtout à vivre de cette maxime : " ma plus grande force, c'est que je suis fragile mais je le sais ".

En agissant de la sorte, je ne me leurre pas sur qui je suis. J'apprends à m'accepter tel que je suis pour avancer sur mon chemin d'accomplissement de ma destinée. Je prends conscience que je ne suis pas détenteur de la vérité mais d'une petite parcelle de celle-ci. Mais si je pose cette parcelle en Dieu, alors peut commencer pour moi la réalisation de ma vocation de prophète. Toutes et tous par notre baptême, nous sommes conviés à prendre notre bâton de prophète et à agir pour la construction d'un monde, d'une église où règne la paix. Comme prophètes, nous devenons des personnes qui dérangent, dénoncent ce qui est contraire à l'évangile non pas par la force, la violence verbale ou physique. Nous ne nous imposons pas mais nous avons comme objectif d'en imposer par la sagesse de nos propos qui prennent leurs sources dans la méditation des Ecritures, la prière personnelle, la rencontre fraternelle.

Le Christ nous laisse alors avec ces questions : Est-ce que je convainc ou je contrains ? Est-ce que je m'impose ou j'en impose ? En d'autres termes, suis-je un aboyeur ou un prophète, là où je vis ? Nous ne pouvons, en tout cas pas oublier que telle est notre mission depuis notre baptême. S'il en est ainsi, chacune et chacun d'entre nous, nous avons du pain sur la planche. Que le pain de l'eucharistie, nous donne alors la force d'accomplir avec sagesse et conviction cette tâche.

Amen.

15e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Gihoul Luc-Henri
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2002-2003

Il serait facile, en ces mois d'été, de rapprocher l'envoi des 12 en mission, de l'exode des vacanciers qui partent, sac au dos et sandales aux pieds, à la recherche d'un équilibre que la vie leur refuse souvent. Mais, la mission apostolique ou le témoignage demandé à tous les chrétiens, n'a rien d'un banal retour à la Nature. Etre missionnaire ou témoin de sa foi est une ½uvre exigeante qui demande robustesse et humilité. Il suffit pour s'en convaincre de lire, en l'évangile de ce jour, les conseils donnés par st. Marc de ne s'encombrer de rien. Le texte commence par ces mots : « Jésus appelle les 12 ». Les chrétiens sont des appelés. Dans St. Jean, Jésus rappellera, à la dernière Cène : » ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis. » Etre choisi par Dieu même ! Et tous, nous sommes tous appelés à être témoins du Christ, prophète (se dit nabi en hébreu, c'est à dire appelé), appelés à une tâche universelle. Quelle grâce, quel privilège, quelle responsabilité !

Le prophète n'est pas celui qui prédit l'avenir mais celui qui interprète tous les évènements à la lumière de Dieu. Celui qui, inspiré par Dieu, donne le sens des évènements, celui qui parle et peut rendre compte de sa foi au nom de Dieu. Ainsi, il nous est dit que toute notre vie, éclairée et animée par la foi, devrait aider les autres à découvrir le vrai sens des choses et le pourquoi de l'existence, à percevoir dans toutes les personnes la face cachée de Dieu et reconnaître la dimension spirituelle de notre vie terrestre.

Un trait particulier de cette mission c'est que Jésus envoie ses disciples deux par deux. C'est une tradition en Israël qu'un témoignage ne soit valable que s'il est confirmé par un autre frère Plus généralement, la sagesse populaire dit qu'une vie à deux est meilleure que la solitude. Ainsi, le livre de l'Ecclésiaste, non sans humour et réalisme proclame : « Mieux vaut vivre à deux que seul ! Le travail profite mieux. En cas de chute, on relève l'autre. Mais tant pis pour l'isolé qui tombe sans personne pour le relever.... Et si l'on dort à deux, la chaleur vient, mais seul comment avoir chaud. Si un isolé se fait agresser, deux résistent : et si le fil est double, il ne rompt pas vite. » Etre à deux : c'est être à l'image de Dieu, comme Adam et Eve, invités au partage et au dialogue, comme les disciples d'Emmaüs, découvrir l'amour de Dieu dans la résurrection du Christ. Etre deux et vivre en frères, c'est témoigner de la charité de Dieu pour le monde.

Non seulement le chrétien est un enfant choisi, et choyé par Dieu pour aider par sa vie ses frères à découvrir le sens, non seulement, son amour pour ses frères rend présent au monde la force et l'amour de Dieu, mais Dieu invite le monde et chaque chrétien à la conversion et pour se faire, il lui donne pouvoir sur les Esprits impurs.

Témoigner, partir en mission, c'est se convertir soi-même et être un exemple afin d'inviter les hommes à changer de cap. Ce n'est pas simple ! Personne n'est disposé spontanément à se remettre en cause. Tous nous avons nos démons intérieurs qui n'acceptent pas facilement de se laisser déloger. Le témoin de l'Evangile doit commencer par exorciser ses démons intérieurs : sa fausse hiérarchie de valeurs, ses idées préconçues et ses jugements hâtifs ou malveillants, ses envies mal placées et ses frustrations mal digérées, ses tiédeurs, ses désespérances, ses rancoeurs et toutes ces lourdeurs dont nous nous encombrons tout au long de notre vie. « Ne prenez rien pour la route ». disait le seigneur « Ne vous encombrez pas d'argent ou de vêtements inutiles ». L'argent c'est le symbole du souci excessif ou exclusif des choses de ce monde. Le vêtement, c'est le symbole de la personne. Ce dépouillement requis, cette disponibilité souhaitée, cette confiance et cette humilité demandées c'est afin que le vieil homme devienne l'homme nouveau . C'est cela notre conversion, notre vocation à la sainteté.

Et « secouer la poussière des sandales » renforce cet enseignement. Cela veut dire ne pactisez pas avec le mal. Cela signifie l'absence de tout lien entre le chrétien et ceux qui s'excluent consciemment du Royaume, ceux qui baptisent leurs vices, pervertissent leur c½ur et légitiment cette mauvaise conscience.

Mais on ne peut entreprendre cette lutte contre nos démons intérieurs que si l'on se rend compte de notre dignité d'Enfant de Dieu. Cette dignité de chrétien fidèle est symbolisée chez Marc par l'Onction de l'huile. Cette onction, dans l'Antiquité, consacrait les prêtres et les rois. Faire une onction d'huile à une humanité malade et prisonnière de ses démons c'est dire qu'on la rétablit dans sa dignité royale de service des frères et de gouvernement du monde. C'est dire qu'on la rétablit dans sa dignité sacerdotale faite d'offrande, de prière et de sainteté dans la foi en Dieu et le combat pour le Bien.

Un chrétien n'a jamais fini de faire le bien, de faire son devoir, d'être chrétien. On les appelaient aux premiers temps, les « Fidèles » ! Dans l'Evangile, le Seigneur n'attend pas de nous que nous soyons des serviteurs habiles et capables d'exploits. A ses yeux, le bon serviteur est le serviteur fidèle dans les petites choses qui lui sont confiées. Il fait peut-être peu de choses mais il les fait bien, ou du moins il veut les bien faire. Il fait de son mieux. La principale difficulté de la vie chrétienne réside dans cette régularité qui ne supporte ni exception ni répit. Il ne nous est pas demandé de faire de grandes choses mais de les faire grandes. La manière d'aimer Dieu c'est de l'aimer sans manières. La façon d'aimer Dieu, c'est de l'aimer sans façons. Simplement, il faut évangéliser son c½ur, le purifier de ses démons pour évangéliser le monde. Il faut d'abord réaliser l'Evangile dans notre vie pour, par ce moyen, le propager dans le monde. Une vie subordonnée à nos caprices serait probablement agréable à ses heures, reconnaissons-le, mais décevante et, en fin de compte, perdue parce que vide et vaine.

Un chrétien, lui, n'a jamais fini d'aimer. Et comment exprimer notre amour sinon par une fidélité dans la foi jamais rétractée et par un consentement à l'amour de Dieu jamais révoqué.

Sans doute, ne sommes-nous pas du même coup libérés de notre faiblesse, ni immunisés contre toute défaillance, ni libres de tout esclavage. Mais, en restant fidèle, l'apôtre St. Jean nous assure que si notre c½ur nous condamne, Dieu est plus grand que notre c½ur. (Jean3,20) Rien n'est perdu tant que nous restons fidèle et aimant. La fidélité canalise nos élans intermittents d'enthousiasme, elle régularise nos ferveurs passagères, elle supplée par là aux éclipses soudaines de notre générosité. Aussi vivons cette mission qui nous est confiée. Restons témoins de ce beau titre de « fidèle ». Témoin parce que nous savons donner à Jésus-Christ toute notre foi. Fidèle non seulement parce que le Seigneur peut se fier à nous mais parce que nous restons confiants en sa puissance d'amour. Missionnaire parce que pour nous chrétiens, la passion de la vérité, l'amour de la sagesse deviennent en fait la sagesse de l'amour.

19e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2002-2003

Jn 6, 41-51

Il y a quelques jours, une amie, un peu forte me confiait que le simple fait de regarder un menu à l'extérieur d'un restaurant lui faisait déjà prendre au moins 400 grammes. Elle en avait assez de passer sa vie à faire des régimes et ce d'autant que son mari n'arrête pas de manger de tout et s'empiffre de bonbons sans pour autant prendre un gramme. Elle vit donc l'injustice flagrante au quotidien. Vous imaginez bien toute la compassion que je peux avoir pour un tel problème existentiel. Je la rassurai en lui disant que même si un rien lui profitait, elle, au moins n'apparaissait pas comme quelqu'un d'austère, de sévère comme son mari et que son petit côté rondouillard donnait plutôt confiance aux gens. Son mari s'est insurgé contre mes propos. Je lui alors rappelé que quand on mange autant que lui et qu'on ne prend pas un gramme, on doit avoir la décence de se taire. Il éclata de rire et ne se gêna pas pour reprendre quelques biscuits salés.

Comme quoi, le rapport à la nourriture et surtout, les effets de la nourriture sur notre métabolisme varie d'une personne à l'autre. Il en va ainsi dans la vie, alors l'évangile de ce jour nous invite à nous poser la question de savoir s'il n'en va pas de même dans la foi. Le Christ nous annonce avec une certaine force qu'il est le " pain de vie ". Nous avons besoin de manger pour vivre et voilà que Jésus nous annonce que la nourriture qu'il nous propose ne nous rassasiera non seulement un jour mais toujours.

En effet, dit-il, si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Quelle belle promesse de découvrir que nous vivrons à jamais dans le c½ur de Dieu. Encore faut-il avoir faim de Dieu, c'est-à-dire désirer goûter et manger de ce pain de vie. En nous surgit ce désir de Dieu qui se concrétise par notre rencontre personnelle et intime avec le Fils de Dieu. Plusieurs chemins s'offrent à nous : la méditation des Ecritures, l'eucharistie, la prière entendue comme un dialogue personnel entre Dieu et nous. Ces rencontres varient d'intensité au cours de nos vies respectives et il peut aussi nous arriver d'avoir un peu moins faim de Dieu, parfois parce que nous nous sentons rassasiés de lui, parfois parce que nous traversons un temps de désert intérieur, parfois encore parce que nous sommes submergés par la vitesse de la vie ou par des événements qui nous dépassent complètement jusqu'à pouvoir nous annihiler. Puisque, par les circonstances de la vie, nous pouvons passer par une période où nous ne ressentons pas le besoin de nous nourrir de ce pain de vie, il est sans doute bon de se demander comment faire pour retrouver ce goût de Dieu. Pour ce faire, je vous propose de reprendre un extrait d'un livre dont je vous ai déjà parlé.

Il s'agit d'Oscar et la dame rose d'Eric-Emmanuel Schmitt. Je vous le livre. Si tu écrivais à Dieu, Oscar ? Ah non, pas vous, Mamie-Rose ! Quoi, pas moi ? Pas vous ! Je croyais que vous n'étiez pas menteuse. Mais je ne te mens pas, répondit-elle. Alors pourquoi me parlez-vous de Dieu ? On m'a déjà fait le coup du Père Noël. Une fois suffit ! Oscar, il n'y a aucun rapport entre Dieu et le Père Noël. Si. Pareil, répondit l'enfant. Bourrage de crâne et compagnie. Est-ce que tu imagines que moi, une ancienne catcheuse, cent soixante tournois gagnés sur cent soixante cinq, dont quarante trois par K.-O., l'Etrangleuse du Languedoc, je puisse croire une seconde au Père Noël ? Non, répondit Oscar. Et bien je ne crois pas à Père Noël mais je crois en Dieu. Voilà. Evidemment, dit comme ça, ça changeait tout, se dit l'enfant. Et pourquoi est-ce que j'écrirais à Dieu, demanda-t-il. Tu te sentirais moins seul. Moins seul avec quelqu'un qui n'existe pas ? Fais le exister. Mamie-Rose se penche ensuite sur Oscar et lui dit : chaque fois que tu croiras en lui, il existera un peu plus. Si tu persistes, il existera complètement. Alors, il te fera du bien. Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'inscrustent, qui t'alourdissent, qui t'immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas. Et en plus, à Dieu, tu peux lui demander une choses par jour comme par exemple : du courage, de la patience, des éclaircissements.

Et aujourd'hui, nous, de notre côté, fort de ce dialogue entre Mamie-Rose et Oscar, nous sommes invités à demander à Dieu de nous rendre joyeux et de nous nourrir du pain de vie car nous avons cette conviction intime que ce pain-là nous donnera la vie éternelle.

Amen.

1er dimanche de Carême, année B

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : B
Année: 2002-2003

Mc 1, 12-15

Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle.

Nous avons souvent entendu cet appel de Jésus. Toutes les semaines, mais surtout en carême, l'église nous invite à nous convertir, à ne plus pécher, à vivre dans la vertu et pas dans le péché. Parfois, nous écoutons cet appel et nous faisons un petit effort. Mais, pour la plupart, cela ne dure pas très longtemps. Nous retombons dans nos anciens péchés. Un des problèmes est que nous ne sommes pas, en général, de grands pécheurs. Nos péchés ne sont pas impressionnants, spectaculaires. Nous ne sommes pas des meurtriers habituels. Nos péchés sont quotidiens et médiocres. Ici, un petit manque de patience ; là, un petit manque de générosité. Si nous étions de grand pécheurs, nous pourrions faire un effort spectaculaire de conversion. Nous pourrions, avec beaucoup de force et d'énergie, rejeter le meurtre, décider d'éviter toute occasion de tuer. Mais nos péchés sont tellement petits, ils sont souvent là avant que nous ne les remarquions. Un geste presque automatique d'impatience, une phrase un peu dure, une phrase irréflechie, et nous voilà encore une fois dans le péché. Impossible d'être parfait. Et finalement, est-ce que c'est vraiment important de nous débarrasser de nos petits défauts ? On dit que le péché est une horreur, et il est vrai que le meurtre, le viol et l'oppression sont horribles ; mais nos péchés ne sont pas comme ça. Le langage de Jésus et de l'église semble un peu exaggéré et dramatique quand il s'agit de nos faiblesses quotidiennes.

C'est vrai. Il ne faut pas trop dramatiser quand on parle du péché ou des péchés de la plupart des gens. En plus, ces petits travers peuvent même être amusants, intéressants et satisfaisants. Même si nos péchés nous embêtent de temps en temps, ils peuvent nous attirer aussi.

Mais, il n'est pas tout à fait exact de dire la conversion, la pénitence, est un rejet du péché. Quand nous nous convertissons - si nous nous convertissons - nous ne nous détournons pas du péché. Nous nous tournons plutôt vers Dieu. Si la conversion est un concept important pour Jésus, ce n'est pas parce que le péché lui semble tellement laid ou horrible. N'oublions pas qu'il est très content d'être avec les pécheurs. L'importance de la conversion vient de la beauté de Dieu. Même si le péché n'était pas très intéressant, ce ne serait pas la peine de s'en détourner. Pour que nous regardions ailleurs, il faut quelque chose de plus attrayant, un meilleur bien, qui attire nos yeux, notre attention. Pour Jésus, c'est Dieu qui est plus attrayant, le plus attrayant. C'est lui qui attire, c'est lui qui satisfait nos désirs les plus importants et les plus profonds. Quand il parle de la conversion, c'est toujours la conversion vers Dieu. Il ne condamne pas le péché, il ne condamne pas les pécheurs, il leur offre quelque chose de meilleur, de plus attrayant, de plus satisfaisant. C'est pourquoi il dit : Croyez à la bonne nouvelle du royaume de Dieu. C'est seulement parce qu'il y a une bonne nouvelle, quelque chose de meilleur, qu'il vaut la peine de se convertir.

Le but de la conversion n'est pas un rejet. Un simple rejet nous laisse avec rien. Le but est plutôt de voir la beauté, l'attrayant, de Dieu. Et c'est important, parce que c'est Dieu qui est notre destin, pas le péché. Nous ne sommes pas faits pour le péché. Nous sommes faits pour Dieu. Tournons-nous vers lui.

1er dimanche de Carême, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : B
Année: 2002-2003

Mc 1, 12-15

Sa Sainteté le pape Jean-Paul II, George W. Bush, Catherine, jeune maman enceinte de six mois et le p'tit Louis, enfant âgé de 10 ans se trouvent ensemble dans un petit avion. En plein vol, le seul pilote est foudroyé par une crise cardiaque et meurt. Aucun des quatre comparses ne peut piloter l'avion et il n'y a hélas que trois parachutes disponibles. George W. Bush prend alors la parole : " Je suis le président des Etats-Unis, la plus grande puissance au monde, la première démocratie ". Là le pape sourit se rappelant comment George avait été élu. Puis George poursuit : " je suis actuellement engagé dans un combat du Bien contre le Mal. Je me dois donc de poursuivre ma tâche, je prends un parachute et je n'ai pas à demander votre avis ". George W. Bush joint le geste à la parole prend le premier des parachutes et saute. Catherine se tourne alors vers Jean-Paul II et le p'tit Louis et leur demande de pouvoir disposer d'un parachute également car elle souhaite pouvoir donner la vie à son enfant. Les deux autres acquiesçant, c'est au tour de Catherine de sauter. Puis sa Sainteté le pape Jean-Paul II se tourne vers le p'tit Louis et lui dit : " écoute mon enfant, tu as encore toute la vie devant toi, il faut que tu vives. Tu vois, moi, je suis maintenant un vieux monsieur et il est temps que je rencontre le Père éternel. Prends le dernier parachute et saute, moi je m'écraserai avec l'avion ". Le p'tit Louis regarde alors le pape avec tendresse et lui dit : " faut pas vous inquiéter votre sainteté, il reste encore deux parachutes. Le président Bush, lui, il a sauté avec mon cartable ".

En écoutant cette histoire, au moment où de terribles tensions traversent notre monde, se pose parfois la question de savoir si nous pouvons rire de tout. Oui, je le crois sincèrement, nous pouvons rire de tout mais pas avec n'importe qui. Rire même parfois de choses horribles et dramatiques car l'humour a une fonction essentielle dans toute vie humaine. L'humour en effet par delà la détente qui dure quelques instants, permet en fait de reprendre distance par rapport aux événements.

Boris Cyrulnik, psychiatre réputé, dans ses livres, démontrent comment des enfants qui ont vécu de terribles traumatismes vont non seulement survivre mais se remettre à vivre et profiter pleinement de la vie qui leur a été offerte tout simplement en développant l'humour. L'humour véritable n'est certainement pas synonyme de moquerie. Ce serait trop facile. Non l'humour demande cette capacité de prise à distance, cette dérision qui commence souvent par soi. Pouvoir rire de ce que nous sommes, de ce qui nous traverse, de ce qui peut nous faire souffrir, en fait pour mieux se retrouver. C'est vrai, tout le monde, n'en est pas toujours capable. Soit parce que certaines situations sont encore trop difficiles, soit parce que nous n'avons pas appris.

En effet, l'humour s'apprend et se cultive. Il est essentiel car lorsque je prends distance par rapport aux choses et aux événements, je ne me laisse plus submerger par mes émotions, je peux commencer à mieux comprendre. Comme le dit un proverbe alsacien, " l'humour, c'est rire quand même ". Quel lien avec le Carême, me direz-vous ? Et si, tout simplement le Carême était l'occasion de remettre de l'humour dans sa vie. Un peu comme le Christ lorsqu'il est tenté au désert. L'idée de cet ange déchu, nommé Satan et de ces bêtes sauvages ne rendent pas le désert très sympathique pour quelqu'un qui doit y passer quarante jours. Jésus a même pu être traversé par des sentiments de peur.

Et comment dépasser cette dernière, si ce n'est par l'humour. C'est ce que nous faisons depuis des siècles. Regardons toutes les représentations du diable dans la peinture, elles sont grotesques et font sourire. Les bêtes sauvages sont déformées pour les ridiculiser. Alors en arrivant à en rire, nous vivons mieux nos émotions. Je ne dis pas que le Christ a passé quarante jours de franche rigolage, mais je pense que, comme Timothy Radcliffe l'a prêché un jour, l'humour lui a permis de vivre plus sereinement ces tentations proposées.

Remettre de l'humour dans la vie pendant quarante jours, non pas rire pour rire, mais pour reprendre une saine distance par rapport à nos démons quotidiens, nos énervements, nos fausses priorités. Pour reprendre une saine prise à distance par rapport à nous et à la vie, pour redécouvrir que l'essentiel est d'abord et avant tout dans l'Amour, signe de ce Dieu qui nous rassemble. Remettre de l'humour dans la vie car l'humour c'est quelque chose de divin. En effet, Dieu doit eu avoir un sacré sens d'humour pour nous avoir créé tel que nous sommes. Alors réjouissons-nous le Carême dure au moins quarante jours.

Amen.

1er dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 2002-2003

En entendant l'évangile de ce jour et en observant notre société occidentale en ce début de vingt et unième siècle, je me demande s'il n'y aurait pas lieu de proposer au comité directeur des Jeux Olympiques un nouveau sport. Le danger, c'est que ce nouveau sport risque d'avoir tellement d'adeptes qu'il sera très difficile de préparer convenablement les épreuves éliminatoires. En tout cas si le comité olympique y arrive, la tâche sera certainement très laborieuse. Je crois que ce sera la catégorie sportive qui aura le plus d'adhérents. Une carte de membre à un club ne sera pas nécessaire puisque l'affiliation se fait par notre manière de vivre dans cette société. De quel sport suis-je entrain de parler se demande sans doute certains d'entre vous ? De la course évidemment mais pas de n'importe laquelle : de la course après le temps.

La course après le temps est devenu depuis quelques décennies un sport non seulement national, mais également international. Nous ne sommes plus à même de compter les pays qui après leur hymne national, ont fait de la course après le temps un sport presque obligatoire pour tous leurs citoyens. Nous ne sommes pas loin d'une dictature du temps à un niveau planétaire.

C'est vrai souvent nous nous sentons submergés par tout ce qu'il y a lieu de faire, d'organiser. Parfois même le sentiment d'être noyé nous envahit. Il est vrai que nous répondons sans doute généreusement à un certain nombre de sollicitations extérieures et c'est tant mieux. Mais par-delà ce constat, nos agendas sont pollués de rendez-vous en tout genre. Et là, il y a un risque sérieux de trébucher, de glisser sans s'en apercevoir dans des relations qui ne prennent plus le temps de se rencontrer mais de simplement gérer l'urgence, le fonctionnel. Avant, lorsque nous rencontrions quelqu'un et que nous lui posions la question « ça va ? », nous prenions le temps de nous arrêter ; aujourd'hui trop souvent débordé par un emploi du temps surchargé, nous posons la question tout en continuant notre chemin.

Nous ne prenons plus le temps d'entendre la réponse et si elle s'avérait négative, nous devrions freiner nos semelles tellement surpris par de tels propos. C'est vrai que nous pouvons être submergés par le travail, les attentes de la famille, des amis voire même de simples connaissances. Mais n'est-il justement pas temps d'également reconnaître que quelque part nous sommes aussi submergés par notre propre désirs. Et peut-être même, qu'en faisant un chemin de vérité sur nous-mêmes, nous sommes sans doute prêts à répondre aux attentes des autres parce que, d'une certaine manière, elles rejoignent les nôtres. L'éventail des possibles est devenu tel qu'il est de plus en plus difficile de choisir, c'est-à-dire de renoncer.

Or la vie dans l'exercice de la liberté n'est-elle pas par définition renoncement ? Dire « non » à l'autre peut déjà être quelque chose de difficile, alors quand c'est pour soi, n'en parlons pas. Nous sommes donc conviés par l'évangile que nous venons d'entendre à vivre une véritable révolution intérieure quant à nos attitudes face à cette course au temps. Un peu comme si Dieu n'avait que faire de notre « faire ». Ce n'est pas là qu'il nous attend. Il sait que le fait d'être submergé peut nous conduire assez rapidement à devenir de plus en plus impatient n'ayant plus le temps. Une impatience qui peut conduire à une certaine intolérance, elle-même source de violence.

Et voilà que nous découvrons que la course effrénée au temps est risquée, voire même dangereuse puisqu'elle peut conduire à toute forme de violence. Le temps ne se rentabilise donc pas, il se donne à vivre pour que nous découvrions ce qui fait l'essentiel de nos existences. Le temps est sans doute un cadeau que nous pourrions nous offrir à nous-mêmes. Reprendre le temps de regarder les étoiles, d'admirer un feu. Du temps pour soi, du temps pour l'autre, du temps pour Dieu. Puissions-nous prendre ce temps, puisque c'est dans cette veille dont parle le Christ que nous redécouvrons l'essentiel de notre humanité s'enracinant dans la divinité. Le découvrir puis l'accepter afin d'en vivre, n'est alors possible que si nous réapprenons non plus à courir après le temps mais à le perdre. C'est peut-être cela aussi « veiller ».

Amen.

20e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2002-2003

Lors de l'évaluation de son groupe, une formatrice émit un jugement un peu sévère contre un des membres. La responsable s'étonna de la sévérité de ses propos et rappela que d'après ce qu'elle pouvait voir le membre en question s'appliquait toujours dans ses tâches et faisait correctement son travail. C'est vrai reconnu la formatrice mais il est un peu trop lent. Or comme vous le savez, aujourd'hui, tout est question de rendement, de rentabilité dit-elle.

Ce type de dialogue n'étonne plus grand monde en ce début de troisième millénaire. Et pourtant, lorsqu'il m'a été raconté, il y a un peu plus de deux semaines, je me suis inquiété pour notre société. Certains se disent peut-être que je me suis réveillé, que je vois enfin la réalité en face. Non, je me suis inquiété car la responsable était ma belle-s½ur, la formatrice, une institutrice maternelle et le membre du groupe qui n'était pas assez rentable, un de mes neveux âgé de quatre ans à peine. Alors, si de tels propos de rentabilité, de rendement sont tenus pour des enfants de quatre ans dans notre pays, j'estime être en droit de m'interroger. Est-ce cette institutrice qui est complètement à côté de ses pompes ou bien utilise-t-elle un tel langage car notre société occidentale est entrain de dérailler ?

En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'à lecture des extraits de la Bible qui nous ont été proposés aujourd'hui, nous n'avons rien inventé. Nous ne faisons que poursuivre ce qui a toujours été fait, c'est-à-dire courir après le temps. Un peu comme si la fête de l'Assomption telle que prêchée par Mère Marie-Thérèse, il y a deux jours, résonne en nous aujourd'hui encore : où cours-tu comme cela, ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?

Cependant, une différence existe peut-être par rapport à avant, c'est que nous courrons de plus en plus vite comme si nous essayons non seulement de rattraper le temps mais également de le dépasser. Le dépasser non pas pour nous, mais pour gagner. Le problème, c'est qu'aujourd'hui encore personne ne sait ce qu'il aura vraiment gagné le jour où il aura dépassé le temps. Nous n'avons donc rien compris et ne faisons que répéter l'histoire du passé. Nos ancêtres vivaient les mêmes difficultés que nous.

Déjà, dans l'Ancien Testament, nos aïeuls étaient invités à changer de vie puisque le livre des Proverbes mentionne cette phrase : " quittez votre folie et vous vivrez ". C'était il y a plus de deux mille ans. Et il y a un peu moins de deux mille ans, saint Paul exhorte celles et ceux à qui il s'adresse par ses mots : " ne vivez pas comme des fous ? ". Avec des phrases pareilles, la Bible reste éternellement jeune et continue à s'adresser à nous de manière plus que surprenante.

Quittons notre folie et ne vivons plus comme des fous car cette folie est la folie des êtres humains, c'est-à-dire une folie qui finalement ne donne sens que dans le court terme. Cette folie se vit au quotidien dans l'overbooking de nos agendas, dans la quête incessante de l'argent pour soi sans aucun souci de solidarité, dans ce besoin incessant de paraître, ce désir grandissant de pouvoir, cette nécessité de la vitesse.

Il y a peu encore, n'ayant pas répondu à un message de ma boîte vocale, je recevais dans les 24 heures, un nouveau message et un mail me donnant de répondre dans les plus brefs délais et c'était pour quelque chose de vraiment anodin. Tout doit aller vite, de plus en plus vite et peut-être tellement vite que nous sommes sur le chemin de croiser bientôt un mur sur lequel nous nous heurterons.

Mais, à ce moment là, il sera alors trop tard. Nous serons passés à côté du plus important, de l'essentiel. Courir après le temps pour tenter de le dépasser et croire que nous y arriverons, telle est la folie des êtres humains. Une folie où il n'y a plus de place pour la modération comme si le mot " modération " était devenu synonyme de pâleur, de mièvrerie. Face à cette folie, dans la foi, nous sommes conviés à plutôt vivre d'une autre folie, celle de Dieu. Or comme le rappelle saint Paul dans sa Lettre aux Corinthiens (1, 25) : " ce qui est folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes ".

La folie de Dieu, c'est de quitter la folie des humains pour vivre mais pas n'importe de quelle manière. En nous laissant remplir de l'Esprit Saint. Si ce dernier guide notre route, sur les traces de la folie de Dieu, nous ne chercherons plus à dépasser le temps mais plutôt à vivre et profiter de chaque instant. Remettre un peu de Dieu dans sa vie, c'est accepter de reprendre le temps de vivre non plus seulement l'instant présent mais éternellement. Remettre un peu dans Dieu dans nos existences, c'est prendre le temps de s'arrêter pour manger de ce pain descendu du ciel car celui qui mange de ce pain vivra éternellement. Oui, Dieu est un peu fou en affirmant cela, mais sa folie conduit à la vie.

Amen.