Il y a quelques jours, j'ai pu expérimenter le dicton populaire « Il n'y a pas d'âge pour apprendre ». En effet, j'ai découvert que, dans un jeu d'échec, la pièce que nous appelons en français le « fou » s'appelle « the bishop » en anglais, c'est-à-dire l'évêque. Cela m'a fait sourire intérieurement. Pour les anglais notre fou est l'évêque. Certains d'entre vous me diront peut-être : ça nous le savions déjà, notre évêque est fou puisqu'il a invité les frères dominicains à revenir sur Liège. Oui, mais de quelle folie s'agit-il ? Ne serait-ce pas plutôt de cette folie divine à laquelle toutes et tous nous sommes conviés à participer. A l'instar de l'évêque du jeu d'échecs, devenons « fous » à notre tour parce que Dieu l'est un petit peu à sa manière. Il a créé notre monde et puis, il a fait la folie de nous le confier par amour pour ses créatures. Lorsque le moment fut venu, Il a envoyé son Fils parmi et a accepté qu'il meurt sur la folie du bois de la Croix. Il l'a ensuite ressuscité et heureux sommes-nous alors de pouvoir vivre ce merveilleux temps pascal qui nous illumine de la lumière de sa résurrection. Il y a donc une forme de folie en Dieu mais cette folie-là, elle est fondamentale, voire existentielle. La folie en Dieu nous permet de ne pas nous enfermer en nous-mêmes, de veiller à toujours chercher les signes de l'Esprit Saint à l'½uvre dans notre monde. Elle est cette force vectrice qui nous pousse à vivre de l'Evangile. Les Ecritures ne sont pas des peaux mortes, elles sont le c½ur même de la Vie lorsque nous prenons le temps de les méditer. Elles nous parlent et c'est la raison pour laquelle, tout comme avec ses disciples, le Christ nous ouvre à l'intelligence de celles-ci. La Bible n'est donc pas un livre posé dans une bibliothèque. Elle nous met debout pour que nous puissions nous mettre en marche sur la route de nos vies. C'est pourquoi, il est fondamental que nous croyions à la folie en Dieu. Soyons contagieux de cette dernière. Comment ? En commençant tout simplement par recevoir cette paix que le Christ nous offre : « La paix soit avec vous ». La paix du Christ est bien plus qu'un geste mondain. Elle est une invitation à nous apaiser, c'est-à-dire à être en paix avec nous-mêmes. Dieu nous offre l'apaisement. Il sait de quoi nous sommes façonnés. Nous sommes toujours un peu comme un iceberg par rapport à nous. Il y a la partie émergée que nous connaissons bien. Avec le temps de l'introspection, il y a ce que nous voyons sous le niveau de notre eau intérieure et puis, il y a toute cette partie immergée en nous que nous ne connaissons pas, notre inconscient. Ce dernier nous rappelle que nous sommes faits d'ombres et de lumière. Mieux encore que nous ne sommes jamais totalement transparent car il y a en chacune et chacun de nous une grande part de mystère. Aucun être humain n'est une équation qui peut se résoudre, nous sommes des êtres dotés de mystères. Et le Christ vient nous donner sa paix, c'est-à-dire de vivre en paix par rapport à nous-mêmes, de devenir des êtres tellement apaisés qu'ils en sont devenus apaisants. En d'autres termes, la paix du Christ que nous nous offrons est un merveilleux cadeau où nous disons à la personne à qui nous nous adressons : « sois apaisée, pars à la rencontre du meilleur de toi-même. Il y a en toi, comme en chacune et chacun de nous, quelque chose d'unique et de merveilleux. Même si tout n'est pas toujours rose et que tu as pu peut-être une fois ou l'autre trébucher, en te souhaitant la paix du Christ, je te dis : relève-toi, apaise-toi et ajuste-toi à la volonté divine ». La paix de Dieu nous ouvre ainsi vers un chemin de liberté profonde car nous vivons avec cette conviction que Dieu est en nous. Comme les disciples d'Emmaüs, il marche à nos côtés et nous le retrouvons lors de la fraction du pain à la table eucharistique mais aussi lors de la fraction fraternelle. La fraction fraternelle est cet instant où je reconnais en l'être humain devant qui je me trouve que nous sommes façonnés de la même manière. Lui et moi, nous sommes images de Dieu ou encore, comme le dirait Maggy Barankitsé, cette femme burundaise exceptionnelle, nous appartenons à la même ethnie, celle des enfants de Dieu. C'est pourquoi, il est plus nécessaire que jamais, en ce temps vers la Pentecôte, de nous laisser contaminer par cette folie en Dieu car celle-ci nous apportera la paix du Christ pour l'éternité. Amen.