2e dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Trop longtemps on a lu les premières pages de la Bible comme une sorte de reportage sur le début de l'histoire du monde si bien que lorsque des savants ont affirmé que leurs observations les conduisaient à une toute autre explication, il y eut conflit et même des condamnations. Ce qui accrédita l'idée - encore répandue- que l'Eglise s'opposait à la science. Il n'en est évidemment rien : le livre de la Genèse n'est pas le récit des débuts du monde mais une lecture religieuse de notre situation dans le monde. Que les savants poursuivent leurs admirables recherches : la Bible n'entend pas nous expliquer les lois de la matière mais comment l'homme peut et doit vivre, et quel est le sens de notre existence.

Poursuivons donc la lecture commencée dimanche passé. Si nous croyons que Dieu crée le monde et le confie à l'humanité qui est faite "à son image", il en découle encore, au moins, trois conséquences d'une importance essentielle et d'une portée très pratique.

DOMINER N'EST PAS DÉTRUIRE

Si Dieu crée, alors le monde n'est pas divin, il est "désenchanté", l'homme peut le "dominer", comme le dit la mission donnée par Dieu à l'homme. Mais celui-ci n'a pas le droit d'user et d'abuser, de saccager, de détruire...- ce qui, hélas, est en train de se produire ! Grâce aux machines gigantesques et entraîné par son désir de toute-puissance, l'homme épuise les matières premières, pollue et abîme son environnement, anéantit des multitudes d'espèces végétales et animales. Des scientifiques lancent des cris d'alarme : quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? Le monde devient-il une poubelle ? Allons-nous droit dans le mur ? La Genèse nous apprenait que l'homme doit dominer à la façon de Dieu dont il est l'image, c'est-à-dire avec douceur, respect, raison, en sachant poser des limites à son délire de toute-puissance. La requête écologique est biblique.

LE RYTHME HEBDOMADAIRE - REPOS DU 7e JOUR

Le rythme "6 jours de travail - 1 jour de repos" qui s'est imposé à presque toute l'humanité nous vient des Israélites -qui l'ont sans doute emprunté aux Babyloniens - et il nous faut à nouveau le redécouvrir comme un trésor de la Révélation. En effet si le travail est notre mission première, qui ne voit les dangers immenses qui nous guettent sur ce chantier ? L'homme peut s'enivrer de ses propres productions, s'y jeter à corps perdu au point de s'y abrutir comme sous l'effet d'une drogue ; il est tenté de s'enorgueillir de ses découvertes et de ses capacités jusqu'à se juger maître du monde et Dieu en devient superflu ; il peut être fasciné par les fruits de la croissance, s'engager dans une course folle à l'argent, exploiter d'autres hommes réduits à leur force de travail...La révolution industrielle du 19ème siècle a montré les ravages et les crimes d'une société qui avait privé les travailleurs de leur jour de repos ; aujourd'hui une terrible pression est exercée pour ouvrir les grands magasins le dimanche !

Le repos hebdomadaire est un trésor parce qu'il sauve l'humanité. Affronté aux choses pendant la semaine, l'homme doit prendre un temps pour se donner à l'essentiel : les relations aux autres. Ce jour n'est pas un long défilé d'heures creuses où l'on meurt d'ennui : il est consacré au dialogue entre époux, entre parents et enfants, entre voisins. Alors l'homme reprend des forces, mais surtout se laisse transformer l'âme en priant son Créateur, en lui rendant grâce pour les merveilles dont il lui a fait cadeau.

Que faisons-nous du dimanche ? Est-il course folle sur les routes, esclavage sous le poids des "chaînes" de télévision ?...

DESTINATION UNIVERSELLE DES BIENS

Il est curieux de constater que tout le monde connaît la longue liste des interdits de l'Eglise en matière conjugale et sexuelle mais, au contraire, ignore à peu près tout de la doctrine sociale.

Proclamé sans cesse dans les premiers siècles par les Pères de l'Eglise, élaboré par les grands théologiens du Moyen-Age, répété à satiété par les documents récents du Magistère, son principe fondamental stipule que la création par Dieu entraîne la destination universelle des biens. Voici ce que disait le concile Vatican II :

"Dieu a destiné la terre et tout ce qu'elle contient à l'usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice inséparable de la charité...On doit toujours tenir compte de cette destination universelle des biens. C'est pourquoi l'homme, dans l'usage qu'il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu'il possède légitimement comme n'appartenant qu'à lui, mais les regarder aussi comme communes, en ce sens qu'elles puissent profiter non seulement à lui mais aussi aux autres"" ( Gaudium et spes . § 69)

Dans son encyclique " SOUCI DES QUESTIONS SOCIALES" (déc.1987), le pape Jean-Paul II écrivait :

"Il est nécessaire encore une fois de rappeler le principe caractéristique de la doctrine sociale chrétienne : les biens de ce monde sont à l'origine destinés à tous. Le droit à la propriété privée est valable et nécessaire, mais il ne supprime pas la valeur de ce principe. Sur la propriété, en effet, pèse "une hypothèque sociale", c'est-à-dire que l'on y discerne...une fonction sociale...".

Et il soulignait avec force un élément repris avec insistance :

" Je voudrais signaler ici l'un de ces points : l'option ou l'amour préférentiel pour les pauvres. C'est là une option, ou une forme spéciale dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l'Eglise.....Cet amour préférentiel ne peut pas ne pas embrasser les multitudes immenses des affamés, des mendiants, des sans-abri, des personnes sans assistance médicale et par-dessus tout, sans espérance d'un avenir meilleur..." (§ 42)

Donc si la propriété est légitime, elle ne peut être un droit absolu. Tout être humain étant "une image spéciale de Dieu" a droit à la vie, aux moyens de subsistance pour lui et les siens, à un TOIT !...

C'est pourquoi l'action VIVRE ENSEMBLE promue chaque année par nos évêques va nous demander, dimanche prochain, de participer à la collecte nationale pour aider des sans-abri à obtenir un logement décent. Le vieux livre de la Genèse nous prévient : il ne s'agit pas là d'un acte de charité superfétatoire ou de générosité magnanime...mais d'un don rendu nécessaire par la foi en la création.

Comment oser fêter Noël en vérité évangélique si nous ne donnons pas un logement à ceux qui, comme jadis le couple de Bethléem, errent aujourd'hui dans la nuit ? ...

2e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Collin Dominique
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Une expression de la langue française pourrait, a elle seule, resumer l'essentiel de la page d'evangile que nous venons d'entendre : « suivez mon regard ! » en effet, deux verbes reviennent a plusieurs moments : « regarder » et « voir ». Jean baptiste pose son regard sur jesus et son regard encourage ses disciples a suivre jesus et a voir ou il demeure. De meme, jesus pose son regard sur simon-pierre. Une rencontre marquante dans la vie de jean et de ses disciples et qui passe par un echange de regards. « suivez mon regard », semble dire jean le baptiste a ses disciples. Ne me suivez plus mais suivez mon regard, c'est-a-dire celui que je regarde, l' « agneau de dieu ». « suis mon regard », dit jesus a simon et tu decouvriras qui tu es vraiment, « pierre », celui sur qui plus tard reposeront ceux qui croiront.
Jesus pose un regard et qui est egalement une invitation a le suivre. Il ne s'agit pas d'une injonction, d'un ordre ou d'une obligation. Juste un regard pose, ou mieux encore depose au creux du c½ur. Un regard depose n'a d'autre force que son silence ; mais ce silence est plus communicatif que n'importe quel discours : « suis mon regard ! » nous avons tous connu, je l'espere, cette palpitation du c½ur qui nait quand quelqu'un a pose, un jour, son regard sur nous. Tout a coup, comme pierre, nous nous sommes decouverts a notre propre verite : « je suis regarde, donc j'existe » nous n'existons qu'en raison d'un regard pose sur nous, depose en nous. Un regard nous met toujours a nu, du moins si nos visages ne se masquent pas dans la rencontre. C'est d'ailleurs pourquoi nous nous sentons obliges de porter des masques : masques de carnaval quand la superficialite et l'ironie empechent la verite de la rencontre ; masques mortuaires quand nous ne sommes pas presents a nous-memes et a l'autre, etc. Mais quand un regard est pose sur nous, bas les masques ! Nous sommes toujours mis a nu par un regard. Et cette nudite est le commencement d'une relation, d'un nouveau depart, d'une nouvelle vie, d'une nouvelle direction : « suivez mon regard ! »
La page d'evangile de ce jour est l'histoire inversee d'une autre page de la bible, au tout debut, dans le livre de la genese. Un homme et une femme ne peuvent plus se voir : adam et eve. Apres avoir mange du fruit de l'arbre, ne peuvent plus poser un regard juste sur eux-memes : ils se cachent d'eux-memes, de l'autre et de dieu. Leur peche est justement de ne plus pouvoir poser un regard vrai : ils sont obliges de s'accuser l'un a l'autre. Ils portent un masque. Et dieu, nous dit le livre de la genese, « se promenait dans le jardin a la brise du jour, tandis que l'homme et sa femme se cachaient devant le seigneur dieu parmi les arbres du jardin. Le seigneur dieu appela l'homme : « ou es-tu ? » dit-il. « j'ai entendu ton pas dans le jardin, repondit l'homme : j'ai eu peur parce que je suis nu et je me suis cache ».
Dieu ne se lasse pas de se promener a la recherche de l'homme. Bien plus tard, le voici a nouveau. Pour mieux poser son regard sur l'homme, il a pris visage d'homme et voila jesus qui, nous dit jean, « va et vient » ; il se promene comme jadis dieu dans le jardin. A son regard, cette foi-ci, l'homme ne se derobe pas : les disciples de jean suivent le regard de jesus et demeurent avec lui. L'homme peut a nouveau se sentir bien avec dieu, supporter son regard et vivre avec lui. Un nouveau commencement dans l'histoire humaine. Un peu comme quand nos vies prennent un nouveau depart grace a un regard.
Aujourd'hui, dieu nous redit a chacun de nous : « suivez mon regard ! N'ayez pas peur de mon regard pose sur vous » pourquoi avez-vous peur de dieu ? Pourquoi avoir peur les uns des autres ? Pourquoi ces masques et ces faux-fuyants ? Un miracle est toujours possible : il suffit de savoir regarder, il suffit de savoir poser un regard.
« suivez mon regard ! »


2e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Nos évêques ont proposé à toutes les communautés du pays de réfléchir, au long de cette année 2006, au thème de la PRIERE.

Sujet capital car si le 1er commandement dit : "Tu aimeras le Seigneur Dieu de tout ton c½ur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir", c'est donc que la foi est d'abord et essentiellement lien personnel, dialogue affectif avant d'être pratique rituelle ou dévouement philanthropique. Mais sujet extrêmement difficile car si déjà il n'est pas toujours simple de s'entretenir avec quelqu'un que l'on voit, a fortiori est-t-il ardu de s'adresser à quelqu'un que l'on ne voit ni ne sent, dont on ignore les réactions ...et qui est DIEU !!!!

Parce qu'il y va de la profondeur de la vie de foi de l'Eglise et parce qu'il s'agit d'une activité qui exige apprentissage et persévérance, l'enjeu de cette année est donc vital. Il faudra bien la durée d'un an pour que chacun de nous s'interroge à fond sur son rapport personnel à Dieu et pour que l'Eglise, en situation de crise, réalise qu'elle n'accomplira pas sa mission en se contentant de relifter ses édifices, renforcer ses "piliers", étendre son réseau d'organisations et multiplier les réunions. La vie de l'âme croyante comme le tonus d'une Eglise dépendent essentiellement de leur relation profonde à leur Seigneur vivant, de l'Alliance de personne à personne que l'on appelle PRIERE.

Or justement, pour entrer dans ce sujet, la liturgie de ce dimanche nous présente une magnifique scène de la prière d'un enfant.

L'ENFANT QUI SE METTAIT EN PRIERE

Nous sommes au XIème. siècle avant le Christ. Les bribes de populations qui deviendront Israël sont disséminées dans le pays de Canaan et elles restent toujours tentées d'adopter la religion des autochtones : prier les baals pour obtenir la bénédiction des champs et des troupeaux. A plusieurs reprises, elles sont écrasées par les armées des voisins, notamment les Philistins.

Le sanctuaire se trouve à Silo, avec l'arche de l'Alliance (le caisson qui contient les tables de la Loi) mais le responsable, Eli, est âgé et ne parvient pas à corriger les excès et les errements de ses fils.

Or il y avait une femme, Anne, l'épouse bien-aimée d' Elqana, qui était très malheureuse parce qu'elle restait stérile. Lors d'un pèlerinage à Silo, elle fit un v½u : si elle obtenait un fils, elle le consacrerait au Seigneur. Quelque temps plus tard, elle devint enceinte et mit au monde un garçon qu'elle appela SAMUEL

Fidèle à sa promesse, lorsqu'il eut grandi, elle le conduisit à Silo et le confia au prêtre : Samuel devint "servant du Seigneur". C'est ici que se place la scène de son appel - 1ère lecture de notre liturgie du jour :

Le petit Samuel couchait dans le temple du Seigneur où se trouvait l'arche. Le Seigneur appela Samuel qui répondit : " Me voici". Il courut vers le prêtre Eli : " Tu m'as appelé : me voici".

Eli répondit : " Je ne t'ai pas appelé ; retourne te coucher".

De nouveau le Seigneur appela Samuel qui alla près d'Eli : " Tu m'as appelé : Me voici". Eli répondit : " Je ne t'ai pas appelé, mon fils, retourne te coucher".

Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, la Parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée.

Une 3ème fois, le Seigneur appela Samuel. Il se leva, alla près d'Eli : " Tu m'as appelé : me voici".

Alors Eli comprit que c'était le Seigneur qui appelait l'enfant : il lui dit :

" Retourne te coucher et, si on t'appelle, tu diras :

"Parle, Seigneur, ton serviteur écoute".

Samuel retourna se coucher. Le Seigneur vint près de lui et il l'appela comme les autres fois : "Samuel ! Samuel !"

Et Samuel répondit : " Parle, ton serviteur écoute".

LA PRIERE EST ECOUTE

L'enfant Samuel croit d'abord que Dieu ne peut lui parler qu'à travers l'enseignement du prêtre : c'est pour cela qu'il va d'abord réveiller Eli. Mais Dieu peut s'adresser à quelqu'un - même un petit - de façon directe, sans la médiation cléricale ou parentale.

Les prêtres sont là pour nous instruire mais le croyant doit toujours s'interroger : Qu'est-ce que Dieu me dit, à moi ?

C'est l'honneur du prêtre Eli de ne pas s'interposer entre Dieu et l'enfant et de renvoyer Samuel à une écoute personnelle.

Prier n'est pas répéter un enseignement appris. Le prêtre, la catéchiste, les parents doivent s'effacer et laisser Dieu construire sa relation avec l'enfant.

Il arrive que celui-ci perçoive mieux la Voix de Dieu.

Que les adultes ne le fassent pas taire.

Il nous semble toujours que prier c'est parler. Nous lançons un flux de paroles comme si nous voulions faire connaître à Dieu toutes nos pensées et nos besoins. Pourtant Jésus a prévenu ses disciples de ne pas rabâcher comme les païens (Matth 6, 7).

Merveilleusement, le petit, seul dans la nuit, se fait accueil :

" PARLE, SEIGNEUR , TON SERVITEUR ECOUTE "

Nous, nous disons le contraire : " Ecoute, Seigneur, moi je vais parler" !!!.

D'autre part, des religions orientales remportent un certain succès car elles promettent d'atteindre à la maîtrise de soi par une technique de concentration et de silence. Dans une posture de rigoureuse immobilité, nous serions enfin guéris de ces fameuses "distractions" qui nous assaillent l'esprit dès que nous voulons prier.

Samuel se tait non parce que le silence a un valeur sacrée mais parce qu'il veut servir le Seigneur en vérité et que servir quelqu'un, c'est d'abord l'écouter, lui demander d'exprimer ses désirs afin d'accomplir ses volontés.

A l'Annonciation, Dieu, par l'Ange, a pris l'initiative et Marie a écouté un message qui la désarçonnait mais auquel, enfin, elle a acquiescé. Au baptême, Jésus a écouté son Père qui l'interpellait : " Tu es mon Fils : moi aujourd'hui je t'engendre". La prière quotidienne en Israël (que Jésus a dite toute sa vie) commence par : "Ecoute (SHEMA), Israël, ...".

Donc l'Eucharistie commence par des lectures de la PAROLE DE DIEU et nous entrons dans le rite en écoutant.

A condition d'arriver à l'heure !!! ...et de prêter l'oreille, avant de donner notre c½ur. Et de nous donner à l'action.

30e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Van Aerde Michel
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

 

Mc 10, 46-52

Au regard de la foi, le monde est rempli d'aveugles-nés. Et nous-mêmes, avouons-le, nous ne voyons pas très bien, nous ne voyons pas très clair. Car la foi, qu'est-ce que c'est ? Sinon l'adhésion, l'aimantation, pour une présence qui est une absence, pour des choses que nous ne voyons pas... On dirait presque que la foi se nourrit de doute et d'obscurité : tous les grands saints, même la Mère Térésa, ont connu le passage par les ténèbres. « C'est de nuit » écrit Jean de la Croix.

Il s'agit donc, comme le mot foi l'indique, d'une confiance, d'une certitude non prouvée. Aucune démonstration, aucune analyse chimique ou scientifique, aucune preuve ne peut certifier l'amour ! M'aime-t-il ? M'aime-t-elle vraiment ? A lui, à elle, de le croire ! A moi de le deviner ! A moi de prendre le risque de vérifier !

Bartimée est aveugle, mais il est habité par cette confiance, cette espérance contre toute espérance, qui le fait s'avancer au premier rang, à tâtons, en se cognant, en butant sur les obstacles, pour se faufiler entre les gens. Qu'est-ce qui le fait marcher ? Il ne saurait probablement pas le dire, mais il s'avance sur la foi d'une rumeur incroyable qui l'a touché : Il n'est pas loin. Qui cela ? Qui « Il » ? On ne sait pas, mais il paraît que c'est vrai (« faut voir ! ») : Il approche, Celui qui change la vie, Celui qui peut ouvrir ce qui est encore fermé, Celui qui peut faire voir le ciel et la terre du même coup, toute transfigurée sous le soleil de Dieu !

Bartimée s'embusque sur le chemin. Il en veut, c'est à dire qu'il fait tout son possible pour vérifier. Son infirmité ne le paralyse pas du tout, au contraire, c'est elle qui le met en mouvement !

***

Mais c'est toujours pareil : la multitude fait écran. Au lieu de favoriser le passage, au lieu de permettre la Rencontre, au lieu d'être des témoins attirants, les disciples sont repoussants. Rappelez-vous l'histoire du paralytique : il a fallu quatre hommes pour le porter. Il a fallu faire un trou sur le toit, « faire sauter la baraque » comme on dit, pour le descendre au contact de Jésus !

« Tais-toi ! » Tu déranges, ici, c'est réservé au gens normaux... Tu gènes la procession, tu fais tâche dans le paysage, tu es en trop, tu n'es pas beau, c'est pas pour des gens comme toi !

Mais vous le savez, tout au contraire, Jésus n'est pas venu pour les bien portants mais pour les malades, pas pour les soit-disant « justes » mais pour les « injustes », pas pour les « voyants » mais pour les « mal-voyants », pour les pécheurs et les mé-créants ! Les sans avenir, sans futur, tous ceux qui sont perdus.

Alors l'aveugle bondit. Il lâche tout, c'est à dire son manteau, son seul abri. Il s'élance en porte-à-faux sur son espérance. Il largue les amarres, en plein noir ! C'est que la lumière est déjà en lui, dans ce creux, ce désir, cette flamme en son c½ur, cette passion de vivre à fond, les yeux grand-ouverts et le c½ur brûlant !

Alors Jésus prend la parole, et cette parole de Jésus, vous la connaissez. Vous y êtes habitués. Elle ne vous surprend plus. Mais sachons l'écouter, comme pour la première fois : « ta foi t'a sauvé ! »

Il ne dit pas « Je, moi-je, je t'ai guéri ». Il dit : « ta foi t'a sauvé ! ». Mon ami, c'est toi ! C'est toi qui t'es toi-même mis en route, c'est toi qui as fait le premier pas, c'est toi qui te re-crées toi-même en te laissant convoquer par la rumeur qui t'atteint, qui t'attire, lorsque tu te décides à vérifier, à voir si ça marche, à voir si c'est vrai. Alors cela devient réalité !

C'est ici qu'il faut ouvrir les yeux, nous aussi, sur le mystère de Dieu, c'est à dire le mystère de l'homme inséparablement, celui de notre vie. Dieu est notre père et il est amour. Il souhaite que nous devenions avec lui et comme lui, des dieux, dans une même vie. Fils et filles de Dieu, pleinement vivants et créateurs : à son image et ressemblance, ses amis ! Mais on ne peut pas créer des Dieux. Il n'y a pas de machine à fabriquer des dieux ! Un dieu, cela se crée par soi-même ou cela n'est rien du tout. Alors Dieu nous crée le moins possible, quelque fois même, comme dans le cas de cet aveugle, c'est mal fini, pas terminé ! Et c'est nous qui nous structurons, nous construisons, « a golpes » comme disent les espagnols, vaille que vaille, en nous cognant aux murs ou aux arbres du trottoir, en allant jusqu'au bout des impasses et en faisant demi-tour, en tombant et en nous relevant. Et alors la Rencontre est possible : entre vivants. Le dialogue est possible parce que l'aveugle appelle et crie et ne s'arrête pas. La lumière est déjà là et il suffit au Christ de le constater, de le révéler. C'est un jugement, un arrêt. Mais le contraire d'une condamnation : une libération. « Tu vois ! ». Et, par le miracle, ce qu'il dit, devient manifeste. Pas plus ! Pas moins !

Jésus n'est pas un sorcier, ou, si vous voulez, il est un sourcier. Il révèle la vie cachée, la vérité des choses et des gens, l'eau profonde que personne ne voit. Il est la lumière jaillie au fond du puits.

Bartimée, le fils de Timée est devenu un enfant de Dieu, un fils de Dieu. Il a en lui la lumière et le feu : il voit !

Conclusion ?

Regardons d'un autre regard les 'non-voyants', les 'mal-croyants'. Au lieu de les repousser, sachons nous émerveiller de la constance de leur recherche, même maladroite, même égarée (je pense aux drogués qui cherchent ce qu'ils ne peuvent pas se donner). Sachons voir ce qui les met en mouvement. Beaucoup sont des aveugles-nés, la faute à personne, ni à eux, ni à leurs parents. Mais ils sont des assoiffés de lumière qui un jour verront Celui que, sans le voir, ils ont inlassablement cherché.

31e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Au terme de son long voyage, Jésus est enfin entré dans Jérusalem sous les vivats de la foule. Il s'est rendu au temple et en a chassé les vendeurs. Toute la ville se prépare à célébrer la Pâque et des caravanes amènent un flux incessant de pèlerins. La tension monte : doit-on s'attendre à une imminente révolution ? Sur l'esplanade du temple où il enseigne la foule, Jésus est successivement abordé par les différentes catégories des autorités religieuses. Prêtres, sadducéens, pharisiens le harcèlent de questions insidieuses en vue de le prendre en délit de viol de la Loi. Aujourd'hui nous écoutons le dernier interrogatoire, provoqué par un scribe qui ne semble pas du tout adversaire de Jésus.

QUEL EST LE PREMIER COMMANDEMENT ?

Un scribe s'avance vers Jésus : "Quel est le premier de tous les commandements ?"

Dans les écoles de scribes -les théologiens de l'époque-, on débattait d'un sujet essentiel : quelle était donc la première des innombrables prescriptions commandées par les Ecritures (613 répertoriées par la Tradition) : l'observance du shabbat, la circoncision, les purifications, la participation aux grandes fêtes, le jeûne, la prière... ?

Jésus lui fit cette réponse : " Voici le premier : ECOUTE, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton c½ur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là".

1. TU AIMERAS LE SEIGNEUR UN

Ce passage du livre du Deutéronome (6, 5) revêt en effet une valeur capitale, centrale : il s'agit de la confession solennelle de la foi que tout Israélite doit prononcer chaque jour de sa vie, au coucher et au lever (obligation encore en vigueur aujourd'hui) et que l'on appelle, de son premier mot, le SHEMA (= Ecoute !).

En se tournant dans la direction de Jérusalem, le croyant prie et dit sa foi : ECOUTE ISRAËL - car tu n'inventes pas ta croyance, c'est une Révélation divine qui t'est communiquée par la tradition séculaire de ton peuple dont tu es un membre. Ecoute : Que te dit-elle afin que tu te le répètes tout au long de ton existence ? : " LE SEIGNEUR NOTRE DIEU EST L'UNIQUE SEIGNEUR ".

SEIGNEUR est dit pour "YHWH", le mot sacré imprononçable, Dieu unique, qui a révélé son nom à Moïse et s'est manifesté comme Dieu d'amour et de tendresse en permettant jadis aux esclaves hébreux de s'enfuir d'Egypte, en leur donnant sa Loi et en les constituant en peuple libre. En retour Israël doit AIMER ce Seigneur. "Tu aimeras" n'est donc pas un ordre arbitraire, un commandement sans explication : l'amour pour YHWH est une réponse à l'Alliance que Dieu a conclue avec Israël. La vie d'Israël dépend donc de cette réponse ; et son péché, hélas, sera toujours d'oublier les bienfaits de son Dieu et de ne plus observer sa Loi.

"Tu aimeras" : au futur : c'est dire qu'il s'agit d'un appel, d'une voie où l'on s'engage, où l'on est conduit à progresser pour aimer non un peu, de temps en temps, mais de façon radicale :

-  DE TOUT TON C¼UR- ce qui désigne la personne elle-même
-  DE TOUTE TON ÂME - ce qui veut dire la vie : tu devras aimer ce Dieu même s'il faut, un jour, mourir pour lui.
-  DE TOUT TON ESPRIT (addition au verset de la Bible)- c'est-à-dire avec ton intelligence, ta raison, ta pensée.
-  DE TOUTE TA FORCE- donc en utilisant tout ce qui est en ton pouvoir : tes biens, tes propriétés, tes pouvoirs, ton temps, tes talents, tout ce dont tu disposes.

L'amour intégral du DIEU UN unifie l'homme, le sauve de l'idolâtrie qui le fractionne, le disperse, le déchire.

2. TU AIMERAS TON PROCHAIN COMME TOI - MÊME.

A ce 1er commandement, Jésus joint immédiatement un second, pris dans le Livre du Lévitique ( 19, 15). L'amour pour le Dieu transcendant est premier mais il doit s'accompagner de l'amour de l'homme : les deux dimensions sont inséparables. " Aimer Dieu seul" pourrait nous faire évader dans une piété évanescente et stérile ; "aimer le prochain seul" nous enfermerait dans une idéologie humanitaire, souvent sélective et vite limitée. Tu dois voir l'autre comme "une image de Dieu" au même titre que tu l'es toi-même - donc vivre avec lui la même relation que tu te portes, lui faire ce que tu voudrais que l'on te fasse, (ce qui sous-entend qu'il faut s'aimer soi-même - ce qui n'est pas évident !)

Le scribe reprit : " Fort bien, maître, tu as raison de dire que Dieu est l'Unique et qu'il n'y en a pas d'autre que lui. L'aimer de tout son c½ur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices."

Aucune objection : l'homme marque son accord complet avec Jésus et précise même que cet amour, de c½ur et en actes, a une telle préséance qu'il sera toujours supérieur aux sacrifices d'animaux et aux plus admirables liturgies célébrées au temple. Dieu le disait par Osée : " C'est la miséricorde que je veux et non les sacrifices" ( 6, 6).

L'AMOUR DANS LA NOUVELLE ALLIANCE

Jésus, voyant qu'il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : " Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu". Et personne n'osait plus l'interroger.

Le scribe a une juste interprétation des Ecritures...mais il n'est pas "dans le Royaume" : il demeure sous l'ancien régime("Dieu donne des lois, l'homme doit les pratiquer"). Comme quoi il ne suffit pas de connaître la lettre des commandements...et son catéchisme !

Car une révolution radicale va se produire quelques jours plus tard. Parce qu'il va vivre en plénitude ce double amour (écartelé sur la croix par les deux dimensions de la charité), Jésus va s'offrir pour le pardon des péchés. Au Golgotha, il va prouver définitivement l'extraordinaire Amour de Dieu pour les hommes et , dans l'Eucharistie, donner l'Esprit à ses disciples. Libérés de leur faiblesse, de leur lâcheté, de leur nationalisme, ceux-ci vont expérimenter que la CROIX est la clef qui ouvre la porte de la prison de leur égoïsme pour leur permettre d'entrer dans le ROYAUME DE DIEU ENFIN OUVERT. Sous le même appel à l'amour, Ils vont quitter le régime d'une religion légaliste et réglementaire car le souffle de la grâce les rendra capables d'aimer et d'être communauté, "corps vivant du Christ".

Ce bon scribe fera-t-il le passage ( pâque) ? Se convertira-t-il ?... Et nous, avons-nous découvert la source ? En restons-nous à une Eglise d'observances ("qu'est-ce qu'il faut faire ?") ou, bouleversés par l'amour fou du Christ et poussés par le souffle de son Esprit, nous donnons-nous à un amour total ?...

32e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Depuis qu'il est entré à Jérusalem, Jésus enseigne sur l'esplanade du temple et la foule applaudit lorsqu'il répond aux questions pièges des autorités religieuses. Mais après plusieurs débats, c'est Jésus lui-même qui contre-attaque : avec force, il dénonce les défauts très graves de certains qui se présentent comme les guides du peuple.

 

Dans une religion centrée sur le Livre des Ecritures - la Torah sacrée, trésor des révélations de Dieu -, les docteurs de la Loi ou scribes (ou rabbins comme on dit aujourd'hui) tenaient une place centrale : ayant suivi une très longue formation, devenus spécialistes de l'explication de textes et de connaissance de la tradition, ils dégageaient le sens précis des versets des Ecritures et résolvaient les cas compliqués de jurisprudence. C'était des experts érudits, des théologiens revêtus d'une très haute autorité, des sages renommés dans tout le pays. Mais Jésus dénonce le mal caché 5 fois sous leurs belles apparences :

-  Pour marquer leur rang, ces hommes portaient d'amples vêtements, bien décorés, qui les signalaient comme des êtres à part, une "élite". Vanité.
-  Ils étaient sensibles aux marques d'honneur et aux révérences qu'on avait coutume de témoigner aux "grands maîtres" dans les lieux publics. Vanité
-  Bien entendu, à la synagogue et dans les réceptions, ils siégeaient aux premiers rangs. Vanité.
-  Mais cette parade cachait la ruse : ces beaux messieurs savaient l'art d'embobiner de riches veuves pour détourner à leur profit une part d'héritage. Cupidité
-  Ils se manifestaient comme très croyants et très pieux en faisant de longues stations de prière en pleine rue. Hypocrisie.

"Ils seront sévèrement condamnés" : Sur ce jugement sans appel de Jésus, il convient de faire trois remarques.

D'abord il est évident que tous les scribes ne correspondaient pas à ce portrait et que beaucoup, la majorité sans doute, se comportaient de façon très simple et très honnête. Jésus ne dit pas que ceux qui détiennent des responsabilités sont automatiquement condamnables pour de tels excès.

Ensuite il ne faut pas oublier que Marc écrit son évangile dans les années 60-70, à un moment où les communautés chrétiennes se développent partout et sont violemment attaquées par les scribes qui sont les dirigeants du judaïsme de l'époque.

Enfin il ne faut pas être dupe : en dénonçant cette hypocrisie, cette vanité et cette cupidité des scribes du temps de Jésus, Marc met en garde les autorités de son Eglise chrétienne. Il ne faut absolument pas que les guides des communautés reproduisent de tels errements. Que les évêques, anciens, diacres et théologiens chrétiens prennent bien garde à ne pas basculer dans ces vices, qu'ils se rappellent l'enseignement de Jésus : " Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous" ( Mc 10, 40). Dans l'Eglise des premiers temps, nul ne portait des insignes spéciaux ni des vêtements d'apparat, tous les titres honorifiques étaient bannis. Rien ne distinguait extérieurement saint Pierre ou saint Paul des autres chrétiens.

Comment, après ces précisions si claires, l'Eglise a-t-elle par la suite toléré, sinon encouragé, la course aux honneurs, la fringale des titres, le déploiement des fastes, le goût des brocarts, des colifichets, des capes...et même des chaussettes violettes ( sic !) Vanité qui serait risible...si elle n'avait pas été la cause de l'incroyance de beaucoup, éc½urés par cet aspect mondain d'une Eglise parlant si bien des pauvres et courant aux richesses, vantant l'humilité et imbue d'elle-même, dressant la croix mais guignant les trônes. Le dernier Concile Vatican II a heureusement mis un frein à beaucoup d'antiques extravagances, il a promu un retour à plus de sobriété - mais qui ne voit qu'il y a encore beaucoup à faire pour retrouver une Eglise au visage d'Evangile !?...

QU' EST - CE QUE LA GÉNÉROSITÉ ?

Jésus s'était assis dans le temple, en face de la salle du trésor et il regardait la foule déposer de l'argent dans le tronc. Beaucoup de gens riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s'avança et déposa deux piécettes. Jésus s'adressa à ses disciples : " Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde. Car tous, ils ont pris sur leur superflu mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu'elle avait pour vivre".

A un endroit de l'esplanade du temple, sur un mur, étaient tallées les fentes destinées à recueillir les oboles des pèlerins. A quelque distance, l'air de rien, Jésus observe les manèges.

Des dignitaires, des commerçants enrichis, des gens très bien, superbement vêtus, s'approchent des troncs et font en sorte que l'on voie bien à quel point ils sont généreux. Les disciples de Jésus doivent être parfois sidérés par les grosses sommes offertes par certains. "Quelle générosité !" murmure un apôtre à Jésus. Survient une pauvre vieille qui glisse deux sous ! Ridicule ! ???

Et Jésus de faire une leçon magistrale aux siens : la générosité ne dépend pas de la somme donnée mais de la proportion entre ce que l'on a et ce que l'on donne. En effet quel mérite a un multipropriétaire de donner un gros billet ? Ce geste ne grèvera absolument pas son budget, n'altérera en rien son train de vie, ne l'empêchera nullement de faire bonne chère et de se payer de beaux voyages. Il n'a pas encore approché la charité. Mais cette femme, qui a donné le peu qu'elle avait, a révélé une générosité folle. Pour Dieu qui voit tout, c'est elle évidemment qui a le plus donné.

Que cela nous conduise à réviser nos jugements superficiels : les plus pauvres sont parfois les plus généreux.

Jésus semble très frappé par ce geste. Mais lui, il va aller encore plus loin dans l'offrande : dans quelques heures, ce sera la grande fête de la Pâque. Juste avant les festivités, on va arrêter, juger, condamner et exécuter Jésus au Golgotha et là il va "tout donner". Non son AVOIR mais son ETRE, non ses biens mais sa VIE, pour le pardon des péchés du monde. Celui qui n'avait jamais porté de signes ostentatoires sera, nu, pendu au gibet, : il sera à jamais le SIGNE authentique de l'amour total sans vanité ni hypocrisie

Dans son enseignement, Jésus disait : " Méfiez-vous des scribes qui tiennent à sortir en robes solennelles et qui aiment les salutations sur les places publiques, les 1ers rangs dans les synagogues, les places d'honneur dans les dîners...Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement : ils seront d'autant plus sévèrement condamnés !"

33e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Comme il l'avait d'ailleurs annoncé, Jésus a échoué à convertir Jérusalem. En ces jours d'approche de la Pâque où affluaient les pèlerins, sur l'esplanade du temple, il a annoncé sa mission, il a appelé à la conversion, au changement de vie, il a répondu aux questions des sadducéens et scribes. Peine perdue : le "système religieux" sclérosé, refusant toute remise en question, est décidé à supprimer Jésus.

Alors, écrit Marc, "Jésus sort du temple" (13, 1) (c'est la dernière fois), il descend dans la ville basse, traverse le Cédron et remonte sur la colline d'en face, le mont des Oliviers, d'où l'on peut admirer la ville et le temple qui la domine. En effet, 50 ans auparavant, le roi Hérode avait lancé une grande campagne de travaux pour étendre la superficie de l'esplanade, réparer, agrandir et orner le sanctuaire avec des matériaux de luxe. Les disciples ne se lassent pas d'admirer cet ensemble majestueux mais quelle n'est pas leur stupeur lorsque Jésus leur déclare : " Ces grandes constructions, il n'en restera pas pierre sur pierre : TOUT SERA DETRUIT".

Serait-ce l'annonce de la fin du monde ?...Les disciples posent deux questions : " Quand cela arrivera-t-il et quel sera le signe que tout va finir ?"

LES CHRETIENS DANS UNE HISTOIRE DRAMATIQUE

Jésus leur tient alors un grand discours (tout le chapitre 13- le plus long dans st. Marc) où il leur annonce les grandes lignes de ce qui va arriver et leur intime leur mission capitale. Notons en résumé ( 13, 5-23) :

-  Ouvrez l'½il, restez sur vos gardes car beaucoup de faux Messies surgiront qui promettront bonheur, succès, paix, libération. Surtout ne jamais les suivre.
-  Il y aura encore des guerres et des calamités naturelles.
-  Il faudra annoncer l'Evangile à toutes les nations
-  Ce sera dangereux : vous serez persécutés violemment, traduits devant des tribunaux mais l'Esprit vous inspirera vos réponses.
-  Les familles se déchireront à cause de Jésus.
-  Un jour surviendra une tragédie en Judée : il faudra fuir la ville au plus vite.

C'est ici que s'accroche le passage lu aujourd'hui.

LA VENUE DU FILS DE L'HOMME

"En ces temps-là, après une terrible détresse, "le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées". Alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel".

Jésus s'exprime à la manière des apocalypses qui tentaient d'évoquer le bouleversement, le charivari cosmique provoqué par les ultimes interventions divines. Mise en scène grandiose pour faire percevoir l'essentiel de l'événement : LA VENUE DU FILS DE L'HOMME DANS LA GLOIRE DIVINE.

Quel contraste avec l'annonce faite naguère près de Jéricho quand Jésus avait calmé les ambitions de ses disciples en leur disant : "Le Fils de l'homme est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude" ( 10, 45)

Oui, pour l'heure, dans sa ville, Jésus se présente en condition humaine, pauvre, fragile, vulnérable, victime de l'injustice et de la haine. Mais il se sait Fils de l'Homme, ce personnage mystérieux, objet de la vision du prophète Daniel, qui devait un jour recevoir de Dieu la royauté universelle. Maintenant c'est l'heure de la croix mais ensuite, viendra le temps de la Gloire. Le crucifié vivant surgira et il enverra ses anges, ses envoyés pour rassembler les élus. Non ceux que Dieu choisirait de façon arbitraire, mais ceux qui auront eu le courage de vivre en conformité avec le message de Jésus. C'est donc le Crucifié Vivant qui réalisera ce que nous, les hommes, aurons toujours échoué à faire : UNIR LES HOMMES DANS L'AMOUR.

La ligne directrice de l'histoire est tracée, au moins en pointillé, les fausses illusions dissipées et l'ESPERANCE attribuée. Reste l'autre question des disciples : Jésus poursuit :

ET LA DATE ?...

 

Les épreuves et les malheurs ne manqueront pas mais Jésus donne un réconfort : quand vous remarquez l'arbre qui bourgeonne avec ses minuscules pousses vertes au bout des branches, vous êtes heureux : "ah ! La vie est là : voici la belle saison, on va avoir des fruits"... De même, soyez subtils, vigilants : au milieu des catastrophes, sachez discerner les petits signes qui indiquent la poussée de la vie. Ne soyez pas des prophètes de malheur, des pleurnicheurs, des défaitistes. Dans la prison même de vos souffrances, n'oubliez pas que le Fils de l'homme est derrière la porte, il arrive, il vient vous sauver. Ne doutez pas. Car il est impossible et vain de supputer la date de l'effondrement du monde qui surviendrait dans des milliers ou millions d'années. C'est toujours maintenant que le Fils de l'Homme vient.

Lorsque deux jours plus tard, au Sanhédrin, le Grand Prêtre questionnera le prisonnier Jésus : " Es-tu le Messie, le fils du Béni", il osera lui répondre : " Je le suis, et vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite du Tout Puissant et venant avec les nuées du ciel" ( 14, 62). De rage, le Grand Prêtre déchirera son vêtement...comme, à la mort de Jésus, le voile du temple (symboliquement) se déchirera (15, 38).

Le système religieux qui était basé sur la magnificence des édifices, la splendeur des liturgies, la multiplication des sacrifices, mais qui fonctionnait avec des liturges hypocrites et vaniteux, qui excluait pauvres, malades et étrangers et qui avait fini par exécuter Jésus, s'est condamné lui-même. Lorsque, en l'an 70 ( 40 ans plus tard - le temps donné pour se convertir enfin !), les Romains écraseront la révolte juive, détruiront la ville et raseront le temple, les chrétiens se rappelleront que Jésus l'avait prédit. Sans jouer au Nostradamus, il restait à devenir "les anges", les messagers de la Bonne Nouvelle qui courent aux quatre coins du monde pour rassembler les hommes dans la Paix de Dieu. Il ne fallait pas pleurer un temple de pierres mais être des pierres vivantes et fières, formant ensemble un corps spirituel, le corps ressuscité de Jésus.

Que la comparaison du figuier vous instruise : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche. De même vous aussi, lorsque vous verrez cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père".

34e dimanche ordinaire, année B (Christ Roi)

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Et si la clef du mystère de la fête du Christ-Roi que nous célébrons aujourd'hui se trouvait dans une simple petite conjonction de coordination. Celles qui nous viennent à l'esprit sont le « ou » ou bien le « et ». Il semble qu'une tradition constante en théologie ait la préférence pour la conjonction de coordination « et » qui relie ensemble ce qui, à première vue, pourrait s'opposer. En voici quelques exemples : les Ecritures et la tradition, la foi et la raison, la nature et la grâce, l'église et le monde, la foi et les ½uvres. La conjonction de coordination « et » ne peut jamais être remplacée par celle du « ou » car agir de la sorte serait nier toute la complexité du mystère divin. Et voici, qu'aujourd'hui, nous pouvons rallonger cette liste par les mots suivants : ouranopolite et cosmopolite. En effet, par notre naissance, toutes et tous, nous devenons des cosmopolites, c'est-à-dire des citoyens du cosmos. Nous appartenons à un monde précis et de par notre histoire, nous nous inscrivons dans un contexte donné pour accomplir la destinée à laquelle nous sommes appelés. Notre condition humaine fait de nous des cosmopolites. Mais, nombreux sont celles et ceux qui ne peuvent se contenter d'une telle citoyenneté car, de par leur baptême cette fois, ils sont devenus ouranopolites, c'est-à-dire citoyens des cieux puisqu'en grec, le mot ouranos désigne le ciel. En tant que croyants, nous sommes donc cosmopolites et ouranopolite. N'est-ce d'ailleurs pas ce que le Christ répond à Pilate. « ma royauté ne vient pas de ce monde, ma royauté n'est pas de ce monde ». Il est intéressant de souligner que Jésus ne dit pas : « ma royauté n'est pas en ce monde ». Comme si, pour lui, il était évident que le royaume de Dieu est en ce monde et non pas de ce monde, c'est-à-dire que la loi première qui doit régir ce royaume n'est pas inscrite sur des parchemins terrestres mais dans le Ciel ou mieux encore dans le c½ur de chaque être humain. Le Christ ne nie pas notre condition humaine. Il la respecte. Mieux encore, il la considère au plus haut niveau puisque de toute éternité, il a choisi de devenir l'un des nôtres en s'incarnant. Il nous reconnaît ainsi toute la validité de notre citoyenneté terrestre. Il ne rejette donc pas notre participation à la vie du monde. Bien au contraire. Mais il semble ne pas pouvoir s'en satisfaire. Effectivement, notre citoyenneté terrestre s'inscrit, s'enracine et se développe dans une autre citoyenneté, dans un autre royaume : celui du Ciel. Ce royaume-ci n'a plus de codes, ni de lois. Au royaume de Dieu, les facultés de droit sont abolies et les juristes sont au chômage car ce qui lie et relie les personnes entre elles, c'est tout simplement la règle de l'amour. Quand l'amour est là, aucune loi ne régit les rapports humains. L'amour se suffit à lui-même. Par contre, lorsque l'amour brille par son absence, alors heureux sommes-nous d'avoir des codes et des juristes qui nous aident à construire un vivre ensemble sur base de règles précises. Quand je vois parfois comment le monde tourne, je me dis que ce n'est pas de si tôt que certains d'entre nous qui ont étudié le droit seront au chômage. Qu'ils soient donc rassurés. La règle de l'amour qui sévit au royaume de Dieu est donc notre première loi de conduite. C'est elle qui nous guide et qui fait de nous des ouranopolites. Et en même temps, dans notre monde où sévit encore et toujours l'injustice, la jalousie, le désir de domination, nous avons besoin d'autres lois qui nous rappellent que nous sommes des cosmopolites. Sur cette terre, nous sommes donc bien l'un et l'autre et malgré tout, ils ne sont pas tout à fait similaires. Notre foi est une invitation permanente à mettre de l'ouranopolisme, philosophie de vie fondée sur l'amour, dans notre statut de cosmopolite car l'ouranopolisme est la visée, l'espérance à atteindre de tout croyant. Nous sommes conviés à partager la vie divine, à vivre éternellement au Royaume de Dieu. Et ce dernier se construit dès ici-bas, c'est-à-dire dès maintenant. Nous ne sommes plus l'un ou l'autre, nous sommes l'un et l'autre. Citoyens d'un royaume terrestre et citoyens d'un royaume céleste. Ouranopolite et cosmopolite, voilà la destinée à laquelle nous sommes appelés. Ces deux royaumes ne sont plus indépendants l'un de l'autre, ils s'enchevêtrent et c'est par nous qu'ils s'accomplissement. Que notre citoyenneté du Ciel éclaire notre citoyenneté terrestre. Devenons des ourano-cosmopolites.

34e dimanche ordinaire, année B (Christ Roi)

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Parvenue au dernier dimanche de l'année liturgique sous la guidance de saint Marc, l'Eglise proclame aujourd'hui que le CHRIST est SON ROI. Titre obsolète ? En tout cas confession paradoxale puisque Jésus revendique ce titre alors qu'il est ligoté, seul, pauvre prisonnier comparaissant devant le représentant tout-puissant de l'Empire romain. C'est saint Jean qui a mis en scène cette confrontation avec son incomparable génie dramatique. Car évidemment il ne s'agit pas d'un reportage mais d'une reconstruction théologique pour faire comprendre ce qu'est le ROYAUME DE JÉSUS inauguré au milieu des affrontements des Puissances de l'univers.

LE PROCES DE JESUS DEVANT PILATE

Selon les 4 évangiles, quelques Grands Prêtres (pas tous) de Jérusalem sont les responsables de l'arrestation de Jésus. Dès ses débuts, ils se sont dressés contre lui : tout le temps de sa mission (le récit de l'évangile) a été comme un interminable procès si bien que Jean ne rapporte rien de la comparution de Jésus devant Caïphe : l'affaire était décidée de longtemps. Mais comme le Sanhédrin n'avait plus le pouvoir de procéder à des mises à mort, il fallait arracher cette sentence au gouverneur Ponce Pilate. Au petit matin, on amène Jésus ligoté et on le livre à la garde romaine du Prétoire mais, afin de ne pas se souiller en entrant dans une demeure païenne (le soir débute la célébration de la Pâque), les Grands Prêtres et une populace ameutée pour l'occasion restent dehors. Si bien que Pilate va devoir faire le va-et-vient entre son prisonnier et ses juges. Suspense dramatique : de quel côté va-t-il pencher ? D'emblée les juges lui ont clairement manifesté leur intention : ils viennent pour exiger l'exécution de leur compatriote. Or, pour cela, il faut une raison. Perplexe, Pilate rentre pour un premier dialogue avec ce bizarre inconnu.Après la multiplication des pains, la foule émerveillée avait voulu proclamer Jésus roi mais il s'était dérobé. En entrant à Jérusalem, lorsque la foule, dans l'espoir du fameux messie annoncé par les Ecritures, l'avait acclamé : " Hosanna au fils de David", Jésus avait enfourché un ânon pour manifester clairement sa non-violence et son refus de toute insurrection guerrière. Mais à présent, réduit à la totale impuissance, sûr de l'épouvantable supplice auquel il va être condamné, il assume son titre : oui il est bien ROI.

-  Es-tu le roi des Juifs ?
-  Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d'autres te l'ont dit ?
-  Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t'ont livré à moi : qu'as-tu fait ?
-  Ma royauté ne vient pas de ce monde. Si ma royauté venait de ce monde, j'aurais des gardes qui auraient combattu afin que je ne sois pas livré. Non, ma royauté ne vient pas d'ici.
-  Ainsi, tu es roi ?
-  Tu le dis. Je suis né et suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix.
-  Bah, qu'est-ce que la vérité ? ....." Et sur ces mots, Pilate sortit pour retrouver les Juifs dehors.

Mot ambigu que Pilate ne peut comprendre qu'au sens politique : une autorité centrale sur un territoire donné, défendu par une armée. Or le Royaume de Jésus "n'est pas de ce monde". Attention de ne pas transférer ce royaume dans le ciel avec les anges, ou dans le faux monde intérieur des âmes pieuses, ou de le rejeter à la fin des temps. Jésus est bien roi ici, maintenant et pour toujours, sur cette terre, dans notre monde. Mais son pouvoir ne naît pas à la manière des puissances politiques, il ne s'établit ni ne se défend avec la force "sinon, dit Jésus, mes gardes auraient combattu" pour moi. ALORS QUELLE ROYAUTE ?

Pilate est désarçonné par ce prisonnier qui ne ressemble à aucun autre : ses propres conceptions politiques et militaires l'empêchent de même soupçonner de quoi il s'agit dans les déclarations de Jésus : " Tu es roi ??!!!...". Après avoir dit ce que son royaume n'est pas (pas de ce monde), Jésus explique ce qu'il est :

Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.

Jésus vient de son Père, du ciel, d'en haut : il a été envoyé pour remplir une mission, pour témoigner de la VERITE- un mot essentiel pour S.Jean (25 fois dans son livre). Dès le Prologue, il a écrit :

" Au commencement était le Verbe - Et le Verbe s'est fait chair Et il a habité parmi nous -- Et nous avons vu sa Gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père... Si la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Personne n'a jamais vu Dieu : Le Fils unique, dans le sein du Père, nous l'a dévoilé."

Dans la grande Révélation du Sinaï, Dieu YHWH s'était révélé comme "plein de grâce et de vérité"( Ex 34) càd. aimant, miséricordieux et absolument sûr, solide, fiable. Moïse n'avait apporté qu'une Loi, sainte mais insuffisante, donnant la connaissance de la volonté de Dieu sans offrir la capacité de l'accomplir. Jésus, seul, unique, peut témoigner de la Grâce et de la Vérité qu'est Dieu YHWH, il les révèle en transparence et les donne ! Avec lui, la connaissance de Dieu n'est plus une leçon, une idée, une morale mais une "communion", une rencontre vraie, une union, un amour. Encore faut-il que l'homme accepte cette révélation qui lui est proposée et qui lui parvient sous des apparences si déconcertantes : un petit Juif de la campagne, impuissant, et qui sera bientôt un crucifié.

" TOUT HOMME QUI EST DE LA VERITE ECOUTE MA VOIX ".

Par derrière nos caractères et nos tempéraments, nos qualités et nos défauts, gît un point d'origine, une inspiration de fond pour notre existence. Quiconque (de toute nationalité, de toute culture) désire que sa vie soit authentique, sans mensonge, est de Dieu, "appartient à la Vérité" et du coup s'ouvre à entendre, à comprendre, à accueillir ce que dit Jésus. Comme la brebis écoute son Bon Pasteur (10, 3), l'homme vrai, qui accepte de se laisser guider par plus grand que lui, choisit l'Evangile comme chemin, découvre Jésus qui est LA VOIE, LA VERITE ET LA VIE( 14, 6) . Il devient membre du Royaume, IL A LA VIE ETERNELLE. Il est sauvé.

Mais Pilate hausse les épaules : " Qu'est-ce que la Vérité ?" et, sceptique, se détournant de ce pauvre QUI EST LA VERITE DEVANT LUI, il sort pour rencontrer les accusateurs. Il a basculé dans les ténèbres du crime. Tout en affirmant à plusieurs reprises qu'il ne voit aucune raison de condamner Jésus, il va céder à la pression des ennemis et signer l'arrêt de mort. Tout homme se juge devant Jésus : ou il accepte d'apprendre de lui ce qu'est la vérité ou bien il ricane, se croit fort et consent à laisser tuer un innocent. Le refus de la Vérité qu'est Jésus crée une société inhumaine, dure, implacable. Le pouvoir romain pouvait bien s'enorgueillir de sa puissance : quelques siècles plus tard il s'écroulera. Comme tous les Pouvoirs bâtis sur la force et le mensonge. Seul demeure, à travers les âges, le Royaume de Jésus. Aujourd'hui en Occident, des multitudes ont "balancé" comme Pilate et se sont détournées d'une Eglise fragile, tournée en dérision. Mais le c½ur sur lequel règne Jésus est libéré de la dictature des idoles

3e dimanche de Carême, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Jn 1, 6-28

Journaux, magazines, livres chrétiens abondent en analyses des problèmes socio-politiques, en descriptions des défaillances des systèmes en place, en condamnations des m½urs dépravées, en appels véhéments en vue du changement du monde. Tout cela est vrai, finement étudié, clairement exprimé. Mais après ? N'y aurait-il pas là des litanies mille fois ressassées, des plaintes justes mais stériles, une façon de se donner bonne conscience ?...

En quittant le journal pour se plonger dans l'évangile, on s'étonne de n'y trouver presque nul écho de la conjecture de l'époque. Jésus ne s'emporte pas sur les exactions des troupes d'occupation, n'exhibe pas les chiffres calamiteux du chômage, ne geint pas sur les catastrophes climatiques. Non qu'il ferme les yeux sur les malheurs des hommes, ni qu'il se résigne à la fatalité, ni qu'il manque de courage pour oser critiquer les responsables des injustices. ni qu'il n'ose pointer le péché.

Mais s'il offre généreusement le pardon à ceux et celles qui reconnaissent humblement leurs fautes, par contre, ce qui provoque sa colère, ce sont les pharisiens, ces hommes si pointus sur les observances mais dont le c½ur reste dur ; ce sont les scribes, ces spécialistes des Ecritures, enlisés dans le légalisme ; ce sont ces Anciens imbus de leurs privilèges de grandes familles nobles de la capitale ; ce sont les Grands Prêtres qui officient dans les liturgies somptueuses du temple mais qui président un culte hypocrite.

Là, au c½ur sacré d'Israël, Jésus débusque le péché le plus grave : celui que l'on ne veut pas reconnaître. Là est le lieu même de la conversion du monde.

SCANDALE SUR L'ESPLANADE DU TEMPLE

Avec ses lourdes pierres, ses décorations, ses marbres, le temple était une construction magnifique. Depuis que Hérode, ce roi odieux mais grand bâtisseur, avait donné le coup d'envoi des travaux de réfection et d'agrandissement, une armée d'ouvriers ne cessait d'y ½uvrer afin de réaliser une merveille d'architecture.. La foule des pèlerins qui y affluait aux jours de fête restait béate d'admiration devant cette splendeur digne de YHWH, le grand Dieu d'Israël.

Et cependant, ce jour-là, Jésus va y provoquer un scandale !

Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le temple les marchands de b½ufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes et les chassa tous du temple...Il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs et dit aux marchands de colombes : " Enlevez ça d'ici : ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic"....

On était habitué de voir, tout autour de la grande esplanade, ces marchands (les animaux étaient nécessaires pour les sacrifices ) et ces changeurs (les pèlerins venant de tous pays devaient acquitter l'impôt du temple en monnaie locale) et Jésus ne vitupère pas contre leurs marges bénéficiaires trop élevées. Mais leur place n'est plus là. Ni ailleurs non plus. Car le grand tournant de l'histoire religieuse est arrivé : Dieu n'a nul besoin d'offrandes animales. Ce qu'il exige, c'est un culte parfait, sans fossé entre la pratique liturgique et la conduite de la vie.

Bien des prophètes et surtout Jérémie avaient dénoncé le risque mortel d'un culte qui table sur les apparences, le faste des constructions, la beauté des costumes, le nombre de bêtes offertes...mais où la précision rituelle et le sang des animaux dispensent les pratiquants d'offrir toute leur vie au Seigneur. Mais s'il reprend les diatribes des prophètes contre l'hypocrisie et le formalisme d'un culte où l'on se dédouane à bon compte, où l'on tente d'acheter son salut par "le commerce" (Ta grâce, Seigneur, en échange d'autant de sacrifices !), Jésus use d'une expression unique : "la Maison de mon Père".

Loin d'être la propriété des Grands Prêtres qui le gèrent, le temple est essentiellement la demeure où YHWH habite : or Jésus est "son Fils" donc il en est responsable, il ne peut y tolérer ni saleté, ni mensonge. Il est là chez lui.

Prétention exorbitante ! Le haut clergé somme Jésus de justifier son geste. Car sans doute ces hommes connaissent-ils l'antique prophétie de Zacharie qui annonçait qu'au Jour de YHWH "il n'y aurait plus de marchands dans le temple".

Les Juifs l'interpellèrent : " Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ?". Jésus leur répondit : " Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai". Les Juifs lui répliquèrent : " Il a fallu 46 ans pour bâtir ce temple et toi, en trois jours, tu le relèverais ?"...

Répartie énigmatique. Impossible, même pour les disciples, d'en saisir le sens sur le champ. Mais plus tard ils comprendront :

Mais le temple dont il parlait, c'était son corps.

Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ;

ils crurent aux prophéties de l'Ecriture et à la parole que Jésus avait dite.

Tout au long du ministère de Jésus, la profondeur des enjeux échappa aux disciples et la croix les plongea dans le désespoir de l'échec. Mais, lorsque Jésus leur apparut vivant, la lumière de la résurrection éclaira tout le passé :

Jean-Baptiste avait bien désigné Jésus comme "l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde". Lorsque ses ennemis l'exécutèrent, il accomplissait le dessein de Dieu, il était l'agneau pascal dont le sang offre la libération de l'esclavage du péché.

Il s'était relevé, il était vivant : donc il était désormais le nouveau "Saint des Saints", le c½ur secret du sanctuaire nouveau. Le temple de pierres pouvait disparaître (ce qui arriva effectivement en 70 lorsque les Romains détruisirent Jérusalem) car désormais la demeure de Dieu, c'était le CORPS du Christ, son Corps ressuscité.

Et nous, les disciples, n'avons plus à chercher un lieu sacré pour y célébrer des liturgies : par la foi, la confiance dans le pardon offert par l'agneau, nous nous agglomérons au Corps. Et ce Corps, qui est l'Eglise, n'en finit pas de croître au long des siècles. C'est pourquoi les premières générations chrétiennes n'ont jamais bâti d'église ou de chapelle : leur culte véritable se confondait avec leur existence. Etant en Christ, ils vivaient en enfants du Père et ils se manifestaient ensemble comme le Nouveau Temple, comme le Corps du Christ.

En se réunissant pour la Fraction de son Pain, pour le Repas du Seigneur où, en partageant l'Eucharistie, ils chantaient l'action de grâce au Père qui avait relevé son Fils, qui les unissait en UN, et qui les relèverait dans le ciel quand Dieu serait tout en tous.

Si l'Eglise doit sans relâche contester les injustices du monde, elle se doit en priorité d'être le lieu où la proclamation de la Bonne Nouvelle se vit dans une communauté qui, par l'union de ses membres dans la charité fraternelle, témoigne de la Présence de Dieu.

En ce sens, le carême, l'effort pour corriger nos dérives et retrouver notre authenticité, n'est pas un acte pieux, marginal, folklorique : il est au c½ur de notre désir d'un monde selon le c½ur de Dieu.

3e dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Materne Pierre-Yves
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Une silhouette, un visage, quelqu'un légèrement en retrait. Qui est-il ? D'où vient-il ? C'est un inconnu, un étranger qui est arrivé dans le groupe. Nous faisons régulièrement l'expérience de celui, de celle qui entre dans un nouveau groupe de personnes. Nous sommes alors un visage sans nom, une personne incognito. Inversement, en faisant partie du groupe, nous remarquons rapidement un nouveau venu, une nouvelle tête parmi nous. Lors de notre entrée dans un groupe de gens qui se connaissent, nous sommes un peu intimidés, quelques fois inquiets. Il se peut que l'on passe inaperçu, que personne ne nous remarque tant les apparences sont banales. Il nous est peut-être arrivé d'avoir cette impression d'être invisible. Les yeux sont tournés ailleurs, vers d'autres, jusqu'à ce que quelqu'un se préoccupe de nous faire reconnaître par les autres.

Il arrive fréquemment que nous soyons introduits par quelqu'un qui nous connaît déjà. Un ami peut par exemple nous présenter à un groupe auquel il appartient. Nous faisons alors l'expérience du nouveau venu qui est regardé avec sympathie par les autres puisqu'il a la confiance d'un d'entre eux. Evidemment, les autres ne connaissent encore rien, ou très peu, de nous. Est-ce que je serai connu selon les apparences que je donne ? Est-ce que certains irons plus loin que les apparences, car elles sont parfois trompeuses ?

N'est-ce pas là l'expérience que Jésus lui-même a faite ? Toute une foule s'est rassemblée autour de Jean-Baptiste avec des tas de questions. Il y a même des prêtres et des lévites venus de Jérusalem pour avoir des réponses à leurs interrogations. Mais il y a surtout tout ces gens qui connaissent Jean-Baptiste, qui l'écoutent depuis tout un temps. On le suit, on se fait baptiser par lui, on reconnaît chez lui une certaine autorité. Cet homme est aux yeux de tous une personnalité qui en impose. A côté de l'illustre prophète, un inconnu passe inaperçu. C'est une silhouette, un visage parmi d'autres. Peut-être vient-il d'arriver ? Peut-être est-il déjà là depuis un certain temps ? Mais le texte dit bien qu'il n'est pas connu. Tout à coup, le prophète du désert interrompt la valse des questions qui fusent de toute part : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Il ajoute de façon très déroutante : « C'est lui qui vient derrière moi et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale ». Tous les regards se sont a présent tournés vers l'inconnu à qui Jean Baptiste donne tellement d'importance. Le prophète a fait exister Jésus pour les hommes et les femmes rassemblés autour de lui. Jésus ne s'est pas avancé de lui-même. Il n'est pas monté sur un rocher pour haranguer la foule mais il est resté à sa place dans une totale discrétion. Les enquêteurs pensaient avoir trouvé l'Envoyé de Dieu, le « messie », sur les apparences d'une personnalité forte et reconnue. Et non ! Celui qu'ils cherchent est semblable à n'importe quel passant. Jean-Baptiste identifie Jésus car il sait voir au-delà des apparences. Il a pris conscience que ce jeune homme qui l'écoute porte en lui quelque chose d'unique, un don qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer.

Jean-Baptiste était probablement un homme attentif aux autres qui n'en restait pas aux apparences. Il a été à la rencontre de Jésus, prenant le temps de le découvrir et de percevoir en lui une personnalité exceptionnelle. Ensuite, il a d'une certaine façon introduit Jésus dans le cercle de ses proches. Le prophète a ainsi ouvert un chemin pour le Christ.

Nous sommes invités à devenir comme Jean-Baptiste. En étant attentif, en prenant le temps de découvrir l'autre, l'inconnu, l'étranger, nous dirons aux autres qu'il y a là quelqu'un à voir et à rencontrer. C'est peut-être quelqu'un qui nous apporte une vraie raison de vivre...

3e dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

RAPPEL : j'ai proposé en cette période d'Avent-Noël de relire les 11 premiers chapitres de la Genèse : la longue attente du Sauveur.

-  Grandiose est la page inaugurale qui sert de portique à la Bible : un Dieu bon et unique a créé un monde et l'a confié à l'homme fait à son image. Nous avons relu cette vision splendide, oui mais, hélas, telle n'apparaît pas notre réalité !

Car il y a le mal. L'horreur à chacun de nos pas. L'image de Dieu défigurée, piétinée, saccagée ! Le scandale intolérable. Pour beaucoup le mur infranchissable sur le chemin de la foi. Pourquoi ?...

Un autre auteur va tenter de jeter une lueur sur notre drame : les chapitres 2 à 4 de la Genèse content ce qui reste à jamais l'histoire la plus célèbre du répertoire, celle qu'un humoriste résumait ainsi : " Une pomme, deux poires...et un tas de pépins !".

ADAM ET EVE DANS LE PARADIS

Adam et Eve dans un paradis où rode un astucieux serpent, un péché tellement énorme que nous en subissons pour toujours les conséquences : pouvons-nous encore accepter cette légende ?....

Tout l'embrouillaminis régnant sur cette histoire vient du fait que nous la lisions comme un reportage sur nos ancêtres, ce couple qui aurait vécu quelque part, dans un jardin d'Eden, il y a des dizaines de milliers d'années. Or ce récit a été écrit en Judée, environ 5 siècles avant notre ère par un homme qui, comme nous, s'est trouvé devant l'évidence : s'il n'est pas permis de sommer Dieu de nous expliquer la raison des calamités naturelles, il est en tout cas nécessaire de s'interroger à propos de l'homme. Pourquoi l'être humain, quel qu'il soit, même muni de la Loi de Dieu comme les Israélites, commet-il immanquablement du mal ? Afin de cerner cette universalité, l'auteur de génie projette à l'origine notre péché : "ainsi est et reste la condition humaine..."

Dieu nous a placés, hommes et femmes, dans un monde à cultiver, à remplir, à garder. Tout nous est donné afin que nous en jouissions. Plaisir de découvrir, d'inventer, de maîtriser, de goûter, d'admirer, de consommer : notre vocation divine nous porte à la joie et à l'émerveillement. Dieu nous a faits pour le bonheur.

Mais à une condition : que nous acceptions la loi du bien et du mal, que nous comprenions qu'il y a des limites à ne pas outrepasser :

" Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais non de l'arbre de la connaissance du bien et du mal ...sinon tu mourras".

La Bible ne parle pas de "pomme", ne dit pas que Dieu interdit les relations conjugales puisqu'il a créé le couple. Elle dit que l'humanité doit accepter une limite à son instinct de possession et de jouissance, qu'elle doit refuser de se livrer à la toute-puissance.

Or c'est là que nous achoppons. Tous, et à tout âge. Voyez l'enfant attiré par la prise électrique que papa lui a sévèrement interdit de toucher ; l'adolescent rageur parce que ses parents lui ont intimé l'ordre de rentrer avant 23 h. ; l'automobiliste excédé par tous ces signaux qui briment son envie d'utiliser la puissance de son engin ; le savant fasciné par telle découverte qu'il soupçonne périlleuse pour l'avenir de l'humanité ; l'Occidental nanti dont rien ne peut réfréner la frénésie consommatrice...

Le "péché originel" ne se confond pas avec la maraude de quelques hominidés ; il est cet instinct foncier qui est "à l'origine" de tous nos manquements, cet élan qui nous pousse à refuser toute Loi de Dieu, à renverser toute barrière, à déclarer que la liberté est la faculté de choisir sans aucune restriction. Et cela d'autant plus que l'infraction semble ajouter au plaisir. "Il est interdit d'interdire !"

Illusion désastreuse !

LE JARDIN PERDU

Il est faux de penser que Dieu veut nous châtrer : au contraire il veut nous protéger de nous-mêmes. S'il défend, c'est pour nous protéger, pour nous défendre contre nous-mêmes !

Dieu "donne ordre" non pour nous imposer un carcan, mais pour "mettre de l'ordre" en nous et dans la création. Car lorsque nous nous rebellons contre Lui, cette rupture entraîne une cascade de dérèglements :

la relation confiante envers Dieu est perdue,

les conjoints se dissimulent leur fragilité et s'accusent mutuellement ;

le rapport à l'enfant se révèle douloureux

le lien au sol devient une lutte pénible, un combat exténuant.

Et l'humanité glisse à la mort.

Tel est notre monde. Le jardin de l'innocence est à jamais perdu, c'est irrémédiable. Irrémédiable ? Par nous, oui, mais pas par Dieu. Tout de suite, notre auteur nous empêche de tomber dans le désespoir.

LA PREMIERE BONNE NOUVELLE DE LA BIBLE

Nous nous sentons loin de Dieu mais celui-ci, loin de nous damner, se met en recherche de l'homme :

" Adam, où es-tu ? ... Où en es-tu ?"

Et il nous fait une grande Promesse. S'adressant à ce serpent (qui symbolise le mal-déjà-là nous incitant au refus), il dit ces mots mystérieux :

" Oui je mettrai l'hostilité entre toi et la femme,

entre ta descendance et la sienne ;

elle te meurtrira à la tête et toi, tu la meurtriras au talon"

En effet, un jour, une descendante d'Eve - la jeune Marie de Nazareth - aura un petit garçon ; ce Jésus subira la haine criminelle, les terribles assauts du mal. Au contraire d'Adam il ne cherchera pas à déployer sa toute-puissance, à échapper aux limites et à la mort. Il acceptera celle-ci et en fera le don de son amour.

Ainsi il écrasera le pouvoir absolu du péché. Et à tous ceux qui croient en lui, qui acceptent de marcher sur ses traces, il assurera que le mal est radicalement vaincu. Avec lui, en lui, la condition humaine (la race d'Adam) pourra devenir christique, consacrée à Dieu.

Non, nous ne rentrerons plus jamais dans le jardin des Délices de nos rêves : mais nous pourrons entrer dans le paradis qui n'est rien d'autre que la communauté, la communion éternelle avec Jésus où les "images de Dieu" sont restaurées et, mieux encore, recréées par le sang du Christ.

Sur la croix du Golgotha, Jésus est le nouvel ARBRE DE VIE : heureux ceux qui tendent humblement la main pour manger "son Fruit", l'Eucharistie, don d'un Dieu qui transforme ses "images" et en fait ses "enfants". Dans sa Vie. Pour toujours.