Mt 11, 25-30
Merveilleux ou éclair au chocolat ? Misérable ou javanais ? Soupe de fruits rouge ou nougatine au coulis de framboise ? Duo de mousses ou boule de glace aux amandes sur une pêche confite au sirop d'orgeat ? Régime ou assortiment de desserts ? Expresso ou Irish coffee ? Tant de questions où nous aimerions pouvoir rester sans réponse pour goûter à « un petit peu de tout ». Tant de questions qui ne peuvent se résoudre que par un choix à poser. Mais pourquoi faut-il si souvent choisir ?
Choisir, choisir, toujours choisir ! N'est-ce pas cela le signe même de notre liberté humaine ? En effet, cette dernière se caractérise d'abord et avant tout par notre capacité de poser des choix. S'il n'y a pas d'alternatives, si aucune possibilité n'est proposée, s'il n'y a donc pas de choix, il n'y a tout simplement plus liberté. Et en l'absence de liberté, nous quittons le champ de l'éthique, c'est-à-dire le champ des nos actions enracinées dans l'amour puisque la loi est de l'ordre de la morale, tandis que l'éthique inscrit nos actes dans l'amour, souligne un philosophe contemporain. Que nous le voulions ou non, choisir est essentiel dans toute vie humaine. Et c'est tellement important que si nous décidons de ne pas choisir et bien, d'une certaine manière, nous choisissons quand même et ce choix nous intègre à nouveau dans le champ de l'éthique.
Nos choix sont donc essentiels et vont guider nos existences même si certains prétendent que dans la vie de tout être humain, nous ne faisons que cinq ou six choix qui vont nous marquer de façon indélébile. Cette dernière affirmation est sans doute vraie : choix du partenaire amoureux ou d'un autre type de vie, choix d'un type d'études ou de métier, choix d'un lieu d'habitation. Je vous laisse la liberté de choisir pour compléter cette liste de manière plus personnelle. Puis, il y a aussi cette multiplicité de choix qui ont également toute leur pertinence : choix des valeurs à transmettre aux générations futures, choix des mots à dire ou ne pas dire, choix des relations, etc. Nous sommes donc conviés, par la vie, à toujours poser des choix. Et heureux sommes-nous car ils nous rappellent chaque fois ô combien nous sommes des êtres libres.
Mais comment être certain de ne pas se tromper ? Quelle est la voie à suivre ? Le frère Gareth Moore, dans un article traitant de cette question, affirmait, il y a quelques années déjà, que l'être humain devait toujours, parmi les différentes possibilités qui s'offraient à lui, choisir la solution qui apportera « le plus d'amour ». Dans cette perspective, il n'y aurait donc plus qu'un seul et unique critère : celui du « plus d'amour ». Si ce dernier guide nos choix, nous ne pouvons plus nous tromper et nous découvrirons que même si aujourd'hui nous aurions fait d'autres choix que ceux que nous avions posé à l'époque, nous pouvons reconnaître que, puisqu'ils ont été posés dans l'amour, ils gardent toute leur pertinence, leur validité à l'heure actuelle. Le choix du « plus d'amour » nous conduit toujours dans la bonne direction puisque c'est ce que Dieu semble attendre de chacune et chacun de nous.
En effet, vivre selon la chair, c'est-à-dire selon la logique de la domination, de la violence, de l'écrasement, du profit direct est un choix qui nous éloigne de Dieu. Par contre, vivre selon l'Esprit, c'est-à-dire ayant comme objectif de mettre en ce monde de la douceur, de la tendresse et surtout du respect vis-à-vis de chaque être humain quelle que soit sa condition sociale, culturelle, intellectuelle est un choix qui non seulement nous rapproche de Dieu mais nous fait participer activement à la construction de son Royaume ici-bas et dès maintenant.
Il est toutefois vrai qu'il y a parfois des choix difficiles à faire et nous pouvons aussi avoir l'impression que même s'ils sont nécessaires, ils restent pénibles à vivre. Nous pourrions entrer de la sorte dans une spirale de désespérance. Il nous reste alors comme solution de poser ces choix en Dieu, de nous laisser guider par le Christ afin que l'Esprit nous guide à trouver la solution qui apportera une fois encore le « plus d'amour ». De cette manière, nos actes, nos paroles, nos attitudes s'enracinent dans le Christ et ils deviennent légers. Dieu, le Fils, dans l'Esprit, les porte avec nous. Cela nous semblait au départ impossible, insurmontable et voilà qu'à la lumière de la foi, tout s'éclaire : « oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau, léger ». S'il en est vraiment ainsi, alors que ce soit « merveilleux ou éclair au chocolat ? », peu importe, je les aime tous les deux. Il me suffit de poser le choix du « plus d'amour », c'est-à-dire un pour vous, un pour moi. Amen.