Pour comprendre la parabole proposée par l'évangile de ce jour, permettez-moi de vous soumettre les questions suivantes qui sont actuellement proposées dans un diaporama qui circule sur internet : pourriez-vous me nommer les cinq personnes les plus riches du monde, les trois dernières gagnantes de Miss univers, les cinq derniers prix Nobel de physique et les noms et prénoms des acteurs qui ont reçu l'oscar du meilleur acteur, ces trois dernières années ? Je vous donne quelques secondes pour réfléchir. Vraisemblablement, la majorité d'entre nous, nous n'arrivons pas à répondre à ce type de questions. Elles sont trop difficiles. Toutefois, nous n'avons pas à nous inquiéter car personne ne s'en rappelle. Dans la vie, les applaudissements passent, les trophées prennent de la poussière, les gagnants sont vite oubliés. La gloire humaine semble être toujours éphémère. Fort de ce constat, puis-je nous inviter à répondre à une autre série de questions : nommez trois professeurs qui ont contribué à votre formation ainsi que trois amis qui vous ont aidé dans des moments difficiles. Ensuite pourriez-vous penser à quelques personnes qui vous ont fait sentir qu'à leurs yeux, vous étiez quelqu'un de spécial ? Et enfin, nommez cinq personnes avec qui vous aimez passer du temps. Cette fois, je suis plus à l'aise, car je suis convaincu que la majorité d'entre nous, voire tout le monde, peut répondre à de telles questions. Pourquoi ? Tout simplement parce que les personnes qui ont un sens dans nos vies ne sont pas « cotées » au maximum, avec le plus d'argent, avec les plus grands prix offerts sur un plateau de gloire illuminées par des spots aux mille couleurs. Non, les personnes qui nous sont chères, sont celles qui se font du souci pour nous, qui prennent soin de nous. En fait, elles sont celles qui, en toutes circonstances, restent aux alentours de nous. Nous nous sommes faits proches d'elles. Puissions-nous ne pas l'oublier. La vie est trop courte pour passer à côté de telles merveilles relationnelles. Alors une dernière question : et nous, dans quelle liste sommes-nous chez les autres : dans celle de la gloire éphémère ou dans celle des gens pour qui nous comptons parce que nous avons choisi d'investir nos relations ? N'attendons pas qu'il soit trop tard !
Toutes et tous, nous avons besoin de relations pour exister puisque nous sommes nés d'une relation. Cette dernière est inscrite au c½ur de notre humanité. Il m'est impossible de vivre sans celles-ci. Mais les relations vraies et profondes ne peuvent exister que si nous acceptons de les investir, c'est-à-dire de donner à nouveau du temps au temps pour que nous prenions le temps de nous rencontrer en vérité. Il y va de notre liberté et de notre responsabilité personnelle. Il s'agit bien d'un choix : choisir d'alimenter la rencontre pour vivre ensemble cet instant qui nous fait grandir l'un l'autre. Et cela prend un certain temps : le temps de l'approche mutuelle, le temps de l'apprentissage de la confiance et puis le temps du partage en vérité à vivre et à revivre au fil de la vie car ce qui fait la beauté de la relation, c'est la fidélité qui s'instaure entre deux êtres. Et cette fidélité ne peut exister qu'à l'épreuve du temps car celle-ci s'inscrit toujours dans le long terme. Toutes et tous, nous avons fait ou ferons des choix de vie qui s'enracinent dans une telle perspective. Cette réalité nous fait alors prendre conscience que nos relations d'amour ou d'amitié ne sont pas interchangeables. Je ne peux ni vous les prêter ni vous les donner.
Une relation par définition est éminemment personnelle. Elle se vit entre elle et moi, entre lui et moi. Elles sont toutes différentes l'une de l'autre et c'est ce qui fait la richesse de toutes ces rencontres qui parsèment nos existences. La vie est aussi simple que cela. S'il en va ainsi entre nous, la parabole de l'évangile nous rappelle qu'il en va de même avec Dieu. Avec Lui aussi, il s'agit d'une rencontre. Une rencontre exceptionnelle, parce qu'avec Dieu, le Père, le Fils ou l'Esprit, je peux être pleinement moi-même, je n'ai pas besoin de tricher, de me mentir. En Dieu, je suis en pleine vérité. Il connaît même mes nocturnités et mes zones d'ombre. Dieu nous accepte et surtout nous aime tels que nous sommes. Mais il attend de nous, que nous entrions en relation avec lui, que nous prenions le temps de le rencontrer pour un jour être aussi capables de l'aimer tellement nous aurons compris à quel point il veut notre liberté et notre réalisation. Une relation humaine ne se prête pas, ne se donne pas. Il en va alors de même pour une relation divine. Elle non plus ne se prête pas, ne se donne pas. Puissions-nous alors dans le silence de notre c½ur prendre le temps d'allumer notre lampe intérieure pour entrer dans le mystère divin. L'huile de Dieu est le combustible de l'amour que nous partageons, de l'amour que nous recevons, de l'amour que nous offrons. Amen