4e dimanche de l'Avent, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Marie et Joseph modèles de l'écoute de la Parole

La Bible est un livre d'histoire puisqu'on y raconte la vie de personnages du passé. La Bible est tout autre chose qu'un livre d'histoire : car elle est Parole de Dieu. Cela veut dire que la communauté croyante reçoit ce livre non comme un récit de péripéties anciennes mais comme une révélation d'un PROJET DIVIN qui se déploie dans l'histoire. C'est pourquoi on dit que les paroles de Dieu demeurent toujours actuelles : elles ne cessent de nous parler, elles s'accomplissent.

Comment ?... Essayons de comprendre à partir des lectures du jour.

1ÈRE LECTURE : Vers 735 avant notre ère, parce que Akhaz, le jeune roi de Jérusalem, a refusé de faire partie de la coalition des Etats qui tentent de s'opposer à l'approche de la terrible armée assyrienne, les rois de Damas et de Samarie l'attaquent et veulent le remplacer par un de leurs hommes. Angoissé par le péril menaçant, Akhaz demande à l'Assyrie elle-même de le sauver. C'est dans cette détresse, que se produit une intervention capitale du prophète Isaïe : il certifie au roi que Dieu ayant promis jadis de protéger la dynastie de David, il ne faut pas s'inquiéter. Et pour preuve, Isaïe annonce un signe de Dieu :

" Eh bien, écoutez, maison de David, le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici que la jeune femme (en hébreu : alma) est enceinte, elle enfantera un fils et on l'appellera Emmanuel Ce qui veut dire en hébreu :"Dieu-avec-nous"

En effet, les ennemis furent écrasés et la reine mit au monde un fils, appelé Ezéchias, qui grandit dans la paix. Le roi Akhaz sauva donc son trône mais il devint vassal de l'Empire assyrien et paya un lourd tribut.

L' ORACLE PROPHETIQUE EST CONSERVÉ

Evidemment on garda mémoire dans les archives de cet événement sensationnel. Et curieusement le souvenir de cette délivrance passée devint, après quelques siècles, la promesse d'une libération future plus extraordinaire encore.

Oui, un jour, Dieu donnerait à nouveau ce même signe : une femme enfanterait le roi consacré par Dieu dans la famille de David, ce serait le Messie qui nous sauverait de tous les dangers. En outre, il se fit qu'au 3ème siècle avant notre ère, les auteurs de la bible en langue grecque traduisirent le mot "jeune femme" ( "ALMA") par "PARTHENOS" qui signifie "la jeune fille vierge" !!!

L' EVANGILE DU JOUR : LA MERE DU MESSIE

Pour les 1ers chrétiens, Jésus ne peut être le vrai Messie attendu que s'il réalise les prophéties des Ecritures. St Matthieu est convaincu que la naissance de Jésus a "accompli" la prophétie d'Isaïe. Il écrit :

Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ. Marie avait été accordée en mariage à Joseph. Or, avant qu'ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint. Joseph, son époux, homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement : il décida de la répudier en secret.

Le mariage de ces deux jeunes gens inconnus avait été célébré à Nazareth et, selon la coutume, Marie demeurait encore chez ses parents pendant plusieurs mois avant de mener vie commune. Or vers la fin de cette période, voilà qu'elle est enceinte ! Lorsqu'elle apprit l'événement à Joseph, celui-ci la crut sur parole, il ne soupçonna absolument pas son épouse de trahison. Mais il résolut de se retirer sans bruit afin de laisser se dérouler le dessein que Dieu avait sur Marie. Il ignorait que lui-même avait une fonction indispensable à jouer.

L' ANNONCIATION A JOSEPH

Il avait formé ce projet lorsque l'Ange du Seigneur lui apparut en songe : " Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils auquel tu donneras le nom de JESUS (càd. : "Le Seigneur sauve") car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés".

Tout cela arriva pour que s'accomplit la parole du Seigneur prononcée par le prophète : " Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils auquel on donnera le nom d'EMMANUEL ("Dieu-avec-nous"). Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l'Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

Joseph est un descendant très lointain de la dynastie de David : il doit adopter ce fils mystérieux de Marie, lui donner son nom, ce qui veut dire le reconnaître comme son propre enfant, l'introduire dans la famille royale de David, puis par la suite le protéger avec sa mère et veiller à sa croissance. Ce fils, il l'appellera IESHOUAH - en français "Jésus"- mot qui signifie "Dieu sauve". Marie est donc bien "la jeune femme", "la vierge" promise par Dieu pour donner le Sauveur - non plus un roi qui remportera des victoires militaires mais celui qui libérera l'humanité entière de son ennemi mortel : le péché. En effet, sur la croix, ce fils donné par Dieu offrira sa vie pour le pardon des fautes universelles.

LA CONCEPTION VIRGINALE

"Il est né de la Vierge Marie" : Cette affirmation du credo nous donne un enseignement essentiel : l'humanité ne peut pas se donner à elle-même son salut. Certes elle doit lutter de toutes ses forces pour maîtriser le monde, connaître et dominer les puissances qui l'écrasent mais quels que soient ses performances et ses progrès, rien ni personne ne peut ni ne pourra jamais libérer l'homme de sa prison : son péché. Même avec beaucoup de bonne volonté et de science, nous ne pouvons nous accomplir en plénitude par nos propres ressources. Le rêve humain du communisme a fini dans le goulag et s'est effondré. La société de consommation jette ses enfants dans l'égoïsme, le sida et la drogue. Elle croulera. De même que Joseph accepta Marie qui lui offrait un fils dont il n'était pas le géniteur, ainsi nous avons à accueillir l'Eglise qui nous offre le Sauveur que Dieu a placé en son sein. Car JESUS est bien devenu EMMANUEL ("Dieu-avec-nous"). A la fin de son livre, Matthieu raconte que Jésus, Seigneur ressuscité, envoie ses disciples partout dans le monde en leur assurant : (Matth 28 )

" Allez...Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde".

Et depuis lors, jusqu'à aujourd'hui, les chrétiens se rendent "à l'église" afin de recevoir, dans l'Eucharistie, "le Fils" qu'elle leur présente, Vie qu'ils ne se donnent pas mais qui les libère et les comble de paix. Ainsi donc une Parole de Dieu énoncée il y a 27 siècles à Jérusalem, s'est accomplie il y a 20 siècles à Bethléem et elle continue à se réaliser en ceux qui l'acceptent dans la foi. L'eucharistie est "le signe de Dieu", "l'actualisation" des prophéties.

4e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Van Aerde Michel
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

« N'ayez pas peur ! » Voilà la première parole du Christ Ressuscité à ses disciples. Le péché du chrétien est d'avoir peur, alors que la victoire est acquise, que la vie a triomphé, que l'amour est vainqueur. Tout n'est pas fini, la lutte continue, mais la bataille décisive est gagnée. Il n'y a plus rien à craindre : Christ est ressuscité !

Les effets de notre peur sont le repli sur soi, la recherche de sécurité, finalement la paralysie. Peur du mouvement, peur du changement, peur de l'inconnu, peur de l'avenir, peur de la solitude, peur du petit nombre, peur du grand nombre, finalement peur de tout et de rien. Les effets de la peur sont l'enfermement et finalement la mort.

Que fait le bon berger ? Il parle et sa voix tranquillise. Il ouvre la porte et encourage à sortir, à découvrir le monde extérieur, pour manger quelque bonne herbe fraîche et respirer au grand air. Je ne sais pas si vous fréquentez souvent les bergeries ? Un troupeau, quand il est enfermé, sent terriblement mauvais. Sortir, respirer à nouveau, se dégourdir les pattes, c'est le mouvement même de la vie, surtout pour les petits agneaux.

***

Dans les « fioretti du bon pape Jean », on lit que Jean XXIII était un jour, - non une nuit !- aux prises avec une insomnie. Vous savez certainement ce que c'est qu'une insomnie. Nombreux parmi vous en sont victimes régulièrement. C'est désirer dormir sans y parvenir. C'est le contraire de la veille, au sens de l'attention à l'inattendu. C'est vouloir fermer les écoutilles et se donner du repos, sans y arriver parce qu'on est trop inquiet. Le pape Jean XXIII était donc inquiet. On le comprend. Quand on est pape, comment ne pas être inquiet ? Inquiet pour le monde, inquiet pour les chrétiens, inquiet pour l'avenir de la foi. Inquiet pour tout et pour rien. Un pape a beaucoup plus de raisons que nous d'être inquiet... Jean XXIII était donc inquiet, jusqu'au moment où la lumière jaillit en son c½ur et qu'il se dit à lui-même : « que tu es bête, Angelo, que tu es bête ! Ce n'est pas toi qui dirige l'Eglise, c'est l'Esprit Saint. Dors ! » Comme le chante le psaume 126 : « En vain tu avances ton lever, en vain tu retardes ton repos. Tu manges un pain de douleur quand Dieu comble son bien-aimé qui dort ! »

« Ce n'est pas toi qui dirige l'Eglise ! C'est l'Esprit Saint ! Angelo, dors ! » Voilà une affirmation de foi, une lucidité de croyant, une conviction qui rétablit la paix intérieure et l'équilibre psychologique profond. Nous le savons, sans la confiance en l'autre et en Dieu, il ne peut y avoir que tension psychologique, durcissement administratif, recherche de contrôle et de pouvoir.

Il faut savoir que tout ne dépend pas de nous, ni de nous individuellement ni même de nous communautairement. Il y a quelqu'un qui dirige l'Eglise, quelqu'un qui oriente le monde depuis sa création. Et même si la responsabilité de l'humanité n'a cessé de grandir, les causes pour lesquelles nous nous battons ne sont pas d'abord les nôtres. Tout ce que nous voulons protéger, animer, développer ne nous appartient pas. Tout ce avec quoi nous sommes parfois tentés de nous identifier parce que nous faisons corps avec ces projets, doit pouvoir se passer de nous, aller au-delà de nous. Et c'est très bien ainsi. Le Dieu vivant est le premier intéressé au succès de ce que nous tentons de réaliser.

Les conseils multiples que nous entendons vont tous dans le même sens : confiance, calme, sérénité, décontraction, lâcher prise, dépossession. Comme chrétiens, nous devrions être les premiers à les appliquer, à témoigner d'une grande paix intérieure, à vivre une espérance à toute épreuve, en assumant les délais. Nous croyons en Dieu. Nous croyons au Christ ressuscité, nous lui faisons confiance et le laissons agir, même si les chemins qu'il choisit ne nous sont pas familiers.

Cette décontraction développe notre efficacité, notre capacité de collaboration avec les autres, notre créativité. Nous ne sommes pas seuls, nous ne sommes pas enfermés sur nous-mêmes et sur nos difficultés. Une énergie nouvelle, extraordinaire, transcendante, divine, nous est communiquée. Quelqu'un veille sur nous, il nous guide et nous communique sa vie en abondance.

L'Esprit du Ressuscité dirige nos vies, tout comme il anime l'Eglise. Aux autres l'angoisse, le volontarisme, la crispation. Nous en sommes définitivement sauvés ! Un autre prend soin de nous. Par delà la mort et toutes les turbulences qui peuvent nous agiter, il y a un berger dans le troupeau, un pilote dans l'avion, un ordinateur qui fonctionne dans le vaisseau spatial, un guide pour la Planète. « N'ayez pas peur ! » « Angelo, ne sois pas bête ! C'est l'Esprit Saint qui nous conduit, dors mon ange, Angelo dors ! »

4e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Dans les catacombes de Rome où les premiers chrétiens se réunissaient pour prier et ensevelir leurs martyrs, on découvre encore avec émotion des graffiti représentant le Christ comme le Bon Berger qui, avec amour, porte sur ses épaules une brebis égarée.

Pour nos ancêtres dans la foi, Jésus n'était pas un cadavre suspendu à la croix, il n'était pas un mort mais un VIVANT, le SUPERVIVANT même. Ils étaient convaincus que le Christ vivait avec eux, qu'il se rendait présent dans l'Eucharistie qu'ils célébraient. Et ils l'aimaient tellement qu'ils étaient prêts à donner leur vie pour lui, dans la certitude qu'il les conduirait au ciel .

Dans le monde, ils essayaient d'être des citoyens modèles mais ils confessaient hardiment que leur seul et véritable guide n'était pas César mais bien Jésus ressuscité, leur UNIQUE SEIGNEUR.

Osons-nous encore aujourd'hui proclamer cette même foi ? Sommes-nous fiers et heureux de confesser que nous ne nous mettons à la traîne de personne, que si nous obéissons aux lois en tant que citoyens, il reste que, en profondeur, nous sommes décidés à suivre Celui-là seul qui nous indique le chemin de l'accomplissement de l'homme, celui-là seul qui peut nous entraîner, au-delà de ce monde visible, dans la Maison du Père ?...

"Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit"

Le double "amen"qui ouvre le discours souligne que le titre de Pasteur que Jésus revendique n'est pas une mièvrerie de carte postale pieuse. L'enjeu en effet est extrêmement grave : il y va de la réussite ou de l'échec de l'humanité !

D'emblée Jésus nous met en garde : beaucoup désirent diriger les hommes, devenir leurs "leaders" mais ce sont "des voleurs et des bandits". Qu'est-ce à dire ? Trois personnages de l'évangile portent ces noms : Judas - le "voleur" qui a trahi son maître par amour de l'argent- et les deux "bandits" crucifiés avec Jésus - qui étaient, comme Barabbas, des résistants juifs partisans d' un messianisme violent et armé. Prenez garde, dit Jésus, beaucoup prétendront vous guider sur la route du bonheur : les uns vous mèneront à la violence et au carnage (le führer Hitler, Staline, Pol Pot,...), les autres vous séduiront par l'appât de l'argent et ne viseront qu'à s'enrichir ( idoles et publicités de notre société ). L'actualité montre à suffisance que ces déviations restent modernes, que ces candidats à la guidance du monde ameutent les foules et, hélas, les conduisent à l'abîme : guerres, drogues, attentats, désespoir,...

Celui qui entre par la porte, c'est lui, le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom et il les fait sortir. Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un inconnu, elles s'enfuiront loin de lui car elles ne reconnaissent pas la voix des inconnus"

Dieu ( le portier) a ouvert la porte, il a donné à Jésus, son Fils, l'accès à l'humanité. Jésus, alors, accomplit sa mission : il parle, il s'adresse à chacun selon sa personnalité ( le chrétien n'est pas "un mouton de panurge"). Chacun(e) reçoit son appel, sa vocation particulière - parent, ouvrier, prêtre, moine.... Jésus les fait sortir de l'égoïsme, de l'ignorance, de la fausse piété, du péché et de la mort et il marche à la tête de son troupeau, de sa communauté.

Ses disciples lui sont "accordés", ils perçoivent si bien le ton de sa voix qu'ils se méfient tout de suite d'un faussaire, d'un simulateur qui, par des promesses fallacieuses, voudrait les entraîner sur des voies de perdition hors des routes évangéliques. Hélas, lorsque des baptisés ne s'appliquent pas à reconnaître la voix du Seigneur, lorsqu'ils méconnaissent son Evangile, ils se laissent abuser et courent derrière un voleur ou un bandit.

JESUS LA PORTE

Moi, je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé : il pourra aller et venir et il trouvera un pâturage.

Tout à coup, Jésus se définit par une autre image : il est l'accès, "la porte" par laquelle il faut entrer pour être sauvé - rare apparition de ce mot dans S. Jean. Qu'est-ce que signifie le salut ? Deux privilèges exceptionnels :

-   le vrai disciple peut "aller et venir" : il est libre, il peut toujours rentrer, jamais il ne sera rejeté...sauf s'il ne veut pas revenir !
-   et il "trouve pâture" : car la vraie nourriture de l'homme est la vérité, et le disciple se plaît à "ruminer" les Ecritures. En écoutant, dans l'Evangile, la Voix de son Maître, il jouit d'une félicité renouvelée, inépuisable.

"Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire ; MOI JE SUIS VENU POUR QUE LES HOMMES AIENT LA VIE POUR QU'ILS L'AIENT EN ABONDANCE."

Voici une des grandes déclarations de l'Evangile où Jésus définit sa mission reçue du Père : NOUS VIVIFIER ! Il n'est pas venu nous écraser de règlements, nous menacer de punitions. "Venez à moi, cria-t-il un jour, mon joug est facile et mon fardeau léger". Il vient pour nous sauver de la mort où le péché nous entraîne, nous combler de la Vie divine et nous permettre d'atteindre notre destination : la Gloire vivante et vivifiante de Dieu.

PRIERE POUR AVOIR DE JEUNES PASTEURS

Ce 4e dimanche pascal est la JOURNEE MONDIALE DE PRIERE POUR LES VOCATIONS.

Nous connaissons la situation dramatique des Eglises d'Occident et nous prions beaucoup pour que Dieu nous donne des prêtres, des diacres, des religieux et religieuses...Mais rappelons-nous que la vocation désigne d'abord l'appel personnel que chaque chrétien et chrétienne reçoit afin d'accomplir sa route. Les vocations sacerdotales et religieuses naîtront au sein de l'Eglise lorsque chacun(e) de ses membres aura repris conscience de son appel et fera tout pour y répondre de tout son c½ur et de toutes ses forces.

Si le peuple chrétien demeure amorphe, s'il prête une oreille trop complaisante à tous ceux qui aujourd'hui ne lui parlent que de niveau de vie, de tranquillité égoïste, de divertissements, de confort, s'il ne consent pas à rompre avec la mentalité ambiante et à avancer hardiment derrière son Seigneur, s'il rechigne à accepter les exigences de l'Evangile, il ne doit pas s'étonner de la pénurie de guides.

Seigneur : des jeunes sont prêts à accepter tes exigences, à assumer la croix sacerdotale, à devenir les humbles pasteurs de leurs frères dans la foi. Mais ton appel passe d'abord par chacun de nous. Que je sois, moi d'abord et tout de suite, une brebis fidèle qui écoute ta Parole, la met en pratique et témoigne de la joie indicible de te suivre. Que nos paroisses soient de véritables communautés où l'on communique, où l'on s'entraide, où l'on partage l'espérance. Qu'elles se montrent ouvertes à tes appels, qu'elles proclament le bonheur de suivre JESUS .

4e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Depuis qu'il était né, il avait toujours tout vu en gris. Il ne connaissait pas le sens des couleurs puisque tout était gris. Ses parents avaient dépensé des fortunes pour qu'ils rencontrent les spécialistes du monde entier. Mais rien n'y fit. La terre était grise, le ciel était gris. Même la vie était grise. Il n'était pas spécialement triste, juste sans joie. Un jour, il s'arrêta en rue et s'étonna de voir un mendiant fixer le ciel de la sorte. Intrigué par son comportement, l'homme qui voyait tout en gris l'interpella. Que regardez-vous ainsi, lui demanda-t-il ? J'admire le ciel, répondit-il. Mais il est tout gris, reprit le premier. Non, renchérit le mendiant, il n'est pas tout gris ; aujourd'hui le ciel se décline dans différents tons de gris. Il prit l'homme par la main et l'invita à mieux observer ce qu'il voyait. Tout à coup, pour la première fois de sa vie, cet homme nota les nuances dans le gris. Puis le mendiant lui montra un petit coin de ciel bleu puis les couleurs automnes de l'arbre et ainsi de suite. Petit à petit, l'homme qui n'avait jamais vu la vie qu'en gris, découvrit de nombreuses couleurs et sa vie se transforma et se mit à chanter au son de tous ces merveilleux tons.

Ce conte contemporain, nous pourrions facilement le faire nôtre lorsque nous avons le sentiment que la vie est devenue bien grise, que nous n'arrivons plus à percevoir la beauté de toutes ses couleurs. Une vie grise n'a rien à voir avec l'absence d'événements extraordinaires. Non une vie grise est celle qui est vécue sans désir et sans passion et surtout lorsque nous décidons d'aller à l'encontre de nous-mêmes. Au nom de notre foi, une vie grise serait une vie où le Christ ne trouve plus sa place parmi nous. Par notre baptême, l'Esprit nous convie à vivre la vie aux mille couleurs de Dieu. Notre vie se conjugue différemment au son du don de l'amour de soi, du bonheur des petites choses, de la beauté profonde de tout être humain, de l'émerveillement des saisons de notre nature. Si la vie était une partition de musique, le Christ serait la clé inscrite sur la portée et la mélodie qui serait chantée aurait un son clair, limpide et joyeux. Par les béatitudes entendues ce jour, nous sommes appelés au Bonheur. O pas n'importe lequel, un bonheur et un honneur qui s'inscrit dans le Fils de Dieu. Au c½ur de nos grisailles intérieures, lorsque nous avons le sentiment d'être véritablement submergé, Jésus nous propose un chemin possible. Il vient en chacune et chacun de nous et nous offre un ensemble de promesses : « heureux êtes-vous ! » répète-t-il à plusieurs reprises. Mais le bonheur dont il nous parle s'enracine bien en lui. Ils sont offerts à celles et ceux qui acceptent de partager la foi qui l'habite au plus profond de lui-même. Lorsque nous sommes touchés par le deuil, la maladie, l'incompréhension de nos proches, nous pouvons nous sentir désemparés, esseulés. Une certaine désespérance peut nous envahir. Et c'est au c½ur de cette réalité-là que le Christ s'adresse à nous encore et toujours. Il susurre au creux de notre c½ur : « je reconnais ce que vous traversez, ne perdez pas espoir. Je suis là avec vous, à vos côtés ». La vie est étonnante, elle ne se colorie ni en noir ni en blanc mais aux diverses couleurs travaillées par cette foi merveilleuse qui donne un autre sens à la vie. Malgré la réalité parfois dure de notre monde, nous avons été créés avant tout pour être heureux. Le bonheur n'est pas une promesse pour demain, une utopie qui se vivra dans un ailleurs. Non le bonheur s'offre à nous dès aujourd'hui lorsque nous acceptons d'écrire nos vies avec l'encre de Dieu. Une encre de vie, une encre d'amour. La foi nous a été donnée à nous d'y répondre pour colorer nos existences. Soyons heureux non seulement de ce que nous avons mais également de ce que nous sommes et devenons. Nous ne possédons sans doute pas tout mais profitons de ce qui nous a été donné. Ne nous prenons pas la tête avec des envies inassouvies, des faux problèmes, j'en passe et des meilleures. Plutôt réjouissons-nous de la chance que nous avons de croire un ce Dieu un peu fou qui nous offre une confiance merveilleuse en la vie, une espérance à toute épreuve dans l'instant présent où s'enracine une multiplicité de petits bonheurs qui font chanter autrement nos existences. S'il en est ainsi, alors heureux sommes-nous en Christ de nous laisser conduire par lui vers le Père qui nous donne son Esprit pour que nous nous tournions sans cesse vers celles et ceux dont nous nous faisons proches, vers celles et ceux qui donnent sens à nos vies car ils ont trempé leur plume de tendresse dans l'encre de l'amour divin. Oui, heureux sommes-nous lorsqu'il en est ainsi.

Amen.

4e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Jésus, l'ex-charpentier de Nazareth a commencé sa mission : il circule à travers la Galilée paganisée en proclamant :

" Convertissez-vous car le Règne de Dieu s'est approché".

C'est cela la Bonne Nouvelle : Laissez donc Dieu régner sur vos vies, osez croire cette joyeuse annonce que Jésus vous adresse, acceptez le changement, basculez les idoles, ouvrez-vous au présent de Dieu qui vous apporte son Amour. Cette prédication initiale doit sans cesse retentir, elle ne doit jamais être supposée connue sinon l'enseignement suivant tombera dans le moralisme. C'est parce que Dieu nous invite à accueillir son amour que nous pouvons apprendre ce qu'est ce mystérieux "règne de Dieu" et désirer en être les citoyens.

La vie dans le Royaume du Père est détaillée dans le magnifique "DISCOURS SUR LA MONTAGNE" dont la liturgie commence la lecture aujourd'hui. Mais, étant donné l'arrivée imminente du carême, nous n'entendrons qu'un seul passage de ce "Discours" : son introduction en forme de portique aux huit colonnes :

LES HUIT BEATITUDES.

"Quand Jésus vit la foule qui le suivait, il gravit la montagne. _Il s'assit et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la _bouche, il se mit à les instruire :
Heureux les pauvres de c½ur :
Le Royaume des cieux est à eux.
Heureux les doux :
Ils obtiendront la terre promise.
Heureux ceux qui pleurent :
Ils seront consolés.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice :
Ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux :
Ils obtiendront miséricorde.
Heureux les c½urs purs :
Ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix :
Ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice :
Le royaume des cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si on vous insulte, si l'on vous persécute, et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse car votre récompense sera grande dans les cieux".

LA PREMIERE BEATITUDE FONDEMENT DES AUTRES

Gandhi a pleuré en découvrant ce texte sublime et Gilbert Cesbron regrettait que l'Eglise ne proclame pas plus souvent ce programme de Jésus et que tant de chrétiens ne le connaissent pas par c½ur.

Pas de commandement, pas de cri, pas de menace. Un appel, une invitation à accepter ce que nous cherchons tous : LE BONHEUR. Mais pas n'importe lequel ! Celui détaillé par les huit lampes est tout le contraire de celui prôné par notre société : " Achetez, jouissez, profitez, défendez vos droits, ne vous laissez pas faire. Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie...". Méditons un peu la 1ère béatitude : elle explique toutes les suivantes. Mais, pas facile, elle continue à susciter des tas de commentaires. Car que veut dire "pauvre" ? On pense tout de suite au dénuement matériel, à l'homme dépourvu de toute ressource. Dans sa version, c'est ainsi que s. Luc le comprend :

" Heureux vous, les pauvres : le Royaume de Dieu est à vous... Malheureux vous les riches : vous tenez votre consolation" ( Luc 6).

Mais cela pose question : l'entrée dans le royaume se jugerait-elle selon l'échelle des revenus ? Cette interprétation éliminerait d'office les souverains, les autorités...et même nous tous qui disposons de revenus plus qu'honnêtes. Un démuni peut avoir un c½ur haineux. Et n'est-il pas nécessaire que des riches créent des entreprises donc des emplois ? Et n'y a-t-il pas d'autres pauvretés ? Le banquier qui perd sa fille unique n'est-il pas "un pauvre homme" ? Ce jeune bourgeois désespéré par la vie et tenté par le suicide n'est-il pas "un pauvre garçon" ?...Que veut donc dire ce mot "pauvre" ?...

On comprend pourquoi S. Matthieu, essayant d'exprimer la pensée de Jésus, a compris qu'il fallait élargir le concept et il a précisé : " Heureux les pauvres en esprit...".

Mais ici jaillit une nouvelle difficulté : cette addition "en esprit" ne va-t-elle pas autoriser les riches à se donner bonne conscience : " Oui je suis confortablement installé, je ne manque de rien...mais je me frappe la poitrine...je consens à quelques petites aumônes...et je me juge "pauvre en esprit". Caricature ! Mensonge évidemment !

Est "pauvre dans son coeur" celui qui abdique de tout orgueil, qui reconnaît ses limites, sa faiblesse. Celui qui sait qu'il ne peut bâtir son bonheur parfait, qu'il ne sauve pas sa vie par ses ressources financières, culturelles, sociales. Au fond n'est-il pas celui qui tente de vivre toutes les autres béatitudes ? :

Il renonce à la cupidité et à l'envie qui pousse à accumuler sans cesse. Il désire passionnément que le Royaume de Dieu s'accomplisse. Il cherche à s' ajuster à la Volonté de son Père des cieux. 'Cherchez la justice, cherchez l'humilité" (SOPHONIE , 1ère lect.) Il reconnaît ses fautes et s'émerveille d'accueillir le pardon de Dieu. Il renonce à l'égoïsme et offre à tous service, bienveillance et pardon. Il ne joue pas sur deux tableaux (vouloir le bonheur à la manière du monde et celui que Dieu lui offre) : son c½ur est unifié, pur. Il souffre du malheur des hommes, lutte pour arrêter les conflits, réconcilier les ennemis. Il se veut homme de paix.

Evidemment s'il adopte ce comportement, s'il ose exposer sa foi, cet homme subit moqueries et critiques (parfois de ses proches), il est la cible d'adversaires acharnés. Mais loin de le désespérer, la persécution lui apporte l'expérience d'une joie toute nouvelle. Jésus n' a pas menti en invitant ses disciples meurtris à la joie et à l'allégresse : " Réjouissez-vous ...."

Au c½ur de l'opulente et débauchée Corinthe, saint Paul avait créé une petite communauté de pauvres selon l'évangile et il encourageait les frères à appliquer les béatitudes ( 1 Cor 1 = 2ème lecture) : Oui ce qu'il y a de fou, de faible dans le monde, ce qui est d'origine modeste, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages et les puissants...Mais grâce à Dieu, vous êtes dans le Christ... : il est notre justice, notre sanctification, notre libération.

Vivre le bonheur du Christ, être comblés par sa présence, nous manifester comme le peuple des Béatitudes : tel est notre témoignage.

5e dimanche de Carême, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Lorsqu'il était parti explorer des terres encore inconnues, les médias contribuèrent à donner de la publicité à son expédition. Il avait eu le soutien de nombreux sponsors ce qui lui a permis de partir avec du matériel extrêmement sophistiqué pour pouvoir rendre compte de ses découvertes en temps réel. Les internautes avaient souhaité se connecter sur son site pour participer à cette grande aventure. Ils déchantèrent rapidement. Aucune nouvelle ne leur parvint. Silence radio sur toute la ligne. Un nombre grandissant de personnes pensaient soit qu'il s'était perdu, soit qu'il était mort. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'il réapparut quelques mois plus tard en superbe forme. Il était rayonnant et avait été invité à participer à une grande conférence de presse pour partager le fruit de ses découvertes. Il se présenta au lieu prévu. Il y avait de nombreux micros sur la table et plusieurs caméras dans la salle. L'explorateur s'assit, regarda l'assemblée et se tut. Un large sourire traversait son visage. Il était radieux, mais il ne dit rien de ce qu'il avait découvert. Il ne partagea aucune impression de son expédition. Les journalistes repartirent chez eux pantois, ne comprenant pas un tel silence. Il n'y avait pas de mot pour décrire ce qui venait de se passer. De l'incompréhension, de la colère ? Même pas. Ils étaient face à un mystère. N'en va-t-il pas de même pour nous aujourd'hui vis-à-vis de Lazare ? C'est vrai, il aurait quand même pu dévoiler quelque chose du séjour des morts où il était allé. Il aurait pu en quelques mots rassurer l'humanité entière sur ce qui nous attend de l'autre côté de la vie. Il revient de la mort et il se tait. C'est quand même un comble ! Nous ne lui demandions pas de tomber dans le sensationnalisme, juste de nous dire quelques petits mots qui nous auraient permis d'appréhender cette ultime étape de vie avec plus de sérénité. Mais Lazare se tait. Peut-être s'est-il tu parce que comme le souligne le texte de l'évangile que nous venons d'entendre, c'est un mort qui « sortit du tombeau, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d'un suaire ». Le texte ne dit pas « Lazare sortit », mais bien « le mort sortit ». Cette précision expliquerait aussi sans doute pourquoi la sortie du tombeau de Lazare n'a rien de comparable avec celle qui se vivra plus tard dans l'événement de la Résurrection du Fils de Dieu. Nous ne savons donc pas ce qui nous attend de l'autre côté de la Lumière, toutefois le Christ nous donne déjà un indice très important pour pouvoir traverser cet instant mystérieux tout en confiance. En effet, il dit aux gens qui l'entourent et à nous par la même occasion : « déliez-le, et laissez-le aller ». Un peu comme si nous étions nous aussi conviés à une double démarche à la fois vis-à-vis de nous-même mais également vis-à-vis de celles et ceux qui nous sont proches. La mort est effectivement un événement futur et certain auquel toutes et tous nous serons confrontés un jour. Lorsque nous aimons, il n'est pas facile de lâcher prise et de laisser l'autre poursuivre sa route mais autrement. En effet, pour nous, la mort, c'est être séparé. La vie, c'est être relié. Un peu comme les livres d'ailleurs. Les livres, pour les effacer, il suffit de ne jamais les ouvrir. Les gens, c'est pareil : pour les effacer, il suffit de ne jamais leur parler. Découvrons alors un autre manière d'aimer. En effet, dans l'événement de la mort de quelqu'un de proche nous sommes priés de ne pas le retenir pour nous-même mais de le laisser aller vers ce chemin nouveau qui s'inscrit dans l'éternité ; le laisser mourir à la vie d'ici pour qu'il puisse entrer vivant dans la vie éternelle. Ne ligotons pas l'être aimé dans des liens d'ici-bas mais libérons-le pour qu'il puisse librement entrer dans cette nouvelle page de son histoire. Consentons à sa mort, ce temps d'un instant, pour qu'il ou elle s'introduise dans la Lumière et la Paix de Dieu. Lorsque ce moment arrivera pour nous-mêmes, puissions-nous aussi nous libérer de liens qui nous ligotent à la terre pour nous laisser partir en confiance et plein d'espérance vers ce qui est de l'ordre de l'indicible. Que nous soyons ici ou déjà de l'autre côté, vivons avec cette certitude que les liens perdurent mais ils sont cette fois déliés de tout encombrement pour laisser l'espace à la tendresse intérieure qui se révèle en nous dans le mystère de la Résurrection.

Amen

5e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Depuis son apparition sur le marché, les GPS ont grandement facilité la tâche de nombreux automobilistes. Aujourd'hui, lorsque notre véhicule est muni d'un tel appareil, il n'est plus nécessaire de s'arrêter pour demander son chemin ou encore de se mettre sur le côté pour essayer de se repérer sur une carte. Grâce à cette petite boîte informatique, il suffit de suivre les indications donnée par cette charmante femme qui de nulle part nous donne la direction et nous suit à la trace nous prévenant lorsque nous roulons un peu trop vite par exemple. Pour ma part, je regrette encore que cet appareil nous oblige à rester derrière le volant pour conduire la voiture. À quand le GPS qui donne directement les ordres au moteur ? Dans cette perspective, nous pourrions nous laisser simplement guider tout en lisant le journal. La voiture ferait tout à notre place. Ce type d'appareil n'existe pas, pensent sans doute certains. Et bien qu'ils se détrompent, il existe déjà. Pas pour nos voitures évidemment mais pour nous, êtres humains. Il ne s'agit pas d'un appareil à proprement parler mais plutôt d'une personne précise qui va nettement plus loin que n'importe quel GPS acheté dans un magasin. En effet, le Christ par l'événement de son incarnation, ne nous montre pas le chemin. Il ne nous donne pas de directions à suivre impérativement. Il ne nous dit pas, faites ceci ou cela. Il nous dit par contre qu'il est le Chemin. Nous n'avons plus à nous inquiéter. Nous ne devons pas craindre de nous perdre sur l'océan de la vie. Il nous suffit de faire confiance et de mettre nos pas dans les traces de Jésus. Il est un chemin merveilleux qui est ainsi proposé à tout être humain. Dans la foi, Dieu nous prend par la main pour nous conduire vers un état de béatitude. Dès l'instant de la Création, le Père n'a eu comme objectif que le bonheur de ses créatures. Le Chemin proposé par le Fils ne nous conduit pas à la mort mais bien à la Vie. Une Vie de plénitude à vivre dès à présent, à chaque instant. La mort n'est plus pour nous qu'une traversée de la vie terrestre à la vie éternelle. En Dieu, la Vie est hors du temps mais pour y arriver, nous sommes conviés à vivre à temps plein le temps donné. Le Chemin du Fils n'est pas une croisière gentille. Il est une occasion unique de croquer dans la Vie à plein sentiment. C'est un chemin d'amour et de tendresse qui se vit dans la rencontre, dans toutes les relations que nous créons. Mettre ses pas dans les traces du Christ, c'est montrer avec force notre désir de marcher sur l'autoroute du Bonheur. Non pas un bonheur éphémère et matériel mais plutôt un état de grâce car nous acceptons de nous laisser guider par l'Amour que nous nous offrons les uns aux autres. En effet, nous sommes par excellence des êtres de relation. C'est en elles que nous pouvons nous réaliser. C'est par elles que nous participons à la construction d'un monde plus juste. Il n'y a pas lieu de faire des choses exceptionnelles. Dieu nous attend plutôt dans le quotidien de notre histoire. Il sait que nous nous façonnons par les petits gestes de la vie. Ces derniers peuvent paraître insignifiants et pourtant, ils sont ô combien essentiels. Il suffit parfois d'un regard, d'un sourire, d'un geste de tendresse, d'une caresse ou encore d'une parole d'amitié pour que notre Vie se chante aux mille couleurs du printemps. Jésus, le Fils, nous ouvre le Chemin et nous convie à entrer dans la Vie, la vraie Vie, celle qui commence ici-bas et qui dans la foi, se poursuit ailleurs et autrement. Un chemin est ainsi proposé à chacune et chacun d'entre nous. Ce chemin qui s'enracine dans le Dieu révélé en Jésus Christ est unique car le Père nous aime tel que nous sommes. Il prend sur lui le poids de nos encombrements pour que nous puissions entrer dans la lumière de la Vérité. En effet, le chemin et la vie ne peuvent se saisir que dans la voie de la Vérité. Nous sommes invités, non pas à devenir transparents les uns vis-à-vis des autres et vis-à-vis de nous-mêmes. Cela est impossible. Nous sommes plutôt invités à nous laisser éclairer par notre vérité intérieure, à oser encore et toujours être vrai avec nous-mêmes. De la sorte, nous deviendrons des êtres profondément libres mais libres pour aimer. S'il en est vraiment ainsi, quelle chance avons-nous de pouvoir croire en un tel Dieu. Par son Fils, nous entrons librement sur un chemin porteur de cette espérance de Vie vécue en toute vérité. Faisons alors nôtres ses paroles : Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.

Amen.

5e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Ceux qui voudraient toujours des messes allègres, des réunions paisibles, une vie de foi coulant comme un long fleuve tranquille doivent relire la description de l'ultime soirée de Jésus avec les siens dans le chapitre 13 de St Jean. Un tsunami !! Jésus, le maître vénéré, tout à coup s'agenouille aux pieds de ses disciples afin de leur laver les pieds ! Puis il leur ordonne de faire la même chose entre eux ! Puis, en blêmissant, il annonce que l'un d'eux va le livrer à ses ennemis ! Puis Judas sort en claquant la porte ! Puis Jésus révèle qu'il va disparaître et que les siens ne le trouveront plus ! Et enfin il annonce à Pierre, "son pape", qu'il est incapable du martyre et qu'il va bientôt le renier !... Un Messie serviteur, des traîtres dans la communauté, des chefs qui apostasient : la soirée est absolument sinistre !

C'est pourquoi Jésus poursuit en rendant courage aux siens - sujet du chapitre 14, évangile de ce jour, qui donne tout de suite le remède pour éviter le naufrage :

"Ne soyez pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi".

La traduction "bouleversés" est trop faible : le verbe est celui-là même utilisé dans le récit de la tempête apaisée. Les disciples ne sont pas seulement surpris, choqués : c'est le charivaris dans leurs têtes, le cyclone dans leur c½urs. Jamais ils n'auraient imaginé les événements qu'ils vivent. Toutes leurs idées, tous leurs projets s'effondrent ! Quel remède ? Il est unique : CROIRE ! Croire en Jésus comme on croit en Dieu ! C'est inouï mais c'est l'unique façon de tenir ! Il faut faire confiance au sein de la nuit, bousculer ses idées de Dieu et de l'Eglise. Pour tenir bon, cette foi-confiance doit être arrimée, elle doit avoir un terme sûr, être en même temps une espérance indéfectible :

" Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure - sinon, est-ce que je vous aurais dit : "Je pars vous préparer une place" ? Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi "

Jésus sait où il va : à la croix. Mais, en montant sur le gibet, il sait qu'il va monter, qu'il sera élevé dans la maison de son Père. Sa mort ignominieuse sera une glorification. En donnant sa vie, en aimant les siens jusqu'à l'extrême, il va leur offrir ce que le lavement des pieds symbolisait : la purification de leurs péchés. Donc le chemin du Père leur sera enfin ouvert. Jamais ils ne pourraient par eux-mêmes accéder au ciel mais Jésus ressuscité, loin d'être éloigné, leur restera présent, il reviendra vers eux, il les prendra-avec-lui (les "assumera" : assomption de l'Eglise) et les tirera là où il est. Il veut continuer à vivre-avec-eux ! Nous savons-nous aimés à ce point ???

LE CHEMIN DE LA MAISON DU PERE

- Jésus : Pour aller où je m'en vais, vous connaissez le chemin. - Thomas : Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas : comment pourrions-nous savoir le chemin ? - Jésus : Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.

Cette affirmation sidérante semble expliquée par les phrases suivantes :

JE SUIS LA VOIE : " Personne ne va vers le Père sans passer par moi". Evident puisque Jésus est le Fils unique : donc il faut non seulement vivre selon les enseignements qu'il a indiqués mais vivre en Lui, de Lui, par Lui. Etre fils dans le Fils. Scandale incontournable !

ET LA VERITE : "Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père".

"Connaître" ne se réduit pas à une idée sur quelqu'un, à un savoir abstrait : c'est avoir une relation personnelle qui permet une vie en communion. Jésus est la Révélation plénière de Dieu le Père : le connaître c'est-à-dire se laisser aimer par lui et l'aimer en retour, c'est pénétrer dans la Vérité. Jésus et le Père sont tellement UN que connaître l'Un c'est connaître l'Autre.

ET LA VIE : " Dès maintenant, vous le connaissez (le Père) et vous l'avez vu".

La foi en Jésus n'est pas seulement promesse de voir Dieu un jour, plus tard. Elle permet d'expérimenter tout de suite la rencontre immédiate de Dieu. CROIRE c'est déjà maintenant VIVRE ce qui est espéré. La foi est co-présence : de Dieu au croyant, du croyant au Père.

La stupeur des disciples est totale : " Avoir vu Dieu " ???..............

PHILIPPE : Seigneur, montre-nous le Père : cela nous suffit. JESUS : Il y si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ? Celui qui m'a vu a vu le Père.......Comment peux-tu dire : Montre-nous le Père ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ?

Moïse, tous les prophètes jusque Jean-Baptiste parlaient de Dieu, rapportaient ses oracles : en ces hommes on pouvait percevoir, deviner des étincelles de Dieu. Mais ici, avec Jésus, l'expérience est radicalement autre. Il n'est pas seulement un prophète, un porte-parole, un grand saint...il est UN avec son PERE - donc le voir (comme Fils) c'est voir le Père. En Jésus Dieu a visage d'homme.

Comment pouvons-nous en arriver là ? La suite le dit :

Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas par moi-même : c'est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres ½uvres. Croyez ce que je vous dis : Je suis dans le Père et le Père est en moi. Si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des ½uvres. Amen, amen, celui qui croit en moi accomplira les mêmes ½uvres que moi - et même de plus grandes puisque je pars vers le Père.

Il nous faut accueillir les Paroles de Jésus-Fils au même titre que celles de Dieu-Père. Et si cela nous paraît impossible, alors du moins méditons sur les oeuvres que Jésus a réalisées. Et puisque nous n'étions pas là au temps de Jésus, nous pouvons admirer les ½uvres réellement extra-ordinaires accomplies par des chrétiens depuis 20 siècles.

Car tout de même, on ne peut réduire l'histoire de l'Eglise à ses erreurs et ses crimes. François d'Assise, fra Angelico, J.S. Bach, Damien, M. L. King... :Jésus est fier de voir que ses disciples font plus et mieux que lui !! On n'en finirait pas de détailler les merveilles accomplies !!! . Notre grand témoignage sera de CROIRE à travers les tempêtes de la vie et de nous laisser attirer vers la Maison du Père.

6e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Dieu a foi en nous

Nous sommes toujours dans le temps pascal et bientôt nous fêterons l'Ascension, c'est-à-dire le départ du Christ ressuscité, ou du moins son effacement.

C'est un effacement physique, l'Evangile nous prépare à vivre sans Jésus physiquement présent, à vivre comme des grands. On peut regretter que Jésus nous ait délégué les commandes. Nous ne sommes pas à la hauteur, pas fiables, pas courageux. Nous ne le faisons pas aussi bien que lui, surtout nous faisons parfois très mal. Jésus le savait bien : Pierre a renié, Paul a persécuté. Mais notre Dieu est un Dieu qui partage, qui délègue, qui ne veut pas exercer un pouvoir despotique. Il aime renverser les situations, se mettre en position de service, céder l'initiative et le pouvoir. Il ne se défend pas, il se remet entre nos mains. Cette attitude n'est pas anecdotique, elle révèle son être profond qui est de vouloir l'amitié, ce qui suppose égalité, réciprocité et vulnérabilité. Dans cet effacement, se révèle la discrétion de Dieu pour nous. Comme dit le poète : « Dieu crée l'homme comme l'océan crée les continents, en s'effaçant ».

L'effacement personnel de Jésus nous détache de son modèle pour nous inviter à trouver notre voie personnelle, inévitablement unique, originale. Il ne s'agit pas de l'imiter au sens de le singer, de se laisser pousser les cheveux et la barbe, de marcher pieds nus, de porter une tunique... Il ne s'agit pas non plus de répéter ses paroles comme un enregistrement numérique ou un perroquet. Il s'agit d'être ses disciples en vivant un autre type de présence avec lui, dans son Esprit en portant du fruit. « Il vous est bon que je m'en aille, dit Jésus, sinon l'Esprit Saint ne viendra pas sur vous » Jn 16,7. Cet effacement de Jésus nous met en première ligne. Nous apprenons à vivre ce qu'il a vécu, en rendant témoignage avec des mots à nous. Soyez capables, nous disait saint Pierre dans l'épître, de « rendre compte de l'Espérance qui est en vous ! » Pour prendre une comparaison automobile, Jésus nous cède le volant ! « Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés... comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie ».

L'effacement de Jésus nous permet de nous mettre à sa place et de découvrir qui il est pour nous. « Qui vous écoute m'écoute, qui vous accueille m'accueille et accueille celui qui m'a envoyé... » Il y a là une présence qui n'est plus physique mais qui est très forte, intériorisée, avec une sorte d'inhabitation réciproque : lui, c'est nous et nous, c'est lui. Jésus dira à saint Paul qui persécutait les chrétiens : « pourquoi me persécutes-tu ? » Jésus s'identifie donc aux chrétiens, il fait corps avec nous.

Ce qui m'étonne beaucoup, chez Jésus, c'est qu'il ne se présente pas comme un modèle indépassable. Nous répétons sans cesse que Jésus est le Fils de Dieu et nous pensons qu'il est parfait et donc qu'il est le sommet de tout. Mais il ne se présente pas comme un couvercle, comme une frontière, on peut aller plus loin, on peut faire plus encore. Il est la source créatrice. Il nous encourage, nous stimule, nous lance dans la vie, nous envoie et il nous donne les moyens.

Il nous communique son amour, sa confiance, il se remet entre nos mains. Il nous envoie en mission. Il nous donne son Esprit. Il nous invite à lui demander ce dont nous aurions besoin, et, ainsi, il nous invite à faire encore plus que lui, encore mieux, encore plus fort que lui. « Amen je vous le dis, celui qui croit en moi accomplira les mêmes ½uvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père ».

Jésus n'est pas compétitif, il n'a rien de commun avec ces personnes qui vous mettent des limites, qui vous mettent des bâtons dans les roues pour toujours vous contrôler et vous empêcher de les dépasser. Il n'est pas jaloux, tout au contraire, il se réjouit de nos succès, il nous encourage à aller de l'avant, à voir grand, à faire des projets d'envergure, à ne pas rester timorés.

Il n'a pas tout fait et il ne veut pas tout faire « tout seul ». Il veut nous associer. Il veut avoir besoin de nous. C'est là une façon d'aimer qui n'a rien à voir avec le paternalisme ni avec l'assistanat. Il a guéri quelques malades mais il n'a pas fermé les hôpitaux. Il a nourri quelques milliers de personnes mais il n'a pas importé la pomme de terre ni introduit les hybrides de maïs. Il a réintégré socialement quelques exclus mais il n'a pas réglé tous les problèmes de racisme et d'exclusion. Tout reste à faire pratiquement et il est avec nous, par son Esprit, son Souffle, son Inspiration. Il nous fait confiance, il a foi en nous, et nous pouvons à notre tour faire confiance aux autres, autour de nous, déléguer, nous aussi, nous soucier des apprentis. Nous pouvons progressivement nous effacer, pour encourager les autres à exister différemment.

6e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Van Aerde Michel
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Lors de l'ultime soirée avec ses disciples, Jésus leur tient un long discours d'adieu où il tente d'abord de leur rendre la paix puisqu'ils sont désarçonnés par ce qui se passe et ce qu'ils vont devoir vivre. La 1ère partie (dimanche passé) commençait par "CROYEZ EN MOI" : la seconde, aujourd'hui, va marteler, à 5 reprises, en quoi consiste cette foi : " SI VOUS M'AIMEZ...".

Croire en Jésus, c'est l'aimer. Cette "foi-amour" est une décision de liberté ("SI vous...") et elle doit engager à écouter les commandements de Jésus et à les mettre en pratique :

Jésus dit à ses disciples : " Si vous m'aimez, vous resterez fidèles à mes commandements".

Donc attention à la piété fumeuse, aux impressions, aux sensations pseudo-sacrées et à la fausse mystique ! Pour un chrétien, croire, c'est aimer Jésus. L'aimer, c'est obéir à son enseignement, vivre selon le chemin balisé par l'Evangile. Il est capital de vérifier sans cesse l'authenticité de notre foi à l'aune de l'Evangile. Voyez l'histoire : à combien de reprises même les plus hautes autorités de l'Eglise ont cru agir en chrétiens ...et c'était archi-faux !!!! Méfions-nous de nous !!!!

LA 1ère PROMESSE DE L'ESPRIT

Ce grand discours d'adieu est ponctué par 5 promesses de l'Esprit : voici la première :

Moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c'est l'Esprit de Vérité. Le monde est incapable de le recevoir parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas. Mais vous, vous le connaissez parce qu'il demeure auprès de vous et qu'il est en vous.

Bras étendus sur la croix et c½ur transpercé laissant couler sang et eau, Jésus a été éternellement fixé par les hommes en posture d'orant. Il ne rejette pas ses disciples si lâches : de leur "aban-don", il a fait un don de lui-même pour eux. Livré à la mort, il se présente , à leur bénéfice, en ambassadeur plénipotentiaire devant son Père et il n'a à lui présenter qu'une unique demande : qu'ils reçoivent l'Esprit.

L'ESPRIT - SAINT : LE PARACLET

St Jean est le seul qui appelle l'Esprit : PARACLET - du grec "paraclètos" qui signifie "ad-vocatus", avocat - celui qui est appelé pour se tenir à côté du prévenu afin de défendre sa cause et d'obtenir sa grâce. Pendant le temps de sa mission, Jésus a été le paraclet, le défenseur de ses disciples : il les a toujours soutenus et rien ne leur est arrivé de mal. A présent, à la veille de sa mort, Jésus leur promet un "autre Défenseur" et, par un jeu de prépositions, il indique la proximité de plus en plus grande de l'Esprit : - Il sera pour toujours avec vous... il demeure auprès de vous... et il est en vous...

Une nouvelle ère s'ouvre : le Souffle de Dieu n'est pas une force anonyme, une puissance mais "Quelqu'un" qui demeurera avec la communauté de Jésus. Celle-ci retient les paroles de son Maître, elle les met en pratique en toute fidélité car dorénavant elle est animée par l'Esprit, le Paraclet qui la soutient dans sa lutte et la conduit vers la Vérité tout entière. C'est pourquoi le Paraclet est appelé "Esprit de Vérité" : il vient de Dieu, il est porté par le Verbe - qui est la Révélation parfaite du Père - et il conduit sûrement à la Vérité, au dévoilement définitif et plénier de la Vie de Dieu avec les hommes.

LE RETOUR DE JESUS.

"Je ne vous laisserai pas orphelins. Je reviens vers vous. D'ici peu de temps, le monde ne me verra plus mais vous, vous me verrez vivant ; et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en Moi, et Moi en vous. Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c'est celui- là qui m'aime ; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l'aimerai et je me manifesterai à lui".

Si Jésus annonce sa disparition aux yeux des siens, ce départ n'est pas éloignement. Après sa mort, dûment constatée, " le monde" ( c'est-à-dire les hommes qui ne croient pas) ne le verra plus mais, ressuscité, il reviendra vers les siens qui étaient attachés à lui.

Dépassant leurs doutes, ils reconnaîtront que Jésus VIT et, du coup, en communion avec lui, dans l'Esprit, ILS VIVRONT. Dépassant leurs conceptions à son sujet, ils reconnaîtront que Jésus n'est ni un maître, ni un sage, ni un guérisseur, ni un prophète mais qu'il est le FILS du PERE...DANS LE PERE comme LE PERE EST EN LUI. Dépassant leurs idées sur eux-mêmes, dans cet élan de l'Esprit, ils "réaliseront" - au sens fort - qu'ils ne sont plus des disciples mais réellement SON CORPS. Ce n'est pas pour rien si, juste après , au chapitre suivant, Jésus développe l'allégorie de la Vigne : "Je suis la Vigne : vous êtes les sarments. Demeurez en Moi comme je demeure en vous...".

Il se trompe complètement celui qui ne voit dans l'Eglise qu'une organisation religieuse, une administration pieuse, un service social, une secte cérémonieuse...

Elle est la communauté de Jésus ; elle est la communion QUE JESUS EST ; elle est "JESUS - COMMUNION" , "JESUS -PEUPLE" elle est COMMUNION "PERE - FILS -ESPRIT - CROYANTS"

Elle n'est pas "un groupe d'individus partageant des convictions" : elle est l'humanité divinisée.

Cela, "le monde" ne peut comprendre mais seul celui qui croit, qui aime Jésus, qui vit selon ses commandements. Celui-là "est aimé du Père" et "aimé de Jésus".

7e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Du jeudi de l'Ascension au dimanche de la Pentecôte, l'Eglise se rassemble dans la prière au cénacle ( 1ère lecture). A la suite des Apôtres, elle a tant de fois fait l'expérience de sa faiblesse ! Elle comprend toujours mieux qu'elle doit à nouveau recevoir la force de l'Esprit de Dieu afin d'accomplir sa mission essentielle : annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux désespérés.

En ce dimanche intermédiaire, elle médite avec émotion l'ultime grande prière de Jésus rapportée par St Jean - une page sublime qui la comble de joie et d'espérance car elle y entend comment son Seigneur supplie à son intention. Comment ne serait-elle pas émue au plus profond d'elle-même devant tant de tendresse et de miséricorde ?...

LA PRIERE SUPREME DE JESUS

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il leva les yeux au ciel et pria ainsi :

Jésus a beaucoup regardé les gens : hommes, femmes, malades, enfants, Juifs et Romains, honnêtes ou pécheurs, fiers de leurs vertus ou enfoncés dans leurs vices. Et toujours il a eu pitié de chacun. Ce soir, à la dernière cène, certain d'être mis à mort dans quelques heures, il a regardé ses chers apôtres, leur a longuement parlé, leur expliquant son projet et constatant qu'ils ne le comprennent pas, qu'ils sont remplis d'idées fausses, qu'ils se croient forts alors qu'ils sont lâches ! Mais il les aime tels qu'ils sont.

Et après les avoir regardés avec amour, il "lève les yeux au ciel", il regarde vers Dieu son Père. Les enseignements ne porteront fruit que s'ils sont suivis de prière : seul Dieu peut faire que la Parole, enfin, soit comprise et appliquée. Sans prière, nos actions restent vaines et nos discours, stériles.

Méditons avec attention et respect cette prière qui nous emporte dans la Lumière :

Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la Vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or la Vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé : Jésus Christ. Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'½uvre que tu m'avais confiée. Oui, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la Gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde. J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés ; et ils ont gardé fidèlement ta parole. Maintenant ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d'auprès de toi, et ils ont cru que c'était toi qui m'avais envoyé. Je prie pour eux.................

Jésus de Nazareth a conscience d'être bien plus qu'un envoyé, un prophète de Dieu : il est le Fils qui peut s'adresser à Dieu son Père avec des accents de tendresse inégalable. Sa dernière heure est arrivée : surmontant son angoisse devant le supplice qui approche, il rend grâce à Dieu d'arriver au terme de la mission qu'il avait reçue de lui : révéler son Nom, son Etre profond. Dieu n'est pas l'Absolu lointain, le Tout-Puissant terrifiant, le Grand Père bonasse... : tout entier, tout uniment, il est PERE. Et Jésus n'a pu le révéler qu'en se comportant comme SON FILS.

Si bien que la libération, l'achèvement complet de l'être humain est de connaître LE PERE ET LE FILS - connaître ne se limitant pas à une idée approximative, une information générale mais signifiant entrer dans cette relation père/fils et par là même "co-naître", re-naître à la vraie Vie qui est la Vie éternelle, la Vie divine.

TOUT RECEVOIR POUR TOUT DONNER

Impossible de lire ce texte sans remarquer la répétition d'un verbe capital : DONNER.

Le Père a donné pouvoir à son Fils...lui a donné ses paroles... lui a donné les hommes près de lui...lui a tout donné...Le Fils a donné ces paroles du Père aux hommes...il leur donne la Vie éternelle... Et donc il est sûr que son Père va lui donner la Gloire...

Jésus n'a rien dit ni fait de lui-même : il a toujours eu conscience de tout recevoir, de se recevoir du Père. En lui, aucun instinct de propriétaire, aucune revendication égoïste...Il n'a rien gardé pour lui, il n'a rien déformé, rien durci, rien édulcoré, rien amoindri : il a été communication totale, sans retenue.

C'est pourquoi il est le Fils- transparent au Père. Qui le voit voit le Père. Ses paroles sont Esprit et Vie parce qu'elles sont adéquatement les Paroles divines.

Affronter la Croix - comme il est prêt à le faire -, se laisser jeter dans l'enfer de la souffrance, c'est "aimer les siens jusqu'à l'extrême" afin qu'ils soient libérés de leur prison et accèdent au ciel. C'est aimer son Père. C'est pourquoi la Gloire la plus immense lui est donnée : LA CROIX d'ignominie devient CROIX GLORIEUSE, carrefour de rencontre de Dieu et des hommes. Le Golgotha est le signe de la Passion amoureuse.

St Jean le disait bien dès son Prologue : " Si la Loi nous est venue par Moïse, la grâce et la Vérité sont venues par Jésus Christ. Personne n'a jamais vu Dieu : le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l'a dévoilé"

"Je prie pour eux" : dans l'espace "Ascension-Pentecôte", nous jubilons d'allégresse. Non parce que nous sommes fiers de nous. Mais parce qu'il nous a été donné de connaître le Père et le Fils et ainsi de communier, en eux et entre nous, dans la Vraie Vie.

Assurés par les promesses de Jésus, nous appelons l'Esprit Paraclet : il sera toujours avec nous, il nous guidera dans la Vérité tout entière, il confondra nos adversaires, il nous remplira de force, il nous enverra en mission dans le monde. Au milieu du tintamarre des publicités, des appels à avoir et à consommer plus d'objets, nous oserons lancer et relancer l'appel à découvrir des sujets : le Père et le Fils. Et à témoigner que le bonheur n'est pas possession mais réception et don. Que la Vie - en Dieu, en l'homme, entre les hommes - est " Relations ". Viens, Esprit, Don de Dieu !

9e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Lens Patrick
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2007-2008

Bâtir sur le roc, sur le fond de ta vie.

C'est la fin du Sermon sur la Montagne que nous lisons aujourd'hui comme évangile. C'est l'évangile le plus préféré des messes de mariages. Fonder sa vie sur le roc, cela donne l'image du solide, de ce qui fait confiance. En fait, si cela serait possible, nous demanderions une garantie pour toute la vie. Mais nous savons que cela est impossible. D'ailleurs, comment savoir si on a vraiment la confiance sans jamais être troublé ? Qu'est-ce que cela veut dire, bâtir sur le roc ? En fait, quels sont nos critères qui déterminent les choix que nous faisons dans notre vie ? Parfois nous ressemblons à ces gens que Jésus évoque dans l'évangile que nous venons de dire : ceux qui crient « Seigneur, Seigneur ! », ceux qui même ont fait de grandes choses pour Dieu, ces prophètes auto-déclarés, ces chasseurs de démons des autres... Mais est-ce que c'est vraiment cela, bâtir sur le roc ? Bâtir sur le roc, c'est fonder sa vie sur le Christ. J'ai parfois l'impression qu'aujourd'hui, on a facilement la tendance d'interpréter ce genre de paroles de façon purement symbolique. Tout chrétien fond sa vie sur le Christ, mais est-ce que cela est bien réel dans notre vie ou est-ce que ce n'est en fait qu'une manière de dire ? En fait, nous fondons notre vie sur beaucoup de choses en dehors du Christ : notre argent, nos sécurités, nos relations, nos loisirs. C'est uniquement par une expérience limite que nous touchons le vrai fond de notre vie. Quand tout tombe, que nous reste-t-il ? Bien sûr, il ne faut pas cherches ces expériences. Certains le font, certains jeunes par exemple qui flirtent avec la mort, en faisant grande vitesse sur les autoroutes la nuit, en prenant des drogues,... Mais c'est peut-être parce qu'ils non jamais eu des limites de la part de leur parents. Ou c'est parce que la société et toutes les contraintes de la vie sont expérimentés comme menaçantes, incertaines, asphyxiantes... C'est vraiment cela qui rend a cet évangile tout son actualité. Le livre du Deutéronome nous conseille de mettre les commandements de Dieu dans notre c½ur, dans notre âme, de les attacher à notre poignet comme un signe, de les fixer comme une marque sur notre front pour ne pas les oublier. Les juifs le font littéralement. Mais même les rites et les observances religieuses ne peuvent pas nous imprégner des valeurs de Dieu si nous n'avons pas quelque part expérimenté nos limites. Bien sûr, il ne faut pas chercher ces expériences, ils viennent automatiquement dans notre vie. Mais ce que nous devons faire consciencieusement, c'est toucher, scruter le fond de notre vie, de notre âme et de notre c½ur. La sécurité que Dieu nos offre, ne réside pas dans une garantie à vie ou dans un contracte. Dieu n'est pas notre talisman, notre amulette, notre porte-bonheur. La sécurité que Dieu nous donne, réside dans le fond de notre c½ur, plus profond que toutes nos questions et nos angoisses. Dieu est plus profond que nos sentiments et nos émotions. Il faut oser le courage de descendre vers le fond de ta vie. Derrière tout ton vécu, Dieu est là pour vivre en communion avec toi. Et le signe que notre recherche de Dieu est vrai, c'est que nous suivons ses paroles de vie, les commandements que Dieu nous offre comme des chemins qui nous rendent libres. Les commandements, c'est Dieu qui nous instruit le chemin, comme lorsque nous traversons une rivière en cherchant les pierres sur lesquels nous pouvons mettre nos pieds en toute sécurité. Même si la loi ne donne pas le vrai accomplissement de la vie chrétienne comme St Paul nous le dit, laisser tomber les commandements nous éloigne encore plus de notre maison. La vie chrétienne, c'est marcher dans les traces de Dieu, en faisant le bien, en évitant le mal, mais pas comme des esclaves, mais comme des personnes adultes dans la foi et confiance.