26e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Un principe fondamental de notre droit belge, c'est que toute personne est présumée innocente tant qu'elle n'a pas été condamnée. En lisant les journaux et périodiques, j'ai plutôt l'impression que toute personne est présumée coupable. Et peu importe si elle est innocentée après. Il reste pour se justifier les dictons tels que : il n'y a pas de fumée sans feu, je reste sur ma première idée et je refuse de changer d'avis. Ces phrases sont pour moi signes d'imbécillité entendue au sens de manque d'intelligence. Il y a des innocents qui restent condamnés toute leur vie parce qu'un jour, ils ont été accusés de quelque chose qu'ils n'avaient pas fait ; il y a des coupables qui ont vécu un moment d'égarement et se sont repentis mais ils restent coupables quoiqu'ils fassent ensuite. Puis il y a cette nouvelle catégorie de personnes : les victimisés. Ces derniers ne sont pas des victimes. Les vraies victimes suscitent un profond respect, elles demandent compassion et accompagnement. Les victimisés quant à eux, ils sont ceux qui se mettent en situation de victimes alors que, le plus souvent, ils sont les responsables de ce qui leur arrive. Ils ont manqué de jugement, ils ont triché et ils perdent, à l'image du second fils de l'évangile. Alors plutôt que de reconnaître leur erreur, ils se victimisent car ils ont compris qu'en agissant de la sorte d'autres se tourneront vers eux, les prendront en pitié et plus personne ne se souciera de savoir où se trouve la vérité.

En utilisant ce type de procédé, les victimisés créent de vraies victimes, des gens innocents qui sont accusés par ces autres de quelque chose dont ils ne sont pas responsables. La victimisation est dès lors un processus lâche qu'il y a lieu de dénoncer. Il est possible de trouver de belles caricatures de victimisés aux Etats-Unis : ce sont ces gens qui après avoir fumé pendant trente ans attaquent les fabriquants de cigarettes, c'est cet homme qui poursuit McDonalds, Burger King et Kentucky Fried Chicken parce qu'il est obèse aujourd'hui. Ces exemples peuvent nous faire sourire. Mais des victimisés, il en existe aussi autour de nous. Ils sont parfois très proches.

S'il y a lieu de les dénoncer, c'est parce que la victimisation est contraire à l'esprit de l'évangile. Ce dernier, dans les lectures entendues, nous invitent à vivre en cohérence avec nous-mêmes. Il est évident qu'en chacune et chacun de nous cohabitent des " oui " et des " non " dans cette zone obscure de vulnérabilité, de fragilité, voire même de faiblesse. Il y a de la nocturnité en chaque être humain mais il est essentiel de ne pas se mettre à dériver. Si nos paroles s'enracinent dans nos pensées, dans notre c½ur, elles doivent alors être en cohérence avec nos actes.

C'est de cette manière que nous pouvons déjà, ici sur terre, goûter au bonheur qui nous est promis. Le bonheur est à la portée de tout un chacun. Il trouve sa source dans cet esprit de vérité qui nous anime. Il permet ainsi d'être en harmonie avec soi-même. Etant bien avec moi-même, je peux l'être avec les autres et surtout avec le Tout-Autre. Et c'est vrai, sur ce chemin, il peut m'arriver de trébucher par fatigue, par surcharge, par mauvaise volonté. Les raisons sont innombrables. Soit nous nous victimisons, mias nous aggravons notre cas car nous entrons dans le champ du mensonge, soit nous intégrons ces moments de notre passé pour mieux construire notre présent afin de vivre un futur possible et heureux. Et ce qui est prodigieux dans le message du Christ, c'est que pour Dieu, il n'y a pas de fatalité.

Nous autres, êtres humains, nous pouvons figer nos contemporains en leur collant des étiquettes sans aucun appel possible. Elles ont été données une fois pour toute. Nous les jugeons, les condamnons et les enfermons dans un passé à jamais révolu. Agir de la sorte c'est pécher car notre attitude est synonyme de manque d'amour. Dieu, quant à lui, porte sur chacune et chacun de nous un tout autre regard. Son espérance est infinie. Il ne nous enferme pas, il nous tend toujours une main que notre repentir peut saisir en toute liberté. Puissions-nous à jamais vivre en cohérence avec nous-mêmes et lorsque nous trébuchons, prenons la main que Dieu nous tend pour assumer nos actes et non pas tomber dans la lâcheté de nous victimiser. Dieu nous offre l'espérance et la vie, ne choisissons pas la mort.

Amen.

28e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

A de nombreuses occasions, il était invité. Un peu trop peut-être au goût de ses parents. Certains se demandaient comment cela se faisait-il ? Il faut reconnaître qu'il prenait le temps de répondre. Non seulement de répondre mais ses cartons étaient toujours envoyés avant la date demandée. Cela lui paraissait tellement naturel. En quelque sorte, l'invité idéal. Tout allait bien jusqu'à ce fameux jour où le facteur lui glissa deux invitations dans la boîte aux lettres. Rien d'extraordinaire me direz-vous, mais il était prié à deux événements à la même date et il n'arrivait pas à choisir. Quittant légèrement le chemin qu'il s'était tracé puisqu'il ne pouvait se décider, il répondit positivement aux deux invitations, tout en précisant qu'il serait légèrement en retard étant retenu par ailleurs. Ce n'était pas des plus polis, il est vrai mais il souriait de son astuce. Le jour prévu, connaissant quelques uns des convives à qui il aurait demandé de laisser leurs GSM allumés, il attendrait chez lui patiemment puis grâce aux nouvelles technologies, il leur téléphonerait pour découvrir la soirée où il y aurait le plus d'ambiance et partirait aussitôt après. Et voilà que nous aussi nous recevons une invitation... Par l'enveloppe, nous savons qu'il s'agit de noces. Mais pas n'importe lesquelles ? Les noces du Royaume de Dieu.

Il est évidemment difficile de décliner une telle invitation. Ce serait blessant puisque, par le baptême et notre présence en ce lui, nous sommes un peu comme les premiers invités. Nous avons le privilège de faire partie des enfants de Dieu. Nos noms sont inscrits dans son c½ur. C'est pourquoi, il ne doute pas notre réponse positive. Il ne lui vient même pas à l'esprit qu'il pourrait en être autrement. Et voilà que Dieu, par-dessus le marché, ne semble pas se contenter de notre simple présence, il attend de nous que nous revêtions les vêtements de la noce. Qu'est-ce à dire ? Pourquoi une telle exigence ?

Nombreux sont celles et ceux qui aujourd'hui se plaignent, au moins de temps en temps, d'être débordés de travail et d'activités diverses. Nous sommes dans une société où celui qui avouerait avoir du temps passerait presque pour un original ou alors pour un exclus du système. Alors que nous nous sentons parfois dépassés, voire débordés. Un peu comme ces premiers invités de la parabole. Et c'est vrai qu'il nous arrive, des fois, d'être traversé de ce sentiment, comme si nous n'avions plus suffisamment de temps pour nous, trop pris par le flot des événements, par le cours de la vie et cela semble de plus commencer de plus en plus tôt. Un peu comme si nous ne vivions plus. Trop souvent, nous courrons après le temps pour le combler plus encore de mille et une choses à faire.

C'est pourquoi, le temps est devenu une valeur si précieuse à conserver. Mais à vouloir tant courir après ce temps, ne jouons-nous pas quelque peu à Dieu. Ne nous croyons-nous pas tout-puissants, capable de tout vivre, de tout résoudre, comme si nous étions une des solutions aux problèmes causés par notre système. S'il en est ainsi nous pouvons alors comprendre pourquoi Dieu montre si peu de compassion face à nos débordements. Il n'a que faire de telles excuses car il sait pertinemment bien que l'essentiel n'est pas là. L'activisme tue la vie. L'activisme tue l'amour. Le trop plein ne nous donne plus du temps et surtout du temps pour aimer.

Or, par définition, l'amour a besoin de temps pour se vivre et s'épanouir. Et c'est précisément dans l'amour que Dieu se révèle à sa création. Etre débordé est quelque part le fruit de notre volonté même si ce n'est pas aisé de l'accepter. Dieu s'en moque, il nous invite à sa noce et à revêtir cet habit de lumière, l'habit du c½ur pour participer au festin. Invités à la fête de Dieu, c'est être conviés à la vie. Et Dieu nous demande de choisir. Mais pressés par les contraintes de notre société, nous avons alors envie de retarder la réponse à l'invitation, d'attendre jusqu'à la dernière minute pour décider. Ne devenons pas comme ce jeune qui avait décider d'utiliser son GSM pour voir quelle serait la meilleure soirée. Au plus profond de nous, nous savons que la raison de notre vie s'inscrit dans la participation au festin du Royaume de Dieu, un royaume de bonheur. Ce royaume n'est pas pour demain. Il est là, ici et maintenant. Le carton d'invitation est dans notre c½ur, il suffit d'y répondre positivement. Dieu n'attend que cela. Quittons nos débordements, revêtons l'habit de noces pour mieux redécouvrir la vie.

Amen.

2e dimanche de Carême, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Mt 17, 1-9

La valise est là, au milieu du hall. Elle est prête depuis plusieurs heures déjà. Et lui, il tourne autour. Vérifiant si tout y est. N'a-t-il rien oublié ? Une dernière fois, une main se glisse dans le petit sac, oui, le passeport, le billet et l'argent sont à leur place. Oui, il a bien le numéro de téléphone pour prévenir les gens qui l'attendent de l'autre côté. Il vérifie et sait déjà au fond de lui qu'il reviendra vérifier une fois encore et encore. Et ce, tant que la voiture ne le conduira pas au lieu d'embarquement. Il est content de partir, léger dit-il pour se rassurer mais avec un certain stress quand même. Il est vrai qu'il part pour quelques semaines dans un pays étranger, tellement différent du sien. Il ne connaît pas leur langue, leur culture mais avec le peu d'anglais qu'il possède, il devrait pouvoir s'en sortir. En tout cas, c'est ce que certains lui ont affirmé.

Les départs vers des contrées inconnues de nous-mêmes, nous laissent rarement indifférents. Des sentiments mixtes nous traversent : à la fois le plaisir de partir à la découverte de la différence, de se prouver que nous sommes capables de nous débrouiller seul, que la solitude ne nous effraye pas trop. Puis il y a aussi, la crainte du choc brutal, une peur à dépasser parce que nous espérons que nous en sortirons grandis. Il y a également ces questions : si nous partons pour longtemps, allons-nous changer, perdre certains de nos repères ? Le départ est donc toujours quelque part un dépassement, un risque. Et sans risque, il n'y a pas de vie.

En effet, (comme nous l'avons entendu), le plus grand danger dans la vie, c'est de ne rien risquer du tout. Celui qui ne risque rien, n'a rien ; celui qui risque rien, n'est rien. Seuls celles et ceux qui risquent sont libres. Si la liberté est le prix du risque, en amont de celle-ci nous sommes conviés à vivre l'expérience de la confiance. En effet, lorsque nous partons, vers cet ailleurs qui nous est inconnu, nous sommes parfois amener à faire ou refaire le pari de la confiance. Il n'y a pas d'autre possibilité. Nous sommes seuls et la confiance en l'autre, en cet inconnu, nous permet de retrouver certains repères, en découvrir de nouveaux, se rendre compte qu'ils fonctionnent tout autant et surtout apprécier la joie de la différence. Un peu comme si notre lumière intérieure s'illuminait pour rayonner de bonheur au travers de notre visage. Ces expériences sont multiples au cours d'une vie et il n'est certainement pas nécessaire de voyager des milliers de kilomètres pour les vivre. Il suffit parfois de se tourner vers soi, tout simplement.

Et Dieu, en ce jour, nous enjoint, à l'instar d'Abraham, de partir, de quitter les contrées de nos certitudes pour repartir, en ce temps de Carême, vers des horizons moins connus, voire inconnus. Ce départ-là se vit d'abord au plus profond de notre être, à l'endroit précis où Dieu aime venir se poser, se reposer, là où se noue l'humain et le divin. Nous devons, ici aussi, oser faire confiance, prendre le risque de prendre Dieu au sérieux. Pars, ne crains pas, je suis avec toi, jusqu'à la fin des temps, susurre-t-il dans une brise légère au c½ur de notre désert. Un peu comme si nous étions invités à nous quitter pour mieux le rencontrer. Tout au long de notre existence, nous avons reçu de celles et ceux qui ont croisé notre chemin et aujourd'hui, c'est à nous de partir et de marcher sur les destinées sinueuses de nos histoires. Cette démarche commence par chacune et chacun d'entre nous, là où nous en sommes. Je pars de qui je suis. Pour se faire, je dois connaître mes repères intérieurs, ceux qui me rassurent et ceux qui me donnent des ailes pour voler dans la vie. Fort de cette connaissance, je pars, je me quitte, sans pour autant jamais me nier ; je me quitte tout simplement pour partir à la rencontre de Dieu en moi ou chez l'autre.

Avec cette conviction d'en revenir transfiguré. Ayant dépassé mes propres peurs, je fais l'expérience lumineuse, merveilleuse d'un dépassement, d'une autre manière de regarder la vie et le monde. Mon regard s'illumine de lumière divine. Ayant quitté mes certitudes et pris la main de Dieu tout en confiance, je découvre à nouveau ce bonheur de croire en celui qui se transfigure sous nos yeux. L'expérience de la transfiguration devient ainsi l'invitation constante à quitter la plaine de nos raisonnements pour grimper la montagne de Dieu. Au sommet de celle-ci, au sommet de nos vies, Dieu se donne en lumière pour éclairer nos départs incertains. Que la lumière du Transfiguré nous ouvre la route de cette destinée à accomplir, à réaliser. Pourquoi ? Tout simplement parce que de la nuée, une voix disait : " Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ; écoutez-le ".

Amen.

2e dimanche de l'Avent, année A

Auteur: Braun Stéphane
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Nous avons tous notre histoire, nous avons tous vécu des évènements, nous avons entendu, vu, rencontré, découvert. Nos histoires sont toutes différentes, sont chacune uniques et ne sont pas comparables. Il n'y en a pas de plus belles que d'autres, de plus tristes que d'autres, de plus grandes que d'autres. Il y a nos histoires, tout simplement, qui font ce que nous sommes aujourd'hui.

C'est parce que nous sommes uniques que nos histoires sont uniques, que notre relation à dieu est aussi unique, qu'elle évolue dans le temps comme notre histoire. Mais Dieu aujourd'hui n'est pas celui de mes 20 ans. Mes convictions évoluent, changent. Elles ne sont jamais certitudes.

Je suis veuf depuis cinq ans et demi. Ce fut l'occasion pour moi de me poser beaucoup de questions sur le sens de la vie, de la mort. Qu'est-ce qu'on fait ici sur terre, à quoi sert-on ? qu'est-ce qui disparaît avec la mort ? Qu'est-ce qui continue à vivre ? Qu'est-ce qui rend vraiment heureux ? Qu'est-ce qu'aimer et à quoi cela sert-il finalement ? etc...

Et c'est alors que, paradoxalement, le vide m'a fait découvrir l'importance du plein, l'absence m'a fait découvrir l'importance de la présence. La cassure de la relation m'a fait découvrir l'importance du pardon. Et le mot " aimer " prend de plus en plus de sens, il prend même tout son sens.

Ma seule certitude c'est que l'amour n'a pas disparu avec la mort ! L'amour de ceux, et avec ceux, qu'on a aimé continue à vivre et faire vivre. C'est amour qu'on a en nous, cette part de Dieu qu'on a en nous est transmissible et continue à faire grandir.

J'ai enfin compris pourquoi j'avais si difficile à prier, à me tourner vers ce Dieu que je ne trouvais pas. Je cherchais trop loin, dans l'infini, alors que je le découvre en moi comme source de ce qui rend vraiment heureux, de cet amour né de la relation aux autres. Je me souviens d'un voyage au Pérou : dans une échoppe de marché, je découvre une affiche (comme on en trouve dans les église d'Amérique Latine), une affiche représentant un Christ de douleur hyper-réaliste, une couronne aux épines plus longues que nature, des coulées de sang sur le visage et les yeux tournés vers le ciel. le tout, bien sûr, avec une auréole des rayons dorés.

En dessous, il y avait en espagnol cette phrase de la première lettre de Saint Jean " Celui qui ne connaît pas l'amour ne connaît pas Dieu car Dieu est amour ".

L'illustration du texte, par cette image, m'a vraiment choqué, interpellé et, par l'absurde, m'a poussé à mieux découvrir le Dieu Amour qui de plus en plus m'enthousiasme. M'enthousiasme par la folie de ce Dieu, qui ne pouvant s'aimer lui-même, a créé l'homme pour que l' Amour puisse exister, pour que lui-même, Dieu, puisse continuer à vivre. Dieu n'aurait-il alors de sens que par l'homme et l'homme que par Dieu ? L'homme capable d'aimer serait-il la concrétisation de Dieu ? La folie de Dieu ?

Car il ne s'agit pas, bien sûr, de cet état amoureux qui peut faire du bien, mais de cette relation à l'autre qu'il faut toujours décider et redécider, de cette relation qui fait grandir, de cette relation qui fait vraiment de la place en soi pour l'autre, qui rend vraiment heureux, que l'on peut appeler Amour avec " A "...que l'on peut aussi appeler Dieu.

Dieu en nous, dès la naissance aurait alors pris le risque de sa propre vie en nous laissant libre d'aimer ou de ne pas aimer... Folie de Dieu ! Folie de faire confiance en l'homme. Mais il n'y a pas d'amour sans liberté et pas de liberté sans confiance !

Et nous voilà au c½ur de cette dualité qui fait l'homme : à la fois, depuis sa naissance, détenteur de ce trésor, détenteur de ce Dieu qu'il n'a pas demandé et dont il ne peut se débarrasser, et à la fois libre, libre d'ouvrir ou ferme le coffre au trésor qu'il a en lui, libre d'aimer ou de ne pas aimer, libre de faire vivre ou non ce Dieu qui nous a créé.

Cette liberté est la clé de notre bonheur et ce bonheur est sacré car il vient de Dieu, car il est Dieu. En ce temps de l'Avent, Jean-Baptiste nous invite aujourd'hui à rentrer dans une démarche, une dynamique : " préparez, aplanissez les chemins du Seigneur ", c'est-à-dire : reconnaissez, acceptez ce Dieu en vous pour pouvoir, à la suite de Jésus-Christ, apprendre à aimer et rentrer dans l'infini de Dieu ! " Produisez du fruit " Vous en êtes responsables et votre responsabilité est grande.

2e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Il y a deux ans, j'ai vécu au cours de cette célébration de dix-neuf heures une expérience quelque peu étonnante, voire même étrange. Il y avait devant moi, juste à votre place madame/monsieur, un jeune homme qui n'arrêtait pas de me fixer de son regard. Et cela depuis de début de l'eucharistie. Il m'était impossible de l'éviter. Chaque fois que mes yeux balayaient l'assemblée, je croisais les siens. J'étais dérangé parce que je n'arrivais pas à comprendre la fixité et l'intensité de son regard à mon égard. Quelques mauvaises pensées m'ont même traversé l'esprit au cours de la prière eucharistique lorsque je constatai qu'il continuait de me regarder de la sorte. Un peu comme si en paraphrasant le texte de Raoul Follereau, chaque fois, que je le voyais, je savais par lui que j'étais vivant.

Bien vivant puisque je sentais en moi monter un certain énervement. Quelle ne fut pas ma surprise après lui avoir donné la communion de découvrir lorsqu'il s'est retourné qu'il portait des appareils auditifs et que depuis le début de la messe, il lisait sur mes lèvres. A cet instant, je compris l'intensité de son regard. C'est par ses yeux qu'il pouvait m'entendre.

Finalement, un regard est rarement neutre. Certains regards nous étonnent, d'autres nous effrayent, d'autres encore nous rassurent. Il suffit parfois d'un simple regard pour se trouver bien ou pour être mal. A un moment donné de la vie, le regard de l'autre me façonne, me construit. Et souvent quand il me déstabilise, c'est parce que j'ai peur d'être jugé, incompris, condamné, en fait mal aimé tout simplement. De plus, par mon regard, tu ressentiras toute l'amitié que j'ai pour toi et moi par tes yeux, je reconnais les sentiments qui habitent au plus profond de ton être. C'est dans les yeux de l'autre que nous cherchons des forces pour affronter des moments plus difficiles. Par un simple coup d'½il, je sais que je ne suis plus tout seul.

Quelqu'un est là, il m'aime et me redonne le courage. Ce n'est pas si étonnant que cela, cette puissance du regard, n'est-il pas vrai qu'avec les yeux, nous ne pouvons pas mentir. Un peu comme si ceux-ci étaient le miroir de notre âme. Ils disent quelque chose de nous. C'est pourquoi, j'aime plonger dans le regard de l'être aimé pour retrouver confiance. C'est vrai, il suffit parfois d'un simple regard pour se dire tant de choses. Qui d'entre nous, lorsqu'il était à l'école, par exemple, ne comprenait pas ses voisins de classe par de simples regards ? Combien de chahuts n'ont pas commencé de la sorte. Le regard est tellement important qu'il n'y a rien de pire que de parler à quelqu'un qui a mis des lentilles de contacts illustrées ou encore quelqu'un dont nous ne pouvons pas voir les yeux cachés derrières des lunettes de soleil. Je trouve cela personnellement insupportable et j'invite toujours la personne à les retirer sauf évidemment si celles-ci permettent de cacher la douleur d'un événement. Dans les autres cas, j'ai toujours l'impression que si la personne cache ses yeux, la relation n'est pas tout à fait vraie. Je ne peux pas véritablement entrer en contact. Tout comme celles et ceux qui lorsqu'ils vous parlent regardent par terre, derrière ou à côté de vous.

C'est pourquoi, j'invite maintenant les jeunes qui ont préparé cette célébration à retirer les lunettes pour que par les yeux, les personnes puissent entrer en contact des deux côtés de l'autel. Les yeux sont donc essentiels et c'est sans doute la raison pour laquelle Isaïe écrit : " oui, j'ai du prix aux yeux du Seigneur, c'est mon Dieu qui est ma force " ou encore lorsque Raoul Follereau conclut : " quand je la vois, je sais par elle que je suis vivant ". Merveille du regard qui fait vivre. Merveille du regard qui s'attarde. Parce que finalement les yeux, c'est un peu comme la foi.

Dans la vie, toutes et tous, nous voyons des choses. Souvent de manière différente. Certains voient des détails auxquels les autres n'auront pas spécialement prêté attention. Il y a même parfois des choses que nous ne voyons pas du tout, comme si nous avions nos yeux en poche. C'est en cela que les yeux sont un peu comme la foi. Le regard est la lumière de l'amour et de la foi qui voit là où d'autres ne voient rien. Ce n'est donc pas parce que je n'ai pas vu quelque chose que la chose n'existe pas pour autant. Il en va de même pour la foi. Une foi éclairée par l'Esprit qui nous permet, comme Jean le Baptiste lorsque nous posons notre regard sur le mystère du Christ, de reconnaître, nous aussi : " oui, je l'ai vu, c'est lui le Fils de Dieu ". Que par nos yeux nous puissions toujours voir la réalité, la vérité de Dieu.

Amen.

30e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Ce matin (soir) au début de cette homélie, avec vous, j'ai envie de jouer à ce jeu télévisé qui a eu un grand succès durant de nombreuses années, mais comme je ne regarde jamais la télévision, je ne sais pas s'il est encore au programme. Il s'agit des chiffres et des lettres. Ce jeu nous permettra de mieux entrer dans la dynamique de l'évangile de ce jour. Voici, pour les chiffres, 10, 365, 245, 9 et 2 et en ce qui concerne les lettres, veuillez trouver l'anagramme de Marie. Donnons d'abord sens à tous ces chiffres. 10 pour les dix commandements évidemment. 365, non pas pour les jours d'une année civile mais pour les 365 interdits recensés dans l'Ancien Testament. 245, toujours dans l'Ancien Testament, représente les 245 prescriptions auxquelles il y a lieu d'obéir. 9 pour les béatitudes qui nous font découvrir que dans le Christ nous quittons le champ de la loi pour entrer dans celui du bonheur et enfin, le chiffre deux pour les deux commandements d'amour de Jésus. Il y a donc dans l'Ancien Testament 620 lois et interdits et seulement deux dans le Nouveau. Mais ces deux-là accomplissent les 620 anciens. Quant aux lettres, Marie est entre autre l'anagramme d'aimer, à l'image des lois du Christ.

Toute la loi et les prophètes se résument ainsi en deux commandements. Et il est important de souligner que les prophètes ont passé beaucoup de leur temps à dénoncer les excès du cultualisme et les abus de pouvoir de certaines lois. Par ces deux commandements nous entrons donc dans une nouvelle ère, celle de l'amour de Dieu et de son prochain. Comme le disait une des jeunes en préparant cette célébration : " penser à Dieu, c'est pas purée !". Nous pourrions effectivement estimé qu'aimer Dieu est quelque chose de difficile car nous ne vivons pas avec lui comme nous vivons avec nos amis, nos proches. Il n'est pas évident de le vivre dans la vie de tous les jours. Il est vrai qu'il est constamment présent même si nous n'y pensons pas.

Toutefois, la loi de Jésus est claire : tu aimeras le Seigneur ton Dieu. Aimer n'est simplement un sentiment qui nous traverse. L'amour est une route sur laquelle nous marchons. Il est un faire, une construction qui dépend de nous pour qu'il y ait un avenir possible. Un peu comme si l'amour ne se suffisait pas à lui-même. Il n'est pas un sommet mais plutôt départ de la vallée suivi d'escapades sans fin. Aimer Dieu, c'est cela : avoir foi en l'Amour tout-puissant, au-delà de l'amour. Aimer Dieu mais comment aimer Dieu ? Peut-être en nous attardant quelques instants sur l'évangile du jour et surtout en soulignant le lien existant entre ces deux lois d'aimer Dieu et d'aimer son prochain. Il est vrai que le prochain est souvent plus proche de nous que Dieu lui-même. C'est ce que nous pourrions penser au premier abord.

Or Jésus est à nouveau très précis quant à ce second commandement. Il est second dans son énoncé mais pas dans son contenu puisque le Christ affirme : " et voici le second, qui lui est semblable ". " Semblable ", cela ne veut pas dire identique car l'être humain n'est pas encore Dieu. Non, " semblable " doit se comprendre autrement, il s'agit de reconnaître qu'il y a interpénétration des deux commandements, ils ne peuvent pas être compris de manière dissociée comme étant deux entités indépendantes. Le commandement de l'amour du prochain est semblable au commandement de l'amour de Dieu, c'est-à-dire que c'est dans l'amour de l'autre que je peux pleinement vivre de l'amour du Tout-Autre. Dieu me demande de l'aimer mais pas seulement dans une relation privilégiée entre Lui et moi, mais aussi d'apprendre à le découvrir, à le reconnaître et puis à l'aimer dans tous ceux et celles qui croisent ma route.

C'est en ce sens que l'amour n'est jamais atteint et toujours à construire. Si c'est vrai, par le Christ, nous découvrons qu'il est tout à fait possible d'aimer Dieu, que c'est quelque chose à portée de mains. Aimer Dieu, ce n'est pas tourner sa tête vers le Ciel et s'y engouffrer. Non aimer Dieu, c'est le chercher et le trouver en l'autre. Si Dieu vit en moi, il vit alors en chacune et chacun de nous. Dieu se laisse ainsi découvrir dans toute les relations de confiance, qu'elles soient d'amour ou d'amitié. Il est au c½ur de cette rencontre. De la sorte tout temps donné à l'autre n'est plus quelque chose d'humain mais bien de divin. Ne cherchons plus à aimer Dieu dans un ailleurs, ce n'est pas là qu'il réside. Aimons Dieu là où il est, en notre prochain. C'est-à-dire en vous, en moi.

Amen.

34e dimanche ordinaire, année A (Christ Roi)

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Il y a quelques jours, un jeune d'une vingtaine d'années appartenant au courant traditionaliste de l'Eglise était venu me voir pour discuter de certains thèmes et voilà qu'est abordé celui de la mort. Il m'affirmait avec force qu'à l'instant de la mort, il y aurait ceux qui irait soit au paradis, soit au purgatoire pour une seconde chance et puis il y aurait tous ceux qui seraient damnés éternellement. Pour celles et ceux qui me connaissent, j'ai quelques difficultés avec ce type d'assertions. Lui donnant alors ma perspective de la mort comme étant une continuation de ce que nous avions commencé sur terre, il me répondit tout simplement et avec beaucoup de gentillesse que j'étais un hérétique. A ces mots, je souris en moi-même me disant que dans l'histoire la plus noire de l'Eglise, c'est plutôt nous les dominicains qui traitions les autres d'hérétiques. Voilà que les choses s'inversaient. Puis je lui posai une seule petite question : je suppose que toi-même tu ne t'es jamais envisagé comme étant un de ceux qui pourrait être damné éternellement ? Le silence qui s'ensuivit était éloquent. Je suis toujours frappé d'entendre la facilité avec laquelle certaines personnes peuvent condamner d'autres en les damnant éternellement sans jamais envisager qu'une telle damnation puisse être leur sort. A chacun ses contradictions, me direz-vous.

Le texte d'évangile que nous venons d'entendre pourrait lui donner raison puisque le Christ affirme " et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle ".

En ce temps d'automne, bonjour la déprime. Alors, pour dépasser ce risque de dépression, il est important de se rappeler que la Bible est un livre merveilleux et que nous pouvons lui faire dire n'importe quoi lorsque nous ne la comprenons pas dans une perspective globale. Il est vrai que les propos du Christ sont durs mais ils doivent être réintégrés dans l'ensemble de sa prédication. En effet, le c½ur de la prédication du Fils de Dieu réside dans l'affirmation de l'amour divin, un amour actif et souverain qui passe également par celles et ceux qui croisent notre chemin. Si c'est le cas, il y a lieu de reconnaître comme incroyable voire même blasphématoire l'idée d'un Dieu qui envisagerait d'infliger une torture perpétuelle à certains de ses enfants. Non le Dieu de Jésus-Christ est tout autre, il est un Dieu qui prenant tellement au sérieux notre humanité à décider d'être l'un des nôtres. Mais l'extrait d'évangile de ce jour, nous fait découvrir que non seulement il s'est incarné, il y a un peu plus de deux mille ans mais que d'une certaine manière, il continue de s'incarner en chacune et chacun de nous. Peut-être que certains d'entre vous se disent là, il est de nouveau hérétique. Je ne le pense pas.

Dans l'évangile, Jésus se déclare solidaire de celles et ceux qui ont des besoins élémentaires tels que manger, boire, être vêtu, être accueilli, recevoir une visite... Mais plus encore, Jésus ne dit pas : ils ont eu faim, ils ont eu soif, ils étaient nus... Non, Jésus affirme : j'ai eu faim, j'ai eu soif, j'étais nu... Ce " je " du Christ est lourd de signification. Dieu ne se dissocie pas de ses créatures, il fait un avec nous dès notre conception. Dieu inhabite en chacun de nous et le Christ vient nous le rappeler. Le regard que je porte sur l'autre, le geste de tendresse que j'offre, l'acte que je pose est à la fois humain et divin. Dieu vit en l'autre.

Alors dans une vie de foi, une telle affirmation doit devenir certitude. Si Dieu habite vraiment en chacune et chacun de nous, si nous sommes toutes et tous images de Dieu, la manière dont nous nous percevons les uns les autres doit également changer. J'ai la conviction intime que lorsque quelqu'un m'énerve et que je me dis que malgré cet énervement, Dieu vit aussi dans cette personne, je suis invité à faire une démarche personnelle pour transformer mon propre regard puisque l'autre à tellement de prix aux yeux de Dieu qu'il a choisi de faire de celui-ci une de ses demeures. Nous sommes par notre humanité parcelle de Dieu. Ce que nous faisons s'inscrit dans la mémoire divine non pas pour nous condamner mais pour nous faire découvrir la beauté de notre humanité et accepter que Dieu prend résidence en chacune et chacun de nous. Si nous croyants arrivons à mettre en pratique ce que nous croyons alors la manière de vivre notre vie doit être une révolution en ce monde puisque chaque être humain, quel que soit sa condition sociale, culturelle, intellectuelle, familiale, est un lieu de Dieu. Un lieu de Dieu : puissions-nous ne jamais l'oublier.

Amen.

3e dimanche de Carême, année A

Auteur: Materne Pierre-Yves
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Jn 4, 5-42

" Maman j'ai soif ". Combien de fois l'avons-nous dit et entendu. Les enfants aiment exprimer leur besoin avec insistance tant ils comptent bien être contentés. L'expérience de la soif nous est familière. En pleine chaleur, lorsque la gorge est sèche, nous aspirons à boire une bière fraîche. Et les hommes savent pourquoi. L'Evangile parle de la soif d'une femme, la samaritaine, et d'un homme, le Christ. Je voudrais m'attarder sur sa soif à lui. Quel en est son sens ?

La samaritaine, hérétique aux yeux des juifs, est surprise en arrivant au puits. En effet, un homme juif s'est assis là et voilà qu'il lui parle. Jésus, fatigué par la chaleur et la marche, désire boire un peu pour se rafraîchir. Non seulement, il adresse la parole à la samaritaine, mais en plus il lui demande à boire. Quelle audace ! Lui, le Fils de Dieu, ose laisser transparaître sa faiblesse, son humanité concrète devant celle qui est habituellement rejetée par les autres juifs. Cette femme peut-elle voir en lui le Christ en lieu et place du juif supérieur et méprisant ? " Voilà un juif pas comme les autres ", songe-t-elle. . " Voilà qu'il me demande de l'aide pour boire et me promet une désaltération absolue ". Jésus a également soif de communiquer ce qui rassasie pour toujours. Il se manifeste tout simplement comme l' envoyé du Père qui a soif de communiquer la vie et l'amour autour de lui. Ce genre de soif n'est jamais comblée, jamais apaisée.

La Samaritaine sursaute lorsque le Christ lui parle de sa vie conjugale désordonnée. Lui qui arrive parfois à sonder le fond des c½urs de ses interlocuteurs se dévoile comme prophète. C'est un prophète qui peut connaître ce qui est dissimulé mais il ne juge pas la personne. Il témoigne d'un profond respect à l'égard de chacun. Comme nous avons pu le constater dans l'Evangile, Jésus ne se met jamais en position de supériorité dans une rencontre. Il est assis sur le bord du puits quand il interpelle la samaritaine. Par conséquent, son regard va de bas en haut ou à hauteur égale. Il en est de même lorsqu' on lui présente une femme adultère pour la lapider. Il se baisse, dessine sur le sol, et lui parle. Jamais il ne prend les gens de haut. Il préfère se mettre à leur portée, en commençant par les réprouvés car il est venu pour ces derniers et non pour les bien-pensants, affirme-t-il à maintes reprises.

Face à la Samaritaine, Jésus fait le premier pas tant il a soif d'être reconnu pour ce qu'il est. Nous-mêmes, nous avons soif de reconnaissance. Or , la découverte des autres s'enlise souvent dans des préjugés et des peurs. Faire le premier pas ne va pas de soi et demande une bonne dose d'audace. Nous désirons rejoindre et être rejoint mais il y a des obstacles, des rochers qui obstruent la rencontre. Comme Moïse, il faut faire jaillir l'eau du rocher pour laver notre pensée de tous ces préjugés-obstacles. A son peuple qui veut faire marche arrière par peur de l'inconnu, Moïse donne une fontaine. Peut-être qu'ils mourront de faim et de soif demain ? Nous-mêmes, nous pouvons parfois craindre l'inconnu.. Pour dépasser cette barrière, il est possible de nous appuyer sur Dieu. Il est l'anti-barrière par excellence puisqu'il est présent partout, en esprit et en vérité. Il n'est prisonnier d'aucun temple et d'aucune église.

Le Christ nous a révélé le visage de Dieu, comme pour la Samaritaine. C'est le visage qui touche nos vies, parfois blessées, pour faire jaillir une source de vie éternelle. La présence du Seigneur est humble et proche comme Jésus assis sur le puits. Notre être est parfois encombré par des rochers mais Moïse nous montre que Dieu est plus fort que la pierre. Il peut fissurer les c½urs de pierre et humidifier notre vie intérieure. De la sorte, si notre conscience et notre c½ur sont irrigués par le don de Dieu, nous aurons plus de force pour dépasser les obstacles dans la rencontre des autres, inconnus ou mal connus. Dieu a soif de nous rendre vivants et heureux. Nous, nous avons soif de bonheur et de vivre pleinement. Alors pourquoi ne pas jetter nos préjugés à la poubelle et accepter de trouver en Dieu le lieu de notre désir.

Amen

3e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Puisqu'ils existent de superbes contes de Noël, permettez-moi de vous en conter un de Pâques. Il était une fois, au sommet d'une haute montagne, un tout petit sapin qui s'était mis à rêver de grand matin. Il se demandait ce qu'il voulait devenir. Quand je serai grand, dit-il, j'aimerais rester ici toujours et toujours. Je grandirais tellement que ma cime frôlerait le ciel. Ce qui fait, que chaque fois que les hommes, les femmes et les enfants de la vallée regarderont vers moi, leurs yeux iront jusqu'au ciel et ils penseront à Dieu. Les années passent et le petit sapin devient bien grand. Jusqu'au jour où des bûcherons grimpent la montagne en provenance de la vallée. Le sapin se rappelle son rêve et se met à trembler à l'idée d'être coupé. En quelques coups de hache, il est par-terre. Quelques larmes coulent le long de son tronc, il ne sera jamais celui qu'il aurait aimé être. Et les gens de la vallée regarderont moins vers le Ciel et vers Dieu. Les bûcherons le vendirent à une fabrique de bois. Quelques années plus tard, alors qu'il était devenu de simples planches, on vient le chercher pour en faire une croix. Et horreur, des hommes clouent un homme sur lui. Notre sapin a mal face à tant d'inhumanité et dire qu'il y participe sans le vouloir. La tristesse l'envahit à ce point qu'il a maintenant lui aussi envie de mourir. Quelques jours plus tard, quelle n'est pas sa joie d'apprendre que l'homme qui était mort sur le bois de la croix est ressuscité, vivant éternellement. Et le sapin devenu croix se rappelle son rêve de petit sapin : depuis ce jour, chaque fois qu'un homme, une femme, un enfant de la vallée et d'ailleurs regarde une croix, ils pensent à Dieu. Son rêve s'est réalisé.

La croix du conte, (l'épis de maïs de la seconde lecture), la fraction du pain de l'évangile, ont un point commun : grâce à eux nous nous souvenons de quelque chose, d'un événement qui nous a marqué à jamais. Et ils sont nombreux les exemples que nous trouvons dans nos vies : des objets, des odeurs, des lieux, des musiques, des phrases, des dates, des textes aussi parfois. Chaque fois qu'un de ceux-ci resurgit dans notre vie, il nous rappelle un souvenir important, heureux ou malheureux d'ailleurs. Parfois ces souvenirs sont tellement enfouis en nous que nous croyons les avoir oubliés et il suffit alors d'une note, d'un mot pour qu'ils refassent tout d'un coup surface. Bien souvent, tout cela est possible parce que derrière chacune de ces petites choses qui peuvent apparaître bien anodines aux autres, il y a le souvenir d'un moment passé avec quelqu'un d'autre. Ces petites choses nous rappellent une relation vécue, un bonheur partagé, un moment d'amitié. Un peu comme si nous investissions ces différents objets, temps, bruits ou odeurs d'une dimension affective qui redonne du baume au c½ur lorsqu'ils traversent à nouveau notre histoire.

L'histoire de l'évangile de ce jour est également une invitation à rendre un souvenir vivant, à ne pas l'enfermer dans les vestiges d'un passé à jamais révolu. C'est vrai, il suffit parfois d'un petit rien pour reprendre contact, pour dépoussiérer une relation qui s'était quelque peu endormie au fil des années. Le souvenir est important, surtout s'il est vivant, c'est-à-dire s'il nous donne l'occasion de redonner vie à la vie lorsque c'est encore possible. Si c'est vrai entre nous, il doit en être de même vis-à-vis de Dieu. L'eucharistie est l'occasion de rendre le souvenir du Christ vivant. Ce souvenir s'éclaire à la fraction du pain, à la méditation des lectures proposées, à la prière silencieuse. Ce souvenir donne la vie. S'il en est véritablement ainsi quelle est véritablement l'intensité de ce dernier, sommes-nous invités à nous poser. Est-ce le souvenir d'un acte historique qui s'est passé il y a bientôt deux mille ans ou bien est-ce le rappel heureux d'un repas partagé avec ce Dieu qui s'est fait homme pour que nous devenions Dieu. Comme les disciples d'Emmaüs nous sommes en marche sur la route de la foi, sur la route de la vie. Cette route est parsemée de rencontres, de relations à vivre et Dieu y a toute sa place. Ils étaient deux lorsqu'ils l'ont reconnu, un peu comme si c'est dans la relation que Dieu se laisse découvrir à nous.

Puissions-nous en créer de suffisamment nombreuses pour que nous aussi, parce que nous continuons à être pleinement en Dieu, nous puissions le reconnaître à la fraction du pain et nous en nourrir ensuite. C'est cela aussi la merveille de l'eucharistie.

Amen.

3e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Il y a dans cette assemblée, plusieurs personnes qui m'ont avoué que lorsqu'elles étaient adolescentes elles priaient beaucoup. Oh, non pas pour réussir tel ou tel examen mais surtout pour ne pas recevoir l'appel de Dieu. J'en connais même une qui au pensionnat se cachait sous ses couvertures pour être certaine de ne pas entendre cette voix qui l'invitait à rejoindre la Congrégation des S½urs de " Je ne sais plus quoi ". L'appel de Dieu est une expression, voire une expérience qui a déjà fait couler beaucoup d'encre, alors que certains, dont je fais partie, reconnaissent n'avoir reçu aucun mail ou téléphone de Jésus. Par rapport à cette question de l'appel ou plutôt du choix de vivre sa vie pour la réaliser, il y a une expérience commune que partagent de nombreux frères dominicains. Pas tous. Cette réalité vécue concerne l'annonce de notre choix de vie à nos parents. Dans un premier temps, c'est un choc pour tous les deux mais la mère semble souvent s'en remettre plus facilement. Il n'en va pas de même pour beaucoup de nos pères. Cela prend un peu plus de temps. Qu'ils puissent se réconforter en méditant l'évangile de ce jour. Si nous quittons le nid familial pour entrer dans une autre famille, notre Ordre, nous ne le laissons pas tout tomber en un instant comme les disciples de Jésus. Car comme l'écrit Luc, " aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent ".

Pauvre père finalement qui se retrouve tout seul. L'appel de ses deux fils a du bousculer tous ses projets. Peut-il continuer seul son entreprise familiale ? Pourra-t-il subvenir à ses propres besoins sans ses fils ? L'évangile ne nous dit rien. Ce père passe presque de manière inaperçue. Il est à peine mentionné. Il n'apparaît qu'un instant sur le chemin de Jésus. Puis on ne sait plus rien. On l'oublie. Il fait partie de ceux que nous pourrions nommer les " oubliés de l'évangile ". Et ils sont à ce point nombreux ces " oubliés de l'évangile " qu'ils ont même été le titre d'un livre, il y a déjà quelques années. L'avions-nous remarqué ce père en écoutant le texte ce soir ? Certains oui, d'autres sans doute non. Il y a les " oubliés de l'évangile " comme il y a les " oubliés de la vie ".

C'est vrai, beaucoup de personnes traversent nos chemins et nous ne les voyons pas. Les raisons sont nombreuses : je suis passé à côté de lui car j'étais dans mes pensées, j'essaye d'oublier celle-là car son souvenir me fait mal, ou encore, au moment de la rencontre j'étais trop stressé, pressé. Parfois certains sont " oubliés " pour des raisons politiques peu avouables. Pour d'autres, nous n'avons pas de temps à leur donner, nous n'avons pas d'affinités, voire même pas de liens. D'autres encore, nous énervent à ce point que nous préférons les oublier. Il y a aussi ceux qui sont tellement évidents, ils font tellement partie de notre environnement que nous oublions par exemple de les inviter.

Enfin, il y a tous ceux et celles que nous oublions parce que nous avons le sentiment qu'ils ne nous apportent rien, qu'ils ne nous feront pas grandir dans notre humanité. Pourtant, les oubliés de la vie existent, ils sont là. Et certains en souffrent car ils ont toujours l'impression que leur présence a peu d'importance, au point de croire que personne ne se rendrait compte de leur absence. Terrible sentiment. Si je suis oublié, je ne suis pas reconnu pour qui je suis, peut-être alors que je n'existe pas vraiment. Me revient en mémoire cette phrase d'une femme rwandaise, un an après le génocide : " quand vous rentrez chez vous, je n'ai qu'une seule chose à vous demander : dites à vos concitoyens de prier pour nous, s'il vous plaît, ne nous oubliez pas ".

Il n'y a rien de pire que l'oubli. La mémoire est essentielle. En effet, dans une société sans mémoire, il n'y a plus de transmission du passé. Et sans passé, il n'y a pas de présent pour construire notre avenir. Surtout dans une vie comme la nôtre où nous sommes tellement sollicités qu'il peut même nous arriver d'en oublier Dieu. Je peux passer des journées sans Dieu, je peux prendre des décisions sans Dieu. Je peux vivre sans Dieu. Puissions-nous entendre les paroles du Christ ce soir : " Venez derrière moi ". Jésus ne se satisfera cependant jamais d'une relation désincarnée de son propre Père. Le Fils nous ramène toujours au Père. Il n'est pas une fin en lui-même. Il ne veut pas que nous oublions le Père par qui tout fut créé. L'appel du Christ est un appel à la Vie, un appel à la mémoire. Ne l'oublions pas car l'oubli, trop souvent, tue la vie.

Amen.

4e dimanche de Carême, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Il y a quelques semaines je recevais dans ma boîte électronique, le courrier suivant, je me permets de vous en lire quelques extraits. Il est un peu macho et en disant cela, c'est évidemment un euphémisme. Mesdames, si vous voulez quelque chose, il suffit de le demander. Mettons les choses au point : nous, les hommes, nous sommes simples. Nous ne comprenons pas les demandes indirectes subtiles. Les demandes indirectes directes ne fonctionnent pas non plus. Les demandes indirectes évidentes encore moins. Dites les choses comme elles sont. Si vous posez une question à laquelle vous n'attendez pas de réponse, ne soyez pas surprises d'entendre une réponse que vous ne vouliez pas entendre. Nous sommes simples. Si nous vous demandons de nous passer le pain, nous ne voulons dire que cela. Nous ne sommes pas en train de vous reprocher qu'il ne soit pas sur la table. Il n'y a pas de sous-entendus ni de reproches, nous sommes vraiment simples. Et si vous avez un problème, ne venez nous voir que si vous espérez de l'aide pour le résoudre. Ne nous demandez pas de vous plaindre comme si nous étions une de vos copines. Nous sommes simples. D'ailleurs, tous les hommes ne voient que 16 couleurs. Pour nous, la prune est un fruit, pas une couleur. Qu'est-ce que c'est que cette couleur fuschia ? Et pire, comment s'écrit cette chose ? Enfin, la règle de base, avant toute hésitation à notre égard : allez au plus simple puisque nous le sommes. Le mail se concluait en une invitation à le répandre pour que les femmes comprennent mieux les hommes et pour que les hommes ne se sentent plus seuls dans leur simplicité.

Si je me suis permis de reprendre un extrait de ce courrier, c'est parce que j'y vois un lien évident entre celui-ci et l'évangile de ce jour. Non pas que Jésus ou le lépreux soient macho, mais par la simplicité du récit. Eux aussi, ils sont simples.

Pour libérer l'aveugle de sa nocturnité, Jésus crache par terre et par sa salive fait un peu de boue. Il ne lui faut vraiment pas grand chose. Et pourtant, c'est de cette manière précise qu'il manifeste à ses contemporains la gloire de Dieu. Quelques simples éléments : un peu de terre, un peu de salive et Dieu se révèle à nous. Il en va de même pour l'aveugle né lorsqu'il parle de ce qui vient de lui arriver : " il m'a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé et maintenant, je vois ". Il répète à plusieurs reprises cette phrase pour arriver à la conclusion : " Je crois, Seigneur ".

Des mots très simples, pas de longues phrases. Il va droit au but. C'est dans la simplicité des gestes et des mots que Dieu s'offre à nous. Il nous éveille à la vie et nous convie à revenir à l'essentiel. Cet essentiel qui est, en fait, l'essence même de ce Carême que nous traversons en ce moment. Et l'essentiel se vit dans les choses simples, tout simplement parce que c'est là que se conjugue la vie au quotidien. Un sourire, un geste de tendresse, un temps pour soi, un temps pour l'autre, un silence pour Dieu. Redécouvrons la beauté du bruit du vent sur les herbes c'est-à-dire l'éclat sans partage de la terre et du grand ciel, là où chaque chose ouvre un horizon. Alors et alors seulement, nous nagerons dans la lumière, notre lumière puisque nous nous serons éveillés à nous-mêmes en nous désaveuglant de tout ce qui nous empêche d'écrire notre destinée. Osons éclairer tout ce que nous aimons mais sans toucher à leur ombre. Notre vie fleurira près de nous comme un printemps éternel. De la sorte nous aussi, nous entrerons et nous nous réjouirons dans ce cloître des lumières pour vivre l'aujourd'hui éternel des vivants.

Désaveuglés de nos encombrements, nous voyons ce qui est et nous devenons ce que nous voyons. Un être simple, se réjouissant d'une colombe, d'une étoile comme si le sort du monde en dépendait. Nous reprenons le temps de l'attente pour mieux voir et se réjouir. Et l'attente, ce n'est pas quelque chose d'ennuyeux, de compliqué. Non l'attente est un peu comme une fleur simple qui pousse au bord du temps, notre temps. Et par ce temps que nous donnons aux choses si simples, si belles et si pures, le monde s'éloigne de nous mais en même temps l'éternel s'approche silencieux, solitaire et surtout lumineux. La lumière de Dieu, c'est quelque chose de merveilleux lorsqu'elle croise notre foi. L'émerveillement crée en nous un appel d'air où l'éternel s'engouffre à la vitesse de la lumière, dans cet espace intérieur, soudain vidé de tout, même de nous. Et cet à cet endroit précis que, d'ici peu, la lumière de Pâques viendra se poser. Tout simplement. Tout divinement.

Amen.

4e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

A quelques kilomètres d'ici, en pleine campagne, se trouve une délicieuse chocolaterie artisanale et qui n'a rien à voir avec le chocolatier dont je vous ai déjà entrenu. J'aimerais personnellement pouvoir y passer de temps en temps mais mes finances ne me le permettent pas. Alors je me mets à rêver d'une de leurs pralines : ma préférée. Lorsque vous la croquez vous vous émerveillez de cette mousse au chocolat tendrement posée sur une fine tranche de massepain et surplombée d'une petite noisette, le tout enrobé de chocolat fondant. Je répète : une mousse au chocolat tendrement posée sur une fine tranche de massepain et surplombée d'une petite noisette, le tout enrobé de chocolat fondant. Le bonheur ! Le vrai bonheur. Une béatitude vécue ici et maintenant.
Mais en est-il vraiment ainsi ? Est-ce véritablement le vrai bonheur ? Celui que nous espérons toutes et tous. Hélas, je ne le crois pas. Et tant pis pour ma pauvre praline. Le bonheur auquel nous sommes conviés est un bonheur éternel, ou dit autrement, un bonheur qui perdure à jamais dans le temps. Ce qui n'est pas le cas de ma praline. Quand j'y goûte, peu de temps après, j'en désire une seconde, puis une troisième et comme elles sont si délicieuses, j'en mangerais à l'infini. Le bonheur de ma praline se doit de se répéter pour subsister. Ma praline n'est plus signe de bonheur par excellence, elle reste, en tout cas à mes yeux, étincelle de bonheur, préfigurant une dimension du bonheur, celle d'une plénitude acquise pour toujours. Mais pour cela, il faut laisser le temps au temps. Si la mort est, comme je le disais il y a quelques semaines, l'entrée dans un état de bonheur, il n'en est pas de même de notre vie. Nous n'avons pas encore atteint cet état. En tout cas pas de manière permanente.
Mais pour vivre un jour cette promesse, le Christ, par ses béatitudes, renversant de la sorte les dix commandements, non pas en les abolissant mais en les inscrivant dans le c½ur de chacune et chacun, nous convie à entrer dans un chemin précis, celui de la dynamique du bonheur. Quel plus beau projet de vie, aurions-nous pu espérer ? Voilà donc que s'inscrit en nous, non plus des Tables de la loi, mais des béatitudes c'est-à-dire des souhaits manifestant le dessein de Dieu pour son humanité. Dieu nous convie à être heureux. Un peu comme si l'accomplissement de notre bonheur était son propre bonheur. Un bonheur qui ne se vit pas seuls mais qui se partage, s'offre dans le rencontre avec l'autre pour mieux être signe du Tout-Autre. Le bonheur des béatitudes est bien une dynamique du bonheur que nous retrouvons dans notre texte où nous passons presque constamment du présent au futur. Heureux sommes-nous ici et maintenant si nous vivons d'une certaine manière, le bonheur nous est promis dans le futur. Promesse ultime de Dieu nous conviant à écrire personnellement notre histoire. Ecrire sa vie est essentiel. Chacune et chacun de nous avons besoin de laisser une trace, une marque de notre passage, écrit Martin Gray.
La vie nous a été donnée. Nous n'avons rien demandé. Chacune et chacun nous sommes invités à la réussir, à lui donner vie, à construire un projet pour que jamais nous ne regrettions d'être passé à côté de celle-ci. Je crois personnellement qu'il n'y a rien de pire pour une personne que de passer à côté de sa vie. C'est pourquoi, il est tellement important de prendre sa plume et de se mettre à écrire sa propre vie. L'homme est né pour s'élever au-dessus de lui-même pour être lui-même, écrivit un jour Bemard de Clairvaux. La vie humaine apparaît donc bien comme un beau risque à réaliser, une aventure d'une destinée que nous nous donnons à nous-mêmes. C'est à nous de faire de notre vie une histoire, qui dit oui à l'existence et que nous allons conduire et prendre par la main pour lui donner sens et forme à chaque instant.
Toutes et tous, à l'image des béatitudes, nous nous déclinons au futur de ce que nous avons reçu. Notre vie est vie lorsque nous la jouons c'est-à-dire lorsqu'elle devient une histoire, celle que j'écris moi-même. Comme si être, c'est s'écrire. S'il en est ainsi, quel bonheur avons-nous de faire de nos vies une écriture, celle-ci à son tour s'inscrivant dans les Ecritures. Oui, heureux sommes-nous de recevoir et méditer ses béatitudes car elles nous offrent ce chemin où je choisis de faire de la vie, l'écriture de ma destinée, avec les autres et fondée sur le Tout Autre. C'est de la sorte qu'au c½ur de ma vie, je creuse mon sillon.
Amen.